Pari gagnant!

Persuadé que l'invitation au restaurant résultant du pari gagné s'est soldée par un refus après que la blonde t'ait claqué la porte au nez, tu es surpris de  la voir se pointer chez toi, un peu moins d'une heure plus tard. C'est d'abord avec un sourire taquin que tu décides de l'accueillir, prêt à lui expliquer que la prise de décision rapide est un atout non négligeable pour tout shinobi qui se respecte. Mais, à peine la porte ouverte, tu restes complètement coi devant le spectacle offert. Vêtue de vêtements magnifiques, elle resplendit comme jamais tandis que, une fois n'est pas coutume, tu te retrouves pris au dépourvu pendant un court instant, les yeux écarquillés, piégé par tes propres demandes.

-Euh...je...woooh Towa-chan...tu ne plaisantes pas quand tu décides de bien t'habiller...je...bon, ben il est temps d'y aller alors...conclus-tu d'un ton encore fébrile avant de lui adresser un sourire qui sied mieux à tes habitudes.

Tout comme ce qui se déroule sur le chemin vous menant jusque chez Hiruka d'ailleurs. Pendant la petite heure de trajet nécessaire pour se rendre dans ce restaurant singulier, tu te perds en palabres en tout genres, tant pour éviter de trop laisser paraître le trouble né de la vision précédente que pour donner libre cours à ton naturel. C'est ainsi que, passant du coq à l'âne sans aucun scrupule, tu lui parles de la fameuse mission qui vous a mené jusqu'ici, de l'une de tes dernières trouvailles, une plume autonome qui se réapprovisionne en encre sans qu'on ait besoin de la tremper régulièrement dans l'encrier, ou encore d'un jutsu médical improvisé nommé anguillo cardiogramme no jutsu et né d'une rencontre avec un gars de Shima-Biizo, petite île au sud d'Uzushio. Tu comptes bien perfectionner cette technique dès que tu en trouveras le moment. Bien évidemment, tu ne manques pas d'agrémenter le tout de quelques pitreries et d'une cigarette de salvia divinorum. Si bien que la route passe sans que tu ne t'en rendes compte. Cependant, pas sûr qu'il en soit de même pour ton interlocutrice.

Finalement, en contournant un amas de bouleaux plus dense que les autres, vous parvenez à destination. Coincée au beau milieu de la forêt, sur une petite colline offerte à la douce chaleur du soleil tombant, la bâtisse représente un ours en bois dont la gueule largement ouverte fait office de porte d'entrée et les yeux de fenêtres privilégiées par un point de vue majestueux sur les environs. Autour du cou de l'animal sculpté, on peut voir une chaîne reliée à un écriteau sur lequel est inscrit ''Chez Hiruka, cuisine du monde'' accompagné de la phrase ''Pour faire voyager votre cœur, faites voyager vos papilles''. Enfin, les branches d'un arbre dépassent du dos de la bête, laissant supposer que son prolongement se trouve à l'intérieur du restaurant. Habitué de l'endroit, tu salues amicalement l'homme qui se tient debout devant l'entrée et qui ne tarde pas à vous ouvrir la porte.

Une fois à l'intérieur, vous êtes accueillis, dans un couloir de quelques mètres situé au niveau de la gorge de l'ours, par une jeune femme aux allures courtoises. De taille moyenne, elle porte un kimono noir parsemé de roses pourpres et deux yeux d'un bleu profond émargent d'un visage aussi souriant qu'il est pâle, tandis que sa chevelure brune tirée vers l'arrière est nouée en une natte descendant jusqu'au genoux et s'agitant de gauche à droite à chaque fois qu'elle vous parle. Elle semble avoir répété les mêmes gestes et les mêmes paroles des centaines de fois, tant tout est calculé au millimètre. Pas une seconde de répit. Avec entrain et légèreté, elle vous fait un topo rapide sur l'historique du lieu, puis vous propose de vous débarrasser de vos vestes, avant de les ranger soigneusement parmi toutes les autres en attentes d'être récupérées par leurs propriétaires. Elle vous invite ensuite à la suivre jusqu'à la table à laquelle tu as pris l'habitude de prendre tes repas depuis que tu viens ici. Celle située au niveau de l’œil gauche de l'animal, au premier étage. C'est essentiellement pour la vue qu'elle propose que tu t'es acoquiné avec cette place en particulier. Pile au niveau des cimes alentours, l'endroit offre un panorama grandiose sur Inari. Tu aimes t'y retrouver, seul en général, pour contempler les différentes teintes proposées par le soleil couchant sur les feuillus des terres sacrées.

Suivant votre guide de prêt, vous passez devant le tronc massif d'un chêne séculaire qui s'élève au dessus de la toiture pour rejoindre les branchages observés quand vous étiez encore dehors, puis rejoignez l'escalier en colimaçon qui mène au premier étage. Au passage, vous pouvez remarquer plusieurs dizaines de clients déjà installés au rez-de-chaussée, chacun y allant de sa petite remarque sur la qualité excellente des mets proposés. Une fois les marches gravies, vous rejoignez enfin la table qui sera la votre le temps du dîner. Disposée sur un tatami sur lequel tu t'assois en tailleur, elle est fabriquée dans un pin brut et propose une forme aléatoire dépendant de la nature de l'arbre lui-même. En son centre, comme sur toutes les autres tables du lieu, dans un pot rempli de terreau, repose un edelweiss, marque de prospérité et de lumière. Plutôt connue comme une fleur qui s'épanouit dans un climat montagnard, on doit sa présence ici à la patience du patron. En effet, pour avoir eu l'occasion de discuter avec lui, tu sais que si la cuisine reste sa passion première,  son amour pour cette fleur n'arrive pas loin derrière. C'est pour cela qu'il est parvenu, après de longues recherches, a créer un mode de culture spécifique qui lui permet d'habiller son restaurant avec ces fleurs, pour le plus grand bonheur de ses clients. Le tien tout du moins.

-Alors Towa-chan...l'endroit te plaît? Moi j'adore! Dès que certaines personnes...un sourire mesquin accompagné d'un regard appuyé en direction de la kunoïchi...me laissent la possibilité de m'échapper un peu du domaine, j'essaye de venir manger ici...regarde comme c'est beau...on voit tout de haut, et avec le soleil qui se couche, les couleurs changent sans arrêt...continues-tu le visage radieux, puis songeur...et c'est pas tout, tu vas voir à quel point c'est bon aussi...

Les repas servis à l'étage sont plus chers qu'en bas mais également plus prisés. D'un regard furtif, tu dénombres en plus de vous, quatorze personnes. Un couple d'amoureux qui passent leur temps à se faire des papouilles, juste derrière vous, au niveau de l’œil droit. En plein centre, près du tronc d'arbre, une famille de cinq personnes, apparemment là pour fêter l'anniversaire du plus jeune des enfants, un jeune garçon de neuf ans si l'on en croit le nombre de bougies qu'il tente d'éteindre en soufflant. Il semble aux anges, tandis que sa cadette et son aîné se font régulièrement remonter les bretelles par leurs parents pour leur manque d'enthousiasme manifeste. Il y a également un petit groupe de trois personnes qui parlent boulot et enfin deux autres couples bien plus discrets que ceux à côté de vous, bien que l'un des hommes apparaisse particulièrement anxieux. Pour vous servir, un homme et une femme pour l'ensemble de la salle, suffisamment bien habillés pour paraître présentables, mais pas assez pour faire passer l'endroit pour un restaurant destiné à la plus grande noblesse, Hiruka ayant toujours tenu a rester accessible à tous. Après s'être assuré que vous êtes bien installés, le serveur s'approche de vous.

-Madame, Shika-san...commence t-il en vous saluant respectueusement...comment va monsieur depuis la dernière fois?

Tu lui offres une mine interloqué, surpris qu'il s'adresse à toi ainsi.

-Monsieur? Je te trouve bien protocolaire aujourd'hui Ichiru-san? Depuis quand on se vouvoie? Lui dis-tu en éclairant ton visage d'un sourire amical.

-Oh pardon, madame étant là, je me disais...

-Madame? Oh...tu veux parler de Towa-chan...mais non, ne t'inquiète pas, c'est juste une amie...la meilleure qui soit ceci-dit...tu te tournes vers la Nara...ça te dérange si tout le monde se tutoie Towa-chan?

-Très bien, du coup on peut passer aux apéritifs, que prendrez-vous? Un rhum ambré de vingt ans d'âge élevé en fût de chêne pour toi Shika? Comme d'habitude? Et vous madame?

-Allons-y pour ça...y a rien de tel pour s'ouvrir l'appétit hé hé hé...

Ichiru s'en va vers le bar préparer vos boissons, te laissant enfin seul avec Towa. Un petit sourire aux lèvres, tu plonges un regard intense dans le sien puis lui saisis une main que tu emmitoufles entre les tiennes, avant de commencer d'une voix douce.

-Towa-chan...nous y sommes enfin...comme je te l'ai dit, il faut que je te demande quelque chose...bon en fait, il y a plein de trucs dont je dois te parler, mais faisons les choses dans l'ordre...toi et moi, on se connaît depuis longtemps maintenant et à priori on s'entend plutôt pas trop mal même si je sais que tu as parfois du mal à accepter autant de classe chez moi...un sourire s'étale sur toute la largeur de ton visage avant de reprendre une plus grande neutralité...nous avons grandi ensemble...fais une mission ensemble...je pense donc qu'il est temps pour nous deux de franchir le pas...ton débit de paroles s'accélère de manière significative, comme si tu espérais qu'elle ne comprenne qu'un mot sur deux au mieux...y a du mouvement au pic de Motogumi, et quelqu'un qui demande d'intercepter un convoi pour en savoir un peu plus sur ce qui se déroule là-bas on ne sais pas d'où vient la demande et il n'y a aucune information notable sur cette mission même si on sait qu'un château est en train de se construire j'ai très envie d'y aller et j'aimerais que tu m'accompagnes...enfin tu ralentis et reprends ton souffle en souriant de nouveau...alors, qu'est ce que tu en dis? Ça à l'air trop bien hein? T'es d'accord? Aaaaaah cool, voilà une bonne chose de faite...

Tandis que tu t'apprêtes à relâcher la main de ton amie, quelque chose d'inhabituel t'interpelle au toucher. Tu désolidarises tes mains de la sienne puis observe cette dernière pour t'assurer que tes sens ne te trompent pas. C'est bien ça. Une bague. Même s'il est déjà arrivé à Towa de s'apprêter comme ce soir, c'est la première fois que tu vois un anneau à son doigt. Tu reprends sur le ton de l'humour.

-T'as décidé de te fiancer? Tu sais que c'est pas à cette main là normalement ah ah ah...tu marques une pause en triturant l'un de tes couverts avant de replonger ton regard dans le sien...plus sérieusement, ce n'est pas dans tes habitudes de porter de tels bijoux...d'où est-ce-que ça te vient?

A la réaction de Towa, tu y es sans doute aller un peu fort dans la fourberie. Si telle n'a pas été ton intention, peut-être s'est-elle sentie humiliée, ou quelque chose dans le genre, par tes fausses avances, tout ça pour obtenir son aval dans l'accompagnement d'une mission, aussi anxiogène puisse t-elle être pour la kunoïchi. Tu lui adresses une petite moue désolée tout en acquiesçant le fait qu'elle est sans aucun doute la plus qualifiée pour assurer tes arrières et anticiper certains de tes faits et gestes. Tu lui relâches finalement la main et l'écoute balbutier quelques explications marquées par une hésitation qui ne lui ressemble pas.

"Je... Tu sais que je suis allée à Baransu, récemment ?"

Tu fronces légèrement les sourcils. Baransu, tu connais. Tu étais présent là-bas et tu sais très bien tout ce que ce conflit a engendré. Pourquoi a t-elle ressenti le besoin d'aller se confronter aux horreurs de l'après invasion? Pas que tu ne la croies pas capable d'encaisser le choc, mais tu n'aimes pas l'idée que les tiens puissent se retrouver mêlés à de telles barbaries. Cependant tu ne dis rien et la laisses poursuivre. Tu hoches la tête en guise d'approbation à la remarque suivante, aussi impatient que craintif de connaître une conclusion qui, d'après les précautions inhabituelles qu'elle prend avec toi, risque d'être désagréable à entendre.

"Je suis entrée dans une organisation... je suis Arpenteuse des Six Chemins... cet anneau en est la preuve."

Tu déglutis légèrement, signe clair, si elle parvient à le discerner, que tu as compris de quoi il retourne. Les mains entremêlées et ton menton reposant dessus, tu ne parviens pas à défaire du sien un regard plus grave que d'ordinaire. Plusieurs secondes défilent sans que tu n'ouvres la bouche, planté dans un état de passivité méditative. Là tout de suite, un peu de salvia divinorum ne te ferait pas de mal afin de canaliser tes pensées et de réfléchir sereinement à la réaction la plus adaptée à tes valeurs. Malgré la difficulté de l'exercice, tu parviens à résister à tes pulsions hyperactives sans l'aide de ta drogue salvatrice. Arpenteuse? Elle fait sans doute référence à cette organisation travaillant dans l'ombre à la recherche d'indices sur l'histoire du sekaï et du sage des six chemins. Si toi-même tu aurais apprécié faire parti d'une telle organisation si tes prérogatives te le permettaient, celle-ci soulève cependant un certains nombre de problématiques pour lesquelles il te faut trouver des réponses. D'autant plus si l'on considère ce que tu t'apprêtes à demander à Towa. Tu as en elle une confiance aveugle. Mais en même temps, elle le sait et si tu te trompes, ou plutôt si son chemin de vie personnel fait qu'elle décide un jour d'évoluer sur une voie différente, alors elle pourrait très bien utiliser cette confiance à son avantage. Or il y a des secrets de l'histoire des Nara qui ne doivent jamais être révélées, quand bien même ils permettraient d'expliquer beaucoup de choses. Tu as beau avoir pour elle un profond respect et des affinités certaines, tu ne pourras jamais te permettre de la faire passer avant le clan tant que tu en seras le chef. D'un autre côté, si tu ne lui fais plus confiance, autant la bannir immédiatement du domaine, car il te sera impossible de lui confier quelle que tâche que ce soit. Cela ne te ressemble pas. Aïe aïe aïe, toi qui espérais un dîner romantique une fois passées les premières escarmouches, il semblerait que le destin en ait décidé autrement.

Toujours immobile face à elle, tu ressens une ambiance un brin pesante, bien éloignée de celle que tu as imaginé initialement. D'un coup, tout ton visage se détend et tes zygomatiques s'étirent.

-Arpenteuse? Comme les chenilles un peu bizarres qui n'ont des pattes qu'à l'avant et à l'arrière? N'empêche, elles sont super souples, t'as vu comment elles arrivent à tordre leur corps? Tu m'impressionnes Towa-chan si tu sais faire pareil...c'est finalement la meilleure des pirouettes trouvée pour rebondir sur la suite de manière plus relax...tu seras donc ma petite chenille à deux têtes maintenant, une pour le clan et l'autre pour l'organisation...mieux, une chenille à deux traîtres pour le jeu de mot...ou alors une chenille à deux mi-traître...oui voilà, parfait...c'est pas mal comme surnom ça hein? Qu'est-ce que tu en penses? Ajoutes-tu en lui souriant.

Alors que tu t'apprêtes à continuer, Ichiru revient avec un plateau transportant vos commandes.

-Un rhum ambré pour toi Shika-san...dit-il en déposant le verre devant toi...et pour madame, une liqueur aux baies de givre de l'isthme du gel servie dans une coupelle en terre cuite afin de mieux garder la fraîcheur du bain de glaçons dans laquelle elle est maintenue...les baies donnent à l'ensemble un goût à la fois frais et fruité dont nos clients raffolent...vous m'en direz des nouvelles...sentant l'ambiance légèrement tendue, d'un clin d’œil complice à ton attention il se permet d'ajouter...ça n'a pas l'air d'être dans la poche Shika-san...m'enfin...je vous laisse déguster tranquillement avant de revenir vers vous...

Tu éclates d'un rire franc qui a l'avantage de contribuer à détendre un peu plus l'atmosphère. Tu humectes tes lèvres de l'alcool à disposition et en insères une petite gorgée que tu fais tourner dans ta bouche avant de l'avaler.

-Mmmm...excellent, comme toujours...tu replonges ton regard dans celui de ton interlocutrice en continuant d'agiter doucement le rhum dans son récipient...Towa, l'idée ne me plaît pas de te voir te confronter aux horreurs qui se sont déroulées à Baransu, mais bon, je ne peux pas t'empêcher de vivre ta vie hein...je t'ai déjà parlé de Baransu? Du conflit qui a eu lieu là-bas? Poursuis-tu en parlant suffisamment bas pour que personne d'autre que la blonde ne puisse entendre...comme tu le sais, j'y étais et crois-moi, les choses n'étaient pas roses...j'ai failli y laisser la vie...ce que tu ne sais sans doute pas, c'est que j'y ai fait une rencontre des plus étonnante, en rapport avec notre petit secret...

Aborder ce sujet là avec elle, maintenant peut paraître surprenant, mais cela n'est rien d'autre que l'application de la stratégie de confiance mutuelle que tu as décidé d'employer avec ton amie.

-Tu te rappelles les écritures sous la stèle du cerf? Tu n'as pas pu oublier je pense, même si tu ne peux pas trop m'en parler...elle mentionnaient le clan Nara et deux autres clans...je croyais, comme tout le monde l'un de ces deux clans annihilé par les guerres, alors qu'en fait il n'en était rien puisque j'ai dû affronter une femme du papillon noir pendant les événements de Baransu...oui, l'un de ces deux clans est celui du papillon noir et avant qu'elle ne fuit, j'ai proposé à cette femme une rencontre d'ici quelques mois...si tu souhaites m'y accompagner afin d'en savoir un peu plus pour ton compte personnel, alors tu es la bienvenue...du moins si elle finit par donner suite à ma requête...je compte également proposer à quelques Yamanaka de venir. Il s'agit du troisième clan impliqué dans ce secret commun...

La révélation est certes brutale, mais elle te permet de jouer franc jeu après ce qu'elle vient de te révéler.

-Cependant, et même si je trouve les objectifs de ce groupe d'Arpenteurs tout à fait honorables, tu comprendras que pour l'avenir du clan il est hors de question que tu leur révèles quoique ce soit à ce propos. Je ne réprouve pas ton implication avec cette organisation, ni l'organisation en elle-même d'ailleurs que je trouve plutôt classe, mais si les Nara comptent toujours pour toi, tu dois les préserver de ce genre de choses en restant méfiante vis à vis des Arpenteurs...et moi je dois m'assurer que je peux avoir confiance en toi en toute circonstance. S'il le faut, et si tu me le demandes, je pourrais apposer un nouveau sceau de silence pour nous en assurer...qu'attends-tu d'eux exactement? Quels sont tes liens? Jusqu'où es-tu prête à aller pour servir leur cause? Qu'adviendra t-il si un jour tu te retrouves dans l'obligation de choisir entre le clan et les Arpenteurs? De quel côté ton cœur balance t-il le plus?

Tu marques une pause et d'un geste nonchalant tu saisis ton verre pour en ingurgiter d'un coup la moitié avant de le reposer délicatement.

-Tu dois te demander pourquoi je te raconte tout ça à propos du papillon noir et des Yamanaka...ça te paraît peut-être contradictoire...nouvelle pause pour attraper son regard...la confiance débute ici, je te dis ce que je sais sur notre clan, tu me dis ce que tu sais sur l'organisation...jouons franc jeu, c'est indispensable car après y avoir longuement réfléchi, j'ai enfin pris ma décision et je compte te proposer, si tu es d'accord, de me seconder dans les affaires du clan et d'Inari...je compte l'officialiser prochainement!!! Mon idée serait que tu gères tout ce qui concerne Inari et sa protection en me rendant régulièrement des comptes, tandis que je m'occuperais de l'international! J'en suis convaincu, il n'y a pas plus qualifiée que toi pour assurer ce poste et les tâches qui vont avec...tu comprendras peut-être mieux maintenant pourquoi j'ai besoin de toute ton honnêteté! Es-tu d'accord avec ça mademoiselle la chenille à deux mi-traître?

Les informations fusent les unes après les autres, propres à déstabiliser toute tête bien faite. Mais si tu invites la jeune femme à te suivre dans cette voie, c'est que tu es persuadé qu'elle est ton parfait complément.

"Tu ne m'en as pas vraiment parlé. Et je ne t'ai pas questionné parce que tu n'avais pas l'air de vouloir ressasser tout ça. Le sang, les cris, la destruction, la souffrance, je n'ai rien à faire de tout ça. Je veux juste démêler le vrai du faux. Je veux comprendre pourquoi l'homme est si abjecte. Je veux juste la vérité."

Tu écoutes ta partenaire avec attention lorsqu'elle se lance dans un explicatif détaillé de son rôle au sein des arpenteurs. Sans l'interrompre pour une fois. Même si tu ne peux empêcher quelques moues suggestives en réaction à certaines de ses paroles. Le ton de la voix semble sincère, imprégné d'un certain engouement pour atteindre les objectifs qu'elle s'est fixée. A peine en a t-elle terminé et avant qu'elle ne réponde à ta demande pour te seconder, tu reviens sur ses premières phrases.

-Certains humains sont abjectes, certes, mais je ne pense pas que ce soit la majorité. Crois-tu que si tel était le cas nous aurions le loisir de nous offrir quelques moments de détente comme celui-ci. Comme tu l'a si bien dit, l'homme est un animal, et selon moi c'est précisément cet état de fait qui fait qu'il réagit par instinct dans de nombreuses situations. Et si l'on s'attache d'un peu plus près au fonctionnement du règne animal, on se rend compte que chaque espèces, mammifères en tête, est régie par une loi très stricte...celle du plus fort...et c'est bien là où se situe le problème de l'homme actuellement, c'est que les plus forts décident ce qu'ils veulent quand les autres n'ont pas d'autre choix que de subir...si un enfant te donne un ordre, tu sauras aisément le remettre à sa place, mais qu'en est-il si celui qui ordonne mesure deux mètres pour cent-vingt kilo et maîtrise l'ensemble des arcanes shinobis. Je ne vois que deux solutions. Sois tu t'écrases, soit tu lui rentres dedans en priant pour qu'un miracle se produise...ce qui nous fait revenir au point de départ...l'instinct...celui de survie en premier lieu...quant à comprendre le pourquoi du comment, pourquoi pas, mais de mon point de vue ça n'avance pas à grand chose...les faits sont là et rien ne les changera si ce n'est la prise de conscience individuel de ce que l'on ne veut jamais voir se reproduire...c'est un peu comme lorsqu'un couple se sépare...beaucoup ressentent ce besoin de comprendre pourquoi l'autre a pris cette décision...et pour quoi? Cela changerait-il réellement quelque chose de le savoir? Ne peut-on pas simplement accepter que c'est comme ça? Qu'il n'y a plus d'amour ou plus d'envie? Quant à la vérité, Towa, la seule dont je sois certain pour ma part, c'est que toi et moi nous allons mourir un jour, alors autant profiter de chaque jour en faisant ce qu'il nous plaît...c'est pour ça qu'au final tu as toute ma bénédiction pour suivre ta route, tant que c'est par celle-ci que tu te sens vivre...excuse-moi, j'ai encore beaucoup parlé, mais maintenant je te laisse accepter ma demande...conclus-tu dans un grand sourire.

Comme s'il te paraissait inconcevable qu'elle puisse te refuser quoi que ce soit, d'autant plus lorsqu'il s'agit de quelque chose d'aussi important,  tu saisis ton verre et t'apprêtes à le porter bien haut pour trinquer à sa future intronisation. Fait imprévu, elle refuse, te laissant groggy et figé dans cette position, cueilli au menton par un uppercut inattendue qui te renvoie dans les cordes. Un court instant, tu ne peux totalement dissimuler une mine déçue. Tu déglutis à nouveau. Décidément c'est la soirée. Tu penses à cet instant que l'idée de venir au restaurant tous les deux était une très mauvaise idée. Vite, trouver une réaction adéquate. Tu reprends un petit sourire de façade et prolonges ton geste précédent en criant.

-Kampaï...à ce refus mémorable!

D'un trait, tu vides ce qu'il reste de ton verre de rhum puis, peu enclin à abandonner aussi facilement, tu plonges ton regard dans le sien, déstabilisé.

-Mais...euh...t'es sûre de toi? Non parce que faudrait que je regarde le code d'honneur des Nara, mais je crois pas que ça se fasse de refuser la proposition de son chef de clan...et puis franchement Towa, ce poste est idéal pour toi et réciproquement...

Un grand sourire beaucoup plus sincère que le précédent vient éclairer ton visage, signe habituel que tu viens d'avoir une idée. Tu manipules quelques mudras quand soudain ta voix se fait plus présente. Plus pressante, voire même oppressante. Des ''Towa-chan'' énergiques résonnent dans toute la pièce, arrivant aux oreilles de tout le monde dans toutes les directions. Le harcèlement peut commencer, entrecoupé de messages subliminaux aux autres clients présents dans la pièce

-Towa-chan, t'es sûr que t'as bien compris ma question? C'est pas une demande en mariage hein? Aller quoi, Towa-chan, tu peux pas refuser ça à un vieil ami...vous deux là, y a des hôtels pour ces choses là. Y a des enfants dans la salle et en plus vous allez plus avoir faim pour la suite du repas, ce serait du gâchis...lances-tu insidieusement à l'attention du couple de la table voisine qui se dévore la langue et doit être en train de battre un record d'apnée au regard de la longévité de leur goulu baiser...Towa-chan, tu voudrais tout de même pas qu'Inari dépérisse? Il n'y a que toi qui peux t'acquitter d'une telle tâche, tu es parfaite pour le rôle...Allez, dis-oui, dis oui...tu peux pas me faire ça, moi qui ai toujours tout donné pour toi...hey gamin, ok, c'est ton anniversaire, mais c'est pas une raison pour t'enfiler une part de gâteau bien trop grosse pour une si petite bouche...taquines-tu le garçon qui pris d'une peur panique, s'étouffe à moitié avec la sucrerie, ce qui au passage a le don de réveiller son frère et sa sœur qui éclatent de rire devant le spectacle, bien qu'ils ne soient eux-mêmes pas plus rassurés que ça...tu me fends le cœur Towa-chan...tu voudrais quand même pas que je pleure pendant des semaines juste pour avoir refusé un truc comme ça? Aller, dis oui...dis oui...dis oui...dis oui...dis oui...dis oui...dis oui...

Ces deux mots sont répétés à l'infini d'un ton lancinant, propre à entrer et rester dans tous les crânes. Le type crispé au fond de la salle, celui qui dîne en charmante compagnie, semble galvanisé par l'entêtant refrain. Après avoir essuyé les grosses gouttes de sueur qui perlent sur son front, il se lève d'un bond décidé, en tendant une petite boîte qu'il ouvre pour faire apparaître une magnifique bague en argent en même temps qu'il hurle à pleins poumons, comme pour évacuer son stress.

-C'EST CA!!! DIS OUI MA CHERIE, MON TRESOR, MON AMOUR...DIS-MOI OUI POUR LA VIE...

Les deux amoureux près de vous stoppent nets leurs ébats salivaires. Indigné, l'homme tourne la tête en tous sens dans l'espoir de repérer la provenance de la remarque, tout comme le père de famille un peu plus loin, scandalisé de voir son fils s'étouffer. Les deux réagissent en même temps et de la même façon.

-C'est un scandale...disent-il au serveur qui lui, sait très bien à qui il doit tout cela...je veux parler au chef Hiruka immédiatement!!!

De l'autre côté de la pièce, la femme vient d'accepter la demande en mariage de son amant, qui lui aussi fait aller son regard autour de lui en quête du bienfaiteur qui lui a permis de se libérer et de faire sa déclaration. Il ne voit rien non plus.

-Qui que vous soyez, merci...merci...MERCI!!!

Puis, tu arrêtes la technique et la tension retombe. D'un rire étouffé, tu reprends la parole en t'exprimant à voix basse.

-Hi hi hi hi...tu vois, preuve supplémentaire que chacune de nos action est perçue différemment par les uns et les autres. Non mais sans déconner, tu veux vraiment pas? Tentes-tu une dernière fois.

Ichiru après s'être employé à calmer tout ce petit monde, revient vers votre table.

-Shika-san, tout de même...ce restaurant a une réputation à tenir...bon aller c'est bon tout est rentré dans l'ordre, du coup c'est le moment de passer commande...surenchérit-il, le regard malicieux...comme d'habitude pour vous? Coulis de fruits rouges sur sa tête de c...Aïeuuuh...

D'un rapide coup de pied dans le tibia du serveur, tu l'as échappé belle. En effet, la première fois que tu es venu ici, votre complicité avec Ichiru s'est tout de suite installé par l'intermédiaire d'une fausse commande de ta part qui vous a fait rire tous les deux. Coulis de fruits rouges sur sa tête de cerf farcie. Depuis, il n'est pas rare que vous répétiez la blague. Mais cette fois, Towa est là et ce qu'Ichiru ne sait pas, c'est que ce n'est pas le genre de choses à dire devant la kunoichi, quand bien même ceci n'est qu'une blague. Tu reprends d'un air gêné.

-Euh non...hé hé hé...Ichiru, crois-moi, il vaut mieux éviter cette commande là en présence de madame, comme tout autre type de plat s'en rapprochant...ce sera donc le numéro trois sur la carte, les Saint-Jacques Rossini s'il te plaît...et si tu peux apporter une bouteille de rouge de la côte d'Omui avec ça, ce sera parfait...

-Très bon choix Nara-san...approuve t-il en se frottant le tibia encore endolori...et pour vous madame? Si vous êtes dans l'hésitation et si vous le désirez, je peux vous recommander deux trois plats dont vous ne serez pas déçue...

Après avoir pris la commande de Towa, il file vers les cuisines, tandis que tu reprends le cours de la conversation.

-Bon ok, prends au moins le temps d'y réfléchir un peu plus s'il te plaît, parce que là on dirait que tu savais à l'avance ce que j'allais te demander...mon imprévisibilité en prend un sacré coup...ah ah ah...te grattant l'arrière du crâne, tu changes finalement de sujet...au fait, tu connais cette technique que j'ai utilisé? Elle est bien pratique comme tu as pu le remarquer...à l'occasion faudra que je te l'enseigne si tu ne la maîtrises pas, c'est assez rapide en plus...

Technique utilisée:

"Si cela avait été un ordre, j'aurais obéis et dis oui."

Sans déconner. Towa. Elle n'a pas le droit de te balancer un truc comme ça maintenant. D'une part ça te donne des idées toutes plus farfelues les unes que les autres et d'autre part l'idée te rebute. En fait, tu n'as jamais compris cette soumission à l'ordre, pourtant commune à nombre de shinobis, voire à la quasi totalité. Pas que tu dénigres cela, mais toi qui a toujours réagi et avancé en fonction de tes pulsions, de tes désirs, tu ne comprends pas que l'on puisse ainsi se laisser asservir par le jeu des situations statutaires. Sans doute cela simplifie t-il la vie. Sans doute cela évite t-il de trop réfléchir à sa propre condition, ses propres envies. C'est du moins ce que tu penserais à propos d'une personne lambda. Mais tu connais très bien la kunoichi qui te fait face en ce moment. Elle est une personne intelligente. Largement capable de raisonner par elle même. Alors pourquoi cette nécessité de se soumettre à l'ordre, d'autant plus quand elle sait que tu ne fonctionneras de toute façon jamais comme cela, sauf en cas d'extrême urgence te demandant d'assumer ta fonction pour la survie immédiate du clan?  Perdu dans tes réflexions, tu adresses une moue contrariée à ton interlocutrice avant de reprendre.

-Il y a quelque chose qui me tracasse Towa...tu es une femme intelligente, libre et indépendante...preuve en sont tes nouveaux talents de chenille...de surcroît tu es mon amie la plus proche...sans doute celle qui me connaît le mieux...tu sais donc très bien que ce n'est pas mon genre d'ordonner ce genre de décisions et que ça ne changera jamais...alors pourquoi cette nécessité d'attendre un ordre et d'y obéir aveuglément, quand bien même tu ne souhaiterais pas y répondre favorablement dans un premier temps? Je ne comprends pas cette façon de penser et d'agir...

Tu laisses passer le temps de sa réponse avant de reprendre, d'un ton plus léger, un brin provocateur et un sourire espiègle au coin des lèvres, afin de briser ce trop plein de sérieux.

-...du coup si je t'ordonne une petite danse de Tessen là tout de suite, tu vas te mettre à onduler ton corps? Et quand on sera mariés, ça fonctionnera pareil, tu obéiras à tous mes ordres? L'idée peut-être intéressante...conclus-tu en étouffant un rire amusé.

Ichiru revient peu après avec vos plats. Il place les Saint-Jacques Rossini devant toi puis d'un large sourire, il annonce l'autre plat en se tournant vers la blonde.

-...et pour vous madame, la maison est fière de vous présenter sa spécialité...ballottines de poulet laquées au jus corsé, accompagnées de leur tartare de légumes...nous espérons que vos papilles en seront satisfaites...

Plat de Towa:

Il dépose l'assiette aux milles couleurs devant Towa, puis saisit un tire bouchon pour ouvrir la bouteille de rouge de la côte d'Omui en expliquant son histoire.

-Cette cuvée spéciale à été vendangée et pressée tout spécialement pour fêter la fin de la guerre des clans, elle a donc vingt-et-un ans d'âge et a été préparée avec le plus grand soin. Les dignitaires de l'époque ont partagé le même vin au moment de la signature des différents traités de paix...qu'en penses-tu Shika san? Termine t-il après t'avoir servi un fond de verre pour que tu le goûtes.

Bien que n'étant pas un grand expert en vin, tu ne peux que reconnaître la qualité de celui-ci après l'avoir respiré et t'en être humecté les lèvres. D'un signe de la tête, tu acquiesces et Ichiru remplit vos verres avant de repartir en vous signifiant un ''bon appétit'' joyeux. Alors que tu te plonges le nez dans ton assiette, tu marques plusieurs pauses pour profiter du vin et donner quelques explications.

-Ok Towa passons à cette technique maintenant...tu vas voir, ses diverses utilisations possibles qui peuvent s'avérer bien pratiques selon les situations...la réalisation de base est assez simple...après avoir malaxé ton chakra, il faut que tu parviennes à le rediriger vers ton cou...et plus précisément vers tes cordes vocales, une fois ceci fait et le mudra nécessaire ajouté, tu n'as plus qu'à projeter le voix...là où c'est magique c'est que tu n'as même pas besoin de bouger les lèvres, d'où le nom de ventriloquie...et malgré une consommation en chakra relativement faible, cette technique te permet à la fois de modifier la force, le ton ou le timbre de ta voix, de faire venir la voix de plusieurs côtés et ainsi faire croire que tu n'es pas seule...personnellement, c'est l'une de mes, sinon ma technique de diversion préférée. Elle m'a sauvé la mise en de multiples occasions...tu prends une bouchée de Saint-Jacques et une gorgée de vin avant de reprendre...ah oui, et j'oubliais, grâce à cette technique tu peux faire parler un clone, une marionnette, ou toute autre chose dans le même genre...par contre attention, si tu impulses trop de chakra d'un coup tu risques de te claquer les cordes vocales...ça m'est arrivé une fois...je te laisse imaginer la tristesse pour mon entourage de ne plus pouvoir entendre ma voix mélodieuse, ah ah ah ah...vas-y, teste ça sur Ichiru dans un premier temps...demande-lui s'il peut nous rapporter un morceau de son pain aux noix du chef...

Technique enseignée:

"Je sais différencier bêtises et affaires sérieuses. Lorsque tu es sérieux, si tu me donnes un ordre, j'obéis. Tu es plus intelligent que moi, même si tu fais toujours l'idiot. C'est d'ailleurs ça qui m'énerve le plus chez toi. Mais, si tu penses sérieusement que c'est pour le bien du clan, pour mon bien ou pour le tien, alors j'obéirai. Cependant, je ne me sens pas digne de ce genre de responsabilité."

Mêler subtilement dans une même phrase médisance et compliments n'est pas un art à la portée de tout le monde. Ton amie avait donc fait ici preuve de tout son talent. Quelque part, tu comprends ses propos et le fait qu'elle ne parvienne pas sereinement à se situer lorsque tu choisis de faire passer des messages en jouant aux imbéciles. Mais d'un autre côté tu ne parviens pas à comprendre que cette femme, qui est sans aucun doute la plus proche de toi, celle qui te connais le mieux, n'ait pas encore saisis que malgré tes frasques diverses et variées, tu ne fais, ni ne dis jamais rien ou presque, à la légère lorsqu'il s'agit de sujet sérieux. Ainsi, c'est les sourcils froncés et un brin agacé que tu lui réponds.

-Je comprends que le fait que je fasse souvent l'idiot puisse t'énerver Towa-chan. Cependant, crois-tu vraiment que j'aborderais de tels sujets avec toi sans que le fond ne soit sérieux, et ce quelle que soit la forme employée?!!? Crois-tu que je te proposerais quelque chose de si important si je ne t'en pensais pas honnêtement capable. Tu refuses? Soit, je l'accepte, mais soit aimable pour une fois et ne me fais pas porter la responsabilité de ce refus qui n'appartient qu'à toi! Ce qui est bon pour le clan ou pour moi, je te l'ai exposé clairement par ma demande! En revanche, ce qui est bon pour toi, il n'y a que toi qui peux le savoir et je ne dérogerais jamais à cette ligne de conduite, quel qu'en soit le prix. Tu n'appartiens à personne d'autre qu'à toi-même et bien que notre statut de shinobi nous impose certaines responsabilités, il est hors de question que nous soyons prisonniers de ce statut, quel qu'il soit. Telles sont les valeurs que je défends, et les seules qui selon moi apporteront un jour une paix durable au sekaï...je dois dire que ça me déçoit que toi que je considère comme mon amie et non pas comme une subordonnée, tu n'aies pas encore compris ma manière de fonctionner...passons à la suite veux tu...conclus-tu sans d'un ton indiquant que tu ne souhaites aucunement approfondir le sujet maintenant.

La suite en question, c'est à dire la technique de ventriloquie requiert quelques explications que tu donnes en omettant d'expliquer le mudra nécessaire, ce que ton amie ne manque pas de te rappeler à sa manière toujours aussi chaleureuse. Encore remué par ce qu'elle vient de te dire, tu lui lances d'ailleurs un regard indifférent lorsqu'elle soumet l'idée d'un plaisir personnel à te voir te claquer les cordes vocales.

-Le mudra de la chèvre pour appliquer la technique...désolé pour cet oubli...réponds-tu laconiquement.

Après avoir entendu sa question suivante, tu reproduis toi-même la technique en décomposant chacune de tes actions pour t'assurer de son mode de fonctionnement. Et en effet, tu te rends compte que l'utilisation des cordes vocales ne représente qu'une partie de la technique. Un peu confus, tu te lèves promptement et passes derrière Towa en lui posant d'abord les mains sur les épaules.

-Hum...ok, mon explication était peut-être un poil incomplète. Déjà, redresse-toi...insistes-tu en lui rabattant les épaules vers l'arrière...maintenant respire plusieurs fois à fond pendant que je te réexplique...tout d'abord il y a la cage thoracique, c'est elle qui va donner la multiplicité du son...imagine toi qu'elle fonctionne en résonance, un peu comme une grotte dans laquelle tu pousserais un cri qui se réverbérerait contre ces parois...ensuite, les cordes vocales...ou plutôt le larynx qui les comprend...celui-ci doit être dégagé au mieux pour que les sons puissent circuler en surfant sur la dose de chakra injectée tout en faisant vibrer les cordes vocales afin de donner une véritable consistance aux mots...je répète donc...tu injectes du chakra dans tout ton corps, tu le laisses circuler dans l'ensemble de ton thorax puis le fait remonter lentement par le larynx en imprégnant bien les cordes vocales, avant de le laisser glisser jusqu'à la bouche par lequel il s'extrait en portant les sons avec lui...tu pauses une main sur son ventre...tout part de là, avec une bonne contraction musculaire. Tu respires bien, tu injectes le chakra, mudra de la chèvre, et enfin tu lâches tout. Dernier petit exercice pour rendre le tout encore plus crédible, garder la bouche fermée. Les lèvres ne bougent pas...tu demandes un crayon qu'Ichiru te cède volontiers...tiens, mords ça et essaye de parler en même temps, sans bouger les lèvres donc...normalement tu sais tout ce qu'il y a à savoir désormais, le reste c'est de l'entraînement. Je te regarde faire...on ne passera pas à la suite du repas tant que tu n'auras pas parfaitement réussi la technique...

Tes paroles sonnent plus sèchement que d'ordinaire. La ponctuation est plus marquée et surtout tu ne laisses aucune émotion transparaître sur ton visage. Tu retournes t'asseoir et plantes un regard figé dans celui de la kunoïchi. Impassible à ses yeux mais pensif. Tu réfléchis à ses paroles autant qu'aux tiennes. A ton attitude apparemment trop souvent mal comprise. A celle de ceux qui n'entendent que ce que leurs sens leurs renvoient sans aller observer au-delà.

Technique enseignée:

Sans s'arrêter, Towa s'exerce devant toi, tandis que tu ne romps le silence que pour lui indiquer quelques conseils supplémentaires à chacun de ses échecs. S'il y a bien une qualité que tu lui a toujours reconnu, malgré une approche personnelle des choses de la vie totalement différente, c'est sa persévérance. Kunoichi introvertie, elle a toujours su se plonger dans le travail avec acharnement. Pendant que tu l'observe s'exercer avec un réel respect pour cette attitude, tu t'enfermes dans tes pensées. Tu sais la jeune femme fragile dans son rapport aux autres, du moins en a t-il été ainsi pendant de nombreuses années. Si tu acceptes cela tel que ça se présente, tu ne peux t'empêcher de regretter qu'elle ne lâche pas prise un peu plus, ressentant cela comme un aveu d'impuissance de ta part après avoir mis en œuvre beaucoup de choses pour l'amener à s'ouvrir plus franchement et appréhender la vie avec un peu plus de légèreté. Cependant, tu reconnais volontiers que c'est sans doute cette retenue inhérente à sa personne qui permet à votre relation de trouver son point d'équilibre.

Une heure entière passe ainsi, jusqu'à ce qu'enfin elle parvienne à flirter avec la perfection. Tant et si bien que sa voix se met à résonner dans la salle au moment où tu demandes à Ichiru de t'apporter un crayon, la blonde faisant de même en utilisant la technique. Ichiru s'exécute, tandis que tu indiques à la Nara de placer l'objet entre ses dents pour parfaire la technique.

-Tu y es presque, il ne te reste plus qu'à reproduire la même chose sans bouger les lèvres d'un pouce pour que le tout soit parfait. Mordre ce crayon va t-y aider...

Quelques essais plus tard, tu accueilles d'un timide sourire l'exécution parfaite de la ventriloquie par ton amie en murmurant.

-Et bien voilà, bravo, c'est parfait...ça tombe bien, les desserts commençaient à se faire attendre...

Levant une main, tu invites Ichiru à se rapprocher de vous, ce qu'il fait immédiatement, n'ayant plus que deux tables à gérer, la plupart des clients ayant terminé leur repas pendant l'entraînement de Towa, avant de filer.

Le garçon vous propose les trois douceurs au menu.

-Aujourd'hui, pour terminer votre repas comme il se doit, le chef vous propose les profiteroles maisons au chocolat Uzujin, la tarte au citron meringué parsemée d'amendes effilées spécialement sélectionnées dans les contrées de la côte verdoyante ou bien le tiramisu au coulis de framboise...j'écoute votre choix...annonce t-il avant de proposer d'accompagner le tout d'un thé de votre convenance
,
Tu optes pour les profiteroles et acquiesces à la proposition de thé en le laissant décider celui qu'il te servira, puis tu attends les réponses de ton amie. Ichiru file vers les cuisines tandis que tu te repositionnes face à ta partenaire.

-Il reste une dernière chose pour laquelle j'aimerais avoir ton avis. J'en parlerais à l'ensemble du clan, mais j'aimerais que tu me dises en avant première ce que tu en penses. Je compte passer à Uzushio ces prochains jours, pour y observer l'examen chuunin qui s'y déroule et revoir d'anciens camarades croisés pendant mes voyages, mais également pour rencontrer le senkage...puis un peu plus tard, je souhaiterais rencontrer le nouveau kage de Konoha, Yuriko, une vieille camarade également...dans les deux cas, mon idée est de créer un partenariat avec ces deux villages afin d'assurer nos arrière tout en leur proposant d'user de notre position stratégique dans le sekai pour créer une sorte de réseau d'information visant à anticiper toute éventuelle attaque...bien sûr, j'aimerais que d'autres clans de la ceinture centrale rejoignent cette ambition le plus rapidement possible dans le but de préserver au mieux la paix établie...qu'en penses-tu? Conclus-tu en tapotant alternativement tes doigts sur le rebord de la table.

Technique enseignée:

Après que tu aies fait part de tes interrogations à ton interlocutrice, plusieurs secondes passent sans que tu ne puisses détacher ton regard de cette mèche de cheveux qui s'enroule et se déroule interminablement autour de son l'index. Tu n'as jamais réellement compris cette lubie dont raffole tout particulièrement la gente féminine. Cette mèche disposerait-elle d'un pouvoir quelconque permettant de créer une connexion directe entre le doigt et le cerveau? Serait-elle une sorte de neurotransmetteur régissant l'activation de l'ensemble des synapses afin de permettre une réflexion plus aboutie? A moins qu'il ne s'agisse là que d'une manière de t'hypnotiser? Ou plus simplement d'un nouveau type de genjutsu? Toujours est-il que tu restes scotché sur ce mouvement lancinant en attendant la réaction de ton amie, manquant de peu, à plusieurs reprises, de saisir un couteau et de couper net la mèche en question, histoire de confirmer ou d'infirmer ta première hypothèse. Finalement, la réponse tombe.

"Cela ne m'a pas l'air d'être une mauvaise idée...Je n'ai rien contre des alliances avec ces deux villages bien que je préférerai largement que l'on s'en tiennent à des alliances avec d'autres indépendants."

Elle marque une nouvelle pause, donnant ainsi le temps à Ichiru de revenir avec vos commandes. Profiteroles au chocolat pour ta part et Tiramisu au coulis de framboise pour elle, le tout accompagné de deux thés blancs et de l'addition. L'attente ayant entraîné un accroissement de la faim, tu te jettes avec envie sur ton dessert tout en prêtant attention à la suite.

"Le clan Chinoike pourrait être un bon allié..."

Ça ne t'étonne pas plus que ça qu'elle mentionne ce clan. Même si tu n'as pas directement participé à la conversation, tu as bien remarqué quelques accointances entre ta camarade et l'intendante des Chinoike. Si déjà lors du concile, il t'avait semblé déceler quelques points communs entre les deux femmes, le buffet qui avait suivi n'avait fait que confirmer la tendance, les deux restant plusieurs minutes à échanger avec apparemment plus de plaisir que de déception. A dire vrai, si tu jugeais Etsu comme étant une personne charmante et dotée d'une dignité notable, tu l'avais trouvée aussi sérieuse et coincée qu'elle avait dû te prendre pour une chèvre de son côté. Ce que tu avais notifié en observant les regards qu'elle t'avait lancé.

Les tensions retombées, tu souris un peu plus franchement à Towa, avant d'essuyer le chocolat qui s'invite sur le rebord de tes lèvres.

-Hmmm...bien sûr Towa, je te rejoins sur ces points, et je suis ravi que l'idée de tels rapprochements ne te déplaisent pas...et ça tombe bien que tu mentionnes les Chinoike, parce qu'ils font partis des clans que je souhaite rallier à notre cause dans un premier temps. Il y a eux, ainsi que les Yamanaka, les Onryous et les Sarutobi. Ils sont mes priorités. Et si j'aimerais également faire adhérer les autres clans indépendants, cela prendra sans doute encore plus de temps, tout ceci n'étant encore qu'un immense chantier...

Après avoir terminé ton dessert, tu dégustes ton thé en fumant une cigarette de salvia, manquant de peu de laisser échapper un rot qui aurait certes été justifié par ton appréciation pour ce repas, mais que tu aurais trouvé inconvenant dans cette situation face à ton amie.

Alors que les derniers clients ont finalement quitté l'endroit, vous laissant seuls tous les deux, tu demandes à Ichiru s'il peut faire venir le chef Hiruka, comme tout le monde l'appelle, afin de le remercier et de lui demander une ultime faveur. Le serveur s'exécute avec plaisir. Deux minutes plus tard, un homme taillé comme un bûcheron se pointe devant vous. Frisant les deux mètres de haut, il impose de larges épaules reposant sur un corps à la fois musclé et engraissé par la nourriture qu'il se plaît autant à dévorer qu'à cuisiner. Son visage joufflu et marqué du sceau de la bonhomie est constitué d'une barbichette tressée surmontée d'une épaisse et longue moustache parfaitement taillée et recourbée aux extrémités, tandis que ses yeux d'un bleu éclatant sont parfaitement assortis à la blancheur de sa peau et à ses cheveux blonds en bataille.

-Towa-chan, je te présente Hiruka, je l'ai rencontré il y a quatre ans pour la première fois, alors que je parcourrais encore les routes du sekai...cet homme est un véritable génie de la cuisine et un amoureux de la nature comme on en fait peu...Hiruka san, crois-tu que tu pourrais montrer à mon amie ton petit dancing secret?

Hiruka accepte sans se faire prier, vous entraînant à sa suite dans l'escalier en colimaçon jusqu'à une porte menant vers une immense clairière jouxtant le restaurant et recouverte d'une serre ouverte à différents endroits. Les couleurs s'y mélangent de manière incroyable, et la lune s'y reflète pour ajouter encore plus de magie à l'endroit, tandis qu'une petite musique accompagne vos pas. Il y a là des variétés de plantes qu'on ne peut voir qu'en très peu d'endroits dans le sekai et plus vous déambulez, plus vous apercevez d'animaux. Des daims, des biches, des chevreuils, des lapins, des écureuils, et tant d'autres espèces que vos six mains ne suffisent pas à les dénombrer. Enfin, une fois pile au centre de cette clairière, Hiruka vous invite à vous rendre sur une petite piste circulaire à ciel ouvert, située au milieu de quatre conifères, en même temps qu'il amplifie le son de la musique. Tendant une main galante en direction de Towa, tu lui souris avec bienveillance.

-M'accorderais-tu cette valse Towa-chan?

"Ne crois pas que le monde entier acceptera ton alliance ou que tout le monde partagera tes valeurs. Personnellement, je trouve qu'avoir deux ou trois amis n'est pas mal. Mais, plus tu en ajoutes et moins tu peux en être proche et donc, les connaître. Cela implique qu'il y a plus de chances d'avoir de mauvaises surprises."

Bla bla bla bla. La rabat-joie est de retour. En guise de toute réponse, tu lui accordes une moue indifférente. Plus pour marquer sa propension à la négativité d'ailleurs, que pour dénigrer ses propos, car tu sais bien qu'elle a en grande partie raison, notamment s'agissant du couplet sur les mauvaises surprises. Bien que de nature optimiste, tu n'en es pas pour autant aussi stupide que tu aimes à le laisser croire. C'est donc d'un large sourire béat que tu accueilles la question qui suit, utilisant une main pour compter sur les doigts de l'autre, après l'avoir mise en évidence face à la kunoichi.

-Alors, voyons voir y a d'abord Ao pour les Yamanaka...énumères-tu en commençant par le pouce...lui on peut dire que je le connais bien, on a même fait une mission ensemble, ça compte quand même non? Et puis il m'a parlé de son chef qui a l'air d'un gars plutôt sympa à priori ah ah ah...insistes-tu en lançant un regard frondeur à la jeune femme, comme pour la défier, sachant très bien que ce genre d'insouciance est de nature à la blaser plus qu'autre chose...ensuite y a Etsu chez les Chinoike...poursuis-tu en montrant ton index...elle a l'air un peu coincée, mais tu t'es manifestement bien entendue avec elle, donc je suppose qu'on peut lui faire confiance non? Nouveau sourire mutin...sans compter que la situation géographique de son clan peut-être pratique pour ajouter des glaçons à notre whisky...vient le tour du majeur...quant à la cheffe des Sarutobi, je l'ai rencontrée au concile. C'est une taiseuse, donc au moins, on ne se marchera pas dessus pour parler tous les deux, ça m'arrange...puis reprenant un ton un peu plus sérieux...et je lui ai envoyé une invitation pour nous accompagner en mission afin de mieux faire connaissance, parce qu'on n'apprends pas mieux à connaître les gens que dans les situations extrêmes...pour les autres, on verra au fur et à mesure, mais je compte bien me rapprocher d'eux d'une manière ou d'une autre pour en apprendre plus sur eux et leurs intentions...

Sur ces mots, tu donnes le temps à Towa de réagir si elle le souhaite, en plongeant le nez dans ton reste de dessert, avant de finir le thé d'une bonne rasade et de faire intervenir Hiruka, qui finit par vous guider dans les allées de la grande serre extérieure, jusqu'à la piste de danse.

Répondant à ton invitation à danser, tu peux ressentir dans l'approche de la kunoichi un léger trouble, auquel tu réponds par un sourire bienveillant, en même temps que sa main se pose sur la tienne. Sans avoir imaginé l'instant au préalable, un frisson de bien être gêné te parcours l'échine. Avec douceur, tu empoignes la main offerte, pendant que ta seconde main vient délicatement se poser dans le dos de ton amie, juste au-dessous de ses omoplates, puis tu rapproches son corps à quelques centimètres du tien. La musique précédente se teinte de ses dernières notes. Elle s'élève de nulle part et partout à la fois, ajoutant encore un peu plus de magie à l'endroit. Une famille de daims s'arrête pour observer l'étrange duo que vous formez, quand Hiruka claque deux fois des mains. Tandis qu'au loin, retentit le brame d'un cerf en proie à ses lubies automnales, plusieurs musiciens s'extirpent de la forêt pour se placer autour de la piste de danse. Tout en se désaltérant, ils prennent le temps d'accorder leurs instruments, vous laissant tous les deux ainsi, immobiles face à face, presque l'un contre l'autre.

L'instant est étrange, et tu surprends ton cœur à s'affoler quelque peu. Curieuse sensation. Agréable mais dérangeante en même temps. Tu as presque envie de repousser Towa au loin à cet instant, des images diverses et variées s'invitant dans ton esprit. Puis, finalement, tu te laisses aller à quelques rêveries en levant les yeux au ciel. Au-dessus de vos têtes, la voûte céleste est très largement dégagée et laisse apparaître des millions d'étoiles qui scintillent, comme pour accompagner de leur lumière chatoyante la musique à venir. Les yeux dans le vague, tu reviens sur ta partenaire et d'une voix apaisée, prends la parole.

-Regarde Towa...lui dis-tu en indiquant le ciel du regard...c'est magnifique n'est-ce pas? Toutes ces étoiles, se mouvant dans une partition réglée à la note près. Malgré leurs singularités, malgré leurs différences, elles forment un tout cohérent qui, sur l'échelle d'une vie, est en mouvement perpétuel, bien qu'individuellement, chacune s’accommode de la place qui lui a été attribuée, sans chercher à se rebeller, à conquérir d'autres cieux. Elles sont indissociables les unes des autres et œuvrent main dans la main pour nous offrir ce qu'il y a de plus beau en elles, cet éclat qui illumine chacune de nos nuits...tu marques une pause de quelques secondes, alors que les musiciens remettent leurs instruments en place, prêts à rejouer d'ici peu...faire évoluer le collectif tout en laissant à chacun la possibilité d'exprimer sa singularité sans contraintes...c'est la seule solution pour aboutir à une paix durable...il y a forcément un moyen permettant d'accomplir cet objectif...je dois le trouver...songeur, tu laisses s'installer un nouveau silence. L'orchestre est désormais en place et joue les premières notes de l'air suivant, pour s'assurer qu'ils sont tous sur le même ton...ou alors tout plaquer et partir loin...n'as-tu jamais rêvé de tout quitter pour t'exiler loin de tout ces conflits? La musique débute réellement sur cette question.


Tu te concentres à présent sur ta partenaire. Une expression sereine sur le visage, tu l'entraînes, dès les première notes, dans une succession de petits déplacements Straussiens malhabiles. D'abord mécanisée, de peur de faire le mouvement de travers, ta gestuelle se relâche petit à petit, tes pas se font de plus en plus assurés. Plus fluides au fur et à mesure que la musique prend de l'ampleur et de la vitesse. Ils paraissent se libérer de toute contrainte, se laissant guidés par les émotions plutôt que par un rituel contraignant. De temps à autres, tu la fais tourner sur elle-même, la soulèves de terre en l’enlaçant pour ne pas la laisser s'échapper, puis le plus souvent vous vous retrouvez embarqués dans une suite de pas légers et tourbillonnants. Il y a quelque chose d'enivrant à tourner de la sorte. Voilà bien le genre de plaisirs auxquels les ninjas n'ont pas tant l'occasion que cela de s'adonner. Ton cœur chavire au rythme de ton corps qui se meut dans l'espace. Tu aimerais faire durer ces instants pendant des heures. Des jours. Des années. Observant la jeune femme avec attention, tu la rapproches encore un peu plus de toi, jusqu'à coller sa poitrine contre ton torse, tandis que ta main arrière redescend lentement en lui effleurant le dos, pour s'arrêter au niveau de ses reins, sur lesquels tu exerces une légère pression. Tout en continuant à tourner, plus lentement que précédemment cependant, tu plantes ton regard dans le sien et restes ainsi sans rien dire pendant plusieurs secondes, cherchant par ce biais à plonger au plus profond de son âme. Si ton expérience en tant qu'assassin t'a appris qu'il n'était pas bon de mélanger ce métier avec les sentiments, elle n'en a pas moins toujours été une personne importante à tes yeux. Les dernières notes retentissent tandis que ta main se détache de la sienne pour se caler sur sa joue.

-Poursuis ta voie Towa...va jusqu'au bout de tes envies, de tes rêves...découvre l'histoire...mais quels que soient les choix que tu ais à faire, pour une fois, égoïstement, je t'ordonne de ne jamais t'éloigner de notre clan de manière définitive...

Puis, porté par un élan dénué de toute réflexion, lentement, tes lèvres viennent se poser contre les siennes.