Avachis contre la rambarde du pont, Ogawa vomissait tripes et boyaux. Celui qui lui avait affirmé que l’alcool contrait les effets du mal de mer était un foutu menteur. Et à bien y penser lui était un parfait idiot d’y avoir cru. Le teint pâle et un goût infect dans la bouche, le jônin avança comme il pouvait vers sa cabine pour boire un d’eau. Cela faisait de longs jours que le navire avait quitté la côte sud du pays du désert. Le navire marchand affrété par le clan Akayuki et dirigé par le triumvir ne comptait que quelques gardes, plusieurs négociants et l’équipage. Dans les cales se trouvaient quelques richesses: des peaux de bêtes importées des terres du clan Nara, un peu de tabac acheté aux Sarutobi, de la fourrure récupérée par les chasseurs Inuzuka, quelques armes et outils ainsi que différents alcools de plusieurs régions du sekaï. Il y en avait pour une jolie somme et Ogawa avait personnellement mis la main à la poche pour que les présents aient de l’allure.
Après avoir conversé un moment avec une éminente membre du clan Chinoike et son chef, il avait décidé de monter cette expédition et de leur rendre visite. Officiellement, il ne s’agissait que de commerce avec une région pauvre et éloignée. En réalité, ce premier rapprochement était intéressé de la part du triumvir. Il souhaitait savoir en apprendre plus au sujet de ce clan partiellement décimé. Exilé dans l’isthme du gel, vers le lac gelé, par les Uchihas bien des années auparavant, ils n’étaient plus que l’ombre de ce qu’ils avaient été. En revanche, depuis quelques mois, ils semblaient revenir lentement mais sûrement sur le devant de la scène. Bien qu’ils fassent encore figure d’outsiders, leur position était idéale. Si Suna et les Chinoike venaient un jour à s’allier, le sekaï serait pris en tenaille entre les forces du désert et de la glace. Cette idée ravissait Ogawa. Il ne désirait pas la guerre, bien au contraire. Les conflits étaient mauvais pour le commerce. En agissant de la sorte, il souhaitait dissuader les ennemis de Suna d’attaquer.
Pour l’heure, il convenait de rencontrer ce clan étranger et de commencer à nouer des liens avec eux. C’était exactement le but de ce premier voyage et le sunajin vit un immense sourire illuminer son visage en apercevant enfin la côte de l’isthme. Ce maudit voyage de malheur allait enfin toucher à sa fin et il retournerait avec plaisir sur le plancher des vaches. Les choses ne seraient pas parfaites pour autant, en effet, la température ambiante était bien difficile pour un habitant du désert. Même s’il était chaudement vêtu, Ogawa tremblait sous sa cape et de la buée s’échappait de sa bouche lorsqu’il respirait.
Lentement mais sûrement, le navire approcha le quai pour s’y amarrer. L’endroit ne payait vraiment pas de mine. Tout ici faisait pauvre et désolé. Les habitants n’avaient pas tous l’air en grande forme et les maisons étaient pour la plupart pittoresques. S’il s’agissait du port de commerce local le plus réputé, la situation était vraiment désespérée. Ogawa savait que c’était mal, mais il ne pouvait s’empêcher d’y voir une bonne chose. Plus les Chinoike et les locaux seraient pauvres et désespérés, plus facilement ils accepteraient de s’unir à Suna. Bien sûr, l’idée n’était pas de les exploiter. Le triumvir souhaitait réellement rendre l’endroit plus prospère. Après tout, ne valait-il mieux pas voir ses alliés s’enrichir et gagner en puissance que l’inverse ?
Lorsque la coupée fut mise en place, le manchot roux fut le premier à descendre. Le teint toujours aussi pâle à cause de son mal de mer et du froid mordant qui lui dévorait la peau, il avança péniblement dans la neige et manqua de glisser sur une plaque de verglas dissimulée. Plus loin, une petite délégation semblait être là pour accueillir le cortège Akayuki. Son légendaire sourire sur les lèvres, l’homme approcha.
« Enchanté de faire votre connaissance ! Rassurez-moi, vous êtes bien membres du clan Chinoike ? J’espère que nous ne nous sommes pas trompés de port, le capitaine hésitait entre la gauche et la droite après le gros iceberg de la veille, tenta d’ironiser Ogawa. J’ai eu le plaisir de m’entretenir par courrier avec une dénommée Etsu, est-elle présente parmi vous ? »
Tout en posant sa question, le jônin laissa son regard se porter vers une séduisante jeune femme aux cheveux de jais parsemés de reflets verts et aux yeux rouges. S’agissait-il de l’intendante ? Probable, mais mieux valait ne pas trop présumer et attendre que l’intéressée se présente d’elle-même. Le triumvir espérait qu’il s’agisse bien d’Etsu. Après tout, mieux valait faire connaissance avec une jolie jeune femme qu’un vieux monsieur au ventre bedonnant. Quoiqu’à bien y penser, dans cette rencontre c’était lui le vieux. Dur…
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Chinoike Etsu
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Il n'était pas un secret que la situation de l'Isthme n'était pas enviable, et ce, en aucun point. Notre région était à la frontière de l'empire et faisait barrage entre les terres du continent central, dont Konoha et la vallée de la Foudre, nos anciennes terres natales. Si nous avions un accès sur la mer, nous ne pouvions ignorer que nos plus proches voisins étaient le village shinobi le plus riche de tout le sekai, Uzushio. Mieux encore, nous vivions sous un climat rigoureux de froid et de glace, rudesse qui appauvrissait également ce territoire et rendait la vie pénible à ses habitants. Nous étions très seuls, si ce n'était dire isolés et entourés d'ennemis potentiels quelque soit l'endroit où nous déposions notre regard. Mais ce qui dans un premier temps ne devait n'être qu'une terre d'exil s'était transformée en une nouvelle maison, bien que nous ne renoncions pas à un jour être capable de tourner chez nous.
La seule opportunité qui s'offrait à nous et qui nous permettrait de tirer notre épingle du jeu était d'être capable de faire de bonnes alliances. Personnellement, je ne m'interdisais rien. Il me fallait étudier toutes les possibilités qui s'offraient à nous, sans pour autant consentir à ployer devant une autre nation. Notre indépendance faisait notre fierté mais pas uniquement. Nous étions un peuple qui avait survécu par ses propres moyens malgré le désespoir qui les avait accablé. On s'était battu, on avait tenu et on se tenait debout aujourd'hui. Se soumettre ? Après tant d'effort ? Je ne m'y résoudrais jamais. Aucun Chinoike ne le ferait. Cependant, nous connaissions nos limites et nous étions conscient de la précarité de notre situation, raison pour laquelle je prêtais bien plus attention aux propositions que l'on nous faisait. Avec le temps, nous étions parvenus à sortir de l'ombre et nous commencions à faire parler de nous. Nous commencions à gagner un peu de poids même si je regrettais un peu que cela ne fut pas plus rapide. J'étais assez lucide pour savoir que nous ne devions pas nous précipiter.
Je voulais que nous étendions notre réseau. Nous avions essayé avec le clan Kisho mais cela faisait plusieurs années maintenant que le contact avait été rompu. Cela me laissa comprendre que ce clan de mercenaires n'était peut-être pas aussi fiable que je le désirais. Leur force était évidente mais leur politique interne devait être balbutiante. Plus proche de nous, j'avais réussi à établir le contact avec le clan Nara, bien que mes rapports avec leur chef excentrique était un peu... tendu. J'avais pu au moins rencontrer quelques membres parmi eux qui me semblaient plus solides mais tous semblaient accorder leur confiance en leur meneur Shika. Si un homme réussissait à gagner la loyauté de ses gens d'une telle façon, je ne pouvais pas me résoudre à me fermer à ma première mauvaise impression mais... bon. Je le trouvais vraiment puéril et me donnais l'impression de manquer de sérieux. Toutefois, il s'était dit prêt à nous aider. Il me fallait attendre la concrétisation de ses paroles. Puis d'un autre côté, nous avions tenté de renouer les liens avec le clan Yotsuki qui furent de lointain allié mais là aussi, cela avançait plutôt lentement.
Aujourd'hui, c'était une rencontre bien plus inattendue qui allait avoir lieu, bien qu'il n'y avait rien d'officiel. Après des semaines d'échange, j'allais enfin rencontré le dénommé Akayuki Ogawa, un représentant du clan du même nom, appartement à la très lointaine nation de Suna. Quand je vous disais que je ne me fermais aucune porte, je ne mentais pas. Je considérais que je n'avais rien à perdre à une simple visite, notamment parce qu'elle se faisait sous le couvert d'une transaction commerciale. Est-ce que cela me rendait un peu soucieuse ? Non. J'étais intendante et c'était de la politique, sans compter que cela n'était pas la première fois pour moi que je m'adonnais à ce genre d'exercice et le dénommé Ogawa m'avait fait une assez bonne impression au cours de nos échanges... même si je n'étais pas naïve. C'était un commerçant, il savait manier bien des langages.
J'étais venue accompagnée d'une petite délégation Chinoike pour rencontrer mon homologue du pays du vent, lui faisant l'honneur que l'on concédait à tout invité sur nos terres. Nous devions le rencontrer près du port où il devait arriver par bateau. Lorsque nous fûmes arrivés, je vis alors apparaître un grand homme, les cheveux roux, une barbe de quelques jours qui ne faisait pourtant pas négligé. Il avait le teint un peu blême, mais je supposais que cela devait être dû à son voyage. Je voyais que ce n'était clairement pas naturel. Malgré cela, il affichait un sourire confiant quand il vint à notre rencontre.
Il se présenta et je fis un pas en avant pour me démarquer de mes camarades. Je me mis à lui sourire à mon tour pour paraître le plus avenante possible et je le saluais sans doute un peu trop cérémonieusement par habitude.
" Je suis celle que vous recherchez. Chinoike Etsu, intendante du clan Chinoike. Je suis enchantée de pouvoir enfin mettre un visage sur votre nom, Ogawa. J'espère que votre voyage n'a pas été trop pénible, bien que je me doute, sans doute un peu long. "
Ce fut alors que je désignais du doigt plusieurs traineaux, tirés par de nombreux chiens.
" Vous devez être fatigués et voyager dans l'Isthme est assez pénible. Nous avons apprêté quelques traineaux pour facilité nos déplacements. Pour cette occasion, nous avons aussi réquisitionné une petite auberge dans laquelle vous et vos hommes seront accueillis le temps de votre visite. Vos chambres, vos repas et même quelques vêtements chauds de rechange vous attendront là-bas. "
Je me tournais vers le quadragénaire.
" Si vous le souhaitez, vous pouvez déjà charger vos affaires sur le traineau. Je vais vous conduire moi-même à l'auberge. Vous pourrez vous y réchauffer et nous pourrons y discuter à l'abri du froid. Aujourd'hui ou même demain. Ce sera en fonction de votre état de fatigue. "
Contrairement à nos austères apparences, mon clan était capable de se montrer chaleureux et avenants. Nous n'étions rigides avec ceux qui nous inspiraient que peu... ou peut-être que cela ne concernait que moi... Heureusement que je n'avais pas emmené Buntaro cette fois-ci, il aurait sans doute fait une remarque déplacée....
Droite comme un « i », l’intendante des Chinoike se présenta comme telle et confirma son identité au jônin. Elle avait l’air bien trop propre sur elle et un brin trop formelle. Son jeune âge n’en était certainement pas la cause, il s’agissait certainement de son tempérament. Ogawa avait du mal à croire qu’elle était inexpérimentée en la matière. Sa situation géographique et la réputation de son clan ne laissaient en aucun cas indifférent. Il aurait donc été difficile d’imaginer qu’elle n’ait jamais été contrainte par le passé de se plier à ce genre d’activité. Peut-être n’aimait-elle pas cela ? peut-être souhaitait-elle rester le plus professionnelle possible ? Impossible à dire. La seule chose qui marquait le triumvir était son sourire éclatant et son apparente volonté de bien faire et de recevoir correctement. Elle mettait les formes et l’homme du désert appréciait cela.
« Oh ça ! Pénible il l’a été. Je ne pensais pas avoir le mal de mer jusqu’à récemment. Une belle déconvenue si vous voulez tout savoir. Malgré ça, je suis convaincu que le trajet en valait le coup. »
De toute façon, l’homme était shinobi. Il avait connu pire que de vomir à répétition. D’autant que pour un alcoolique, la régurgitation était loin d’être la pire expérience au monde. Elle n’en devenait pas plus agréable, mais au moins plus facilement tolérable. Emmitouflé dans sa cape à fourrure, le jônin lança un regard curieux et intéressé vers les traineaux. Son sourire s’étira encore plus.
« Mais c’est formidable ! J’en souvent entendu parler ici et là de ce mode de transport. Attacher des chiens à un traineau, fallait y penser, s’égaya l’homme. Chez nous les marchands se servent de dromadaires, ils avancent facilement dans le sable et résistent bien au manque d’eau. Visiblement, chaque climat difficile connait sa peine. »
Les canidés attachés les uns aux autres intriguaient réellement le triumvir. On lui avait raconté que les chiens suivaient une véritable hiérarchie afin de permettre au traineau d’avancer efficacement. Chaque membre de la meute avait son rôle respectif et un chef pour les guider. Leur race, leur donnant l’air de loups, était idéale pour la région. De ce qu’il savait, ces bêtes étaient endurantes et puissantes. L’homme se demanda si on lui permettrait de repartir avec un chiot mais l’idée lui parut vite stupide. Que ferait un animal pareil dans le désert ? n’allait-il pas purement et simplement mourir de chaud ? Il faudrait qu’il pose la question, mais cela pouvait attendre.
« Je vais laisser mes hommes charger les traineaux. Cela risque de leur prendre un peu de temps, nous vous suivrons jusqu’à l’auberge à l’issu. »
Tournant le dos à l’intendante, le triumvir alla donner ses instructions. Les Akayuki se mirent rapidement en branle avec une organisation rigoureuse. Les shinobis marchands n’en étaient pas à leur premier coup d’essai et cela se voyait rien qu’à leur jeter un regard. L’activité intense des hommes du désert ne dura finalement pas si longtemps. Leur chef en profita pour emmener avec lui son paquetage qu’il mit en bandoulière sur son épaule droite. Quand tout fut chargé, Ogawa indiqua à son hôte qu’ils étaient prêts et les traineaux se mirent en route. Voyager de la sorte amusa beaucoup le manchot qui se permit même de rire de bon cœur à plusieurs reprises lors de virages serrés. Jamais il n’oublierait une telle expérience.
Une fois arrivé à destination, le convoi s’arrêta et les hommes commencèrent lentement à décharger la marchandise. Laissant derrière lui ses subordonnés, Ogawa avança en compagnie de l’intendante. L’auberge était assez grande pour une région si pauvre. Le confort n’y était pas spartiate mais pas non plus exceptionnel. En somme, un endroit plus que convenable pour faire escaler lors d’un long voyage et le triumvir s’en accommoderait volontiers. De toute manière, vu la raison qui le poussait à venir ici, il aurait même accepté de bivouaquer dans la neige. Baigné dans la chaleur ambiante de la pièce, le shinobi retira son gant avec les dents et commença à défaire sa cape sans pour autant la retirer.
« Vous savez recevoir Etsu-san. Si je ne m’abuse, vous aviez parlé de la possibilité de prendre un repas. Peut-être accepteriez-vous de me tenir compagnie pour l’occasion ? »
Tout cela n’était que politesses élémentaires. Il était évident que la jeune femme allait accepter de manger en sa compagnie. Ensemble ils allaient rompre le pain et boire le vin, les choses étaient faites ainsi. Toutefois, le fait de le lui demander et non de l’imposer était bien plus agréable et convenable. Sentant son corps se réchauffer petit à petit, Ogawa songea au fait qu’il n’avait pas bu depuis quelques temps. Il commençait à se sentir en manque d’alcool et espérait que son hôte ait la délicatesse d’étancher cette soif inextinguible qui faisait rage en lui depuis des années.
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Chinoike Etsu
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Il ne me fut pas bien difficile de rendre le sourire à mon invité alors qu'il m'expliqua avoir découvert son mal de mer au cours du voyage. Une déconvenue ? Je ne pouvais que plussoyer dans son sens, mais il semblait ne pas regretter sa venue. Il était à présent de mon devoir de le conforter dans cette idée, lui prouver que mon clan valait le déplacement et que nous pouvions être potentiellement des alliés précieux... même si nous étions très éloignés pour le moment de ce sujet. J'étais assez lucide pour savoir que dans l'immédiat, j'avais bien plus à y gagner que ce dernier, mais si nous pouvions avoir un coup d'avance en entamant déjà le dialogue. Tout était question de compromis et il me fallait simplement connaître les points forts et les points faibles de ceux qui comptaient dans le sekaï pour avoir plus de cartes en main.
" Alors j'en suis très heureuse. Nous ferons en sorte de vous faire oublier votre mésaventure. "
Je lui offris une nouvelle salutation polie avant de lui présenter notre moyen de transport. Il fallait dire que les climats rudes réclamaient de l'ingéniosité et de l'adaptation pour y survivre. Dans notre cas, nous comptions sur nos amis les chiens de traineau. Ils étaient d'une aide précieuse, surtout lorsqu'il était question du transport de marchandises.
" Ce sont les habitants locaux qui utilisent principalement les chiens de traineaux. Les gens de cette région savent se montrer particulièrement ingénieux et je dois dire que nous profitons de leurs connaissances. Ces chiens nous facilitent grandement les déplacements. Tout le mérite leur revient. "
C'était un fait. Lorsque nous vivions dans les montagnes de la vallée de la Foudre, nous n'avions pas à réfléchir à ce genre de problématique, et moi encore moins puisque je n'étais qu'une enfant privilégiée. Notre exil nous avait obligé à tout reconsidérer, tout reprendre à zéro, avec ce qui nous restait de force et de dignité. Ce fut particulièrement difficile, le froid de l'Isthme ne pardonnait pas et nous ne pouvions nier que sans les locaux, sans comprendre leur manière de survivre ici, nous n'aurions peut-être pas aussi bien survécu, qu'importait le fait que nous pouvions être shinobi ou non.
Présentement, nous avions pu développer notre propre réseau, nous avions la capacité de faire les choses par nous même et sans en avoir à rougir. Nous avions réussi à prendre nos marques et notre soif de vivre - et de revanche - avait été un moteur pour la plupart d'entre nous, moi comprise. Ma peur et ma colère m'avait permis d'atteindre le poste auquel je me dressais aujourd'hui, et je luttais toujours pour ne pas me laisser dévorer malgré les années. Mon travail me permettait de me canaliser et de voir plus loin.... ce qui m'avait amené à concéder à cette rencontre avec l'Akayuki. Ce que cela donnerait ? Je n'en avais encore la moindre idée mais je ne pouvais me permettre de passer à côté d'une opportunité à étudier.
Une fois que tout le monde fut près, je conduisis moi-même le traineau de notre invité pour le guider jusqu'à l'auberge choisie. J'en profitais pour décrire un peu la zone, les dangers et autres banalités de façon presque touristique... jusqu'à ce que nous pûmes trouver le confort et la chaleur d'un feu de cheminée à l'intérieur. Bien évidemment, nous ne pouvions offrir quelque chose de luxueux, mais nous avions fait en sorte qu'un minimum de confort soit possible.
" Je suis désolée de ce confort minimaliste. J'aurais bien évidemment aimé vous recevoir d'une meilleure façon, mais comme j'ai pu vous le décrire au cours de nos échanges, l'Isthme est un lieu assez pauvre. "
Par politesse, je m'approchais d'Ogawa et me permit de l'aider à retirer sa cape. Naturellement je la déposais sur une chaise près du feu, avant de faire de même avec mon propre manteau.
" Je me permets de déposer votre manteau près de la chaleur de l'âtre. Il séchera ainsi plus vite. L'humidité est un poison dans cette contrée. "
Je me tournais vers lui avec un assez large sourire.
" Ce serait un honneur pour moi de vous tenir compagnie pour votre premier repas dans notre région. Là aussi, je vous pris d'excuser le peu de choix que nous avons à offrir. Mais j'ai bon espoir qu'un jour nous puissions vous inviter plus dignement. "
Le gibier était l'une de nos principales ressources, ainsi que la pêche. Le reste, comme les céréales étaient le fruit d'importation. Les terres hivernales n'étaient malheureusement pas les plus fertiles, toutefois, il y avait bien quelque chose pour laquelle nous étions étonnamment doué.
" Toutefois, je peux vous faire découvrir une liqueur locale, typique de l'Isthme. Elle est un peu forte, mais elle a au moins le bénéfice de très vite pour réchauffer, ce qui n'est pas peu de chose ici. "
Je sortis une bouteille de mes affaires parce qu'il s'agissait d'un présent de bienvenue. Je tendis ainsi la bouteille à Ogawa avec un petit sourire amical avant d'aller chercher deux verres afin de l'accompagner, c'était la moindre des choses.
Parfaitement docile et calme, le sunajin laissa la jeune femme retirer son vêtement pour le poser près de l’autre. Combattre l’humidité pour faire face au froid mordant ? Cela avait pourtant du sens. L’eau aurait vite fait de refroidir le pauvre bougre s’il repartait plus tard avec une cape mouillée par la neige fondue. Ce cycle était assez vicieux et Ogawa s’étonna de ne pas y avoir pensé plus tôt. Cela restait bien sûr naturel, il n’était pas coutumier de la région. Personne ne l’était d’où il venait à vrai dire.
« C’est bien aimable de votre part. »
Avec un large sourire, l’homme répondit aux craintes de la kunoichi en ce qui concernait la qualité de la nourriture qu’elle comptait lui servir. Tant que le tout n’était pas empoissonné, ce serait parfait, mais il se garderait bien d’être honnête à ce point, cela pourrait faire mauvais genre.
« Rassurez-vous Etsu-san, je suis persuadé que votre compagnie occultera largement le repas, qu’il soit ou bon ou mauvais cela va sans dire. »
Sans le savoir, le présent que la femme avait prévu pour le triumvir tombait particulièrement juste. Pour un alcoolique comme lui, elle ne pouvait tout bonnement pas mieux tomber. Goûter des spiritueux locaux était l’un des grands péchés mignons du jônin. Son sourire s’illumina au même titre que son regard alors que ses doigts se posèrent sur le verre de la bouteille. D’un geste fort habile, il parvint à retirer le bouchon se sa seule main. Il fallait dire que son incroyable force compensait bien des choses. Rapidement, l’hôte revint avec deux verres et Ogawa prit sur lui de les remplir. Une fois la chose faite, il referma la bouteille et la posa délicatement sur la table avant de trinquer en compagnie d’Etsu. De son nez expert, il inspecta les senteurs dégagées par la liqueur. Rien qu’à cela, il pouvait en effet affirmer que la boisson était loin d’être douce. L’alcool y était présent en grande quantité et ses effluves présageait d’un goût puissant et boisé. Trempant les lèvres, l’Akayuki testa le spiritueux. Il le trouva un peu trop fort, non pas parce qu’il n’était pas habitué à la chose, mais parce que cela masquait en partie le goût. Il fit tourner le verre devant ses yeux l’air pensif.
« Vraiment très intéressant. Je n’avais jamais rien goûté de la sorte. »
Satisfait malgré tout de la découverte, l’homme garda le verre en main et se permit d’aller s’assoir à table. Les mets n’étaient pas encore servis mais il n’y en avait pas besoin pour jouir de l’usage d’une simple chaise.
« Nous n’avons pas pris le temps de réellement nous présenter lors de nos échanges épistolaires. Comme il serait grossier de vous demander de vous présenter sans l’avoir fait en premier lieu, laissez-moi me lancer, expliqua-t-il avant de marquer une courte pause. Je suis né dans le désert de l’actuel pays du vent. Mon clan était peu puissant et ses erreurs l’ont conduit à disparaitre tragiquement face à celui des Serika. Sachez donc que je peux en partie comprendre ce que vous avez ressenti il y’a de cela dix-sept ans, expliqua le shinobi en parlant lentement. J’ai connu l’exil et la souffrance. Le destin a fait de moi un fermier pendant quelques années avant que je ne sois recueilli par les Akayuki. Ils m’ont donné un toit, une vie, une famille. Jamais je ne les en remercierais assez. Après m’être hissé au sein du triumvirat dirigeant, j’ai été l’un des acteurs principaux de la fusion avec Suna. Le village nous a beaucoup apporté après des années de guerres et de doutes. Je pense pouvoir affirmer que nous n’avons jamais été si prospères qu’aujourd’hui. Enfin, assez parlé de moi, partagez-moi votre histoire avant que je ne m’enterre un peu plus encore dans un long monologue Hahaha. »
Considérant avoir, d’une part, trop parlé, et d’autre part qu’il serait impoli de continuer, il laissa la parole à la jeune femme. Son verre à la main, il le fit tourner en admirant la liqueur danser à l’intérieur. Pour le moment, il se retiendrait de trop boire. L’heure était trop importante pour qu’il se permette de prendre une cuite. Bien qu’alcoolique, il savait par moment se contrôler suffisamment pour rester maître de ses actes. En ce jour, à cet instant, tel était le cas.
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Chinoike Etsu
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Le sens de l'hospitalité. J'avouais que je ne pourrais dire si je le possédais, mais je connaissais les bonnes manières et les bienséances pour en avoir étudié les coutumes. J'avais pour habitude de vouloir faire honneur aux hôtes ou au moins manifester mon respect en prenant la peine de connaître un peu la culture de l'autre. C'était des circonstances identiques qui m'avaient amené à mettre mon nez dans des livres religieux pour être capable de me tenir devant des moines et autres ecclésiastiques que l'on pouvait parfois rencontrer sur les routes, et de la même façon, puisque l'Akayuki était un commerçant du pays du vent, je me devais d'être à la hauteur et réviser quelques leçons comme une bonne élève sur la contrée d'Ogawa.
Mais là, c'était la culture de l'Isthme que je tentais de lui faire découvrir. Notre région était malheureusement encore bien pauvre, mais nous possédions quelques ressources dissimulées. Leur rareté pouvait aussi faire notre richesse... bien qu'ici, je me montrais bien modeste par la présentation d'un alcool local. Alors que nous avions sorti deux verres, le sunajin prit l'initiative d'ouvrir la bouteille avec une adresse que je trouvais remarquable pour un homme n'ayant qu'un bras, mais je n’eus pas l'audace de m'attarder sur son handicap, ne serait-ce que par politesse. Je ne nierais pas ne pas avoir quelques curiosités à ce sujet, mais ce ne serait que pure indiscrétion. Je me contentais de le regarder sentir la liqueur, alors que je vis un petit froncement de sourcil caractéristique qui prouvait sa surprise face au fort taux d'alcool qui devait s'en dégager. Il fallait dire que cette bouteille n'était pas faite pour les corps fragiles. Je ne pus me retenir d'avoir un petit sourire en coin.
" Intéressant ? Vous êtes un homme bien poli, Ogawa-san. Nous n’allons pas nous mentir ici. Cette liqueur pourrait faire fondre un glaçon. "
Mon sourire s'étira alors qui rejoignit la table.
" Les locaux utilisent un système de distillerie assez simple et basique, c'est la raison de la rudesse de cette liqueur. Mais elle a l'avantage de n'être faite qu'à partir de produits locaux et de donner un véritable coup de fouet, chose qui est plutôt agréable lorsque les hivers sont un peu long. "
Sur ces paroles, l'Akayuki proposa que nous prîmes le temps de nous présenter un peu plus en détails, chose à laquelle je répondis par un simple hochement de tête. Il fallait dire, comme il avait pu le souligner, nous n'avions pas pris le temps de trop nous raconter lors de nos échanges parce que nous nous étions contentés d'aller à l'essentiel. Il était finalement plus agréable de découvrir cet homme en l'ayant en face qu'au travers de lettre. Je pouvais le regarder dans les yeux et me faire plus aisément une opinion sur lui alors qu'il m'expliquait son parcours de vie. C'était assez ironique que de se rendre compte que les tragédies de la vallée de la foudre pouvaient avoir ses sœurs jumelles de l'autre côté du sekaï.
Lorsque ce fut mon tour de prendre la parole, je devais avouer que je ne savais guère trop par quoi commencer.
" Et bien... je dirais que mon destin eut véritablement commencé lorsque notre clan eut été accusé d'être responsable de la mort du Daimyo de la vallée de la foudre. Je n'étais qu'une enfant à l'époque, je ne devais pas avoir plus de huit ans quand ma famille se fit massacrer sous mes yeux par les Uchiha. Moi-même je faillis ne pas m'en sortir ce jour-là. Bien que je n'aime pas parler de miracle, avec le recul, je tente à le penser. "
Si le corps de Riamu n'avait pas fait barrage à la lame qui nous avait traversé tous les deux, s'il n'était pas tombé sur moi et indirectement appuyé sur ma plaie, je serais morte avec lui. Ce ne fut pas le cas. On m'avait trouvé et on m'avait soigné.
" Les survivants ont fui et nous avons trouvé exil sur ces terres hostiles. Ce fut... une véritable épreuve et le froid fut notre deuxième ennemi. Il eut raison des plus fragiles d'entre nous. Nous nous sommes terrés pendant de longues années jusqu'à ce que notre nom ne devienne qu'une légende. Notre clan avait été officiellement décimé, mais en réalité, comme vous pouvez le voir, nous avons lutté pour survivre et pour pouvoir dresser notre tête. "
Mes yeux se tournèrent vers l'Akayuki alors que je me mis à sourire.
" J'aime parfois à me voir comme de la mauvaise herbe. Je suis aussi tenace que têtue. Si l'on me piétine, je trouverais le moyen de repousser plus forte. C'est avec cette même conviction que je participe à diriger notre clan. Ils ont cru se débarrasser de nous mais cela est sans connaître la réalité de notre détermination. "
Tout comme Ogawa et son propre clan natal, Etsu avait connue bien des peines. Elle avait vu les siens se faire exterminer sans la moindre raison. Bien sûr, il avait beaucoup entendu parler de cette affaire, une vraie boucherie. La situation des Chinoike était même pire dans le sens où ils n’étaient pas responsables de leur extermination. La jalousie, la peur et la haine les avaient conduits au bord du gouffre, là où les Kobayashi avaient pêché par cupidité et désespoir. En un sens, le triumvir estimait que les siens avaient mérité le sort qui leur avait été destiné, ce qui n’était pas le cas des manieurs de sang.
« Une véritable tragédie. »
Lorsque la jeune femme leva son verre, le quadragénaire l’imita avec gaieté et avala une nouvelle rasade. Plus habitué au goût puissant, il put l’apprécier sans grimacer, même si cela n’était certes pas un spiritueux d’une grande qualité. En revanche, en ce qui concernait son but premier, il faisait des merveilles. Ogawa se sentait parfaitement revigoré.
« La ténacité de votre clan vous fait honneur et soyez assurée du fait que le village caché que je représente ne souhaite pour rien au monde vous voir péricliter. »
Reposant lentement son verre sur la table proche, Ogawa gratta les poils de barbe de son menton, l’air de chercher une information dans sa mémoire.
« J’ai peu souvent eu l’occasion de rencontrer des membres du clan Uchiha, mais du peu de contacts que j’ai pu avoir avec ces derniers, ils me sont toujours apparus particulièrement antipathiques. Très suffisants, imbus d’eux-mêmes et sans pitié. Le côté obscur d’un Konoha pourtant si bienveillant. »
Sa paume installée sur le bois, le jônin posa de nouveau son regard dans celui de la Chinoike. Son sourire était bien plus timide qu’il ne l’avait été quelques minutes auparavant.
« Nous pourrions nous lamenter ensemble sur l’injustice de ce monde et les absurdités du système shinobi, mais je pense que nous sommes assez grands et lucides pour comprendre que la justice n’existe pas ici-bas. »
Se servant de son index et de son pouce telle une pince, le rouquin retira son chapeau de paille, qu’il posa délicatement sur sa cuisse. Comme si de rien était, son large sourire revint à la charge.
« Cependant, cela ne doit pas nous empêcher de vivre. Etsu-san, pour ne rien vous cacher, je meurs de faim, et j’ai hâte de découvrir les spécialités locales. Cette liqueur m’a quelque peu ouvert l’appétit. »
Rien ne servait de continuer sur ce chemin. En tant que bon commercial, Ogawa estimait qu’il était important de mettre les formes. En venir de suite à la véritable raison de sa venue aurait été impoli et maladroit. Avant d’entamer les véritables négociations, il devait continuer de faire connaissance avec l’intendante. De plus son estomac criait réellement famine. Pour conclure, la perspective de diner en tête à tête avec une charmante jeune kunoichi n’était pas pour lui déplaire. Certes, il avait l’âge d’être son père, mais Ogawa n’en restait pas moins un homme capable d’apprécier la beauté d’une femme. Bien évidemment, il ne comptait pas la courtiser, telle n’était pas la raison de sa présence et s’il avait bien défauts, il pouvait au moins se vanter de ne pas être un séducteur du dimanche. Être un ivrogne était déjà amplement suffisant.
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Chinoike Etsu
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Voilà une rencontre qui semblait se dérouler jusque-là sous de bons auspices, pourtant je me devais de garder la tête froide aux maximums. Je n'avais actuellement aucune raison d'avoir le moindre doute sur les intentions d'Ogawa mais la méfiance faisait malheureusement partie de moi depuis que notre clan eut été trahi. Je demeurais une femme de preuves et de concrets. Bien qu'il s'évertua à me rassurer sur les raisons de cette approche de son village caché, dans notre univers, tout était à dessein et cela, je ne l'oubliais pas.
Reposant délicatement mon verre après en avoir bu une gorgée, je fixais mes yeux rougeoyants sur mon homologue pour l'écouter. Il m'avouait ne pas avoir eu l'occasion de beaucoup croiser des hommes du clan de l'éventail et la définition qu'il m'en donna me semblait assez proche de celle que j'avais. Pourtant, je ne pouvais nier avoir rencontré l'un deux il y avait des mois qui ne correspondait que peu à cette image. Est-ce que je m'étais montrée dure et inflexible ? Totalement. Mon pardon ne leur serait jamais accordée et ma colère m'avait toujours paru particulièrement légitime. Toute la question était de savoir si je devais en faire payer le prix aux nouvelles générations d'Uchiha, parce que le garçon que j'avais croisé était de ceux-là. La faute des pères devait-elle retomber sur les fils ? Voilà quelque chose de particulièrement philosophique à étudier. C'était aussi cette décision qui ferait de moi, sans nul doute, une bonne intendante ou non, voire une chef si un jour je fus assez estimée pour le devenir.
" Je vous avouerais sans détours que je n'aurais pas mieux décrit ce clan. Mais vous savez le plus terrible ? C'est que j'ai découvert que même dans leur propre histoire, l'extermination de mon clan n'y est pas mentionnée. Leurs jeunes générations ne sont pas au courant. Je ne sais pas si je devrais être plus en colère à l'idée que la mort des miens soit si peu considérée ou bien en pleurer. "
C'était frustrant pour moi et m'avait donné l'impression que nous ne représentions rien, ni même un ennemi digne d'avoir son nom retenu. Oublié. Effacé. Je finis cependant par retrouver le sourire lorsque Ogawa m'en fit un.
" Vous avez raison. Ne nous lamentons pas, nous ne sommes pas ici pour cela. Je vais immédiatement nous chercher notre repas. Si vous voulez bien attendre quelques minutes. "
Je me levais solennellement et salua mon convive pour disparaître dans les cuisines. Nous avions déjà tout prévu afin de ne pas à avoir attendre trop longtemps - il y avait des gens de mon clan qui s'étaient affairés en cuisine à vrai dire. Puis comme promis, je revins accompagnée de deux de mes hommes ainsi que des plateaux assez généreusement fournis. Nous commencions à tout déposer au fur et à mesure de mes énumérations.
" Nous commencerons pour nous ouvrir l'appétit part du potimarron et des endame au curry. Si vous estimez que cela n'est pas assez relevé, sachez que nous pourrons vous apporter de quoi l'agrémenter. Les épices sont malheureusement rares et chères. Mais vous pourrez vous rabattre sans limite sur notre Oden constitué de poissons péchés dans notre lac et dans le cas où vous préfériez la viande... nous avons aussi le shabu shabu. Il ne s'agirait pas ici de lamelle de bœuf malheureusement mais de gibier. Nous les avons préalablement fait mariner pour les rendre plus tendre ce qui ne devrait pas poser de problème pour la cuisson en fonction de votre goût. "
Est-ce que cela était copieux ? Moins que les apparences. Puisque j'avais misé sur deux plats, les portions étaient naturellement plus petites, bien que nous ayons de la viande de côté si nécessaire.
" Et enfin, pour finir sur une note plus sucrée, nous avons un gâteau à base de mikan confits. "
Tous les plats furent déposés sur la table et tous étaient adaptés à la saison hivernale pour parfaitement tenir le corps. Mes deux camarades quittèrent la pièce alors que je m'en retournais m'assoir face à mon invité pendant que le feu de la cheminée crépitait.
" Mangez ce que vous désirez et ne vous forcez pas, même par politesse. Je ne voudrais pas que vous fassiez une indigestion. "
Et nous manquions de médecin.
" J'espère que cela sera à votre goût. "
Rare était les jours où nous pouvions profiter d'une telle opulence, même au domaine. Nous n'avions que très peu de fêtes ou plutôt nous y avions renoncé faute de pouvoir les célébrer correctement. Maintenant que nous étions un peu plus stable, je tâchais, lorsque l'on pouvait se le permettre, de relancer quelques célébrations.
" Ce sont des plats typiques que l'on mange dans la région. Avez-vous quelques spécialités culinaires particulières à votre pays ? "
Puisque nous en étions là, autant continuer un peu dans la thématique.
Le sunajin fronça les sourcils en écoutant la réponse de la Chinoike. Trouvait-il étonnant que les Uchiha fassent si peu cas de de ce massacre ? Absolument pas. Il ne savait pas que cela en était à ce point, mais de ce qu’il savait du village caché des feuilles, rien ne pouvait ne le surprendre. Tout en se grattant le menton, il pencha légèrement la tête sur le côté.
« Konoha se targue d’être le phare de la civilisation du sekaï. Sous leurs beaux airs et leur pureté apparente se cache une malveillance profonde et des secrets enfouis dans les abimes de la terre. Que le clan à l’éventail ne fasse guère mention de ce drame n’est pas étonnant. Pourquoi se feraient-ils un devoir de se souvenir d’un acte que leur propre village passe sous silence, si ce n’est même se permet de nier ? Je ne pense pas qu’il s’agisse d’un manque de considération mais plus un désir de demeurer blancs comme neige, en dépit de l’ironie de la chose. »
Voilà bien ce qu’Ogawa avait le plus de mal à tolérer de la part des shinobis du pays du Feu. En dépit de ses grands airs, Konoha n’était pas un havre de paix peuplé de pacifistes convaincus et non violents. Bien au contraire. Cela ne voulait pas dire pour autant que tous étaient des monstres sanguinaires. Il y avait là-bas de bonnes et de mauvaises graines, tout comme à Suna. Cependant, voir que son propre village voyait sa réputation trainée dans la boue et être considéré comme belliqueux par des gens qui l’étaient tout autant mais qui s’en cachait le révoltait. Malgré tout, il ne désirait pas la guerre. S’il était ici, c’était bien pour la paix.
« Je vous en prie. » dit-il en se levant également par politesse.
Tandis que la séduisante kunoichi quittait la pièce pour quelques minutes, il reprit place sur son siège. Tout en terminant son verre, il fit un rapide bilan de la situation. Pour l’heure, tout se déroulait bien. Il sentait que le courant passait bien entre les deux dignitaires. Cela était bon signe, mais il ne fallait surtout pas qu’il relâche son attention et continue ses efforts. Bien vite, l’intendante revint accompagnée de quelques hommes. Une fois encore le triumvir se leva pour l’accueillir. Ce que le clan avait préparé pour le sunajin s’apparentait à un véritable petit festin. Cela n’avait pas l’air d’être de la gastronomie de luxe comme il pouvait en avoir l’habitude dans certains grands restaurants, cependant, il devait avouer que le tout donnait vraiment très envie. Plus que tout, c’était l’intention des Chinoike qui le touchait.
« Tout cela m’a l’air délicieux. Je vous remercie chaleureusement pour ce merveilleux repas. Bon appétit ! »
Pour se réchauffer, le rouquin décida de commencer par l’oden et non ce qui servait normalement d’ouvre appétit. Son odeur alléchante vint lui chatouiller les narines tandis qu’il approchait le bol de lui. Le plat, qui était très simple dans sa confection, s’avéra parfaitement assaisonné. Pour accompagner le tout, il avale ci et là quelques edamames. Le fait de les avoir fait au curry les rendait particulièrement intéressants.
« C’est parfait, je suis conquis. Si tout le reste est aussi bon, je n’aurais pas besoin de me forcer pour manger à ma faim. Croyez bien qu’il ne s’agira pas de politesse mais de gourmandise. »
En accompagnement du oden, le jônin entama le potimarron. Ogawa aimait particulièrement le fait de varier les saveurs. Il était le genre de personne à manger de tout en même temps sans grande logique parfois. Il s’agissait pour lui d’un moyen de voir ce qui se mariait subliment ou non. Considérant que le repas ne devait servir que de prétexte à une bonne conversation, il n’oublia pas ce pourquoi il était venu.
« Vous me faites un grand honneur, j’ai l’impression d’être traité comme un daimyo. D’avenir, si vous décidez de venir visiter nos propres contrées, je ne manquerai pas de vous rendre la pareille soyez en sûre. »
La jeune femme n’avait à aucun moment dit qu’elle viendrait au pays du vent, mais il voulait commencer à lui faire entrevoir cette possibilité. Cela n’était au final rien de plus qu’une façon détournée de commencer à placer quelques billes à ce sujet. Il fallait y aller en douceur, à base pour le moment de sous-entendu, de paroles détournées. Négocier revenait à se lancer dans une douce valse et non un violent combat. L’air chaleureux et souriant toujours, le manchot termina son pot-au-feu. Son choix se porta ensuite sur le shabu shabu tandis qu’il jetait un regard bienveillant à la Chinoike.
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L'Akayuki était un homme qui me faisait bonne impression. Je savais qu'il était issu des contrées du vent, et je savais aussi la terrible réputation que beaucoup d'entre eux possédaient. Mais s'il existait bien un clan qui ne s'attachait pas aux on-dit, c'était bien les Chinoike. Après tout, toute notre histoire reposait sur des racontars, des réputations salies, des jalousies. Certes, je ne pouvais pas ne pas tendre l'oreille, mais j'étais de celle qui préférait se faire une opinion par moi-même. La preuve en était... n'avais-je pas toléré un Uchiha à la même table que moi par le passé ? Lorsque ce dernier m'exposa son opinion sur le village de la feuille, je ne pouvais n'aller que dans le sens de ses propos. La politique. Le Pays du Feu en faisait comme chacun, mais il était vrai qu'il jouissait d'une image plus lisse que beaucoup d'autres. À croire que l'on avait oublié que leurs clans avaient commis des atrocités pendant les grandes guerres.
Laissant de côté cette conversation, nous tâchions de nous consacrer à notre repas. Nous avions mis les bouchées doubles et je n'étais pas peu fière. Voir mon homologue en apprécier l'effort ne pouvait que renforcer mon sentiment.
" J'espère que cela n'aurait pas que l'air et que cela le sera pour vos papilles. "
Mais ça, ce n'était pas un combat que je pouvais gagner facilement, d'autant plus que Ogawa était un commerçant qui avait dû goûter d'innombrables plats. J'espérais simplement qu'il ne tint pas trop rigueur de la "simplicité" de la cuisine de l'Isthme. D'ailleurs, je ne pus m'empêcher de l'observer quelques instants, guettant sa réaction à chacune de ses premières bouchées. Je ne me sentis soulager qu'au moment où il me confirma que tout allait bien.
" Me voilà rassurer. Manger à votre faim. "
Je lui souris avant de commencer à mon tour de me servir. Bien évidemment, mes habitudes protocolaires me poussaient à faire les choses dans l'ordre. C'était peut-être aussi un peu des restes des enseignements de ma mère. Petite, elle me bourrait déjà le crâne avec les manières, la position que l'on devait avoir à table, la manière de tenir ses baguettes. Je passais rigide comme une noble parce que j'avais été élevée de cette façon et j'en avais conservé toutes les habitudes. Buntaro se plaisait à me dire que j'étais une vraie petite pimbêche et que dans le cas où il ne m'aurait pas connu, il se serait pris un malin plaisir à me martyriser.... comme s'il ne le faisait pas déjà. Quoique... peut-être que les claques et les coups de pied au derrière dont je le gratifiais souvent était une preuve que les rôles étaient inversés.
Tandis que je me régalais du repas - même si j'avais un appétit d'oiseau - je finis par esquisser un sourire quand Ogawa exprima d'avoir l'impression d'être accueilli comme un prince. Il fallait dire que tout ceci était à dessein, quand bien même je souhaitais offrir une bonne image des Chinoike. Si je faisais abstraction de mon désir de montrer que l'on était pas un clan de gens non civilisés, ce repas n'était après tout que le départ d'ambitions plus grandes.
" Vous êtes un homme définitivement courtois, Ogawa-san. Je ne suis pas certaine qu'un daimyo eut été conquis de la même façon. Cela aurait manqué de couverts en argent. "
J'étirais un peu mon sourire.
" Ce serait en tout cas un véritable honneur de pouvoir visiter le Pays du vent, car cela serait la preuve que nous aurions consolidé notre amitié. Je n'ai jamais eu beaucoup d'occasion de me rendre dans votre région, hormis peut-être au cours d'une mission près des côtes d'Omui. "
L'ironie ? C'était qu'avec Hitagi nous étions à la poursuite d'un assassin et il s'agissait d'un Akimichi... même là, nous avions dû laver le linge sale de Konoha.
" Si nous espérons que ce jour ne soit pas trop lointain, tâchons de redoubler d'effort. D'ici là, j'espère que je parviendrais à faire de mon clan un parti qui soit digne de votre intérêt et que je puisse vous recevoir véritablement comme un daimyo. "
Je n'avais aucune limite dans mes ambitions et comme je le disais souvent, j'étudiais toutes les cartes possibles. Si un jour les choses devaient mal tourner pour nous, avoir des alliés comme le village caché du sable serait un atout, d'autant que personne ne pourrait soupçonner un tel rapprochement avec un clan aussi petit que le nôtre et le militaire village du vent.
" D'ailleurs en parlant de daimyo, nous tâchons d'améliorer nos rapports avec celui de notre région, ainsi que d'offrir nos forces pour assurer la sécurité de la population. Nous manquons encore de moyen, mais pas de volonté. À terme, j'ai pour projet que nous devenions plus influent et je ne manque pas d'idée. "
Je continuais mon discours entre deux bouchées.
" Avec votre aide et vos connaissances du monde, j'espère pouvoir développer tout ce que j'ai en tête, même si les choses posées de cette façon ne sonnent que comme des paroles bien vides. D'ailleurs, j'ai cru deviné qu'au gré de nos échanges, vous étiez de même nature que moi. Ce sont les actes qui comptent. "
Je levais ainsi mes yeux en direction du manchot et posa mes baguettes pour m'essuyer un peu la bouche.
" Pour vous prouver notre détermination et la valeur de mon clan, j'aimerais vous proposer qu'à l'occasion nous puissions missionner ensemble. Dans l'immédiat, je ne vous cacherais pas que toutes nos forces sont sur le terrain, mais si nous pouvions travailler littéralement côte à côte, nous pourrions nous prouver les uns aux autres que nous pouvons avoir une relation de confiance. Qu'en pensez-vous ? "
À mesure que les minutes passaient et les mots étaient échangés, Ogawa sentait son ventre se remplir. La chaleur de la pièce était agréable et la compagnie particulièrement réjouissante. Il était évident qu’il passait un bon moment, ce qui ne lui était pas arrivé depuis bien longtemps. Hochant la tête face Etsu, il approuvait son envie de voir les deux entités se rapprocher l’une de l’autre. Le fait qu’elle exprime à haute voix une telle chose était un très bon signe pour l’avenir et le triumvir en était conscient.
« Croyez-bien que cela serait mon souhait le plus cher. »
Attentif, il écouta la suite de ses paroles. La future cheffe de clan lui expliqua son désir de se rapprocher du daimyo. Le fait qu’elle préférait, tout comme lui, les actes aux paroles et finalement sa volonté de voir le clan Chinoike et Suna se rapprocher. Ne se débarrassant pas de son sourire, le manchot avala le shabu-shabu. La conversation se déroulait formidablement bien.
« Voir votre clan gagner en puissance et consolider sa présence dans cette région serait également le souhait de mon clan et du village de Suna à n’en pas douter. Je suis persuadé, non seulement que vous en êtes capables, mais aussi que vous le méritez. Qui plus est, de ce que j’ai appris, vous seriez certainement accueillis à bras ouvert par la population. »
La corruption était un véritable fléau au sein de l’isthme du gel. Les plus puissants écrasaient littéralement les plus faibles. L’esclavage y était monnaie courante en plus des famines régulières. Un village ninja serait une véritable bénédiction pour la région. Cela apporterait à la fois sécurité et argent du fait des contrats réalisés. Voir les Chinoike devenir maîtres de l’endroit avant qu’ils ne commercent avec les Akayuki serait une véritable aubaine. S’il était vrai que l’isthme ne faisait guère envie à Ogawa, il la savait dotée de certaines richesses rares en d’autres contrées.
« Un traité de sous-traitance mutuelle ? » annonça le jônin de manière rhétorique
L’idée était bonne, il fallait bien le reconnaitre. Pour être exact, c’était même exactement ce qu’il comptait proposer à terme. Il ne s’attendait cependant pas à ce que les choses se fassent si vite. Etsu allait vite en besogne. Cela ne lui déplaisait pas, bien au contraire, mais il devait avouer avoir été pris au dépourvu. Faisant mine de réfléchir, il se recula dans son siège après avoir lui aussi posé ses baguettes.
« Il est vrai que les compagnons d’armes nouent souvent de puissants liens les uns avec les autres. Voir nos shinobis travailler de concert serait une très bonne idée. Peut-être même pourrions nous vous aider à assoir votre domination dans la région ? »
Une telle chose serait particulièrement bénéfique pour la suite des événements. Si de plus, par miracle, deux ninjas des deux entités tombaient amoureux et se mariaient, l’alliance serait bien plus évidente. Mais il ne fallait pas trop en espérer. Même en restant terre à terre, la suite semblait particulièrement engageante. Ogawa était pour l’heure très heureux d’avoir fait ce si long voyage.
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Chinoike Etsu
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La conversation avec l'homme du pays du vent semblait parfaitement se dérouler alors que nous profitions toujours de notre repas. Si nous parvenions à nous régaler de la simplicité de nos plats, nous ne pouvions oublier qu'il n'en était rien des propos échangés. Sur le principe, nous semblions nous rejoindre, mais comme n'importe quel acte diplomatique, tout était à faire et dans l'immédiat, tout n'était que parole... même si cela était plutôt encourageant.
" Je suis ravie de nous savoir sur la même longueur d'onde, Ogawa-san. "
Des paroles sincères, car si les amitiés étaient rares dans notre monde, trouver des personnes ayant une vision proche de la nôtre l'était tout autant, surtout dans le domaine de la politique. Les ambitions personnelles n'allaient pas toujours dans le sens du bien commun, même si dans mon cas, je me battais pour concilier les deux. Je dirais même avoir sacrifié de façon totalement consentie ma vie privée dans ce but, et je n'en possédais pas le moindre regret à l'heure actuelle. Le seul souci était que mes proches semblaient aimer à me le rappeler, que je ne devais pas vivre uniquement à travers le clan. J'avais envie de dire, j'avais essayé... une fois j'avais essayé, mais j'étais restée sans nouvelle. Autant vous dire que la désillusion était grande, que ma fierté en avait pris un coup et que je n'étais pas prête à me faire avoir de nouveau. Accepter de perdre sa garde pour quelqu'un et ne recevoir en échange que du silence... et de l'attente. Inutile attente visiblement. Inutile effort de ma part. Ce n'était définitivement pas fait pour moi. Les hommes étaient tous les mêmes. On ne pouvait se fier qu'à soi.
Mais aujourd'hui, je n'avais pas ce genre de considération et je n'étais pas dans cet état d'esprit. Il n'était pas question de cœur ici, mais d'une diplomate conversation. Ravie de voir que l'homme des sables appréciait son repas, je ne pouvais que me sentir rassurée. Cela pouvait sembler risible, mais je ne pouvais pas m'empêcher de trouver cela... important. Sans doute encore ma fichue fierté, un complexe ridicule de ne pas être prise au sérieux si nous nous montrions pas à la hauteur. Que l'on le voulait ou non, les manières et les moyens mis à disposition pour accueillir quelqu'un n'étaient pas du détail anodin.
" Heureuse d'apprendre que votre puissant village ne prenne ombrage de nos projets, même si une très grande distance nous oppose. Tâche à moi de faire en sorte de pouvoir développer les mêmes rapports avec nos plus proches voisins. Une autre paire de manche cela dit. "
Nous n'avions pas encore réellement pris contact avec les nations proches. Je ne tournais pas mes yeux vers la vallée de nuages, du moins pas encore tant qu'il n'y avait pas de menace ou de clan qui valait notre intérêt. De l'autre côté, le clan Yuki s'était fait si discret que nous n'avions pu établir de lien, et au-delà, je n'avais pu rencontrer l'intendant Yamanaka qu'au cours d'un concile qui fut un véritable fiasco. De l'autre côté de la mer, que dire au sujet d'Uzushio... nous ne semblions pas avoir retenu leur attention pour le moment. Quant à Konoha, ma position demeurait ferme pour le moment.
" Le peuple de l'Isthme est naturellement méfiant, et je ne peux que le comprendre. Il subit plus qu'il n'est véritablement actif. J'espère que nous pourrons leur prouver que nous valons mieux que les commérages à notre sujet. "
Gagner leur confiance ne serait pas aisé, mais nous étions tout à fait capable. Enfin... je l'espérais. Il fallait dire que je n'étais pas toujours aidée par la brutalité de quelques-uns de nos membres. Ce n'était jamais destiné aux civils, mais les dégâts collatéraux, eux, ne jouaient pas forcément en notre faveur, quand bien même nous faisions tout pour réparer. Un mal pour un bien.
Mais comme tout Chinoike, je savais ce que je voulais et surtout ce que je ne voulais pas. Ayant parfaitement conscience que les miens ne représentaient pas une force encore assez grande pour peser sur l'échiquier du Sekaï, il me fallait faire preuve d'audace et je ne manquais pas d'en faire preuve avec l'idée que je cherchais à distiller dans l'esprit d'Ogawa.
" Je vois que vous avez parfaitement compris l'idée que je suggérais. Même si je sais pertinemment que cela peut sembler un peu rapide en l'état, je désire que vous sachiez que nous ne prenons pas à la légère cette rencontre. Ce serait un premier pas qui pourrait venir à la suite d'un... traité de non-agression commune ? Du moins, je l'espère. "
Sur ces paroles, je me décidais à picorer un peu le désert, ayant fait signe à l'un des hommes m'accompagnant de me fournir de nouveaux couverts. Un peu de sucré pour adoucir cette fin de conversation.
" Prenez-le temps d'en discuter avec vos supérieurs, en espérant que vous puissiez intercéder en notre faveur. Et si vous me permettez d'essayer de vous corrompre un peu, prenez une part de gâteau aux mikan confits. Je suis même prête à vous donner la recette! "
Un sourire amusé sur le visage, je me permis de lui préparer une assiette pour lui. J'avais beau être une femme particulièrement têtue, j'étais tout aussi capable de me montrer amicale quand il le fallait, même si à cet instant, cela ne me demandait que peu d'effort. Ogawa avait en lui une aura curieusement rassurante, cela me rappelait un peu Zennosuke, peut-être parce qu'ils étaient tous deux de grands guerriers ? Qu'importait mon intuition, elle s'était révélée juste jusque-là. Nous avions passé la fin de repas à parler de choses et d'autres, d'histoires de nos pays, de contes et de légendes. Je pouvais même affirmer aujourd'hui, avec le recul, que je n'avais pas passé un aussi bon repas depuis longtemps.
J'eusse donc un peu de regret lorsqu'il me fallut partir, car si Ogawa était présent comme un invité et un commerçant, mes tâches à moi ne pouvaient demeurer suspendues bien longtemps. Il n'y avait pas de repos à l'intendance.
" Cher Ogawan-san, il m'a été fort plaisant de vous rencontrer en personne et j'espère que nous pourrions encore échanger aux travers de nos missives pour faire avancer les relations entre nos deux peuples. "
Remettant mon manteau et m'y emmitouflant, je m'arrêtais au pas de la porte. Deux Chinoike m'attendaient à l'extérieur pour me raccompagner au domaine, d'autres demeureraient présent avec le sunajin pour l'escorter au cours de sa visite. Là, je lui adressais un sourire sincère et le salua.
" Au plaisir de vous revoir. "
Sur mes mots qui sonnaient un peu solennel, je quittais l'auberge et repartis sans tarder chez moi. J'avais beaucoup de chose à raconter au conseil et de nouvelles décisions à prendre pour les miens.