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Miyamoto Nori







Un ciel magnifique éclaire le centre-ville du village caché d'Uzushio, le va et vient incessant des gens dans les différents marchés et normalement une grande source d'information pour qui sait bien tendre l'oreille. Et pourtant, ce village semble réellement dénué de tout intérêt aux yeux et aux oreilles de la kunoichi. Aucun potin alléchant, aucune information utilisable, et pourquoi faire ça ? Elle ne peut plus vraiment faire de chantage ni d'arnaque avec sa situation actuelle. Et pourtant, les habitudes ont la vie dure et la demoiselle préfère éviter de rouiller, ses compétences peuvent toujours lui servir en mission. Ou peut-être qu'un jour, la demoiselle finira par réussir une grande évasion et quitter ce maudit village.

En tout cas, l'endroit vidé de tout intérêt, Akeno décide de se rendre dans un bar plutôt chic pour se mettre à une table en terrasse. Malgré la fin de l'hiver, les températures sont plus qu'agréable avec la mer à proximité et les vents chauds du sud n'apportent un peu plus de chaleur au cœur froid de la kunoichi. Évidemment, la femme ne se promène pas avec sa forme naturelle beaucoup trop voyante pour les autres ninjas et civils qui pourraient la prendre pour un spectre. C'est donc la forme de kunoichi « classique » qu'elle a déjà utilisée pour un entraînement qui est pour l'instant affiché aux yeux de tous.

Une bouteille de vin de bonne qualité devant elle, le verre à moitié vide dans le creux de sa main. La tige coincée entre son annulaire et son majeur de la main droite, la demoiselle fait quelque moulinet du poignet pour faire danser le liquide contre les parois. La robe accroche doucement contre le verre transparent tandis qu'un léger dépôt siphonne dans le fond de verre. Trempant doucement ses lèvres, la femme exaspère un peu sur sa situation. Se demandant bien ce qu'elle pourrait faire de ses journées... Shingen n'est pas spécialement accessible tant que sa sœur le surveille donc impossible d'aller l'embêter un peu et le flirter. Et aucun autre homme n'a pour l'instant attiré son attention pour jouer avec lui et son cœur avant de le larguer comme une vieille chaussette trop usée.

Puis, après quelques secondes, comme si pendant un instant, le brouhaha de la populace cesse l'espace d'un moment. Une goutte d'eau vient tomber sur la main de la kunoichi. Le barman vient en express ouvrir le parasol au-dessus de la table de la demoiselle pour la protéger visiblement de l'averse qui sort de nulle part. En effet, un énorme cumulus vient de faire son apparition, les vents doivent être plus que violents pour un changement de climat aussi drastique. Mais bon, la météo est chaotique, et ça ne dérange nullement Akeno.

Croisant les jambes de façon élégante, la demoiselle s'adosse de manière lasse dans son siège avant de soupirer et boire un peu de son verre de vin avant de jouer de nouveau avec ses mouvements de poignet. Son regard et ses oreilles traînant tout de même ici et là ou cas ou elle pourrait glaner une information intéressante. Sait-on jamais... Cette journée pourrait finalement devenir intéressante ?




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Un an d'absence ne s'effaçait pas si aisément. Autrefois Chef de la Garde d'Uzushio, notre quarantenaire n'était désormais qu'un Jonin parmi tant d'autres, contraint d'attendre les voies mystérieusement lentes de l'administration quant à ses futures affiliations. Il profitait donc d'un repos forcé, chose honnie des Miyamoto, qu'il avait cependant au bout de quarante ans de services appris à apprécier.
Certes il ne pouvait se laisser totalement aller à l'oisiveté, seulement il ne rechignait pas contre quelques heures perdues. Voici donc pourquoi il se trouvait au centre-ville, un simple Haori noir posé sur son Kimono lui servant de vêtements, il avait toutefois pris soin d'emporter son sabre. Si ce climat magnifique aurait pu égayer sa journée, il portait hélas avec lui une foule d'ahuris bruyants et désordonnés.

Ce fut donc après s'être fait bousculer pour la troisième fois que Nori quitta les grandes avenues, même s'il était sûr qu'il aurait pu trouver une excuse convaincante pour écraser son poing dans la face d'un civil. Répondant à son humeur, un énorme nuage s'empara du ciel, amenant non sans fracas la bénédiction de l'eau.

*Cela m'apprendra à perdre mon temps…*

Tandis que cette pensée traversa son esprit il repéra une enseigne un peu moins bondée que le reste. Bien qu'il ne portait pas de symbole d'Uzushio, tous ici pouvaient reconnaître l'origine de pareil Katana. Un Miyamoto était toujours reçu avec courtoisie, d'autant plus lorsque ce dernier avait la crinière d'un lion, et le visage d'une statue de glace.

« Mi… Miyamoto-sama, bienvenu au Paon rouge. C'est vraiment un honneur de vous recevoir… »

Un quinquagénaire l'accueillit en hâte, son généreux embonpoint montrant bien à quel point l'âge nous affectait tous différemment. L'extrême déférence du sir ne manqua pas d'agacer le Jonin, et ce dernier l'arrêta d'ailleurs en levant la main, plongeant ses yeux d'aigle sur ce misérable.

« Du calme du calme… Une table et un verre de vin blanc, cela suffira. »

Son interlocuteur se figea instantanément, un rideau blanchâtre tombant sur la face du tenancier, tandis qu'il regardait d'un air affolé les alentours. Assurément le regard ennuyé de Nori n'aidait pas, mais il prit son mal en patience, tentant tant bien que mal de comprendre les bégayements soudain du viel homme.

« Eh...C'est que… Vvvo… Voyez-vous… Miyaaa… Miyamoto-sama… Comme vous pouvez-le constater… Malheureuse… Si vous pouviez attendre un… Avec la pluie vous voyye… »

Bref, un ensemble de sons disparates signifiant simplement que le bar était plein. Ne serait-ce que pour la pluie battante il se serait déjà barré, seulement le son d'une ombrelle déployée attira son attention. Une table où trainait une jeune femme agréable à la vue…

« Are are j'ai compris ! Je me mets là. Un vin blanc sec et terreux, merci. »

Sans attendre de réponse, Nori s'extirpa de la taverne, attrapa une chaise en bois encore sèche, il s'y posa sans aucune cérémonie. On pouvait sentir son agacement à des kilomètres, mais il parvint toutefois à adoucir les rebords. Après un long soupir, il posa ses yeux sur sa partenaire de table. Il n'alla pas jusqu'à sourire, mais son ton neutre valait déjà mieux que celui dont il avait gratifié le tenancier.

« Bonjour mademoiselle, désolé pour le dérangement. »

Bref et concis, il la scrutait toutefois de ses yeux dorés. Il aurait pu faire bien pire comme compagnon de beuveries non ? Malgré un mauvais départ, cette journée n'était peut-être pas totalement perdue.
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Miyamoto Nori







Tandis que l'ennui occupe l'intégralité de l'esprit de la femme froide et que sa main mouline machinalement le verre de vin pour faire tourner le liquide. Un homme d'un âge adulte voire presque mûr et à l’apparence froide par ces traits de visage angulaire. Visiblement bien bâti et un katana remarquable à sa ceinture, ce sont plutôt les yeux dorés de l'homme qui attire l'attention d'Akeno. Cependant, malgré la singularité de l'homme, la femme n’accueille pas l'homme à sa table avec de doux sourires ou de regard aguicheur. Un simple haussement du sourcil droit en guise de réponse aux excuses du quarantenaire et une gorgée de vin rouge. Suite à coin, elle pose délicatement son verre sur la table et croise ses jambes dans l'autre sens de manière très élégante tout en regardant l'homme dans les yeux :

- Quand on ne se connaît pas... On se présente, c'est la coutume...

Bien que ça semble être une invitation à rester, on peut se poser la question vue le ton légèrement froid et lassée de la demoiselle. Akeno n'est clairement pas dans ses humeurs de drague et pour l'instant l'homme ne lui donne pas vraiment envie de s'intéresser réellement. Est-ce là une technique de drague ? Paraître le plus insensible possible et faire les ténébreux pour que la demoiselle s'intéresse à lui ? Ou alors il voulait se mettre à l'abri et quitte à perdre du temps, autant trouver une charmante compagnie ?

Regardant ses ongles de la main droite d'abord avec la paume ouverte vers la table, puis après quelques secondes elle ferme le poing pour regarder ses ongles de plus prêt. Elle semble plutôt attendre une réponse de l'inconnu avant d'engager toute autre conversation. Si ce type se fait aussi aisément désarçonner avec une simple phrase, alors elle ne perdra pas de temps avec lui. Ou alors elle se fera un plaisir de lui briser ses rêves et son cœur mais ça... Tout dépendra de comment l'homme répond et réagit à ce côté hautain dont elle fait preuve.

En tout cas, le barman semble assez pale lorsqu'il apporte la bouteille de vin blanc à « Miyamoto-sama ». D'un claquement de doigt fort et net, Akeno montre son verre presque vide du bout de son index sans dire un mot, juste un regard pesant sur le pauvre homme. Ce dernier vient remplir le verre de la demoiselle à la hauteur qu'il faut avant de s'incliner devant le Miyamoto puis la kunoichi avant de déguerpir et se détendre derrière son comptoir. Pour que ce civil soit aussi tendu, l'homme en face de la femme aux cheveux noir de jais ne doit pas être n'importe qui. Voyons voir ce que ça peut donner...




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Décidément, il aurait mieux fait de rester chez lui aujourd'hui. D'abord la foule des passants, puis la pluie soudaine, et maintenant voici qu'il devait partager la table d'une princesse incapable de comprendre que le monde ne tournait pas autour d'elle. Il avait pourtant pris la peine de s'excuser, même si en réalité il n'était pas plus ravi qu'elle de cette compagnie forcée. Pourquoi donc ce ton hautain ? Oui il n'avait pas dit son nom, mais sincèrement elle la sortait d'où sa coutume faisandée là ? Et ben vas-y présente toi pauvre conne au lieu de jouer la grand mère outrée… Ce fut bien la pensée qui traversa son esprit, mais heureusement le Jounin possédait un minimum de décorum.
D'ailleurs il fallait reconnaître que s'il s'agissait bien d'une exécrable salutation, elle avait quand même du courage la petite. Certes les civils se sentaient en sécurité au sein du village, mais peut d'entre eux osaient manquer de respect à un homme armé, d'autant plus lorsqu'il s'agissait d'un Katana du clan d'épéiste. Elle ne l'avait peut-être pas reconnu ? Il s'agissait sans doute d'une étrangère, une bourgeoise qui pensait que son argent la plaçait au dessus des autres, ou la fille d'un nobliau qui pensait que la renommée de son papounet lui permettait d'oublier les bases de la courtoisie.

Bien entendu qu'il ne répondit pas tout de suite. Il prit non seulement le temps de digérer l'impertinence, mais également de quoi agiter l'égo déjà bien enflé de cette donzelle. Il resta donc installé dans son silence, ses yeux aquilins soutenant toujours posé sur la dame, il semblait presque la défier, curieux de savoir si elle soutiendrait son regard. Heureusement le tenancier arriva, mettant fin à un jeux qui, sincèrement, était plus comique qu'autre chose. Humant son verre, il décelant non sans plaisir une arôme fleurie, portant de suite la coupe jusqu'à ses lèvres, il se permit une simple lampée. Ce simple geste parvint à calmer sa hargne, même s'il ne put s'empêcher de remarquer le claquement de droit autoritaire de la dame. Au moins elle était constante dans son rôle de reine attitrée.

« Merci. Ne vous sentez pas obliger de supporter ce genre d'incivilité,
énonça Nori, son visage tourné vers le tenancier. Vous êtes après tout, les commerçants d'Uzushio, la moelle épinière de notre village. »

Quelle étrangeté que l'animosité de la demoiselle ne le rendit que plus aimable, peut-être trop d'ailleurs. Surpris et décontenancé par cette intervention, le grassouillet barman se contenta de balbutier quelques remerciements, s'inclinant avant de s'éloigner. Cette phrase était évidemment sa petite vengeance, puisqu'en réalité, des malotrus sans considérations pour ceux leur servant à boire et à manger, cela courraient les rues.
Après sa pique verbale, le quarantenaire posa de nouveau son regard sur la demoiselle. Il n'y eut que deux secondes d'intervalles entre les deux interventions, et pourtant le ton aimable précédemment employer avait disparu. Il parlait avec clarté, lentement, en appuyant ses mots. Son ton n'irradiait aucune animosité. De la froideur peut-être, au vue de la mélodie monotone que formait ses mots.

« Je suis Miyamoto Nori, Jounin d'Uzushio. »

Il n'en dit pas plus. Nul besoin de lui demander son nom, ou de sortir toute une série de titre qui, de toute façon, ne signifierait rien pour une non initiée. Tous ici savait ce qu'était un Shinobi, et peut-être même que cette femme connaissait la valeur d'un Jounin. L'important était que désormais elle savait à qui elle s'adressait. Nori pouvait tolérer l'insolence, quand elle n'impliquait que sa personne. Toutefois mieux valait-il surveiller sa rhétorique lorsqu'on s'adressait à ninja dans son propre village, d'autant plus lorsque ce dernier faisait parti d'un clan universellement connu pour son emphase sur l'honneur, et les traditions.
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Miyamoto Nori







Les regards s'entrechoquent tout comme les gouttes d'eau sur l'abri de bois et de tissus couvrant la tête des deux compagnons de fortune. Akeno ne souhaite pas lâcher le morceau ni même s'écraser face à ce Miyamoto. Ce clan a beau être connu pour son fameux balai dans le cul avec un code de conduite, aux yeux d'Akeno, cette rumeur ne vaut pas vraiment sa grandeur avec cette première approche. Sans parler de cette manie des membres d'un clan reconnu à se prendre pour les rois du village qui insupporte la femme qui elle a un Kekkei Genkai comme nul autre pareil dans ce village.

Mais c'est finalement elle qui gagne dans l'histoire puisque l'homme se présente enfin à elle. D'un sourire satisfait, Akeno boit doucement quelques gorgées à sa victoire avant de poser son verre. Il est temps de mettre un petit point sur un « i » pour le Miyamoto. Bien qu'habituellement elle aurait foncée sur l'occasion de se faire passer pour autrui avec une excuse en or. Cet homme reste un Miyamoto et un Jonin, le tromper jusqu'au bout serait potentiellement se mettre une lame au-dessus de la tête prête à tomber à tout moment. Il suffit que ce bougre apprenne qu'il s'est fait manipuler et tromper pour qu'il décide de se venger pour laver un honneur futile.

D'un geste gracieux, Akeno attrape donc la bouteille de vin blanc de l'homme pour lui remplir le sien tout en racontant avec un regard aguicheur :

- Ooh il ne faut pas juger sur les apparences ~ Je suis loin d'être une honnête marchande faisant la prospérité de ce village.

À ce moment-là, une légère fumée s'évapore sur regard de la demoiselle, laissant ses pupilles rouges aux iris jaunâtres apparaître. Un sourire mesquin sur le visage et après quelques secondes à fixer l'homme dans les yeux. Ce n'est qu'au tintement du verre de la bouteille qui se séparent que la fumée s'accumule de nouveau sur le visage d'Akeno qui redevient « normal » pour sa forme actuelle. D'un geste tout aussi lent que gracieux, elle dépose la bouteille de vin blanc délicatement à côté du verre de nouveau rempli. Le coude sur la table, la main légèrement fermée, la kunoichi exécute un geste de la main ouverte et plate pour désigner le verre du Miyamoto brièvement avant de refermer le poing légèrement :

- Vous qui êtes justement des grands défenseurs des traditions et l'étiquette, je vous rappelle qu'on ne se sert jamais soit même normalement. Quand on est deux, on invite poliment l'autre à remplir son verre de la sorte. Et quand on est seul... *la demoiselle coupe ses explications un quart de seconde pour montrer rapidement le serveur.* C'est au tenancier de vous servir. Mais que voulez vous, le monde évolue...

Retirant son coude de la table, la femme aux cheveux noir de jais s'adosse confortablement sur sa chaise tandis que son poing à moitié fermé se trouve non loin de son menton. Sans le lâcher du regard, la kunoichi change son croisement de jambe de manière élégante sans en dévoiler trop avant de se présenter à son tour :

- Je me nomme Akeno. D'ordinaire je me présente sous des noms factices mais pour un membre du clan Miyamoto tel que vous. Je vais faire une petite dérogation à mes propres règles... Un plaisir de vous rencontrer ~

De l'auriculaire à l'index, chaque doigts d'Akeno de son poing fermés vont se tendre en quinconce avant de revenir en place. Les choses peuvent devenir intéressantes et rien qu'à l'idée, la demoiselle se mord délicatement un bout de lèvre inférieur par envie de voir la suite pendant une faction de seconde.




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Quand bien même savait-elle l'ennuyer, il fallait reconnaître qu'elle ne manquait pas de grâce. En tant qu'artiste martial il savait reconnaître la précision du geste, même s'il ne s'agissait que d'attraper une bouteille et de verser du vin. Il n'eut toutefois pas le temps de s'y attarder, la belle se décidant à lever le voile sur son identité. De la fumée, même lui ne put garder son masque impassible, ses sourcils s'arquant naturellement tandis qu'il observait ce tour de magie. Naturellement ses dons de senseurs s'activèrent, même s'il n'en avait évidemment pas besoin pour comprendre qu'il s'agissait là d'une kunoichi.
Du Genjutsu, une variation du Henge, un Kekkai inconnu ? Cette curieuse démonstration restait insuffisante à identifier l'essence de cet art, mais cela importait peu. Le Miyamoto était toujours ravi d'admirer les prouesses du chakra, lui qui malgré ses quarante ans d'expériences parvenait tout juste à compenser sa déficience naturelle. Alors qu'il écoutait à peine la leçon d'étiquette de la pimbêche, bien plus concerné par ce tour de magie. Irritante, certes, mais délicieusement mystérieuse.

Il la regardait se dandiner, conscient du jeux de séduction qu'elle entamait, auquel elle était visiblement plutôt douée. Inutile de le nier, cette femme savait comment faire chanter les hommes, ce que d'ailleurs confirmaient ses dires. Il le sentait au fond de lui-même, cet instinct animal, cette pulsion d'envie qui partait des hanches jusqu'au cerveau. Il venait tout juste de la rencontrer mais déjà il souhaitait la prendre, la posséder, lui faire ravaler ses lèvres pulpeuses sous le poids écrasant de sa virilité.
Seulement voila, il n'était pas un gamin. L'étalon fougueux s'était assagi avec le temps, des années de méditation et de pratique l'ayant détaché suffisamment de l'homme phallique. Son esprit du moins en était détaché, car ses yeux eux appréciaient toujours le spectacle.

« Fort bien. »

Une réponse concise qui balayait non seulement sa leçon de morale, mais qui notifiait également sa présentation sans lui donner le plaisir d'un "Enchanté", ou tout autre formule de politesse. Il la sentit d'ailleurs, la gifle mentale infligée par Sango, tandis qu'il restait muré dans le silence. Une lampée de vin, son regard passant lentement du liquide doré à sa partenaire du jour. Il ne pouvait pas décemment pas l'ignorer, son esprit ancestrale ne lui pardonnerait sans doute jamais s'il ne se montrait pas un peu plus cordiale. Après tout si lui n'appréciait guère ses simagrées, la puissante Miyamoto Sango se ravissait de rencontrer une femme qui n'avait pas peur de s'affirmer.

« Et quel est l'intérêt des noms factices ?  »

Franc et direct, peut-être eut-il mieux fait de se taire ? S'il était particulièrement à l'aise sur le champs de bataille, Nori ne brillait pas particulièrement par son art de la conversation. Son aura austère et dure lui donnait du charme, et nombreuses étaient celles à se laisser emporter, seulement il n'était pas du genre à se perdre en logorrhées. Il n'avait pas besoin de se cacher pour séduire. Il n'avait pas besoin de se cacher en général.
Voici sans doute une différence fondamentale entre le lion et la panthère, l'un chassait parfaitement en plein jour, l'autre se plaisait dans les ténèbres. Conscient toutefois de l'incongruité de sa question, il s'appliqua à donner quelques précisions, son ton bien que froid était moins tranchant qu'à l'incipit.

« Je viens de rentrer après une absence d'un an. Aussi j'ignore peut-être quelques éléments clefs. Ne vous sentez pas obliger de répondre si le sujet est trop épineux. »

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Miyamoto Nori







Observant l'homme en face d'elle de part en part, Akeno y cherche une faille, une quelconque réaction à ses charmes, mais le bougre semble savoir tenir la bête en lui. Ou il doit être gai, c'est une possibilité à ne pas exclure. Dans tous les cas, bien qu'elle a servi le verre du Miyamoto, ce dernier ne semble pas lui rendre la pareille. Est-ce voulu pour la provoquer ? Alors qu'elle vient de lui faire une leçon d'étiquette ? Ou peut-être il est juste de mauvais poil et n'a pas envie de se montrer amical, ce qui est étrange pour un membre de ce clan.

Bien que pour le moment elle n'arrive pas à le charmer, elle a tout de même réussi à piquer sa curiosité et le voilà qui pose une question. Certes de manière froide voire déplacée mais ça n'empêche en rien le premier pas qu'il vient de faire. Un léger sourire en coin de lèvre, la femme fatale bouge légèrement le pied de sa jambe en l'air comme pour faire des ronds. Ses dents viennent subtilement mordiller un bout de sa lèvre inférieur tandis qu'elle décide de regarder un peu la foule passer qui précipite le pas à cause de la pluie.

- La réponse me semble assez évidente, mais si vous y tenez...

Son visage orienté vers l'extérieur, elle laisse apparaître plus en détail son cou, relevant doucement le menton, laissant quelques microsecondes sa bouche entrouverte pour laisser un léger soupire s'échapper entre ses lèvres pulpeuses qui ne demandent qu'à être embrassé, ses yeux se baladant sur les visages des divers passants pour peut-être trouver quelque chose qui lui plait. Une coupe de cheveux, un nez, un menton, une pièce à ajouter à sa collection sur ce puzzle qu'est son visage :

- Il ne serait pas drôle de donner mon véritable nom peu importe ma forme, comment pourrais-je dans ce cas me fondre dans la masse ? Me faire passer pour ce que je ne suis pas ? Après... Pourquoi le faire même dans le village, « les vieilles habitudes ont la vie dure » je dirais.

Le temps des magouilles est loin derrière elle mais ça lui manque terriblement mine de rien, mais une discussion doit aller dans les deux sens et même si ce n'est que façade, Akeno tente tout de même de « s'intéresser » à l'homme qu'elle a en face d'elle :

- Un an d'absence ? Vous deviez être sur une sacrée mission, ou un problème de santé grave. Vous n'êtes pas obligé de me répondre si le sujet est sensible pour vous.

Un sourire en coin d'amusement, elle n'a pas pu s'empêcher de lui sortir le même genre de phrase que son interlocuteur a pu lui dire quelques secondes plus tôt. Prenant à nouveau son verre pour le vider d'une gorgée et le reposer aussitôt, elle reprend la parole tandis que la pluie se fait tout de même plus violente sur le parasol qui sert d'abri. Son regard aguicheur se pose de nouveau sur l'homme et plonge son regard dans le sien tandis qu'elle se remet une mèche de cheveux derrière son oreille :

- Il est normal après un an que vous ne me connaissez pas. J'ai pris la fonction que récemment, une sorte de... Reconversion pouvons-nous dire ? Après... Le pourquoi du comment, « ça », c'est un sujet trop épineux pour m'étendre dessus.






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Aussi venait-il juste de les rejoindre. Il n'était pas rare effectivement que quelques shinobis indépendants recherchèrent la sécurité (relative) offerte par les grands villages. Même si en l'écoutant, il semblait que celle-ci eut une vie houleuse. Revenant tout juste de l'élimination d'un clan d'assassins, il ne put s'empêcher de penser au monde de l'ombre. Une ressortissante de la pègre ? Quoiqu'il en soit mieux valait garder un œil sur elle.
Alors qu'il continuait de la fixer, son chakra se mit en branle. Une onde discrète du centre vers l'extérieur, une vague qui embrassa la jolie dame, esquissant son essence avant de la ramener vers le Jônin. Geste inutile du moment, précaution sur l'avenir.

La pluie plus pressante rythmait leur conversation, cela et les mains dansantes. Une bouteille penchée, un verre rempli, le vin petit à petit quittait son contenant, déliant les humeurs et les langues. Le Miyamoto ne buvait hélas jamais assez pour émousser ses sens, il profitait toutefois souvent du laisser-aller qu'emmenait l'alcool. Ce cou dévoilé, ce pincement de lèvres, tout ceci devint plus présent. Pas assez pour briser la glace, suffisant pour graisser la causerie.

« Une mission effectivement. Une chasse aux fantômes qui nous couta plutôt cher. »

Une pointe de tristesse pour les compagnons morts au combat, puisqu'après tout des quatre mandatés il fut le seul survivant. Une équipe de rêve pourtant, la maîtrise des Uzumaki, le soutien des Omura, la puissance des Miyamoto, les trois clans fondateurs accompagnés d'un élément neutre. Penser que pareille alliance fut tout juste suffisante à démonter un clan. Il y avait encore bien des menaces cachées dans l'ombre du Sekai.
L'heure n'était toutefois pas aux rêveries. Il était temps qu'il se montrât plus courtois, car malgré ses piquants, cette femme l'avait tout de même accueillie comme partenaire de beuverie, tout en s'efforçant de maintenir le dialogue en vie. Une lampée de son vin doré, il laissa le temps aux arômes d'envahir son palais, puis se décida à faire un pas en avant.

« Un an hein… Il n'est pas rare que les indépendants ait du mal à s'adapter à nos multiples règles. La sécurité vient avec un prix j'imagine. Qu'en est-il pour vous ? Uzushio correspond t'il à vos espérances ? »


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