[Training] Faire tomber des têtes [PV Nozomo Yukio]

Le premier truc que je fis en arrivant sur place, c'était de me mettre à siffler devant la gueule du bâtiment. Sans déconner, les Nozomo faisaient pas semblant quand ils voulaient montrer qu'ils en avaient une grande. De baraque, je précise. Personnellement, c'était plutôt le genre d'architecture que je voyais bien du côté du daimyo, un côté aussi clinquant qu’austère parce que fallait pas montrer son opulence à l'extérieur, on gardait ça pour les invités. Mais c'était clair que ça n'avait rien à voir avec tout ce que j'avais connu jusque-là. Je me sentais... un peu petite devant tout ça, mais pas impressionnée outre mesure. On dira que ce n'était pas tellement le genre d'argument qui avait le pouvoir de m'émouvoir, même si ça me laissait entendre qu'il s'agissait d'un clan avec des moyens. Peut-être devrais-je leur demander de faire ma comptabilité?

Je finissais ma clope au pied du grand escalier du domaine, je trouvais que ça le faisait pas de débarquer la clope au bec comme ça. Respect, tout ça tout ça. Bon, on pourrait toujours reprocher mon attitude nonchalante mais c'était un détail. Ce ne fut qu'une fois que j'eus ma dose de nicotine que je commençais à monter les marches, Itori emmaillotée sur le dos, mon katana à la ceinture avec le bruit si caractéristique du cliquetis de mon gris-gris de bois sur le fourreau. Je prenais mon temps parce qu'il y avait pas le feu et comme je ne connaissais pas les lieux, j'étais venue quelques minutes avant l'heure du rendez-vous. Mes cheveux ballotaient au gré du vent,  entremêlant les mèches blondes et cendrés de ma tignasse rarement coiffée - ça me gonflait terriblement. J'étais venue voir Yukio Nozomo pour un entrainement.

J'avais enfin trouvé un partenaire de jeu pour tâter de ma lame et on s'entendait visiblement bien, chose qui était assez rare pour moi à Suna. Je savais pas si lui et son frère étaient déjà au fait de ma triste réputation, mais il n'avait pas rejeté l'idée que faire cause commune dans l'apprentissage du kenjutsu. Je préférais en profiter tant que cela durerait et cette fois-ci, c'était moi qui venais directement à lui. Notez cependant qu'on avait fixé le jour et l'heure pour se faciliter notre planning, parce que peut-être qu'on avait pas grand chose à foutre dans notre village mais chaque "pas grand chose à foutre" avait son temps et son heure.

Une fois arrivée en haut des escaliers, je fus surprise qu'il n'y eut pas plus de monde que ça, genre des gardes, un contrôle, un truc du genre quoi. J'entrais dans le domaine pour atterrir dans une grande cour avec des statues de partout. Ha ouais. Je voyais le genre. Je me mis à penser aux paroles de mon vieux concernant le clan, parce que je lui avais pas caché que je devais m'y rendre. De base, c'était surtout pour savoir si ça chauffait pas trop entre les Shirogane et eux, manière de pas rajouter de l'eau sur le feu.


Le vieux Yukio me regarda avec étonnement.

" Les Nozomo? Qu'est-ce que tu vas faire chez eux? "

Je commençais à agiter mes mains pour lui répondre en langage des signes.

" J'ai envie de dire que ça te regarde pas vraiment. Répond juste à ma question. "

Il se mit à froncer des sourcils et à râler dans sa barbe.

" Quelle fille ingrate. Raaaah.... On a aucune affaire en cours avec eux. La plupart sont des bandits qui se donnent des grands airs en armure. Mais c'est pas juste de la racaille, ils sont pas à sous-estimer sinon le village ne les aurait jamais accueillis. Je dirais que beaucoup les prennent pour des pécores mais c'est de pécores armés qui peuvent très facilement te planter leur épée entre les omoplates. "

Je fis une petite moue, me laissant à mes réflexions. Les frangins Nozomo collaient pas trop au moule, du moins, ils ne m'en avaient pas donné l'impression. Après, j'étais la plus mal placée pour juger les types sur une première impression.

" Donc y a aucun problème. Je te demandais pas de me faire un historique du clan. "

Le visage de mon père commença à se gonfler d'agacement et je compris qu'il était temps pour moi de me barrer avant qu'il éclatât. Il allait encore me traiter de tout.


Je commençais à déambuler entre les statues, les observant les uns et les autres avec curiosité. C'était pas commun fallait dire et puis, comme j'attendais Yukio, autant faire du tourisme. J'en avais pour au moins bien dix-minutes d'attente parce que je n'avais fichtrement aucune idée où se trouvait la zone des entrainements chez eux et comme j'étais pas du genre à fouiner.... bah j'attendais. J'avais envie de fumer.

Technique à enseigner:

Le temps semblait filer incroyablement lentement quand la clope me manquait, mais fallait que je chassasse mon envie. C'était d'ailleurs plus l'habitude de tenir une cigarette quand j'avais rien à faire qui me tenaillait qu'autre chose. Sans doute à cause de la nervosité pour lutter contre mes habitudes, je me mis à machinalement toucher mon gris-gris à ma ceinture alors que de l'autre main je tapotais les statues pour en mesurer la texture et la densité. C'était pas creux, ça devait peser une tonne ces machins-là. À peine le temps de cette simple réflexion je fus surprise par l'arrivée de Yukio qui me surprit en me saluant en langage de signe. Je le lui rendis de la même façon. Il s'en souvenait, une attention délicate de sa part.

Afin d'éviter de sortir mon carnet, je répondis à chacune de ses questions par des gestes simples et compréhensibles de tout le monde. Comment j'allais? Je fis un signe qui disait "ok" pour dire nickel. Est-ce que j'étais impressionnée par les statues? Je haussais les épaules pour dire "pas vraiment". Quant à l'anecdote du type assassiné par sa meuf, je fis une tronche qui disait "pas de bol". Vraiment pas de bol mais c'était souvent ainsi que l'on se faisait trahir, par les plus proches de soi... ou bien fallait-il qu'il y comprit un message caché de la part de la concubine insatisfaite. C'était ce que l'on appelait une conversation simple et brève.

On ne perdit donc pas plus de temps, Yukio m'emmenant directement dans le lieu où nous allions pouvoir nous entrainer. Cela se dépeignit comme une sorte de grande cour carrée, encerclée par des haut-vents et des bancs pour ombrager les spectateurs. Bien évidemment, nous nous attentions pas à croiser qui que ce soit et je l'espérais. J'aimais pas me donner en spectacle, pas mon délire. En tout cas, je pouvais au moins admirer le fait que l'on avait largement de la place pour s'exercer, et alors que j'analysais toutes nos possibilités, la voix du Nozomo me sortit un peu de mes songes. Je pris mon carnet.

" T'es pas obligé de m'appeler senseï, surtout que t'es plus gradé que moi. Mon prénom suffira. Quant à la leçon du jour... "

Je lui donnais le bout de papier avant de le tirer par la manche pour le forcer à me suivre. Je le plaçais à cet instant au milieu de notre arène, puis je reculais pour mettre de la distance entre nous. Il fallait pas être un génie pour comprendre que je souhaitais simplement lui faire une démonstration. Plus simple. Plus efficace aussi. Quoiqu'il en fut, je me plaçais en face de lui, calme, sereine et je n'avais même pas la main sur ma garde. Je ne fis rien volontairement. Je demeurais silencieuse et je le faisais poireauter. Noter que c'était pas pour le plaisir mais c'était assez drôle de vérifier combien de temps il tiendrait. Et pile au moment où il se mit à râler, baissant ainsi son attention, j'utilisais une technique de substitution pour disparaître sous son regard, soulevant la poussière du terrain et.... arriver sur lui, la lame chargée à la main sous sa gorge. Oh bien évidemment, je m'étais stoppée avant, enfonçant mon regard améthyste dans le sien, aussi froid que les statues qui se pavanaient dans l'entrée du domaine.

Fallait pas croire que j'étais une délicate fleur du désert, que l'on pouvait si aisément voir la moindre étincelle d'émotion briller dans mes iris. J'avais été élevée en premier lieu par des Kaigan dont la base de leur éducation était de nous déshumaniser pour faire de nous des soldats de Shukkaku, capable de tuer son propre frère, son époux voire même son gosse. En général, toute cette partie de ma courte vie à leurs côtés était encrée dans mes veines, imprimée sous ma peau, un insidieux poison de formatage qui ressortait toujours en combat. D'ailleurs, si je maniais le sabre, c'était pas parce que j'avais eu une révélation où un maître du kenjutsu, c'était parce que j'étais née parmi eux et que l'on vous glissait une lame dans les mains dès que vous étiez en état de marcher. Mon père n'avait jamais compris pourquoi je n'avais pas délaissé cette arme pour me consacrer uniquement aux marionnettes. J'étais même pas sure d'avoir la réponse moi-même. C'était peut-être juste l'habitude.

Je retirais lentement ma lame avant de la ranger dans mon fourreau, puis comme à chaque fois pour dialoguer, je sortis mon fameux carnet qui commençait à être sacrément rempli.

" Cette technique est le Damashigiri. C'est une technique de charge dont tout le potentiel réside dans la surprise, sinon on te voit vite venir avec tes gros sabots et c'est inefficace. "

Je lui montrais mon premier message avant de continuer.

" La charge avec ta lame est assez basique, que cela soit dans l'attitude ou le chakra que tu infuses dans ta lame. Je pense que tu le maîtriseras assez facilement... mais ce n'est applicable que si tu parviens à tromper ton adversaire. "

Sur ces paroles, je commençais à me défaire de mon bagage. J'avais toujours Itori sur le dos et la sortis de son cocon de tissus. Par anticipation, j'avais modifié ses options de combat pour lui permettre de se battre avec une lame, me permettant ainsi de transposer mes propres connaissances dans le maniement de l'épée à travers elle. Une façon pour moi de pas prendre de risque. Je la posais à mes pieds avant de reprendre notre "dialogue".

" Itori sera ton adversaire. Tu pourras la charger sans danger et exploiter tout le potentiel de la technique. Vois là comme un mannequin d'entrainement amovible. "

Sur ces paroles, je me connectais à ma poupée et je commençais à l'animer. Moi, je pris de la distance vis-à-vis de leur face à face, maniant avec mes fils de chakra étendus mon arme la plus précieuse.

Technique employée en +:

Technique à enseigner:

C'était intéressant de tester la patience de Yukio et heureusement pour moi qu'il ne l'était pas plus que ça. J'aurais pu guetter un moment avant de le prendre par surprise. Mais dès que je perçus son visage irascible, je compris que c'était le bon moment... et je réussis plutôt mon petit effet. Il faisait peut-être moins le malin mais je savais pertinemment qu'en d'autres circonstances, il aurait pu aisément esquiver mon attaque. Je m'étais simplement montrée plus sournoise. Un jeu très courant dans notre métier cependant.

Une fois les choses au clair, on finit par entrer dans le vif du sujet, ne cherchant pas à l'abrutir d'explications en tout genre. Il était plutôt le genre de type qui fonctionnait comme Kalida. Il lui fallait du concret, pas du blabla. Je me plaçais alors à quelques mètres de ma marionnette et lorsque le Nozomo fut prêt, je pianotais de mes doigts dans les airs pour guider Itori dans ses actions. En moins de temps qu'il n'en fallut pour souffler, ma poupée fonça sur lui pour lui rentrer vulgairement dans le lard, lame sortant de son poignet. Je l'attaquais en enchainant vite des coups assez simples, sans aucune intention meurtrière vous me direz. C'était pas le but non plus mais au moins cela nous mettait assez en condition. De toutes manières, il était celui qui avait les cartes en main, c'était lui à décider quand tenter la technique. Il n'attendit cependant pas si longtemps que je l'eus pensé. L'un de mes coups frappa dans le vide mais.... c'était sous-estimé un marionnettiste. Yukio se montra trop lent et un simple levé de petit doigt de ma part, Itori ficha un coup de coude dans le plexus de mon "élève".

Ce qui était bien dans cet échange était que nous n'avions pas besoin de "dire" quoique ce soit, il faisait ses propres analyses. C'était pas plus mal. Il retenta sa chance quelques secondes plus tard en cherchant un nouvel angle d'attaque mais là encore, Itori para son coup par un coup de genou dans le visage. Il fallait dire que c'était un peu mal joué avec un adversaire avec les dimensions de ma poupée. Puisqu'elle était aussi menue qu'une enfant, cela lui donnait une flexibilité particulière mais perturbait aussi ses assaillants qui n'avaient pas pour habitude de se battre avec des "enfants". Cela avait tendance à décontenancer, même s'il ne s'agissait que de bout de bois articulés. Il y avait d'autres perspectives à prendre en compte. Comme j'étais un peu "vache", je n'allais pas m'arrêter là.

Le combat continuait, les coups pleuvaient jusqu'à ce que je décidasse de lui remontrer la technique d'une autre manière. La première fois, je l'avais prévenu de la démonstration et pas cette fois-ci. L'effet de surprise serait d'une autre nature. Le combat semblait se dérouler tout à fait normalement jusqu'à ce que j'utilisasse une technique de mon clan, me substituant à la place de ma poupée qui lui faisait front. Un simple nuage, et ce fut mon visage qui apparut devant lui et la lame sous son cou. À son image, je lui montrais que son attaque précédente aurait pu marcher. C'était une bonne idée... juste le mauvais adversaire.

Par mon acte, j'interrompis temporairement notre petit jeu pour prendre mon carnet. J'avais besoin de mettre au clair quelques petits détails pour qu'il se corrigeât de lui-même.

" Tu réfléchis trop. Il faut que tu trompes ton ennemi et t'as forcément besoin de ton cerveau pour ça. Laisse ton corps bouger tout seul, la faille t'apparaîtra d'elle-même pour l'effet de surprise. "

C'était un peu le principe du "à trop chercher, on trouvait jamais". Bref, fallait pas forcer. Puis sans rajouter la moindre autre petite note, je rangeais ma lame et retournais à ma place retrouver Itori que je lui envoyais une fois que je me reconnectasse à cette dernière. Nous nous remîmes en position et c'était reparti pour une nouvelle danse. C'était à lui de jouer maintenant.

Technique utilisée:

Technique à enseigner:

La base de l'enseignement : apprendre de ses erreurs. Je croyais pas trop dans les gars qui maîtrisaient tout, tout de suite comme des petits génies. Je savais pas si c'était parce que peut-être je jalousais le truc inconsciemment ou bien si je trouvais ça trop arrogant mais un bon boulot devait se payer à la sueur. Mon jeune camarade semblait résolu, bien que je comprenais la difficulté de ce que je lui enseignais. C'était le genre de truc qui ne fonctionnerait pas sur tout le monde à moins de s'assurer de le surprendre, et cela tenait souvent à pas grand chose. Parfois, il suffisait simplement de provoquer la situation comme on provoquait sa chance. Toujours plus facile à dire qu'à faire, bien évidemment.

On reprit donc bien rapidement nos petits jeux de bataille, et je lui tenais tête comme je pouvais. C'était pas évident malgré que cela soit un entrainement. Yukio était bien plus vif que moi, et plus puissant. J'avais pas honte de le reconnaître, c'était un fait. Mais je me défendais pas trop mal... pour la moitié de femme que j'étais. Du moins je l'espérais un peu mais bon. Trêve d'apitoiement car rien n'était terminé. Je guettais avais tout le moment où mon camarade allait se servir de la technique de substitution pour me sauter dessus et pendant un instant, je crus bien que j'allais y avoir droit quand il se mit à courir dans ma direction.... sauf que ce petit malin sauta pour me voler au-dessus de la tête et se retrouver sur les tonnelles. Cela m'arracha un sourire. Pas con mais cela ne pouvait m'arrêter. Aussitôt, je me mis à agiter mes bras et mes fils de chakra pour pousser Itori à le poursuivre sur cette voie, mais il me fallait bien évidemment me déplacer pour le garder dans mon champ de vision. Dommage qu'elle n'eut pas été autonome... si je parvenais à devenir une meilleure marionnettiste, peut-être serais-je alors capable de l'améliorer pour atteindre ce but.

En attendant, Itori semblait dominer le combat sur la plateforme mais quelque chose clochait. Je n'arrivais pas à savoir quoi mais j'avais du mal à comprendre pourquoi Yukio se plaçait dans une telle difficulté. Il était pas con, je le savais alors pourquoi? Ma réponse vint bien assez vite, comme s'il avait lu mes pensées. En quelques coups de cabriole, voilà que le gymnaste Nozomo quitta son perchoir pour s'interposer entre moi et ma marionnette, se plaçant ainsi en tenaille entre moi et mon arme. Techniquement, cela pouvait être une très très mauvaise idée, surtout en combat réel. Mais alors que j'allais manœuvrer mon pantin pour l'attaquer à nouveau, il profita de mon action pour disparaître sous mes yeux, soulevant une fumée assez épaisse pour ne pas percevoir immédiatement de quel côté il se situa. Quel gredin celui-là! Tout ce cinéma pour en arriver là? Pas mal. Un peu tarabiscoter mais c'était réussi. Il m'avait eu, la lame sous le coup d'Itori. J'aurais peut-être dû lui signifier qu'il pouvait frapper réellement, mais il semblait accorder assez de valeur à ma création pour ne pas "l'abimer".

Il afficha alors un grand sourire de victoire que je saluais humblement d'un mouvement de tête. Il résuma assez bien la situation, tromper l'adversaire, créer la faille et frapper. Aussitôt le combat fini, je rapatriais Itori à mes côtés alors que Yukio me rejoignît. Une fois déconnectée de ma poupée qui se trouvait à mes pieds, je pris mon calepin de note.

" C'était pas mal. Je me demandais ce que tu foutais sur les hauts-vents, je l'avais pas vu venir. T'as provoqué ta chance, c'était ce qu'il fallait faire. Ton estoc aurait sans doute pu grièvement blesser n'importe qui, peut-être même que tu aurais fait sauter la tête de Itori. "

Lorsqu'il m'indiqua que c'était différent de combattre un Shirogane qu'un adversaire classique, je ne pouvais qu’approuver ses propos. Notre art était singulier et il n'y en avait pas d'autres connus dans ce style, sans prétention je précise. D'ailleurs, beaucoup nous prenait de haut à cause de cela, considérant que nous n'étions pas des combattants puisque l'on manipulait des figures artificielles. Comme si savoir se battre était qu'une question de coup de poing... Bande de nazes. Alors que j'allais m'apprêter à lui répondre, je le vis s'éloigner pour retourner à ses affaires. Je me mis à soupirer parce que ça me donnait comme l'impression d'être interrompue mais à la place, le grand dadet me fit un cadeau.

J'eus un froncement de sourcil parce que je ne comprenais pas pourquoi il m'offrait quelque chose, même s'il me précisa que c'était pour mes enseignements. Il me tendit un sac que j'ouvris avec un peu de curiosité, je devais l'avouer, pour trouver une drôle de bricole creusée dans un potiron. Je me mis à l'inspecter parce que j'avais jamais vu un machin comme ça et pourtant, j'en avais vu des choses bizarres. Il me révéla qu'il s'agissait d'un récipient pour boire du maté... et quand il me parla de maté, j'eus souvenir de la grand-mère qu'on avait croisé et qu'ils avaient aidé avec son frère. Il me semble qu'elle en vendait. D'ailleurs, je devais afficher une expression comme si je venais d'avoir une révélation. Je remis l'objet délicatement dans le sac avant d'écrire sur quelques feuillets.

" C'est vraiment sympas de ta part, et c'est d'autant plus précieux que tu l'as fait de tes propres mains. Merci beaucoup. "

J'accordais toujours plus de valeur à quelque chose qui avait demandé de l'attention et du travail, Quel que soit le résultat de la chose à la fin. Comme on disait, c'était l'intention qui comptait. Je lui tendis mon message et je lui fis le signe de remerciement en langage des signes, avant de reprendre mon carnet.

" Tu sais que t'étais pas obligé, hein? Pour le maté, j'ai pas souvenir d'en avoir déjà bu mais j'ai cru comprendre que ta grand-mère en vendait. Je passerais chez elle pour essayer. "

Clairement, c'était pas le genre de boisson qu'on pouvait trouver dans mes placards. Peut-être du café, parfois des jus de fruits et surtout du saké. Si j'adhérais au maté, peut-être que j'agrandirais ma collection. Cela pouvait pas me faire de mal dans tous les cas... peut-être au portefeuille mais je verrais avec la mamie. Elle me conseillera sans doute. En attendant, je me retrouvais quand même un peu con puisque je n'avais rien à offrir. Cela m'emmerdait un peu de pas troquer pour quelque chose d'équivalent. Pendant que mes pensées commencèrent à s'éloigner pour réfléchir à quoi lui donner en retour, Yukio se remit en branle et se saisit de son katana. Visiblement, il voulait pas perdre son temps en remerciement et autres banalités. Je lui en tiendrais pas rigueur, j'étais pas douée non plus pour ce genre de truc.

Ce fut alors qu'il m'expliqua qu'il souhaitait m'enseigner en retour une autre technique de kenjutsu, un truc qui se basait sur la vitesse et qui donnait l'impression de laisser un mirage de soi-même à l'adversaire. Je fis une petite moue et secoua positivement la tête, avant de lui faire un signe de me montrer comment ça marchait. Il y avait pas de raisons que cela ne m'intéressât pas. Je crachais pas sur l'idée de m'améliorer... shinobi parlant.

Technique à enseigner:

Yukio... je pensais à capter qu'il était le genre de type qui aimait montrer qu'il en avait dans le pantalon. Fallait voir la tronche qu'il avait tiré quand je lui avais fait comprendre que je désirais qu'il me montrât la technique dont il me parlait. Fier comme un coq. C'était drôle. Bon après, il avait qu'une petite vingtaine d'année donc je lui pardonnais. La fougue de la jeunesse comme on disait. M'enfin d'un côté beaucoup plus sérieux, quand je le vis se déplacer aussi vite et me mimer son attaque, je saisis toute l'ampleur du nom de l'assaut et le fameux côté "rémanécent". Je me mis à siffler pour lui montrer que j'étais impressionnée. Il eut droit bien évidemment aussi au petit commentaire papier.

" C'est en effet sacrément rapide. Je comprends la difficulté aussi. "

La vitesse était un atout dans tous les domaines des arts shinobis. Que cela soit de la simple exécution, au déplacement ou au maniement de n'importe quelles armes. Mais là, c'était de la vitesse d'un autre niveau que ce que je pratiquais d'habitude. Je dirais que j'étais pas mauvaise, mais c'était pas extra non plus. On allait pas se mentir. Du coup, Yukio enchaina sur un rapide cours d'anatomie qui lui valut un regard blasé de ma part. Bon, j'avais peut-être pas la tête d'un génie, mais fallait pas déconner. Je connaissais quand même les principes d'une course et des muscles à solliciter. C'était pas comme si j'avais passé presque trois ans en rééducation... et que j'étais techniquement shinobis depuis plus longtemps que ce dernier MAIS je reconnaissais que le sport, c'était pas trop mon délire.

Ne désirant pas faire de commentaires désobligeants sur cette histoire, je me contentais de lui faire un signe disant "ok" de la main. Il voulait donc commencer à me faire maîtriser la vitesse pure et dure, soit trouver le bon équilibre entre mes membres et mon chakra sous peine de finir dans le décor à trop haute dose. Je captais le principe mais la pratique serait autre chose.

" Je pense avoir saisi le concept mais je reconnais que le renforcement, c'est pas ma tasse de maté. Je devrais néanmoins m'en sortir si je me bute un peu. "

La motivation, c'était principalement ce qui me manquait en réalité. Mais puisque là, Yukio me servait de professeur, je pouvais pas lui cracher à la figure en ne faisant aucun effort. Et en plus l'hirsute m'avait offert un cadeau, et voilà qui prenait en considération ma vieille blessure. Je reprendrais la formule de son frère en disait qu'il était un chic type. Mais trêve de compliment, il fallait que je m'employasse à mettre en pratique ses conseils.

Je me mis donc à malaxer mon chakra, bien que je n'avais pas encore trop idée de la quantité mais il fallait bien tenter quelque chose. Je débutais donc plutôt modestement et chercha à faire comme l'avait indiqué le Nozomo. Petit à petit, j'envoyais mon flux d'énergie dans les parties de mon corps qui me permettrait de gérer mes pas de courses aisément. Doper avait-il dit non? Pendant que j'essayais de gérer le coup, il me fit une nouvelle démonstration dans une version allégée. C'était le genre de tentative qu'il espérait que j'exécutasse. Il fallait donc que je me mis à courir dans tous les sens afin de vérifier si je malaxais assez de chakra.

Je finis par pousser un long soupir sur le principe. Courir partout, c'était vraiment pas mon délire mais puisque le terrain était grand et que j'étais là pour apprendre comme une bonne petit élève, je me lançais. Ma première tentative fut pas spécialement prodigieuse. J'allais plus vite que la normale mais certainement pas assez par rapport à ce que voulait le Nozomo. Je compris donc que je ne mettais pas assez de chakra. Je tentais une légère augmentation et lorsque je me mis à courir, je ne ressentis qu'une faible différence. Je me sentais un peu plus légère, j'avais l'impression de naturellement courir plus vite mais c'était vraiment pas rapide comme je l'espérais.

Je finis par me décider de passer plus à l'extrême et d'y mettre franchement plus de chakra. Je sentis très vite que mes muscles brulaient d'énergie, trop peut-être et lorsque je me mis à courir, ce fut comme si j'avais reçu une décharge, un trop plein qui rendait les choses difficile à gérer. Les paroles de Yukio prirent tout leur sens quand il m'indiqua que j'allais m'éclater comme une neuneu.... et cela eut failli.... surtout que je fonçais dans sa direction. Ce fut de l'ordre du miracle que je parvins à m'arrêter, pile poile devant le Nozomo. Un peu trop près cependant alors que j'haletais. Lorsque je reculais, je pris mon carnet.

" Je pensais pas que cela serait autant énergivore mais je pense mieux apercevoir ce que tu as dit tout à l'heure.

Maintenant, il me manquait plus qu'à appliquer ses propos en trouvant l'équilibre. Puisque je savais déjà le minimum insuffisant et l'équivalent d'un excès de chakra, il me fut plus facile de malaxer ce que je considérais comme le juste équilibre. Tout était une question de ressenti après tout et maintenant que j'avais testé les deux pôles, cela devrait le faire.... m'enfin, il me fallut quand même quatre ou cinq essais supplémentaires, ainsi qu'un poumon en moins parce que j'arrivais à peine à respirer tellement cela me claquait en chakra.

Je finis d'ailleurs en tournant un regard de désespoir en direction du Nozomo, des yeux qui disaient clairement : "dis moi que c'était ok parce que ça me casse les noix de courir partout ".

Technique à apprendre:

Cela me saoulait déjà. Je voulais dire de courir partout. Quand j'étais en mission, je faisais l'effort et je réfléchissais pas mais là... J'espérais vraiment que ma course était pas trop dégueulasse pour passer à l'étape suivante, et mon regard en direction de Yukio le signifiait parfaitement. Heureusement pour moi, il semblait assez satisfait bien que je saisis que c'était surtout à moi de l'être avant toute chose mais ça.... moi j'étais jamais sûre de rien quand je me lançais dans quelque chose donc bon. En tout cas, il voulut me faire passer directement au niveau suivant en me mettant en difficulté. On allait réduite l'espace. Il fallait que je continuasse à bomber mais sur une distance moindre.

Super. C'était carrément la merde. J'avais été à deux doigts de lui foncer dessus sur une grande distance et maintenant il fallait que je fasse la même chose sur quelques mètres? À tous les coups, j'allais m'emplafonner la tronche. Yukio se fit un plaisir de me faire une démonstration. Alors qu'on "discutait", il disparut d'un coup pour se retrouver de l'autre côté des piliers, laissant derrière lui un mirage de lui-même. Rapide. Il était fort le salop. J'avais à peine calculé qu'il m'était passé sous le nez si je n'avais pas senti le souffle de son départ.

Une fois disparut de sous mon regard, il m'expliqua ce qu'il attendait clairement de moi, ainsi que les exercices que je devais entreprendre. Je hochais de la tête pour lui signifier que j'avais compris et je trainais ma carcasse au milieu du terrain. Je soupirais longuement, de fatigue bien sûr, mais aussi dans doute de motivation. Courir ça me blasait mais quand il fallait y aller... Je me concentrais alors sur moi-même, cherchant à reprendre le principe de la première étape de l'entrainement. Je malaxais mon chakra d'une telle manière qu'il doperait mes muscles, puis je me lançais. Je fixais des yeux un point à quelques mètres et j'en fis mon but. Ma première tentative était bien évidemment ratée.... j'étais allée trop loin. La deuxième c'était pareil. La troisième aussi. Je pensais mettre trop de chakra alors je choisis de réduire la quantité consommée. Mon nouvel essai fut plus prometteur, bien que j'avais légèrement glissé mais celui qui suivit était plutôt bon.

Je m'y repris plusieurs fois pour assurer d'avoir chopé le truc mais surtout avant de m'y tenté près des piliers. Là, j'avais l'assurance de rien me prendre dans la gueule et je pensais que cela jouait psychologiquement sur ma manière d'appréhender l'entrainement. Quand je me sentis prête, je revins sur l'endroit même où Yukio m'avait fait son tour de passe-passe. Du pilier à l'autre. Mouais. J'étais pas convaincue de dingue. Cela ne m'empêcha pas de m'y mettre.... à regret.

Je ne savais pas ce qui avait merdé, sans doute un manque de maîtrise de ma vitesse, ou tout simplement un problème de visualisation de la cible mais je me bouffasse la pierre en pleine tronche. Littéralement. Je ne pus m'empêcher de lâcher un râle de dégoût alors que je tombasse en arrière. Je m'étais fait mal au pif. J'étais étalée en étoile de mer sur le sol, la tête dans la poussière et je voyais des étoiles devant les yeux. Je sentais le sang coulé de mon nez, me chatouillant légèrement. Je maudissais cette leçon. Je râlais au fond de moi comme pas possible. Un pour le pilier, zéro pour la muette.

Il me fallut bien cinq minutes pour me relever et reprendre mes esprits. Je passais négligemment ma main sur mon visage, essuyant le sang qui me coulait du nez avant de repartir au point de départ. J'allais pas me laisser faire. Je commençais donc, et tant pis si je devais perdre quelques neurones de plus au passage. Je malaxais mon chakra, visualisait ma cible dopait mes muscles et je fonçais. C'était pas encore ça mais au moins, j'avais réussi à ralentir assez pour pas me manger violemment la pierre dans la figure, me stoppant avec mes mains de justesse. Je tapais du poing sur la pierre puis repartie dans l'autre sens pour recommencer une nouvelle fois. Là aussi je dus m'acharner à plusieurs reprises pour arriver à quelque chose d'à peu près correcte mais je n'arrêtais pas jusqu'au retour de Yukio et qu'il estima que c'était suffisant.

Technique à apprendre:

C'était vraiment un truc de galérien cet entrainement, et maîtriser sa vitesse sur une si courte distance me donnait presque la nausée à force de recommencer inlassablement. Pourtant, je ne lâchais pas l'affaire. J'y retournais encore et encore, essayant de comprendre ce qui déconnait à chacun de mes essais. Je testais différentes petits choses pour savoir où cela pêchait, de ma position de départ à la manière de me réceptionner, tout en gérant mes dépenses de chakra pour gagner de l'impulsion comme pour la première partie de l'entrainement. J'avais encore le nez qui pissait un peu le sang mais cela ne m'arrêta pas. Un simple revers de la manche et c'était comme s'il n'y avait plus rien... Entre la poussière et le sang, on pourrait presque croire que je faisais un entrainement de boxe et que je m'étais faite ratatinée.

Du coin de l'œil, je vis que Yukio était revenu mais il semblait apporter du matériel. Bien que j'avais dit que je  me stopperais à son arrivée - et comme j'étais pas totalement parvenue à mes fins - je persistais un peu plus jusqu'à chopper le truc. Comme un déclic. La posture, le chakra, la vitesse. L'analyse de la distance. J'apprenais de mes erreurs mais ça me coûtait. Heureusement pour moi que j'avais pas d'égo.

Le Nozomo finit par m'interrompre quand il estimait que j'avais atteint mon objectif. Il était temps de sortir mon épée du fourreau. Là, il me désigna le mannequin sur lequel il me fit une démonstration. Le seul problème était qu'à la vitesse à laquelle il bougeait, je ne pouvais quasiment rien voir... sauf son image mirage et les dégâts de sa lame sur le bois. Je ne pus retenir un sifflement d'admiration. C'était pas mal, et cela avait clairement de la gueule. On allait rigoler puisque c'était à mon tour puisqu'il était asse évident qu'il me serait impossible de gérer le truc du premier coup.

Je pris alors mes positions et dégaina mon katana. Mes yeux vides se portèrent sur la silhouette de bois alors que je pris une bonne inspiration. Fallait que je trouvasse le bon moment, celui qui ferait que je me sentirais prête. Je gonflais mes muscles de chakra, visualisait la distance qui me séparait de ma cible et je fonçais. En quelques secondes, je traçais les quelques mètres qui me séparaient du mannequin, mais je lui arrivais dessus un peu plus vite que ce que je crus. Du coup, je ne pus le frapper en pleine puissance avec ma lame. Je ne pus m'empêcher de cracher mon mécontentement.... avant de reprendre mes positions.

Je refis un essai mais cette fois-ci, je voulais essayer de pas me faire surprendre par ma trop grande vitesse. Arme à la main, chakra dosée et hop. Je fonçais sur ma cible. Putain de chiotte. Cette fois-ci, j'avais presque réussi mais... trop loin. Si cette chose avait bouffé mon katana, elle aurait eu mal mais là, j'avais tapé comme dans le vide. C'était simplement le bout de la lame qui l'avait entaillée. Je me mis à me gratter la tête en râlant un peu et y retournait une nouvelle fois. On disait que la troisième, c'était toujours la bonne, non? Et bien l'adage disait peut-être vrai. Si je fus dépitée de mes assauts premiers, je me reconcentrais sur mon objectif et celle fois-ci, cela donna quelque chose de beaucoup plus intéressant. Ma position, mon chakra, mon coup de lame.... je parvins enfin à le toucher de plein fouet en prenant mieux en considération mon environnement. Que cela soit le sol que je voulais, ma vision troublée par la vitesse, l'idée même qu'un adversaire bougerait en tant normal, et puis tout simplement la puissance de mon coup. Dans ma tête, je disais "youpi" avant de me tourner vers Yukio.

" Bon... il est temps de se confronter. "

Le message que je lui tendis semblait presque faire croire que j'étais sûre de mon coup mais pas du tout. L'animal maîtrisait la technique, il savait à quoi s'attendre et comment l'anticiper. Il était même plus rapide que moi donc... il pouvait aisément me mettre en déroute. Mais j'allais lui montrer comment on se chauffait chez les Shirogane. Je me mis en position face à lui, la main sur la lame. Il allait pas garder très longtemps son t-shirt. Foi de muette.

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