La lumière des candélabres projetaient sur les murs de la pièce des ombres dansantes. Dans l'air, un parfum de fleur et d'herbe humide vous tiraient des songes nocturnes. Dans la main du Shodaime, une tasse de thé chaud laissait échapper des vapeurs florales de la région. Le portant à ses lèvres, il se contempla dans un miroir suspendu. Derrière lui, le ballet sombre continuait sa représentation inquiétante. L'espace d'un instant, il lui sembla faire face à un inconnu. Ses yeux creusés par la fatigue, le deuil et la colère observaient un visage aux traits tirés, amaigris et du haut de sa jeune trentaine, il en paraissait dix ans de plus. Il reporta son attention sur le thé, de honte et de douleur. Au dehors, Konoha s'éveillait à peine. Le soleil, encore absent des cieux, ne projetait pas sa lumière réconfortante sur le monde et les vents froids du nord balayaient le village. Du haut de l'appartement qu'on lui avait attribué, il contemplait les hauteurs du village caché des feuilles.
Partit il y a quelques semaines d'Uzushio, le Shodaime, accompagné d'une escorte bien particulière avait fait route pour le nord. À sa suite, des shinobis en quête de gloire et de reconnaissance parmi lesquels, Shun, Fuma Masami, Uzumaki Shingen et son propre frère, Rinkusu. Tous désiraient faire leurs preuves et accéder au titre prestigieux de Jonin, dernière étape d'une carrière militaire, si peu accessible et tant convoitée. Il connaissait Shun pour avoir partagé avec lui un moment singulier, mais très peu Masami et Shingen. La première s'était présentée il y a peu au poste d'intendante du village et était passée très prêt de devenir la nouvelle Perle d'Uzushio, finalement remportée par la sœur aînée du second, qui quand à lui, était un garçon discret. Enfin venait son cadet, Rinkusu. Depuis l'annonce de la mort d'Haruka et son entrée en scène bien théâtrale au sein de son bureau, le Lynx des Mers et Meyo ne s'étaient plus adressés la parole. Son frère ne décolérait pas et il se sentait trop honteux pour faire le premier pas.
Pour encadrer le voyage et l'épreuve à venir, on avait fait appelle à deux Jonins confirmées du village des eaux :Myoshin Junko et Uzumaki Shiki. Shiki, grande sœur de Shingen, élue au poste de Perle d'Uzushio, suivait le Shodaime de son regard froid et de ses cheveux pâles. Elle n'était en rien comparable à Haruka, autrement plus chaleureuse et joviale. Cheffe de clan, elle en avait hérité l'arrogance et la raideur. Malgré les responsabilités nouvelles offerte par sa position, Meyo ne conversait pas beaucoup avec elle. Il ne fournissait pas beaucoup d'effort en ce sens et se contentait d'une cordialité polie. Quand à Junko, il n'avait pas pour elle de mots tendres. De quelques années son aînée, la kunoichi s'affirmait, depuis le jour de sa nomination, dans le camp politique opposé. Maîtresse des poisons et des Genjutsu, c'était une combattante redoutable et une femme respectée dans tout le Sekai. Affable, d'une beauté froide, elle inspirait la crainte plus que le respect. Il plaignait les prétendants qui se retrouveraient face à elle.
Du reste, le voyage se déroula sans encombre majeur. Seul Katsuo l'avait suivi, Masashi étant resté officiellement auprès de Miyamoto Akrillo pour administrer Uzushio, bien qu'officieusement, ils surveillaient les Omura et leurs manigances. Comme à l'accoutumé, Yuriko s'était montrée charmante et avait soigneusement organisé leur arrivée. Également examinatrice, il avait poliment refusé sa proposition d'intégrer l'examen, prétextant une urgence dans le Sud.
- J'en suis navré, sois en sûr, mais des affaires internes attendent mon intervention à Uzushio.
À vrai dire, il aurait tout bonnement préféré rester au sein de son village plutôt que de courir la campagne. D'ordinaire, il ne manquait jamais un tel événement, l'un des rares où il pouvait se défaire de son habituel masque stoïque, se dégourdir les jambes et apprécier pleinement les capacités de la génération qu'il avait contribué à former. Mais les malheurs récents, trop nombreux à son goût, oppressaient son esprit et lui créaient d'innombrables angoisses. Le médecin eut beau le forcer à prendre du repos, il ne réussissait jamais à quitter la Tour et tournait en rond des heures durant dans son bureau. Leiko, Mifuyu, Gendo... trois noms frappés de malédiction. On toqua à la porte.
- C'est toi Kat' ? - Oui maître, vous n'avez pas dormis ? Demanda t-elle timidement, les bras chargés de vêtements de cérémonie. - Peu. Mais je vais bien, ne t'en fais pas, ajouta t-il pour la rassurer.
Il s’efforça de sourire, d'un sourire triste, semblable aux saltimbanques dansant dans les faubourgs pour amuser les enfants. Elle n'insista pas, trop anxieuse à l'idée de le mettre en rogne. Ses derniers temps, son humeur volatile avait tendance à mettre Katsuo à rude épreuve. Il la remercia et entreprit de se vêtir avec son aide. Il ôta sa tenue de nuit et se retrouva en pantalon. Dans le miroir, son double lui jeta son image à la figure. Jadis, des muscles fins dessinaient son corps athlétique. Aujourd'hui, sa chair désertait et ses veines roulaient sur des muscles séchés. Il détourna le regard une nouvelle fois et Katsuo commença à l'habiller.
On l'invita une fois préparé à rejoindre la délégation uzujin en palanquin. Le balancement régulier des porteurs lui donnait l'impression d'être dans un navire sur une mer agitée. Shiki ne tarda pas à la rejoindre et tout deux voguèrent en direction de la grande place de Konoha. Après quelques banalités échangées sur le beau temps, il se fit silence et sa seconde l'imita. Plus ils se rapprochaient, plus l'allure diminuait. Les rues avaient bien changé depuis l'aube. Il était tout bonnement impossible de circuler normalement. Des marchands criaient à qui voulait l'entendre que leur prix se voulaient imbattables, des petites gens échangeaient leurs pronostiques sur les résultats. À la dérobée, Meyo pouvait entendre des conversations : « Notre petite Hako va les démolir, ces gens du Sud, comme elle l'a fait là-bas. » « Il paraît qu'ils ont ramené un ancien pirate, s'sont en manque de vrai ninja dans les îles ou quoi ? ». « T'as vu la gueule de leur Kage ? Pas étonnant ! ». Il sourit. Shiki ne leva pas les yeux de ses notes par politesse, mais il savait qu'elle entendait. Lorsqu'ils arrivèrent, on invita le Shodaime et sa seconde à quitter le palanquin. Devant eux, une estrade installée pour l'occasion et devant elle, une foule immense, impatiente de découvrir les participants. Les rires, les cris et la joie des gens du nord le tira de sa torpeur et il se surprit soudainement à éprouver de l’appréhension. Il rejoignit derrière les rideaux de velours vert la Hokage et sa délégation. Il la salua, ainsi que les notables de Konoha. Il s'approcha ensuite des Chunins d'Uzushio :
- Faîtes de votre mieux. J'ai confiance en vos capacités, vous avez toutes les armes pour briller à cet examen. Respectez les règles et n'abandonnez pas.
Il les salua d'un mouvement gracieux de la tête. Il avait prit garde de ne pas croiser le regard de son frère durant sa tirade. On l'invita à prendre le thé avant de monter sur scène. Lorsqu'il eut terminé, un shinobi de Konoha grimpa sur la scène et galvanisa la foule en présentant les participants de l’épreuve au fur et à mesure qu'ils se présentaient à elle. La masse applaudit mollement les prétendants uzujins et une clameur étourdissante fit vrombir la grande place lorsque Huyga Yume, puis Aburame Hako montèrent sur la scène. Lorsqu'ils furent installés, le Hérault hurla pour se faire entendre :
- Et maintenant, veuillez applaudir le Shodaime Senkage, Meyo Tsuri.
Katsuo lui tapota l'épaule pour l'encourager. Il lui sourit, puis gravit les marches pour se présenter à la cohue. Il les salua de la main et arbora son plus beau sourire. De l'index, il replaça ses lunettes sur son nez et applaudit avec la foule la montée des marches de la Nidaime Hokage. Lorsque le calme s'installa sur la place, Meyo s'avança de quelques pas. Le soleil éclairait les lieux de sa lumière et le kimono bleu, brodé d'or du Shodaime faisait ressortir sa pâleur. Il s'éclaircit la gorge.
Comme vous le savez, nous sommes réunis aujourd'hui pour saluer et encourager le travail d'une nouvelle génération de shinobi. Le passé à ses légendes et il est grands temps que notre présent puisse avoir les siennes. Devant vous se tient la fine fleur de nos deux villages, Konoha et Uzushio. Déclara t-il en désignant de la main les prétendants. Il est clair que vous avez déjà choisi votre camp. Ajouta-il malicieux. Il eut des rires en réponse. Il reprit d'une voix plus profonde. Il fut un temps, pas si lointain, où il était impossible de concevoir une conversation entre deux clans, encore moins entre deux villages. Pourtant, à l'ombre des conflits, la feuille et l'eau ont su trouver un terrain d'entente qui, au fil du temps, a mué en une amitié franche et sincère. Certains hochèrent la tête en guise d'approbation. En ces temps troublés, il est bon de pouvoir compter sur ses amis. C'est dans cette optique que les intendantes Senju Haruka de Konoha et Uzumaki Haruka (sa gorge se serra) d'Uzushio ont organisé de concert cet examen. Il est temps de célébrer cette amitié et d'encourager les prétendants au titre de Jonin. Je vais maintenant laisser la parole à la Nidaime Hokage, merci à tous.
Il salua la foule et sa consœur avant de reprendre sa place au fond de l'estrade. Il revoyait devant lui la chevelure rousse ondulait au grès du vent. « Tu aurais été fière ».
Le printemps des fleurs humides feat. Examen Jonin
" Une amitié fondée sur le travail est préférable à un travail fondé sur l’amitié. "
Un nouveau jour se levait sur Konoha, un jour qui allait peut-être changer le destin de quelques uns, par la gloire ou bien par l'échec car le chemin du succès était tapissé d'inombrables obstacles à relever dont tous n'étaient pas prêt à dépasser. Parfois, cela arrivait au bon moment, parfois ce n'était pas encore l'heure. Pour le savoir, il n'y avait pas d'autres possibilités que d'affronter ce qui se dressait sur sa route envers et contre tout. Tous les shinobis passaient par là, tous les shinobis dotaient d'un peu d'ambition, de courage ou de dévotion passaient par là. Elle se souvenait de son propre examen de passage avec un peu de mélancolie et toute l'énergie qu'elle avait mis afin de réussir, des journées de sacrifice au labeur et à l'étude avec au bout la récompense d'avoir atteint l'un des plus hauts grades de sa fonction. Mais sa victoire fut un peu amère car son frère n'avait pas réussi la première fois, il n'y brilla que l'année qui suivit alors qu'elle l'estimait bien plus méritant. Une belle revanche cependant car aujourd'hui, il n'en demeurait pas moins un jonin accompli qui n'avait pas à rougir de ses déboires. Bien au contraire, cela lui avait donné le goût de se surpasser et de vaincre. C'était ce message qu'elle espérait pouvoir transmettre à tous ces jeunes gens prometteurs. Échec ou victoire, ce n'était que des épreuves à dépasser.
Yuriko se tenait depuis l'aurore dans son bureau de la tour, fignolant encore les derniers préparatifs de la cérémonie d'ouverture, s'assurant que tout était fin prêt autant pour le public que les invités d'honneur. La jeune femme ne désirait ne rien laisser au hasard. Il fallait dire qu'au-delà de sa rencontre avec le Senkage pour réitérer leur vœu d'amitié, elle n'avait jamais eu l'occasion d'organiser une aussi importante cérémonie et il lui semblait bien étrange de noter la différence de pression sur ses épaules en se retrouvant de l'autre côté du rideau. Pourtant, cette nouvelle expérience ne lui était pas désagréable bien qu'il serait mentir de prétendre qu'elle y prenait goût. Yuriko n'avait jamais été une femme faite pour la lumière mais cela représentait qu'un maigre sacrifice pour lui permettre d'atteindre ses objectifs.
Pour l'occasion, la kunoichi demeurait égale à elle-même : calme, élégante et patiente. Si quelques uns de ses délégués semblaient parfois paniquer pour des petits détails, elle ne manquait pas de les rassurer par un petit geste chaleureux ou un simple sourire bienveillant.
" Et bien mes chers amis, il était de nous rendre à la cérémonie d'ouverture. Nous ne devons pas faire attendre nos invités. "
Yuriko était déjà préparée au moment de l'annonce de leur départ, portant sur elle un de ses nouveaux et nombreux kimonos en soie Kamiko, aux motifs finement brodés, à la couleur dominante qu'était le rouge pour représenter Konoha. Elle portait sa chevelure d'ébène détachée et ses lèvres étaient soulignées par un rouge audacieux qui pourtant, contrastait élégamment avec le blanc laiteux de sa peau. Un peu de noir autour des yeux, un joli peigne pour la coiffure, la Nidaime voulait faire honneur à ceux qui seraient présents. Pour l'occasion, un véhicule cérémoniel l'attendait au pied de la tour afin de l'amener au centre-ville où se déroulerait la cérémonie, tout comme cela fut le cas pour Meyo Tsuri. Tout ceci n'était que principalement un protocole de sécurité pour arriver à bon port sans trop d'encombre, bien que ni l'un ni l'autre n'avait sincèrement le besoin d'être protégé. N'étaient-ils pas eux même de puissants ninjas après tout?
Une estrade avait été aménagée, devant laquelle se tenait déjà une foule bruyante et enthousiaste. Derrière, il se tenait les organisateurs et les candidats. Ainsi, Yuriko put voir les potentiels futurs jonin de son village : l'impétueuse Aburame Hako et la prévenante Hyuga Yume. Elles n'étaient que toutes les deux cette année, un petit nombre fasse aux candidats d'Uzu. Toutefois, la jeune femme ne manqua pas de les encourager.
" Mesdemoiselles... sachez que nous sommes fiers que vous nous représentiez en ce jour. Tâcher de faire de votre mieux, et n'ayez surtout aucun regret. "
Yuriko leur adressa un sourire tout en posant une main chaleureuse sur leurs épaules, avant de les rejoindre à leurs côtés. Elle adressa bien évidemment ses salutations au Senkage qui arriva un peu après elle, ainsi que la nouvelle intendante qui se dressait à ses côtés. Malgré ce jour de fête, elle savait que le malheur avait frappé les rangs de son camarade qui devait déplorer la perte d'une brillante shinobi, la dénommée Uzumaki Haruka. Meyo semblait avoir les traits tirés par la fatigue et peut-être par le chagrin. Pourtant, il tâchait de faire bonne figure et pour ne pas faire offense à ses efforts, la konohajin se contenta d'une esquisse en soutien et d'un regard qui lui disait " courage mon ami ".
Sur ces entre faits, les candidats de l'examen furent appelés à monter sur scène et ainsi Yuriko put mettre des noms sur des visages. Elle découvrit ainsi les chunins qui allaient concurrencer ceux de Konoha : Shun qu'elle connaissait déjà et qu'elle n'avait pas eu le plaisir de croiser depuis un temps qui lui parut bien lointain et qui était resté un bel homme comme dans ses souvenirs; Masami Fuma qui affichait un air fier et convaincu, une manipulatrice hors-pair en armes en tout genre; Uzumaki Shingen, un jeune homme aux airs un peu intimidé et paradoxalement digne de l'illustre nom qui était le sien; et enfin Ōshanburazā Rinkusu, l'aîné des candidats à l'attitude désinvolte et aux airs enfantins qui devaient sans doute bien dissimuler son jeu.
Après les présentations, Meyo fut le premier à entrer en scène et offrit au public un discours qui célébrait l'amitié entre leurs deux villages. Yuriko écoutait avec beaucoup d'attention. Les mots étaient pesés, sincères, et rappelaient tristement que le prénom de Haruka ne semblait porter bonheur aux jeunes femmes qui en étaient affublées. Mais l'heure n'était pas aux nuages sombres. Le Senkage annonça alors la jeune femme qui s'avançait à son tour pour parler.
" Comme l'a si bien rappelé mon homologue, Meyo-sama, bien des chemins ont été parcourus pour que nous puissions nous tenir ici. Uzushio. Konoha. Nos villages ont vu s'élever un grand nombre de leurs soldats. Nous ne célébrons pas uniquement l'amitié qui nous lie mais aussi le courage de tous ceux qui ont pu nous permettre d'arriver jusqu'ici. Tout individu que nous sommes, civils, shinobis, étudiants ou même élites, avons permis de voir naître ce jour et nous remercions ceux qui participent à nous en accorder encore pour demain. "
Les yeux de Yuriko se posèrent sur les candidats, leur souriant à chacun avant de retrouver la foule.
" Ainsi, voici venu le jour où nous allons pouvoir mettre au défi les efforts de nos glorieux shinobis au travers de trois grandes épreuves bien distinctes. Chacune d'entre elles accordera un certain nombre de points, et c'est la moyenne de ces points qui nous permettra de définir la réussite du candidat. Bien évidemment, il est bon de rappeler que ces examens se doivent d'être menés dans le respect des règles car à défaut.... des sanctions seront appliquées. "
Sur ces derniers mots, le sourire de Yuriko semblait briller d'une intention qui ne laissait aucun doute sur la sévérité qu'elle serait prête à abattre sur la moindre tentative de tricherie ou d'irrespect. Quant aux détails de ces règles, elles seraient répétées à chacun des protagonistes concernés.
" De plus, comme le veut la coutume, une grande fête sera organisée pour récompenser le travail de tous donc, afin que ce jour arrive vite.... je déclare ouvert l'examen jonin inter-village. "
La jeune femme accorda une révérence à la foule et se mit à applaudir enfin d'encourager les candidats. De dures journées les attendaient....
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