Première classe : Décapitation frontale || Libre ||

Un entraînement publique ? Un concept insolite en soit, dont l'incongruité ne fut qu'amplifiée par l'affiche que le Miyamoto tenait dans sa main. Un gloussement roque s'échappa du quarantenaire, ce n'était pas tout à fait un rire, mais on s'y rapprochait suffisamment pour que ce bout de parchemin marqua son esprit. D'autant plus qu'il la connaissait cette Masami ! On n'oubliait pas si facilement le premier visage rencontré après un an d'exil.
Une fois la surprise passée, ses lèvres désormais décorées d'un discret sourire, notre bellâtre continua la lecture. Une initiation au Kenjutsu, l'intention bien que louable piqua néanmoins son égo. Pourquoi donc confier cette tâche aux Fuma quand, dans l'enceinte du même village, séjournaient les meilleures épéistes du Sekaï ? Les Miyamoto excellaient autant dans la pratique que dans l'enseignement. Il fallait quand même un sacré culot pour leur passer sous le nez, une forte confiance en soi, ou serait-ce de la simple stupidité ? Ses réflexions suffirent à faire disparaître sa bonne humeur, et si l'évènement restait suffisamment minime pour n'exiger aucune réaction des siens, Nori décida tout de même de marquer le coup.

En avance, comme l'exigeait la rigueur de son clan, le quarantenaire en portait d'ailleurs les couleurs. Un yukata noir couvrait son torse, proprement fixé dans un hakama de la même couleur. S'il ne neigeait pas aujourd'hui, la température n'en restait pas moins basse, justifiant le port d'une veste, d'un Keikogi bleuté pour être plus précis, dont l'arrière exposait fièrement l'insigne des Miyamoto. Nori ne cherchait pas le moins du monde à masquer son statut, son bandeau frontal ainsi que le somptueux katana qu'il portait clamant son rang.
Le chef de la garde (ou ancien chef, cela restait à décider) approcha d'un pas tranquille, son visage, aussi froid que la brise qui dansait dans sa chevelure, ne laissant paraître nulle autre émotion que la fierté et, peut-être, l'insolence ? Repérant rapidement l'instructrice, il la salua d'une inclinaison polie, son regard se posant alors sur les feuilles d'inscriptions. Et ben il s'était déplacé jusqu'ici, pourquoi pas ?

« Miyamoto Nori, au cas où vous m’auriez oublié chère Masami. Je suis bien ici pour l’entraînement. »

Une voix aussi tranchante qu'une épée qui néanmoins, pour un auditeur attentif, portait quelques notes de sympathie. Aller savoir s'il s'agissait de sarcasme, ou du plaisir sincère de retrouver cette demoiselle. Elle avait un certain charme après tout cette Masami. Les iris dorés du Jonin restèrent bien quelques secondes plongés sur elle, s'ancrant dans son regard, avant de continuer leur route.
Une main rugueuse se porta sur les plumes offertes, en faisant une valser habilement entre ses doigts, avant de la plonger dans l'encre. Nori montrait une grâce étonnante dans cet exercice, les sublimes kanji qu'il traça sur le parchemin trahissant sa passion pour la calligraphie. En voici une anecdote intéressante, tout autant peut être que de voir Miyamoto Nori - Jounin, écrit dans le nom des participants.

Sa présence étant surement suffisamment déstabilisante pour la demoiselle, il ne souhaitait pas la gêner d'avantage. Il se dirigea donc docilement vers les bokens offerts, détachant sa propre lame de ses hanches afin de la replacer dans son dos. Il était peut-être venu ici pour envoyer un message, mais il donnerait au moins la chance à la kunoïchi de se défendre. Qui sait, il se pourrait après tout qu'elle méritât vraiment de mener cette initiation. Ayant donc sécurisé son arme, secouant quelque peu sa chevelure afin de s'assurer qu'elle ne se coinça pas dans le fourreau, notre studieux élève se saisit d'un bokken.
Cela faisait bien des années qu'il n'avait pas manié un sabre de bois ! Il en avait presque oublié la légère différence de poids ! Après quelques pas sur le côté, il fit virevolter l'arme autour de sa main droite, une simple pirouette qu'il arrêta d'un coup sec. Oui, il n'avait pas l'habitude des Bokken, mais cela n'enlevait absolument rien à sa maîtrise. Posant alors ses yeux prédateurs sur celle qui serait visiblement son enseignante, il fit de nouveau sonner sa voix.

« Je suppose que nous attendons d'autres participants ? Je suis impatient de voir ce que vaut une Fuma en tant qu'enseignante. »

Une pique à peine dissimulée, que la rigueur glaciale de sa face ne rendait que plus difficile à encaisser. Si jusqu'à présent ce ne fut pas claire, elle le savait désormais : il était ici pour la tester. Les Miyamoto étaient certes pétris d'honneur et de vertu, mais ils étaient également de fiers guerriers, forts d'une tradition presque millénaire. On ne marchait donc pas si aisément sur leurs platebandes.
S'éloignant des deux tables, Nori se plaça sur les rebords du terrain d'entraînement. Passant de la plante à l'avant du pieds avec facilité déconcertante il se positionna, presque au ralenti, dans un parfait Seiza. Son bokken posé sur son hakama, ses cuisses légèrement écartées, il reposa le plat de ses mains sur ses jambes, fermant les yeux. Méditait-il ? Surement, posturer n'était après tout pas dans ses habitudes. Ses yeux clos ne l'empêchaient toutefois pas d'être conscient de son environnement, bien au contraire. Un sixième sens venait de s'éveiller, certain l'appelait sensorialité, pour le Miyamoto il ne s'agissait rien d'autre que de la vigilance de son ancêtre. La belle Sango regardait d'ailleurs son protégé avec un sourire empreint de fierté. Il était bon de savoir qu'elle n'avait pas sacrifié sa vie en vain.

La nouvelle intendante d'Uzushio essaie de renouer petit à petit avec le Kenjutsu, discipline que son père adore et a souhaité lui apprendre mais dans laquelle elle a longtemps refusé d'effectuer le moindre effort. Aujourd'hui, elle se rend au terrain d'entraînement afin de participer à un cours ouvert à tous, dispensé par Fuma Masami. En toute honnêteté, elle aurait préféré qu'il s'agisse d'un cours privé et dispensé par un Jonin, par fierté. Mais soit, elle fera avec.

Arrivée sur les lieux, elle reconnait plusieurs têtes. Celle d'un honorable Jonin du clan Miyamoto, celle de la fameuse Sensei et celle d'un Genin qu'elle a eu l'occasion de croiser auparavant. La chef du clan Uzumaki ne peut réprimer une grimace de mécontentement en apercevant la liste des participants sur laquelle elle doit inscrire nom et grade. 

"Un soucis ?"
"Mon nom est bien trop gracieux pour apparaître sur une liste de courses."
"Ce n'est pas bien aimable de ta part..."
"Humpf..."

Nagito a toujours ce don de faire un commentaire désagréable exactement quand il ne le faut pas. Mais, la femme prend sur elle et se saisit d'un pinceau pour inscrire son nom et son grade sur la feuille de papier avec la plus grande précaution qui soit, comme toute personne prétend une attention particulière à l'art de la calligraphie. S'avançant vers la maîtresse des armes, elle s'incline en souriant, puis rejoint les autres apprentis, après s'être procuré un bokken, face auxquels elle s'incline respectueusement.

"Ton sourire faisait faux."
"La ferme !"
"Tu es vraiment susceptible, tu sais ?"
"Je trouve juste cette pratique dégradante."

"Je ne m'attendais pas à voir ici un honorable Miyamoto" dit-elle à l'attention de Nori avant de se retourner vers Gintaro pour lui adresser quelques mots à lui-aussi. "Et toi, tu fais des infidélités à ton maître ? Quel vilain garçon..." Souriant, elle encourage tout le monde à sa façon. "Faisons de notre mieux tous ensembles." Elle aurait préféré, sans aucun doute, suivre les enseignement d'un vrai professionnel, soit un Miyamoto. Il est dommage qu'elle n'en ai pas trouvé pour lui proposer quelques cours. Certes, elle pourrait demander à son père, mais comme elle est en froid avec lui, retourner à ses côtés reviendrait à avouer sa défaite ce qu'elle refuse.

De zéro à hé … à prof.

Première classe : Décapitation Frontale

Le premier arrivé au cours que Masami avait mis en place n’était nul autre que Miyamoto Nori. Visage qui avait su rester dans son esprit pour plusieurs raisons. Une présence marquée, des traits qui ne laissaient les femmes de marbres – du moins qui ne laissaient pas Masami de marbre – un corps musclé, taillé par les années d’entrainement et par son métier. Un homme bien plus âgé qu’elle, certes, mais qui marquait tout de même son esprit, si elle pouvait le dire ainsi.

« Ne vous inquiétez pas, je n’ai pas oublié ! »

Il y avait dans son ton quelque chose d’un peu joueur, qu’elle étouffa rapidement dans une fausse toux, se rappelant à qui elle parlait. Non seulement était-il un supérieur hiérarchique, mais il était là pour son cours – cours qu’elle se devait de donner et de bien donner – ce n’était donc pas le temps, ni l’endroit. En plus d’une dizaine d’autres détails qu’elle allait omettre même de penser pour ne pas se miner le moral trop rapidement. Mais le regard qui croisa celui de la jeune femme juste un peu plus longtemps que la normale lui envoya une bouffée de chaleur au visage et lui rendit la tâche incroyablement plus difficile. La simple présence de cet homme venait d’augmenter la difficulté de ce défi personnel d’une dizaine de crans, sans même qu’il ne le sache.

Il fut impossible de réellement détacher son regard de l’homme alors qu’il écrit son nom et encore moins alors qu’il faisait quelques démonstrations de son talent au sabre en faisant agilement virevolter le bokken qu’il venait de prendre. S’il avait regardé dans la direction de Masami, il aurait vu qu’elle n’avait pas tourner les yeux de sa silhouette depuis son arrivée, bien qu’elle eût au moins essayer prétendre avoir le nez dans ce qu’elle préparait.

« Oui, et ils ne devraient pas tarder. J’vais essayer de laisser bonne impression sur toi. Tu sais, pour rattraper qu’les Fûmas, t’as pas l’air de beaucoup les aimer. »

À sa pique froide, elle avait répondu en bonne joueuse, bien qu’elle n’eût sincèrement aucune idée de la raison de la raison d’un tel comportement du Miyamoto. Clairement, elle n’avait pas imaginé une seule seconde que c’était sa fierté de Miyamoto qu’elle avait atteint en mettant c projet sur pied avec son clan.

Après l’arrivée plus que remarquée du capitaine de la garde, ce fut l’apparition d’un autre visage familier qui attirer l’attention de Masami, la forçant de se fait à cesser de regarder Nori. Ce n’était peut-être pas plus mal. Si elle avait continué ainsi à regarder le l’homme, il aurait fini soit par le remarqué, le noter à voix haute – chose qu’elle n’aurait su comment gérer – ou même le mettre mal à l’aise. C’était donc une bonne chose que Gintaro arriva aussi pimpant, l’interpellant directement.

« Oh ! Salut Gin ! Contente de te voir ! T’as travaillé ce truc qu’on a vu la dernière fois ? »

Elle lui offrit un sourire joyeux avant de lui expliquer où écrire quoi, puis elle observa que le garçon avait bel et bien écrit ce qu’elle lui avait demandé.

« Si tu veux oui. Tu peux la mettre là où tu vas prendre le bokken. »

Le cours commençait à se remplir. Jeunes comme vieux, un peu plus expérimenté, comme novices. Masami ne s’était pas attendu à voir tant de visages, mais elle aimait bien cela. Après tout, c’était le but de son entreprise. Et le visage de Gintaro n’était pas le dernier des visage connus qu’elle vit arriver.

Juste après l’apparition du jeune garçon, la cheffe-même du clan Uzumaki se présenta. Cheveux argentés, traits délicats et une beauté indéniable. Devant elle, Masami ne pouvait que se sentir … moins femme. Devant Shiki, toutes les femmes du monde étaient moins femmes ! Toujours dans les règles de l’art l’élégante intendante d’Uzushiogakure s’inclina devant elle, chose que reproduit le chunin immédiatement. Après tout, c’était l’intendante du village et elle était venue elle-même assister à son cours. Cette réalisation laissa d’ailleurs un léger goût amer dans la gorge de Masami qui repensa à Haruka-sama qui avait laissé sur elle une si forte impression à leur première et unique rencontre …

« Contente de te revoir Shiki-sama ! J’espère que mon cours te sera utile ! »

Le ton toujours jovial, Masami essayait de cacher l’ébranlement qu’elle ressentait en pensant au prédécesseur de Shiki, mais elle ne pu s’empêcher la regarder alors qu’elle s’avançait vers Nori. Il fallait avouer qu’ils faisaient une belle paire tous les deux. Il lui fallut une certaine force d’ailleurs pour ne pas soupirer. Ce n’était pas qu’elle était amoureuse de lui, mais elle savait apprécier un bel homme lorsqu’il était là. Et elle savait aussi qu’elle n’aimait pas se sentir seconde derrière qui que se soit et qu’à côté de Shiki … elle était même bien plus loin que seconde à qui que se fut.

Elle ravala un peu son égo, bien qu’il eût un mal fou à passer dans sa gorge cette fois-là avant d’aller prendre position à l’avant du groupe, un bokken en main, comme ses élèves.

« Bon. C’est maintenant l’heure de commencer … »

À peine eut-elle dit ces mots qu’elle vit un dernier élève arrivé. Sanada, son équipier à qui elle avait elle-même demander de venir était-là. Elle savait que ce n’était pas pour la leçon qu’il était là, ce n’était pas vraiment son genre et elle avait insisté pour qu’il vienne. Elle lui décrocha donc un sourire, le laissant se préparer et rejoindre Gintaro. Tiens, elle ne savait pas qu’ils se connaissaient … comme le village semblait plus petit d’un coup …

Mais elle ne perdit pas plus de temps dans ses pensées avant de commencer :

« Bonjour. Je sais qu’tout l’monde ici a un niveau bien différent alors se ne sera pas facile de se lancer dans l’cours. On va y aller petit à petit, mais je vais pas être lente. Y’en aura qui vont finir ben avant d’autre, c’est normal et faut pas s’en fâcher. Y’en a qu’y on jamais toucher d’épée ici, d’autre qui font ça depuis qui sont nés. »

Une ouverture comme une autre, certes pas la plus éloquente, mais Masami n’était pas connue pour son éloquence naturelle. Déjà elle se forçait pour bien articuler tous ses mots et choisir n vocabulaire qui avait un peu plus de classe que son habituel façon de parler.

« J’voudrais que tout le monde prenne cette position-là. »

Elle se positionna donc devant la classe, tenant le sabre de bois à deux mains. Ses bras étaient bien tendus et ses jambes légèrement fléchies. Le pommeau du bokken était à quelques centimètres de ses cuisses et son doit étaient aligné bien droit, avec ses jambes.

« Le cours est un cours d’initiation. On teste quelque chose aujourd’hui, donc on va pas couper de la roche ou apprendre à donner des coups surprises dans le dos. Aujourd’hui, on se concentre sur une attaque frontale, c’pas délicat, c’est pas compliqué, mais quand on se prendre un sabre dans la face de même, ça fait assez mal. »

Masami brisa sa position de garde avant de faire un tour dans les rangées pour modifier la position de ceux qui n’avait pas réussi à la prendre, glissant un commentaire ça et là pour aider ceux qui avaient encore du mal.

« La position que je vous ai montrée est une position de base au sabre. Une garde au corps qui permet de répondre aux attaques de côtés, de face, de haut et aux jambes. C’est ben cool comme idée, mais c’est pas pour ça que je vous l’ai montrée. C’est la position de base de l’attaque que je veux qu’on travaille. »

Lorsqu’elle passa à côté de Nori pour regarder sa position elle ne dit rien, il était déjà un maître sabreur, et savait ce qu’il faisait, mais elle profita tout de même de l’occasion pour regarder sa posture. En tant que maître su sabre, il avait des bras solides et un positionnement plus naturel que tous les autres. Si seulement c’était la seule raison pourquoi elle en avait profité pour regarder … si un regard attentif avait croiser ses iris chocolat, il aurait pu remarquer l’étincelle d’intérêt qu’elle tentait plus que tout d’étouffer – sans réussir, apparemment.

Puis, bien sûr, elle évita également de faire l’erreur de considérer l’intendante comme une débutante et jugea la posture de celle en prenant en compte qu’elle était meilleure épéiste que Sanada à qui elle n’avait pas hésité de bien aider à placer ses pieds en passant près de lui. Il était habitué au Ninjutsu, alors sa posture était un peu moins stable lorsqu’il était question de brandir un sabre, même en bois.

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Awful

N.b:

Technique à enseigner:

En avance, comme à son habitude, le Miyamoto se retrouvait donc à attendre. Ses yeux se rouvrirent d'ailleurs assez rapidement, balayant négligemment l'environnement en observant les nouveaux venus. Il lui fut bien entendu impossible d'ignorer le regard insistant glué sur lui, et s'il ne laissa rien paraître, Sango elle se tordait de rire. Apparemment la quarantaine n'avait pas complètement limé son charme ! Car il supposait qu'il s'agissait de cela, ou alors peut-être une simple admiration platonique ? Peut-être plus tard tentera t'il d'élucider le mystère, après tout si elle n'était pas un exemple d'élégance et de raffinement, la Fuma restait toutefois agréable au regard, et sa simplicité terreuse lui donnait même du charme.
En parlant de charme, une véritable Perle se joignit à la liste des convives, une demoiselle qui non seulement était la nouvelle intendante, mais qui sincèrement attirait l'œil de la gente masculine. Nori lui-même planta sur elle ses iris dorés, suivant son avancée tandis qu'elle se posait à ses côtés, la saluant d'une brève inclinaison. On remarquera tout de même qu'elle fut la seule qu'il daigna saluer, car malgré leur différence d'âge elle restait, en théorie du moins, sa supérieur.

La flânerie prit toutefois fin lorsque l'institutrice du jour annonça le début de la classe. Pas trop tôt pensa notre épéiste, opinion sans doute que peu ici partageait. Se levant de son seiza, il appuya fermement sur le revers de ses pieds, démontrant la puissance de ses jambes en insultant la gravité. Une habitude un tantinet fanfaronne, que le Jônin ne changerait pour rien au monde.
Chudan No Kamae, le nom de cette position somme toute basique résonna dans son esprit alors même qu'elle en parlait, et s'il fut tenté de lui rappeler ouvertement l'appellation, cela restait trop mesquin pour ses standards. D'autant plus que par la suite la demoiselle fit une démonstration admirable. Un œil aiguisé remarquerait sans doute la pression excessive des mains, mais cela pouvait fort bien s'expliquer par une simple différence stylistique, ou encore par une exagération à viser pédagogique. Après tout beaucoup ici n'avait sans doute jamais tenu une épée. Inutile donc de faire la fine bouche.

Maintenant juste en dessous de la garde, il fit quelques pas afin de s'éloigner de l'arbre, montrant sa bonne volonté en se joignant au groupe, même s'il s'assura de ne donner son dos à personne. Les habitudes du métier j'imagine. Joignant ses pieds en une position parallèle, son torse bien droit, il s'inclina de nouveau envers Masami, ne la quittant pas des yeux, dans la plus pure tradition de la Voie du sabre. Tout le monde pouvait faire du Kenjutsu, mais tout comme chaque shinobi possédait un Nindo, un véritable adepte du katana suivait le Kendo. D'un bref mouvement de poignet, il réajusta ensuite son bokken, plaçant l'extrémité courte au centre de son corps, un peu plus haute que l'extrémité longue, son pouce se posant instinctivement sur la garde. Non, pas de fourreau cette fois ci, et avec un léger sourire il assura la prise du doigt sur le bois. D'un mouvement lisse, il déplaça le bâton en face de lui sa main gauche glissant quelque peu le long de celui-ci, petite déformation de son style de prédilection, avant de se replacer gracieusement sur le manche, en retrait bien-sûr. Son pieds droit légèrement en avant s'alignait parfaitement avec le gauche. Ce parallélisme n'avait en réalité pas vraiment sa place dans une situation plus pratique, seulement n'ayant pas l'urgence du combat, Nori se soumettait à l'esthétique.
Son sabre de bois fièrement dressé, il plia et déplia plusieurs fois ses jambes, juste pour s'assurer de sa stabilité. Une longue expiration lui permit d'expier les tensions excessives. Plus que toutes les autres, la garde de l'eau exigeait une relaxation, ou plutôt une disponibilité aux mouvements, une contraction musculaire étant d'autant plus efficace si elle partait d'un corps neutre. Maintenant donc sa position sans le moindre effort, il eut tout le loisir d'observer l'instructrice lorsqu'elle l'examina. Il ne s'était pas trompé, l'humidité de l'oeil, l'étincelle tapie dans les iris noirâtres, l'insistance de son regard cachait bien autre chose qu'une simple curiosité. Après tout soyons franc, il avait certes la classe avec une épée dans les mains, mais la Fuma s'y connaissait suffisamment pour ne pas être impressionnée par une simple garde. D'ailleurs il n'y avait rien d'impressionnant. En tant que Miyamoto, il eut été honte d'être autre chose qu'excellent. Nori était de l'avis que mademoiselle regardait d'avantage le bokken fièrement érigée, ligne épaisse s'extirpant de ses hanches.

M'enfin elle eut toutefois la décence de continuer sa ronde, permettant ainsi au quarantenaire d'observer ses corrections. Un bokken maintenu trop haut par ici, des jambes mal positionnées par là, une petite tape sur le dos pour exiger la verticalité, elle savait ce qu'elle faisait. Certes on égo de Miyamoto lui criait le contraire, mais leur fierté prônait également l'équité, dans le jugement tout comme l'action.
Il remarqua au passage le garde de la Perle d'Uzushio, ne pouvant que constater que cette fleure magnifique savait également se défendre. Pour le coup il fut celui à être un peu trop insistant, même si pour le coup son visage resta parfaitement impassible. Il y avait quelque chose de presque poétique à voir une femme, bien plus proche de la courtisane que du guerrier, manier si brillamment l'épée. Le mot brillant était sans doute un peu fort, mais la beauté avait cette capacité à amadouer le jugement.

Comme on pouvait s'y attendre pour une initiation, cette leçon était lente. L'enseignante n'était hélas pas à mettre en cause, bien au contraire, expliquer les bases de l'épée n'était après tout pas une tâche facile.
Après le Chudan No Kamae, la Fuma démontra une coupe en diagonale. Du haut vers le bas, de la droite vers la gauche, un mouvement qui n'était pas sans rappeler la tranche utilisée pour l'Omotegiri. Assurer la forme avant de s'attaquer au fond, cela pouvait fonctionner ! Bien qu'il brûlait d'envie d'intervenir, pour préciser par exemple qu'une garde haute eut été bien plus adaptée, le Miyamoto resta silencieux. Ses sourcils contractés signalèrent toutefois sa contrariété.

Saisissant l'arme à pleine main, il reproduit le mouvement sans aucune peine, le contraire eut été étonnant. Toutefois il ne comptait pas s'arrêter là. D'après son analyse, la forme n'avait sans doute que peu d'importance pour cette technique. Il s'agissait sans doute d'utiliser le chakra pour renforcer sa puissance, et peut-être aussi pour assurer la solidité de l'arme. Pour l'instant il maniait certes un bokken, mais il serait bien malheureux qu'il brisa une lame d'excellente facture sur de la simple roche.
Tout d'abord laisser son chakra circuler pleinement dans son corps, irriguer ses muscles, son sang, pénétrer tout son être. Il n'était pas bien doué pour donner des ordres au fluide divin, heureusement ses années de pratique à l'épée rendait cette consigne en particulier plus aisée. Renforcer sa force et sa vitesse n'était pas le problème, doser ce renforcement par-contre. Tout à sa concentration, il leva de nouveau le sabre de bois, une garde haute cette fois, puis l'abattit dans la même coupe en diagonale.
Impact du vent tandis qu'il arrêta la lame, une puissante onde de choc suivant le mouvement, ne manquant pas de bousculer les autres participants.

« Eh… pardon. »

Une excuse teintée d'embarra, lui même se rendant compte qu'il en avait bien trop fait. Si elle eut assez de jugeotte pour ne pas lui donner directement de conseil, Masami exécuta toutefois de nouveau la technique, lui permettant ainsi d'observer une seconde fois. Elle précisa notamment qu'il s'agissait d'une technique relativement simple, accessible à tous ceux ayant suivi une formation basique.
Message reçu, nul besoin de déployer pareille quantité de chakra ! Il baissa donc l'intensité de son flux, transformant le fleuve en un petit ruisseau, puis en une simple ligne bleutée qui coulait le long de ses muscles. Ensuite plutôt que d'alimenter son corps, il fallait se concentrer sur les muscles, mais pas que les bras comme le ferait un débutant. Pousser avec les jambes, maintenir sa posture avec le tronc, transférer l'énergie au bras et…

« HAI ! »

Un petit cri pour expulser l'air. Sa seconde frappe fut bien plus proche de la réalité, quoique encore trop expansive à son goût. Il lui fallut quelques essais pour assurer une efficience acceptable. Le même processus fut répété sur l'arme, bien qu'il possédait déjà le dosage, il s'agissait désormais de l'inclure dans son corps.
Même avec un bokken, il n'avait aucune difficulté à considérer un sabre comme l'extension de son bras, aussi cette étape fût-elle relativement aisée. S'étant instinctivement écarté du groupe, Nori rejoignit la masse, attendant poliment la suite de l'initiation.

Enfin ils arrivèrent à la pratique, et après de nombreux conseils, Nori se mit au travail. De robustes blocs de bois leur servaient de partenaires. Se plaçant en face de l'un d'eux, envahi par la volonté de bien faire, le quarantenaire effectua sa première frappe.
Le sabre de bois explosa littéralement au contact, trop de puissance, pas assez de maîtrise, s'était-il laissé impressionner par les nombreux curieux ? Pourtant loin de démotiver les troupes, son échec les rassura. Si même un Jônin n'y parvenait pas aisément, cela excusait leurs tentatives foireuses non ? Un raisonnement médiocre auquel Nori ne porta nullement attention.
Un autre bokken en main il se remit à la tâche. Cette fois l'arme ne brisa pas, mais la cible non plus. Parfait, il ne s'agissait maintenant que d'une question de dosage. Il ne lui fallut pas beaucoup d'essais pour réussir, mais quelques gouttes de sueurs perlaient toutefois de son visage, preuves que la tâche ne fut point si aisée.


« Merci Masami-san, ce fut bien plus enrichissant que prévu. J'avoue être ravi de m'être trompé à votre sujet. Les Fuma peuvent faire de bons enseignants. »

Reconnaître ses erreurs, cela faisait aussi parti de l'honneur des Miyamoto. Après une inclinaison respectueuse, Nori quitta donc cet entraînement commun, fort d'une nouvelle corde à son arc !

Technique apprise:

HRP: