Depuis toujours, les Akayuki étaient des marchands. Leur fond de commerce n’était pas la guerre, quand bien même avaient-ils de puissants shinobis dans leurs rangs. Même s’il n’était qu’une pièce rapportée, Ogawa se faisait un devoir de suivre les préceptes du clan. Suite à de longues négociations avec une famille riche de Nunakita, il avait conclut un accord. Les Akayuki et les Musashi commerceraient dès lors. Afin de faciliter les choses, l’homme s’était rendu en personne dans l’oasis contrôlé par la famille en question, l’un des rares de la région. Après une semaine, l’affaire était enfin entendue. Resté auprès de ses hôtes le triumvir avait envoyé un faucon à Suna pour demander à ce qu’un convoi de son clan ne rejoigne sa position. Comme toujours, la caravane serait protégée par plusieurs gardes. Dans un soucis constant d’intégration au village, le quadragénaire s’efforçait de mêler des sunajins à ses affaires. Pour cette raison, il avait demandé qu’un shinobi extérieur au clan soit de la partie en plus des gardes Akayuki. Le convoi transporterait quelques richesses susceptibles d’intéresser les bandits du désert et il était hors de question qu’elles soient volées.
Après plusieurs jours, tandis qu’Ogawa s’entrainait au bord de l’eau, il vit les siens approcher l’entrée de l’oasis. Seulement vêtu de son chapeau de paille et d’un pantalon, le triumvir dégoulinant de sueur alla à leur rencontre. Rapidement, il leur expliqua où ils devaient déposer la marchandise et leur expliqua qu’il les rejoindrait d’ici une heure. Son devoir effectué, l’homme retourna s’entrainer en compagnie de ses clones. Le temps passa et la chaleur conjuguée à l’effort terminèrent de fatiguer Ogawa qui se laissa mollement tomber fesses contre sol. Haletant, il essuya comme il le pouvait la sueur de son front avec son avant-bras. Après quelques minutes de repos, il s’aspergea le visage d’eau fraîche et s’empara du serviette.
Rapidement il retourna dans la petite demeure qui lui avait été prêtée à lui et les siens pour les négociations. Saluant les siens, il mangea un morceau et se désaltéra. Enfilant finalement une chemise, il s’intéressa au sunajin qui avait accompagné la caravane. Il s’agissait d’un jeune homme du clan Nozomo avec un air sympathique, du moins aux yeux du triumvir. Ogawa alla remplir deux chopes de bière et vint finalement à sa rencontre un large sourire aux lèvres.
« Enchanté mon garçon. Bois un coup, tu l’as mérité, dit-il en lui tendant le verre. Kotetsu-san m’a dit que tu avais réglé leur compte à quelques misérables bandits sur le chemin. Du menu fretin, mais je te remercie quand même. »
Il était évident que les gardes Akayuki n’auraient fait qu’une bouchée de ces scélérats, ceci étant, le chef de la caravane avait expliqué à Ogawa que le jeune Nozomo s’était rué sur eux avant que quiconque n’ait le temps de réagir. Il avait été rapide et efficace, tout ce que le jônin appréciait. En réalité il avait envie d’en apprendre sur ce jeune homme. Quel mal pouvait-il y avoir à cela ?
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Nozomo Yukio
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- Fioooou ! Le désert, c'est sacrément grand quand même !
Arrivé à la petite oasis où était destiné le convoi de marchandise, je considérais la concentration de bâtiment, de végétaux et de gens. Je souris devant ce que le hasard de la météo et de la géologie pouvait créer comme groupement humain : Un peu d'eau dans le désert et tout le monde devenait copain en buvant une pinte. C'était bien naïf, mais quand on venait de traverser la grande litière dans la chaleur, la vue d'une étendue aquatique, même minime, faisait du bien.
Embarqué par hasard dans cette mission : Accompagner, avec une unité Akayuki, un chargement de produits du clan des marchands pour le commerce avec un clan extérieur. Même si je ne connaissais pas grand-chose de la géopolitique ou du commerce de Suna, puisque les Nozomo étaient peu tournés vers le commerce, ni vers autre chose que leur petite gloire passée, j'étais content de voir que mon village n'était pas si isolé que ça. Dans un désert géant, oui, mais pas coupé du monde pour autant. "La famille de Kalida sont des bons combattants et des sacrés marchands". J'avais jeté rapidement un œil au chargement que j'exportais et ces étoffes ainsi que ces bijoux auraient fait tourner la tête de quiconque. "Mamie-matée aurait pris son pied rien qu'en voyant tout ça". Penser à cette vieille acariâtre me fit sourire, surtout que j'avais épuisé ma gourde de maté... Je ne prévoyais jamais assez, c'était énervant.
Arrivant lentement vers le bâtiment principal de l'oasis, nous étions rejoints par un grand rouquin torse nue avec, pour le protéger du soleil, un chapeau de paille. Un style certain, même sans fioriture : Pas besoin d'en imposer avec quelques vêtements, le corps du type suffisait à imposer le respect. C'était un combattant, pas de doute. De plus, rien ne cachait le handicap apparent : Pas de manche pour montrer piteusement l'absence du bras, on pouvait remarquer le moignon depuis longtemps cicatrisé. La blessure rajoutait à une aura martiale, rien qu'à voir le mec je savais que je l'aimais bien. "La première impression est souvent la bonne, quoi que... on pourrait penser en voyant Hayato qu'il est sympa". Pas le temps de m'appesantir sur le sujet car le rouquin désigna de la main libre un endroit pour déposer les caisses.
C'était pas mon rôle de transporter les charges, on pouvait même dire que mon travail était terminé dès lors que j'avais atteint l'oasis, mais je n'allais pas me tourner les pouces en regardant les autres transporter alors je mis ma main à la pâte : Les produits de luxe ne pesaient pas lourd, leur poids monétaire était bien plus important. Ce fut assez simple, mais mes camarades du désert me remercièrent d'une bonne tape dans le dos. C'était cool de se sentir comme faisant partie d'un groupe, même si c'était temporaire : Les Akayuki étaient bien plus ouverts que les Nozomo, ils ne me regardaient pas comme une pièce rapportée et Kalida, adoptée elle aussi, avait l'air bien introduite dans le clan.
"On n’aurait pas pu se faire chopper par eux ?" Beaucoup de clans recueillaient des orphelins, mais Hayato et moi étions tombé dans le pire. Cocasse.
Après l'effort, le réconfort. Dans la petite maison prévue pour les troupes, nous mangions et buvions pour nous remettre du voyage. Pas de maté, mais de l'eau fraiche et quelques bières tout aussi désaltérantes. Sur le banc, entouré de quelques collèges Akayuki, je ressentais encore cette camaraderie. "Pas mal !" Bientôt, mes compères firent des petits signes à quelqu'un qui se pointait, je me retournais pour remarquer le rouquin. Celui-ci m'avait remarqué aussi et accostait ma table, avec à son actif deux belles bières qu'il tenait d'une seule main. Posant les deux sur le bois, dans un fracas familier, il m'en tendit une. "Ouais, je l'aime bien"
Il attaqua la conversation en me remerciant de mon entreprise avec les bandits, un petit événement qui avait ponctué notre odyssée vers l'oasis. Je répondis bien vite, pour atténuer le compliment :
- Merci monsieur, comme vous dites c'était vraiment pas grand-chose ! J'avais une mission alors je ne voulais pas qu'ils s'approchent du convoi. À la mention de la protection, les Akayuki à mes côtés me firent de petites tapes sur l'épaule. Empoignant la choppe, je trinquai avec mon généreux contributeur avant de lever ma chope vers le haut, en parlant pour l'assemblée. Au commerce et à Suna !
Ma déclaration fut suivie par mes camarades dans un beau brouhaha. Redirigeant mon attention sur le rouquin, je compris qu'il sortait de l'entraînement vu la brillance de la sueur et le léger fumé qui ne détonait pas avec les voyageurs présents dans la pièce.
- Je me présente : Yukio Nozomo, j'imagine qu'avec ta condition physique tu es un Akayuki, je me trompe ? Un sourire accompagnait ma présentation.
Cette mission était peut-être plus intéressante que prévu.
Suivant le geste du jônin, Ogawa frappa sa chope contre la sienne. Reprenant les paroles du Nozomo, l’assemblée répéta après lui. La bière coulait souvent à flot lorsque le triumvir était dans les parages. Ce dernier imita ses pairs avant de boire à pleine bouche. Son large sourire resplendissait dans la pièce.
« Et pour le clan ! »
Le brouhaha s’intensifia chez les Akayuki. Il était un fait indiscutable: les membres du clan étaient très attachés à celui-ci et cela se voyait. Comment aurait-il pu en être autrement ? Nombre de ses membres étaient de pauvres orphelins recueillis quand ils en avaient le plus besoin. Cela créait indiscutablement un lien à toute épreuve. Pour Ogawa, les choses étaient différentes. C’était l’amour qui l’avait attiré et l’y faisait rester quand bien même avait-il disparu depuis longtemps. Chassant bien vite cette sombre pensée, il décida de continuer de profiter du moment présent. Terminant bien sa vite son verre, il le posa avec fracas contre la table en bois.
« Tout à fait. Moi c’est Ogawa. » répondit simplement le chef de clan en tendant sa main.
Pendant qu’il attendait que Yukio lui rende la politesse, un trentenaire du clan s’amusa de la question du jônin. Posant une main sur l’épaule de son supérieur, il ria de bon coeur.
« Pour sûr que c’est un Akayuki, et pas n’importe lequel ! Rien de moins qu... » commença l’homme avant d’être interrompu.
Sans qu’il ne voit le coup venir, Ogawa s’empara d’une miche de pain et la lui fourra en plein gosier. Manquant de s’étouffer il tomba à la renverse, attisant les rires de ses collègues et celui du triumvir. Une larme à l’oeil, il reporta son attention vers son premier interlocuteur.
« Pour être franc je te connais déjà, ton frère également, de nom du moins. Vous faites parler de vous au village les jeunes, ponctua-t-il en riant de bon coeur. Tu veux manger quelque chose ? »
Deux frères recueillis par les Nozomo. Tous les deux de fiers jônin avec une réputation grandissante au sein du village, ce qui était plus qu'intéressant au vu de leur jeune âge. Un duo dont les états de service parlait de lui même. Le quadragénaire était toujours curieux d’en apprendre plus à son sujet et sa sympathie naturelle jouait très largement en sa faveur. Pour commencer, s’il le désirait, un bon repas leur permettrait de mieux faire connaissance.
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Nozomo Yukio
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Le bruit de la chope de mon vis-à-vis ponctua le chaos ambiant, quelle descente ! Je sirotais ma bière tranquillement, profitant du goût des ingrédients. "C'est eux qui font la bière ? Elle est sacrément bonne !"
Le type avec la bonne descente se présenta enfin : Ogawa, un nom sympathique. Je le notais dans mon petit calepin mental avant de lui rendre la poignée de main. On résume parfois les gens par la force transmisse dans l'acte simple de se serrer la main : La solidité, l'assurance, ... Celle de Ogawa Akayuki était pour sûre puissante. Une fois qu'il nous tenait, il était compliqué de s'en défaire. L'absence d'un membre ne l'affaiblissait pas pour autant. Je le sentais. "Je suis devenu un beauf qui note la poignée des gens ?"
Il semblerait.
Un des camarades Akayuki présent débarqua pour valider l'identité du rouquin comme étant un membre du clan marchand, il voulut ajouter quelque chose avant que mon bienfaiteur ne lui enfonce une belle miche de pain dans la bouche. Je fronçais les sourcils, mi-amusé mi-interloqué par ce geste. Une partie de mon cerveau déclama quelques vers : "C'est bizarre, fais gaffe". Une autre soulignait l'ambiance joyeuse et joueuse de la pièce, on n’était pas en terrain ennemi et on ne jouait pas une guerre de l'information. Pas besoin de monter sur ses grands chevaux. Accompagnant l'hilarité générale, je lâchais un grand rire devant la chute de la victime du gluten. Suite à cette scène, le marchand au chapeau de paille me révéla qu'il me connaissait de nom, comme mon frère. "On parle de nous ?"
- Ahah ! J'espère que vous avez entendu plus de bien que de mal ! On n’a pas toujours été les plus sages, ni les plus subtils. Surtout moi. Je ne savais pas qu'on était autant connu à Suna, vous avez entendu toutes ces informations où ? Je ris de bon cœur, curieux néanmoins de sa source. Je connais bien votre domaine, j'ai combattu là-bas quelques fois, surtout une fois contre Kalida. Vous la connaissez ? S’il était proche de Kalida, il savait pour ma défaite et c'était la honte. Enfin... Pas besoin d'être proche pour avoir entendu parler du combat dans le domaine de son clan.
Devant la proposition de Ogawa pour manger, mon ventre gargouilla cruellement et j'ai un peu honte d'émettre ce type de bruit. Je ris jaune avant de lui répondre :
- Pour sûr ! Si vous m'autorisez à manger plus doucement que lui. Je désignais du doigt le pauvre, tombé au combat face à du pain. Je pense qu'on pourra s'arranger pour avoir un repas agréable ! Une boutade qui me fit rire, comme certains de mes voisins.
Très vite, une bonne assiette de ragout fut servi à la tablée : Un repas de roi après une journée de voyage et de déchargement. Tout le monde applaudi le cuistot et attaqué sa gamelle. Du coin de l'œil, je constatai que beaucoup arrosé leur gosier de sauce et de bière. Un amalgame de saveurs qui feraient un curieux mélange une fois dans le ventre. Ogawa se nourrissait naturellement avec un seul bras, sa fourchette s'enfonçant dans la nourriture. "Pas trop dur de couper sa viande ?". J'attaquai mon assiette de bon cœur avant de ralentir pour permettre de parler sans m'étouffer avec les mets :
- Les affaires sont bonnes par ici ? On m'a missionné pour protéger, mais pas plus d'informations. Pas besoin d'informer un simple garde du corps, après tout. L'oasis me semblait être un lieu animé, j'étais sûr que derrière cette ambiance bonne vivante et ce côté très simple, les affaires et les négociations allaient bon train. Peut-être même de l'autre côté de la toile. "Qui sait ?" Rien d'illégal, mais la diplomatie partait le plus souvent du commerce. Les Akayuki, en tant que marchands, étaient le fer de lance de la diplomatie de Suna, sans doute.
"A vrai dire, l'autre fer de lance de Suna c'est la violence alors... Je préfère quand même ce ragout".
Le fait que Yukio demande d’où le triumvir tenait ses informations lui faisait comprendre qu’il devait ignorer qui il était vraiment. Peut-être ne voyait-il en lui qu’un Akayuki comme un autre. Un simple marchand pourquoi pas ? En tant que jônin et chef de clan, il était évident qu’il avait accès à bien des choses. La réputation grandissante des deux frères ne nécessitait de oute façon pas la moindre source. Le simple fait de tendre l’oreille et de savoir écouter aurait été suffisant.
« Eh bien, disons que la notoriété du Kazekage ne souffre pas de la votre, mais je sens malgré tout que vous êtes destinés à de grandes choses. » expliqua l’homme en souriant.
Il en était persuadé, ils continueraient à faire parler d’eux. D’ici quelques temps, ils l’auraient largement dépassé. Peut-être était-ce déjà le cas ? Il avait de bons restes mais faisait-il toujours le poids ? Dur à dire.
« Je la connais en effet. Un tempérament de feu cette kunoichi. »
Bien sûr qu’il savait qui était Kalida. Pour dire vrai, la jeune femme ne lui inspirait pas une grande sympathie. Sa manie de fuir les responsabilités jetait l'opprobre sur elle auprès d’une bonne partie des membres du clan. Les Akayuki se devaient de faire bonne figure et d’oeuvre pour le bien de Suna, ce qui était évidement dans leur intérêt à court, moyen et long terme. Pour autant, s’il n’avait aucune estime pour la demoiselle, il était hors de question de lui casser du sucre sur le dos. Cela n’aurait été digne ni d’Ogawa ni de son rang. Au lieu de ça, il rigole de bon coeur face à la plaisanterie du Nozomo.
Comme le jônin acceptait de manger en compagnie de son ainé, on leur servit rapidement une assiette. Le ragoût avait été préparé par Fumikage, le meilleur cuisinier de la petite bande. Comme il connaissait fort bien le handicap du triumvir, il avait pris soin de lui couper préalablement la viande en plus petits morceaux, sans toutefois que personne ne puisse le remarquer. Agissant ainsi, il préservait la dignité de son chef, ce que ce dernier appréciait particulièrement. Couvert en main, Ogawa commença à manger en écoutant le jeune homme.
« Plutôt oui. Les oasis sont rares à Nunakita. Les musashi qui dirigent cet endroit ont donc les poches bien remplies, comme tu peux t’en douter. Ils feront de bons partenaires commerciaux, dit-il avant de marquer une pause. Malgré tout je me méfie des Kaigans. leur emprise dans la région, ils pourraient poser problème. »
Cette petite touche d’inquiétude dénotait au vu de l’ambiance joyeuse générale. Un garde proche hocha la tête en entendant son chef. Tous les Akayuki ou presque se méfiaient de ce clan de nomades. Ils étaient une plaie pour les affaires, en plus d’être de dangereux psychopathe pour une bonne partie d’entre eux.
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Nozomo Yukio
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- De grandes choses, hein ? C'était assez marrant, est-ce que je ciblais la grandeur ou la reconnaissance du village ? Une partie de moi dirait "oui", quand on avait connu le mépris depuis l'enfance, accéder à une réputation positive c'était... Inespéré ? Malgré tout, je ne savais pas si la nouvelle d'être connu me faisait du bien. Affaire à suivre.
Ogawa m'informa de la situation dans l'oasis : Les Musashi représentant des futurs partenaires aux caisses remplies et les Kaigans qui grondent dans un coin. Je connaissais peu ce clan, j'étais au courant des heurts entre Suna et ces types puisque c'était l'un des clans les plus résistants contre l'influence de Senshi. Cette force amenait une certaine admiration.
- Je n’ai jamais eu l'occasion de tomber sur des Kaigans, on m'a surtout envoyé contre des nomades pour les amener à rejoindre le village. Je connais vaguement leurs compétences, ils peuvent changer leur corps en sable et l'utiliser comme une arme, c'est ça ? Un pouvoir proche de celui des Serika, dans les grandes lignes, je me posais certaines questions pratiques entre le sable de leur corps et la maitrise du sable de la famille du Kazekage. Ils semblent utiliser énormément des armes, comme les Katanas, ils doivent être de bons adversaires. Pas besoin de plus d'informations pour comprendre que j'aimais me battre et tester mes compétences.
Ne pas se donner à demi-mesure contre un adversaire était toujours un bon test, le plus souvent il fallait faire gaffe de pas trop blesser ou ne pas trop s'épuiser. Je sentais que mon potentiel n'était pas exploité à son maximum. Les convois, c'est bien, mais il fallait se battre : J'avais hâte d'une mission qui bouge plus. Étrangement, à la mention du clan nomade, nos voisins de tablée sirotaient leurs bières, regardant autour d'eux. Inquiets. "Quoi ? Parler d'eux, ça les fait venir ?" Je me relevais pour observer les environs.
- Les Kaigans ont une sale réputation par ici, d'après ce que je vois. Ils sont présents dans la région, j'ai compris, mais vous avez souffert d'attaques ces temps-ci ? Je regardai autour de moi pour repérer mon katana, je savais exactement où il était, mais avoir un visuel sur lui me réconfortait toujours. "Une extension de mon corps, si on me l'enlevait ce serait comme perdre... Un bras". Je tournai la tête vers Ogawa. "Si c'est ça perdre un bras, ça va".
- C'est quoi ton opinion sur les kaigans ? Suna devrait faire quoi avec eux ? Les anéantir ? Les fédérer d'une quelconque manières ? La réaction de mes voisins, déjà assez tendu, me fit rire car ils me regardaient complétement médusé. Je disais des énormités ? Je demandais l'opinion de l'homme en face de moi. Il avait vécu des choses et en tant que marchand était plus au courant que moi. Les Nozomo étaient eux aussi un clan qui provoquait la méfiance. Je n'avais que le point de vue de Suna, à l'international j'étais un enfant au milieu de l'océan... "Ou du désert".
Et voilà que les deux sunajins étaient lancés sur un sujet des plus complexes. Connus pour alimenter régulièrement la controverse, les Kaigans n'étaient pas des enfants de cœur. Pour autant, tous n’était pas de terrifiants psychopathes. Il était important de faire la part des choses en ce qui les concernait.
« Ouais, c’est l’idée. Ils ressemblent pas mal à un clan méconnu des régions de l’Est. Ses membres se changent en eau, plutôt impressionnant pas vrai ?. Les Kaigans se changent en sable, expliqua-t-il en buvant un coup. Ce sont de bons combattants, ça c’est sûr. Ils refusent catégoriquement de rejoindre Suna et même le Kazekage n’arrive pas à les faire plier. »
Ils étaient réellement impressionnants, c’était une certitude. Malheureusement leurs méthodes douteuses les rendaient très antipathiques. Rares étaient leurs supporters, que ce soit à Suna ou dans le reste du désert.
« Eh bien, notre clan n’a pas été attaqué depuis quelques temps par ces nomades, mais il faut dire que nous sommes particulièrement méfiants et très prévoyants. En revanche, oui, nous les avons déjà combattu de nombreuses fois par le passé. »
Les dernières questions du jônin étaient bien compliquées. Il s’agissait d’un problème de fond auquel il n’existait pas de réponse toute faite. Ogawa avait des idées mais aucune certitude et il était heureux de ne pas avoir à prendre de décision en la matière. Jouant avec sa fourchette, il fit mine de réfléchir quelques instants.
« Personnellement, je n’ai rien contre eux directement et je doute qu’un génocide puisse jamais se justifier de quelques manière que ce soit. Sans oublier le fait que cela coûterait la vie à un nombre affolant de sunajins. Les fédérer, pourquoi pas ? Il faudrait pour cela mettre la main sur le démon Ichibi. Les nomades voient en lui un dieu. Enfin bon, c’est un problème de loin plus compliqué, soupira le triumvir. J’ai pas de réponse à te donner, désolé. Bien, oublions les à présent et profitons du repas. »
La réalité était qu’Ogawa avait déjà perdu des hommes des mains des kaigans. S’il ne leur vouait pas de haine éternelle, il ne pouvait pas non plus dire qu’il les aimait. Parler d’eux encore et encore le fatiguait et n’avançait de toute façon en rien la situation. Affichant malgré tout son éternel sourire, le quadragénaire continua de s’empiffrer en arrosant l’ensemble de toujours plus de bière.
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La confirmation d'Ogawa sur les compétences de nos amis du désert me fit sourire : Changer son corps en sable, dans le désert ils devaient être les pros de l'attaque surprise. "Vaut mieux les affronter près d'un point d'eau, ou pas du tout...". J'avais bien envie de les affronter, même si c'était pas dans les plans des Akayuki aujourd'hui, ils avaient l'air de craindre une quelconque menace... Peut-être que Suna allait agir bientôt ? On verrait bien.
Je hochais calmement la tête face au développement du roux devant moi sur les récents événements, ou non-événements, avec les kaigans. Soit ils étaient partis, soit ils étaient affaiblis... Soit ils préparaient quelque chose de gros. Les types à mes côtés étaient solides et ce serait vraiment pas ma veine si une attaque surprise nous prenait dans la soirée, ou dans les jours à venir.
Vint enfin le sujet des opinions personnelles de mon interlocuteur : Neutre, j'imaginais que tant qu'on ne l'emmerdait pas il n’allait pas chasser du nomade ensablé. Je prenais note : "C'est pas un fanatique de Suna, il n’a pas l'air d'être un fédérateur comme Senshi genre fédérer ou buter. Profil classique du marchand, avec une petite dose de guerrier". Fallait pas lui piquer des marchandises quoi. S’il marchandait aussi bien qu'il se défendait, pas de crainte à avoir pour les affaires de Suna. Avec un soupir, mon vis-à-vis mit fin à ce pan de la conversation, il voulait sans doute manger. Sans répondre, je continuais à manger.
Après le ragout, un subtil parfum de sucre fit son entrée dans la tente et des petits plateaux furent servis aux convives avec, disposé dessus, de petites pâtisseries frites. Pas banal, à Suna j'avais pu entrapercevoir certains de ces mets, mais je n'avais jamais trop gouté. Une solde trop faible, on ne mangeait que des ramens instantanées à la maison pour ensuite aller brûler tout ça en mission ou à l'entrainement. "Laissons-nous tenter". Attrapant un petit rectangle de pâte, je le mis à la bouche : le gout de miel et d'amande me remplit la bouche, la bouchée en appelait une autre.
- C'est super bon ! Ce sont vos partenaires commerciaux qui ont amené ça ? Je reprenais une nouvelle bouchée, à aller trop vite le goût devenait trop capiteux. Fallait se calmer. Vous, vous connaissez mon frère et moi, mais à part votre nom je ne sais rien. C'est quoi votre histoire ? Je désignais du nez discrètement le bras et les cicatrices d'Ogawa. Vous n’êtes pas un Akayuki classique, vous devez avoir du galon ou une place de choix dans le clan.
Certains de mes voisins ricanaient en écoutant mes questions, l'ambiance redevenait innocente, mais subsistait une curieuse impression. Je dis des conneries ?
Le jeune homme n’insista pas lorsque son aîné chercha à changer de sujet, ce qui était la plus sage décision. Le repas continua donc dans le silence, les deux hommes prenant le temps de déguster ce qu’ils avalaient. Largement repu, Ogawa regarda du coin de l'œil les desserts. Il n’avait plus très faim et n’était pas si gourmand que cela. Ceci étant dit, les pâtisseries étaient gracieusement offertes et il aurait été de mauvais ton de les refuser. Se forçant légèrement, il en prit un qu’il savoura de longues minutes durant. Cette spécialité de la région était délicieuse. Depuis toujours, le triumvir était plus fan du salé que du sucré, mais il devait reconnaître la qualité de ce dessert.
« En effet oui, c’est un met répandu dans le coin. Les locaux en mangent le soir venu pour se tenir chaud la nuit. C’est clairement pas mauvais. »
Les interrogations de Yukio quant à l’identité du quadragénaire et de son histoire firent ricaner plusieurs des Akayuki présents. La question était en effet ironique. Pour avoir du galon, il en avait, c’était un fait. Sans se séparer de son sourire, le jônin s’essuya la bouche.
« Eh bien, pas classique dans le sens où je ne suis pas né au sein du clan. D’un autre côté, nous recueillons tant d’orphelins qu’il est difficile de dire ce qui est normal ou non chez nous, expliqua-t-il posément. Ton intuition est bonne malgré tout, je suis membre du triumvirat Akayuki. »
Ce n’était pas un secret après tout. Ogawa aimait rester incognito dans un premier temps pour jauger son interlocuteur. Dans le cas du jeune jônin, il lui avait rapidement tapé dans l'œil. Quelque chose chez lui plaisait au père de famille. Il sentait qu’ils se lieraient d’amitié rapidement, il en avait la conviction.
« Mon bras t'intrigue visiblement, dit-il en jetant un coup de menton vers son moignon. T’en fais pas, c’est normal et avec le temps on remarque vite ces regards. Je l’ai perdu lors d'une embuscade durant la troisième guerre des neiges pourpres. Et ça c'était l'œuvre de Senshi, expliqua le triumvir en pointant les cicatrices sur son visage. Il était déjà si fort même à l'époque… Enfin, c’est vieux tout ça, l’eau a coulé sous les ponts et le sable recouvert les pierres. »
Un temps, il était vrai que l’Akayuki en avait voulu à l’actuel Kazekage. Par sa faute, sa famille avait périe et son clan natal avait été conduit vers son inéluctable déclin. Il avait longtemps eu la rage en y repensant mais ce n’était plus le cas aujourd’hui. Les Kobayashi avaient eu les yeux plus gros que le ventre et cela leur avait été fatal. Il n’y avait rien d’autre à dire. De toute manière, cela faisait bien longtemps à présent qu’Ogawa ne se voyait plus comme autre chose qu’un fier Akayuki, même si cela l'avait conduit par la suite à perdre un bras.
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Nozomo Yukio
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Nos voisins me jetaient des petits regards amusés maintenant que Ogawa, en face de moi, révélait son identité de ponte du clan Akayuki. J'accueillais la nouvelle avec une moue admirative. "Pas mal !" Le type devait être une bête de combat. Avec un bras en moins, c'était d'autant plus impressionnant.
Je savais que le clan de Kalida avait trois chefs, je n'avais pas plus d'information sur le mode de gouvernance : Comment ils prenaient les décisions ? Existence d'un droit de véto ? En cas de divergence d'opinion, comment ça marchait ?
"J'ai grandi au sein d'un clan avec un roi mythique et un chef le représentant, le village est dominé par une tête légendaire, pourtant toujours vivante. Même a Konoha, ils ont un chef unique !" Mon imagination ne considérais pas l'existence de mode de direction autre, mais il valait mieux des contre-exemples au modèle de Suna... Le monde avance sans doute avec différentes tendances. La guerre et la violence restaient encore un pilier de notre univers.
Le roux continua, repérant mon regard sur les blessures marquées sur son corps, il m'expliqua rapidement l'histoire derrière son moignon et sa gueule rapiécée. Je constatai son explication pour le bras en hochant la tête :
- J'imagine que c'est le prix à payer quand on est en première ligne, les gens qui se battent de loin n'ont pas à raconter leurs blessures. C'était clairement la différence entre Hayato et moi, lui à l'arc ne se retrouvait devant le danger que rarement alors que j'étais au casse-pipe. Heureusement, il était assez fortiche pour que je ne me retrouve pas avec des impacts de flèches dans le dos... Je me disais que cela serait étrange de raconter que son frère lui avait tiré dans le dos.
"C'est mieux comme ça, il est à sa place dans la réflexion et moi dans le combat". Pourtant, quand je finissais en sang et crispé par la douleur pendant que je me recousais ou me cautérisais les plaies, je me disais que c'était vraiment chiant. Cette mission dans les montagnes m'avait fait reconsidérer les choses, ne pas foncer et bien choisir mes combats était important.
L'histoire des cicatrices sur le visage me fit pousser un petit sifflement discret. Combattre le kazekage n'était pas une petite chose, en sortir vivant dénotait d'une force incroyable.
- Je n'ai jamais vu le Kazekage en action, mais du peu que je peux voir de ma genin issus de sa famille, les techniques des Serika sont très efficaces. Contrôler le sable, dans un désert, c'est un gros avantage.
C'était quoi ? Une variante du doton ? Hors du désert, il y avait-il des limites dans les techniques ? Je ne savais pas, beaucoup trop de questions.
- Tu as du galon et tu fais un peu partie de l'histoire de Suna, beau parcours. Une simple mission de protection peut amener à des rencontres très intéressantes ! Je levais ma chope, tout sourire. À l'eau dans le désert, et sous les ponts ! Pour fêter ça, j'engouffrai une nouvelle pâtisserie.
C'était vraiment bon, je pouvais rapidement devenir accro à ces conneries. Les nouveaux plats comme les nouvelles rencontres allaient bon train aujourd'hui, la vie était plutôt belle ce soir. Une parenthèse dans la vie de ninja, c'était pas mal. Il fallait bien un peu de détente dans une vie de risque et de crispation.
- Depuis combien d'années tu es le chef de cette bande de fripouille ? J'observais la réaction des Akayuki à table en rigolant, ils allaient de la consternation feinte à la franche rigolade. Il y a une ambiance différente de chez les Nozomo, ça, c'est sûr !
Adoptez-moi, bon sang ! Vous avez de la bière et des pâtisseries !
Serika Senshi était un véritable prodige, il n’y avait aucun doute à ce sujet. Mieux valait pour Yukio qu’il soit dans son camp le jour où il viendrait à le voir se battre sérieusement. Ogawa hocha la tête quand son collègue s’épancha sur les capacités du clan dirigé par le Kazekage. Maîtriser le sable dans le désert était évidemment très poétique, en plus d’être aussi particulièrement redoutable. Voir à limite même de la toute puissance tant qu’il se trouvait au sein du pays du Vent. Suivant le mouvement, le triumvir leva une fois encore son verre pour trinquer avec un immense sourire. Tout en buvant, il continua d’écouter le jeune homme.
« Quelques temps, trop d’années pour m’en souvenir précisément en fait. »
Le sourire d’Ogawa se crispa en entendant le nom du clan de son interlocuteur. Il était évident que les deux ambiances n’avaient rien à voir l’une avec l’autre. Les Nozomo étaient des shinobis violents et sans scrupules, bien loin du pacifisme naturel des Akayuki. Aux yeux du triumvir, ils n’étaient qu’une belle bande de bandits sans honneur, du moins une bonne part d’entre eux. Ce ne semblait cependant pas être le cas du jeune Yukio.
« Nous sommes des marchands avant d’être des guerriers. Nos armes sont plus généralement l’or et les mots que l’acier des lames. Il est évident que la différence te saute aux yeux, mais je suis assez bien élevé pour ne pas m'étendre plus longtemps à ce sujet. »
Par le passé, le père de famille avait eu personnellement des soucis avec plusieurs Nozomo mais par chance il évitait de généraliser pour le reste d’entre eux. Ayant largement mangé et bu, l’homme se leva lentement et prudemment de sa chaise.
« Je te souhaite de passer une bonne soirée mon garçon. On se voit demain. »
D’un pas presque droit, il s’éloigna pour sortir de la pièce principale. Bien vite, il eut rejoint sa chambre. Assez fatigué, le manchot s’écroula sur le dessus de son lit. La scène n’était pas très belle à voir mais après cette longue journée, le sunajin commençait à sérieusement fatiguer. Demain, il s’entretiendrait une dernière fois avec les tenanciers de l’oasis et quand la chose serait faite, rien ne retiendrait plus alors la délégation Akayuki.
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Nozomo Yukio
Suna no Jonin
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Les mots de Ogawa étaient dur, mais néanmoins juste. Les Akayuki étaient des gens qui ne privilégiaient pas la guerre, ils présentaient des capacités pour celle-ci mais ce n'était pas leur fonds de commerce. Ils n'avaient pas ce culte du sang et leur système politique sonnait plus réel que le roi pourpre des Nozomo... Tout sonnait comme mieux chez les marchands, mais je devais quand même défendre un peu mon clan.
- Je comprends votre méfiance par rapport à mon clan, je pense partager une partie de vos griefs, mais pour faire partie de la nouvelle génération des Nozomo je peux vous assurer qu'en interne les choses bougent. Je pensais à Hayato, je pensais aussi à moi : Nous avions subi la dureté du système clanique, marqués dans notre chair et notre esprit. La marque du roi pourpre était vivace, mon style de combat en était la preuve. Il faudrait qu'ils s'ouvrent au monde extérieur, c'est sûr... Je bus une large gorgée de bière. Et qu'ils se détendent.
Bien vite, Ogawa s'éclipsa en me présentant ses hommages. Je lui fis un petit signe de tête, très content de la discussion et du repas. Tardant à aller me coucher, j'allais blaguer avec mes camarades du convoi, puis, je me mis en tête de faire une petite promenade digestive avant de me lancer dans les contrées des rêves. Les dunes, de nuit, étaient toujours belles et la fraicheur sous la lune marquée durablement les esprits par rapport aux heures brûlantes du jour. "Ce que le jour doit à la nuit..." Passant ma main, paresseusement, dans l'eau claire de l'oasis, je portai ma main à la bouche pour gouter le liquide.
- Même l'eau est bonne ici, c'est vraiment un endroit de rêve. Le désert était hostile, mais l'on trouvait dans certains endroits des abris face à sa menace... ou bien, joueuses, les dunes nous donnaient des places confortables pour mieux nous avaler par la suite. Quelques grains soufflés par le vent nocturne confirma l'une de mes réponses. Le sable n'était pas celui de la plage, du loisir et de la station balnéaire.
Tranquillement, je rejoignais ma tente pour avoir un sommeil réparateur, il faut quand même se souvenir que j'avais traversé une partie du désert. La veillée de bienvenue du convoi m'avait pas permis de faire une sieste et je sentais que c'était la merde sous mes paupières. "Le corps humain est résistant, c'est beau". Sur ces pensées, je m'endormis.
Le lendemain, le réveil fut brutal. Le camp, c'était levé quasiment en même temps, car le bruit de l'activité perce allégrement la fine toile de l'abri.
- Endroit de rêve, mon cul ! Il serait bien si j'étais seul ... Faisant des tonneaux sur mon lit de camp, je fus décidé bien vite à me lever, car pas moyen de pouvoir pioncer maintenant.
Enfilant un haut, j'ouvris les pans pour découvrir le jour. "Ce que le soleil doit à mes yeux..." Je fermais un œil pour que ça ne pique pas trop, puis le ré-ouvrais en fermant le premier. Technique de sioux. Le monde s'affairait à porter des caisses, tirer des engins et faire rouler des chariots. "On lève le camp et personne me prévient ?" Je posai nonchalamment la question à un type de passage et celui-ci me regarda avec des grands yeux, me faisant remarquer que c'était toujours comme ça dans le camp. C'est un endroit commercial alors les gens... Commercent. "Pas con"
- Bon, qu'est-ce que je peux faire pour mettre la main à la pâte, mon brave ? Le petit dej' attendra.
Lorsque vint le matin, la chaleur de la chambre d’Ogawa monta en flèche. Transpirant déjà à grosses gouttes, il se retourna plusieurs fois sur lui même en maugréant. Sa bouche était pâteuse, sa gorge sèche et sa tête lui faisait mal. Qu’il était moche de vieillir. Si les choses continuaient ainsi, il finirait un jour par ne plus du tout supporter la gueule de bois. Que ferait-il alors ? Arrêter de boire ? Quelle bonne blague, très peu pour lui. La boisson était la seule amie vicieuse et pernicieuse qui lui restait vraiment. Une grimace lui déformant les traits, l’homme se leva de son lit provisoire et alla se passer un peu d’eau tiède sur le visage. La fraîcheur du liquide comparée à la chaleur de son corps lui fit grand bien. Prenant le temps de bien se réveiller, il resta assis quelques minutes, somnolant à moitié.
Quand un jeune Akayuki vint le déranger pour lui parler du rangement du camp, il se décida à sortir de sa grotte. Pendant que ses hommes s’attelaient à leur tâche, Ogawa s’entretint une dernière fois avec ses hôtes. La visite avait été mutuellement bénéfique pour les deux familles, le triumvir n’avait aucun doute à ce sujet. Il savait pouvoir rentrer chez lui la tête haute et avec le sentiment du devoir accompli. Lorsque le chef revint auprès des caravaniers, le camp était presque intégralement rangé et les demeures prêtées restituées. D’un œil, le père de famille vit que son compair de la veille semblait quelque peu perdu. S'approchant, il se rendit compte qu’il souhaitait donner un coup de main.
« Je suis sûr que tu t’en sortiras seul Hiroyuki, dit-il en offrant un signe de tête à l’homme qui conversait avec le jônin. Quant à toi mon garçon, fais moi le plaisir de me tenir compagnie tu veux. » conclut le triumvir en l’emportant avec lui.
De sa poigne puissante, le manchot attira le jeune jônin et commença à marcher. Il souhaitait les éloigner quelque peu de la cohue ambiante. Tenir une discussion dans ces circonstances n'avait rien d’une sinécure.
« Pouah, j’ai un mal de crâne carabiné, c’est une horreur. Allons nous poser à l’auberge le temps que mes gars aient terminé. On prend un truc à se mettre sous la dent, une petite douceur liquide pour faire passer le tout puis on partira en pleine forme. Vendu ? »
La question était presque rhétorique. Ogawa agissait là par politesse, même s’il savait que son collègue allait accepter. Son rôle n’était pas d’aider à ranger le camp, il était ici pour protéger la caravane. Bien sûr, maintenant que le triumvir était présent, ce n’était plus une véritable nécessité, mais il aurait été de bien mauvais ton de le laisser derrière.
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Le type devant moi ouvrit la bouche avant que le patibulaire rouquin ne lui coupa la parole pour lui dire de se barrer. "Bon, ..." D'un geste puissant, le manchot me tira pour me pousser à le suivre, me demandant presque gentiment de lui tenir compagnie. "J'aurai peut-être mon petit déjeuner finalement". Sans un mot, je collai au basque de l'Akayuki qui déblatérait sur son mal de crâne et sur son besoin de boire un coup et de manger un morceau.
- Je ne dirais pas non à quelque chose pour combler mon estomac. Aucun commentaire sur l'âge de mon camarade, j'étais le genre à vomir dans les bars et à repeindre l'entrée des établissements. Hayato m'appelait "l'utilisateur du suiton" depuis quelques semaines. "Je ne suis pas un grand buveur, c'est comme ça". La bière de la veille avait été parfaite : fraiche, peu alcoolisée. Je dis vendu !
Nous voilâmes devant une auberge qui n'avait rien à voir avec la tente des festivités de la petite soirée, faites en dur elle était destinée à accueillir toutes sortes de voyageurs : Du bon marchand au gros brigand. "Les mecs d’hier pourraient très bien se trouver ici, s'ils avaient un peu de courage". M'asseyant à une table, face à Ogawa, je commandais bien vite une grande tasse de maté, ils en avaient et j'étais persuadé que la variété du coin était délicieuse, ainsi que quelques pâtisseries en donnant comme indications sur leurs noms un vague : "Les pâtisseries de la soirée d’hier soir, avec du miel et super sucré, là !" La serveuse me sourit nerveusement avant de s'éclipser.
- Je crois qu'elle a compris. Un sourire un peu vague sur le visage, je me redirigeais sur mon compère. On repart alors ? Le contrat est signé ? Je regrettais déjà les pâtisseries et l'ambiance, ainsi que l'eau claire, même si les matinées étaient un peu hardcores.
M'adossant au dossier de ma chaise, je scrutai les environs. Du monde prenait un petit café, d'autres entamaient la journée avec une bière. "C'est chaud, quand même". Le maté était la seule manière pour moi de prendre un repas de bon matin, c'était comme ça... Une drôle de sensation me vint.
- J'ai l'impression de plus servir Suna en nouant des liens avec les tribus et les factions, qu'en les combattants. Je me redressai pour mettre mes coudes sur le bois du support. Récemment, j'étais en mission pour surveiller et briser une alliance de nomades... Pourtant, en parallèle on s'associe à d'autres forces.
La serveuse revint avec un plateau chargé de nos commandes : De mon côté, une belle tasse et deux pâtisseries qui ne ressemblaient pas à leurs petites sœurs de la veille. "Elles doivent être bonnes aussi". Je la laissais partir, avec un sourire et un petit regard sur ses formes, avant de me reprendre.
- La politique est complexe dans le désert, les autres villages ont des problématiques équivalentes ?
La caboche en peine, Ogawa grimaça en essayant de sourire face à l’enthousiasme de son cadet. Un bon petit-déjeuner lui ferait le plus grand bien. Suivant le rythme, il accompagna Yukio dans une auberge sans grande prétention. Silencieux, il laissa son comparse commander les mêmes pâtisseries qu’il avait semblé adorer la veille. Arborant un sourire discret, le triumvir attendit son tour pour commander un bol de café, un jus de fruit pour une touche sucrée et un bol de riz gluant. Il avait besoin de quelque chose qui lui teindrait au corps sans avoir besoin de perdre son énergie à mâcher inutilement. Du liquide et du presque liquide, voilà qui serait parfait.
« Si on veut. C’est toujours compliqué, généralement pour pas grand-chose, mais en gros c’est l’idée. »
Avec attention, Ogawa écouta les mots de son collègue. Le fait qu’il ait été envoyé briser une alliance de tribus nomades n’avait rien de surprenant. Pour une fois qu’il ne s’agissait pas tout bonnement et simplement d’exterminer des regroupements kaigans. Pensif, le jônin se frotta le front, tant parce qu’il avait mal à la tête que parce que le problème soulevé par son interlocuteur était difficile.
« La politique du Kazekage est assez simple à comprendre. Tout ce qui n’est pas de son côté est de facto son ennemi. C’est une vision simple des choses, peut-être trop parfois, mais elle a le mérite d’être claire. L’alliance que tu as été contraint de briser s’unissait dans le but de résister à Suna. Qui sait, peut-être nous aurait-elle été préjudiciable à terme ? C’est ainsi que raisonne Senshi. Si les tribus se joignent à nous, les choses se font bien plus en douceur. Ne cherche pas plus loin les raisons qui expliquent cette différence de traitement d’un cas à l’autre. »
Aux yeux du triumvir, les choses étaient effectivement simples, presque simplistes. Il ne soutenait pas la doctrine de son dirigeant. En tant que marchand et pacifiste convaincu, il doutait qu’il soit possible de parvenir à une réelle hégémonie dans le désert et ses alentours en procédant ainsi. La réputation du village était déjà assez déplorable à l’étranger comme ça et ce n’étaient pas les misérables tentatives de discussions initiées par un Kazekage qui s’en trouvait absent qui changeraient quoi que ce soit. Souvent, Ogawa se demandait si le fait de rejoindre Suna n’avait pas été une erreur. D’un autre côté, au vu de l’état déplorable du clan peu avant cet évènement, il avait du mal à s’en convaincre. Comme toujours, rien n’était vraiment si simple une fois que l’on en venait à creuser un peu sous la surface.
« Franchement, tu sais mon garçon, j’ai bien l’impression que par essence la géopolitique est compliquée. Rien que le commerce est loin d’être une mince affaire, alors la politique… Mais pour répondre à ta question, non, je doute que nous soyons les seuls à rencontrer des problèmes. J’en suis même intimement convaincu. La simple création du village en est la preuve. Tu te rends compte un peu ? Deux ninjas d’exception se donnant la mort l’un à l’autre pour savoir qui serait le chef. Quelle absurdité. Le monde nous voit comme un peuple belliqueux et prompt à la guerre, mais à la réalité, nous sommes juste plus francs que les autres. Suna ne se cache pas derrière de faux semblants, contrairement à nos rivaux adorés. Enfin, qu’est-ce tu veux qu’on y fasse à notre petit niveau ? Et puis j’ai vraiment super mal à la tête... »
Vivre perpétuellement dans l’excès était loin d’être une bonne chose. Plus le jônin vieillissait, plus son corps lui rappelait cette vérité amère et sans prendre soin d’enfiler des gants. Dire qu’à une époque il aurait été en mesure de festoyer comme un seigneur pendant une semaine et repartir en mission frais comme un gardon le lendemain. Ces jours, tout comme ceux où il était véritablement heureux, étaient bien loin à présent. Le teint pâle et la mine basse, Ogawa plongea presque le visage dans son bol de café bouillant.
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Le triumvir m'expliqua un peu la politique du Kazekage, sirotant ma tasse de maté qui était somme toute assez bonne, je réfléchissais aux paroles de mon camarade, bien que supérieur dans la hiérarchie. Celui-ci semblait mal en point, l'age ? Le trop plein d'alcool ? Je ne buvais pas tant que ça, mais lui avait passé la soirée à picoler. Un peu des deux, j'imaginai que d'ici vingt ans, je n'allais plus être dans la même forme qu'aujourd'hui. "Physiquement, il est encore aiguisé, le problème, c'est le métabolisme." J'avais vaguement entendu parler d'un phénomène de compensation et de surcompensation, passé un certain âge : Ogawa devait être en plein dedans. "Qu'il est dramatique de vieillir."
- Je vois ce que vous voulez dire, soit avec moi, ou contre moi. Il n'y a pas de milieux... Une petite bouchée dans ma pâtisserie et je continuai. Une vision militariste, on m'a envoyé souvent faire des boulots un peu crades pour calmer des tumultes. Pendant longtemps, j'avais l'impression que c'était la bonne voie pour contrôler le désert, mais peut-être qu'il n'a pas besoin d'être contrôlé ? Une relation avec les tribus et les clans locaux, dans le genre donnant-donnant, peut être aussi utile. Enfin, je ne suis pas un politique, à peine un exécutant. Je rigolai, m'adossant à ma chaise en observant le coin.
Les gens passaient : Des Akayuki, des nomades, des marchands itinérants venant de quelques coins du Sekaï... Peut-être était-ce possible, si Suna était moins agressive et manichéenne de pouvoir tirer quelque chose. Les mains sur le contenant de ma boisson, j'appréciais la chaleur mouillée. Deux Akayuki bavassait sur la festivité de la veille, théorisant sur le traité commercial, j'écoutai vaguement avant de me tourner vers mon partenaire de petit déjeuner pour l'écouter me donner son avis sur les autres villages : la géopolitique, compliquée. Le commerce, compliquée. La politique, compliquée. Tout était compliqué, surtout un matin de décuvage. L'origine des villages semblait être une affaire de force, je ne pouvais pas lui donner tort : A la fondation de Suna, j'étais très jeune, mais je me rappelai des rumeurs. Si proche de nous, il y avait de grands enjeux ! Enfin, le roux considérait le village du sable comme un village franc, par rapport aux autres... Je ne savais trop quoi en dire, je n'avais jamais foutu les pieds dans ces patelins.
- Si vous le dites, je n'ai toujours connu que Suna : Konoha ou Uzushio sont inconnus pour moi. Soupirant, j'avouai enfin. Tout ça, c'est un truc pour mon frère.
Le roux avait mal à la tête et plus le temps passait plus son teint devenait grisâtre. Son bol de café, un jus de fruit et une soucoupe de riz gluant ne permettait pas de se remettre d'aplomb après sa soirée de vice. Fronçant les sourcils, je tendais une pâtisserie orientale, comme un moyen de faire diversion :
- Vous en voulez ? C'est super bon, je vais en parler à la commerçante à côté de chez moi. Elle va en commander, ça va redynamiser l'économie de Suna ! Une petite boutade, faites à un marchand bien plus prestigieux que Mamie-maté. On a apporté le maté dans le désert, c'est un exploit ! Vous avez déjà gouté le maté ?
La géopolitique, inconnue, au bataillon, le maté, ça oui je connaissais !
Main sur le visage, Ogawa soupirait face à son mal de tête. Quelle foutue gueule de bois de merde. Faudrait pas vieillir franchement. Continuant d’écouter le jônin, il avala un peu de riz. Son regard se reporta vers lui quand il expliqua n’être finalement qu’un petit rouage dans une immense machine. En soit, il n’avait pas tort. Même le manchot, qui était pourtant membre du triumvirat Akayuki, n’avait qu’un très faible pouvoir de décision en ce qui concernait les décisions politiques prises par Suna. Au mieux, il était parfois consulté mais ce n’était pas systématique. Dans le pays du Désert, seule comptait véritablement la voix du Kazekage. Les choses étaient ainsi. Cela était-il en revanche bénéfique, il était bien difficile de le dire.
« Je doute également que le désert ait vraiment besoin d’être contrôlé de la sorte, ni même que cela soit nécessaire mais notre bon dirigeant pense autrement et tu n’es pas sans savoir que dans notre joyeux village la loi du plus fort est absolue. C’est comme ça. »
Pourtant, cela n’empêchait pas le Akayuki de rester un pacifiste convaincu et d’œuvrer dans son coin pour la grandeur du village sans avoir besoin d’en passer par les armes. Peut-être que la jeune génération des Nozomo serait en mesure d’agir de la même manière. De ce qu’il voyait, cela était loin d’être impossible mais il demandait à rencontrer d’autres énergumènes comme Yukio, à commencer évidemment par son frère. La mine toujours aussi basse, le roux grimaça en voyant son homologue lui offrir une douceur sucrée.
« Oh non, c’est gentil mais ça ne passera pas. Puis de toi à moi, je suis plus sucré que salé généralement, alors un truc pareil… Merci quand même mon garçon. »
Ce petit gars avait tout l’air d’être vraiment un chic type. La première et agréable bonne impression qu’avait eu Ogawa à son égard semblait se confirmer. Pour être franc, il ne pensait pas pouvoir apprécier de la sorte un Nozomo. Les membres de ce clan étaient souvent des brutes sans cervelles convaincus du seul bienfondé du combat et des massacres en tous genres. Ils avaient beaucoup en commun avec les kaigans si l’on mettait de côté leur extrémisme religieux. Ce jeune Yukio était un vent de fraicheur. Haussant un sourcil, le triumvir regarda la tasse du jônin.
« J’ai eu l’occasion d’en goûter à l’étranger mais franchement c’est pas mon truc. Comment tu fais pour boire un truc pareil ? »
L’expérience n’avait vraiment pas été heureuse pour le manchot. En plus d’être à moitié saoul à ce moment, il avait eu la malchance d’être malade et avait vomit l’intégralité de son maté par terre. Le cerveau humain étant ce qu’il était, il associait aujourd’hui ce breuvage à la régurgitation. La simple idée de devoir avaler un peu de cette boisson lui donnait des hauts le cœur, ce qui, au vu de son état actuel, n’était pas une bonne chose du tout. Pour faire diversion et tromper ses sens, le quadragénaire s’empressa donc d’avaler son verre de jus d’orange, se coinçant au passage un peu de pulpe entre les dents.
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- La loi du plus fort, hein ? Je fis la moue, regardant fixement ma tasse de maté. On trouve toujours plus fort que soi, malheureusement.
Je ne savais pas trop quoi en penser : Je n'étais pas un cerveau, ni un théoricien politique, mais ma vision était celle du soldat qui vivait le système quotidiennement. Mission après mission, nous étions des gardiens comme des destructeurs. Pour l'argent, le pouvoir, la renommée... Parfois juste pour que le village est une présence politique dans une région, dire qu'il était proche. Des outils, comme des couteaux suisses, mais notre vraie nature n'existait pas vraiment : J'étais ce qu'il fallait que je sois pour la tâche en cours, pas plus et pas moins. Où était la force là-dedans ? Être assez fort pour abattre notre cible ? Pour protéger tel convoi ? Certaines valeurs, attachées plus intimement à l'humain, étaient totalement ignorées : La confiance, la communication, ...
- Mais vous avez raison, le désert n'a pas à être contrôlé. Sauf que les voisins essayent de contrôler leur territoire, il faut faire de même sinon on est en retard... Enfin, c'est peut-être trop pour un simple matin. Je souris, refaire le monde n'était pas une question de parole dans un bar. Il fallait voir plus grand, et nous n'étions pas des grands... Enfin moi, Ogawa pouvait sans doute faire bouger des choses, avec un peu de doigté.
Ma proposition fut rejetée par le rouquin, il était "plus sucré que salé". Je baissai les yeux sur ma boisson, mettre du sucre dedans serait un blasphème pour... Pour le maté ! Il fallait le boire pur, sans artifice. Je voyais parfois des gens mettre du sucre ou du lait dans leur thé, je ne comprenais pas... Leurs pauvres artères. L'Akayuki, fort de ses voyages, avait déjà gouté la mixture, mais il n'aimait pas. D'un hochement d'épaule, j'essuyais la nouvelle. "C'est bon le maté, pourtant". Ouvert à la discussion, il me demanda comment je pouvais aimer ça ?
- Eh bien... Je trouve ça bon, j'ai essayé il y a quelques années et depuis j'en bois beaucoup, ce qui n'est pas très cool pour ça. Je tapotai mon torse, à l'endroit de mon cœur. J'ai entendu que c'était excellent pour la santé, pour le corps après l'effort, alors j'en bois. Peut-être que j'ai associé ça à un truc de santé, je ne sais pas. Je peux comprendre, pourtant, qu'on n’aime pas. C'est amer aux premières gorgées. Après on s'habitue. Pour valider ma théorie, je vidai mon contenant. Ne laissant que mes feuilles, dans un bruit de succion montrant l'absence d'eau. Peut-être qu'on vous l'a mal préparé, les gens ont tendance à louper des étapes ou juste mettre de l'eau trop chaude et ... Brûler les feuilles. Vous l'avez gouté où ? J'aimerais savoir où je peux en trouver pour en rapporter ou conseiller la patronne du commerce dans le choix des fournisseurs ! Je rigolai, ma mission tournait en une prise d'informations pour les besoins de mamie.
Le petit déjeuner se passa sans encombre, du jus de fruit à outrance pour Ogawa qui se sucrait d'une curieuse façon et moi qui n'en étais pas en reste avec mes pâtisseries... L'abus de sucre était un danger, mais je n'osais imaginer quelles maladies pouvait se développer : un trouble de l’assimilation, de l’utilisation et du stockage des sucres ? Le corps qui ne sait plus quoi faire, et c'est la merde ? Secouant la tête, j'évacuai ses pensées vagabondes. Pas besoin de réfléchir à ça, je faisais assez de sport pour évacuer toutes les merdes de mon organisme : Le sucre n'avait qu'un droit de passage chez moi.
Grignotant suspicieusement une pâtisserie, je repris la parole. L'homme en face de moi avait vu les débuts de Suna, les objectifs de bases et ce qui en a découlé. Sans doute qu'il pourrait m'éclairer :
- Dites-moi, les fondations de Suna se sont faites comment ? J'étais trop jeune à cette époque, mais je me pose une question. Il a été fait dans ce but-là ? Je veux dire, la loi du plus fort et la domination du désert ? C'était quoi l'objectif premier ? Une question peut-être stupide, mais sans doute que le Suna d'il y a quinze ans et celui d'aujourd'hui différaient. "Peut-être celui dans dix ans sera différent".
Fallait-il contrôler le désert ? Pouvait-on laisser les voisins s’organiser et représenter potentiellement une menace à terme ? Ogawa, quand bien même retournait-il le problème dans tous les sens, ne parvenait pas à y voir là une bonne chose. Très peu pour lui, il aimait lorsque les intentions des gens étaient claires et franches. Rien ne servait de se voiler la face, Suna cherchait simplement à assoir son hégémonie, rien de plus, rien de moins. Rejoindre le village avait été profitable pour le clan Akayuki, salvateur même. Il revenait aujourd’hui aux ainés d’assumer leur choix et d’en subir les conséquences.
Reportant son attention sur le maté, le jônin fatigué regarda son homologue lui faire tout un laïus sur les raisons qui pouvaient justifier le mauvais goût du breuvage qu’il avait consommé jadis. Pourquoi est-ce que cela lui tenait à cœur à ce point ? Si demain l’on venait dire au manchot détester le café il n’en aurait cure. C’était à croire qu’il avait des actions dans un magasin de revente de maté. Si ça continuait ainsi il allait bien vite lui proposer une produit miracle perdant de faire repousser les membres disparus. Cette idée fit rire intérieurement le père de famille.
« Franchement je ne saurai pas te dire, ça fait des années. Un coin tranquille au sein des plaines fertiles. Proche du village de Kanamori peut-être bien. Ou bien c’était Kamoneri ? Va savoir. »
Quoiqu’il en soit, le sujet n’intéressait guère le roux qui ne chercha pas plus longtemps à s’épancher sur la question. Il était de toute façon bien plus occupé à tenter de faire passer comme il le pouvait sa violente gueule de bois. On aurait dit un jeune matelot en train d’écoper une chaloupe trouée en pleine tempête. Une scène assez misérable en somme. Quand le jeune jônin revint à la charge, il chercha à en connaitre plus sur l’histoire du village, plus précisément sa fondation. Cette demande étonna le manchot.
« T’es pas censé être un Nozomo toi ? demanda Ogawa en haussant un sourcil
Sa question, même si elle semblait absurde et rhétorique, était tout à fait pertinente. Le fameux clan de guerrier était là dès la fondation du village, ce qui n’avait pas été le cas des Akayuki. Ces derniers n’avaient rejoint Suna que huit années plus tard, une fois l’an 10 venu. Ignorait-il une chose aussi basique ou l’avait-il oublié ? La surprise laissa pantois quelques secondes le quadragénaire qui se reprit assez rapidement malgré tout.
« Eh bien, logiquement tu as passé plus de temps à Suna que moi, mais si tu étais jeune je comprends tes interrogations. Disons que, d’emblée, il a bien été question d’une certaine suprématie du clan Serika sur le désert. Les shirogane sont bien sûr loin d’être en reste, énormément plus qu’à la fondation du village en fait. Senshi a toujours été un conquérant, c’est dans sa nature et sur ses terres nul ne l’a jamais vaincu. Du moins l’était-il quand nous avons combattu ensemble et lorsque j’entendais parler de ses exploits. Je n’étais pas présent mais de ce que je sais, c’est l’idée. »
Il n’y avait pas beaucoup plus à en dire. En une quinzaine d’années, le village n’avait finalement pas beaucoup évolué. Certes il s’était renforcé et comptait plus de guerriers, mais les choses restaient fondamentalement les mêmes. Le même chef belliciste et expansionniste gouvernait toujours et la grande majorité de ses sujets lui étaient dévoués et loyaux. Même Ogawa, qui pourtant était loin d’être un fervent partisan de l’homme ou de sa politique, lui vouait une fidélité exemplaire.
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Suna no Jonin
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Date d'inscription : 09/12/2020
Age : 26
Fiche du Ninja Grade & Rang: JOUNIN - RANG B Ryos: 160 Expérience: (2847/1200)
D'un œil vague, je notai dans ma tête les quelques adresses pour le maté : À discuter plus tard avec mamie. On en perdait rien à prendre contact avec des types de ces coins. Fronçant les sourcils, j'essuyai la remarque de Ogawa sur ma connaissance du village. J'étais jeune lors de mon arrivée et je n'avais que peu connu le monde extérieur avant ma nomination en tant que genin... Je me concentrai, les yeux dans mon maté, pour me rappeler mes jeunes années. L'arrivée des Akayuki dans le village, en l'an dix ? J'avais une quinzaine d'année, chuunin et froid comme la glace... Enfin, quand je ne m'échauffai pas pour partir au combat.
De sales années, j'avais peu de souvenirs de celles-ci : Séparé de Hayato car trop jeune, mais assez vieux pour être livré à moi-même. J'avais dû m'endurcir après Ishi, j'avais dû devenir un Yukio bien différent du jovial et épicurien homme.
- J'ai connu peu de Akayuki, je ne me préoccupais pas beaucoup des autres habitants de Suna durant mon adolescence : Les Nozomo ont mauvaises réputations, comme vous le savez, et dans le clan même nous étions des parias à cause de notre ascendance un peu... extérieure. Je faisais mes trucs dans mon coin, sans vraiment faire attention : Mon regard était tourné vers nos ennemies dehors. Je levai les yeux sur Ogawa. J'ai dû sortir du domaine seul quand j'avais une dizaine d'années, mais je ne suis vraiment sortie de l'influence conservatrice du clan que récemment, quand je suis parti m'installer ailleurs. Une petite grimace apporta la fin de mon laïus. J'ai des choses à apprendre encore sur le village, je suis désolé si je parai idiot. Mon frère en sait plus que moi, il s'intéresse beaucoup sur les jeux de pouvoirs... Même si c'est élémentaire. On va mettre ça sur le réveil. Je ricanai, un peu honteux, en me grattant l'arrière du crâne.
"Je devrai m'intéresser plus à tout ça, pour un juunin ça craint un max." Quelque part dans le désert, un grand dadais calculateur devait se taper le front devant la méconnaissance de son frangin... Un super futur chef de clan, hein ? Même pas foutu de retenir des dates. "À force de me faire taper dessus, je dois oublier des trucs. Quelle tête de con."
Pour la suite, je ne pus qu’acquiescer : Je ne retenais pas les choses extérieures à moi, peut-être comme quoi j'étais un peu égocentrique, mais j'avais souvenir de mes missions pour mater des nomades. Jamais de Kaigans, mais beaucoup de populations du désert... Même récemment. Et ça ne semblait que s'accélérer.
- Le regard du Kazekage semble se tourner vers d'autres terres que le désert : Je ne suis pas géopolitologue, comme vous, mais ça sonne comme une conquête. Je faisais tourner quelques feuilles dans le fond de mon contenant, avant de boire ce qu'il me restait d'eau infusée de bonnes choses.
Finissant ma boisson, je m'enquerrais de l'état du petit déjeuner frugal de mon camarade. Terminé également, je me levai de table. Le ventre plein de sucre et de liquide, j'avais envie de me dégourdir les jambes : Aider à remplir les chariots ? Seller les chevaux ? Tout me paraissait sympa à faire pour évacuer les calories.
- C'est quoi la suite, patron ? D'un sourire, je faisais passer ma boutade. Le réveil était lointain, mais parler de géopolitique et de Suna était un peu chiant à la longue : Le village était au centre de nos vies, de notre travail, même de nos conversations ? Sale habitude que d'être dans le microcosme de Senshi, même si c'était juste refuser une évidence. Nous étions des pions, même quand nous buvions nos cafés et beurrions nos tartines.
Un peu d'action, de grâce ! Des bandits en chemin ?
Plus le Nozomo parlait, plus le triumvir commençait à se dire que son ignorance était grande. Le fait qu’un jônin du village en ignore autant sur sa propre nation, son histoire et son dirigeant l’étonnait profondément. Il fallait croire que l’isolement de ces guerriers sanguinaires était bien plus grand qu’il ne l’avait supposé. Après tout, à bien y penser, c’était la première fois qu’il conversait aussi longuement avec un ressortissant de cette famille sans avoir des envies de meurtres ou une furieuse envie de se taper le visage contre un mur. Yukio était différent et avec un peu de travail il ne serait pas difficile de l’instruire suffisamment pour devenir un ninja entièrement complet. Si son frère, dont Ogawa avait amplement entendu parler, était de cet acabit, l’avenir semblait radieux. Grâce à de jeunes gens prometteurs comme eux, les Nozomos pourraient connaitre un âge d’or en s’ouvrant au monde, tout du moins à leurs compères sunajins.
« Si ça sonne comme une conquête c’est parce que c’en est précisément une. Pas besoin d’être un expert en la matière pour le voir ou le comprendre. En fait, c’est même exactement ce qui nous a été expliqué par l’intendante. » soupira Ogawa en relevant les yeux vers son collègue.
Au moins, pour une fois, Senshi essayait réellement de faire les choses bien. Il souhaitait conquérir, non par les armes, mais en se rendant si utile pour la population et les seigneurs qu’ils n’auraient d’autre choix que de supplier le Kazekage de les annexer. La chose était loin d’être idiote et Ogawa louait sincèrement ces directives. Faire couler le sang inutilement n’avait aucun sens et il n’estimait pas correct de piller ou massacrer pour assoir son autorité. En agissant comme le ferait le village, le soutien de la côte serait acquis et les révoltes n’auraient pas lieu. Quand finalement les deux jônins eurent terminé leur repas, le plus jeune s’enquit de la suite des réjouissances.
« On lève le camp mon garçon, voilà la suite des opérations. Dès que les hommes auront terminé de tout préparer, nous partons. »
Malgré son état de fatigue et ses fortes céphalées, le manchot se releva. Il allait un peu mieux après ce petit-déjeuner mais les choses n’étaient pas parfaites pour autant. L’alcool devait avoir été frelaté, ce n’était pas normal qu’il se sente si mal. Une fois sorti du bâtiment, il s’enquérait de l’avancée de la mise en place du convoi auprès de son lieutenant. Ce dernier lui affirma qu’il n’y en avait plus que pour une dizaine de minutes. Se tournant vers Yukio, le roux se frotta le menton.
« Je vais retourner faire un somme. Les hommes connaissent la route et j’ai confiance en toi pour les aider en cas d’attaque. Allez, à plus tard. »
La mine basse, le triumvir se dirigea vers son chariot. Il n’était pas bien malin de voyager dans le désert avec un tel engin. Les roues peinaient à avancer dans le désert, ralentissant énormément le convoi, mais cela permettait de prendre bien plus de marchandises. Avantage dû à son poste, Ogawa avait son propre chariot couvert par une toile dans lequel il décida de se cacher du soleil et des yeux indiscrets. Après un bâillement de plusieurs secondes, il se coucha sur une paillasse improvisée composée essentiellement de couvertures. Tombant comme une brique, il ne tarda pas à trouver le sommeil. Lorsque la caravane se mit en route, il ne s’en rendit pas compte
.JENAA
Nozomo Yukio
Suna no Jonin
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Ogawa sonna le début du voyage, mais il partit faire la sieste en me laissant la sécurité du convoi. "Je suis là pour ça !" Pourtant, je fronçai les sourcils en voyant le quarantenaire partir retourner au lit...
"Oh Papy ! Un café et au dodo ?"
Laissé en plan, je cherchais quoi faire. Bien vite, je pris part au chargement : C'était toujours pas mon rôle de transporter les charges, mais je n'allais rien d'autres à faire alors... Les produits de luxe de la veille se changèrent en produits alimentaires et des fourrures. Le poids augmenta un peu, mais pas assez pour me donner une quelconque difficulté... Même si à la longue, mon dos faisait un peu mal. Les Akayuki me remercièrent d'un sourire et d'une promesse de bière en rentrant au village. Encore une fois, ça me faisait chaud au cœur de me sentir incorporé dans un groupe.
Je filai à ma tente pour récupérer quelques affaires et nous pouvions lever le camp. Enfilant quelques tissus pour me protéger du soleil, je me plaçai au côté d'un chariot pour entamer la marche. Les roues n'étaient pas très pratiques dans le désert, mais au moins je pouvais marcher à une bonne allure sans trop accélérer. Si besoin, pas besoin de sauter du transport. Le réel avantage était le chargement. Beaucoup des roulottes étaient couvertes d'une bâche pour protéger les denrées du soleil, histoire de ne pas réchauffer trop certaines nourritures, d'autres contenant sans doute des fourrures ou des objets qui ne craignaient pas, étaient découvertes. J'avais vite repéré celui de Ogawa : Une toile couvrant le refuge de sieste du chef.
Je fis un petit signe de tête au chauffeur, proche de moi. J'étais très content du séjour et des repas. Marchant gentiment, je blaguais avec mes camarades du convoi, alors que la promenade digestive jusqu'à Suna commençait. Les dunes, de jour, étaient toujours belles, même si je préférais la fraicheur sous la lune.
"Ce que le jour doit à la nuit... Oui"
Si d'apparence j'avais l'air détendu, j'étais quand même chargé de la sécurité... Avec les gardes issus du clan marchand. Une partie de mon cerveau surveillait les environs et ma main restait cramponnée au sabre à ma ceinture.
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