L'Isthme du Gel. Aux prémices d'un printemps qui tardait à arriver, la neige n'avait de cesse de tomber sur les hauts monts et vallées abruptes de la région. Encore cette nuit, alors que la Lune brillait ardemment dans le ciel, des flocons tombaient en flots discontinus et modérés sur le manteau immaculé déjà fort bien présent. Et dans ce cadre des plus magnifiques, nulle vie ne semblait vouloir perturber la douce mélodie de ce silence de mort qui avait ce don de glacer aussi bien l'âme que le corps. Pourtant, alors qu'un énième résidu d'eau gelé vint à toucher la frêle extrémité d'une plante quasi enseveli, une ombre passa près d'elle, faisant tomber l'amas blanchâtre qui menaçait de la faire disparaître.
L'homme, ou du moins ce qu'il en fut, laissait échapper de puissants nuages de fumées de sa bouche, alors que son regard se portait tantôt sur l'horizon, tantôt vers le chemin qu'il avait parcouru le regard inquiété par ce qui le poursuivait. Sa chevelure rousse ne faisait apparaître sa couleur rougeoyante que lorsque les éclats de l'astre diurne arrivaient à percer l'épais feuillage des sapins qui bordaient le flan de la montagne. Tentant de feinter quelques allés et venus dans l'épaisse poudreuse pour broyer sa piste, il finit par soudainement se retourner, voyant l'animale enragé fondre sur lui dans un bond surnaturel.
Très vite, il tenta de se protéger, essayant par tous les moyens de s'extirper de l'emprise de cette bête avide de sang et de chair qui tenta de plonger ses crocs dans sa gorge. Un acte qu'il esquiva de justesse en lui offrant un coup de coude dans la face, ce qui fit reculer la masse sombre qui étouffa un cri alors que ses griffes avaient, dans sa chute, lacérées le bras du pauvre homme qui hurla de douleur. Mais l'adrénaline et la peur de la mort étant de puissants stimulants, la pauvre proie fit abstraction de la douleur, préférant prendre ses jambes à son cou, disparaissant rapidement hors de la vue de l'immondice informe qui subit, avant son départ, un jet de parchemin explosif dont la détonation l'envoya valser plusieurs mètres plus loin.
Il était sauf, pour le moment. Mais en son esprit résidait une réalité des plus sombres. S'il avait retrouvé sa trace une fois, il le pouvait une seconde. Le rouquin se devait de mettre le plus de distance possible entre lui et ce prédateur dont il avait reconnu l'identité. Il avait conscience que rien ne l'arrêterai, et qu'il se devait d'user de toutes ses capacités pour avoir une chance de s'en sortir vivant. Caché derrière un arbre, il reprit doucement sa respiration, regardant avec dégoût les trois immenses entailles qui laissaient choir du sang le long de son bras jusqu'au sol immaculé de l'Isthme. Il se devait de faire quelque chose pour cette blessure. L'horrible monstre qui le poursuivait n'aurait sans doute aucun mal à tracer les gouttes de sang qui suintait de ses plaies. Improvisant un bandage de fortune, il s'assura qu'il tienne assez bien avant de filer vers les hauteurs, là où d'épais feuillage lui offriraient, peut-être, une cachette suffisante pour fuir l'ombre qui déjà, venait de se remettre sur pied, hurlant à la Lune son mécontentement avant d'avancer, tel un prédateur enragé, à l'encontre de sa future proie.
~
Région du Lac Gelée. Aux abords du Domaine Chinoike, un être à la chevelure se confondant avec les nuages, marchait le long d'une falaise, alors que ses vêtements d'un noir obscure dansaient avec la fine brise qui lui caressait le visage. De ses pas, ne naissaient aucun son, de son allure, ne paraissait aucune dangerosité. Il n'était qu'une âme errante sur les pans majestueux des hauts monts dont le manteau immaculé de neige reflétait les nuances chaleureuses d'un soleil couchant. Paisiblement, il alla trouver ce morceau de terre gelé où il avait l'habitude de s'asseoir pour contempler le crépuscule encore une fois. Tranquillement, il leva les yeux vers l'horizon. Avec nonchalance, il balançait ses pieds au-dessus de l'immense gouffre qu'il surplombait avec une certaine condescendance. Comme s'il cherchait à toiser la mort, qui après tant de tentatives, ne s'était toujours pas emparer de son âme. Et dans un dernier mouvement, de cils, ses yeux se vinrent teinter d'un rougeoiement infernale. En ses iris, flamboyaient les feux d'un enfer que les membres de son Clan partageait tous avec une certaine intensité.
Mais pourquoi un tel acte dans un moment de pareille d'apaisement ? Qu'elle était la raison le poussant à éveiller ce don qu'il méprisait tant au fond de lui ? La raison, aussi funeste soit-elle, n'avait de sens que lorsque le paysage de l'Isthme du Gel s'offrait à lui dans une grandeur des plus époustouflantes. Il cherchait simplement à voir, ce que l'oeil humain ne peut. Car à l'instar des autres pupilles qui parsemées le folklore du Sekai, Tsumi, avait le don de voir et de contrôler chaque goutte de vie s'écoulant des âmes damnés par le destin. Une faculté extraordinaire possédant le goût acre du fer et l'attrait des plus viles créatures que les contes et légendes ont pu un jour conter l'histoire.
Mais dans la noirceur de cet art, résidait une parcelle de lumière qu'il tentait chaque soir depuis son retour de maîtriser : La Clairvoyance. Non pas celle qui permettait de percevoir l'avenir ou un quelconque détail sur des kilomètres. Non. Ce qu'il désirait apprendre, n'était autre que la possibilité de mettre en avant la vie, sous son apparat le plus répugnant : Le sang.
Et quoi de mieux que le printemps qui arrivait pour cela ? Les prédateurs sortant de leurs hibernations, désirant chasser et traquer les pauvres proies qui ont si durement survécu à l'hiver. Une aubaine que de vivre dans un tel endroit, où la loi du plus fort, macule d'hémoglobine les blancs aléas formant l'horizon. Ainsi, lorsque la lumière se mélangeait aux ténèbres et que la course du soleil le plongeait entre chien et loups, il s'adonnait à ce petit exercice, tentant de mettre en surbrillance dans le tableau qui se dessinait devant lui, chaque pointe de rouge, que la mort avait laissé derrière elle.
Chinoike Tsumi
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Le lendemain, alors que l'aube pointait de manière las ses premières lueurs, l'ombre s'extirpa de la grotte où tous ou presque, dormaient encore d'un lourd sommeil. Paisiblement, il bravait la rosée glaciale de ce glaciale matin, arpentant la route menant aux bosquets bien connu de son Clan où la vie reprenait un peu plus chaque jours passant. Sans un bruit, il s'avançait parmi les hauts sapins et les quelques plantes ayant survécu à l'hiver rude encore bien présent, cherchant, scrutant l'horizon à la recherche de quelques traces qui le mènerait à une proie potentielle. Ce ne fut qu'après quelques heures de recherches, qu'il entendit un son bien distinct, annonciateur de la présence d'un gibier qui pourrait lui convenir.
Car derrière un rocher, nappait d'un pelage couleur neige, un lapin tentait de profiter des prémices de ce nouveau jour pour s'enquérir de quelques baies ou autres végétaux nécessaires à sa survit. D'un pas de loup, il s'avança, faisant attention à ne pas alerter la pauvre créature qui s'adonnait à sa besogne, prenant toutes les dispositions nécessaire pour ne pas l'alerter, avant de sortir une lame qui, dans un geste précis, vint déchirer la douce fourrure du rongeur qui s'enfuit alors, cherchant à distancer cette mort qui lui courait après. Pourtant, dans son sillage, nul prédateur ne tentait de le quérir. Il n'y avait que sa peur, et le silence d'un horizon dénué de tout assaillant. Cependant, cela, il n'en avait cure, préférant suivre son instinct et prenant ses jambes à son cou, tentant de distancer cette chose qui voulait s'enquérir de sa vie. Laissant dans son sillage, quelques gerbes de rougeâtres contrastant avec le blanc immaculé de la poudreuse recouvrant le sol.
Doucement, l'ombre s'approcha de l'endroit où s'était tenu l'animale et de son œil rougeoyant, commença à scruter la tâche carmine qui s'était répandue. D'un œil hagard, il s'étonna de constater que le don qu'il tentait d'approfondir l'apprentissage ne lui était alors que d'une banale utilité pour retrouver sa proie. Lui qui pensait voir se dessiner devant lui une piste, devait faire face à un problème qu'il n'avait pas su entrevoir en étant perché en haut de sa falaise. Vu d'en haut, les aléas du terrain ne se percevaient pas de la même manière qu'une fois au sol. Une erreur qui ne le frustra pas pour autant, voyant en ce fait une possibilité de parfaire, ce qui n'était alors qu'une esquisse.
Se penchant vers les gouttes de sang du rongeur. Il chercha à s'en imprégner, comme marquant sa rétine de sa particularité, comme s'il voulait lui offrir la possibilité de lui parler. Un dialogue qui, à moyen terme, pourrait lui permettre de le diriger vers une nouvelle piste, le menant inéluctablement vers l'objet de sa convoitise. Cherchant une particularité dans le liquide rougeâtre, il se releva, faisant face aux diversités de cette terre qui ne lui offrait que peu d'indices, si ce n'était l'enfoncement du manteau neigeux par quelques légers endroits, trahissant la course de l'animale. Il s'agissait d'une piste, oui, mais cela était insuffisant pour l'ombre qui s'avança promptement, ne voulant pas par vice causer la souffrance d'un être innocent. Pourtant, lorsqu'il retrouva enfin la piste de la bête, ce fut la frustration qui le prit au cœur, alors qu'un puma venait de s'enquérir de sa proie devant ses yeux, déchiquetant la chair et les muscles avec une voracité qui le dégoûta un moment.
C'était sa proie.
D'un mouvement vif, il tira une nouvelle lame de son manteau, la projetant sur le félin qui, trop obnubilé par son repas, sentit son cuir se déchirer et le feu de la douleur le prendre au niveau du ventre. Hurlant sa douleur, il fit alors face à l'ombre qui n'avait pas bougé. Attendant la moindre réponse de l'animale qui, fou de rage, se positionna devant lui, avant de bondir à son encontre. Un assaut gouverné par la peur et la douleur, qui aurait pu être fatale à cet assaillant qui ne bougea qu'au dernier moment, profitant du mouvement de la bête pour se saisir de l'arme planté dans son corps et ouvrir encore plus l'entaille d'où se mit à jaillir du sang.
Se crispant sous ce nouveau flot de douleur, le puma tomba dans la poudreuse, peinant à se relever avant de toiser un instant celui qui le faisait face, préférant alors prendre la fuite, conscient que face à un tel adversaire, la mort était plus certaine. Un acte qui perturba l'ombre, qui baissa le regard vers l'immense tâche vermillon qui maculait le sol à ses pieds. Ce jeu commençait à lui offrir quelques relents qu'il tenta de contenir, ne pouvant, au final, qu'apprécier l'opportunité qu'une telle malchance lui prodiguait.
Ce fut alors que dans sa contemplation du mal qu'il venait de faire à ce pauvre être, qu'il observa une particularité. C'était comme si, une nouvelle gamme de rouge venait d'éclater en tâches abstraites à son regard. Il comprit rapidement la teneur d'une telle différence, stupéfait de se rendre compte d'une telle variation de couleur pour quelque chose qui lui était toujours apparu comme uniforme à tout être vivant. Pourtant, le constat était là, du pauvre lapin réduit en charpie, au félin devenu sa nouvelle proie, la différence de teinte était ahurissante. Mieux encore, la quantité qui venait de s'extirper de l'animale semblait lui offrir quelques indices sur sa localisation. Le sang appelant le sang, il avait l'impression de voir le hurlement de ses veines tracer un chemin parmi les arbres. Il se devait d'en avoir le cœur net.
Aussi il partit à vive allure, délaissant la masse de chair sans forme derrière lui, suivant la ligne qui le guidait tantôt à droite, tantôt à gauche, et qui suivait inéluctablement les marques de pas dans la neige que le pauvre félin avait littéralement retourné dans sa fuite. Mais alors que l'ivresse de la chasse commençait à prendre l'ombre au corps, la piste s'arrêta, non loin d'un sapin majestueux. Décontenancé par la disparition de l'anomale, il tourna sur lui-même, essayant de retrouver cette sensation qui se faisait il y a quelques secondes des plus vivaces et qui n'était dorénavant qu'un lointain souvenir. Comment avait-il pu perdre sa trace ? C'était impossible. Tout son être lui disait qu'il était sur la bonne voie, alors, pourquoi ?
Soudainement, sa frénésie se stoppa et une larme se mit à couler sur son visage. L'évidence de la situation venait de lui sauter aux yeux. Et l'inéluctabilité de ce que cela engendrait lui pinça le cœur. Pourtant, en armant son bras, il avait conscience des répercutions de son acte, de ce qu'il engendrerait comme conséquence lorsque enfin, il retrouvait la pauvre bête en souffrance. Peut-être que dans le fond, il n'était pas prêt à cela ? Mais lorsque de son manteau, il extirpa une nouvelle lame, son esprit balaya tout ses questionnements, ne laissant qu'une règle immuable régir en son corps qui lança le morceau de métal vers les branches du sapin. Et alors que le silence sembla reprendre ses droits, le bruit sourd d'un corps tombant dans la poudreuse le brisa, tout comme l'ombre venait de mettre fin à la vie d'un magnifique puma, qui expira son dernier souffle.
Chinoike Tsumi
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Etait-il concevable pour l'ombre de tirer une quelconque satisfaction de ses derniers actes ? Il aurait bien aimé, mais son cœur, bien trop empreint à une empathie que beaucoup jugerais comme indécente, ne cessait de lui faire comprendre que ce qu'il avait fait n'était pas bien. Portant sur ses épaules l'épaisse masse féline qu'il y a peu, se délecter d'une prise bien trop facile. Il parcouru les kilomètres le séparant du domaine, rapportant à qui aurait besoin, un peu de viande et de la fourrure chaude pour cet hiver éternel dans lequel l'Isthme était plongé. Tous, dans son clan, vinrent à le remercier et le féliciter d'une telle prise. Cela aurait pu lui réchauffer le cœur, mais la souffrance qu'il avait causé à ce pauvre être ne cessait de lui tourmenter l'esprit. Aussi il repartit de la grotte, le visage renfrogné et le pas lourd, car dans son esprit, il savait que tout restait encore à faire et que pour arriver à son but, d'autres êtres vivants devraient mourir.
Cependant, il se décida à changer de terrain de chasse. Parcourant les chemins sinueux menant à la Côte Verdoyante, l'ombre se laissa aller à quelques réflexions, prenant conscience des limites, mais surtout, de l'aide bien trop important que le sol enneigé lui avait prodigué la veille. S'il devait devenir ce qu'il voulait être, il allait devoir faire ses preuves en des terres moins clémentes, ou du moins, pas aussi prompte à offrir tant d'opportunité d'atteindre son but.
Ce fut aux abords d'une forêt qu'il mit en place son campement, qui se résumait à une pauvre couchette et à un maigre feu. Il n'avait besoin de rien d'autre et en même temps, voulait s'empêcher de pouvoir jouir d'un quelconque confort. Cela faisait partie d'une punition, dont la sentence commençait déjà alors que le crime n'était pas commit. Se laissant aller au sommeil, l'ombre jeta sa capuche sur son visage et se recroquevilla sur lui-même, ne devenant plus qu'une masse sombre au cœur des rayons du soleil qui brillaient encore haut dans le ciel.
Et lorsque enfin, l'astre diurne commença sa chute vertigineuse vers la ligne d'horizon, que la fine brise du soir dansait parmi les arbres aux épais feuillages et qu'une certaine fraîcheur commençait à prendre place sur ce nouveau territoire, que l'ombre sortit de sa torpeur. Il était temps de se mettre en route. Une nouvelle nuit, pour une nouvelle chasse et sans doute... une nouvelle offrande à la mort. Dans le silence, l'ombre plia le peu d'affaire qu'il possédait, les laissant là, prêt de ce feu dont la flamme n'était plus que cendre, se plongeant alors corps et âme dans les ombres de cette forêt qui s'étendait devant lui.
Au bout d'une heure, ou peut-être deux, un bruit bien étrange attira son attention. D'un pas de velours, il s'avança, prenant une attention particulière à faire face au vent qui aurait pu trahir son odeur à la bête qui, de son groin énorme, foulée la terre à la recherche de dieu sait quoi à se mettre sous la dent. Et bien que l'idée d'une telle prise aurait pu ravir le chasseur, il ne s'agissait pas là d'une proie intéressante pour l'ombre qui espérait trouver quelque chose de plus difficile à s'enquérir. Une proie qui, sous le couvert de la peur et de sa mort prochaine, userait de tous les artifices pour distancer son prédateur. Or, le sanglier qu'il avait trouvé ne serait tout au plus qu'une distraction bruyante dont le décès prématuré n'apporterait rien à l'ombre qui s'en désintéressa, plongea son corps plus profondément dans la forêt. Et alors qu'il s'apprêta à se faire une raison, il vit une chose à laquelle il ne se serait jamais attendu... Renard.
La bête était là, s'abreuvant tranquillement à un maigre ruisseau, ne faisant pas attention à ce qui pouvait l'entourer, peut-être trop confiante, peut-être trop sûr d'elle-même ? Le fait étant qu'elle paraissait être une cible bien trop facile pour l'ombre qui vint à se cacher derrières quelques buissons, laissant son œil observer le moindre de ses faits et gestes. Ce à quoi il ne s'attendit pas, fût le brusque changement de direction du vent, qui porta son odeur jusqu'à l'animal qui alors se retourna, tentant de scruter l'horizon à la recherche de ce qui pouvait bien porter cette odeur de mort et de sang. D'un pas frêle, il s'avança d'un mètre vers la cachette de l'ombre qui craignait de faire le moindre geste qui aurait pu l'alerter et le faire fuir. La bête se ravisa alors, se redirigeant vers le cours d'eau, se délectant de quelques gouttes de ce précieux liquides si pure, qui dans un sifflement, vint se faire teinter de rouge.
L'attaque avait été parfaite d'un point de vue timing, mais les réflexes de la bête l'avaient poussé à un frêle mouvement qui empêcha la lame de l'occire directement, ne créant qu'une plaie assez grande pour que du sang s'en échappa. Et alors que la pauvre victime lança un cri de douleur, l'ombre se jeta après elle, ne pouvant décemment pas passer à côté de cette opportunité qu'il attendait depuis si longtemps. Cependant, alors que son corps se lançait dans la bataille, il s'arrêta net, voyant avec une pointe de frustration que la proie venait de disparaître sous ses yeux.
Serrant ses poings de colère, son œil finit par se colorer d'une teinte beaucoup plus flamboyante, alors qu'il s'avançait vers le liquide carmin qui jonchait le bord du cours d'eau. Le principe restait le même qu'avec le puma, il devait se concentrer, faire fit de ses ressenti et laisser parler le sang. S'imprégnant de l'empreinte de sa proie, il n'arriva cependant pas à déceler par où cette dernière avait filé. Enragé et frustré par un tel échec, il frappa le sol à s'en ouvrir la main. Il était si proche du but et pourtant, ses maigres capacités lui faisaient aujourd'hui défaut. Devrait-il ainsi attendre des lunes entières qu'une telle opportunité se dresserai à nouveau devant lui ? Non. C'était sa chance, il en était persuadé. Il devait juste, parfaire, le peu de connaissance qu'il avait acquit et pour se faire, il tenta de calmer son esprit, s'asseyant en tailleur face à la gerbe de sang qui luisait dans les ténèbres comme un phare au milieu de la nuit noir. Il devait affiner ses sens, laisser parler le sang et être à son écoute. Peut-être qu'à ce moment-là, le chemin lui serait révélé ?
Il passa deux bonnes heures à méditer. Un temps infini qui multipliait de façon exponentielle la probabilité de ne jamais retrouver sa proie. Pourtant, alors que le vent se faisait de plus en plus présent, l'ombre finit par ouvrir son œil, et plongea sa main dans le liquide carmin qui commençait déjà à doucement sécher. Le portant à son regard, il tenta de l'animer, de lui donner une conscience, une voix, qu'importe tant que cela lui permettait d'obtenir l'information qu'il désirait. Le sang devait lui parler, il se devait de savoir. Mais cette nuit-là, ne fut que silence.
Chinoike Tsumi
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Des heures. Tel fut le temps passé à chercher une piste ou le moindre détails qui permettrait de réduire le champs infinis des possibilités que la proie semblait avoir prise. Tentant de contenir sa rage, l'ombre cherchait, scrutait, s'adonnait à l'observation minutieuse de tout ce qui passait sous son œil hagard. Il ne lui suffisait de pas grand chose, juste une goutte de sang, un poil déchiré par la végétation auraient pu suffire. Mais rien. La nuit s'éclipsa avec bien trop de hâte, tant que l'aube le plongea dans une réalité qu'il ne voulait s'admettre... Il lui avait échappé. Un constat qui provoqua un élan de colère qui se manifesta par un coup de poing lancé dans un arbre qui fit jaillir quelques douleurs au niveau de ses phalanges. Une maigre douleur, face à l'étendue de son inutilité de cette nuit. Désœuvré, il repartit pour son camp, bien conscient qu'en l'état, il ne lui restait plus qu'à se reposer et à rentrer chez lui pour parfaire ce savoir qu'il ne faisait qu’effleurer la maîtrise. Un goût amer en bouche, il parcouru le chemin inverse au sein de cette forêt qui avec les rayons du soleil, commençait à prendre soudainement vie.
Les oiseaux piaillaient, le feuillage chantait, l'eau ruisselante tintait de sa douce mélodie, alors que quelques animaux marquaient leurs présences par des bruits sourds. Comme si rien ne s'était passé, la vie reprenait son cours, alors que l'ombre, elle, s'enfonçait dans ses propres ténèbres, se lovant comme la journée d'avant au creux de son manteau, essayant d'oublier, une fois arriver au camp, l'ignoble échec qu'il avait vécu la veille. Toute la journée, il chercha à comprendre ce qui avait bien pu lui faire défaut. Manquait-il de sensibilité ? Etait-ce une affaire de chakra à employer d'avantage ? Ou juste le destin qui une nouvelle fois se jouait de ses malheurs ? Ses réflexions finirent par le faire plonger dans un doux sommeil, que rien, pas même ses songes ne vinrent perturber.
Une nouvelle course du soleil se termina dans la pénombre et l'ombre, une fois de plus, sortit alors de sa torpeur. Enfin conscient de son échec, il empaqueta ses affaires et se décida à rentrer chez lui. Peut-être n'était il juste pas prêt après tout. Il ne pouvait décemment pas penser que tout cela s'était produit sans raison. Il lui était inconcevable qu'une telle rencontre soit l'objet d'un pur hasard qui ne saurait se reproduire un jour. Convaincu par un manque quelconque, il parcouru, le cœur plus ou moins lourd, les kilomètres qui le séparait de l'Isthme du Gel, mais aussi et surtout de cette cavité aux proportions gargantuesques, qui cachait la présence de ce Clan dont il était issu. Ce qu'il ne s'attendait pas par contre, fût qu'à son retour, une certaine tension était palpable au sein du domaine. En écoutant un peu les voix qui s'élevait par-ci et par-là, il comprit qu'une enfant avait disparu il y a de cela un jour, voir peut-être deux. Et que tous étaient à sa recherche.
Prenant conscience des détails de l'affaire auprès d'un des gardes, l'ombre se rendit là où demeuraient les dernières traces d'existences de la fameuse disparu. L'effervescence d'une telle annonce avait provoqué nombres d'incidents sur le lieu en question, où les différents pas dans la poudreuse, avaient permit d'empêcher tout possibilité de traque comme les chasseurs avaient l'habitude d'en faire. Une situation dont ne pouvait que se mordre les doigts les pauvres « autorités » du Clan qui ne savait comment retrouver alors l'enfant. Voyant l'ombre arrivé d'un pas nonchalant, les regards se tournèrent vers lui, non sans méprit, lui demandant ce qu'il pouvait bien faire ici et que cette affaire ne le concernait en rien.
Amusé qu'à moitié par ce manque d'intelligence récurrent de la part de certains de ses cousins à son égard, l'ombre s'avança vers l'immense tâche de sang qui gisait sur le sol enneigé retourné à tout va. Son œil se mit alors à rougeoyer d'une intensité nouvelle. Il connaissait la marche à suivre, il devait s'imprégner de la couleur et la laisser s'exprimer à lui. Peut-être, qu'avec un peu de chance, il pourrait cette fois-ci retracer la piste de l'enfant ? Paisiblement, faisait fit des regards inquisiteurs de ses pairs, il tenta de déceler la particularité de cette teinte, laissant sa rétine s'habituer à la moindre variation de rouge qui pouvait exprimer une singularité lui permettant de parler son langage. Ce fut au bout de quelques minutes, qui parurent des heures à son esprit, qu'enfin, une volute de fumée apparu à l'horizon, avec pour berceau l'amas sanguinolent qui commençait à geler. Tranquillement, il suivit la piste, se laissant aller à la course irrégulière de ce chemin qui le mena sur des kilomètres, laissant derrière lui le Lac Gelée jusqu'aux montagnes immaculés formant la chaîne des Dents du Dragon. Un nom pompeux pour un ensemble de hauts monts où nulle vie ni même végétale n'avait su perdurer.
Conscient de la difficulté d'une telle entreprise, l'ombre ne s'en déroba pas pour autant, marquant la poudreuse de ce premier pas qui inéluctablement, le mènerait jusqu'à ces flans abruptes où, dieu seul sait pourquoi, la fillette semblait s'être aventurée.
Chinoike Tsumi
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Acculé en haut d'un arbre, le pauvre homme essayait de calmer son cœur. Pourtant, la course effréné contre la bête et ses blessures profondes l'empêchaient de trouver la sérénité nécessaire pour pouvoir se cacher d'elle. Il savait qu'elle n'était pas loin, qu'elle pouvait sentir son odeur et le parfum de la chair sanguinolente. Il était devenu la proie dans cette partie de chasse qui pourtant, ne devait être qu'une partie de plaisir. L'homme à la rousse chevelure se mit à réfléchir à toutes les possibilités qui se présentaient à lui. Devait-il attendre que le soleil se lève ? Non, la nuit offrait une couverture bien plus importante qui lui permettait de ne pas être rapidement vu, pourtant, cela l'empêchait aussi de bien voir où se trouvait le monstre à ses trousses. Il avait peur, oui, car il savait qu'il n'avait pas le droit à l'erreur. Pas cette fois en tout cas. La chance n'était plus à ses côtés, et la conséquence de ses actes appelait à la revanche. Une justice froide et à sens unique, où la loi du plus fort fait office de juge et de bourreau.
Pourtant, il ne pouvait décemment pas rester là à attendre qu'elle lui tombe dessus. Délestant de sa main sa blessure, il créa quelques mudras, disparaissant de sa branche et réapparaissant un peu plus loin, juste assez pour, l'espérait-il, brouiller les pistes comme il avait prit l'habitude de le faire en cas de problème. Pour autant, il ne devait pas se contenter d'une si maigre protection, aussi essayait-il de chercher au plus profond de lui les quelques forces qui lui restèrent, se laissant tomber dans la poudreuses au pied de l'arbre où il s'était perché, son corps se transformant en une épaisse roche que quelques flocons vinrent recouvrir.
Gardant le silence, espérant que cela suffirait à déjouer l'attention de la bête, l'homme resta là pendant ce qui lui paru des heures. Lorsque soudain, dans l'ombre, l'objet de ses peurs se dessina devant lui, manquant de provoquer un hoquet de peur qui aurait pu suffire à trahir sa présence. Tentant de garder son calme, il la vit, avançant dans la neige, reniflant, aux aguets, prêt à s'insinuer dans la moindre faille qui pourrait le mener à sa future victime. D'un pas lent, il arriva au pied de l'arbre où s'était caché pendant un temps le ninja qui, à plusieurs mètres, ne manqua pas une seconde de la scène. Dans un mouvement lent, la bête s'avança au pied du conifère, remarquant une chose que l'homme n'avait pas perçu jusqu'à présent. Car dans sa fuite, une énième goutte de sang s'était extirpé de sa blessure pour s'échouer sur le sol. Un détail que le monstre ne manqua pas de remarquer, cherchant aux alentours ce détail qui trahirait la présence de cette cible qui obnubilait ses pensées.
Cherchant à ne pas faire de bruit, la bête s'avança en direction de ce qui lui paraissait comme un simple rocher, essayant de voir à travers les ombres, si un semblant de piste le conduirait à sa proie. Et dans un moment qui sembla couper du temps, l'homme vit le monstre se poser à quelques centimètres de lui. La tension était à son comble, alors qu'il tentait de garder son calme. La moindre faute, pouvait lui être fatale, il en avait conscience et s'évertua à garder son calme alors que la chose finit par s'avancer, dans les ténèbres. Son camouflage avait fonctionné, il ne risquait désormais plus rien.
~
Avançant vers les Dents du Dragon, l'ombre put constater avec une once d'agacement que d'épais nuages commençaient à s'insinuer le long des courbes majestueuses des hauts monts, rendant toute visibilité impossible à moins de quelques centimètres. Pourtant, malgré l'opaque brouillard, il fut surprit de constater que la ligne de sang, elle, lui apparaissait encore comme s'il la voyait en plein jour. Une particularité qui lui serait de bonne augure dans cette purée de pois qui ne sembla pas vouloir prendre fin. Pas après pas, il avançait timidement dans ce lieu dénué de vie, où tout semblait désirer vous voir mourir dans d'atroces souffrances, que cela soit par une chute vertigineuse, ou pas le froid pénétrant qui vous gelait les os.
Malgré cela, l'ombre continua sa route, prenant garde où il posait ses pieds, curieux de savoir jusqu'où la pauvre enfant avait bien pu se perdre et surtout, la raison d'une telle avancée en un milieu aussi hostile. Ce ne fut qu'aux bouts de quelques heures, que la réponse lui parvint avec horreur, le faisant choir sur ses genoux, une larme s'écoulant le long de sa joue. Car devant lui, se trouvait une petite alcôve, à peine assez grande pour protéger deux personnes, où les restant d'une tentative de feu semblait n'avoir jamais prit tant le bois était gelé. Et au pied de la paroi, s'étendait une couche de glace carmine, prenant naissance dans ce que l'on devinait être le corps d'un enfant, mais n'était dorénavant qu'un amas de chair et de tissus difforme, semblable à ce que le puma avait fait de ce pauvre lapin il y a de cela plusieurs jours. L'ombre était arrivé trop tard, il ne pouvait s'en prendre qu'à soit-même. Peut-être que s'il n'était pas parti de l'Isthme, il aurait pu la retrouver avant que le destin ne l'accable d'une aussi sordide fin ? Tant de questions tournoyant autour de ce constat des plus horribles. Car lorsque l'ombre s'avança pour récupérer ce qu'il restait de la pauvre âme, il constata avec horreur que ce massacre était l'oeuvre d'une bête qu'il ne connaissait, malheureusement, que trop bien.
Son œil flamboyant commença à scruter la scène, cherchant, fouillant, le moindre détail qui pourrait lui donner la moindre piste le menant à ce monstre dont il désirait si ardemment la mort pour tout le mal qu'il avait pu faire. Il devait le chasser, le tuer, avant qu'il ne fasse d'autres victimes. Mais comment faire si rien ne lui montrait le chemin ? Ce fut alors qu'une faille dans l'épais brouillard laissa jaillir un halo de lumière qui vint frapper la scène, ravivant les couleurs de la chair dans un spectacle des plus insoutenables. Mais cela permit alors à l'ombre de voir un détail, une dissonance au sein de la teinte rougeâtre du sang de la fillette. Une anomalie dont il réussit à séparer la couleur, reconnaissant cette dernière avec une once de rage. Il se devait de se calmer. La piste était, malgré le froid glaciale, encore chaude. Puisant dans son esprit la force nécessaire, il se concentra sur cette tâche rouge vermillon, la laissant s'exprimer peu à peu à lui, cherchant dans les confins de son être, l'empathie nécessaire pour pouvoir comprendre et suivre l'appelle de ce nouveau sang qui, après plusieurs heures de concentration, finit par lui parler. Loin de l'effluve majestueuse que le liquide vitale de la jeune fille lui avait prodigué, l'ombre pouvait déceler une faible nuance qui tentait de se frayer un chemin dans l'épais brouillard de la montagne. D'un pas décidé, il laissa le corps en charpie derrière lui. Il reviendrait la chercher, mais pas avant d'avoir mit fin à l'existence de cette bête infâme.
Chinoike Tsumi
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L'Isthme du Gel. Aux prémices d'un printemps qui tardait à arriver, la neige n'avait de cesse de tomber sur les hauts monts et vallées abruptes de la région. Encore cette nuit, alors que la Lune brillait ardemment dans le ciel, des flocons tombaient en flots discontinus et modérés sur le manteau immaculé déjà fort bien présent. Et dans ce cadre des plus magnifiques... Une bête rodait.
La piste avait mené l'ombre jusqu'en contre-bas des Dents du Dragon, là où la verdure reprenait ses faibles droits. Doucement, au fil et à mesure qu'il avançait, la rémanence du sang se faisait de plus en plus précise, preuve qu'il s'approchait de sa cible. Une nouvelle qui ne tarda pas à lui faire presser le pas alors que la Lune était déjà haute dans le ciel et tentait d'illuminer la forêt où les ombres étaient encore bien trop présents. Et ce fut au bout de quelques heures, qui lui parurent une minute, qu'il vit la bête. Comme dans ses souvenirs, elle lui apparaissait à nouveau. Cette fois-ci serait la bonne, il ne pouvait en douter. Pourtant, sa proie semblait chercher quelque chose. Une aubaine pour l'ombre qui ne tarda pas à lancer à son encontre une lame tranchante qui vint lui déchirer le flan, occasionnant un hurlement des plus délectables pour la chasseur qui commença à partir à la poursuite de sa proie. Mais dans un éclair, cette dernière disparu, comme la dernière fois, le laissant seul avec cette tâche de sang fraîche, qui, cette fois-ci, saurait lui dire vers quelle direction aller.
Concentrant son attention sur le liquide vermillon, ce dernier se mit à se mouvoir en une volute délicate pointant vers le Nord. Un sourire des plus sauvages se dessina sur le visage de l'ombre qui partit dans la direction que le sang lui indiquait, cherchant à réduire cette distance qui le séparait de cet être dont il désirait si ardemment la mort.
La poursuite continua sur des minutes qui se transformèrent en heures. Par moment, l'ombre avait l'impression d'entendre une autre voix s'élevait au sein de cette forêt, sans pour autant y faire attention. Il se devait de mettre fin à l'existence de la bête, le reste ne lui était d'aucune importance. Aussi chercha-t-il des traces qui lui permettrait de rattraper et de tuer cet être abjecte. Mais rien. À nouveau, c'était comme s'il s'était volatilisé. S'appuyant contre un arbre, il remarqua une toute petite tâche vermillon qui se dessinait au pied d'une racine. Un indice qui le fit chercher du regard une autre piste qui ne devrait être guère éloigné. Mais rien, ou du moins en apparence. Faisant quelques pas aux alentours, un léger sourire se dessina sur son visage alors qu'il partit soudainement dans la direction totalement opposée. Avait-il vu ou entendu quelque chose ? Sans doute...
~
Rassuré de voir la bête infâme disparaître, le rouquin mit fin à son camouflage, soupirant à la douleur qu'un tel effort venait de produire dans son corps meurtrit. S'appuyant contre l'arbre, il déchira quelques pans de sa veste, créant un pansement de fortune sur sa plaie. L'hémorragie ainsi stoppé pour un temps, il regarda aux alentours, se demandant par quel chemin il était le plus sûr d'échapper à l'horrible monstre qui le poursuivait. Mais alors que son corps chercha à se mouvoir, une vive douleur le prit soudainement, ne manquant pas de le plier en deux. Il devait pourtant faire abstraction de tout cela. La bête était bien trop proche pour ainsi relâcher la pression et se laisser guider par la souffrance. Frappant contre le tronc, il se releva, le regard trahissant la colère et la peur qui dansaient dans son âme. Et lorsque enfin, son corps se redressa, un bruit soudain le fit s'arrêter net.
La tension était des plus palpables, et même s'il savait que sa mort était alors inéluctable, un faible espoir semblait le pousser à avancer, à se battre contre cette bête féroce qui l'avait traqué des jours et des jours durant jusqu'à cette forêt où la finalité de cette chasse semblait sonner le glas d'une de ces deux existences. Serrant le poing et fermant les yeux un instant. L'homme prit une grande inspiration, tentant de récupérer ses dernières forces pour cet affrontement finale entre lui et la bête. Expirant ses doutes, ses paupières se levèrent, affichant un regard des plus déterminés. D'un mouvement rapide, il sortit une lame de son manteau, la jetant vers les branches de l'arbre auprès duquel il avait trouvé refuge. Un hurlement plus tard, l'homme gisait au sol, la tête tournée sur le côté, le regard vide. De son corps, ruisselait des flots de sang vermillon prenant naissance au creux de plaies d'une paire de griffes acérés avaient orchestrés. Au-dessus de lui, se trouvait la bête, dont le sombre pelage contrastait avec sa chevelure couleur nuage. Dans un hurlement, il se redressa, décapitant sa proie, tenant dans sa main la tête de Renard, qu'il avait traqué pendant des mois depuis qu'il avait tué sa belle Kaori.
Pleurant la fin de ce chapitre de sa vie de larmes de sang, l'ombre entendit un bruit de pas non loin de lui. Le regardant de toute sa noirceur, un loup solitaire au pelage sombre regardait avec envie la carcasse encore chaude de ce qui fut un jour un homme. Pendant un instant, les deux prédateurs se jaugèrent, conscient de la férocité de l'autre, se demandant si l'objet de leur convoitise commune valait la peine de se battre. Et alors que le canidé sembla hésitant, il fut surpris de voir son vis-à-vis se délester de son trophée, lui tournant le dos pour s'éclipser dans les ténèbres. Le reste de la nuit fut agité par le bruit des crocs déchirant la chair. Au petit matin, l'ombre apparu aux abords du domaine, tenant en ses bras les reste de la petite fille qu'il avait enveloppé dans son manteau...