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L'allégorie Uzujine. [PV - Sanada]

Miyamoto Aya
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Miyamoto Aya
Pour évaluer les matières de la caste du serpent, le conseil Miyamoto s'était heurté au même problème que pour évaluer les compétences d'Aya pour le maniement de l'épée et de la stratégie. Comme diable s'en sortir avec la jeune femme ?

Elle ne rentrait pas dans les moules du clan, c'était un fait. Les nombreux professeurs qu'elle avait rencontrés, ainsi que tous ses camarades de clan qui avaient eu l'occasion de la rencontrer en avaient fait l'expérience, à tel point que tous les sabreurs connaissaient son inexplicable propension à ne pas être comme les autres.

Si les claniques avaient toujours essayé de recadrer la jeune femme, ils étaient pourtant conscient qu'elle possédait malgré tout un grand potentiel. Et, hors de question pour l'institution millénaire Miyamoto de faillir dans la reconnaissance d'un talent uniquement car le talent en question ne correspond pas à leurs habitudes.

Voilà pourquoi, après une réunion houleuse, les fiers Miyamotos avaient convenu d'une mesure exceptionnelle : La jeune femme serait évaluée par des shinobis compétents, peu importe qu'ils soient issus du clan où non. Ceux-ci les aiguilleraient sur la marche à suivre, et, ensemble, scelleraient le destin d'Aya.

Ce qui nous amène à notre protagoniste d'aujourd'hui.

Plutôt que de choisir un unique professeur issu de leur rang pour s'occuper de la caste du serpent, les Miyamotos avaient décidé de séparer l'épreuve en deux. La gestion du zen serait confiée à l'un de leurs membres, plus que qualifié pour la tâche, tandis que la méditation et la philosophie seraient évaluées par un shinobi... surprenant ?

Eh bien pas tant que ça, en fait. Sanada n'est ni le plus expérimenté des jonin, ni le plus sage. Certains claniques doutent de ses compétences, surpris et probablement humiliés qu'un aussi jeune adulte soit jugé plus pertinent qu'eux. Cependant, les décisionnaires connaissaient bien les compétences du chuunin, et son érudition ainsi que son esprit.

C'est ainsi que le jeune homme reçut dans un premier temps une lettre officielle du clan le convoquant à une réunion, réunion dans laquelle on lui expliqua l'ardue tâche qui l'attendais. Il accepta, et obtint carte blanche sur son mode opératoire.

Restait à savoir ce qu'il avait préparé...

En tout cas, Aya n'en avait aucune idée. Elle avait grimacé lorsqu'on lui avait annoncé qu'elle devait suivre un nouveau cours de Sanada, ne supportant que difficilement l'individu. A peine plus âgé qu'elle, il avait tellement plus de responsabilités et de considérations ! Cela lui donnait une espèce d'aura arrogante qui ne le quittais jamais, au plus grand dam de la Miyamoto.

Elle aurait bien séché le rendez-vous, mais l'air grave des différents Miyamoto qui l'escortaient ainsi que leur vigilance bien plus aiguisée que d'habitude firent que la jeune femme flaira immédiatement l'arnaque : elle ne s'échappera pas, c'était clair.

Ainsi, elle fut dirigée au sein d'Uzu par Tensa et Uki, avant d'être finalement lâchée devant un bateau. Le soleil pointait à l'horizon, venait réchauffer Uzushio se réveillant doucement en ce matin hivernal. Bien qu'habillée légèrement pour la saison, la jeune femme ne souffrait pas du froid, intriguée par le "cours" qui l'attendait.

Tant de préparation et de mystère, ça ne pouvait pas être anodin !
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Masamune Sanada
Masamune Sanada
Uzushio no Chunin
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Masamune Sanada
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Malgré les températures assez basses de ces derniers jours, Sanada n'avait pas changé ses habitudes et dormait sous les cieux, emmitouflé dans un patchwork de fourrures. Ce matin-là, il fut réveillé par un son rauque, extrêmement grave. Surpris, il s'agita pour se sortir de la couverture, mais la précipitation ne fit que l'y enfermer un peu plus. Le hamac se retourna sous un cri étouffé, laissant choir le soldat des Cinq sur le sol heureusement meuble.

Lorsqu'il leva la tête, il faisait face à un imposant Grand Cormoran noir, qui le fixait de ses yeux vert turquoise. L'animal réitéra son appel, tendant une de ses pattes au jeune homme d'un air impérieux et impatient.

Avec une certaine méfiance de peur que l'oiseau le frappe de son bec, le chuunin entreprit de détacher le message qui semblait soigneusement attaché. Aussitôt le fin rouleau de parchemin entre les mains de son destinataire, le cormoran déploya ses grandes ailes et repartit, non sans laisser une fiente odorante sur une des fleurs de toit-terrasse.

- Ouais, casse-toi ! La prochaine fois, je te colle un orage de grêle et on verra si t'as le temps de souiller ma baraque ! S'écria le jeune homme en courant après la bête.

Après une autre tournée d'insultes en direction des oiseaux en général, il décacheta enfin le parchemin pour y lire une courte invitation, assez cordiale, de Miyamoto Lyo, une personne éminemment respectée au sein de l'institution éducative du village.

Sa toilette matinale faite, Sanada se dirigea donc dans le cœur du quartier des épéistes, avec ses rues aérées, ses jardins zen, et l'architecture immaculée des bâtiments, on retrouvait les valeurs du clan dans l'environnement tout entier.

Il s'arrêta devant un dojo, s'inclinant respectueusement devant les deux jeunes filles qui en gardaient l'entrée. Parmi les plus belles constructions du village aux yeux du jeune homme figurait ce bâtiment sobre et grandiloquent à la fois. Sur plusieurs dizaines de mètres, une fresque peinte sur les murs en papier washi dépeignait les légendes des plus grands ancêtres ayant combattu pour le village et le clan. Une rangée de lanternes allumées jour et nuit laissait une lumière rougeâtre danser sur la gigantesque toile, évoquant avec brio l'atmosphère sanglante d'un champ de bataille.

Sanada enleva ses getas et se dirigea directement devant les quelques anciens qui s'étaient réunis pour l'occasion. Au centre, Miyamoto Lyo était assise, le splendide cormoran qui lui avait donné la lettre sur l'épaule. Après un sourire rassurant, elle prit la parole.

- Masamune Sanada, chunnin d'Uzushiogakure, sous les recommandations de Rokuro Miyamoto-sama, aujourd'hui disparue, nous faisons appel à vous pour une tâche particulièrement...inhabituelle dans le protocole qui nous est cher à tous. Vous n'êtes pas obligé de tout comprendre, mais sachez simplement que nous aurions besoin de vous en vue de l'évaluation d'une genin de notre clan.

- Pourquoi ne pas demander à un de vos membres de le faire ?

- Il y a, en effet, des voix qui s'élèvent contre votre ingérence dans le processus formateur de notre clan, mais si nous avons fait appel à vos services, c'est qu'une autre partie des nôtres ont confiance. Dans ce cas précis, il nous faut trouver un enseignement différent pour une personne...différente.

- Que dois- je faire ?

- Introduire un enseignement de la philosophie et de la méditation. Approfondir certaines bases ou partir sur de nouvelles, vous avez carte-blanche.

Sanada savait qu'il n'avait pas vraiment le choix. Il n'avait jamais été en odeur de sainteté auprès des autorités et chaque jour, il devait prouver un peu plus que les autres que sa fidélité n'avait pas basculée.

- Qu'elle vienne me rejoindre au port demain. Nous partirons pour quelques jours. En tant que chunnin, je me porte garant de sa protection en dehors des terres du village. Dit le jeune homme en se levant avant de s'incliner longuement.

- Vous ne voulez pas savoir de qui il s'agit ? Demanda Lyo presque amusée par la mine déconfite des anciens qui l'entouraient et réprimaient fortement cette entorse dans les traditions du clan. Aya, je crois que vous la connaissez un peu.

- Je me doute bien que ce ne sera pas un des élèves qui brossent le poil des notables pour avoir une place dans la garde, bien au chaud.

- Comment jeune homme ? S'écria un vieil homme qui semblait s'être enfin réveillé de la petite sieste qu'il prenait depuis le début de l'entretien.

- J'attendrai donc au port, je pense qu'elle ne sera pas enchantée de la nouvelle.

- Ne vous souciez pas des humeurs de vos élèves à l'entrée de la classe jeune homme. Dit Lyo pour interrompre le vieil homme qui voulait répondre.

*************

Sanada était en train de remplir les cales du catamaran qu'il avait réquisitionné pour l'occasion. Il ne lui avait fallu que quelques heures pour décider de l'endroit adéquat à la mission qu'on lui avait confiée, une île située juste à la lisière de la frontière entre les territoires du pays du tourbillon et les centaines d'archipels qui n'étaient encore que des terres sauvages en proie à la piraterie.
Malgré son amour invétéré pour la lecture et les théories du ninjutsu comme les exégèses des écrits Osmétiens, il n'était pas du genre à vouloir débattre pendant des heures dans une salle vide. La spiritualité, la philosophie, la méditation étaient des disciplines qu'il fallait vivre avant de pouvoir les penser.

La jeune femme se présenta accompagnée de deux Miyamoto qui semblait l'escorter pour ne pas la voir fuir au dernier moment.

Cela fit rire le soldat des Cinq qui invita Aya à bord en prenant bien soin d'ignorer ses accompagnateurs.

Les yeux violets de la kunoichi semblèrent balayer le bateau quelques secondes, ses cheveux noués dansaient avec le vent, malgré la "différence" évoquée par Lyo, Aya avait cette aura intimidante, presque noble, qui habillait les membres de son clan aux yeux de Sanada.

Après quelques minutes pour finir d'attacher ce qui devait l'être, le catamaran prit le large, coupant les deux uzujins du reste du monde.

Sanada fumait tranquillement son calumet, il faisait cap sur une petite île qu'il ne connaissait que de réputation, et il n'avait aucunement l'intention d'en donner le nom à son élève. Apprendre à accepter l'ignorance était la première de ses leçons.

La deuxième fut la contemplation.

Une fois au large, Sanada s'approcha de la Miyamoto pour l'inviter à s'asseoir sur le rebord d'une des coques pour admirer la mer.

- Tu vois cette ligne qui découpe la mer et le ciel ? Ben, tu vas la regarder sans t'arrêter. Quand le soleil commencera à franchir l'horizon, tu pourras relâcher ton regard et ton attention. Pas avant.

Cela allait durer quelques heures, Sanada en avait bien conscience, mais pourtant, c'est ainsi que lui avait appris avec la pythie.

Il eut un moment de nostalgie en se rappelant ses gémissements devant l'ennui qui l'assaillait à l'observation d'une plante pendant une éternité. Et la phrase que sa mère répétait inlassablement :

"Pour qu'une chose soit intéressante, il suffit de la regarder longtemps."
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Miyamoto Aya
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Miyamoto Aya
C'était en effet un guet-apens. On ne fait pas cours sur un bateau, encore moins quand celui-ci est occupé par le tellement génial et intelligent Sanada. Il ne dit mot sur leur destination, et la jeune femme n'eut d'autre choix que de prendre son mal en patience. Ceci dit, elle était loin d'être ennuyée pour autant. Ses sorties du village étaient un instant rare, et ce n'était que la seconde fois qu'elle prenait la mer.

Les embruns dans le nez, le bruit doux des vagues venant heurter la coque, la brise qui vient se glisser contre la peau, et l'univers qui contient tout ce qu'elle à toujours connu qui disparait petit à petit pour ne laisser qu'une immensité bleue. C'était à la fois effrayant, de se dire que l'on était au final qu'un tout petit morceau du monde, mais surtout incroyablement exaltant. Un mélange d'excitation et de hâte s'empara de la genin, se sentant tellement plus grande qu'elle ne l'était au sein de cet univers azur.

C'est alors que le professeur de circonstance pris la parole, lui faisant signe pour s'assoir sur le rebord de la coque. Le coeur de la jeune femme se mit à battre très vite, impatiente de savoir ce qu'il en était... et elle fut déçue. Très déçue.

"Heeeeeeeeein ?!"

Elle observa quelques secondes le shinobi aux longs cheveux, croyant qu'il se payait sa tête, mais il n'en était rien. Il avait l'air très sérieux. La genin essaya de protester malgré tout, mais malgré ses gémissements le chuunin resta insensible. D'un coup, elle comprit : Impossible pour elle de fuguer sur un bateau ! C'était donc pour ça que Sanada y avait pensé...

De rage, la jeune femme se leva et jeta un regard assassin à son aîné. Elle prit son katana et alla bouder à l'autre bout du bateau. Non, mais ! Il se prenait pour qui ce type ?! Toujours à se la raconter, à prétendre être plus malin que tout le monde, et voilà que maintenant il servait même les autres abrutis du clan pour une fois de plus essayer de l'enfermer dans leurs pratiques stupides ?! Elle s'était faite avoir, mais tant pis. Elle n'avait qu'a refuser d'obéir ! Il aura l'air malin, Sanada !

Finalement, après quelques minutes passées à l'avant du bateau à remuer de sombres pensées, la sauce commença à retomber. De toute façon, elle était coincée avec lui pour un moment, il allait falloir qu'elle prenne son mal en patience. Elle déposa son katana derrière elle, en sécurité sur le pont, avant d'aller s'assoir en tailleur sur le rebord de la coque devant le navire. Elle posa sa main contre sa joue... et attendit.

Le temps passait lentement. Faut dire que c'est pas super passionnant, la mer. C'est un peu toujours pareil. Et, finalement, d'ennui, elle décida de porter son regard sur ce qu'elle avait pris soin d'éviter : la fameuse ligne. Peut-être qu'elle s'était trompée ? Et que cette ligne avait un réel intérêt ?

...

Si le monde était une ligne, ne serait-il pas plus simple d'en faire le tour ?

La limite entre le ciel et la mer était finalement plus intrigante que prévu. Dans Uzu, on voit rarement la ligne en entier. Elle se retrouve souvent bloquée par les maisons ou les murs du domaine Miyamoto, et au port elle est souvent bouchée par les navires. Aya avait entendu parler d'un point de vue magique en haut d'une falaise proche, mais elle n'avait jamais eu l'occasion d'y aller.

Et du coup, c'était l'une des premières fois que la Miyamoto pouvait la voir dans son ensemble.

Et c'était beau.

Car la ligne, fixe au premier abord, sembla assez vite s'animer de vie. Aya cru d'abord à la présence d'îles, ou bien d'animaux, mais elle finit par comprendre que ce n'était que le jeu du reflet du soleil. Avec les vagues et le mouvement du bateau, des formes se dessinaient sans cesse avant de revenir dans le néant, trop fugaces pour bien les voir mais suffisamment présentes pour marquer l'esprit de celle qui les entre-aperçoit.

Ainsi, l'observation se transforma bien vite en amusement, comme si un extra-terrestre essayait de comprendre un spectacle de marionnettes. La ligne parlait, et Aya ne pouvait qu'apprécier sa communication lumineuse.

Finalement après des heures qui semblaient avoir été des minutes... ou des semaines, allez savoir, le soleil qui servait de communicateur finit par rougeoyer, et le langage de la ligne devint plus lancinant. Elle essayait de se rapprocher de l'astre céleste, et se plaignait déjà de leur séparation à venir, teintant l'océan bleu d'une teinte ocre. C'était l'amour qui pressentait le manque, la vie qui se préparait au deuil.

Et finalement, après un dernier sursaut de liberté, la boule de feu stellaire finit par rentrer entièrement au sein de celle qui l'attendais depuis le début de la journée. Le ciel comme la mer se teintèrent petit d'un noir de jais, et la ligne cessa de parler.

Elle serait de retour demain.

...

La Miyamoto devint rouge pivoine. Elle venait de faire ce que Sanada avait voulu. Qu'il soit maudit !

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Masamune Sanada
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Masamune Sanada
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Sanada connaissait l'île de l'abandon. Sa propre mère, la pythie, avait suivi l'enseignement des jeunes vierges. Lui-même avait dû entrer dans une procession juste avant d'entrer à l'académie. Il savait donc ce qui attendait la jeune femme. Une autre vision du monde. Un retour à la source, à l'essence de ce qu'elle était.

Les vagues se faisaient de plus en plus hautes alors que la brume se leva brusquement, bloquant la vue pourtant dégagée quelques secondes plus tôt.

- Accroche-toi ! Cria Sanada en concentrant son chakra dans ses pieds pour ne pas être expulsé de l'embarcation alors qu'elle grimpait la crête d'une immense vague. Au sommet, Sanada se délecta de cette seconde où le temps était suspendu, où le catamaran planait dans l'air avant de chuter presque à pic dans la descente.

- Wouhou !!! S'écria-t-il alors qu'ils prenaient tant de vitesse que les dérives cassèrent l'eau, remontant la coque à un mètre de l'eau.

L'immense vague se brisa tandis que Sanada orientait l'embarcation pour passer au-dessus des restes du monstre marin devenu insecte d'eau douce. Ainsi était le miracle de la nature. La rosée du matin qui rafraîchissait et le Tsunami qui décimait des continents n'était qu'une et même chose.
Au loin, l'île se dessina, petit bout de terre presque parfaitement rond. Au centre, une immense montagne trônait, gardien des terres et phare visible depuis l'horizon. En approchant, Sanada garda le silence, ses lèvres collées sur le calumet. Quand enfin la terre fut à quelques dizaines de mètres, le jeune homme abaissa les voiles et lâcha l'ancre.

Ce n'est que lorsque les manœuvres furent achevées qu'il expliqua à Aya ce qu'ils venaient faire ici.

- Je ne vais pas avec toi sur cette île. J'ai déjà parcouru mon chemin. Nul n'y retourne deux fois. Ce n'est pas une secte religieuse, mais fais ce qu'elles te demandent. Je te promets que tu n'auras pas à le regretter.

D'un geste, il lui indiqua la plage au loin.

- Laisse donc tes armes, tu n'en auras pas besoin pour combattre contre toi-même.Dit-il avant de se taire, laissant le bouchon d'une canne à pêche occuper son regard et son esprit.

Sur la plage, Sona attendait la jeune femme avec calme. Cela faisait un moment qu'elle n'avait pas aperçu le bateau du fils de l'orage et voilà qu'aujourd'hui, il ramenait une étrangère au culte. Qu'est-ce qui pouvait donc la tourmenter ?

La jeune femme avait fière allure. Avec ses cheveux noir de jais coupé net au-dessus des épaules, son regard lavande et son porté noble. Pourtant, le sixième sens de la prêtresse percevait une anomalie. Un dérèglement dans le chakra de cette guerrière. Elle garda le silence et son sourire bienveillant pour l'accueillir.

- Bienvenue. Je me nomme Sona. Suis-moi. Dit-elle simplement.

Espérant que la jeune fille allait lui emboîter le pas, ce qui était le premier des gestes à accomplir, elle déambula sur la plage jusqu'à entrevoir un chemin qui s'enfonçait dans la forêt tropicale. Elle marcha pendant des heures, sans un mot. Laissant la nature et les arbres chuchoter leurs secrets à la jeune femme. Enfin, après une énième montée, elles arrivèrent dans un village des plus atypiques. Les maisons semblaient être de simples tronc vides, des troncs si gigantesques qu'un de ces spécimens pouvait contenir plusieurs habitations. Sona laissa son invité s'imprégner des lieux, un habitat totalement en osmose avec la nature, où les enfants jouaient sur des balançoires de lianes, où les racines formaient les bancs et les alcôves pour les commerces. Dans un savoir-faire millénaire, les habitants avaient réussi à dompter le bois souple, l'entremêlant pour former des ponts, que seuls les siècles et la croissance des végétaux consolidaient.

Sona traversa le village pour arriver dans un environnement plus sauvage, à la différence près que les arbres ici, des séquoia à feuilles d'if, mesurait plus de cinquante mètres de haut.

- Bienvenue dans le sanctuaire des sages. C'est ici que tu passeras les deux prochains jours, seule.

Elle continua son chemin et elle indiqua un petit abri caché sous une des racines monstrueuses des géants.

- Il y a, sur le sommet de ces sages, de petits fruits jaune et rouge, qui contiennent une graine de la taille d'un pouce. Prends en une, garde-la bien avec toi. Voilà ta mission et ton objectif. Cette graine sera ton professeur. Si jamais tu as un problème, marche vers l'est, tu retrouveras notre village. Mais je tiens à ce que tu comprennes d'abord pourquoi Sanada t'a emmenée ici. Une graine et une seule. Au sommet. Je reviendrai dans deux jours. Dit-elle avec un sourire doux. Une dernière chose, il me faudrait tes habits. Tu es un animal dans cette forêt, comme les autres. Oh, et voici un petit mot de Sanada. Tu dois l'ouvrir que lorsque tu auras la graine avec toi.

Elle déposa une petite corbeille contenant des vivres et le petit parchemin et repartit vers son lieu de vie.
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Miyamoto Aya
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Miyamoto Aya
Elle avait dormi. Aussi improbable que cela puisse paraître, elle avait été épuisée par l'exercice de la veille, mais pourtant son esprit ne pouvait se détacher de l'étrange forme de vie qu'elle avait découverte. Elle avait toujours été là, et pourtant la jeune femme n'y avait jamais fait attention... Qu'avait-elle raté d'autre en ce bas monde ?

Elle rêva d'un être lumineux, se blottissant dans les bras d'un autre, plus obscur.

Le jour suivant s'annonçait plus amusant. Déjà, pas de défis étranges du style "regarde la planche de bois pendant 12 heures", mais surtout la mer semblait enfin décidée à s'agiter un peu. Citez-moi une chose de plus amusante qu'un bateau filant à pleine vitesse sur des vagues titanesque ? Nous sommes d'accord. Ainsi, la jeune femme fut surprise de voir un Sanada s'amuser (un peu) également. Il n'était peut être pas seulement composé à 95% de paresse et de livres ?

Finalement, les vagues se calmèrent et une île apparut. Comme ça. C'était presque irréel, comme dans un conte. "L'ile qui n'apparait qu'aux plus braves". Peut-être que cette île existait vraiment, du coup ? Le cœur de la Miyamoto se mit à battre un peu plus vite alors que l'embarcation se rapprochait du rivage. Elle n'était donc pas prise au piège, mais Sanada avait bel et bien prévu quelque chose ! Peut-être chasser un monstre légendaire ? Ou alors aller explorer cette île inconnue de toute carte ? Elle resta muette, écoutant son aîné alors que le navire s'arrêtait.

C'était encore plus surprenant que prévu. Elle allait y aller seule ? Elles ? Qui étaient ces "elles" ? Quand il lui demanda de laisser son arme, Aya eut un mouvement de recul. Elle ne s'était jamais séparé de son katana, jamais ! Il était son gardien, son assurance, son ami. Et puis, parès tout, elle en aurait peut-être besoin pour se combattre elle même... Mais le regard de Sanada était intransigeant et elle se résigna donc, non sans grommeler pour montrer son désaccord. La curiosité d'aller explorer une nouvelle île était bien trop forte.

***

La jeune femme posa le pied à terre, sentant le sable humide se frotter à ses pieds. Elle avança doucement sur la plage pour faire finalement la rencontre d'une femme... elle devait plutôt être une fée. Elle était très belle, mais totalement indéchiffrable. Sa phrase d’accueil était comme son attitude, énigmatique. Elle commença à partir, et Aya lui emboîta le pas après une légère hésitation.

Une multitude de questions commencèrent à germer dans l'esprit de l'uzujine mais elle se garda bien de les poser. Elle sentait que ce n'était pas le moment. Elle suivit donc la femme, silencieuse mais observatrice, s'arrêtant sur chaque détail qui sortait de l'ordinaire. C'était très différent d'Uzu, bien plus tropical, et donc une source sans cesse d'émerveillement. Jamais telle végétation n'avait croit de manière aussi luxuriante sur les terres du village caché des tourbillons, jamais telle faune n'avait prospéré.

Les arbres ici avaient une histoire à raconter. L'histoire d'un monde différent, bien plus ralenti que le leur. Ils avaient vu passer bon nombre d'existences, autant de battements de cœur fugaces que d'étoiles dans le ciel, bien trop pour les retenir. Ils avaient vu passer les temps, ceux des hommes mais également ceux de leurs ancêtres. Ils verraient probablement leur futur, voire peut-être la fin de toute chose. Ils étaient les seuls seigneurs ayant jamais eu une importance, et le seraient pour l'éternité.

Après quelques heures de marche, les deux femmes arrivèrent à un village. Et Aya marqua une pause, soufflée malgré elle par ce qui s'étendait devant elle. Des gens vivaient ici, en osmose avec la nature environnante, comme protégés par une mère arboricole bienveillante. Des gens avec une vie simple, passionnelle et pleine, sans avoir à se soucier des enjeux politiques des villages et des horreurs de ce monde. Ils n'avaient pas la pression d'un nom, les devoirs d'un rang, les obligations d'un système... Ils étaient heureux. Ils étaient tout ce que la jeune femme aurait souhaité être. Mais elle ne pouvait pas les rejoindre, elle ne pourrait jamais. Il fallait qu'elle reprenne sa route... Et elle se remit donc en mouvement.

Le duo arriva finalement dans une partie bien plus sauvage et titanesque que tout ce qu'ils avaient traversé auparavant. Aya n'imaginait même pas qu'il puisse exister des arbres aussi gigantesques... Mais elle n'était plus surprise de rien, sur cette île.

Le sanctuaire des sages, hein ? Je suppose que si l'on vit 1000 ans, on mérite d'être appelé sage.

Elle écouta alors le petit briefing de son accompagnatrice, toujours aussi étrange que tout ce qui s'était passé depuis que la Miyamoto avait posé le pied sur cette île. Une graine en professeur ? Pourquoi pas, après tout. Se séparer de ses vêtements fut une idée bien plus dérangeante pour la jeune femme. Elle n'était pas vraiment exhibitionniste, mais ses vêtements lui servaient aussi de carapace pour cacher les nombreuses cicatrices qui venaient balafrer son joli corps, résultat de nombreux châtiments. Mais elle n'y échapperait pas, pas vrai ? Elle se mit donc dans le plus simple des appareils... Et se retrouva soudainement bien seule.

***

A vrai dire, tout était très abstrait. Ça sentait les trucs que Sanada et ses professeurs adoraient, mais qui n'avaient jamais passionné la Miyamoto. Non pas qu'elle n'aime pas réfléchir, mais le vertige de la réflexion l'avait déjà prise une fois, et elle avait simplement décidé de ne pas y retourner. La vie était plus simple quand on la prenait telle qu'elle était, tout simplement.

Seulement, il semblait qu'elle n'y échapperait pas, cette fois. Surtout que, après tout, elle n'était pas vraiment seule. Elle l'avait été pendant une partie de sa vie, du moins lui semblait-il, mais c'était de l'histoire ancienne.

"Pas vrai, hein ?"


"C'est clair."

Bon. De toute façon, pour l'instant il ne servait à rien de trop réfléchir. Il allait falloir aller récupérer une de ces fameuses graines, tout en haut d'un de ces "sages". Une fois qu'elle l'aurait, elle verrait bien en quoi elle serait son professeur, non ? Dans tous les cas, ça n'allait pas être une mince affaire. Les sages étaient vraiment très très grands, et la jeune femme ne pouvait pas utiliser de la technique tout simple lui permettant d'adhérer à la surface des arbres. Elle était beaucoup trop douloureuse, et donc incontrôlable. Elle serait donc plus un danger qu'autre chose.

"Plus qu'a monter à l'ancienne, on dirait."


"Mh."

Oni était calme, pour une fois. La Miyamoto pouvait le sentir observer ses agissements, mais il ne semblait pas vouloir intervenir plus que ça. C'était au moins ça de pris.

"Te rassure pas trop, non plus. Si ça dégénère, j'interviens."


Aya n'ajouta rien, mais elle savait qu'elle ne pourrait absolument rien faire pour empêcher l'esprit de prendre le contrôle. Même si elle ne le voulait pas de tout son âme, elle était à des années-lumière de pouvoir ne serai-ce qu'espérer le contenir.

Elle se déplaça donc devant un des sages, fit quelques étirement, et commença l'ascension. C'était... plus simple que prévu. Il faut dire que la jeune femme avait déjà escaladé nombre d'arbres lors de ses fugues, et, finalement, le sage restait un arbre. Un très très très grand arbre, mais un arbre. Ainsi, elle retrouva assez vite ses repères, et l'ascension se déroula tranquillement.

Elle dura... des heures ? Longtemps, en tout cas. La jeune femme s'assurait de sa prise à chaque fois, ne voulant pas prendre de risque inconsidéré. Une chute signifierait une mort probable, et donc elle préférait éviter.

La douce écorce sous ses pieds, sa peau délicatement touchée par le soleil et frôlée par les feuillages, tout cela formait un ensemble agréable. Elle y aurait bien passé la journée, voire même plusieurs semaines. Pendant un temps, elle était loin de ses soucis, loin de sa vie, loin de tout ce qui la tourmentait. Elle était juste bien, et c'était une sensation qui avait malheureusement tendance à s'évaporer.

Car toute bonne chose à une fin, et la grimpette également. Elle fut elle même surprise d'être arrivée en haut tant l'effort avait fini par faire place à un plaisir simple. Elle s'installa sur une branche qui devait bien faire trois fois sa largeur, et trouva alors son mystérieux "professeur". Ils étaient en réalité plusieurs, comme une grappe de petits raisins jaunes et rouges, dissimulés sous les larges feuilles de l'arbre. Ne connaissant pas les fruits, Aya se garda bien d'en ingérer malgré la faim qui s'était saisie d'elle après tous les efforts fournis pour éviter de s'empoisonner bêtement. Elle ne fit que se saisir de l'un des fruits pour l'ouvrir délicatement afin d'en extraire ce qu'elle était venue chercher : la graine.

Le cœur de la jeune femme se mit à battre légèrement plus vite en la découvrant, mais elle fût malgré tout un peu déçue. C'était une petite graine noire. Elle ne se mit pas à soudainement parler, et elle ne provoqua aucune réaction en elle. Elle s'y attendais... mais ça n'atténua pas sa déception.

Elle avait laissé la corbeille contenant le mot de Sanada un peu plus bas dans l'arbre, dissimulé sous des feuilles car étant trop encombrante pour être totalement montée. La nuit commençant à tomber, il allait être trop dangereux pour redescendre. Ainsi, elle décida de passer la nuit tout en haut de l'arbre, quitte à jeûner et attendre le lendemain pour découvrir le mot de Sanada. Peut-être qu'il l'éclairera un peu plus ?

***

Elle dormit bien. Ce n'était pas la première fois qu'elle dormait dans des endroits insolites, mais aujourd'hui elle se sentait apaisée. Elle n'aurait pas de comptes à rendre dès qu'elle redescendrait, ne devrait affronter la colère de personne. Elle profita donc de ces quelques minutes de paix avant de se remettre en mouvement. Il faut dire qu'elle avait faim ! Et puis, elle avait hâte d'y comprendre enfin quelque chose. Elle redescendit donc de son perchoir pour s'arrêter de nouveau à un étage plus bas, là ou elle avait laissé la corbeille apportée par l'étrange dame. elle fut soulagée de l'y retrouver, intacte, et commença donc par se sustenter.

Il y avait de multiples fruits inconnus, ainsi qu'un espèce de galette aux composants inconnus. C'était très bon, composé de pleins de saveurs qui étaient inconnus à la jeune femme. Masa aurait tué quelqu'un pour avoir un accès à ces fruits, et nul doute que la Miyamoto lui ferait un rapport sur ce qu'elle venait de découvrir.

Cependant, une fois son appétit calmé, il était temps d'y voir un peu plus clair : Sanada. Elle déplia doucement le mot qui avait été glissé au fond de la corbeille, comme si le jeune homme avait su qu'elle mangerait avant de s'y intéresser.

"Tu dois devenir ce que tu es. Fais ce que toi seul peux faire. Deviens sans cesse celui que tu es, sois le maître et le sculpteur de toi-même."

"..."

"Merci, je suppose ?"


Ce n'était pas du tout éclairant sur sa situation. C'était du Sanada, du professeur Miyamoto. C'était bizarre et sans vraiment de sens. Bref, c'était tout sauf surprenant et bien moins fantastique qu'elle ne l'espérait.

Résumons : Elle avait donc une petite graine noire qui devait lui apprendre des choses, et un mot cryptique.

Su-per.

Elle se mit à jongler avec sa graine comme on jonglerais avec une pièce, une jambe dans le vide et une autre repliée, et s’installa contre le tronc du sage, tentée de tout simplement abandonner. Elle n'avait jamais aimé ce genre d'exercices mentaux, non pas qu'elle en soit incapable mais ce n'était tout simplement pas ce qu'elle aimait.

Cependant... cependant il y avait eu toute cette mise en scène. Quand les professeurs Miyamoto faisaient cours sur ce genre de sujets, c'était dans un bureau et devant des livres. Là... là c'était différent. Jamais on avait à ce point essayé de la mettre dans des conditions différents de ce qu'elle connaissait pour lui transmettre quelque chose. Peut-être que, pour la première fois, on voulait vraiment qu'elle comprenne quelque chose ?

Ça valait le coup d'essayer.

La valse de la graine s'arrêta, et aya la porta au niveau de son oeil comme pour l'examiner sous toutes ses coutures. Petite, ridée, il ne semblait rien avoir à en tirer. Cependant... cependant, une idée fugace traversa l'esprit de la Miyamoto, idée qui se transforma rapidement en un torrent de considérations.

***

Le plus remarquable dans cette graine, c'est sa taille. Il est improbable d'imaginer qu'un arbre aussi immense ait été un jour une aussi petite graine. Et puis... les fruits sont tellement inaccessibles. Si petits, si cachés. Pourquoi ? Pourquoi la mettre au défi d'aller chercher spécifiquement cette graine en particulier ?

Elle eut un vertige, se redressant sous l'effet d'une pensée nouvelle.

Imaginons que cette graine est sa propre personne. Peut-elle devenir aussi grande que les sages qui l'entourent ? Etait-ce cela, finalement ? Ne pas s'arrêter simplement à la graine qu’elle était, mais pousser, pousser, et encore pousser pour devenir aussi majestueuse que le plus grand des sages.

Elle eut un petit sourire ironique en repensant au message de Sanada qui prenait maintenant tout son sens.

Si seulement c'était aussi simple ! Elle n'aspirait qu'a cela, pouvoir se développer comme elle l'entendais, s'adonner à ses passions et être la personne qu'elle souhaitais devenir. Mais ce n'était pas son destin. Elle n'était pas née au bon endroit pour pouvoir se sculpter elle-même.

On attendais d'elle qu'elle devienne une guerrière redoutable, aux ordres de ses pairs et dévouée à son clan. Elle avait déjà décidée d'un destin différent, mais on l'avait violemment recadrée, encore et encore, si bien qu'elle avait compris qu'elle n'y échapperais pas.
On attendais d'elle qu'elle surmonte l'esprit redoutable qui grandissait en son sein, et même si cette confrontation la terrifiait, elle ne pouvait pas simplement décider de vivre en harmonie avec ce dernier. Sa propre vie était en jeu.
On attendais d'elle tellement de choses que, même si elle s'enfuyait à l'autre bout du monde pour vivre en ermite, elle se ferait inlassablement rattraper par son devoir. Il n'y avait pas d'issue, pas d'espoir, et surtout pas de soi-disant accès au bonheur par une bêtise telle que le développement personnel.

Ça lui était interdit.

Voilà pourquoi la philosophie, c'était une grosse c*nnerie. Des phrases à n'en plus finir, des traits d'esprits et des joutes verbales qui tentent de t'expliquer comment révolutionner ta propre vie, mais qui partent toutes du principe que tu es libre. Comme cette graine, libre de se détacher de son arbre pour tenter son aventure, libre de rouler jusqu'au bout du monde ou de rester à jamais sous l'ombre de son parent, libre de grandir comme elle le souhaite ou ne jamais fleurir.

Tout, au final, venait lui rappeler douloureusement pourquoi elle ne pourrait jamais être libre de sa vie. Et c'était bien pour ça qu'aya détestait la philo.

***

Elle décida d'enterrer la graine dans une clairière, là où elle en serait pas gênée par l'ombre d'autres arbres. Elle deviendrait le plus grand sage de cette forêt, car elle en avait la possibilité, elle. Même si Aya sera à jamais prisonnière, la graine, elle, au moins, pourra grandir comme elle le souhaite.

Si la femme décide de lui poser des questions, elle dira qu'elle n'a pas compris l'exercice, ou qu'elle a échoué. C'était de toute façon toujours ce qui lui arrivait, non ? Échouer tout ce qu'elle entreprenais. Les cousins seront déçus, Sanada également, mais ça ne sortira finalement pas de l'ordinaire. C'était la solution de la facilité, celle de tout prendre sur elle.

Comme toujours. Comme toujours.
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Les pieds et la greffe aquatique dans l'eau, le soldat des Cinq attendait le retour de Sora. Il connaissait parfaitement le rituel pour l'avoir réalisé lui-même, il y a maintenant plusieurs années, juste avant d'entrer au village ninja. Lui aussi avait été face à cette graine, nu, à la recherche de ce qu'il devait être. Après une nuit et une journée de réflexion, Sora était revenue à lui. Ils avaient parlé longuement, puis elle l'avait laissé au village pour quelques heures, le temps qu'elle parle à celle qui l'avait mené ici, la Pythie.

Sora apparut et raconta ce qu'elle avait observé chez la jeune fille, son comportement du début à la fin. Les sages n'étaient en effet pas les arbres, mais bien ce conseil religieux, conseil qui observait à l'aide de moyen mystique l'être profond de ceux qui s'aventuraient chez eux.

Aux mots de Sora, Sanada eut un sourire. Malgré son comportement, Aya avait un esprit fin, acéré. Ce qu'elle prenait pour des doutes étaient des certitudes, la fatalité qui lui pesait sur les épaules avait pourtant une allure de liberté, c'était une femme complexe, bien plus qu'elle-même ne semblait vouloir le croire.

À la tombée de la nuit, Aya revint enfin sur la plage. Sanada la laissa monter en silence et largua le grand-voile aussitôt. Ce n'était qu'une première étape. Il avait bien d'autres choses à lui montrer.
Sous la lumière de la lune, le bateau embrassait la mer à vive allure. Ils fonçaient maintenant vers les doigts de l'océan et un petit village de pêcheurs. Plusieurs jours de pleine mer les attendaient, mais, le temps, quand aucune aspérité ne venait trahir l'horizon, était différent.
Sanada garda le silence la nuit durant, vérifiant le que l'embarcation gardait le cap en dormant par intermittence. Ce n'est que le lendemain, alors qu'il pressait quelques oranges pour le petit-déjeuner, qu'il interrogea Miyamoto sur son ressenti. Sans l'interrompre, il écouta son expérience, ses interrogations sur la liberté et son fatalisme, qui avait les mêmes conclusions que celles de Sanada, mais pas les mêmes origines.

Ce qu'elle lui confia correspondait au témoignage de Sora. Sanada fut satisfait de son honnêteté, mais ne put s'empêcher d'éclater de rire. Il alluma son calumet et plongea son regard sur l'étendue sans fin qui les entourait complètement.

- La liberté n'est pas une chose que l'on enferme, pas même dans un mot. C'est tout le paradoxe. La penser, c'est déjà l'entraver, la définir, et donc, cloué un enclos. Tu sais, on peut croire que j'aime les livres et penser parce que ça fait bien. Mais la philosophie, ça se vit Aya. C'est un exercice quotidien d'interrogations et de questionnements. On n'est pas obligé de réfléchir sur le concept de la vie. On s'en fout, on y est. Je veux que tu prennes conscience de la dissociation entre ce que tu penses et ce que tu fais.
Il inspira longuement les effluves odorants qui s'échappaient de sa pipe et fouilla un instant dans sa large besace. Il sortit un petit sac de tissu bien ferme et le confia à Aya en l'invitant à l'ouvrir d'un geste.

- Tu as eu pour consigne de garder cette graine, elle sert de rappel, de fétiche qui permet de ne pas se perdre quand on est happé par les tourments du réel. Sanada regarda un instant la graine qu'il avait enlevée de l'arbre il y a plusieurs années qui gisait dans le creux de la paume d'Aya et reprit. Tu avais une consigne, mais tu as préféré ne pas sacrifier la grandeur de cette graine pour faire pousser la tienne. Tu as désobéi aux ordres, à ce que la fatalité des hiérarchies t'ordonnaient. Par ton geste, tu t'es affranchi de la leçon centenaire pour créer la tienne. Cette graine deviendra un arbre majestueux. Mais non pas, car il est libre, non pas, car c'était son destin, mais parce que ton être à rencontrer le sien. Sans toi, il aurait sûrement grandi sous l'épaisse prison de ses compères, sous leur joug, leur morale, leur ombre implacable qui l'empêche de voir. Et pourtant tu n'en a tiré aucune fierté, tu l'as fait car c'était ce que tu croyais juste.

Sanada laissa un silence s'installer. Si Aya voulait répondre quelque chose, il était tout ouï. Il n'était pas là pour donner la leçon. Comme la graine et Aya, l'échange était bien plus enrichissant que la leçon. Enfin, il reprit pour amorcer le second objectif. C'est la voix un peu cassée qu'il évoqua pour la première fois depuis la mort de Rokuro le drame qui avait impliqué sa sensei avec le professeur Yasunari, un Miyamoto exilé devenu fou.

- La première femme qui m'a accueilli au village se nommait Miyamoto Rokuro. Mon premier amour Miyamoto Mahina. Je déteste ton clan et pourtant, j'ai toujours eu une promiscuité avec lui. Je ne sais pas tellement pourquoi. Dernièrement, j'ai assisté à ce que votre don pouvait avoir de plus sombre. Et tu sais comment j'ai reconnu le pouvoir Miyamoto ? Parce que j'avais vu ma sensei le faire, mais surtout parce que toi-même, tu avais voulu me tuer avec, lors de notre entraînement collectif au dai henge. Tu te souviens ? Moi, je me rappelle de ton visage, de ton corps qui semblait se battre contre lui-même. As-tu ce don Aya ? Es-tu véritablement maître de ton corps et de ton esprit ? Comment veux-tu être apaisée si même dans ta forteresse intérieure, tu ne règnes pas en souveraine absolue ?

Prenant sa tête, Sanada plongea son regard dans le sien en se rapprochant à quelques centimètres de son visage.

- J'ai vu des "ancêtres" détruire leurs hôtes, les rendre fous à lier, transformer leur conscience pour pouvoir revivre au travers des enfants du clan. Qui se cache derrière ce regard ? Qui t'empêche d'être ce que tu es ? Quel qu'il soit, il va falloir le mettre au pas. Dit-il en s'éloignant soudainement.
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Visiblement, personne ne souhaitais lui poser de question. La femme qui l'avait accompagnée jusqu'au sanctuaire revint comme elle l'avait annoncé, récupérant la corbeille presque vide et amenant les vêtements de la Miyamoto. La jeune genin avait craint une réaction négative de sa part, mais pourtant rien ne transparaissait une telle désapprobation dans son attitude.

Mais, l'absence de dialogue restait une preuve de son échec. Il n'y avait rien à dire car la Miyamoto n'avait même pas de graine en sa possession. Elle n'avait même pas commencé l'épreuve, et comptais garder cette version.

Alors, les deux femmes firent chemin inverse. Aya passa de nouveau au sein de ce village irréel, à la vie qui la tentait tant. Elle ne les reverrait probablement plus jamais, mais le souvenir de ce lieu sera gravé à jamais dans sa mémoire. Elle dit adieu intérieurement aux arbres millénaires, aux sages, et plus globalement à toute l'île. Elles marchèrent encore quelques heures dans la jungle, jusqu’à ce que la nuit tombe. Le trajet était bien différent, l'excitation de la jeune femme lors de son arrivée ayant fait place à de la lassitude.

Et, finalement, elle retrouva l'embarcation de Sanada. Il ne dit rien, lui non plus. Il n'y avait rien à dire.

Elle s'installa quelques temps sur le bord de l'embarcation alors que Sanada levait la voile, laissant son regard dériver dans l'eau sombre. Ce n'était définitivement pas simple de se rendre compte de la précarité de sa situation. Elle se laissa aller quelques instants, retrouvant son cher katana dont le poids familier vint apaiser son âme, avant de céder et de se retrouver dans les bras de Morphée.

Le lendemain matin, Sanada parla. Aya hésita de nouveau, ne sachant trop si il fallait lui dire la vérité ou non. Elle marmonna, éludant la question... avant de finalement tout lui raconter. Elle en avait trop sur le cœur. Cependant, si la conclusion était triste et lasse, la genin ne laissait pas transparaitre ses émotions. En réalité, elle n'en était pas si triste que ça.

C'était la réalité, un point c'est tout. Si elle perdait du temps à se lamenter, elle arrêtait d'avancer. Alors, elle préférait faire avec, et continuer à vivre. Peu importe ce qui lui tombait dessus, tant qu'elle en était consciente et continuait à se relever.

Sanada éclata de rire.

La jeune femme fronça les sourcils, mais eut malgré elle un petit sourire qui se dessina sur ses lèvres. Certes, la conclusion était tout sauf conventionnelle, mais ça avait été sa réponse. Bien vite, elle se détendit malgré elle en entendant Sanada parler. Il n'avait pas l'air si déçu que ça.

Et sa réponse à tout cela fut à son image : Sanada tout craché. Mais, au lieu de la dénigrer comme à son habitude, la jeune femme y prêta malgré elle (et jamais elle ne voudrait le reconnaître) une oreille attentive. Elle commençait à découvrir le jeune homme, qui était bien plus qu'un simple passionné de livres qui restait enfermé toute la journée. Il avait déjà affronté ce que la jeune shinobi avait subi, et il avait une maturité d’esprit impressionnante. La genin comprenait mieux pourquoi tout le village semblait le respecter, malgré son âge relativement proche de celui d'Aya.

Après qu'il lui ai donné sa propre graine, Aya décida de lui rendre après quelques secondes de réflexion, consciente de la portée symbolique de cette graine, et de la valeur qu'elle pouvait avoir eu pour Sanada.

"Reprends là. C'est la tienne. La mienne restera à jamais sur cette île, mais cela ne m’empêchera pas de penser à elle pour autant. Si j'ai décidé de rompre la "règle", alors je ne devrais pas obtenir le même résultat que tous ceux qui l'ont suivie."


Elle lui rendit délicatement la graine.

"Mais merci."

Elle décida de ne pas commenter les paroles philosophiques de Sanada, car elle même n'en avait pas la réponse. Disait-il faux ? Vrai ? Elle ne pouvait le savoir, et ne savait pas si elle devait s'opposer ou non. Parfois, le silence est le meilleur des arguments dans un débat.

Cependant, la conversation que la jeune femme pensait paisible se chargea soudain d'une émotion indéfinissable, qui s'émanait de Sanada. Tristesse ? Colère ? Un peu des deux, probablement. La jeune femme eut malgré elle un léger mouvement de recul, surprise de simplement voir un Sanada ne serait ce que légèrement vulnérable. Rokuro, Mahina, des prénoms familiers mais sur qui elle ne pouvait mettre de noms facilement.

Et les accusations s'invitèrent à la discussion. La jeune femme était acculée par les question de son professeur du moment, ce dernier s'approchant, encore et encore, comme avide de réponses. Mais les déclarations du chuunin ne terrifièrent pas la Miyamoto, au contraire. Une rage grandissante montait en elle, et ses yeux pourpres se mirent petit à petit à foudroyer l'homme qui était responsable de sa colère.

Elle répondit, sur un ton glacial.

"Tu crois que j'ai voulu te tuer, ce jour là ? Je t'ai sauvé la vie. Tiens, REGARDE !"

Elle tendit la paume de sa main devant la tête de Sanada, ayant une grande cicatrice au teint bruni.

"Tu parles comme Rinkusu. Un don, hein... Une malédiction, ouais. C'est lui qui voulait te tuer."


La colère de la jeune femme, aussi flamboyante qu'un foyer nourri de petit bois, était aussi prompte à se calmer. Elle souffla quelques secondes, avant de reprendre une fois ce malentendu dissipé.

"Bref. En effet, il y a bien un ancêtre qui vit en moi."
Le mot ancêtre était dur à prononcer, comme si il était encore invraisemblable pour la jeune fille. "Tout le monde a l'air de mieux les connaître que moi, à vrai dire. Mon père m'en a jamais parlé, et avant que l'autre se pointe dans ma tête je savais même pas que c'était seulement possible."

Elle secoua la tête, désabusée. Rinkusu, un homme ayant parcouru le monde et qu'elle venait tout juste de rencontrer, l'avait mit au courant de ce fameux don qu'elle ne connaissait même pas. C'était invraisemblable. Elle serra le poing qu'elle avait ouvert devant Sanada un peu plus tôt.

"Vu qu'ils pensent tous que je suis une ratée, ils ont pas cru possible que je possède ce... cet ancêtre. Et je crois que celui qui est dans ma tête est vraiment un sale type."


Elle marqua une nouvelle pause, se demandant ce qu'elle devait dire. Les prises de contrôle intempestives ? Les apparitions dans sa tête ? L'impression dérangeante de ce souvenir fugace où lui et elle ne faisaient plus qu'un ? La malédiction cachée dans les affaires de son père ? Il valait mieux faire simple.

"Il s’appelle Oni. Je sais pas ce qu'il a fait, mais lui et mon père se connaissent... mais je sais pas pourquoi. Il a essayé de te tuer, et a quasiment vaincu rinkusu après" elle se pinça les lèvres "avoir pris contrôle de mon corps. Quand il décide d'intervenir, c'est comme si une chape de plomb s'abattait sur mon esprit... je suis comme étouffée par sa puissance."

Elle dit alors, sur un ton terriblement neutre.

"Il va probablement prendre le contrôle total, un de ces quatre. Mais il est encore trop faible... la preuve, il n'intervient pas, là."

La jeune femme marqua une nouvelle pause, anormalement longue. Elle ajouta alors, d'une voix légèrement plus trainante qu'à son habitude.

"Enfin, ça ne l'empêche pas de prendre le contrôle quand il le désire, il s'agirait de ne pas l'oublier. Et ce n'est pas parce qu'il ne dis rien qu'il n'écoute pas."

Elle eut un petit sourire, un sourire chargé de mépris sur le monde.

"Vous savez le plus drôle ? Elle ne sait rien. Son imbécile de père m'a tellement facilité la chose. Je la mettrai au courant quand j'absorberai son esprit, ne vous en faites pas."


La Miyamoto tapa dans ses mains, comme soudainement enjouée.

"Mais trêve de bavardages ! C'est bien la première fois que quelqu'un d'autre que Seiren fait attention à moi, et ça mérite mon attention. Votre visage m'est inconnu, vous n'êtes certainement pas Miyamoto. Vous êtes ?"
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Aya était une belle jeune femme aux traits atypiques. Kaede disait d'elle qu'elle avait "du chien", une expression que Sanada n'était pas sûr de comprendre bien qu'il en saisissait les contours. Elle n'était pas d'une beauté lisse, presque éclatante. Non, son attrait résidait justement dans ses petites imperfections, dans ce comportement rebelle qui transparaissait dans le grain de sa peau, dans sa manière de se mouvoir ou de toiser ses interlocuteurs de ses yeux améthystes.
D'un naturel observateur, Sanada reconnaissait les manières, le comportement de la Miyamoto assez bien. Il distingua donc assez vite le changement chez elle.

Pendant quelques secondes, il fut assailli par les souvenirs de Rokuro, de Yasunari aussi, et des multiples esprits qui avaient fini par lui faire perdre la raison.
La blessure profonde qu'il avait subie au flanc durant son affrontement contre son ancien professeur devenu fou, le lança terriblement. Il se tordit sous la douleur, mais parvint à rester debout malgré les vagues qui rendaient l'exercice plus difficile.

- Vous savez le plus drôle ? Elle ne sait rien. Son imbécile de père m'a tellement facilité la chose. Je la mettrai au courant quand j'absorberai son esprit, ne vous en faites pas..Mais trêve de bavardages ! C'est bien la première fois que quelqu'un d'autre que Seiren fait attention à moi, et ça mérite mon attention. Votre visage m'est inconnu, vous n'êtes certainement pas Miyamoto. Vous êtes ?

Sanada reprit ses esprits et son calme, il s'assit et bourra son calumet d'herbes fraîches avant de l'allumer. La Miyamoto restait la même et pourtant, rien n'était plus semblable. Son regard dégageait une cruauté froide et sadique, ses gestes semblaient plus masculins, son visage était apaisé, comme heureux et parfaitement détendu.

Le fils de l'orage regarda autour de lui, il n'y avait rien d'autre que l'océan et eux trois, donc.
Les flots étaient ses alliés, comme le ciel, tant qu'ils étaient tous au cœur de son royaume, il avait l'intime conviction qui gardait un certain avantage.

- Effectivement, je ne suis pas Miyamoto. J'ai cependant été entraîné par Rokuro Miyamoto et Yasunari Miyamoto, un membre de votre clan qui est revenu au village après le schisme. Je ne suis pas un toutou du pouvoir comme la plupart des membres de ton clan, mais je connais son histoire sans doute bien mieux que ton hôte. Je suis Masamune Sanada, Chunnin d'Uzushio et soldat des Cinq. Je suis en ce moment même en plein entraînement, un exercice qui concerne Aya, mais ça, tu dois le savoir non ? Mais toi, qui es tu ? L'ancêtre qui a colonisé l'esprit de mon amie, ça, je le comprends bien, mais avant d'être un relent de vie, un simple esprit sans pouvoir direct sur le monde, tu étais qui ? Tu étais quoi ?

Sanada insista sur le passé en s'adressant à l'ancêtre, une façon de lui faire comprendre qu'à ses yeux, il n'était qu'une vaguelette tentant de redevenir tsunami.
Le soldat des Cinq sentait son cœur se calmer. Passé la surprise, il ne ressentait aucune peur. Lui qui rôdait depuis des années dans l'ombre de la sorcière, lui qui avait affronté la mort et la transformation physique pour transcender l'homme, ne pouvait plier face à un simple esprit, relent d'un monde qui n'était plus.

La main occupée par son calumet fumant, il se releva pour ajuster l'écoute comme si de rien n'était. Il voulait entendre ce que cet être avait à dire. Chaque mot pouvait être une arme pour Aya, chaque confidence, un sceau pour consolider la cathédrale qu'ils allaient bâtir dans son esprit.
Si depuis le début Sanada n'avait pas vraiment pris cet entraînement au sérieux, croyant à une simple quête initiatique pour calmer l'esprit d'une jeune shinobi turbulente, il voyait maintenant l'ampleur de la responsabilité que lui avait confiée le clan et au-travers de ces mortels, les dieux. Les hautes instances Miyamoto étaient elles au courant de cet état de fait ? Un membre du clan hors de contrôle pouvait devenir une arme redoutable, d'autant plus si elle était manipulée par un esprit maléfique aux sombres desseins.

Soudain, comme chaque fois que la grâce divine touchait le jeune homme, du moins, dans son esprit, il sentit toutes les énergies du monde s'aligner. Il revoyait Rokuro et ses cours, la première rencontre avec Aya, l'altercation avec Hana, cet étrange pouvoir qu'elle avait tenté de contrôler alors. La convocation des Miyamoto, puis ce voyage. Tout était nécessaire, rien n'était laissé au hasard. Les fils du destin de ces deux uzujins s'étaient enroulés à un moment précis de leurs existences pour arriver à cet instant. Sanada, comme parcouru de mille fourmillements, voyait chaque décision, chaque jour conduire leur destin vers cette tâche. S'il connaissait autant les Miyamoto, si les dieux l'avaient confronté à la folie que pouvait provoquer ce Kekkai Genkai, lui qui était un étranger du clan, n'était-ce pas pour le préparer à cet instant ?

Alors qu'il levait les bras au ciel en déclamant une prière en remerciement aux dieux, c'est Sanada qui parut plus enjoué encore que l'esprit parasite. Encore une fois, les dieux montraient la voie. C'est un ninja souriant qui se dirigea vers Aya, plantant son regard dans le sien alors qu'ils n'étaient maintenant plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre.

- Si je parviens à la guider vers son propre chemin, son esprit deviendra une forteresse, et toi, un pauvre laquais qui exécute les ordres de la reine, trop content de sortir de ta geôle quand on te l'ordonne. Tu peux parader pour le moment, mais en te révélant, tu viens de signer ta déchéance. Le destin est ainsi, et il est plus fort que toi ou moi, si tu veux y échapper, tu le précipites. Dorénavant, hâte-toi, car chaque jour sera passé à construire son édifice intérieur, ta prison.

Le soldat des Cinq se recula, jetant son dévolu sur l'horizon en tournant le dos à l'ancêtre pour bien lui montrer qu'il ne le craignait pas.

- Peux-tu détruire plus vite qu'elle ne construit, c'est ce que nous allons voir...Dit-il en laissant échapper une volute de fumée qui dansa avec le vent.

Il avait changé de cap durant la discussion. Maintenant que le destin avait révélé son dessin les concernant, ils allaient voir la seule qui pouvait encore les éclairer. La pythie. La propre mère de Sanada.
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"Amusant. Tu dis connaître les Miyamoto, mais que sais tu réellement du chemin sanglant sur lequel s'est bâti leur soi-disant honneur ?"

Aya marqua une pause, plissant les yeux pendant une petite seconde, avant de reprendre avec un petit sourire.

"Oh, tu sais. Tu sais pas mal de choses, en fait. Intéressant !"

Une lumière amusée passa dans les yeux possédés de la jeune femme. Il faut croire que l'esprit ne s'attendait pas à rencontrer un inconnu aussi bien renseigné sans même faire partie du clan d'illustres épéistes. Un allié d'Aya, hein ? La jeune femme essayait décidément de se battre avec toutes les armes qu'elle pouvait trouver, bien que ces dernières soient futiles. Les questions insistantes de l'érudit n'eurent pour seul effet que de faire soupirer l'ancêtre, balançant son doigt de droite à gauche.

"Tss tss. Tu te perds en détails sans importance. Si j'ai vécu comme tu semble vouloir le définir autrefois, rares sont ceux qui sont encore de ce monde pour pouvoir en témoigner. Mais concentre toi un peu !"

Son sourire revint alors qu'il semblait pouvoir enfin éclairer la voie du sage.

"Je t'ai déjà dit bien suffisamment pour que tu puisses te renseigner. Je t'ai donné des noms, des indices, et tu semble être capable de pouvoir les comprendre comme un grand. Alors, n'essaye pas d'être plus malin que moi ! Les occasions de discuter se font rares, ces temps-ci. Laissons donc les faux semblants pour plus tard, veux-tu ?"

En tout cas, Oni semblait déborder de confiance mais également prendre du plaisir à cette conversation. Tout semblait n'être qu'un jeu pour lui, comme un enfant psychopathe s'amusant à arracher les ailes de moucherons pour les voir ramper au sol. Qu'il était amusant de voir ce tout jeune homme s'approcher, proférer des menaces, sur de lui !  

"Cruelle sera ta désillusion, comme cruel sera le destin d'Aya. Tu parles avec des certitudes, mais à quel point est-tu certain de ce que tu profères ? Ne te rends tu pas compte de la situation à laquelle tu fais face ?"

La jeune femme commença a faire les cents pas, comme si elle profitait de pouvoir se dégourdir les jambes après avoir passé beaucoup trop de temps dans la même position. Qu'il était bon de se sentir vivant !

"Tu parles de forteresses, mais tu te trompes de sens. Je suis le Roi de son monde interne, et elle ne peut me détrôner. Tu crois que je viens parader en toute inconscience, tu crois pouvoir encore changer les choses... Et comment t'en vouloir ! C'est tellement humain, tellement candide. Alors, va !"

Elle s'arrêta, pour venir se coller proche de lui. Elle baissa le son de sa voix, la réduisant à un murmure, comme si elle venait souffler dans le creux de l'oreille de Sanada une bien sombre prophétie.

"Va, par delà le monde, par delà les océans. Remue ciel et terre, ressuscite les rois perdus et les mystères de ce monde. Va, et rends toi compte de la futilité de tes actes et de ta vie. Trouve le moyen de me stopper !"

Elle recula brusquement, se mettant à rire. Elle rit pendant de longues secondes avant de brutalement s'interrompre. La jeune femme tomba brutalement, comme un pantin désarticulé dont on venait de couper les cordes, avant de se redresser avec difficulté pour rester assise. Elle prit la parole une nouvelle fois, de nouveau elle-même.

"Je crois qu'il est de nouveau parti. Il fait souvent ça, il vient et repart. Je sais pas où il va, mais il disparait complètement. Comme si il avait jamais été là..."


Sa voix se voulait calme et maître d'elle-même, mais pourtant elle ne pouvait empêcher son corps de trembler de tous ses membres. Etait-ce le choc de la possession totale, la violence de sa venue et de son départ, son incapacité totale à ne serai-ce que protester contre la venue d'Oni, ou tout simplement l'angoisse toute légitime qui s’emparait de la jeune femme ?

Il faut croire que même l’invincible genin pouvait se laisser abattre par le cruel destin qu'était le sien.
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Masamune Sanada
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Les jours qui suivirent, Sanada ne parla pas beaucoup avec Aya. La présence de cet ancêtre dans l'ombre de la jeune femme avait éreinté la confiance qu'il avait en elle. Mais, plus encore, la métaphysique des Miyamoto paraissait presque au-dessus des dieux. Une chose qui ne pouvait être que source de méfaits pour le jeune homme.

Comme sa mère lui avait enseigné, il voyait le destin comme un fil tenu entre les griffes de Jashin, le gardien des destinées. Pourtant, il ne semblait pas avoir coupé le fil de cet énergumène. Ou pire encore, il avait survécu par-delà le jugement impassible des dieux.
Sanada avait changé son cap pour se diriger vers la pythie. Elle seule pouvait éclairer le duo sur la marche à suivre. Pourtant, le troisième soir après l'apparition du fantôme qui hantait Aya, une immense tempête se leva.

Le soldat des Cinq tenta tant bien que mal de sortir l'Atarashi de la tempête mais les courants étaient très forts et le petit bateau n'était pas armé pour contrer une telle puissance.

Pendant des heures, Sanada lutta contre la tempête, bien terré au fond sous la toile tissée qui les préservaient des intempéries. Malgré cela, les immenses vagues inondaient le pont régulièrement, réduisant drastiquement le confort du rafiot.
Soudain, un choc ébranla Sanada qui faillit chuter.

- On a dû heurter un banc de sable ou une tortue ! Cria-t-il à la jeune femme.

Mais, avant qu'il n'ait pu développer, il sentit comme une autre secousse. Aussi brusquement, le navire se mit à se mouvoir, traversant les vagues malgré le vent qui soufflait violemment sous des nuages noirs.

Incapable de comprendre, Sanada se contenta de se laisser porter hors de la tempête. Une fois le calme partiellement revenu, il se précipita sur le bord de la coque et plongea sa tête dans l'eau afin d'observer ce qui faisait avancer le bateau.

Lorsqu'il se releva, son visage était blême.

- Oh merde, oh merde, oh merde ! Dit Sanada d'un air paniqué en tirant les bords de sa capuche. Pourquoi elle ? Bordel !

D'un pas tout aussi pressé, il retourna sous la toile et se tourna vers la petite bibliothèque fixée au mur. Il arracha littéralement le loquet qui gardait les livres en place durant la navigation et se mit à jeter les livres derrière lui après en avoir lu les titres.

- L'Osmietisme et la raison. Non, ce n'est pas celui-ci ! Karo, aux confins de l'art mystique, c'est pas lui non plus ! L'Osmietisme, une religion multiple, toujours pas ! Mythes ou science, le pouvoir ésotérique des Moires des îles. Voilà ! Dit-il en se précipitant vers un coussin pour ouvrir le livre.

Datant de plusieurs décennies et écrit par une arpenteur du cercle d’argent nommée Abutsu Ni , le livre relatait son voyage dans des îles aux croyances exotiques.

Après avoir parcouru les pages à la va-vite, le jeune homme s'arrêta sur un chapitre.

Automne, -22, Temple du Bois Bleu.


Je suis arrivé au temple dans la matinée. Avant, en mer, j'ai rencontré une drôle de tribu repartant après un pèlerinage dans le cœur de la croyance Osmiétiste. Les fidèles m'ont raconté leurs croyances. Moi qui m'intéresse aux différents courants se réclamant de L'Osmiétisme, j'étais comblée. Je voulais poser quelques questions, mais je suis restée avec les croyants jusqu'en fin d'après-midi. Ils venaient tous réclamer la clémence des dieux afin de trouver les trois sœurs. Intriguée j'en ai demandé plus sur cette tradition.


Sanada sauta le passage trop long sur les sentiments de l'auteure et reprit la lecture en tenant de couvrir le bruit de la tempête encore prégnant.

Il semblerait que dans cette branche de l'Osmiétisme, le destin est perçu comme prédéterminé. Selon le folklore conté par les autochtones, les fils du Destin sont tenus par Jashin et £egok-Jashin. Chacun a une extrémité du fil, ils déterminent le trépas des mortels, honorable ou dans la honte et la puanteur. Entre le dieu et son £égok, les Moires, trois sœurs, tissent la destinée de tous les hommes. La première déroule le fil, la seconde tisse la tapisserie de la vie, la dernière enfin, le coupe, d'un côté ou de l'autre de la balance.

Si cette croyance semble minoritaire, le festival des sœurs l'est encore plus.

D'après les témoignages de ces habitants insulaires, les Moires sont incarnés sur la terre du Sekaï par trois sœurs. Lorsque l'une des sœurs meurt, les prêtres et les croyants se mettent à chercher un nouveau trio dans lequel les Moires ont élu domicile. Avec bien moins de pouvoir, elles semblent tout de même posséder une puissance mystique admirée des habitants. Les pèlerins commencent donc une quête afin de trouver les nouvelles Moires. J'ai envie de les suivre, mais je ne peux décaler mon entrevue avec l'Ocertan de Mino, l'occasion est trop belle pour que je la gâche.

En ce qui concerne les triplettes et leurs soi-disant pouvoirs, tout porte à croire qu'ils parlent du Chakra, mais je ne peux pas encore le prouver. Je tenterai de retrouver leurs routes après mon escale au Temple du Bois bleu.


Sanada regarda furtivement Aya avant de continuer, il avait conscience que ce qu'il disait n'avait aucun sens, mais, bientôt, elle allait comprendre.

Eté, -21, Shima-Biizo,


Après des mois de recherche, le groupe que j'accompagne semble enfin avoir trouvé. C'est sur une île un peu perdue, où la perliculture est le trésor principal que sont nées trois filles. Lorsque je suis arrivée dans l'étrange maison à moitié ouverte su la mer, Le femme était morte en couche. Trois filles, et le sacrifice de la mère, voilà deux signes qui m'avaient été décrits par les croyants pour connaître les réincarnations des Moires. Toutes frêles, les trois bébés furent immédiatement séparés. L'une restant sur l'île, les deux autres partant pour des lieux inconnus. Personne n'a voulu m'en parler. Je dois dire que j'ai hésité à intervenir. Voir des nouveaux nés séparés ainsi dès la naissance m'a semblé contre nature, mais j'ai juré de ne pas intervenir. Cela pourrait corrompre mes recherches. Les Moires représentent les trois phases de la Lune. La pleine lune est un bébé doux au visage radieux. C'est celle qui restera sur l'île. Le premier quartier semble avoir une tâche qui lui couvre la moitié du visage de manière étrangement parfaite. La nouvelle lune, enfin, semble plus rachitique que les autres, son corps est recouvert de croûtes. Je dois dire que voir cela est tout à fait étrange. Je pense à un sceau maudit pendant la grossesse. Il faut que j'en apprenne plus.


Sanada releva la tête pour regarder Aya. Bien entendu, celle-ci devait se demander pourquoi il lisait tout cela avec autant d'empressement. Le jeune homme, lui, continuait à tourner les pages de manière frénétique. Enfin, il s'arrêta, chassant rapidement la fumée qui stagnait au niveau de son visage pour pouvoir lire à son aise.


Hiver - 8, Shima-Biizo


J'ai retrouvé Shakyamuni, elle est toujours sur Shima-Biizo. La jeune adolescente est rayonnante bien qu'elle semble en permanence absente. Grâce à elle, j'en ai appris un peu plus sur les coutumes. Des croyants venus de tous les archipels viennent pour recevoir sa bénédiction. C'est elle qui m'a guidé vers Tsukimi. La seconde sœur semble moins encline à la parole. Elle a refusé de me recevoir. Pourtant, elle seule peut m'aider à retrouver Izanami, la dernière du trio. Pour indication, je n'ai eu qu'une phrase de la Pythie aux deux visages.

"Vous ne la trouverez jamais à moins qu'elle veuille vous parler. Prenez la mer, ses requins lézards vous guideront."


Sanada releva enfin la tête. Il jeta le livre à terre et prit la main d'Aya pour la mener vers le pont. Allongé sur le bois encore humide, il replongea sa tête dans les profondeurs marines pour y distinguer deux ombres imposantes et longilignes. Il invita sa partenaire à faire de même avant de se relever et de bourrer son calumet d'un air nerveux.

- J'en avais jamais vu en vrai, mais j'ai comme l'impression que les trucs qui emmènent l'Atarashi sont des requins lézards. Après un court silence où il savoura la première taffe de l'herbe sacrée, il reprit. Je crois que nous allons tous les deux rencontrer ma tante pour la première fois.
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Les jours suivants, la jeune Miyamoto se sentit bien solitaire. Elle avait ressenti un changement d'attitude chez Sanada, bien qu'elle ne puisse dire si il s'agissait de peur, de dégoût ou tout simplement la manifestation d'une détermination nouvelle. Pouvait-elle seulement lui en vouloir ? Elle vivait avec un monstre, et pouvait en devenir un à tout moment. Elle avait beau avoir toute l'ardeur du monde, la force de sa volonté pouvait-être balayée par la tempête interne que générais Bob.

Il était bien moins effrayant de le nommer Bob. Mais peut-être que le temps de fuir la réalité était terminé ? Se devait-elle affronter l'être qui sommeillais en elle en commençant par prononcer son nom ?

"Oni."


Le regard de la genin, à l'avant du navire, se perdit sur la ligne d'horizon scintillante. Elle se remémora le début du voyage où elle avait appris à déchiffrer le dialogue silencieux entre l'astre solaire et la mer, et laissa ses pensées dériver tel le bateau sur lequel elle était passagère.

Sanada pourrait-il vraiment l'aider ? Comment pouvait-il être aussi... différent ? Il semblait tellement sûr de lui, tellement savant et mature, tellement adulte... Ils n'avaient qu'un an d'écart, et pourtant la genin ressentait un gouffre entre eux deux. Elle qui n'avait jamais quitté Uzu, baignant dans le cocon Miyamoto la préparant au monde réel mais sans vraiment jamais l'y confronter. Qu'avait-il bien pu affronter pour devenir tel qu'il était ?

Ça aurait été une conversation intéressante sans aucun doute, mais l'ambiance du vaisseau n'était pas à la discussion. Si la genin s'en sentit un peu mal au début, elle appris à apprécier le silence qui était devenu son compagnon. Bob, Oni, s'en était allé après son coup d'éclat, la laissant avoir un peu de répit.

Le troisième jour (ou le quatrième, la jeune femme ne pouvait en être certaine), une tempête se déclara. La puissance des éléments déchaînes vint l'effrayer dans un premier temps, mais une hardiesse s'empara bien vite de son cœur.

Elle était si petite, si faible, comparée à l'immensité d'un océan déchaîné ! Et pourtant, elle n'avait aucune envie de reculer devant lui. N'étais-ce pas finalement la métaphore de son torrent intérieur ? Alors, pendant que Sanada manœuvrait le navire et aurait été de toute manière incapable de lui expliquer comment l’assister, la Miyamoto sortit sur le pont et s'accrocha au mat de toutes ses forces, affrontant la tempête de toute son âme.

A chaque vague, elle hurlait. A chaque éclair, elle hurlait. Elle hurlait sa joie, son envie de vivre qu'elle ressentait plus que jamais. En cet instant, en ce moment précis, elle était vivante. Se prendre des baffes d'eau de mer en pleine face et en rire...

C'est ça, la vie !


Elle finit par rentrer, sentant ses bras faiblir après une bonne demi-heure à rester accrochée. Elle était fatiguée, mais ses yeux luisaient de défi. Elle avait toujours aimé frôler la mort, affronter des dangers qui la dépassaient totalement. Finalement, n'étais-ce pas la définition de son existence ? Peu importe les défis, peu importe les dangers. Elle triompherait toujours - Ou mourrait en essayant.

Elle s'attacha dans un coin du navire encore sec, et se laissa bercer par la danse infernale du navire. Soudainement, après une chorégraphie particulièrement puissante (ça devait être du rock acrobatique), le navire sembla heurter quelque chose. La genin bondit de sa position, effectuant un vol plané avant de se réceptionner quelques mètres plus loin.

Un banc de sable, hein ? La Miyamoto imagina du sable se baladant en banc comme des poissons, se disant que la mer lui réservait décidément bien des surprises. Encore un choc, et encore un. Il devait y avoir beaucoup de poissons-grains de sable.

Cependant, même l'inexpérimentée épéiste finit par trouver les mouvements de leur embarcation bizarres. C'était toujours la tempête, mais pourtant le violent roulis dont les deux Uzujins étaient victimes semblait s'être adouci, comme si la mer elle-même essayait de sauvegarder les deux intrus terrestres au milieu d'un monde marin.

Le ciel s’éclaircit après quelques heures, et la Miyamoto soupira de soulagement à l'idée de pouvoir se sécher, quoique un peu triste de voir s'envoler son adversaire du jour. Au moins, avec le bruit des éclairs, elle avait l'impression qu'on lui parlait ! Le retour au silence lui paraissait maintenant bien moins attirant.

Sanada sembla soudainement pris d'une excitation sans bornes. Il était sorti prendre l'air mais il rentra précipitamment, afin d'accomplir un acte tout à fait Sanadien : Chercher un livre.

La Miyamoto le regardait faire avec un regard totalement éteint, rivalisant avec le regard d'un bovin. Peut-être que Sanada n'était pas le héros de maturité qu'elle croyait avoir enfin rencontré mais était bien Sanada, finalement. Enfin, qui à part Sanada allait courir ouvrir un livre avec autant de passion ? Il sembla avoir trouvé son bonheur, et se mit à lire à voix haute et avec beaucoup d'entrain et de précipitation.

Avez-vous déjà vu la façon dont un bovidé regarde passer les trains depuis sa pâture ? C'était à peu près la façon dont Aya observait le chuunin raconter des légendes sans queue ni tête. Enfin, si, c'était intéressant, mais la genin ne comprenait vraiment pas pourquoi il était vital qu'elle écoute.

Il y avait plein de noms compliqués qui sonnaient un peu légendaires mais que la genin ne parvenait pas à retenir sur le moment. Ça parlait de gens, d'îles, de prêtres et compagnie... Finalement, était-elle obligée d'écouter ? Il ne lui avait pas parlé pendant trois jours, et là il lui racontait ça ?! La genin décida de sciemment de rien écouter. A son tour de bouder, non mais oh !

Pourtant, la rêverie de la jeune femme fut interrompue par Sanada qui se saisit de sa main pour la trainer dehors.

Attendez.

Il a dit REQUINS-LEZARDS ????!!!!!!

Des étoiles emplirent les yeux de la Miyamoto, regrettant soudain de ne pas avoir écouté une miette des explications de Sanada. Des requins-lézards. C'était sans aucun doute le truc le plus COOL qu'elle avait jamais vu de sa vie.

"Ta tante à des Requins-LEZARDS ?!"


Les requins, c'était déjà tout en haut de la liste des trucs cools dans la mer. Les requins, ça avait des dents et tout et c'était super discret, tu les voyais pas venir quand soudain... CRAC, il venait manger ton navire ! Aya avait été bercée par les histoires de marins un peu trop éloquants racontant leur déboires avec ces seigneurs des mers. Et, même si Aya se doutait un peu que l'histoire du marin ayant pêché un requin de la taille d'Uzu était fausse, elle avait toujours gardé envers eux une image fantasmée.

Alors si EN PLUS ce sont des requins LEZARDS, mais c'était encore 10000 fois mieux ! C'était même plus fort que les ours polaires, les orques ou les escargots !

Aya tiqua soudain sur un détail un peu plus important que son histoire de requins bizarres.

"Attends, tu as jamais rencontré ta tante ?"


Chez les Miyamoto, c'était l’extrême inverse. Bon, la branche d'Aya était assez pauvre (à vrai dire, elle n'avait aucune ramification proche hormis son père et elle encore en vie), mais il était très commun pour les épéistes d'avoir une armée de cousins à des degrés assez divers. Et puis, Sanada était un voyageur ! Comment avait-il fait pour ne jamais la rencontrer ?

Soudainement, tout devint calme.


Très calme:

La mer, d'habitude toujours un peu mouvementée, se calma. Le vent se tût, et un silence absolu se fit entendre. L’océan devint plat et le soleil commençant à descendre à l'horizon vint le colorer en un ocre splendide.

La genin retint son souffle, comme pour atténuer le tout dernier bruit qu'il restait à entendre. L'Atarashi semblait glisser sur les flots, poussé par ses mystérieux bâteliers qui, tels charon guidant les âmes sur le styx, semblaient capables de deviner leur destination sans même avoir besoin de se consulter.

Après quelques minutes de cette glissade surréaliste, une île apparut dans le champ de vision de la jeune femme. D'abord point sur la ligne de l'horizon, elle se mit à grandir de plus en plus, avant d'apparaître dans toute sa majesté devant elle.

Ce n'était pas une île comme les autres, vierge et sauvage. Comme un temple posé sur l'océan, le pourtour de l'île fait de colonnes marbrées dessinaient un contour harmonieux, malgré une entorse à cette règle à l'endroit où les deux voyageurs semblaient se diriger malgré eux. Une crique s'ouvrait, tout aussi peu naturelle que ce qu'ils avaient pu observer, laissant un renfoncement qui semblait fait sur mesure afin de permettre au navire de Sanada de s'y accoster.

On pouvait voir une végétation luxuriante au centre de l'île, et de nombreux chemins faits de pierre blanche passant sous les colonnes s'entrecroiser, véritable dédale gracieux et raffiné. De la verdure s'incrustait autour du marbre, venant ajouter une touche de beauté à cette vision surréaliste.

Plus l'embarcation se rapprochait, plus l'île semblait prendre en taille. La genin commençait à se demander combien de personnes pouvaient y vivre quand l'embarcation toucha le bord du renfoncement.

Ils étaient arrivés.
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Le regard balayant le décor, Sanada attacha son bateau et foula la pierre blanche et finement taillée.

Autour de lui, quelques pêcheurs revenaient du large, des bateaux accostaient à un rythme régulier. Des pèlerins et des désespérés grossissaient les rangs des croyants venus recevoir la guidance ou la bénédiction de la prêtresse de la nuit.

Le jeune homme regarda tout autour de lui. Cet endroit, il en avait entendu parler depuis sa plus tendre enfance. Utsupia, la cité merveilleuse. On racontait qu'ici, la hiérarchie n'existait pas, que l'injustice et la violence était proscrite. Pacifique, le peuple n'en restait pas moins prêt à se défendre. Sur le chemin qui menait à la longue queue des fidèles attendant leur bénédiction, Sanada put voir des gardes bien bâtis et lourdement armés. Leurs lances et armures semblaient taillées dans la nacre. Sous l'effet des rayons naissants du soleil, les boucliers changeaient légèrement de couleur, restant dans des tons pastels très doux. On retrouvait ces couleurs sur les murs et les colonnes de marbre qui longeaient presque toutes les allées pavées. Il se dégageait de ce village une magnificence prodigieuse qui contrastait avec sa taille modeste.

Son calumet à la main, Sanada rejoignit la file d'attente avant de se tourner vers Aya.

- Maintenant, on attend notre tour.

La pythie, mère de Sanada, ne lui accordait jamais la primauté sur un fidèle arrivé avant lui. Lors de sa dernière visite avec Mifuyu, il avait ainsi dû patienter des heures avant de pouvoir présenter son sensei à sa génitrice. Le ciel divin ne faisait pas de distinction entre les hommes. Comme la mère de Sanada. Il ne s'attendait pas à moins de la part de celle qui était née du même ventre, le même jour.

La foule était hétéroclite. Des bourgeois portés par des servants attendaient, comptant et recomptant les offrandes qu'ils allaient offrir à l'Oracle de la nuit. Des miséreux les habits en lambeaux côtoyaient les dorures, ici comme chez la Pythie, tout le monde attendait selon la place que les dieux leur avaient donné. Le seigneur le plus puissant d'un village voisin ne pouvait dépasser un mendiant. Les gardes y veillaient.
Devant le duo d'uzujins, deux parents attendaient leur tour aussi. L'homme semblait abattu, comme si le sort s'était acharné sur son esprit, le vidant peu à peu. La femme, elle, tenait un nouveau-né entre les bras. Ses mains ne tremblaient pas et son regard perçant dévoilait toute la résilience du monde. Le bébé ne semblait pas respirer à son aise, son souffle sifflant et faible émanant du tissu qui le couvrait.

Ces pauvres gens ne vivaient sans doute pas sur cette île, réservé aux croyants et aux fidèles qui servaient l'Oracle de la Lune. Sanada ne comprenait pas pourquoi les Dieux faisaient souffrir les innocents, cela n'avait pas de sens. Mais, depuis toujours, on lui avait appris à respecter les volontés divines. Un ancêtre avait fauté, peut-être même les parents de cet enfant. Et voilà qu'il était maudit par les mêmes qui lui avaient accordé le don de vie. Aux parents maintenant, de payer leurs blasphèmes. Pourtant, au fond de lui, il trouvait toujours cela injuste. Pourquoi donc ce bébé était-il condamné avant même le début de son existence ? Lui n'avait pas encore fait de choix, et pourtant, il était jugé et condamné pour les actes d'un autre. Les dieux ne pouvaient-ils par tourmenter les coupables, morts ou vivants, plutôt que de maudir leurs descendances ?

Ne supportant plus la vision de cet être à peine né et pourtant déjà au bord de la mort, le jeune homme s'enferma entre sa capuche et les volutes de son calumet.

L'attente fut interminable. Sanada trépignait plus pour la famille devant eux que pour eux. La respiration du nouveau-né était de plus en plus noyée sous les conversations environnantes. Son souffle devenait plus court, pourtant, il n'avait plus la force de pleurer.

Enfin, le couple disparut derrière de longues portes de bois humides.

Autour de la grotte qui abritait l'Oracle, la beauté de l'île semblait avoir disparu. Tout autour de l'arche de pierre, les plantes semblaient malades. Les tiges tombaient vers le sol, laissant les feuilles presque noires caresser une pierre luisante et couverte de moisissures.

Sanada pria longuement pour le nouveau-né, fredonnant une chanson de la Pythie. Si seulement Mifuyu avait été là, elle aurait pu aider cette famille. Le chakra pouvait tuer, certes. Mais il pouvait aussi soigner et à ce moment, Sanada regrettait de n'avoir jamais voulu apprendre des bases d'iroujutsu.

Une heure plus tard, les portes de bois recouvertes de moisis et de mousse s'ouvrirent à la volée. Deux gardes escortaient avec force le couple. L'homme se laissa porter, le regard dans le vide. La femme, elle, hurlait à pleins poumons son désespoir. Le visage déformé par la douleur, elle se débattait de toutes ses forces, gardant son trésor emmitouflé dans le tissu contre sa poitrine.

Pourtant, la petite main qui dépassait ne bougeait plus.

Le lange qu'elle portait était devenu un linceul.

Sanada attrapa l'épaule d'Aya tant pour l'empêcher d'intervenir que pour pouvoir lui-même se contrôler. Ce combat n'était pas le leur. Il fallait l'accepter.

- L'Oracle va vous recevoir. Dit l'un des gardes devant la grande porte d'un air neutre.

Encore sous le coup de l'émotion, le soldat des Cinq emporta Aya dans la grotte pour ne plus regarder en arrière. Quand les portes se referment, un silence parfait revint, les cris avaient enfin disparu.

Face à eux, un ponton de bois moisi surplombait une eau verdâtre. Au fond de ces marécages intérieurs, des algues, bioluminescentes éclairaient un fond infesté de murènes, d'anguilles, et toute sortes d'animaux étranges. Sanada connaissait ces algues, une grotte près du village cachée du Tourbillon en était recouverte. Mais cette fois-ci, l'émerveillement se mêlait au dégoût. Le premier pas sur le ponton fut fastidieux tant le bois semblait humide et pourri de l'intérieur. La sensation était pour le moins désagréable, les getas de Sanada s'enfonçaient dans le bois détrempé, pourtant, il fallait continuer.

Au fond de la caverne, on pouvait distinguer une plateforme de forme ronde. Des centaines de bougies en faisaient le tour. Au centre, un simple tapis était posé. Quand il fut devant, Sanada observa le motif qui dépeignait une nuit étoilée sans l'astre lunaire.
L'humidité impressionnante du lieu empêchait l'herbe de Sanada de se consumer normalement et la respiration y était plus compliquée. Rien de très accueillant en somme.

Soudain, une silhouette apparut. Si Sanada s'attendait à un monstre difforme, il fut surpris. Il avait devant lui une femme on ne peut plus normal si l'on omettait les centaines de bandelettes sales qui lui couvraient la partie supérieure du visage. Les bandelettes semblaient voler au vent alors même que pas une brise ne venait soulager l'atmosphère pesante du lieu. Juste en dessous des épaules, le masque étrange de la jeune femme était maintenu par deux médaillons représentant des yeux. Sanada constata très vite avec effroi que c'était eux qui les fixaient, bougeant pour observer le duo comme un véritable regard pouvait le faire.

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La femme s'approcha d'abord de Sanada pour le sentir. Les médaillons plongèrent leur regard de métal froid dans celui du jeune homme, comme s'ils y cherchaient quelque chose. Enfin, elle se détourna de son neveu pour faire de même avec Aya. Tournant autour d'elle, elle la reniflait, la touchait tandis que ses étranges yeux observaient chaque centimètre de la Miyamoto.
Après de longues minutes, elle s'écarta.

- Shakyamuni, ta mère, ne peut rien contre la malédiction qui frappe cette jeune fille. d'ailleurs, je ne peux rien non plus. Les arts Miyamoto ne sont pas de notre monde. Il faut savoir respecter les frontières.

La voix de la jeune femme était rauque et caverneuse, à l'image du décor. Peut-être que des années enfermée dans cette atmosphère avaient altéré ses cordes vocales.

- Pourquoi nous avoir guidés jusqu'à vous alors ?

Pour seule réponse, l'Oracle tendit un bol à Aya.

- Bois. Nous allons toutes les deux aller voir au plus profond de ton être.

Sanada regarda avec empathie Aya tenter d'avaler ce truc verdâtre et gluant. Le jeune homme priait intérieurement pour qu'elle le fasse, il savait pertinemment que les Moires n'avaient pas plus de compassion que la foudre qui s'abat. Pas plus de miséricorde que la vague qui emporte les pêcheurs pour toujours. Elles donnaient comme la nature donnait, sans distinction, sans fierté, sans honte. Elles donnaient, car c'était le mouvement même de la vie que d'offrir. Mais elles pouvaient reprendre avec la détermination d'un tremblement de terre, sans jamais punir ni condamner pour autant.

Le jeune homme pensa au nouveau-né et déglutit avec difficulté. Il ne voulait pas rentrer avec un cadavre au village.

Peu après, Aya et Izanami perdirent connaissance, laissant le soldat des Cinq seul, entouré par les requins lézards qui faisaient des rondes, slalomant entre les plantes aquatiques lumineuses.
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Miyamoto Aya
Ost:

L'île semblait toute droit sortie des légendes millénaires, transmises de génération en génération par vive voix, puis par parchemins stockés dans les archives du clan Miyamoto.

On parlait d'une civilisation précédant tout, une civilisation aux arts et aux idées raffinées. Une civilisation visionnaire, qui pourtant avait petit à petit reculé pour finalement disparaitre dans un lointain continent. On ne les avais jamais revu depuis.

Et pourtant, et pourtant.

Tous sur cette île intimidait la jeune femme. Elle qui avait vécu toute sa vie dans l'opulence, grandissant dans la stricte mais luxueuse tradition Miyamoto, vivant dans de grands manoirs au bois finement ouvragé, dans des domaines privatisés et n'ayant jamais un quelconque besoin insatisfait... Elle se sentait comme écrasée par l'architecture dont elle était témoin.

C'était beau. Juste beau.

La blancheur de tout ce que son regard caressait venait faire tressaillir son âme, comme si une main invisible venait délicatement enrober son cœur pour le réchauffer. Elle sentait la grandeur de ceux qui avaient pu construire de tels parfaits édifices, et leur étrange mais tellement juste proportion ne cessaient de la faire tressaillir. Elle avait l'impression de marcher sur une oeuvre d'art, si douce et si chaude à la fois qu'elle en regrettait presque de poser son pied dessus, tant elle s'en serait voulue de l'avoir abimée par son contact.

Alors, même si l'attente aurait pu paraître longue à la jeune femme, elle trouva de quoi s'occuper en laissant son esprit vagabonder à la vue d'une telle magnificence. Si elle fut surprise du monde devant elle, elle n'en laissa rien paraître. Elle avait la terrible impression d'avoir pénétré un monde qui lui était interdit, un monde dont elle ne faisait pas partie et dont elle était une intruse. Tous ces gens... eux savait. Eux sentaient. Elle jeta un nouveau regard à son guide, un regard changé.

Qui était-il vraiment ?

Elle ne put s'empêcher de remarquer son expression fermée, et suivit des yeux son regard.

Elle vit le nouveau-né. Elle comprit.

Une foule de questions et d'objections se manifestèrent dans sa tête, mais aucune ne put franchir ses lèvres. Elle sentait que chaque mot qu'elle prononcerait se perdrait instantanément dans le vide qui semblait séparer chaque individu en ces lieux. Elle ne rencontrerait rien de plus que de l'incompréhension, comme elle ne pouvait pas comprendre pourquoi ces parents se rendaient en ce lieu précis pour sauver leur enfant.

Parlaient-ils seulement la même langue ?

***
Avez vous déjà ressenti une telle sensation ? Cette impression terrible, lorsqu'on vous annonce la mort de quelqu'un que vous connaissiez. Votre souffle devient plus court, et vos yeux chavirent. C'est comme si un étau venait serrer votre tête, et votre champ de vision devient plus noir. Vous avez chaud aux tempes, et votre cœur se serre. Pendant quelques secondes, vous n'êtes plus. Vous n'existez plus. Il n'y a que cette chape de plomb qui vient vous envelopper.

C'est en tout cas ce que ressentait la Miyamoto en voyant le petit être ressortir.

Elle avait envie de crier, de laisser libre cours à sa rage. Pourquoi ? Pourquoi ce genre de choses pouvaient-elles encore arriver ? Qui était ce grand patron, ce grand manipulateur qui jouait ainsi avec la vie des gens ? Certains l'appellent dieu, d'autres destin... Mais cet être devait être bien cruel pour laisser de pareilles choses arriver.

Elle eut, pendant un bref instant, l'impression de se revoir. Comme si elle était cet enfant, porté par son père et... sa mère. Pourquoi avait-elle survécu, elle ? Pourquoi devait-elle être maudite, et lui devait-il mourir ? Elle avança, et passa à coté du couple effondré.

Comme si elle venait de passer à coté de l'une de ses vies parallèles.

Et le silence se fit.

***

La grotte était sombre, et sèche. Une odeur humide et rèche vint accompagner le duo alors qu'ils faisaient leur premiers pas sur ce qui semblait être un ponton millénaire. Ils passèrent au dessus d'une flaque illuminée par des algues, laissant entrevoir toute une faune océanique. Tout semblait comme coupé du monde, tranchant net avec la pureté de l'extérieur. Si ils étaient au paradis des architectes, ils venaient de rentrer dans leur enfer.

Et pourtant, au bout du ponton vint se manifester une vision sortie tout droit d'un autre moindre. La centaine de bougies venaient comme appeler les âmes vivantes qui déambulaient, mais semblaient happer toute leur attention. Il fallait que la jeune femme s'en approche.

Sortit alors de l'ombre une femme à l'aspect étrange, mais dont la présence ne fit pas trembler la jeune femme. Ses bandelettes semblaient avoir plus d'années encore que le pont qu'ils venaient de traverser, et on aurait dit que ses pendentifs étaient capables de mouvements. Pourtant, Aya la laissa s'approcher, et ne frissonna pas lorsque ses doigts graciles vinrent l’effleurer à divers endroits.

Sortirent alors de sa bouche des mots lourds de sens.

"Shakyamuni, ta mère, ne peut rien contre la malédiction qui frappe cette jeune fille. d'ailleurs, je ne peux rien non plus. Les arts Miyamoto ne sont pas de notre monde. Il faut savoir respecter les frontières."


La Miyamoto serra le poing, mais ne dit mot. Si elle le savait, elle n'en avait dit mot, son cœur ne pouvant se résoudre. L'espoir fou de trouver un remède l'avait malgré elle consumée, et entendre ce qu'elle s'avait être une vérité vint tout de même lui mettre un violent coup au moral. Oni ne l'avait-il pas dit lui même ? Il n'existais aucun moyen de le stopper.

Et pourtant, l'oracle lui tendit quelque chose à boire. La Miyamoto ne put identifier aucun ingrédient, mais porta néanmoins le breuvage à ses lèvres. L'image de l'enfant décédé passa furtivement devant ses yeux, et sa détermination vacilla une petite seconde. Allait-elle mourir ici ?

Elle but.

***

Elle ouvrir les yeux sur un paysage familier.

Elle était pieds nus, n'ayant pour vêtements qu'une robe blanche et un chapeau de paille. Allongée dans une herbe haute, elle se redressa pour apercevoir un lac dont le reflet semblait scintiller comme si une galaxie était tombée en son sein.

Le cœur de la jeune fille rata un battement. Sous le saule pleureur, comme elle s'y attendais, il n'y avait pas son Némésis. Pourtant, Oni était toujours ici lors de leurs précédentes rencontres. Non, cette fois-ci, il y avait cette étrange femme.

Ses bandelettes étaient tombées, révélant des yeux sans pupilles. Elle se tenait droite, mais ne se retourna pas à l'approche de la Miyamoto. Elle semblait absorbée par la contemplation du lac devant elle. Une étrange émotion semblait la parcourir, une émotion que la jeune femme ne pouvait définir.

"Je ne... Je ne comprends pas. Qu'avez vous fait ?"


La question resta en suspens. Des larmes se mirent à couler sur les joues de celle qui semblait être l'oracle, et une voix gracieuse s'échappa de sa gorge.

"Je n'ai jamais vu ça."

"Magnifique, n'est-ce pas ?"

Les deux femmes se retournèrent, pour apercevoir un homme au regard un peu triste. Ses cheveux ébène et son long katana venaient souligner sa noblesse de posture. Il était tel le saule pleureur auquel il venait de s'adosser, puissant et tellement triste en même temps.

"Ceci est notre héritage."


Une femme, au visage recouvert d'un voile opaque. Elle se tenait un peu a l'écart, se tenant le flanc comme pour atténuer une blessure.

Des pleurs se firent entendre. Une enfant, un peu perdue, se cacha dans les hautes herbes.

Petit à petit, d'autres hommes et femmes firent leur apparition, venant entourer la jeune femme et l'oracle tout en restant à une distance respectable. La plupart ne disaient rien, mais leur expression était lourde et triste, voire traumatisée.

"Approche, jeune fille."


La voix de l'oracle se fit plus forte que les autres, et Aya se sentit irrésistiblement attirée. Elle vint tout proche d'elle, et réalisa que les nouveaux venus s'approchèrent en même temps qu'elle, toute en gardant une distance respectable. Comme si elle était au centre d'eux, un centre qu'ils ne pouvaient fuir.

"Tu as une charge impossible à porter. Tous ces spectres, ce sont ceux qu'il a tué. Tu le sais, n'est-ce pas ?"

Aya ne dit rien. Avait-elle besoin de dire quelque chose ?

"Tu dois défendre tous ces gens. Ils ne seront libres que quand tu le vaincras... Ou tu les rejoindra."


Elle ne dit rien. Elle serra le poing. Pourquoi fallait-il toujours que celà lui arrive à e...

"A... aya ?"


Elle se tourna.

Une femme aux yeux violets exprimant la douleur la regardait. Aya écarquilla les yeux comme elle ne l'avait jamais fait avant. Cela ne pouvait pas être... Cela n'étais pas... C'était... C'était impossible que...

"Aya ? Aya ! Aya, pourquoi toi, pourquoi ! Pourquoi !"


Tout disparut pour la jeune femme. Elle n'avait plus qu'une envie, aller retrouver les bras de celle qui fut sa mère.

***

Le cercle sans limites.

Las sont ceux qui tentent,
Par leur envie latente,
De tromper le destin,
Quand ce dernier est malin.

N'est il pas chose cruelle,
D'imaginer un cercle sans fin,
Dont le centre interpelle,
Un bord qu'il ne touchera enfin,

Qu'une fois qu'il en sera devenu un.

Quand le centre est une fille,
Et le bord sa mère,
Quelle scène tragique,
Que les pleurs sont chers.




***

Alors, après avoir pleuré tellement qu'elle s'en sentait vidée, Aya réussit a se détacher de sa mère. Elle était à portée de bras, et pourtant jamais la jeune femme ne pourrait la toucher. Elle était si proche, mais n'avait jamais été aussi loin. Elle était effondrée.

L'oracle vint s'accroupir délicatement à coté d'elle. Le lac n'était plus visible, pas plus que le saule. Elle avait tant couru qu'elle ne savait plus où elle était. Tous les fantômes l'entouraient avec un regard peiné, mais Aya se forçait à ne plus les regarder.

"Il faut que tu l'emportes, jeune fille. Si tu pensais que cela ne concernait que ta propre existence, tu vois maintenant la vérité. Il te l'a cachée... Car il a peur de toi."


Aya était trop vide d'émotions pour ressentir quelque chose. Elle était si lasse, si détruite de l'intérieur. Mais pourtant les mots de l'Oracle venaient s'inscrire au plus profond de son âme.

"Je ne peux me mêler de ses affaires, et je ne peux rien faire pour l'affaiblir. Mais je peux te faire devenir plus forte. Il existe un moyen pour le vaincre..."


La voix de l'oracle s'éleva, et elle fut rejointe par les voix à l’unisson de tous les spectres autour d'elle.

"T
u dois le tuer. Ici"

"SORTEZ D'ICI ! VOUS AVEZ RIEN A FAIRE LA !"

La voix d'Oni retenti comme une corne de brume, et un ouragan vint faire valser tous les spectres comme les vivants. Le décor s'estompa, et une seule voix rententit, une toute dernière fois.

"Pourquoi toi..."


***

Aya ouvrit les yeux. Elle était de retour dans la grotte.

"Nous avons fini. Sortez."


La jeune femme partit d'un pas lourd, les yeux vides.

Toute sa vitalité l'avait quittée.
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Masamune Sanada
Masamune Sanada
Uzushio no Chunin
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Masamune Sanada


Sans vraiment comprendre, Sanada savait que quelque chose ne tournait pas rond.

- Nous avons fini. Sortez.

Soutenant la Miyamoto, le jeune homme se retourna sans demander son reste et pressa le pas.
Derrière lui, Izanami poussa soudain un cri d'agonie.

Un cri si perçant que le pont de bois moisi trembla.

Le soldat des Cinq ouvrit la porte qui donnait sur l'extérieur avec précipitation. Celle-ci, comme dans un dialogue avec le shinobi, se referma aussitôt derrière les uzujins avec force. Des ronces et des plantes aquatiques puantes et putrides se mirent à grimper sur le bois, condamnant l'entrée en quelques secondes.

Poussant les dévots en pèlerinage, le jeune homme échappa par trois fois à la main des gardes qui tentaient de l'attraper.

Mais, quand un autre cri de la Pythie de la Nuit retentit, tout le monde fit enfin le lien entre le duo et la condition de l'une des trois Moires. Des dizaines de serres vengeresses se jetèrent alors sur le kimono du soldat des Cinq, aveuglées par la frustration de devoir survivre un jour de plus de l'espoir.

Aya, toujours à demi consciente, ne semblait pas réagir.

Soudain, Sanada sembla percevoir un chuchotement. La voix lui caressait les oreilles comme si elle virevoltait autour de lui. Malgré l'absence de vibration, l'empreinte vocale restait reconnaissable, Izanami, encore faible, le guidait pour fuir le royaume qui lui appartenait pourtant.

- Défends-toi, sauve là et pars.

Sans attendre une seconde, le soldat des Cinq laissa choir la Miyamoto tandis qu'il préparait des mudras.

Ses vêtements commençaient à se faire arracher quand il lâcha une aura prédatrice autour de lui. Les gardes comme les pèlerins se figèrent dans leurs mouvements. Une seconde, le temps fut comme arrêté. Des dizaines de civils et autant de gardes fixèrent ce qui ressemblait maintenant à un monstre. La chose moitié homme, moitié animal, releva la jeune femme qui l'accompagnait tant bien que mal, avant de déguerpir au plus vite, laissant sa cape au centre de cette forêt de croyants.

Le soldat des Cinq, fils de la Pythie Shakyamuni, savait pertinemment qu'il venait de commettre une faute impardonnable. User du chakra pour nuire aux croyants comme aux protecteurs de ce lieu saint condamnait le duo à la vengeance de l'île et des protections centenaires qui y avaient été instaurées. Sa mère elle-même pouvait aisément le renier pour avoir souillé le domaine d'une de ses sœurs. Le blasphème, même ordonné par une pythie sur sa propre île, n'était pas permis. Les lois divines valaient pour les Moires comme pour le reste des mortels.

Izanami allait donc sans doute être punie par les cieux, comme lui-même. Mais, pour le moment, c'était le dernier de ses soucis.

Enfin arrivés vers les quais, Sanada jeta Aya sur l'Atarashi avant de plonger à son tour. Le jutsu ne faisait plus effet et c'est une véritable horde de croyants excédés qui déferlait vers le bateau.
Sanada s'empara d'un kunai pour couper les amarres le plus vite possible. Alors qu'ils s'éloignaient, certains de leurs poursuivants sautaient dans le premier bateau venu.

Pourtant, face à l'embarcation uzujin, ils ne faisaient pas le poids en termes de vitesse et de maniabilité.

Les gardes, eux, semblaient plus calmes. Ils marchaient en rangs parfaits et semblaient se diriger sur la côte.

Avec un cap à l'extrême opposé de l’île sainte, Sanada regardait ce qui les attendait. Mais il ne se passait rien. Peut-être Izanami retenait-elle le courroux de l'île.

****************

Shôki était né soldat. C'était ainsi sur son île, le destin d'un homme était déterminé depuis sa naissance. Séparé de ses parents à sept ans, il avait suivi l'entraînement des gardiens du récif, les protecteurs de l'île. Passé maître dans l'art du maniement de l'épée et du bouclier, comme la tradition le voulait, il avait ensuite été envoyé sur le continent pour parfaire son dévouement dans le monde des profanes.
De retour après de longues années, il avait été autorisé à devenir un gardien du récif. Il avait donc plongé dans l'antre de l'Oracle de la nuit pour y chercher le bouclier que le destin avait choisi pour lui. Depuis, il ne quittait presque jamais le coquillage nacré qui épousait parfaitement les courbes de son bras. Véritable extension de lui-même, c'était ce qu'il avait de plus cher, la seule chose qui le faisait exister sur cette île.

Servir la Pythie était un privilège, une mission divine qui garantissait la miséricorde des Cinq. Fervent croyant, le jeune homme aurait pu donner sa vie sans hésiter pour sauver leur reine.
Alors, quand le monstre se mit à courir en portant à moitié la jeune femme qui l'accompagnait, Shôki concentra toute sa volonté et sa foi pour les poursuivre. Il avait déjà ressenti cette peur viscérale, ce sentiment de n'être qu'une proie face à un prédateur sanguinaire. Cet homme était un ninja, une de ces abominations qui usait d'une force qu'on disait maudit par les dieux eux-mêmes. Un tel blasphème lui rongeait les veines de colère, qu'avait-il fait à la Pythie ? Avaient-ils usé de leur magie noire pour corrompre l'oracle des marécages ?

Enfin, les dieux donnèrent au soldat le contrôle de son corps. Sans un mot, d'un simple geste, il rassembla sa phalange et avança vers la rive. Toute sa vie, il s'était entraîné pour ce moment. S'il l'avait vu le dernier rempart des gardiens du récif chassé un immense bateau quand il était enfant, il n'avait jamais eu à le faire.

C'est avec une appréhension palpable que son régiment se mit en rang, face à la mer.
Shôki caressa son bouclier machinalement, le nacre pure dévoilait ses teintes irisées au soleil. La mer était calme. Les vaguelettes qui s'échouaient dépassaient à peine un mètre de hauteur.
D'une seule et même voix, Shôki et ses camarades se mirent à psalmodier une prière à la gloire de Shinsei.

Comme un seul homme, les gardiens du récif plantèrent leurs boucliers dans l'eau, contrant une petite vaguelette qui allait échouer sur le rivage. L'eau monta sur les pavois des soldats, à la surprise de la plupart d'entre eux qui n'avaient jamais été témoin de cette ultime recours.
Recouvrant le mur de bouclier, l'eau stagna une seconde avant de repartir dans l'autre sens.
Sous la force des flots, le bras de Shoki tremblait. Le jeune homme sentait son bouclier vibrer sous la pression qui augmentait toujours plus. Autour de lui, plusieurs coquillages bénis cassèrent, expulsant les malheureux porteurs vers l'arrière.

Tous choqués, la plupart pleuraient. Ils savaient que leur statut de soldat venait de mourir avec leur bouclier. Que désormais, le bannissement était le seul destin que les dieux pouvaient leur accorder, jusqu'à leur dernier souffle.

Mais ces sacrifices ne firent pas vains et quand la vague repartit vers le large, elle avait pris la taille d'un petit tsunami.

*******

Sanada regarda avec stupéfaction la vague scélérate se diriger vers eux. Il n’avait pas le temps d’éviter la fureur de la mer, il prit donc une décision radicale. En quelques sauts, il grimpa au sommet de l’un des deux mâts de L’Atarashi situé à l’avant du bateau. Alors que la vague s'apprêtait à les engloutir, il écrasa une forte concentration de ranton entre ses paumes. Le Kirema produisit une explosion sans souffle.
La technique défensive creusa un trou assez grand pour que l'embarcation ne soit que frôler par les flots en furie.

Satisfait, il se laissa retomber sur le pont avec un sourire.

- Ils doivent être furieux. Une si grande vague et on est passé au travers… Dit-il pour lui-même en regardant le mur d’eau s'éloigner vers le large.

Une autre onde de choc balaya la côte. Malgré les rangs des soldats plus clairsemés, une nouvelle vague venait d’exploser sur leurs boucliers et entamait sa traque. Le monstre aqueux était encore plus grand que le précédent. L’écume au sommet de la vague lui donnait des allures de falaises enneigées.

Face à ce mastodonte, aucune technique du répertoire du soldat des Cinq ne pouvait lutter.

Le fracas fut terrible, mais heureusement, l’Atarashi était un bateau solide. Si le gros de l’embarcation resta en un seul morceau, une partie du mât à bâbord fut brisé en deux. Pire, Sanada fut expulsé hors du navire juste après avoir poussé Aya à l'arrière du bateau.
Ballotté dans le roulis de la vague fracassante, il fut emporté au loin par le courant.

*******

Shôki avait le pied sur le rebord du navire, prêt à accoster le tombeau des mécréants qui avaient souillé sa terre. Il avait ordonné aux autres d’attendre, le dernier rempart ayant déjà gâché trop de vies.
À sa grande surprise, quand il sauta sur le navire, il ne restait que la jeune femme, aucune trace du monstre. Lui, qui avait un appendice qui ressemblait à celui d’un immense serpent aquatique, s'était peut-être tapi dans l’eau, attendant le bon moment pour attaquer.

Paralysé par l’enjeu et le danger, le jeune homme colla son bouclier contre sa poitrine pour mieux le sentir. Allongée, la jeune femme semblait inconsciente. Étrangement, un insecte lui tournait autour, comme s’il cherchait à la réveiller. Sans doute un autre sortilège de magie noire.

Mais Shôki n’avait pas le temps de réfléchir, il fallait accomplir la volonté des dieux. Le gardien du récif leva donc son glaive vers les cieux pour signer son acte, puis, obéissant aux lois immuables de son île natale, il tenta de décapiter l’infidèle.

Hrp:
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