Ciel embrumé de quelques nuages, un soleil qui entamait sa lente descente, crachant avec parcimonie sa lumière sur la belle Uzushio. Des restes de neiges perlaient les rues pavées, décorant le bois d'un manteau blanc tout en laissant l'air libre de tout flocons. Un bel après-midi en somme, qui venait donc avec l'immanquable flot humain du Centre-ville. Entre les moults étalages, dans les rues étroites et les milles enseignes boisées, cette fourmilière humaine laissait aisément oublier qu'il s'agissait là d'un village caché. Pourtant les enfants de l'Ombre ne se dissimulaient point. Portant fièrement leurs élégantes épées, emmitouflés dans leurs kimonos bleutés, les Miyamoto veillaient au grain.
L'un d'entre eux échappait toutefois à la règle. Reconnaissable par sa crinière ébène, il se passait de l'uniforme de son clan. Recouvert d'un épais Haori, il se contentait d'un Hakama et d'un Kimono bleuté, un simple pantalon et chemise en fait, accordés aux goûts de l'époque. Point de bandeau ninja aujourd'hui, même si le symbole d'Uzushio tatoué sur son manteau trahissait son appartenance. On remarquait toutefois les Tengu-getas qui lui servaient de chaussures, des godasses dont il semblait parfaitement accommodé. Bien-entendu qu'un katana léchait sa hanche, le Keibi taichō ne pouvant se permettre, même en civil, de se promener sans son arme. Que faisait-il d'ailleurs, notre lion usé, dans les quartiers commerçants ? Assurément il n'appréciait pas la foule, puisqu'il n'hésitait pas à abuser de détours pour éviter rues bondées. Se contenant des ruelles, la silhouette avançait d'un pas régulier, ses sandales de bois claquant en rythme sur la pierre.
ワインの色 Les couleurs du vin, une modeste enseigne dont la porte coulissante encore fermée ne respirait pas l'hospitalité. Pourtant le Miyamoto s'y arrêta, sonnant la discrète cloche, il fit ensuite coulisser le panneau de bois, pénétrant le pittoresque domaine. Enlever ses chaussures, ôter son manteau, il suivait le protocole à la lettre, se retrouvant désormais chaussettes contre tatami, il s'avança dans ce qui semblait être une échoppe de vin. Amphores et jarres se disputaient de grandes étagères de bois, l'arôme des différents breuvages accompagnant le visiteur dès l'entrée, guide invisible décrivant les différents nectars. Bien qu'exigu, l'endroit recelait néanmoins une quantité ahurissante d'alcool, une sorte de caverne d'Alibaba pour les connaisseurs.
« Nori ?Un mot prononcé par d'un ton timide, incertain. Nori-san ?! Cela prit désormais de l'ampleur. Non d'Amenko C'est bien vous ! Vous êtes enfin de retour ! »
Une voix vibrante, à la fois usée et affermie par le temps. Empêtrée dans ses livres de comptes, la vielle Harama laissa tout tomber, se levant en hâte malgré son âge, elle agita ses mains en direction du Jonin, le forçant à dévier sa route pour se soumettre à son toucher. Une mère n'aurait pas été moins heureuse, et c'était d'ailleurs avec la docilité d'un fils que le quarantenaire se soumis à cette étreinte.
« Ichichichi vous n'avez pas changé d'un poil Nori-san ! Mais quand même, un an d'absence ?! Qu'est-ce qui a pu vous retenir aussi longtemps ?! »
Elle savait pertinemment qu'il ne pouvait pas parler de ses missions, seulement ce n'était cela qui l'empêcherait de demander ! D'ailleurs elle libéra rapidement une table, tenant fermement la main du Chef de la garde, elle le menait comme un enfant, le posant sur une chaise avant de l'assaillir de questions. Le pire étant qu'il se laissait faire, éludant ce qu'il ne pouvait révéler, il tolérait les facéties de la propriétaire avec une patience inédite. Après tout ce fut à cet endroit que naquit la plus belle romance de sa vie.
Après dix minutes d'interrogatoires, la cloche servant de sonnette retentit de nouveau, signalant la fin abrupte des retrouvailles. Si Nori se laissait aller avec la propriétaire des lieux, il était toutefois hors de question que le nouvel arrivant le vit dans ce état. D'une seconde à l'autre son visage retrouva ses traits glacials, son sourire disparaissant, sa posture s'ajustant, il reprit la sobre dignité du combattant. Toujours assis à cette table haute, il profita de ce temps mort pour gouter le thé offert par Harama. Un thé vert au jasmin, rien d'extraordinaire, mais cela occupait son palais, tandis que ses iris dorés se posaient sur l'invité surprise.
Omura Hana
Uzushio no Genin
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Petite sortie pour la belle Omura, cherchant un cadeau de retour pour ses parents partis depuis un petit moment. Qui aurait cru qu'elle ferait une aussi étrange rencontre que celle qui l'attendait..
feat Miyamoto Nori
Cela ferait déjà bel et bien une semaine que la famille de Hana avait quitté la demeure familiale. Tout cela pour assurer un travail qui semblait se retrouver au bout du monde pour elle qui n'avait jamais vraiment quitté Uzushio. Que cela fut la civile ou la genin, la jeune femme respectait les règles que l'on lui avait imposé... à quelques petites exceptions près. Elle avait beau essayer de correspondre à toutes les attentes, elle avait fini par comprendre qu'elle ne ferait jamais assez bien. Pas pour sa mère en tout cas, et bien moins pour son père. Pourtant, elle ne comprenait pas en quoi elle avait failli à ses devoirs. Certes, elle était allée contre l'autorité parentale en prenant la voie des shinobis mais elle n'aurait jamais imaginé que cela eut pu tant décevoir. Son père avait embrassé une carrière de ninja, sa sœur cadette également. Sa mère ne cessait de lui dire que son seul atout était sa beauté et qu'elle allait tout gâcher par esprit de rébellion. Pourquoi y avait-il une telle fracture et une telle incompréhension ?
Pourtant, Hana n'avait jamais baissé les bras. Jamais. Elle avait face au courroux et ne regrettait toujours pas son choix. La liberté qu'elle découvrait n'avait en rien un goût amer, pas encore en tout cas. Elle avait réussi à s'entourer de jeunes gens formidables, que selon soit son équipe, son cher Capitaine ou bien l'admirable Shiki. Elle avait tant à découvrir qu'il lui semblait impensable de faire chemin arrière. Et puis, pourquoi ? Quelle vie l'attendrait à nouveau ? Sa maison ? La seule compagnie de ses livres pour s'ouvrir au monde en guettant que sa mère lui annonça qu'elle avait trouvé un bon parti ? Un univers de mascarade où elle ne devrait se contenter que d'être un apparat ? Elle avait pourtant cru que cette existence là serait suffisante, mais au fond d'elle, son regard n'avait jamais eu de cesse d'observer le lointain.
Si elle ne pouvait plus être la fille parfaite qu'espérait ses parents, Hana pouvait toujours tenter de le devenir en empruntant une autre route et en leur prouvant qu'ils avaient eu tort de la brider. D'un autre côté, il lui était aussi très difficile de se défaire de toute une vie de bonne éducation et de profond respect envers ses géniteurs. D'ailleurs, elle espérait leur faire un petit cadeau pour leur retour, quelque chose de simple, mais qui soit digne des bourgeois Omura qu'ils étaient. Quoi de mieux qu'une bouteille d'un bon spiritueux ?
On lui avait indiqué un bon endroit répondant au nom de "Les couleurs du vin" comme étant une enseigne vendant des produits de qualité. Il n'en fallut pas plus pour Hana pour s'y rendre, ne s'attardant pas à se noyer sous les conseils d'autrui, elle espérait pouvoir tout découvrir sur place grâce à l'aide du commerçant qui tenait la boutique. Il lui fallut un peu de temps avant de localiser les lieux, car elle n'avait toujours pas bien assimiler les noms des rues. Toutefois, lorsqu'elle arriva à destination, ce fut une bien singulière surprise qui l'attendait : les règles de la maisonnée. Alors que son entrée fut annoncée par le bruit d'une clochette, elle devait abandonner ses chaussures comme si elle eut été invitée dans une demeure privée. Ses pieds foulèrent timidement les tatamis avant de lever ses yeux mauves sur une multitude d'étagères bien remplies. Il semblait y avoir pour tous les goûts.
" Voilà une cave qui ferait pâlir bien des connaisseurs. "
Hana ne faisait que soupirer pour elle-même ses quelques mots, car elle était déjà dans la contemplation de tout ce qu'il y avait autour d'elle. Lentement, elle se dirigeait vers les étagères, effleurant de ses doigts les étiquettes sur les bouteilles, étudiant le nom des cépages utilisés, le nom des maisons viticoles. Pour être honnête, elle n'y connaissait rien hormis des appellations. L'alcool lui avait toujours été fortement interdit, cela nuisait au teint bien qu'on lui concédait pour de grande occasion un verre de vin, jamais plus. Cela ne faisait pas d'elle une connaisseuse pour autant.
Son regard finit par abandonner les recherches pour se tourner vers deux personnages présents dans la pièce. Peut-être un client ? Peut-être le propriétaire ? Il n'en fallut pas plus pour que la demoiselle se montra avenante, affichant un large sourire avant de saluer le monde avec élégance.
" Bonjour. Veuillez m'excuser de vous importuner. Travaillez-vous ici ? Je dois m'avouer néophyte dans le domaine du vin et j'aurais besoin d'un connaisseur ou connaisseuse. "
Les yeux de l'Omura balayèrent Nori et la propriétaire, car elle ne savait pas quelle personne était la plus appropriée.
Une beauté absolument renversante. Le village d'Uzushio ne manquait pourtant pas de somptueuses créatures, mais la demoiselle qui pénétra l'alcôve sortait clairement du lot. Une crinière tout aussi généreuse que la chevelure du Jônin, sauf qu'aux boucles noir s'échangeaient des longs filaments mauves, une parure de soie pour une authentique princesse. Elle avait d'ailleurs les attributs de la noblesse la petite, avec son large sourire, ses grands yeux bleu, sa politesse mesurée et ses habits brillants d'élégance. Nori avait surement du la regarder un peu trop fixement, puisqu'alors que deux mains flétries se posèrent sur ses épaules, le poussant dans la direction de la jouvencelle, la voix d'Harama résonna, pleine de la sagacité maligne des anciens.
« Bienvenue ! Et bien si c'est du vin que vous cherchez, déclara la tenancière, une lueur coquine dans le fond de l'oeil, ce monsieur ici se fera une joie de vous aider ! »
Encore aux prises avec son thé, le quarantenaire ne put retenir un petit éternuement, manquant de s'étouffer en entendant la vielle. Certes depuis la disparition de la belle Hana, elle tenta désespérément de lui trouver une compagne, mais après un an d'absence, devait-elle vraiment reprendre cet ennuyant hobby ?
« Allez Nori-san, ne soyez pas timide ! Elle parlait d'un ton enjoué, parvenant à peine à retenir son rire. Vous ne sauriez pas être entre de meilleures mains mademoiselle, il s'agit après tout de l'ancien chef de la Garde ! »
Il semblait bien qu'il n'eut pas d'autre choix que de coopérer. Signifiant son abandon par un soupir, le Miyamoto posa sa coupe, et quitta convenablement la chaise haute, se tenant désormais debout en face de l'inconnue. Il la regardait fixement, ses yeux dorés rendus perçant par l'habitude, sa face neutre de toute expression, il dégageait malgré lui une certaine froideur, et assurément on avait vu mieux comme hôte. Pourtant Nori se laissa prendre au jeu. Faisant de son mieux pour ignorer les éclats de rires de son esprit ancestrale, il s'exprima d'un ton calme et posé, bien moins sinistre que l'aura projetée par sa posture rigide.
« Bon. Bonjour j'imagine ? Veuillez pardonnez Harama-san, elle est peut-être un peu excentrique, mais vous trouverez ici les meilleurs vins d'Uzushio. S'inclinant légèrement, il gratifia la dame d'une salutation plus formelle. Je suis Miyamoto Nori, membre d'Uzushio, à qui ai-je l'honneur ? »
Laissant à la belle le loisir de répondre, ou pas, il enchaîna ensuite. S'il restait debout, droit comme un I, son visage semblait se relaxer, ses sourcils et ses joues s'avérant légèrement moins contractés.
« Je suis ce qu'on pourrait qualifier de Connaisseur, en quoi pourrais-je vous aider ? »
Omura Hana
Uzushio no Genin
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Petite sortie pour la belle Omura, cherchant un cadeau de retour pour ses parents partis depuis un petit moment. Qui aurait cru qu'elle ferait une aussi étrange rencontre que celle qui l'attendait..
feat Miyamoto Nori
La cavalière attitude de la jeune Omura semblait avoir fait mouche. Alors qu'elle s'était permise de s'approcher de la vieille femme et de l'homme à l'allure un peu triste, la première lui expliqua que le second serait la personne idéale pour lui parler de vins et de ses principes. Naturellement, alors qu'elle souriait à la propriétaire, son visage illuminée se tourna vers celui qu'elle ne connaissait pas encore. Là, cette dernière lui dévoila qu'il était l'ancien chef de la garde d'Uzushio. Elle fut aussi surprise qu'admirative.
" L'ancien chef de la Garde ? Vous êtes donc une personne illustre de notre village ! C'est pour moi un honneur de faire votre connaissance et une chance à laquelle je ne m'attendais pas en venant ici. "
Le sourire de l'Omura s'étira de plus belle alors qu'elle le salua une nouvelle fois avec plus de politesse que lors de sa première interruption. Ce dernier finit par abandonner son thé et se leva de son siège pour faire les présentations. Sans nul doute que devant n'importe qui, Nori aurait pu paraître impressionnant : il était grand, il avait des yeux perçants, il ne souriait pas beaucoup et il dégageait une aura assez froide. Il n'était en soit pas avenant du tout, exactement le contraire de l'Omura qui était plutôt lumineuse en tout point. Mais Hana était une femme curieuse, enjouée, naïve, qui ne se laissait pas impressionnée parce qu'elle ne connaissait pas. Elle n'était pas effrayée par l'inconnu, bien au contraire. C'était généralement ce trait de caractère qui la glissait dans des situations peu enviables et cocasses, toutefois cela faisait aussi partie de son charme.
" Miyamoto.... Nori-san.. J'aurais dû le deviner lorsque Dame Harama a mentionné que vous étiez un ancien chef de la Garde. En regardant de plus près, cela aurait dû me sauter aux yeux. Vous avez la prestance de ces grands guerriers. "
La kunoichi continuait à sourire avant de se présenter à son tour.
" Je me nomme Omura Hana. Mais vous pouvez m'appeler tout simplement Hana. Je suis une jeune shinobi. Cela fait à présent quelques mois que j'ai réussi à passer les épreuves à l'académie et je porte avec fierté le bandeau des genins du village. "
Voilà une information bien difficile à croire lorsque l'on voyait une telle candeur sur un visage et pourtant... elle était vraie. Et aussi incroyable que cela fût, elle avait même déjà accomplie quelques missions avec brio et donnait beaucoup de son énergie à la tâche. Elle en éprouvait d'ailleurs bien des fiertés.
" Ha oui pour le vin. Et bien, je cherche à faire un présent pour mes parents. Ces derniers ont été amenés à partir quelques jours pour leur travail hors du village et j'aimerais accueillir leur retour avec un spiriteux subtil et goûteux. "
Sur ces paroles, le regard de la jeune femme se tourna vers les innombrables bouteilles en présentation, cherchant du regard peut-être une illumination.
" Seulement, je dois avouer ne pas m'y connaître assez. Il ne m'est pas permis de boire beaucoup, mais je sais que mes parents sont des gourmets qui seront appréciés. Je voudrais leur faire plaisir mais je ne voudrais pas me tromper non plus. Je ne connais que quelques cépages, quelques grands noms.... mais je voudrais quelques choses d'agréablement surprenants. "
D'un mouvement léger, la jeune femme tourna la tête vers Nori, toujours en affichant un large sourire.
" Auriez-vous quelques suggestions à me faire, Nori-san? "
Il avait donc une Omura sous les yeux, curieuse rencontre. Ce nom expliquait sans doute son assurance. Habitué comme il l'était aux têtes basses et aux regards fuyants, le quarantenaire s'étonnait désormais lorsque le destin lui offrait un caractère plus couillu. Elle connaissait l'importance de son nom, tout comme son grade, son extrême politesse le soulignait fort bien. Seulement nulle hésitation ne secoua sa voix. Une jeune fleure tranquille, une brebis lancée dans la cage des lions. N'importe qui d'autre arriverait à cette conclusion, mais ça serait méconnaître les médecins d'Uzushio. Les Miyamoto ne savaient pas vraiment quoi faire de ces étranges scientifiques. Bien entendu qu'ils leurs étaient redevables, après tout qui d'autres pourraient recoudre les membres perdues, et s'occuper des milles blessures des vaillants épéistes ? Seulement ils apprirent rapidement, comme tout habitant du village en fait, à rester à bonne distance de leur domaine.
Aujourd'hui néanmoins elle était venue à lui. Il s'imaginait bien que ses parents étaient de fins connaisseurs, son clan surpassait surement la fortune du sien. Charmé malgré lui par ce sourire, Nori resta un moment à la contempler, avant de reposer son regard sur les multiples outres. Une dizaine de secondes, le temps pour lui de se remémorer l'inventaire de la vielle. Inutile de la diriger vers les nouveautés, il devait se rabattre sur les classiques.
« Hum… Un bon cru peut coûter assez cher. Ceci dit, il toisa rapidement ses habits, j'imagine que cela ne sera pas un problème. »
Il traversa alors la petite boutique, s'accroupissant subitement pour inspecter les étiquettes en dessous d'une énorme étagère. Marmonnant pour lui même des noms exotiques, il s'arrêta soudainement, un léger sourire déforma ses lèvres tandis qu'il saisit une amphore d'argile, la présentant fièrement à la demoiselle.
« Sfursat di Valtellina ! Voici un nectar qu'on ne trouve nul part ailleurs. Une exclamation enjouée pour la petite, une question pour la vielle. Rassure moi il t'en reste encore de plus de dix ans ? »
Il fallait se dire que pour un homme aussi guindé, le moindre excès de zèle semblait amplifié. Le Miyamoto n'avait rien perdu de son flegme, seulement ses mouvements plus vifs, les intonations plus colorées de sa voix, tout cela trahissait son excitation. Passionné malgré lui par l'alcool de vigne, il s'allumait sous les yeux de la charmante Hana. Il s'en rendit compte assez rapidement, mais décida de se laisser aller. Personne n'était encore mort d'un sourire. Sa voix toutefois retrouva un ton plus posé.
« Peut-être aimeriez-vous le goûter ? Je comptais de toute façon prendre une bouteille, nous pourrions la partager. »
Il fallut les gloussements sonores d'Harama pour qu'il se rendit compte de ses dires. Pour une fois qu'il ne désirait pas séduire, ses mots le trahirent ! Ceci dit la kunoichi ne s'en offusquerait surement pas. Non, elle devait même être habituée aux compliments, pareille beauté ne courant après tout pas les rues.
Omura Hana
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feat Miyamoto Nori
Hana n'avait pas la moindre idée de quoi choisir et elle semblait prête à laisser reposer son choix sur celui que ferait son aîné Miyamoto. Confiante, elle attendait naturellement le verdict de ce dernier alors que pendant de longues secondes, ils se regardèrent dans les yeux. Désirait-il demander quelque chose ? La jeune femme ne le sut pas, Hana souriait comme à son habitude, sage et polie, guettant simplement l'avis de Nori. Il finit par indiquer que les meilleurs vins étaient un peu coûteux, mais cela ne sembla en rien déranger l'Omura.
" Oh ! Ne faites pas attention au prix. Je veux surtout faire plaisir et s'il y a bien une chose qui n'a pas de coût, c'est bien cela. "
Voilà bien des paroles d'une jeune femme qui n'avait pas de soucis de ryos. Tranquillement, elle se mit à suivre le gentleman qui lui servait de guide alors qu'il commença à inspecter les divers rayons jusqu'à ce qu'il trouvât visiblement une perle rare. Il sortit alors un nom exotique que la jeune Omura ne retint pas véritablement, mais puisqu'il semblait sûr de lui, pourquoi douter ?
" Voilà un joli nom. J'espère que son goût est à la hauteur de son étiquette. "
Un large sourire se dessina sur les traits fins de la demoiselle alors que Nori quémanda à la propriétaire si elle possédait le nectar en stock. Comme tout bon commercial cependant, le Miyamoto ne se contenta pas de sa recommandation, il proposa une séance de dégustation que la kunoichi fut incapable de refuser. Non pas qu'elle eut la moindre disposition pour les boissons alcoolisées, mais parce que cela fut très gentiment demandé et surtout, elle ne se voyait pas offrir à ses parents quelques choses qu'elle n'avait pas eues la décence de goûter elle-même.
" Ce serait avec une immense joie que j'accepte de partager une coupe en votre compagnie. Mais comme j'ai pu vous le dire, je ne suis malheureusement pas une grande connaisseuse. Je serais sans doute une très mauvaise accompagnatrice. J'espère que vous ne m'en tiendrais pas rigueur. "
Sans plus attendre, Hana se dirigea vers la table où s'était assis Nori lorsqu'elle était entrée dans la boutique. Il lui semblait naturel de le rejoindre à sa table puisqu'elle avait malheureusement interrompu. D'ailleurs, elle s'excusa à nouveau.
" Je m'excuse encore de vous avoir interrompu tout à l'heure. Vous êtes vraiment un homme bien aimable. Vous m'aidez et en plus vous m'invitez. Je suis véritablement chanceuse. Sachez que je participerais à faire vos louages en racontant que j'ai rencontré un Miyamoto digne de ce nom. "
L'Omura n'était pas avare de compliment lorsqu'elle appréciait quelqu'un et elle était fière de pouvoir prétendre avoir rencontré des individus formidables sur son chemin. Elle ne comprenait toujours pas pourquoi ses propres parents eurent tant d'inquiétude à la voir s'émanciper et de s'ouvrir au monde qui lui dépeignait si rude et violent. Oh bien entendu, elle savait que tout n'était pas rose, mais ils l'avaient privé aussi de tout ce qui pourrait être beau.
Comme quoi même dans un monde rongé par le crime, une sympathie honnête et un peu de bienséance pouvaient être reconnues. Loin des aléas des métiers de l'ombre, dans le confort relatif d'une petite alcôve, un homme mûr initiait une jeune femme au vin. Un scénario qui de milles façons pouvait tourner au cauchemar, mais qui pour une fois maintint sa pureté. Après avoir accepté l'invitation, la très belle Omura se plaça sur un des tabourets hauts. Sans doute souhaitait-elle ainsi effacer sa précédente interruption, et Nori s'abstint bien de tout commentaires, mais ce n'était pas là la table la plus confortable. M'enfin si elle s'en accommoda, cela lui suffisait amplement. Préparant en hâte un service charmant, sortant pour l'occasion deux récipients de verre d'une magnifique simplicité, la tenancière s'attelait à donner quelques airs romantiques à cette simple dégustation.
« Excuses acceptées. Répondit-il, d'un ton légèrement sec. Elle n'avait fait qu'entrer dans un commerce, il n'y avait pas vraiment de quoi s'atermoyer en excuses. Pas d'éloges non, la franchise est la meilleure louange que vous puissiez me faire. »
Un léger rictus au coin de ses lèvres témoigna d'un sourire, tandis qu'il saisit avec délicatesse l'amphore tout juste posée par Harama. Otant le couvercle à mains nues, par un geste mille fois répété, il servit alors la demoiselle. Le liquide sanguin s'écoula sans faillir, épousant la forme de la coupe avec modération, l'abondance étant après tout l'ennemi du bon vin. Il se servit à la suite, reposant alors le contenant sur la table, ses yeux aquilins glués à son verre.
« En général il faut le laisser respirer. Le contact de l'air aide à réveiller les arômes. Beaucoup de facteurs entre en jeux. La température, l'humidité. Mais dans votre cas, vous souvenir qu'un vin a besoin d'un peu de temps suffit. Il emmena alors sa coupe à proximité de ses lèvres. Mais n'hésitez pas à gouter maintenant, vous jugerez de la différence par vous même. »
Comme pour l'encourager, il prit lui même une lampée de son verre. Entrée terreuse, sèche, avec cette petite douceur sucrée qui excitait le palais. Seulement après la première impression, la personnalité du vin se dévoilait. Un monde florale se cachait derrière cette porte tellurique, une complexité séduisante, quémandant presque d'être découverte.
« Le plus important évidemment est de se laisser guider par ses sens. Inutile de chercher à tous traduire par les mots. »
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