Rokuemon m'avait bien cassé les couilles, c'était dingue. Après un duel d'entrainement, où j'avais un peu trop pris mon adversaire pour un mannequin d'exercice, il ne m'avait pas laissé finir le combat. Il s'était jeté sur moi, dans le but clair de me faire mal. Je l'avais laissé frapper dans le vide en opérant une substitution. Réapparaissant derrière lui, je l'avais poussé du pied.
- C’est un avertissement, la prochaine fois que tu m’attaques dans l’objectif de me faire mal. Je me verrais contraint de te rendre la pareille. J'avais pointé le katana au bout de mon bras vers lui. Je te promets qu’il n’y aura pas de cabriole si je me bats sérieusement.
Rokuemon s'était calmé, visiblement assez logique pour comprendre qu’un combat sérieux était inenvisageable. Traditionnellement, c'était monnaie courante dans le clan, on avait la réponse à de nombreuses questions par le duel. On s’en servait parfois même pour un règlement judiciaire. Le combat était à mort, on ne s’arrêtait pas au premier sang versé. Rengainant son arme, il avait quitté la cour en passant à côté de moi.
- On n’en a pas finis, nous deux. Je m’étais fait un ennemi ? Ou avais-je fâché un enfant ?
« Putain, moi qui commençais à me sentir bien dans le coin ».
Me voilà alors rentrant chez moi, penaud. Tentant de joindre les deux bouts concernant mon comportement... Qu'est-ce que j'avais raté ? Peut-être le moment où je m'étais foutu de sa gueule en faisant uniquement des roues pour esquiver. "En même temps... Je ne pouvais pas faire grand-chose." La vie me donnait des chances de recréer des liens durables avec mon clan et je détruisais tout en étant... Moi-même. Dans ma tête, je me voyais trop déconnecté du clan : Géographiquement, mentalement, même physiquement je devenais plus mince à cause des entrainements de ninjutsu qui prenaient le pas sur mes entrainements physiques. J'avais souvent dit cette phrase à mon frère, devenant quasiment un cliché : "Est-ce qu'on est vraiment des Nozomo ?".
Aujourd'hui, plus que n'importe quand... Je me posais la question. Certains anciens ne nous avaient jamais considérés comme autre chose que des pièces rapportées, mais au fond de nous on savait que c'était faux, une partie de moi était structuré par le clan, même si je me plaisais à contredire tout ça. Je n'en étais plus vraiment sûr aujourd'hui : Le décalage avec ma génération devenait trop évident, je devais recoller les morceaux. Au risque de me retrouver encore une fois isolé, seul dans le désert. Un clanique qui vit comme un non-clanique ? Le premier pas de notre déchéance avait été de partir du domaine, pour gagner notre vie et prendre enfin une indépendance tant désirée. Je voulais y retourner ? Pas vraiment, mais me sentir moins étranger à mon clan pouvait être un bon début. Je ne savais pas trop...
"Qu'est-ce qu'en pense Hayato ?"
Arrivé dans l'appartement, celui-ci était partagé par mon frère et moi. Nous étions un mini-clan, nous deux. C'était notre domaine. Je laissai choir mon fourreau sur le sol et fonçai dans la salle de bain. Laissant couler l'eau dans la douche pour lui permettre de chauffer, j'enlevai mes vêtements pour pénétrer dans le périmètre carrelé, la tête sous le jet. L'eau me fit du bien, naturellement car la journée avait été mouvementée. La crasse et la sueur accumulées partaient avec le courant. Sortant rapidement de la douche, j'attrapai une serviette : Hayato laissait toujours des serviettes propres et sèches au cas où. Ce n'était pas qu'on accueillait souvent des gens, on était plutôt solitaire, mais j'avais tendance à ne pas penser à ces choses-là et mon frère avait marre que je sorte mouillé et nue de la salle de bain. Je me posai sur le canapé, en serviette, en réfléchissant à la situation...
Mon corps était étendu de tout son long, l'un de mes bras tordu dans un drôle d'angle alors que l'autre était reposé sur la table, devant le canapé. C'était bon d'être à la maison. L'amoncellement de bouteilles et de sachets dans la pièce était affolant, mais nous n'étions pas des fée du ménage... Et pas assez souvent là pour vraiment vouloir faire quelque chose. Dans le cendrier, Hayato avait laissé des mégots. Une sale manie qui le conduirait à manquer d'air ou d'endurance quand la situation ne se prêterait pas à ce genre de faiblesse. Qu'est-ce que penseraient les Nozomo de cette habitude ? Il avait commencé à le faire publiquement après que l'on soit parti. Je n'étais pas le seul à m'éloigner de l'idéal et des idéaux du clan. "Pourtant, il y a des anciens qui fument... Mais ils se battent plus. Où alors ils fument la pipe... Ou même de l'opium." En fin de compte, même dans les conservateurs il y avait des abus si on réfléchissait bien.
Dans ma réflexion, je saisis les bruits de pas dans le couloir... Je couvrais mes parties tout en me redressant alors que la porte s'ouvrait. D'un bloc, je transmettais mes pensées en me tournant d'un air séducteur sur le canapé en tapotant le dossier :
- Tu te sens comment par rapport au clan, toi ?
Sphinx. Yukio 021
Nozomo Hayato
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Une salle à l’apparence lugubre, tout juste éclairée par les faibles rayons d’un soleil matinal. Assis sur de lourdes chaises de bois, quatre anciens Nozomo qui au fil des années avaient plus ou moins pris la tête du clan. Le premier, encapuchonné et ne laissant dépasser qu’une épaisse barbe grise, tenait entre ses mains une longue pipe dont émanait quelques vapeurs d’opium. Laissant s’échapper un léger nuage blanchâtre, le vieil homme toisait son vis-à-vis. Le regard mauvais, chargé de méfiance et de dégout.
"Que nous vaut cette visite matinale ?"
Lui faisant face, un jeune homme élancé, aux longs cheveux et au visage impassible. Si son visage ne laissait rien paraître, ses poings serrés indiquaient clairement son état de stress. Laissant son regard vagabonder entre les différents visages, il répondit aussi calmement qu’à l’accoutumer.
"Tetsu-sensei… Je viens vers vous afin de vous faire part d’une de mes décisions."
Trop ferme ? Peut-être bien. Mais comment pouvait-il l’exprimer autrement ? Les anciens avaient toujours fait preuve d’une incroyable froideur à son égard, qu’il s’appliquait depuis à leur restituer.
Un prêté pour un rendu…
Tapant du poing sur son accoudoir, le second de Tetsu, répondant au doux nom d’Hagane. Montrait ainsi son mécontentement. De mémoire, Hayato ne se rappelait plus l’avoir entendu un jour construire une phrase complète, préférant généralement grogner dans sa barbe. Rien qui ne puisse être audible aux oreilles pourtant affutées du jeune homme. C’était un troisième homme qui était intervenu pour traduire la réaction de son confrère…
"Une décision ? Et depuis quand penses-tu pouvoir prendre des décisions sans nous consulter au préalable ?" Le regard bleu perçant de Dō s’était alors posé sur les prunelles du jeune homme. De tous les anciens, c’était encore lui qu’Hayato redoutait le plus. Il était le plus calme, mais aussi le plus sournois. Un politique, un vrai. Il faisait presque tâche dans cette assemblée d’anciens guerriers sanguinaire…
La conversation s’engage mal… Il faut que je calme le jeu
Reniflant tout en relevant la tête, exprimant ainsi son souhait de faire face à ses maîtres. Hayato leur répondit. "N’est-ce pas ce que je suis en train de faire ?" Pourquoi avait-il enfin décidé d’agir ? Pourquoi avait-il précipité les choses ? Les dernières conversations qu’il avait entretenues avec son frère en étaient un moteur certain. Ce qui n’était jusqu’alors que douce rêverie, lui semblait désormais accessible, à portée de main… Un seul barrage se présentait devant lui, en la forme de quatre silhouettes aux dos recourbés par le poids des années.
"Eh bien qu’attends-tu !? Parle !" D’un bond, Buronzu s’était levé de sa chaise. Il était encore habile malgré son âge avancé. Katana toujours à la ceinture, il était le bras armé du groupe et dispensé généralement les sentences. De tous ici, il était sans doute celui avec qui Hayato se sentait le plus à l’aise. Peut-être était-ce par nostalgie ? Il faisait partie du groupe les ayant recueillis il y avait de cela bien des années. Les années avaient eu raison de son allure de géant, mais il dégageait pourtant encore une prestance certaine. Propre aux grands combattants.
"Je souhaiterais que moi et mon frère prenions parts aux décisions du clan."
La demande avait été lâchée de but en blanc, sans autre forme de rondeur diplomatique. Avec nulles autres personnes le jeune archer n’aurait procédé ainsi. Mais chez les Nozomo, la franchise était valorisée… Non ? -------------------------------------
Pénétrant dans ses appartements, le jeune homme était harassé par la longue conversation qu’il avait tenue plus tôt. La mine chargée du poids de cet affrontement verbal, ses traits semblèrent s’illuminer lorsqu’il entrevit son frère, seulement couvert d’une serviette et qui l’invitait d’un tapotement tendancieux à venir prendre place à ses côtés.
"Tu te sens comment par rapport au clan, toi ? "
Savait-il qu’Hayato revenait d’une entrevue avec les anciens ? Sans doute pas… Le jeune homme avait agi précipitamment sans le consulter. Se posant négligemment sur le sofa et poussant un large soupire il répondit lasse de cette journée pourtant tout juste commencée.
"Je reviens d’une entrevue avec les anciens concernant cette question…" Sourire aux lèvres afin de ne pas inquiéter outre mesure Yukio, il continua. "Il y a encore quelques mois, je t’aurais dit que je m’en fichais. Mais maintenant…" Fichant son regard dans celui de son frère, il conclut. "C’est injuste. Notre position est injuste et je compte bien faire changer les choses." Sortant une cigarette, le jeune homme pris le temps d'aspirer à plein poumon la fumée réconfortante qui jaillit de ses poumons pour embaumer la pièce de saveurs épicées.
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Nozomo Yukio
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Sans un mot, je laissais mon frère me faire son petit laïus : Voir les anciens, une position injuste... Je guettais le visage de mon frère, un peu soupçonneux.
Testu, Dô, Boronzu et Hagane... Les quatre anciens du clan, carrément les chefs des Nozomo tant qu'il n'y avait pas un vrai roi pourpre sur le "trône". Pourquoi eux ? Leurs branches, dont ils étaient les patriarches, avaient une "particularité" physique qu'ils rapprochaient au roi pourpre... Là une couleur de cheveux qui rappellait vaguement le pourpre. "Pourtant, le roux n'est pas le pourpre..." Ici une vague stature agressive. C'était tout bonnement fantasque, mais nous avions vite appris qu'ils se prenaient pas mal au sérieux par rapport à ce fait. Alors...
- Tu te rappelles ce qui est arrivé quand je me suis pris pour un Nozomo pur jus avec un... Nozomo pur jus ? Je tapotai mes doigts sur le sofa. Il m'a fallu passer quelques semaines tous les jours à m'entrainer sous la direction de ce rouquin de Akachi, jusqu'à ce que je n'en puisse plus et je m'écroule à terre.
Il fallait rester à sa place, on avait beau avoir été secouru par l'un des quatre… À l'époque, un clanique de grande lignée. Nous n'étions pas forcément sous la protection de quiconque. Des pièces rapportées, qui avaient grandi dans l'ombre du mépris. Des anomalies ? Différent du modèle en place, nous gênions quand même pas mal. Pour autant, on était des juunin du village, réputé pour pas mal de monde et appelé pour la délégation avec Konoha.
- Ils ont peut-être du mal à nous voir grandir et devenir de "bons" Nozomo ou même ils sont jaloux ou ont peur de la place qu'on prend... Je ricanai un moment. On prend peut-être un peu trop de place, Hayato. Il faut en laisser pour ces feignants. Reprenant un peu mon sérieux, je ne pus qu'abdiquer devant les ambitions de mon frère. Je suis d'accord avec toi, depuis le temps on a fait nos preuves. On n’a pas les "particularités physiques" du Roi Pourpre, pourtant on a le droit d'avoir un rang qui nous sied. Tu veux faire quoi ? On affronte tout un système. Une petite moue amenait la suite de mes paroles. Notre génération a moins de mal avec nous, les adoptés, même si je me suis un peu tapé avec Rokuemon aujourd'hui. Il voulait faire un duel d'entrainement et je me suis un peu amusé... Rien de grave, mais je pense qu'il est un peu blessé dans son égo.
Soupirant, je réfléchis un peu à la situation. Le type n'était pas un mauvais bougre, mais sans doute pouvait-il être un peu rancunier. Son honneur, sa dignité, sa naissance ! Avaient-été remis en cause par un marmot de nomade...
- Je te parlais de ça, car ce qui s'est passé aujourd'hui m'a fait un peu cogiter : On a été élevé parmi les Nozomo, plus on fuit ça plus on va se retrouver seul. Peut-être qu'on a... Que j'ai... Mal pris les choses. Si on n’aime pas le clan actuellement, on peut essayer de le changer. Je rejoignais un peu l'opinion de mon aîné. Je comptais aller demander une place dans le professorat du domaine, histoire d'entraîner la jeune génération et les amener à une autre méthode, un autre mode de pensée...
Je n'avais pas de revendication au sujet de ma place, il y avait des batailles perdues d'avance : Nous luttions contre notre propre sang, notre propre patrimoine génétique... Autoriser des adoptés à monter dans les échelons, c'était sans doute impensable pour ces vieux cons et cela pouvait sonner comme une trahison avec "l'héritage du roi pourpre". Pour autant, je croyais que mon frère allait changer les choses : Il avait l'intelligence pour.
- Tu proposes quoi ?
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Nozomo Hayato
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L’annonce fut accueillie de manière un peu plus glaciale… Borunzu était désormais figé devant l’outrecuidance du garçon. Lui qui, dans le secret des chambres réservées à l’élite clanique, prenait souvent la défense des deux frères en appuyant toute sa théorie sur… justement, leur détachement vis-à-vis du clan. Accusait donc clairement le coup. Quelles drôles d’idées avaient-ils eux ?! Les yeux écarquillés tous restèrent quelques secondes figées.
Ce fut finalement Dō qui, sans se départir de son air supérieur, vint se lever pour toiser de plus près l’impétueux garçon. Il marchait lentement, tournant autour de sa proie comme un chien qui cherchait une ouverture pour plonger ses crocs dans la chair. Ravalant sa salive, Hayato resta tout aussi silencieux qu’immobile. Il avait cette désagréable impression de retomber en enfance… Il venait de faire une bêtise et ses maîtres le puniraient pour cela. Transperçant la salle, la voix rocailleuse de Tetsu vint mettre un terme au silence des plus pesants.
"Prendre part aux décisions du clan ?! Et puis quoi encore ! Ne devrais-tu pas déjà nous remercier d’avoir offert à toi et ton bâtard de frère un toit et de la nourriture ?! Nous aurions pu vous laisser crever tels les chiens que vous êtes. Ah ! Nous aurions pu et nous aurions dû ! Grâce à nous vous avez un métier, un foyer, un avenir... Misérable petite verm…"
Chose incroyable, Dō venait de l’interrompre d’un redressement de main. Lui qui était d’ordinaire si prompt à appuyer de son sourire mauvais la moindre remarque de son ami. Ayant visiblement terminé son étude approfondie du jeune homme, il se tenait dès lors face à lui. Les yeux solidement ancrés dans les siens. Le bleu de ses yeux semblait capable de figer une âme, à tel point qu’Hayato s’interrogea sur un potentiel genjutsu… Mais il aurait été trop ardu d’exécuter un Kaï au beau milieu de cette entrevue.
"Tu dis vouloir prendre part aux décisions de notre clan… Mais où étiez-vous, toi et ton frère, jusqu’à présent ?" Faisant mine de marquer une pause pour laisse Hayato répondre, il enchaîna immédiatement. "Hors de notre enceinte ! Vous-avez fait le choix de vous exiler et nous avons accepté votre demande." En réalité, les frères n’avaient consulté personne avant de fausser compagnie aux claniques. Ils étaient simplement partis, sans un mot et avaient aménagé seulement quelques mètres plus loin. Un semblant de liberté, pour deux jeunes hommes en mal d’identité. "Mais voilà que maintenant… Vous voudriez revenir en grande pompe ?! Participer au conseil ? Et puis quoi ensuite ? Une place parmi nous ? Pour qui ?! Toi ou ton frère ?"
L’avalanche de questions n’attendait aucune réponse mais visait simplement à désarmer encore davantage le jeune junin. Bien qu’il pût le réaliser de lui-même et comprenaient parfaitement les manigances de l’ancien, fort était de constater, que cela fonctionner un peu. Hayato se trouvait démuni. Il s’attendait à la colère, à un affrontement quasi physique. Mais il n’avait que trop sous-estimé la langue acérée du vieux Dō.
Déglutissant mais se tenant toujours bien droit, Hayato finit par répondre. "Nous souhaitons simplement participer à l’avenir du clan. Qu’importe comment." La mine grave, chaque ancien accueillit la nouvelle supplique avec sa manière propre. Dō se contenta de sourire, Tetsu releva sa lèvre supérieure, Hagane fulmina en silence et Buronzu resta coi. Du coin de l’œil Hayato put voir que Tetsu s’apprêtait à prendre la parole lorsqu’à nouveau, l’ancien aux yeux perçants l’interrompue. "Nous allons trancher la question. Tu peux disposer."
Assis sur le canapé, les muscles encore tendus par l’entrevue et le regard perdu dans le vide. Hayato écoutait distraitement son frère, tout en ressassant l’intégralité de la conversation passée. Il était toujours surprenant de voir à quel point, une fatigue mentale pouvait transparaitre sur le corps. S’il ne prenait garde à parfaitement se maîtriser, sans doute que le junin aurait eu les mains tremblantes. Mais, en présence de son cadet. Il ne pouvait se montrer aussi faible. L’anecdote sur les déboires passée de Yukio le fit néanmoins sourire. "Tu étais revenue le visage complétement tuméfié, à en croire que ta peau était devenue bleue elle-même…" Un souvenir chargé de souffrance mais qui avec le temps était devenu plus doux. Rangé dans la catégorie des bêtises enfantine et non plus dans celle des mauvais traitements infligés à un enfant…
Son frère était particulièrement loquace, sans doute avait-il trouvé dans le sujet un intérêt particulier. Il fallait dire que bons nombres de leurs conversations tournées autour de cette question : Étaient-ils des Nozomo ? Ou resteraient-ils à jamais des nomades adoptés ? Ricanant à la première remarque, les yeux d’Hayato se refermèrent à la seconde. Les lèvres pincées et la mine grave il s’enquit du résultat de l’affrontement. "Tu as gagné ?" Il le fallait, pour qui passeraient-ils si juste après avoir tenu tête aux pur-sang, l’un des deux frères venait à perdre un duel… "Tu ferais bien de faire attention… À partir de maintenant il est possible qu’on cherche à nous piéger d’une manière ou d’une autre. Qu’on souhaite prouver que notre… sang… Fait par essence de nous des parias. N’accepte pas de duel que tu pourrais perdre." L’archer ne connaissait que trop bien le caractère parfois tempétueux de son frère. Qui ne reculait devant aucun défi et accepté volontiers la moindre raclée. C’était une grande qualité qui lui avait permis de s’endurcir bien plus vite que quiconque. Mais dans la situation actuelle, cela représentait aussi une menace certaine pour leurs projets…
Yukio continua son débit de parole sans trop se laisser distraire par les avertissements de son ainé. Il parlait de la place qu’ils occupaient au sein du clan… De la manière dont il avait pris les choses… De son souhait de changer les choses et enfin de la demande qu’il s’apprêtait à faire. Devenir professeur et changer les choses à la racine ? C’était intelligent… Comme bien souvent de la part de son frère. Moins porté sur l’intellect pur, il était indéniable que la tête de plumeau était bien pleine. Une intelligence intuitive. Qui n’était que rarement accompagné d’un raisonnement complet, mais qui dans la finalité, tombait juste. C’était d’ailleurs le cas ici, en effet ils auraient pu, en s’attaquant aux jeunes pousses, faire changer les choses. Mais à quelle vitesse ? Combien de dizaines d’années avant qu’enfin le moindre résultat ne soit visible ? Et encore ! Pouvaient-ils réellement espérer que les anciens à leur mort soient remplacés par de nouveaux anciens plus ouvert à leur cause ? Peu de chance… À l’image de leur sang, les Nozomo étaient soucieux d’entretenir leur manière de penser.
"C’est un bon début… Mais ce n’est qu’un début." Face à la réponse en demi-teinte d’Hayato, le cadet Nozomo finit par s’enquérir de ses desseins. Prenant une large aspiration et écartant les idées qui s’entrechoquaient encore en son esprit, il essaya du mieux qu’il le pouvait de résumer la situation. "J’ai demandé aux anciens que nous occupions une place d’importance dans le clan. Ils n’ont encore donné aucune réponse, mais je ne pense que la demande aboutisse… C’est une… Une première pierre dans la mare."
Se relevant Hayato vint se poster à l’encadrement de la fenêtre, depuis laquelle il pouvait en toile de fond distinguer les bâtiments blancs et rouges du domaine. De trop nombreuses possibilités s’ouvraient à eux. Allaient-ils être victimes d’une manigance ? Jugé coupable d’insoumission ? Ou au contraire, obtenir un semblant de satisfaction avec leur réintégration dans le domaine ? "Il faudrait que l’on retourne vivre dans le domaine. Nous tenir éloigné de tous, c’est aussi nous couper de potentiels soutiens… Et laisser les mains libres aux anciens pour manigancer en toute quiétude…" Les paroles et les idées coulèrent sans réels liens entre elles, le jeune homme laissait pleinement son esprit formaliser ses multiples questionnements. "Certains nous tolèrent, peu nous apprécient. Mais nous devrions nous appuyer sur eux. Former un contrepouvoir peut-être ? Mais il faudrait être prêt à en accepter les conséquences. Un affrontement pourrait tout résoudre… Mais je ne suis pas certain que nous l’emportions. En tout cas, dans l’immédiat, il est sûr que non. Faire oublier nos origines… C’est sans doute la meilleure solution. Devenir de meilleur Nozomo que les Nozomo eux-mêmes… On doit être partout. Que tout passe par nous. Nous rendre indispensables, sans jamais ne nous plaindre ni ne sabrer l’autorité des anciens. Petit à petit prendre toute la place…" Réalisant sans doute que son débit de parole, prononcée à voix basse devait lui donner l’apparence d’un fou. Hayato revint se placer sur le canapé. Les yeux dans ceux de son frère, il lâcha telle une bombe, sa question.
"Est-ce que tu serais prêt à devenir le roi pourpre ?"
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Nozomo Yukio
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Le sourire de Hayato m'avait troublé, pas parce que le souvenir de mes déboires avec un Nozomo pur jus m'avait marqué... Mais parce que nous savions tous les deux que c'était révélateur d'une façon de penser. Quiconque se dressait devant la légitimité d'un Nozomo souffrait... Aujourd'hui, j'étais tombé sur plus faible que moi, mais mes articulations certains jours me rappelaient que ça n'avait pas toujours été le cas...
Akachi avait amené en moi le geste du Ichimonji. Ce coup en avant, latéral de bas en haut, mobilisant les deux bras... Une force qu'il me manquait durant ma jeunesse. Il disait que ma frappe était "mollassonne" et qu'un vrai Nozomo aurait fait plus fort. Des jours entiers à répéter inlassablement le même mouvement, à avoir mal à l'épaule et dormir les bras au-dessus de la tête puisque mon corps était comme bloqué dans cette position... Cela prêtait à sourire, avec du recul, mais j'avais pris quelques années avant de me dresser de nouveau face à ces types. Aujourd'hui, encore, je préférai les ignorer plutôt que d'affronter ce mépris de face.
"Lâche".
Suite à mon explication du conflit avec Rokuemon, mon frère demanda simplement si j'avais gagné. D'un ricanement, je me relevais de ma position couchée.
- Bien sûr que j'ai gagné, il faut chercher les grands pontes du clan pour me vaincre maintenant... Une fierté toute relative, je n'avais pas atteint mon plein potentiel et je n'arrivais pas à la cheville de Buronzu ou Akachi. Mon désir de polyvalence, par le ninjutsu, m'amenait à moins travailler le katana et les arts du corps, depuis le temps. Je payais en puissance physique ma recherche de connaissance.
L'avertissement de mon frère me fit lever un sourcil :
- Qu'est-ce que tu as fait pour que je sois obligé de faire attention comme ça ?
Une inquiétude ? Non, Hayato ne prenait pas de risque inconsidéré : Patient, lucide, habile... Un combat, il l'esquivait s'il le pouvait tout en sachant qu'il était capable de le mener de front. Une capacité rapprochant plus cet archer d'un sabreur complet que moi... Je brulais comme jamais un feu n'avait brûlé. Le combustible ? Ma vie, mon désir de montrer ma valeur.
- Entendu, cependant. Cette histoire de sang, on l'entend être rabâchée depuis toujours, de toute façon. On va finir par y croire, si à côté on ne voyait pas ce qu'on valait vraiment... La promotion en tant que juunin, les invitations à des événements politiques... Hayato était pressenti comme intendant. Qu'est-ce que cela faisait l'avis de vieux cons ?
"Beaucoup, pour nous..."
L'aîné, assis et fumant, m'expliqua bien vite le fin mot de sa rencontre : Nous donner une meilleure place dans le clan. J'étais soufflé par la nouvelle, mais cette surprise se mua en un rire franc. Serrant l'accoudoir du sofa, je riais à gorge rompue.
- Ils ont dû tirer une sacrée tronche ! Pour une fois, c'est toi qui fais primer la maniére directe ! Pour toute réponse, Hayato se leva pour regarder à la fenêtre. Manifestement pensif... L'entrevue lui avait coûté, qui sait ce que les anciens avaient dit ? Le type était intelligent et rusé, mais il demeurait humain. Si les vieux avaient craché spontanément sur nous, il avait dû ronger son frein pour ne pas créer un esclandre.
"Ils ont dû se faire un plaisir de lui chier dessus pour voir sa réaction."
Arrêtant de rire ou de prendre tout ça pour une quelconque blague, je réfléchissais à la situation :
- Pas de réponse, hein ? Ils vont surement nous nier toute avancée, mais ça montre qu'on est motivé pour prendre notre part dans l'affaire...
Comme un seul homme, Hayato avait suivis ma pensée : Revenir au domaine, reprendre notre place, au moins géographiquement... Puis, politiquement. Il me surprit à développer toute une machination, parlant de prendre des décisions, évoluer, devenir des "meilleurs Nozomo que les Nozomo eux-mêmes"... Un équilibre entre prendre la place et ne pas secouer celle des autres. Un jeu politique de grande envergure au sein d'un clan qui était plutôt brut de décoffrage : Le moindre faux pas pouvait mener à un exil ou un duel. Il pensait à tout cela dans une diction presque claire, ses cordes vocales cherchant à suivre ses pensées dans la vitesse... Un puzzle dont lui seul voyait les pièces, mais une fois qu'il me montrait la finalité, j'étais soufflé par la puissance : Je savais qu'il allait penser à tout, ce n'était qu'un début.
- Un contre-pouvoir... Tu en demandes beaucoup là. L'idée était intéressante, cependant, quoi qu’extrêmement dangereuse. La suite me fit rendre compte de l'ampleur de l'ambition de l'homme face à moi quand il s'assit à mes côtés.
"Est-ce que tu serais prêt à devenir le roi pourpre ?"
Me reculant inconsciemment sur mon siège, j'avalais l'idée comme une couleuvre qui se lovait dans mon estomac : Le gamin qui avait répété pendant des jours un mouvement de kenjutsu comme punition ressortait ici. Intérioriser un interdit révélait plus tard la difficulté d'imaginer ce genre de chose. Rechercher à devenir roi pourpre, c'était rechercher à devenir le Nozomo suprême... Le pur jus du pur jus. L'alpha et l'oméga du clan. Peu de gens pouvaient dire ça sans trembler du genou. Je me surpris à admirer ce feu dans mon frère, qui était aussi intense dans son ambition que le mien dans mon ardeur... Au fond, comme une étincelle dans une forêt, l'ambition naquit en moi.
- Je... Moi, je ne voulais au départ qu'être un professeur pour aider le clan sur le long terme. Il me proposait d'aboutir à un plan, une machination, un festin politique m'amenant à la tête du groupe qui nous avait toujours spolié.
C'était mon tour de me lever pour regarder le monde : L'appartement, la vue par la fenêtre... Peut-être que le paysage qui avait inspiré mon frère allait me donner aussi le souffle pour gonfler la flamme de l'ambition ? Un air réparateur, un ouragan... Que sais-je ?
- Ce sera un jeu dangereux... Pour ça, il nous faudra des alliés à l'intérieur et à l'extérieur du clan. Le monde entourait le village, mais je voyais ce qu'avait vu Hayato.
Le domaine, proche et pourtant séparé de nous par des maisons et cette foutue vitre... Le sang était-il un mur ou une simple plaque de verre facile à briser ? Posant ma paume contre le carreau froid, je poussais légèrement comme cherchant à atteindre une destination imaginaire.
- C'est un combat qui sera long, pénible... Presque mortel. On va lutter contre une dynastie, contre le sang lui-même. Nous ne sommes personne et tu veux que l'on devienne tout.
Pour le clan, le chef était tout.
- Une fois que l'on aura mis le pied dans l'engrenage, on ne pourra plus s'arrêter... Peut-être même que quand on aura repris place dans le domaine, ce sera trop tard. De la peur ?
Non, un vertige... Je n'étais pas aussi intelligent que mon frère. Mes machinations étaient à court terme, pour prendre des informations. Je ne concevais pas des tapisseries de mensonge et de furtives cachoteries. La seule chose qui me maintenait à l'idée fantasmagorique de devenir roi pourpre, c'était la confiance que je portais dans le grand dadais et cette envie de changer ce clan qui avait mis autant de bien que de mal dans ma vie... Un clan bienveillant comme les Akayuki ? Porté aux nues par de puissants dirigeants pour ne plus être le mouton noir du village ? Un amour pour l'art de la lame, inspiré par les valeurs discutables de clan... Une vision pour l'avenir, une ambition pour y accéder. Avions-nous la force de la mettre en place ?
- Oui, je crois que je pourrai le faire. Il suffirait juste d'avoir l'air méchant, non ? D'un sourire, d'une blague, je scellai peut-être le plus grand événement de ma vie... La décision d'être enfin quelqu'un.
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Fiche du Ninja Grade & Rang: JOUNIN - RANG A - Intendant de Suna Ryos: 1895 Expérience: (1913/2000)
Sortant de la pièce, tête baissée, Hayato accusait le contrecoup. Intérieurement, son sang bouillonnait au point de bourdonner à ses oreilles. Il était conscient que malgré son visage impassible, les anciens n’auraient pas manqué de remarquer que les battements de son cœur s’étaient intensifiés au fil de la rencontre. Le jeune homme ne s’attendait guère à un résultat différent, mais cela n’empêchait pas la fureur de le gagner. Une fois la porte fermée derrière lui, il se laissa aller prudemment. Soufflant rapidement par la bouche, les joues rougies et les quasi imperceptibles pliures de son visage marquant son air renfrogné. Il tapa dans un mur, à la manière d’un enfant tapant du pied devant l’inévitable injustice.
Le temps d’un battement de cil, ses émotions les plus profondes avaient percé sa carapace. Puis tout de suite après, il retrouva la pleine possession de ses moyens. Le visage serein, il quittait le domaine. Au niveau de la grande porte, une voix venue de son dos le héla à gorge déployé. Une voix roque et vieillit… Celle de son bien-aimé protecteur. Son Katana toujours solidement attaché à la ceinture il vint rejoindre le jeune homme. Étudier ses traits était bien inutile tant sa fureur malhabilement camouflée suintait de ses pores.
Il est en rogne contre moi ? Ou contre les anciens ?
Un espoir fou, celui de trouver un ancien convaincu par leur cause. Avec un soutien pareil, tout deviendrait possible ! Dans un hoquet de surprise, Hayato expulsa l’air de ses poumons, propulsé par le coup au ventre que lui avait porté l’ancien… Le jeune homme ne manqua pas de remarquer qu’il n’y avait pas mis toute sa force. De la même manière qu’Hayato plus tôt, il avait simplement permis à ses émotions de s’exprimer au travers de l’impact vengeur.
"Tu crois sincèrement que tu peux rentrer chez les anciens et demander des choses pareilles !?" Dans la mélodie toute militaire de ses paroles, quelques pointes d’inquiétudes ponctuaient ses fins de mots. "Tu as déjà bien de la chance si on ne vous bannit pas !" La menace existait bel et bien, il faudrait néanmoins que les anciens justifient un minimum cette décision mais peu de gens se dresseraient pour défendre le duo fraternel. Un conseil plus qu’une tentative d’intimidation, Hayato le savait et pourtant son sang n’avait fait qu’un tour.
"Nous n’avons rien fait de mal…" Ses dents se refermèrent sur sa langue, lui arrachant une vive douleur. L’uppercut de Boronzu n’avait rien à envier aux meilleurs boxeurs du village… "La prochaine fois, vient me voir plutôt que de te donner en spectacle. Maintenant dégage !" Docilement le junin partit sans se retourner en direction de son petit appartement…
Boronzu pourrait-il faire un allier de choix ? ______________________________
Un très large sourire se dessina sur ses lèvres, comme il l’avait pensé, Yukio partageait ses ambitions. Ce clan faisait malgré tout partie de leur ADN. Ils étaient des Nozomo et pas n’importe lesquels ! S’imaginer devenir roi pourpre était pour les Nozomo une rêverie enfantine. Aussi loin que pouvait remonter la mémoire du junin, jamais il n’avait connu de roi pourpre en activité. Existait-il seulement ? Les anciens persistaient à en appuyer la réalité, pourtant, rien ne prouvait leurs dires. Une seule chose était sûre : Devenir roi pourpre signifierait un pouvoir absolu sur les décisions du clan… Une réforme en profondeur serait alors possible…
Le jeune homme pouvait cacher ses espérances derrière un écran de bienveillance : Prendre la tête du clan, c’était pouvoir le modifier pour le rendre plus agréable. Mettre fin aux tortures physique, à la systématisation des stigmatisations. Oui et il l’espérait. Mais il escomptait tout autant y voir un moyen d’appuyer ses propres convictions… Son frère en chef de clan et lui Kazekage ? Des mois étaient passés depuis cette conversation salvatrice dans le confort relatif de leur canapé. Murissant ses réflexions, le jeune homme avait acquis une nouvelle conviction : Il ne voulait pas être le fer de lance Sunajin. S’exposer en meneur ? Non. Mieux valait le confort d’un conseil secret, la discrétion d’un poste subalterne. Du moins en apparence…
Quittant ses rêveries, il jeta un ultime regard vers son fraternel… "Je pense que Boronzu pourrait nous soutenir… Mais je n’ai pas encore tout à fait réfléchi au moyen de procéder… Pour l’heure je pense que nous devons surtout déménager… C’est le plus "urgent". Mais pas n’importe où…" Combien de fois avait-il retourné la question dans tous les sens pour maximiser ses chances ? En tout cas, il lui était difficile d’en partager le résultat. Sortit des tréfonds de sa réflexion, ses idées lui paraissaient privées… Intime.
"Le domaine est organisé à la manière du clan. Si on laisse le choix aux anciens, nous finirons relayés dans les dépendances, à l’écart du centre décisionnel. Je pense qu’il va nous falloir un peu de temps…"
Le temps… voilà sans doute la plus grande arme que les deux jeunes frères pouvaient brandir devant les anciens. Cette ressource non renouvelable dont les vieux croulants manquaient cruellement…
À l’usure on les aura… Il suffira de garder foi …
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Nozomo Yukio
Suna no Jonin
Messages : 631
Date d'inscription : 09/12/2020
Age : 26
Fiche du Ninja Grade & Rang: JOUNIN - RANG B Ryos: 160 Expérience: (2847/1200)
Déménager pour une maison dans le domaine Akayuki.
On ne m'avait jamais proposé de m'héberger, même si ce n'était pas vraiment le cas... Le manchot roux pouvait nous trouver un autre logement plus grand. Un loyer abordable ? Combien ? J'avais pensé déjà au facteur pragmatique alors que dans le fond, la proposition était d'habiter dans le domaine d'un clan qui n'était pas le nôtre. J'aimais bien les types composants cette famille : Des types solides, fiables, généreux et sympa. Mon petit séjour à l'oasis avec Ogawa mais aussi les autres Akayuki avait été une bonne expérience. La première fois que je me sentais dans un groupe, une famille... Pour autant, venir chez les marchands, c'était partir réellement des Nozomo. Même si nous n'habitions plus dans le grand ensemble militaire et rigoureux, nous étions proches et accessibles à la demande...
C’était nous qui étions parti, avec notre statut nous aurions pu avoir un beau logement chez les Nozomo. On souffrait de nos propres choix... Mais était-ce vraiment souffrir que d'appliquer nos idéaux ?
Maintenant, il fallait revenir ?
Les Nozomo avaient recueillis les garçons, sans pour autant leur laisser une vraie place dans le clan. Une étrange situation où ils étaient là sans vraiment être désiré... Un problème démographique à l'époque qui avait amené les guerriers à adopter ? La pitié d'un homme qui n'avait pas assumé ensuite de vraiment convertir ces deux frères ? Devant ce questionnement, je n'avais jamais vraiment fait grand cas de cette vie... J'avais grandi sous le mépris et les coups. Quand nous avions pu, nous étions partis et c'était bon... Une distance, une habitude à la violence, qui avait peut-être désensibilisé mon âme. J'avais le droit, comme Hayato, à un clan amical qui ne me faisait pas regretter d'avoir été adopté...
Une chance contre une baffe, vivre pour souffrir ? J'avais parfois, devant Kalida ou Ogawa, imaginé ma vie si j'étais un Akayuki plutôt qu'un Nozomo... Un autre Yukio, un autre homme. Mon prénom était donné par ces claniques, je n'aurai même pas été la même personne. L'idée m'amusait autant qu'elle me fit peur : La destinée, ou tout autre connerie, ne tenait à presque rien. Avec ma nouvelle détermination, je devais accepter aujourd'hui de revenir "chez moi".
Fuir, ce n'est pas une fin en soi.
- Oui, j'imagine qu'en crachant que j'allais être le roi pourpre, accepter de déménager chez les conservateurs, ce n’est pas grand-chose... Il faudra la jouer fine, des alliés proches, oui, mais aussi les ennemis. Un nid de vipère, il faudra se plier de nouveaux aux règles... Du moins, un moment, avant d'essayer de les changer. Finis la belle vie dans l'appartement. Je laissais glisser mon regard sur la pièce.
L’appartement avec mon frère n’était pas vraiment grand, mais on avait réussi à se l'offrir avec nos maigres économies : Des souvenirs, des discussions... Il était assez fréquent que Hayato me retrouve en train de faire des pompes ou des abdominaux en m’aidant de chaises ou à même le sol. J’avais même creusé des trous dans le mur au-dessus de l’entrée du couloir pour pouvoir faire des tractions… Mon aîné disait que j’étais un animal, moi je disais qu’il fallait que je me tienne en forme. La vie de ninja se devait d'être active, pour affronter les dangers. C'était un lieu de vie, un lieu de paix...
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