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Le voyage de Yukio. Rouleau II : L'air.

Nozomo Yukio
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Suna no Jonin
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Nozomo Yukio


Le voyage de Yukio


Rouleau II : L'air



Au milieu de la mer, perché sur le navire nommé "Arubatorosu", "l'Albatros". Une ombre se portait tête en bas sur le filet du Hauban conduisant en haut du grand mât. Le grand poteau de bois, au milieu du bateau, semblait totalement insensible aux gesticulations de l'homme qui jouait près de lui... Le nez de l'oiseau maritime fendait les flots, s'en allant vers une direction bien lointaine. Ici et là, des marins faisaient leurs tâches dans un remue-ménage presque amical, mais l'on sentait la concentration dans chacun de leur mouvement : L'expérience ainsi que la tension de l'agenda de la journée.

Nettoyer le plomb, hisser la voile et parfois ramer... Se tenir au courant de la tension des cordes et tourner dans les étages du bâtiment pour suspecter une fuite. La vie était occupée quand on était en mer, plus encore quand chaque vent pouvait amener à eux des menaces tel que des tempêtes ou des vils personnages.  

Un homme était fixé pour rester en haut du mât, dans le nid de pie, pour sécher au soleil tout en surveillant l'horizon. De sa position, ce "malchanceux" pouvait admirer la structure du bateau : De grandes voiles triangulaires à l'arrière permettant des mouvements rapides, aidé sans doute par l'expérience et la pratique des ouvriers de la mer, à bord, alors que deux plus grandes faisaient face à la destination comme un défi aux nuages. L'on pouvait aussi profiter de la forme élancée de cet oiseau bien obligé de glisser sur l'eau.

Une beauté ! Pour celui qui n'avait pas vu la mer de trop près et encore moins un bateau de cette envergure, c'était une nouveauté délicieuse ! Un œil expert pouvait deviner les mensurations du pont et du nez, peut-être même la capacité de stockage de cinquante barils et vingt moussaillons dans la cale, mais bien peu en étaient capable... Et encore moins ceux habitués au désert. Pour autant, toute personne un peu observatrice pouvait se laisser tenter à imaginer le gouvernail bouger dans cette petite ombre qui se mouvait à chaque virage du bateau... Une pièce centrale dans la direction de ce transport, relié par d'ingénieux moyens à une roue sur le pont. L'échelle de cette bête n'était pas celle de l'humain et il fallait trouver des intermédiaires de transmissions.

Revenons à cette ombre s'amusant dans les airs, comme un funambule... Non content de tenter le diable, elle regardait le monde d'un autre regard puisque la tête en bas la mer devenait le ciel et le ciel devenait... Un infini, parfois complimenté par quelques nuages. Aujourd'hui, c'était tout bonnement édifiant d'avoir une surface si grande et sans taches blanche ou grise. L'homme, les pieds comme seul appui dans le vide, appréciait le spectacle surtout qu'il n'avait rien à faire à part profiter du spectacle. De sa position, il voyait tout et ne se privait pas !

La mer, devant lui !

Il avait chéri cette idée, ce paysage, depuis la première fois : Une promesse d'ailleurs, un monde de l'autre côté ? De ses cours fragmentaires de géographie, il avait retenu la présence de grandes iles regroupées en... Hmm... Archipel ? Au milieu du sable, il ne suffisait que d'une pelle, mais la belle agrandissait tout. Combien de pas entre son départ et maintenant ? Combien encore jusqu'à l'arrivée ? Focalisant sa vue sur le lointain, mais ses oreilles sur le pont, il entendit des faits divers amusant :

- Tu te rappelles ma cousine ? Non, pas celle que tu as essayé de sauter... Oui, voilà, elle. Eh bien, elle était à Tsuru dans le pays du feu, pour une fête foraine et... Oui, et bah ? Elle ne peut pas aller s'amuser un peu entre deux vendanges ? Oh, je t'emmerde. Bref, elle était à la fête foraine et elle a vite décampé, car une nuit il y a eu une attaque ! Tu imagines ? Au pays du feu ? Ouais, c'était il y a une semaine. En train de frotter le pont, les deux gaillards de trente ans chacun parlaient d'un événement bien connu par notre protagoniste. Ricanant dans sa barbe naissante, il assura une flexion pour attraper de sa main droite le filet et décrocher ses jambes de leur étau limité.

Le haut devint le bas et le bas reprit sa place... en bas. La main gauche en soutien, l'homme en haut du mât reprit fièrement sa position dans le nid de pie pour regarder un peu autour de lui. Jouer les acrobates, c'était une chose, mais il y avait quand même un travail à faire... Faire semblant de travailler, c'était vite griller dans le peu de mètre carré que comptait le bateau, surtout quand on était chargé d'une mission à la vue de tous !

L'Albatros comptait un équipage dévoué, mais comme tout groupe humain, il y avait des désistements : Mariages, naissance, maladie... Mort. Des gens manquaient à l'appel et telle une bête carnivore, il fallait du monde pour que le bateau tourne bien. Chaque membre était important, assurant des quarts dans l'optique du repos commun. Les longues journées en mer épuisaient n'importe qui, même le glorieux ninja habitué à la chaleur : Le pire, ce n'était pas le soleil, c'était le sel qui asséchait tout... Le sable rentrait dans les vêtements et les yeux, le sel irritait la gorge. La mer était bien plus vaste que le désert, mais on ne pouvait pas circuler librement sur sa surface, alors il fallait coexister avec des tas de types dans une boite en bois guidé par le vent et le courant.

"En théorie, c'est pas glorieux... Mais quel kiff !"

Pour le jeune homme, c'était vraiment palpitant de vivre cette expérience, même si la proximité et la présence de civils amenaient des petits revirements dans le voyage : Son fier katana n'allait pas avec le profil d'un chercheur d'emploi quasi inoffensif. Il pouvait justifier un tantô, mais pas une arme aussi longue... Alors, il l'avait caché derrière une pierre sur une plage abandonnée. "Enfin j'espère." Très vite, il avait trouvé dans un port un contrat de marin dans le transport. L'Arubatorosu, malgré sa taille et sa beauté, était surtout destiné à être chargé et déchargé... La destination ? Les iles de Tenro depuis Futami. Le sunajin avait peur de trop s'approcher de Uzushio... Il avait entendu parler de rudes guerriers maniant la mer et les éléments, mais comme beaucoup de mythes, il y avait la réalité et la fiction. Pour autant, il avait bien rigolé devant le regard goguenard du poivrot qui avait raconté qu'un uzujin pouvait planter n'importe quel sunajin.

"C'est pas demain la veille, coco."

Le désert contre la mer, il était habitué à l'un et attiré par l'autre... Un infini contre un autre, comme c'était original ! Adossé au bois du nid, il prit appui sur son coude pour regarder encore l'azur miroitant le soleil. Dieu que c'était beau... Cela changeait de la morne brise qui faisait bouger les grains. Deux jours qu'il était parti, engagé, et il ne se lassait par du spectacle ! Les types en bas étaient persuadés qu'il allait s'ennuyer, mais que nenni ! Le soleil tapant amicalement sur la peau déjà bien bronzée de notre marin d'eau douce, il n’en sentait pas toute cette sécheresse traitresse... On n'installait pas des coins d'ombre sur le bateau. Beaucoup de marins faisaient des insolations, c'était l'un des dangers en mer avec l'alimentation peu variée...

"Chacun ses dangers hein !"

Le garçon pensa à son voyage jusqu'à là, aux événements de la fête foraine et aux indications assez floues des vieux : Suis le fleuve, tu déboucheras bien sur la mer. "Bah merci connard !" Enfin, il avait trouvé, alors tout était bon ! Tadake, Sarade, Hiro... Ils allaient lui manquer, même s'ils avaient un côté sombre, c'était des hommes de valeurs. Il avait appris avec eux et avait pu être un peu lui-même dans ce voyage qu'il imaginait placé sous le signe de l'incognito.

D'ailleurs, il ne s'est pas présenté le personnage !
Yukio Nozomo, enfin... Yukio Imin sur le bateau.

C'est moi, et je sentais que ce voyage allait encore être un beau bordel...

Sphinx. Yukio 021

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Le voyage de Yukio


Rouleau II : L'air



Au bout de ma journée, j’avais bien bronzé, mais je n’avais rien vu de vraiment probant : En pleine mer, peu de banc de sable ou de rivages rocheux… Le seul espoir d’avoir de l’animation résidait dans les pirates ou même des bateaux de passage, mais même cela n’était pas au rendez-vous.

Vers dix-huit d’heure, donc, je descendais avec le coucher du soleil pour échanger ma place avec un autre zigoto : Nous ne faisions pas vraiment les quarts « réglementaires ». C’était plus un changement pour le jour et un changement pour la nuit… Je crois qu’en prenant la journée, je me faisais un peu niquer, mais dormir tranquillement dans la pénombre était un bien qui valait parfaitement la chaleur et « l’ennui ». Je n’étais pas venu ici pour m’ennuyer : La vie en mer me remplissait de sentiments tous plus beaux les uns que les autres, même les débuts de coup de soleil n’atténuaient en rien la joie du moment. Les mains cramponnaient aux cordes, je descendais du filet menant au nid de pie de façon rapide et précise. J'étais un ninja ! Je n'avais pas peur d'un peu de vide et du mouvement quasi régulier des vagues. Me laissant tomber de deux mètres, je retombais prestement sur mes jambes pour taper dans la main de celui qui allait me remplacer : Suigetsu, un brave enfant de chiens qui aimait beaucoup jouer aux cartes et rafler toutes les mises...

Suigetsu:

Entre temps, je n'avais pas appris à mieux jouer au poker.  

J'avais sympathisé avec les corniauds du coin, puisque j'allais cohabiter avec eux : Suigetsu avait donc était le premier, puisqu'il occupait comme moi le bas de l'échelle en faisant les petites tâches. Il était arrivé un peu plus tôt que moi, peut-être deux ou trois voyages avant... L'équivalent de trois mois, disons, mais il avait déjà l'expérience et la confiance d'un matelot de plusieurs années de bouteille ! Il était fait pour la mer, on le sentait. On le voyait. Grand, musclé, il n'avait pas un pet de gras en trop et assez de muscle pour se soulever et supporter les charges, sans pour autant être une montagne... Le type "chat maigre". J'enviais un peu sa carrure, même si je n'avais rien à vraiment jalouser.

La plupart des types du rafiot avaient tombé la chemise, il faisait trop chaud et l'eau de mer collait à la peau tout ce qui se trouvait dessus. Le tissu devenait vite un obstacle, seuls les plus vieux ou les handicapés gardaient leur haut par pudeur ou... Je ne sais pas, on ne voyait pas. En tout cas, je le vis bien vite commencer son ascension avant de me détourner pour récupérer un peu d'eau et faire des tâches de nettoyage sur le pont. Ma journée n'était pas finie !

Avançant vers la source d'eau de tout le rafiot, une petite cuve renfermant des litres précieux, je me mouillais doucement le visage avant de prendre une simple gorgée : Il n'y avait pas vraiment de quota ou de limite, mais l'équipage avait tendance à mal regarder ceux qui se rinçaient trop le gosier avec trop d'eau... J'avais vu, assez vite, le puissant Akabame se faire menacer d'être jeté à la mer pour avoir trop pris la confiance. Celui-là, il avait tout le gras et le trop plein de muscle que Suigetsu n'avait pas : Une vraie montagne, adepte de la bonne chair. J'avais entendu, presque comme un mythe, que son premier pas sur le bateau conduisait toujours la ligne de flottaison de l'Albatros à être noyé...

Akabame:

Une blague ou une réalité ?

Je n'avais pas pu en changer puisqu'à mon arrivée il était déjà là. En tout cas, l'immense brun n'était pas du genre à gravir le filet pour surveiller quoi que ce soit. C'était un gradé du bateau, du genre à savoir se battre et à prendre des décisions rapides... Il avait toute la confiance du capitaine.

Le capitaine...

Sakae Ōba, j'avais très vite su son nom de famille, car c'était une référence dans le port. Dès mon arrivée et mon annonce de recherche d'emploi dans le transport maritime, j'avais entendu parler de lui : Un vieux monsieur, la barbe et les cheveux blancs, mais une prestance et une discipline inquisitrice sur le bateau. C'était son foyer, son domaine... Dans mon esprit, je le voyais souvent jouer aux échecs avec Senshi, le Kazekage de Suna. Ils étaient d'un genre assez unique : Des hommes droits, autoritaires, féroces... C'était lui qui avait faillis jeter à l'eau Akabame. Pourtant, sa carrure n'en menait pas large face au colosse, mais c'était lui le chef. Tout le monde le savait.

Le capitaine:

J'avais pu lui parler pour avoir le poste, il m'avait posé de rapides questions : Nom ; Age ; Expérience. Rien de plus. Me jaugeant du regard, il avait vite fait un geste de la main pour que son second me donne quelques papiers à remplir et j'étais engagé, comme ça... D'un regard. Un jugement hâtif ? Je n'avais pas suffisamment vu la quantité de chômeur dans la petite ville, mais j'étais sûr que le vieux en avait vu avant moi... Alors pourquoi moi avec si peu d'informations ?

"Tu vas porter des caisses et entretenir un bateau, pas besoin de plus..."

Son bras droit, Seya, était d'un genre plus amical : C'était surement lui qui s'occupait de social alors que le patron faisait la réputation. Il m'avait souri, sûrement rassuré de la décision du capitaine, pour me parler un peu du bateau, de l'équipage et de ma tâche. L'Arubatorosu n'avait pas toujours été un navire de commerce, il était de base un bateau de guerre reconditionné pour les voyages à charge plus lourde... Il restait certaines choses qui ne bougeaient pas, tel que certains trous ou des sabres accrochés aux murs, mais aussi le capitaine ! Sakae avait donc fait la guerre, peut-être contre les pirates...

Seya:

Mon imagination avait bifurqué rapidement, mais l'homme devant moi avait vite repris la main : Tout cela était derrière lui. Maintenant, les missions n'étaient que du transport. Rien de plus, l'anecdote était surtout pour m'assurer que la sécurité allait être au maximum. Une partie de l'équipage avait suivi le patron depuis le début, donc ils étaient formés à la guerre... La référence s'assurait de les entrainer parfois pour qu'ils restent en forme. "Des marins combattants ?" Pour seule réponse, j'avais souri en confirmant que je n'avais pas peur du tout : J'étais là pour voir la mer, affronter ce qu'il y avait dessus et sans doute dessous... D'un air entendu, il avait répondu à ma satisfaction en me promettant que le voyage allait en valoir le coup.

Me voilà en train de nettoyer le pont.

Répétitif, assez fatiguant et surtout dégradant. Nettoyer à même le bois avec une éponge qui avait vu peut-être des centaines de voyages avant que je ne puisse l'empoigner. La vie en mer n'était pas que de belles observations de l'horizon, il fallait travailler : Toujours de la lumière dans les ténèbres, toujours du mal dans le bien. On n'avait jamais rien sans rien, tel était l'échange équivalent... Pour profiter de tous ces moments, je devais turbiner comme tout un chacun. Autour de moi, d'autres ouvriers de la houle faisaient aussi leur office : Je n'étais pas seul, c'était déjà rassurant.

Une dynamique de groupe, même si chacun faisait sa petite vie, c'était mieux que la solitude de voir les gens passer alors qu'on était occupé à récurer une planche... "Mais qui a bien pu renverser du vin ici !" Chaque jour, c'était le même rythme : Travail puis un grand repas au coucher du soleil pour marquer le coup. Le moral, c'était important dans ce type de périple, mais au fond, je me disais aussi que c'était pour créer un sentiment de corps. Travailler, manger, dormir... Nous faisions tous ensemble, il y avait presque un aspect militaire dans les habitudes données par le capitaine. En combat, nous pouvions très bien faire qu'un... Enfin, en théorie. Quelques jours ne me donnaient pas le droit de dire ou de penser cela, je n'étais qu'une pièce rapportée qui répondait à une offre d'embauche... Pourtant, ces soir-là, je me sentais bien parmi ces foules, tel un civil. Le problème, c'était le lendemain quand il fallait nettoyer... Je notais, dans ma tête, le nombre de taches causées par ces fiestas et celles amenées par l'usure et le sel marin. Le constat était affligeant...

Au final, je préférais peut-être nettoyer qu'être en bas, dans la cale, à ramer comme un forcené... Les genoux sur le bois, je frottais en écoutant certains de mes voisins, inspiré, se mettre à chanter alors que les présupposés au repas commençaient à mettre la table :

Le banquet pouvait commencer.

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Le voyage de Yukio


Rouleau II : L'air



Un gobelet de bière dans la main, j’écoutais les pir… les marins raconter des histoires. Chacun avait sa propre expérience de la mer, porté par des mythes, la réalité, mais aussi un projet. Pour certains, c’était juste vivre sa petite vie soutenue par les flots, mais pour d’autres, c'était un métier qui permettait de rassembler des fonds dans le but de construire une maison ou d’ouvrir une boutique à terre. La finalité pouvait être la vie de marin, mais chez une partie ce n’était qu’une étape. J’étais de ces gens-là, cette escapade sur les flots était un moyen de découvrir et de décompresser, mais ma vie n’était pas là… Si ?

Je n’en savais trop rien, j’étais assez bien sur le bateau, mais ce n’était que depuis quelques jours que je m’étais improvisé matelot… La découverte rendait tout frais, mais au fond, après plusieurs jours ou semaines, n’étions pas lassés ? D’une oreille attentive, je cherchais chez mes camarades la moindre lassitude ou ennuie dans la vie de marin, pourtant je n’en saisis que très peu et c’était surtout pour les plus vieux. Eux, ils avaient fait leur temps : Fatigué, blessé, plus aussi souple ou fort, ils peinaient à faire ce que leur homologue fringant faisait. J’étais de ces types-là, pour autant ce n’était que l’expression d’une frustration : Ils n’étaient plus d’aussi bons marins. On parlait ici de productivité ou d’efficacité, pas d’un ras le bol de la flotte… Moi-même, aimant assez la vie de ninja, je me voyais bien râler quand mon lancer de kunaï allait être plus hésitant. « Dans ces là, je serai mort… »

Et oui, être moins bon dans mon métier amenait inexorablement des dangers plus grands. D’un sourire, je m’accrochai à cette idée en sirotant mon breuvage alors que les autres commençaient à chanter : Le chant était une bien belle façon de s’exprimer ! D’une seule voix, un rafiot parlait à travers ses membres, soudés. Parfois pendant les tâches ingrates :

"Chantons pour passer le temps
Les amours jolies d'une belle fille
Chantons pour passer le temps
Les amours jolies d'une fill' de quinze ans
Aussitôt qu'elle fut promise
Aussitôt elle changea de mise
Et prit l'habit de matelot
Pour s'embarquer à bord du navire
Et prit l'habit de matelot
Pour s'embarquer à bord du vaisseau…"


Une jolie chanson sur l’amour entre une femme déguisée en marin et son capitaine, c’était chaud et moelleux… On chantait sans s’en rendre compte, d’abord la mélodie puis certains passages. Enfin, tout entier ! Avalé comme un petit pain, nous faisions les canons en ricanant et le temps passait. Sur mon nid de pied, j’appréciai m’asseoir et écouter, en criant parfois pour accompagner le tout… Une voix céleste. Je chantai mal, ah ça oui… Je me sentais faisant partie d'un tout, par la voix, par le corps, par l'âme ? Non, pas encore. Ce soir, pour le coup, c’était plus enivré et donc moins galant... Cela sonnait plutôt comme ça :

"Ils étaient deux amants,
Qui s’aimaient tendrement
Qui voulaient voyager
Mais ne savaient comment
Qui voulaient voyager
Mais ne savaient comment
Le vit dit au con :
Tu seras bâtiment
Je serai le grand mât,
Que l’on plante dedans.
Mon rouston de droite,
Sera commandant.
Mon rouston de gauche,
Sera lieutenant.
Les poils de mon cul,
Seront les haubans."


C’était moins chic, d’un coup… Mais on rigolait bien. Au bout d’un moment, tout le monde allait se coucher, car le lendemain, c'était encore la mer et l’effort qui nous attendait. Tout le monde était prompt à l’effort, personne ne râlait… C’était plutôt bête de s’engager sur ce type d’escapade pour grogner au moindre exercice. On était là pour une tâche, y trouver un vrai plaisir était un luxe, mais on trouvait notre compte avec ces vocalises et la bière. Celle-ci était stockée dans un fut, même plusieurs, dans la cale ! Personne n’avait le droit de s’approcher à moins de deux mètres de ceux-ci, la pleine mer avec des marins saoulés en journée et sans alcool le soir… On m’avait dit que c’était infernal. J’appréciais mon petit verre le soir, mais je ne cherchai pas plus… Pour autant, je voyais bien que certains avaient la gorge sèche dés dix heures du matin. Travailler en mer était affilié à l’alcoolisme ? Qui sait ?

Couché dans un hamac, dans la cale, j’appréciais le roulis atténué par le tissu… Certains n’avaient pas la chance de dormir tout de suite, puisqu’il fallait toujours surveiller sur le pont ou les réserves, alcool oblige. Sur l’Albatros, il n’y avait pas de dormeur sur le pont… C’était le grand luxe, on m’avait dit. Les matelots dormaient, autre part, sur le pont, chacun dans un coin. Les conditions étaient sommaires, pour ne pas dire misérables puisque l’espace sur le bateau était confiné, sale, souvent envahi par les rats. Dans le bâtiment de notre capitaine, c’était plutôt propre. Je n’avais pas à me plaindre, le sort avait été favorable avec moi… J’aurai pu tomber sur un nid à maladie et à poivrot. L’expérience militaire devait compter : Ici, on faisait la mission sans rien demander. Les exigences étaient hautes, la discipline également. Scrutant le plafond de bois, imaginant les pas de ces hommes sur le pont à regarder les flots de nuit, je me dis que c’était une chouette vie… Alors peut-être ? Fermant les yeux, la suite ne me vint pas.

Le lendemain matin, un réveil aux aurores pour manger rapidement et se mettre au travail : Augmenter la voilure, réduite en nocturne pour éviter les soucis et vérifier la surface du navire pour voir si on n’avait rien heurté… En pleine mer, c’était compromis, mais le réflexe devait rester. La question temporelle restait toujours à définir : On n’avait pas beaucoup de temps libres, même si une période de pause était obligatoire pour la bonne marche à suivre de l’équipage. Toujours motivé à faire ce pourquoi j’étais payé, une dimension assez professionnelle de ma personne qui m’étonnait toujours : Une conscience pro ? Une volonté de bien faire ou de ne pas décevoir ? C’était limite des « vacances », mais je voyais ce séjour comme un autre métier… Une fenêtre sur ce que j’aurais pu être si j’étais né autre part.

« Yukio le marin ! »

Je m’amusai de cette idée en travaillant au côté de Suigetsu. Il était motivé aussi, alors nous faisions une sorte de course… Dans ces cas-là, le risque était de tout faire à l’arrache pour gagner, mais nous étions des marins professionnels ! Arrivant in extremis derrière lui, je soufflai en voyant sa petite danse de la joie, pour me diriger vers le filet et prendre mon temps de surveillance sur le nid de pie. Escaladant les cordages, passant mes jambes dans les trous, j’admirai la vue : Toujours pareil, j’étais un incontestable romantique à regarder la surface plate et pourtant agité de la mer. Tout ce qui se passait dessous… J’étais curieux, mais sauter du bateau pour nager était impensable : Trop long à remonter et j’avais du boulot, un jour peut-être ? Souriant de toutes mes dents, je mettais ma main au-dessus des yeux pour voir à l’horizon une quelconque menace… Aujourd’hui, le vent était calme. Trop calme. J’entendais déjà, si tôt, les rameurs s’activer pour faire avancer le bateau.

L’albatros était beau, mais son poids nécessité de la force musculaire : Le vent était un rude allié, présent et s’absentant comme un rien. Le grognement des efforts arrivait à mes oreilles : C’était un dur matin pour eux, malheureusement je ne pouvais rien faire pour changer quoi que ce soit… Ou bien ?

J’étais un ninja qui maîtrisait le fuuton, alors pourquoi ne pas utiliser mon chakra pour autre chose que tuer des gens ? C’était une perspective de mon entraînement au cirque et pourtant je pouvais l’utiliser pour autre chose que le katon : Mon énergie mystique et ses applications pouvaient aider des gens, comme les amuser avec des jeux de lumières.

Cette vie de mensonge allait me rendre schizophrène, un peu. Délassant mes bras, je cherchais dans ces micro-efforts physiques une épiphanie pour la suite des événements : Faire du vent sans mudras ? Fermant les yeux, je revoyais mes cours sur le ninjutsu :

"Le chakra est l'essence indispensable à la réalisation de toute technique ninja. Il est obtenu par le mélange de deux énergies opposées, produites respectivement par le corps et l'esprit. Par divers procédés dont le plus commun est la composition de sceaux, le chakra peut être manipulé et transformé de manière à obtenir des effets surnaturels. Le dosage de ces deux composantes dépend de la technique que le ninja veut exécuter. S'il utilise trop ou pas assez de chakra par rapport au coût de la technique, ce dernier sera gaspillé ; de même, s'il génère la quantité adéquate de chakra, mais ne sait pas le manipuler, la technique ne sera pas efficace ou échouera purement et simplement."


Il fallait donc des mudras pour exécuter des techniques, en tout cas d'un niveau certain : Le contrôle, c'est la clé, pour autant ce que je cherchais à faire ne nécessitait par une complexité forte... La solution était peut-être dans la simplicité ?

"Les signes incantatoires (ou Mudras) sont requis pour que le Chakra devienne une technique. Pour chacune d'entre elles, il y a une combinaison de signes à respecter et être très vigilant avec la position des doigts. En règle générale, plus la technique est complexe ou puissante, plus la combinaison de signes sera compliquée, elle aussi."

Le mudra était donc, sans grande surprise, important, mais pas obligatoire : Avec de l'entraînement, j'avais réussi à ne mobiliser qu'une seule main pour des sceaux parfaits et j'avais entendu parler de personnes qui se passaient totalement de mouvement pour faire des techniques... Il y avait donc une fenêtre à exploiter dans mon art pour manifester un coup de vent fort, rapide et sans préparation.

Les mains tendues devant moi, j'essayai de concentrer mon chakra dans mes paumes pour changer la nature ainsi... C'était sans doute la première voie pour manipuler cette énergie sans mudra, mais rien ne se produisit à part que le bout de mes doigts s'illumina... Je repliai rapidement le tout, paranoïaque que l'on me voit ainsi "briller". Changer mon chakra en puissance fuuton ne pouvait être fait ex nihilo, pas comme ça, pas maintenant... Encore une fois, c'était la conséquence de longs mois ou années d'entrainements pour se passer de mudras, ce n'était pas dans mon nid de pie que j'allais faire ce genre de chose du premier coup... Soupirant, j'essayais de contourner le problème. Pourquoi les mudras ? Pourquoi contorsionner ses doigts d'une certaine manière allait changer quelque chose d'un point de vue ninjutsu ?

Le chakra fonctionnait en circulant dans notre corps, joindre les mains permettait de créer un réseau plus complet par le contact des pores... Mais les signes en eux-mêmes ? Joignant les mains, paume l'une contre l'autre, je m'imaginai le réseau complexe parlant de mes bras jusqu'à se séparer dans chacune de mes phalanges. Il y avait des postures comme le serpent ou le rat qui réduisait les contacts entre les deux mains, ce qui complexifié les rapports énergétiques... Alors pourquoi ?

Des années à apprendre tout ça pour me rendre compte de certains paradoxes maintenant ? "Je suis un idiot ou quoi ?" Une bonne heure, je retournai le problème dans tous les sens, les bras en appuis sur la rambarde de bois devant moi... Les yeux dans le vague. Toujours sensible aux hennissements de mes semblables en dessous, je ne voyais pas de solution à mon problème, mais surtout je remettais en cause pas mal de mes expériences passer...

"J'ai appris par cœur des signes, je les ai répétés à l'infini pour les mobiliser à une main..."

Je me tapais le front du plat de ma paume, un moyen équivalent maintenant pour joindre les réseaux d'énergie... J'avais appris à tout faire d'une seule main, même la justification du réseau complet par les mains ne fonctionnait plus... J'étais perdu. "Mais alors quoi ? Toute ma vie de ninja est un mensonge ?" Réalisant les choses, je mis bout à bout mes premières leçons de ninjutsu avec la vision de Masoru : Le ninjutsu était une façon de s'exprimer soi-même, lui le faisait avec le katon, mais au fond tout était bon pour mettre de soi... L'énergie était propre à la personne, puisque la signature était exceptionnelle. Les mudras étaient alors une façon de s'exprimer, un langage ?

Et un langage, il pouvait évoluer !

Il n'y avait donc pas vraiment de mudras obligatoires, c'était plus symbolique qu'autres choses... Mes connaissances sur les fonctions de ces signes étaient inutiles ? En partie, mais pour lire il fallait un point de convergence des consciences. Il ne fallait juste pas trop se focaliser sur le mudra du dragon plutôt que du tigre, c'était surtout une histoire de proportion et de conception de la chose... Tout mon univers prenait une autre forme. Les possibilités étaient infinies ! J'eus un petit temps pour me faire à l'idée qu'au fond je pouvais changer sans doute les signes de mes techniques déjà connus pour quand même les produire... Et surtout, n'importe quel contact ou "signe", même original, pouvait devenir un réel mudra de ninjutsu... Alors...

Alors quoi ? Je bloquai, finalement, toute cette pensée pour se retrouver en panne d'imagination... Le truc, c'était que j'avais passé ma vie à apprendre des mudras et maintenant imaginer un geste simple comme une possibilité de malaxer son chakra, cela revenait à imaginer une nouvelle couleur pour moi. Inimaginable, j'étais prédisposé à des signes stricts et me rendre compte de la liberté procurée par ce nouvel état de conscience me donnait le vertige, et ce n'était pas à cause de la distance entre ma position et le pont, en dessous de moi. Il fallait que je me concentre sur ma tâche, le reste importé peu !

"Je dois faire du vent, faisons du vent !"

Les mudras, un civil pouvait les reconnaitre, mais un geste simple qui devenait un mudra ? Ahah ! Ce qui me bloquait débloquait en fait la situation... Il fallait alors trouver le bon geste pour me faciliter les choses. Je regardai mes mains, toujours sujet à ce vertige, en essayant d'imaginer un signe rapide et efficace : Quelque chose qui puisse m'aider à produire du vent, par la friction des pores de chakra... Un claquement de doigt ? Trop faible, la friction était ici bien trop réduite... L'évidence fut ici tournée vers le contact brutal et sec entre mes deux paumes. La friction s'ajoutait aussi à la compression de deux sources d'énergie et du peu d'air qui se trouvait entre mes mains. Tout le théorique était fait, il fallait alors chercher la pratique !

Sans un mot, je me mis en jambe. Les pieds solidement cramponnés dans le bois du bastion au-dessus de tout, j'écartai les bras pour concentrer mon énergie dans la pulpe de mes doigts et dans la paume. Pratiquant une sorte de kata de taijutsu, à la manière de Kalida quand elle faisait du Nintai, je me permis même le luxe de faire quelques mouvements circulaires. Je faisais l'idiot alors que des types soufflaient et suaient en dessous de moi... Quelle indignité !

Enfin prêt à tenter l'expérience, une bonne quantité d'énergie dans les doigts, je claquai brutalement mes mains pour charger le tout ! L'expérience me surprit, car la pression trop intense du chakra dans mes mains fit se séparer mes deux mains pour me déséquilibrer devant la violence... Trop de chakra, un contact trop brusque. Le contrôle restait la clé, qu'importe la manière de pratiquer le ninjutsu ! Tombant sur les fesses, je rigolai de ma bêtise avant de me remettre sur pied. Plus précautionneux, je réduisis l'écart entre mes mains pour les rapprocher plus lentement : Moins abrupt, je les collai doucement en concentrant mon énergie, établissant un réseau en conjonction avec l'air piégé entre mes membres.

Au lieu de tout produire d'un coup, autant faire étape par étape pour bien maitriser le geste : Rassemblant la puissance entre mes pores, je relâchai le tout face à moi : La pression devait servir dans une direction, pas être expulsée un peu partout. Ici, j'avais fait trop doucement et rien ne se produisit vraiment... Je sentais le vent partir de mes mains, mais tout était trop faible pour être utile.

Il fallait trouver un équilibre entre les deux... Plus de chakra dans un geste plus doux ? C'était sans doute une solution, et je pris le chemin de cette façon de faire lors de ma troisième tentative. Une quantité plus forte fut placée, tout en faisait prudemment la jonction entre mes capillaires d'énergie. Je sentis très forte une forte tension dans mes doigts, l'air cherché d'office à s'échapper... C'était la bonne ?  Faisant quelques pas pour me pencher vers la voile, toujours concentré sur la bourrasque miniature dans mes mains, je relâchai le tout vers le tissu-moteur : D'abord secoué par la puissance générée, je restai solide sur mes appuis pour ne pas tomber de nouveau ! J'étais un ninja, bordel ! Le vent gonfla le tout et tout de suite le bateau gagna quelques nœuds...

Gagné !

Quelques abrutis, en dessous, furent déséquilibrés et tombèrent... D'autres, à quatre pattes à récurer le sol, ne comprirent pas ce qui se passait. Souriant, moi, j'assistai à tout en sentant également la satisfaction dans les efforts de mes camarades aux rames, en bas... J'avais été utile, enfin le ninjutsu servait à autre chose qu'à se battre ! Je me préparai à réitérer ma technique, cette paume de la bourrasque, quand une voix retentit dans mon dos :

- Yukio ?   "Eh merde... "

Technique 1/1 :

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Rouleau II : L'air



Puissant malaise face à moi, Suigetsu avait dû monter pour prendre sa pause et me tenir compagnie pour tomber sur un gros con qui tendait les bras alors que le bateau gagnait en vitesse d’un coup… Avait-il vu le vent s’extirper de mes doigts ? "Ne pas faire sentir que c’est gênant… "

- Ouais ? "Bien joué Yukio !" La mine renfrognée du type devant moi, la tête dépassant de la rambarde en bois, fronça les sourcils. "Pas bien joué..." Qu'est-ce qu'il y a, tête de gland ? Ma seule réponse face à ces situations inconfortables était l'agression, quasiment gratuite.
- Tu... as remarqué l'accélération du bateau ? Déglutissant, je me sentis piéger.
- Heu... Bah ouais, difficile de rater ça ! Je ricanai, essayant d'alléger l'ambiance.
- Et... Tu faisais quoi les mains tendues vers la voile ? Il commençait à me courir sur le haricot, lui...
- Bah je ne sais pas, j'essayai de lui faire un câlin ! Tu veux que je fasse quoi ?
- Bah, c'est ma question. Il ne voulait pas lâcher l'affaire, ce con.

Le regardant fixement, essayant de me dégager, je le vis attendre lui aussi la réponse, à peine serein. Il avait vu ma posture et la place de mes mains alors que tout se passait... Pas plus ? Pas moins ? Il fallait d'abord savoir ce qu'il avait vu.

- J'essayais de prendre appui sur la rambarde lorsque le bateau a accéléré, c'est tout. C'était pas comme ça que marchait la physique lorsqu'un objet se mouvait plus vite d'un coup, mais il fallait bien commencer quelque part. Bien entendu, il fronça encore plus les sourcils... Il n'y croyait pas et il avait bien raison ! Bon, qu'est-ce que tu veux que je te dise ?

Je m'enfonçais comme jamais dans un mensonge tout à fait bancal et dans un déni assez dramatique... Bordel, je pouvais faire quoi ? Il allait comprendre que je savais manier le chakra ? Si près de Uzu, cela était dangereux ? "Et si je me faisais passer pour un ninja de Uzushio ?"

- Je veux savoir si tu es la cause de tout ce remue-ménage, Yukio... Aie, il savait. Devant mon geste de la main demandant des précisions, il continua. Tu as fait un truc ? Tu es un... Ninja ? Une question directe, il n'était peut-être pas un danger pour moi... Il voulait juste savoir, peut-être était-il curieux ? L'occasion était bonne pour bluffer, mettre de la vérité dans mon mensonge.
- Je sais faire quelques trucs, mais rassure-toi je ne suis pas un ninja. Il n'était pas plus rassuré, puisque cela amenait d'autres questions : Qui m'avait appris ? D'où je venais ? Yukio Imin était un civil, fils de paysan, rien dans mon histoire jusqu'ici n'était affilié à un village ou un clan indépendant...
- Tu es... sûr ? Je vis pour la première fois un peu de peur dans ses yeux, avouer que je savais faire des tours de chakra amenait aussi la possibilité que je puisse être un danger.

Une technique basique pouvait exclure beaucoup de gros bras sans énergie d'un combat... Si j'avais des mauvaises intentions, je pouvais terrasser la plupart des cadors du bateau avec ma jeunesse, mon physique et mes petites conneries.

"S'il savait que je peux faire plus que ça..."

Je soupirai, baissant la tête, avant de rigoler tout en relevant le tout : Il fallait montrer un visage aimable, totalement non-violent et surtout amical. Il connaissait un type toujours prêt à rigoler... Que de découverte pour le pauvre matelot face à moi ! Cela parut le rassurer une petite seconde, avant que ses neurones euthanasiés par l'air marin et le sel dans les sinus ne commencent à tramer quelque chose.

- Yukio, tu es sûr ?
- Oui, ne t'inquiète pas. Son visage eut l'air de dire : "Bien sûr que je m'inquiète bougre de con", heureusement que les mots n'accompagnaient pas les pensées.

Je tapotai de mes doigts la surface de bois qui me maintenait hors du vide. Cela commençait à me pomper l'air ces doutes à l'égard du pauvre Imin qui essayait juste de faire du bien à l'équipage... "Le chakra peut être utile, mais pour certains, c'est encore une arme de destruction massive."

Suigetsu monta pour passer d'une tête qui dépassait de la barrière à un corps entier dans la limite entre le ciel et la mer... Enfin, entre le ciel et le vide. S'adossant aussi au bois, à l'opposé de ma position, il cherchait à avoir l'air détendu alors que tout ce que cela faisait, c'était de démontrer qu'il était tendu. Il était bloqué sur un rafiot avec moi et il s'en inquiétait.

- Je vais pas te manger Sui', ça va aller. Je sais faire quelques trucs rigolos avec du chakra... L’énonciation du mot le fit tendre ses muscles. Le mot sonnait étrangement à son oreille de civil, je parlais constamment de cette énergie mystérieuse, mais lui devait vivre bien loin de tout shinobi... En pleine mer, on croisait des pirates, pas des semeurs de mort. Un type est passé quand j'étais gamin, dans mon village, il m'a appris quelques tours. Lui, pour le coup, c'était un ninja ! Je me souviens même qu'il était de Uzushio !

Rapprocher des choses connues entre elles permettait de rassurer l'interlocuteur : Ok, j'étais un peu spécial avec le chakra, mais j'avais appris d'un shinobi de Uzushio... Lui, il connaissait le village. Il vivait dans la région proche et avait dû en voir quelques fois. Mon petit pipeau l'amena à adoucir ses traits, un méchant shinobi ne se confiait pas ainsi sur ses souvenirs d'enfances, hein ?

Hein ?!

Sans plus s'inquiéter, il commença à me poser quelques questions : Qu'est-ce que cela faisait ? Qu'est-ce que savait faire ? Pour le coup, je restai très vague en parlant d'une sensation chaude, comme si je projetai une partie de moi. Je réutilisais allégrement les mots et les images de Tadake. Pour les compétences, je décrivais rapidement de modestes techniques fuuton, comme celle que je venais d'employer plus tôt pour faire accélérer l'Albatros. Je devenais le hublot pour ce jeune homme de la vie de ninja : Une petite fenêtre sur tout un pan de l'humanité, qui était mon quotidien. "Enfin, je suis quand même ici à essayer d'être un simple marin." J'agissais comme un non-ninja, à faire des petits boulots...

Peut-être que cela me tentait de savoir ce que ça faisait ? Depuis gamin, j'étais entrainé pour devenir un tueur... Un ninja, initié aux arts mystiques, mais également au pragmatisme de la lame. Une autre vie, où Yukio Imin était juste un nomade, m'était inaccessible et je me retrouvais à avoir envie d'un autre air, de voyager... D'une expérience autre. Sauf qu'au fond, je restais Nozomo, je restai shinobi. Je devais justifier alors mes compétences, jusqu'à mentir pour ne pas me découvrir. Je m'étais foutu moi-même dans un huis-clos où chaque faux pas pouvait m'envoyer à la bagarre générale contre un équipage entier : Un sunajin sur un bateau vers les iles proches d'un autre village, sur le papier cela la foutait mal.

- Tu sais, je reste moi, hein ? Je sais faire quelques petits tours, mais cela ne change rien à qui je suis. C'était pour moi, plus que pour lui...

Au fond, il s'en tapait, on ne se connaissait pas assez pour que cela soit percutant. En trois jours, on ne connaissait pas assez quelqu'un pour vraiment se sentir proche ou intime. Je restai un inconnu, et le plus grand tour que je savais faire c'était me faire passer pour un autre.

- Oui, j'imagine. C'est surprenant, avoue-le. On n'a pas le loisir de rencontrer des gens comme toi, même si tu n'es pas un de ces types des villages... Je ne connaissais pas l'histoire de Suigetsu, peut-être qu'il avait un passif avec les shinobi ? Ce qui expliquait sa peur...

Dans sa voix, on sentait une distance toute nouvelle. Je n'étais pas "l'ennemi", mais j'avais perdu le statut de camarade... Enfin, pour l'instant, à moi de changer les choses.

- Tu as vécu des trucs contre des ninjas de villages ? Une question sérieuse, pour mieux comprendre, mais en face de moi l'huitre se refermait...

"Bien entendu qu'il ne va pas raconter toute son histoire comme ça." Intérieurement, je me frappai le front alors que ma façade montrait un sourire entendu devant son mutisme. Lui tournant le dos, je regardai la vue : La mer, l'émulsion des vagues contre le bois et la surface qui se ridait devant le mouvement en avant.

Putain, que j'aimais cette sensation.

- Enfin bref, tu peux dire à qui tu veux que tu m'as vu faire ce genre de truc, ce n'est pas vraiment un secret et je n'ai rien à craindre, vous non plus d'ailleurs. J'espère juste que l'équipage ne va pas me prendre en grippe, on a encore un ou deux jours de trajet jusqu'en ville puis, avec le retour, ça va faire long si je suis mis en isolement pour... Un comportement suspect ? Je souris, amusé par le jeu psychologique que j'embrayai. À part faire avancer le bateau plus vite pour soulager les rameurs, je n'ai rien fait de vraiment gênant.

Lui dire de la boucler était contre-productif : Responsabiliser le garçon, d'un âge comparable au mien, sur le danger des ragots pouvait l'amener à la fermer. Je n'avais rien fait de mal, il avait vu que je mobilisai du chakra... À part ça, rien n'était alarmant. Rien n'était censé l'être, puisque je ne voulais rien détruire ou tuer. J'étais en voyage, j'étais en vacances. Un mouvement dans mon dos me signala que le marin s'était décollé du bois pour rejoindre le centre du nid de pie. Une attaque dans le dos ? Non, il cherchait le courage de se mettre à côté de moi contre la rambarde.

- Je pense que ça ira, tu fais ton travail et tu as juste voulu bien faire. Dans sa voix, toujours la même distance, j'avais réussi à moitié mon ouvrage. Sans rien dire, je contemplai le cadre de notre discussion. Quoi dire de plus ? Pas grand-chose...
- Oui Suigetsu, j'ai voulu bien faire.

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Le jour suivant fut assez plat, mon homologue marin m’avait lâché les basques, mais me tenait à l’œil pour je ne sais quelle raison…  Moi, je continuais ma routine qui s'installait peu à peu en essayant de vivre le mieux possible cette expérience maritime sans pour autant oublier qu'à tout moment il pouvait révéler une partie de ma vraie nature et... Et j'étais possiblement dans la merde. Heureusement, Suigetsu était méfiant, mais pas papoteur. Certaines fois je me disais qu'il allait passer à autre chose en voyant que je faisais les choses comme les autres, mais l'instant d'après il me scrutait avec insistance comme si j'avais buté quelqu'un.

Il vivait dans la psychose, m'amenant moi aussi dans ce jeu psychologique... Comme si j'avais que ça à foutre ! Le banquet du soir était bien fade, avec les œillades de mon camarade. Akabame chercha même à le vanner en sous-lignant ses regards appuyés par quelques bons mots, peu subtils, sur l'orientation sexuelle de notre ami, mais celui-ci se retira assez vite en rigolant pour passer à autre chose. Sévère, le capitaine regardait tout le monde en fronçant les sourcils, soucieux de la bonne entente de ses hommes, même les nouveaux. "Qu'est-ce qu'il dirait s'il savait que je savais utiliser le chakra ?" À cause de cet enfoiré, je me mettais à potasser le sujet : Qui serait tolérant ? Qui aurait peur ? Tout cela était bien opaque puisque le rapport avec l'énergie et les techniques passait aussi par un passif avec les ninjas, et ça je ne pouvais le supputer... Les marins suivant Sakae Ōba depuis un moment, même durant ses années dans la marine, avaient dû se frotter à des shinobi, non ? Je ne savais pas. D'un coup de coude, j'avais attiré l'attention du gros balourd pour lui demander. Pour lui, mon coup était une piqure de moustique, pourtant il se tourna vers moi :

- Dis-moi, vous avez déjà croisé des ninjas ? Le type me regarda stoïque avant de froncer lui aussi les épais sourcils noirs qui encadraient ses yeux.
- Pourquoi tu poses la question d'un coup ?
- Parce que je me disais que je voulais bien continuer ma vie sur l'eau, mais j'ai un peu la frousse du chakra et ces conneries... Plus loin je me suis d'eux, mieux je me porte ! Je rigolai en buvant ma bière, essayant que l'ébriété et l'ambiance fasse couler la question comme le liquide dans ma gorge.
- Le cap'taine et moi, on a affronté des ninjas... Mais des petites merdes, rien d'insurmontable. J'avais presque envie de lui foutre des tartes, mais je me fixai des limites pour ne pas attirer l'attention.
- Donc vous n'avez pas peur d'eux quoi ! C'est rassurant. Un regard indéchiffrable me fut délivré, comme si je disais une bêtise.
- On a toujours peur des ninjas, ils savent faire des trucs po croyable ! Comment tu veux être confiant avec un de ceux-là dans le coin ? Ils peuvent te marquer pour te faire avoir une fièvre ... Ou te donner soif d'un regard. Je te parle même pas de quand ils crachent du feu ou font bouger l'eau ! Ce n'était pas chez la bête que j'allais avoir du réconfort, une partie de l'équipage avait donc une grande peur du chakra... Enfin, des ninjas ou de l'énergie qu'ils pratiquaient ? J'allais poser la question quand il se retira pour aller chanter plus près de la chorale de connards qui listaient les chansons paillardes de refrain en refrain.

Je me retrouvais seul avec ma bière, regardant les autres chanter et danser alors que j'étais coincé dans mes questionnements existentiels... Il me fallait quelques minutes pour me sortir d'une torpeur féconde, mais féconde de bien pire. Je ne me sentais plus à l'aise au sein de ce bateau, comme si j'étais en danger. Dans le cirque de Sarada et Tadake, le chakra était connu et reconnu, ici les civils étaient bien à l'écart... C'était logique, d'un côté, si les seules interactions qu'ils avaient eues avec le chakra étaient à travers la bataille, on était bien con. Immobile, mon regard fuita vers Sakae, toujours à distance de l'animation de ses hommes. Un capitaine ne joignait pas ainsi le bruit et la vulgarité, il regardait de loin et appréciait tout, hors de la tempête. Un calme et une distance qui devait lui profiter en situation de conflit, il n'avait pas besoin de gagner sa soirée... Il était toujours dans son rôle de chef du bâtiment. Le tonnelier ne danse pas avec les clients et les salariés, il était chez lui ici. Les mains brutales de l'homme se baladèrent sur la table chargeaient de plat, je ne savais pas où étaient les cuisines sur le bateau, mais ils devaient travailler toute la journée pour produire et organiser toutes les victuailles. Il appréciait le bois sous la pulpe de ses doigts, comme si c'était la première fois qu'il voyait le meuble, mais je savais bien que c'était du mobilier quasiment aussi vieux que les planches sous mes pieds...  Il aimait l'Albatros, un lien intime et fraternel. Une protection mutuelle ?

Comme Hayato et moi, sans un mot, je ricanai. Il pouvait être un très beau bateau !

Il ferait quoi dans ma situation le grand dadais ? La prise d'info était faite, il fallait faire profil bas et attendre que ça se calme... Ne pas trop se prendre la tête, enfin, c'était ce que je disais, mais ce stressé était capable d'échafauder des centaines de plans pour étouffer l'affaire, le témoin ou tous les gens susceptibles d'apprendre mon identité... Tuer tout l'équipage ? Un peu extrême, même créer un accident pour le pauvre Suigetsu était de trop. C'était confirmer les craintes... Je n'avais rien à me reprocher, à part mon identité même ? Car, au final, je craignais qu'ils apprennent une partie de ma véritable nature. Soupirant, enfin, je me levai pour aller me coucher... Ce n'était pas ce soir que j'allais apprécier les choses, une bonne nuit et demain tout serait plus calme, non ?

Le lendemain, tout fut différent, mais pas forcément plus calme... La vigie du matin annonça de tristes nouvelles alors que je me levai : Un bâtiment approchait, à l'horizon on pouvait voir le bout de leurs voiles, mais tout était trop lointain pour apprécier quoi que ce soit. Un autre navire de transport ? Un vaisseau ami ? Rien n'était sûr, sous mes yeux l'organisation militaire se mit en marche... J'imaginais plusieurs étapes, par plusieurs alertes.

Code jaune : Attention ; Code rouge : Danger ; Code noir : Ouille ouille ouille.

Pour l'instant, rien de bien grave ne pouvait arriver : La distance et le vent étaient de note côté, mais l'air était changeant. J'allais peut-être devoir encore donner un coup de fouet à la voilure ? Les yeux de Suigetsu étaient toujours posés sur moi, il avait peur que j'ai prévenu mon équipage de pirate ninja qui allaient venir piller le navire ? Levant les sourcils, je touchai du doigt peut-être les pensées de mon camarade. S'il pensait ça, il était vraiment con... En tout cas, la suite de la matinée se déroula sans réelle différence même si une tension subsistait sur le pont, et ce n'était pas ma faute cette fois ! Des coups d'œil derrière le bastingage, la voilure "ennemie" approchait de plus en plus et même le capitaine sortit avant le midi pour jeter un œil à la menace... Grommelant, le vieil homme approcha du bois en mettant son coude sur l'appui. La main sous le menton, il calculait le temps avant l'arrivée des trouble-fêtes, car plus ils approchaient plus leur nature apparaissait au grand jour : Des pirates. Si proche des îles de Tenro, ils étaient courageux, mais stupide... La confiance dans leur vitesse et le vent laissait entendre qu'ils connaissaient la météo à l'avance. "Ou bien ils créaient le vent ?" Cette idée jaillit un peu trop vite dans ma tête, j'étais contaminé par l'appréhension de Suigetsu pour les ninjas alors que j'en étais un...

Je n'avais jamais entendu d'équipage contenant des utilisateurs de chakra, pour autant je ne connaissais pas grand-chose des populations des mers... Tout était possible. Respirant, je suivais les indications du chef et de son bras droit. Seya se pointa, armé d'une lance en criant des ordres à la place du fieffé navigateur : Bien entendu, celui-ci n'allait pas combattre. Il était vieux et précieux, mais je ne le voyais pas rester à attendre derrière sa troupe de fidèle... Malgré moi, je vis quelques regards compatissants entre les deux hommes, un lien durable et puissant existait entre eux. Le capitaine restait les yeux fixés sur la mer, attendant un message ou un événement divin. Les moussaillons se disputaient les places, les jeunes ricanaient de nerf et d'excitation alors que les vieux restaient calmes, mais suintaient la peur... Jeune et aveugle, vieux et bien trop voyant. En arrière, la main sur le grand mat, j'observai le monde s'activer : La routine qui s'était installé les derniers jours avait disparu et notre petit monde explosait en partie devant une menace extérieure. Akabame cria une unité temporelle : Deux heures avant le contact, je frissonnai devant ce temps infini, courbé de manière agressive... Il fallait attendre tout ce temps ? Tout pouvait se passer dans la tête des hommes avant l'attaque, en bien comme en mal. La peur infectée les muscles, une attente aussi longue allait laisser des bras immobiles et des jambes impuissantes. Moi-même, je n'étais pas immunisé devant cette situation : Je faisais les choses vite, de manière brutale et fracassante, attendre autant me paraissait une torture.

L'immensité de la mer rendait tout plus long, plus grand...

Tout le monde attendait, mais la déclaration avait étrangement calmé les choses : Deux heures, c'était aussi un cadeau avant le sang et la mort... La vie, pour un temps précis, face à une mort prochaine. Avançant, décidant de faire corps encore une fois avec cet équipage qui m'avait accueilli les journées et amusé le soir, je voulus les aider de tout mon cœur pour les faire survivre : C'était un peu mon bateau aussi. Je m'approchai du propriétaire des lieux, enfin du rafiot, pour lui demander quelques informations.

- Qu'est-ce qu'on fait capitaine ?
- Eh bien, monsieur Imin, nous allons nous battre. De mes yeux, j'annonçai que j'attendais plus... Il me sourit, avant de me faire un petit geste pour que je m'écarte. Vous savez quoi faire, Yukio.

Dans mon état un peu parano, sous pression, je me disais que le vieux monsieur savait exactement qui j'étais... Et cela n'arrangeait rien. Je pris congé pour me rapprocher de ceux que je connaissais bien : Suigetsu et Akabame. Le premier était faussement serein, mais il ne me jetait presque plus de regards inquiets. Son attention était portée sur le bateau qui se rapprochait de plus en plus... Le gros bœuf, lui, armé ses muscles comme si c'était une manière de faire fuir les ennemis... Mais à cette distance, ils ne pouvaient voir qu'une silhouette et pas le dessin des biceps et des triceps de la bête à mes côtés.

- Fais gaffe à toi, Aka'. Si tu te blesses les bras, tu ne seras plus bon à rien sur l'Albatros. Une remarque innocente qui me fit devenir la victime du regard noir de l'homme gigantesque. Vaniteux de sa musculature, c'était sa façon de se détresser... Soupirant, je lui fis signe d'oublier ce que je disais.

"Mon katana ne serait pas de trop." Au milieu des hamacs, mon tantô attendait et je fis un petit virage dans l'attente des salauds pour le récupérer : C'était ma façon de me rassurer et de me défendre, chacun son truc. Dans la cale, je pus sentir la tension dans les muscles tirés des rameurs : Ils pensaient que leurs efforts allaient nous sauver, amenant plus vite vers les iles... Mais les jeux étaient faits, ils allaient nous attraper selon le capitaine et son bras droit. Passant entre eux, faisant croire que j'allais chercher un truc de l'autre côté des bancs, je criai de manière joyeuse :

- Comment vous voulez qu'ils arrivent à s'arrimer à nous avec des types aussi robustes ? On va leur mettre le vent dans la face, à ces connards ! Un cri et tous ces types reprirent du poil de la bête. Remontant sur le pont, je voyais malgré tout la tête de leur navire s'approcher et les premières têtes apparaitre clairement dans mon champ de vision.
- Haut les cœurs ! Le capitaine, comme les autres, voyait l'échéance arriver... Et il essayait de rassembler tout son monde derrière un but commun, presque universel : Ne pas mourir, ne pas couler... Enfin, ne pas perdre. Un jeu collectif donc, s'il fallait mourir alors autant apporter autant de péquenaud avec soi pour soulager les copains.

Seya s'arrima à sa lance comme on tient un doudou, Akabame se tint au bastingage, à tout moment, il pouvait se jeter en avant sur le pont adversaire au contact. Suigetsu tira la dague de sa ceinture pour se mettre en garde, moi je commençai à gravir les filets pour pouvoir prendre de la hauteur et un peu cacher mes actions... Ils allaient venir, mais je pouvais ralentir leur progression pour ne pas subir un accrochage trop violent. C'était déjà ça.

La bataille allait commencer.

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Le vent se leva, coquin parmi les coquins, face à moi... Il profitait alors au bateau qui nous fonçait dessus. C'est à ce moment, comme une facétie du destin, que je me rendis compte que mes cheveux avaient bien poussés... Les mèches défilant devant mes yeux, je quittai une main des cordes auquel j'étais accroché pour serrer tout ça d'un mince bout de tissu que je déchirai de mon haut. Ce genre de truc qui m'arrivait en plein combat et je me prenais un méchant coup... Autant ne pas mourir en mer.

J'avais toujours eu les cheveux un peu longs, mais ils s'allongeaient avec le peu d'attention que je prenais à ma coupe... Pareil pour les longs poils qui naissaient sur mon menton. Je ressemblais à un vrai baroudeur, il ne manquait que la saleté et les vêtements en lambeaux... A y réfléchir, déchirer de quoi faire une queue de cheval à même mon haut était déjà un signe que je partais en vrille.

Devant nous, se dressait fièrement la frégate des brigands qui voulaient nous accoster... Nous, dans notre pauvre jonque recomposée pour le commerce, nous n'avions aucune chance de les semer. Pourtant, nous faisions face et nous essayions de les distancer pour gagner du temps... Pour quelle raison ? Un miracle ou une aide extérieure ? Qui sait ? En tout cas, s'arrêter pour les attendre n'était pas dans les projets des pontes du bateau. "Leur faciliter la tâche ? Venez nous prendre !"

Plus le temps passait, plus les détails apparaissaient : Des cheveux, blonds ou bruns, des peaux bronzées, voire brulées par le soleil... Je discernai même des cicatrices, des bandeaux cachant des globes oculaires absents ou des foulards dissimulant des parties de crânes manquants. Les types en face se battaient et ça se voyait... M'attardant sur un type de mon âge, moins amoché que les autres, nos regards se croisèrent et je sus qu'il avait tué... Qu'il pensait à me tuer. Pas par malveillance, mais, car son choix de vie impliqué la mort d'autrui pour accaparer des richesses.

J'étais un ninja, je comprenais. En dessous de moi, l'équipage devait voir aussi arriver la résolution de cette histoire, s'éleva alors une clameur générale. Les gars chantaient, pour se donner du courage et représenter un front uni contre la menace... Il n'y avait pas de recette : "Quand l'enfer te sert la main, abandonner c’est humain, l'avenir c’est loin." Mais ils se sont mis à chanter, même pas par choix. C'était comme imposé par la situation...

Chanter, comme un enfant surpris, comme un instinct de survie, comme un instant de furie.
Chanter pour accepter, exprimer, résister, avancer, progresser, exister.
Chanter comme une résilience, une délivrance.
Chanter comme une évidence.


Alors, même si je n'étais pas franchement inquiet au vu de mes capacités, je me mis à chanter aussi pour les accompagner... Au-dessus d'eux, je scrutai chacun de ces types qui voulaient nos richesses et ils me voyaient aussi, sur le filet menant au mat... Je chantai alors plus fort, me jetant en avant en me retenant par le bras au filet pour exprimer toute la force du groupe dont je faisais partie.

"Le trente-et-un du mois d'août
Nous vîmes venir sous le vent à nous,
Le trente-et-un du mois d'août
Nous vîmes venir sous le vent à nous,
Une frégate de pourceaux
Qui fendait la mer et les flots,
C'était pour aller à Uzushio.

Buvons un coup, buvons-en deux
À la santé des amoureux,
À la santé du Daimyo de l'eau
Et merde pour les autres en galère,
Qui nous ont déclaré la guerre !"


Je ne connaissais pas les paroles, mais après plusieurs refrains, je pus réciter sans me tromper chacun des mots. La voix de Akabame, forte, couvrait la plupart de ses voisins, mais je décelai même la voix vieille et rocheuse du capitaine qui chanta pour la première fois avec ses hommes. Une idée me vint, puisque l'accrochage aller désarçonner une partie de nos effectifs et endommager le bateau... Il fallait ralentir le boulet de canon marin qui arrivait sur nous, et la seule chose était... Le chakra. De la même manière que j'avais donné du vent dans les voiles pour accélérer et soulager les rameurs, je pouvais faire la même pour la voile tournée vers l'Arubatorosu. L'inertie allait quand même conduire les pirates à nous accoster, mais au moins les dégâts structurels sur notre rafiot allaient être plus courtois.

Calant ma cheville dans un nœud des cordes, je dégageai ma deuxième main pour fournir le signe improvisé qui m'avait permis de déclarer un vent violent... Je n'avais naturellement pas reproduit le geste puisque la seule fois où j'avais exécuté la technique convenablement avait signé aussi la découverte de Suigetsu. À cette pensée, j'hésitai à lancer le tout... Faire ça, c'était me déclarer si l'un de mes camarades levait la tête. Soupirant, j'abandonnai l'espoir d'être discret et je concentrai mon énergie dans mes mains pour a nouveaux mettre en tension l'air entre mes paumes. Satisfait de la puissance que j'éprouvais entre la pulpe de mes doigts, je jetai le tout face à moi... Mais la puissance réelle n'était pas la même en contact avec l'atmosphère et le ralentissement fut bien inférieur à mes attentes. Le blond face à moi chancela devant le changement radical de vitesse, mais il se remit vite sur pied... Quelque part, j'entendais le raclement du bois contre le bois, mais qu'est ce qui se passait ?

Tournant le regard un peu partout face à moi, je constatai vite que deux nez de barque sortait de derrière la frégate... "Les salauds..." En vigie efficace, je criai à mes compatriotes :

- Il y a trois navires ! Avec la frégate, deux barques... Ils veulent nous encercler pour nous étouffer ! Le capitaine se tourna vers moi, souriant comme s'il parlait à un enfant.
- Ce ne sont pas des barques, ce sont des sloops ! "Hein ?" Dans ma mémoire, je cherchai l'information concernant ces fameux "sloops".

Une barque était un trois-mâts de petite taille, rapide, mais avait l'avantage de pouvoir se glisser facilement entre les îles. Quatre-vingt-dix personnes pouvaient passer dedans. Le sloop, d'après mes souvenirs flous de mes quelques lectures, était un bateau à trois mâts aussi, mais pouvait transporter un équipage de soixante-quinze hommes. De petite taille, rapide et extrêmement maniable, ce bateau était très recherché par les corsaires et les pirates... Le vieux jouait sur les détails, quoi que non. On pouvait s'attendre, dans un sloop, à un nombre moins important qu'avec la version au-dessus. C'était rassurant... Un peu.

Avec cette nouvelle, je pouvais constater certaines jambes commencer à trembler... La partie devenait plus épicée maintenant, même moi je suais dans ma chemise. Il fallait cramer tout ça, j'en étais capable, mais c'était montrer que mes petits tours devenaient en fait des vraies techniques destructrices... Personne n'avait remarqué mon manège sur mon bâtiment, contrairement à certains pirates qui me fixaient un peu stressé. Le bruit de raclement, c'était le ralentissement de la troupe qui avait conduit les petits rafiots à frotter soudainement contre le vaisseau-mère ? Sans doute... Ils cachaient leurs rapides furies pour ne pas que l'on puisse paniquer et accélérer.

C'était malin, presque salaud.

Un sourire aux lèvres, j'exprimai dans mon esprit le projet de faire en sorte que les trois navires brûlent de leur meilleur feu... Mais la petite voix de Tadake dans mon esprit réclama plus de calme. "Si je peux faire sans, autant le faire..." Combien de vie allaient être sacrifié pour ma couverture ?

Le premier contact fut fait, la proue de la frégate fracassant une partie du bâbord de notre jonque... Des cris, moi-même j'étais désarçonné par la violence de la prise. Serrant les dents, j'enregistrai l'information : ça allait saigner ! Nos hommes s'étaient installé sur la poupe de l'Albatros pour tirer à l'arc sur les fieffés coquins qui venaient sans prendre à nous.

De ma hauteur, je voyais les sloops lentement, mais sûrement amorcer des contournements chacun de leurs côtés... Jetant un œil au front uni en dessous de moi, je fus convaincu de la manœuvre : Couler ces saloperies de vaisseaux rapides. Montant le gréement, ce labyrinthe de cordages, de commandes des vergues et des voiles et de pièces chargés du maintien des mâts. Je faisais courir mes bras et mes jambes de sortes à avancer vers le mât le plus à l'avant... Les gens voyaient les manœuvres, moins bien que moi, mais ils les voyaient. Ils étaient surtout occupés avec la menace directe de la frégate, mais moi je pouvais essayer de soulager mes camarades de piqures dans le dos.

J'arrivai sur la proue de l'Albatros, seul, alors que le bruit des combats s’acharnait sur mon dos. M'agrippant à la figure à l'avant, je jetai un œil à la position exacte de ces fils de chiens qui voulaient opérer une telle manœuvre... Attaquer ? Les brûler ? J'optai pour une solution un peu plus compliquée, les retourner ! Au moyen d'un vent assez violent, je pouvais coucher le bateau au milieu de l'eau et ainsi les vaincre tous d'un coup... "Un homme à la mer, ou plusieurs !" Mon expérience avec le fuuton m'avait conduit à la conclusion qu'il me fallait plus de puissance...

- Bon allez Yukio, on apprend sur le tas. Regardant autour de moi, pour vérifier si personne ne me voyait, je me jetai du haut du pont pour actionner, par le chakra, une surface collante sur mes mains pour ralentir ma chute... Par ce principe, je l'appliquai aussi sur mes pieds pour me mettre à l'horizontal à même le bois.

Une position étrange qui faisait que la gravité s'appliquait lourdement sur mes chevilles... Mais au moins, j'étais hors de vue de mes camarades. Je voyais les types sur l'embarcation faire de grands yeux en voyant un bonhomme collé au bois comme si de rien n'était. Je faisais un petit signe à mes futures victimes avant de joindre mes mains pour commencer à leur souffler dessus.
J'étais convaincu de ma manœuvre : Augmenter le flux de chakra dans mes paumes pour compresser au maximum l'air et le projeter... La technique demandait un temps de préparation qui était inoffensif dans ma situation, mais en combat cela devait devenir un réflexe. Serrant les dents devant toutes les secondes accumulées, je projetai finalement le tout en espérant faire mouche !

Le rafiot devant moi, valdingua un peu et je pus voir les passagers se tenir au bois qui les séparaient de la mer... Mais rien, pas assez de puissance et surtout une quantité négligeable de vent. Comment améliorer tout ça ? La quantité de chakra ? Je n'allais pas m'épuiser pour retourner un bateau, j'avais d'autres combats à mener ! Les mains jointes, je cherchai une solution dans les vagues tapant la coque en aval de ma position. La finalité de mon projet devait être plus efficace et donc plus complexe... Il me fallait donc changer la nature de mon chakra pour redoubler la puissance de l'air, cette fois-ci je tapais en plein dans le fuuton. Précédemment, ce n'était qu'une approximation, mais il me fallait plus d'outils. Je me décidais alors, au vu de ma situation discrète, de mobiliser des mudras... Enfin, un seul, puisque la technique n'était pas si complexe.

Le mudra du coq

Dans ce genre de situation, je reprenais les vieilles habitudes : Des signes classiques, ce n'était pas le moment d'innover !

Le pouce, l'annulaire et l'auriculaire collés alors que l'index et le majeur se croisaient, pliés contre les paumes. Un signe spécialement utilisé pour le fuuton. Mes réflexions des derniers jours m'avaient amené à définir que ces mudras étaient un langage... Donc le fuuton pouvait être mobilisé sans l'utilisation de mudras, sauf que je n'avais pas le temps. L'Albatros non plus. Mes mains dans cette position, je mobilisais mon énergie dans mes paumes, satisfait de la quantité produite je réitérai l'expérience en collant mes deux mains pour fusionner les sources et que l'air se gorge de la puissance mystique que je manifestais ! Relâchant le tout, la bourrasque fit gicler l'eau face à moi et je pus ainsi suivre aisément la course de ma technique qui vint frapper durement la coque du sloop qui vira de bord devant l'attaque. "C'est mieux, mais c'est pas encore ça !"

Je voulais retourner cette merde, dévier le bateau ne faisait que ralentir leur avancée, il fallait les stopper, ces pirates ! Ce n'était que mon premier essai, je pouvais toujours m'améliorer... Je le devais ! Le stress commença à me prendre un peu, le temps que je perdais ici était du temps gagné pour l'autre bateau qui avançait également pour laisser les salauds grimper et attaquer dans le dos mes camarades. Soupirant, je me mordais les lèvres en réengageant le signe du coq : Il me fallait plus puissant ? Le dragon ensuite ? Non, non... Rendre explosif cette technique n'allait que me repousser. Le vent restait le vent, trop fracassant et j'allais me retrouver projeté contre le bois auquel j'étais collé. Il me fallait plus de puissance et vite ! Et pour ça, je pensais à une tactique vieille comme le monde... Peut-être l'énergie la plus ancienne possible : L'énergie cinétique, la vitesse.

Pas celle des mudras, je ne savais pas composer trop rapidement ceux-ci... J'avais des limites. Je parlais de la vitesse de mes mains, peut-être que claquer et mettre rapidement sous pression l'air aller être bon ! Dans le nid de pie, le chakra pur m'avait presque mis dans le vide, mais le chakra fuuton était autrement puissant. En parallèle, la quantité d'énergie mise n'était pas équivalente, je maitrisais bien mieux la chose...

Enfin, j'espérais !

Le Coq prêt, je respirai un grand coup avant de donner également un grand coup. Comme un applaudissement, bref et brute, le chakra fuuton rentra en réaction avec l'air poussé contre les paumes et jaillit immédiatement. Je dus orienter légèrement, au dernier moment, mes doigts pour que l'effusion se dirige dans la bonne direction... C'est-à-dire pas sur moi. Encore une fois, l'eau se coupla au vent de passage, mais la preuve de la puissance amplifiée était que l'émulsion se soulevait comme tiré par une force invisible. Le bateau, tentant de récupérer son cap, se heurta à cette bourrasque dopée au chakra et voltigea une petite seconde, la voile touchant l'eau, se gorgeant de sel... Des cris se firent entendre, mais le mal était fait. La mer avala l'embarcation, seul existait quelques têtes à la surface. Des survivants, mais inoffensifs.

Je soupirai de soulagement, j'avais réussi... Mais il restait un bateau et peu de temps !

- Haut les cœurs, Yukio ! La main posée sur le bois, je décollai une jambe pour pouvoir me réadapter à la gravité qui me scindait les jambes. Je savais me battre dans cette position, mais cela restait inconfortable.

Le bois était froid, mouillé, là où j'étais c'était normal, mais l'isolement sur le pont m'empêchait de gouter pleinement à la mer... C'était froid, glacial même, les vagues me léchaient la chaussure alors que je me rendais compte que je venais d'amener un bon tas de mecs à mourir d'hypothermie ou de noyade. "Bien fait pour eux, ils n'avaient pas qu'à essayer de nous voler !" Je prenais pleinement conscience, également, du danger de la haute mer... Les pirates n'étaient pas que le seul danger, une mauvaise chute en pleine nuit pour aller pisser et on ne retrouvait jamais le cadavre. Qu'est-ce que je faisais maintenant ? Je remontais sur le pont ? Mes yeux glissèrent de la surface maritime à la hauteur de la tête de proue...

"Non, c'est suspect..." Un observateur du bateau précédent avait pu voir la mer se soulever et emporter l'embarcation, mais un type qui remontait comme si de rien n'était de l'eau ? Hmmmmm... Mauvaise idée ! Il me restait alors à faire le tour du bateau, aidé par la technique de marche sur les murs. Commençant ma marche, je repartis à l'horizontal en adaptant la charge de chakra à la surface solide, mais pas trop. Même si le bois était traité pour ne pas pourrir, l'extérieur était extrêmement glissant et je ne pouvais pas assumer une course sur un terrain aussi peu praticable... De plus, de nombreux éléments rendaient mon chemin propice à trébucher. D'un pas lent, donc, je faisais le tour de la coque en espérant arriver vite en vision du deuxième sloop.  

Celui-ci avait malheureusement bien avancé... Le temps perdu sur mes essais avait profité à ces pirates qui commençaient à s'accrocher au pont au moyen de cordage muni de crocher... À mon arrivée, à bonne distance, je les voyais lancer leurs cordes pour attraper le bastingage et commencer à se hisser. "Merde." Il fallait me dépêcher, surtout que mon plan de les faire faire naufrage était cuit avec leur proximité de mon navire. Plusieurs grands mecs, sabre à la ceinture, portaient leur pied sur le bois pour démarrer leur ascension. En l'absence de chakra, c'était comme ça que montaient les civils... Ricanant à cette idée, comme quoi le chakra était ma corde, je me rapprochai pour essayer de les pousser hors de la coque du navire.

Le vent, toujours le vent.

Technique 1/2 :

Sphinx. Yukio 021

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Le voyage de Yukio


Rouleau II : L'air



- Heho ! Les minables ! Vous savez que ce n’est pas beau de frapper dans le dos ? Un sourire aux lèvres, les mains jointes dans un mudra bien trop connu, je fixai le type le plus proche de moi en guettant son attention. Les yeux écarquillés, je vis sa tête pivoter au ralenti pour découvrir un peu bêtement un abruti à l'horizontal en train de lui sourire.  

Parfois, j'aimerai pouvoir me voir à la troisième personne...

Médisant comme jamais, seul moyen chez moi de laisser couler le stress, j'éjectai une dose modérée de chakra à travers mes mains que je faisais claquer vers le bateau qui soutenait encore bien trop de pirates à mon gout. La voile du rafiot, face à moi, se plia devant la puissance de la bourrasque et recula d'un coup comme stoppé net... Il n'était relié à l'Albatros que par les cordes qui soutenaient les grimpeurs et ceux-ci se retrouvèrent sans sol sous les pieds, collé à la coque pour éviter de tomber dans l'eau. Les brins leur permettant de garder cette position barbotaient tranquillement dans l'eau, suivant le courant et la dynamique de mon oiseau de navire. Les types étaient en panique, ne cherchant plus à monter, car ils étaient bien trop peu pour assurer une quelconque pression sur mes potes, sauf que leur embarcation n'avait pas sombré et qu'il revenait.

Tout était une question de temps et j'en avais bien peu. Il me fallait réengager les escaladeurs de l'extrême avant qu'ils ne retrouvent le support du reste de leurs amis... Courir pour les frapper ? Impossible, il me fallait donc réemployer du fuuton pour les "pousser" gentiment hors de mon chemin.

"Bon, j'ai pu retourner un navire, des corps humains ne vont pas m'arrêter, si ?"

Je ne me faisais pas de soucis, même s'ils avaient une chose auquel se raccrocher ! La corde. Réactivant mes mains dans un signe unique, je réitérai la technique pour observer les corps se balancer... Ils étaient du foin et j'étais la bourrasque. Sur les cinq hommes proches du bois, trois volèrent dans les airs sans avoir eu le temps de s'accrocher quelque part alors que deux restèrent cramponnés à des éléments de la coque de l'Albatros, sans pour autant ne pas souffrir de la puissance de la technique : L'angle particulier de leurs jambes et de leur bassin exprimait tout l'embarras de la situation. Je gravai dans ma tête la puissance du coup, le dosage de chakra et le mouvement de claquement des paumes... Il fallait aller plus vite et surtout être plus sûr du geste ! En combat, rapidement exécuté, la compétence devait être parfaitement faite ! Sinon c'était la catastrophe...

Les corps revinrent à la verticale, mais je sentais une pointe d'inquiétude sur le visage des pirates qui me regardaient en attendant le prochain mouvement. La poigne était moite et je comprenais bien leur supplice... Des civils soumis à la gravité et à un cordage alors que je faisais fi de tant de choses. Pourtant, le poids sur mes jambes commençait à me faire mal, alors je voulais en finir vite avant qu'elles lâchent de manière assez brutale. Ce genre de technique demandait du chakra, mais aussi des abdominaux en béton puisqu'il fallait faire le drapeau presque constamment... Pour autant, l'astuce était de changer de côté d'appui pour apaiser le côté le plus douloureux. Maintenant que les clampins savaient à quelle sauce j'allais les manger, il fallait bien que je trouve un moyen d'en finir... Ils pouvaient s'accrocher autant qu'ils voulaient, je pouvais multiplier les attaques pour forcer leurs muscles abdominaux, à eux, à lâcher.

Mais c'était sans compter sur leur rafiot qui se ramenait pour se placer en dessous d'eux, espérant peut-être sauver les survivants ou relancer une attaque... D'une main experte, je laissais glisser mon poids en équilibrant avec ma paume contre le bois mouillé pour perdre quelques mètres et me placer plus en contre-bas... Je ne visais plus les braves pirates, mais leur moyen de subsistance qui ne lâchait pas l'affaire. J'avais un plan pour faire d'une pierre deux coups, mais cela demandait du timing... Et une exécution plus que rapide et coordonnée ! Concentrant mon chakra dans un mudra du coq, je jetai un coup d'œil à mes cibles secondaires qui paniquaient en me voyant ainsi associer mes mains.

C'était une partie de poker, avec du bluff et un jeu de regard : Ma main était bien plus forte que la leur, mais ils ne savaient pas jusqu'à quel point ! Se stabilisant, je voyais les marins en sécurité faire de grands signes à leurs camarades pour qu'ils sautent, histoire d'eux aussi se mettre en sureté, mais ceux-ci paniquaient assez, car ils voyaient que je préparais un truc... Mais quoi ? Un observateur au calme verrait bien assez vite mon petit jeu, mais pour leurs synapses gonflaient de stress et de peur, le cerveau ne marchait pas assez bien pour deviner. Alors ils se jetèrent en arrière pour chercher à atterrir sur le bois dur, mais j'escomptais bien leur mouvement, car je claquai des mains au moment de leur impulsion pour lancer une ignoble bourrasque qui repoussa le bateau et leur cul finit dans l'eau... Bientôt aspiré dans le sillage du bateau. Sautant moi aussi dans la flotte, je me mettais dans une position plus confortable en marchant sur le liquide froid. Un exercice plus difficile que la marche sur lac, car le courant devait être pris en compte, mais aussi le fait que je n'étais plus accroché au bateau et donc plus soumis à sa vitesse... Il avançait, moi je restais fixe.

Ce qui avançait, aussi, c'était ma cible. Le sloop courait sur moi comme s'il était perdu et que j'étais sa mère. Je sautai sur son passage pour esquiver le contact, mais surtout m'accrocher au bois en collant un pied et une main... Un jeu d'équilibriste qui me remettait en soumission à la dynamique d'un objet tiers. Agile, je montai sur la coque patiemment pour déboucher sur le pont adverse. Un sourire devant la peur sourde des marins devant moi :

- On peut faire les choses bien, ou mal, c'est vous qui voyez ! Ils agrippèrent leurs armes pour foncer sur moi, ne voulant décemment pas me laisser faire un quelconque mudra. Décrochant le tantô dans mon dos, je restai en garde pour accueillir les opportuns. Ce sera donc les choses mal.

Un bateau de l'envergure du leur pouvait donc accueillir soixante-quinze passagers, mais c'était sûrement le fruit d'une rapine plus qu'une véritable armada puisqu'ils étaient moins que ce nombre... Une quarantaine, tout au plus, la plupart engagé dans un ramage de fond pour essayer de rattraper l'Albatros, il ne restait que des combattants qui ne voulaient pas se frotter à un shinobi...

"Oups”.

Ma lame vola de peau en peau, sans distinction. Je croisai du vieux et du jeune, du ramassé et du pimpant... Tous eurent leur petit cadeau de ma part, tuant ou handicapant selon mon envie et la situation. Ils voulaient me tuer, voyons s'ils méritaient de l'emporter... Une vingtaine s'écroulèrent au bout de dix minutes, les survivants blessés ou encore non touché reculèrent devant la perspective que mon existence l'emporte sur la leur.

"Ils voyaient une rapine facile, au final, je suis le grain de sable dans les rouages..." Je ne pouvais pas leur en vouloir, j'étais souvent le trouble-fête.

- On continue ? Sans aucun effort, je mobilisai ma main libre par réflexe pour faire le mudra du coq et tendre le bras vers eux, mais... Cela ne marcha pas. Je n'étais pas encore assez maitre de la technique pour pouvoir l'utiliser à une main. "Le claquement va être compliqué..." Les pirates, ébahis, regardèrent ma main comme s'ils attendaient un événement...

Un peu énervé, j'utilisai le chakra, enfin le genjutsu, pour matérialiser une boule de feu dans le ciel qu'ils voyaient s'écraser spontanément sur le rafiot... Ni une, ni deux, ils se jetèrent à l'eau. "Au moins, je ne passe pas pour un con… " Soupirant, je regardai le reste du pont qui faisait bien vide maintenant.

Je montais prestement sur l'un des mats pour sauter sur la voilure et descendre en suivant la courbure de ma lame dans le tissu... Le vent aller passer comme un rien dedans ! Déjà, le bateau perdit en vitesse, car l'élément n'était plus avec lui... Enfin, si, mais ils ne pouvaient plus en profiter. Satisfait de la tournure des événements, je pris mon élan pour sauter du bastingage jusqu'à la coque de l'Arobatorusu. Histoire de revenir sur mon bateau...

Mon bateau.

J'avais la fameuse tendance à m'accaparer, en parole, beaucoup de choses, mais cette fois-ci je me sentais un peu chez moi au milieu de ces bruyants marins. Remontant à l'aide de la force musculaire plutôt que du chakra, je remis pied sur le pont pour assister à une vision catastrophique : Une bataille quasiment rangée entre les pirates sautant de leur frégate et mes camarades. Certains se frappaient sur les côtés alors que le centre se menaçait de leurs lames sans avancer...  Du sang maculé le sol, quelques corps apparaissaient entre les jambes. Une vision de guerre en lieu clôt. Des cris, des hurlements, des pleurs chez les blessés qui se faisaient rapatrier derrière les lignes. Puis la scène explosa quand un petit groupe de chez moi prit la confiance et la vigueur pour opérer une charge... Alors tout le monde suivit, et les miens et les ennemis. Les lames volèrent, Seya au bout de sa lance planta de nombreux types en sécurité avec sa hampe, jetant des regards au capitaine en arrière : De la peur ? Si j’avais eu plus de temps pour réfléchir, j’aurai suspecter quelques sentiments. Je vis Akabame fracasser des crânes contre son poing alors sa peau démontrait déjà une quantité de coupure astronomique, alors j’oubliais tout le côté social ou romantique de cette affaire... Un taureau, c'était un taureau gonflé à l'adrénaline. Que faire ?

Me lancer dans le combat ? Efficace, mais pas radicale, il fallait en finir vite... Utiliser le ninjutsu ? Le chaos ambiant aller m'amener à toucher mes alliés.

Bien vite, je constatai que Suigetsu était aux prises avec le blond qui m'avait observé précédemment. Prenant mon courage à deux mains et mon arme à une, je lui courrai dessus pour le poignarder alors que le pirate préparait un coup vertical de son sabre qui allait très logiquement exploser la garde de mon compatriote et sa dague... La plus grosse l'emportait toujours, question de taille et de poids.

"Tuer ou être tué, mon pote."

Vint alors une problématique toute différente du chakra : Je faisais quoi dans cette mêlée générale ? Dans le sens que... Je pouvais me battre, mais jusqu'à quel point Yukio Imin le civil savait manier une arme ? Je n'avais pas pensé à ce cas de figure et me retrouvais ainsi un peu con, le tantô en main, à calculer ma maitrise autorisée pour ne pas être louche... Dans le chaos ambiant, je pouvais passer inaperçu, mais un danseur chevronné devenait au bout d'un moment un peu voyant. Autour de moi, les gens agitaient leurs armes en espérant toucher, les plus habiles promettaient quelques bottes, mais rien n'arrivait à la cheville de la formation des Nozomo... J'étais, sur tous les bateaux confondus, sans doute le meilleur bretteur.

Soupirant, je regardai dans les yeux Suigetsu pour voir un peu comment il se sentait : Mal ? Bien ? Nauséeux ? La transpiration coulait abondamment sur son visage et je voyais nettement la peur assombrir ses airs un peu farouches... C'était son premier combat ? Sur ses trois voyages, il ne devait pas avoir connu tant que ça des attaques de pirates. Derrière moi, un fracas, quatre inconscients s'étaient regroupés pour charger notre équipage... La foule se divisait sur leur passage, ils fauchaient aveuglément ce qui tombait sous leur main, espérant ainsi gagner ou au moins se distinguer et demander une plus grande part du butin. Devant eux, Akabame qui leur tournait le dos et étaient engagé dans de ventripotents assauts contre un autre poids lourd.

Tout le monde était occupé et moi je voyais ce qui arrivait.

Ni une ni deux, je pensai à un plan... Pousser avec le ninjutsu ? À une seule main, ce n'était pas une bonne idée. Il me fallait me désister de mon arme et mon réflexe fut de... Le jeter sur les hommes. Ne me demandait pas, mon idée paraissait idiote. Tel un shuriken, mon tantô tourna sur lui-même et je me retrouvais avec les mains libres. Engageant un mudra du coq, je regardai rapidement un Suigetsu tétanisé devant l'art ninja... "Je dois sauver mon camarade."

Projeter du vent, ce n'était pas que pouvoir pousser des objets ou des individus, c'était aussi accélérer un projectile... Sans shuriken ou kunaï, le seul truc que je pouvais balancer c'était ma propre arme. Je pouvais toujours me débrouiller sans, non ? La technique prête, je claquai des mains vigoureusement pour exprimer une bourrasque qui poussa quelques pirates et marins sur son chemin, mais surtout rentra en contact avec mon tantô en vole qui gagna quelques tours. Avec cette vitesse, on distinguait assez mal la pointe du pommeau. Courant à la suite de mon attaque, je pris soin d'observer que le groupe de vigoureux connards avaient tressailli devant le vent violent et s'étaient écartés de la propre victime de mon couteau... Celui-ci avait atterri droit dans la trachée d'un grand roux qui s'affala au sol en crachant son incompréhension, parmi le sang maculant le pont. Sans un mot, je sautai sur le plus proche des assaillants pour le nourrir de coups dans le visage et les organes, histoire de le mettre au tapis fissa.

Criant a Akabame de se retourner, j'échangeai la place avec lui en sprintant sur l'énorme type qui lui faisait face... Le pauvre taureau ne comprit pas tout de suite pourquoi je voulais m'occuper de plus grand que moi, mais accepta bien vite en me voyant prendre appui sur le bastingage pour sauter et appliquer un coup net et précis sur la tempe de son opposant. Ma cible, un peu sonnée, mis un genou à terre et je lui attrapai les cheveux pour lui appliquer de grands coups de pied dans le visage.

Une bonne dizaine, je ne connaissais pas l'endurance du bousin pour les tatanes dans la face...

Remettant encore un ou deux coups, après ne plus avoir sentis de résistance dans la nuque, juste pour m'assurer qu'il ne se réveillerait pas, je lâchai le tout qui s'effondrait au sol. Haletant, je soupirai en me retournant. Mon camarade avait jeté les deux survivants de mon attaque à la mer. Marchant d'un pas paisible, concentré sur mon environnement en cas d'embuscade soudaine, je repris ma lame du coup du rouquin qui s'effondra, le trou dans sa gorge plus du tout occupé par un objet tiers. Les gens continuaient à se battre, mais ceux qui avaient été poussés par l'air projeté ou qui avaient assisté au prodige de l'accélération de mon arme me regardèrent entre deux passes d'armes. J'étais grillé.

Aka' me regarda, un peu perdu, il n'avait rien vu, mais se doutait de quelque chose vu comment Suigetsu, nous rejoignant, me fixait sans rien dire...

- Je sais faire des trucs de ninjas, vous me poserez des questions plus tard... On a un bateau à sauver et des salauds à jeter dans l'eau. Dégageant mes pensées pour après la sauterie, je courrai vers le point de contact entre la jonque et la frégate pour être au cœur du combat.

Ma couverture un peu foutue, je pouvais presque me donner en toute liberté à la pratique de mon art le plus précieux : Le kenjutsu. Commença, comme sur le sloop, une valse tonitruante accompagnée d'assaut, de contre, de feinte et de mise à mort expéditive. La troupe attaquante se retrouva alors un peu bête puisqu'un tigre était présent dans la bataille, certains commençaient déjà à se masser près de leur navire pour remonter en urgence... La proue de la frégate était plus grande que le pont de la jonque, il fallait un peu d'escalade à base de cordage pour pouvoir remonter.

Tout le monde ne pouvait pas remonter en même temps, les gens attendaient leur tour alors que je me rapprochai dangereusement, souriant comme un démon, de leur position. Combien de mes nouveaux amis étaient morts ? Il fallait marquer le coup, ne pas céder à la haine, mais montrer qui était le patron ! Rangeant ma lame dans mon dos, je continuai à marcher tout en marquant mes pas d'un mudra du coq puis, enfin à une distance raisonnable du groupe, je lançai d'un claquement la bourrasque qui allait les envoyer dans le décor !

Enfin, non.

Le vent fit reculer tout ce petit monde, sans les éjecter dans les airs... Un vulgaire manque de puissance qui me fit serrer les dents de frustration. Les pirates les plus en arrière tombèrent du bastingage, mais la plupart restèrent sur le pont... Au sol, mais encore au sec. Ils restèrent encore un moment par terre, car la troupe qui composait l'équipage de l'Albatros se jeta sur eux comme des prédateurs sur des gazelles et achevèrent une grande partie rapidement et efficacement. On voyait d'une bien belle manière l'entrainement militaire de ces zigotos. Soufflant un coup, je me dis que j'avais gagné ma journée...

"C'est quand même dingue la vie de marin !"

Comme le vent, tout pouvait tourner... Et pas forcément en notre faveur, ici qu'est ce qui aurait pu arriver à mes amis si je n'étais pas là ? Un tableau apocalyptique émergea dans mon esprit... Pris en tenaille par les grimpeurs des sloops, toutes défenses étaient détruites. J'avais réussi à assurer une victoire, en jouant sur plusieurs tableaux, en jouant avec le ninjutsu... Plusieurs facettes sur plusieurs objets. J'avais bien appris, mais j'étais fatigué maintenant.

"Putain de journée."

Technique 2/2 :

Sphinx. Yukio 021

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Nozomo Yukio
Nozomo Yukio
Suna no Jonin
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Nozomo Yukio


Le voyage de Yukio


Rouleau II : L'air



Le jour se levait quand nous arrivions dans le petit port de Niijima, situé dans les iles qui concluaient notre périple...

Ah ! L'ambiance sur le bateau ? Délétère !

Ma petite représentation lors de l'attaque des pirates la veille m'avait value bien des regards surpris de la part de mes compatriotes... Qui aurait cru que le petit Yukio Imin pouvait faire autant de chose avec un tantô et exécuter des vents aussi puissants d'un simple geste ! Beaucoup firent le lien directement avec l'accélération des jours d'avants, mais bien peu ne firent l'association avec l'absence des deux sloots durant l'assaut.

Après un petit temps de remise en route du bateau, en poussant la frégate et en accumulant les corps alliés tout en jetant à la mer ceux ennemis, la question se posa à mon propos : Yukio est un ninja ? La même question que Suigetsu, celui-ci d'un regard noir avant confirmé ses dires, mais je n'étais pas pour autant un ennemi... En tout cas, entre l'excuse que j'avais sortie à mon camarade concernant des petits tours appris étant enfant et mes compétences martiales évidentes durant la bataille, il y avait un pas. Je ne pouvais être qu'un shinobi et les gens ne se trompaient pas sur mon compte... Beaucoup pensaient déjà que j'étais un espion, pourquoi un uzujin se cacherait ?

Une partie des oies du navire gardèrent leur arme à la main... Comme si je les avais sauvés pour les buter moi-même, une autre me remercièrent et c'était de cette faction que venaient Seya et le capitaine. Les pontes du bateau reconnaissaient l'aide accordé, notamment dans la partie des petits rafiots que j'avais annihilés. Sakae ne voyait qu'une seule chose : J'avais aidé à défendre son précieux Albatros, le reste était sans importance. Je pouvais être de l'empire de Tetsu, pour l'instant, j'étais un allié. Akabame me jaugea d'un air trop sérieux avant de me tendre la main : Qu'importe ses craintes précédentes, je l'avais aidé. Les clichés sur les shinobis avaient la vie dure, un bandeau avec un tourbillon aurait pu m'ouvrir bien des portes, mais je n'avais malheureusement qu'un autre signe bien moins amical...

Les conséquences de la politique extérieure de Senshi...


Un konohajin aurait été bien accueilli, j'en étais sûr... Enfin, en arrivant au port le lendemain matin, l'opinion générale de l'Arobatorosu était divisée sur la méfiance doublée d'une hostilité maladive et la reconnaissance, sans doute également teinté de méfiance douce. J'avais aussi sauvé ma peau, tout le côté émotionnel de ma démarche pouvait être factice... Après tout, nous étions dans la même galère. Ils ne me connaissaient pas, c'était bien normal.

Redevenant un simple marin, malgré les regards insistants et les discussions à mon propos, je m'engageai à l'arrivée dans cette nouvelle ville à faire mon travail : Porter des tonneaux dans les docks et les entrepôts. Une tâche qui me prit une grande partie de la journée puisqu'il y avait une bonne quantité, et qu'il fallait les promener dans la ville comme une file indienne. C'était un petit port, le service de réception était aussi réduit. Trop réduit, même, pour les ambitions des marchands de l'île.

"C'est pas la partie que je préfère !"

J'avais échappé au départ à ce type de travaux, car ma relative nouveauté dans ce métier ne me donnait pas la confiance des pontes pour que je porte l'objet de leurs services, pour autant maintenant que j'avais sauvé un bateau avec les arts ninjas... Je pouvais bien porter quelques machins, non ?

Les muscles bandés au maximum, je portai encore et encore, prenant un tonneau par un tonneau alors que je voyais souvent du coin de l'œil Akabame en porter deux sous les bras... Un monstre, un humain aux proportions incroyables. Même avec tout le chakra du monde, je ne voulais pas l'affronter en combat singulier... "En fait, je pourrais très bien, mais au corps-à-corps, il me détruit." Les habitants nous accueillaient dignement puisque nous apportions des biens de subsistances et de quoi dépenser un pouvoir d'achat quasi inexistant...

Le travail en autosubsistance ne permettait pas de dégager un réel pécule, mais le rare bénéfice qu'ils pouvaient tirer, ils pouvaient le dépenser dans les boutiques de luxe du coin. Celles-ci étaient surtout réservées à la population la plus riche, habitant en amont de la concentration urbaine... Dans de larges résidences, au départ, j'avais pensé à de la plaisance. Des résidences secondaires, quoi. Sauf que les nombreuses boutiques de bijoux et de tissus rares n'étaient pas uniquement ouvertes que pendant les saisons chaudes... C'était impossible.

Deux populations, deux économies... Enfin, si la pêche et la chasse permettaient vraiment de former une économie.

Finissant notre office, il fut annoncé par le bras droit du capitaine que nous avions deux jours de permissions le temps de regarnir les stocks de nourritures du bateau, mais aussi signer des contrats... La vie en mer était douce, mais certains aimaient qu'elle soit aussi brève. Segmentée de moment plus libre. C'était le cas, ici... J'étais libre de faire ce que je voulais de mes deux prochains jours, sur une île inconnue, dans une région inconnue et avoir un équipage dont une partie ne voulait plus de moi.

Trop cool.

Pour me "sauver" Akabame me prit par le bras et m'amena vers une auberge... Enfin, la seule auberge du coin, mais qui devait donc se faire de jolies recettes ! Là-bas, nous rejoignions une partie de l'équipage qui fêtaient déjà leur permission, tout en rendant hommages aux morts... Une cérémonie bien originale puisque au lieu d'enterrer et de chialer, ils buvaient jusqu'à se mettre à quatre pattes. Une façon bien plus sympa, en fait ! Le grand bonhomme me commanda une bière, une bien belle façon de dresser une amitié ! Malgré ses mots un peu agressifs contre les shinobis, il avait montré que j'étais son camarade malgré la vérité révélée ! Des gros muscles et un grand cœur, c'était beau.

Assis à une table, avec quelques-uns des matelots de l'Albatros, les discussions allaient bon train autour de la vie en mer, des rationnements, des activités sur l'île, ... Mais finalement, on en revient au sujet quasiment principal des derniers jours, au moins dans ma tête :

- Yukio, tu es quoi en fait ? Soupirant, je pris une gorgée de ma bière avant d'essayer d'établir un mensonge un peu sympa... Même si au fond je voulais révéler que j'étais un sunajin, il était sûr que ce n’était vraiment pas le bon plan !
- Je suis un juunin de Uzushio, je suis dans une mission pour enquêter sur les activités en mer... Le village a choisi l'Albatros pour me transporter incognito, en suivant vos annonces, pour voir un peu ce qui se passait sur les mers.   Des regards appuyés, ils essayaient de lire dans mes yeux la présence de mensonge ou de vérité... Je tenais leurs œillades, le plus impassible possible.
- Ils cherchent quoi ?
- Des événements étranges, des attaques... Des monstres marins. Vous savez, ils sont en pleines opérations dans le coin alors... Je n'en savais absolument rien, mais eux non plus alors je pouvais fabuler tout mon saoul. Jouer celui qui savait, saupoudrant l'histoire de quelques silences appuyés pour créer un mystère excitant, c'était dans mes cordes.

Le côté "copain qui révèle des trucs autour d'une bière", ça marchait bien... Non ?

Les plus crédules hochèrent la tête, contentaient, alors qu'un type comme Akabame fixait le tout avec un air mi-figue, mi-raisin. Il y croyait, à tout ça ? Sans doute un peu, mon affiliation avec un village ninja était logique... Mais peut-être en avais-je fait trop ? Souriant, en prenant une grande rasade de sa chope, il leva le voile sur son opinion :

- Eh bien ! En tout cas, tu as fait des miracles pour avoir l'air aussi négligé. On dirait un vrai chômeur en manque de sous ! Vous, les ninjas, quand vous voulez vous infiltrer quelque part...
- Ahah ! Oui, on fait des efforts... Repoussant mes cheveux derrière ma tête, je me dis que je n’avais vraiment pas fait d'efforts ces derniers temps...

Évidemment que j'étais du genre à ne pas me coiffer le matin, mais quand même ! La vie d'explorateur du dimanche ne m'amenait pas à me réconcilier avec un peigne et les douches manquaient souvent sur la route. Ma petite barbe et mes longs cheveux rendaient ma couverture quasiment idéale... Dommage que ce n'était absolument pas voulu.

"Enfin, si c'est positif !"

Caressant le doux espoir d'en finir avec ces questionnements, je bus mon coup et me remis dans les discussions frivoles... J'étais un ninja, cela n'avait pas changé la vie des gens à mes côtés. Sans doute qu'au final, je m'étais inquiété pour rien. Non ?

Évidemment, la vie m'amena des ennuis... Une partie de mes camarades rentra, commandant d'office des boissons fortes pour se remettre du voyage. Apercevant la tablé où se trouvaient mes compagnons de boisson et moi, ils reniflèrent de dégout avant de continuer leur route. Cette attitude ne plus pas au grand type qui avait plutôt l'habitude au respect à son égard, car il cria bien fort en rigolant :

- En tout cas ! On te doit une fière chandelle, Yukio ! Sans toi, on aurait eu du mal avec ces satanées pirates ! Une manière de ramener les choses à la réalité, qu'importe mon identité les faits parlaient d'eux même.

Un silence s'accomplit, miraculeux, dans la tanière enfumée... Le brouhaha amical devint un silence de plomb puisque Akabame lui-même gardait la bouche close en attendant la réaction des nouveaux venus. Eux, ils ne démordirent pas ! Se tournant vers nous, ils humèrent l'air en réfléchissant un peu aux mots prononcés :

- On aurait pu très bien s'en sortir sans le ninja, Aka'.
"Va dire ça aux deux bateaux que j'ai affrontés..."
- Mais j'étais là, pourquoi ne pas juste accepter l'aide et continuer ta vie ? Je levai ma chope, amical, essayant d'apaiser les tensions.
- Parce que vous êtes dangereux ! Qu'est-ce que tu viens foutre sur notre navire ?
- Ce sont mes affaires ! Je n'allais pas raconter constamment la même histoire et puis je n'avais pas à me justifier à quelqu'un qui d'office me mettait dans la case "ennemi".

Le débile renifla, constaté par ses potes qui n'avaient pas grand-chose d'autres à faire que de cracher leur fiel...

- Si c'était moi, on te laisserait sur l'île pour te laisser à tes affaires. Une provocation, droit dans les yeux.
- Heureusement alors que ce n'est pas à toi de décider, espèce de couillon, sinon on ne serait même pas arrivé à Niijima ! Akabame avait pris la parole, presque hilare. Vous êtes tellement bouffis par votre préjugé et votre peur de l'inconnue que vous êtes même pas foutu de voir un allié quand il y en a un sous vos yeux... Yukio est un ninja de Uzushio, pourtant il a fait le même travail que vous et moi. Allez ! Buvez un coup et taisez-vous, ça ira mieux ! Le groupe jugea l'énorme barrique qui me servait de défenseur avant d'obéir, en râlant. Mon ami représentait un quotient autant force brute que respect de l'expérience, un allié de poids donc !

Soupirant devant l'hostilité de certains de mes collèges, je me disais que j'avais gagné des bons camarades tout en perdant une partie de l'amitié des autres... Yukio Imin attirait plus la sympathie, c'était dire !

Pour clore tout ça, Suigetsu arrive ensuite, suivant une ribambelle d'autres marins qui rentraient et sortaient par la porte unique. Se faufilant entre un groupe et un autre, il alla commander immédiatement puis se dirigea vers notre table en s'asseyant devant moi. Me gardant toujours en visuel, il respira un grand coup avant enfin de me parler :

- Bon, je suis désolé de m'être méfié de toi. J'ai jamais vu de ninja comme toi, les seuls que j'ai croisés, c’était des types un peu méprisants... Du genre à se dire élu des dieux, ou quoi. Je... Je ne comprenais pas. Je pensais que tu te moquais de nous et que tu allais faire de la merde au beau milieu du parcours.  Tu nous as sauvé, en hésitant pas à montrer au grand jour tes atouts, donc merci. "En voilà une bonne nouvelle !"
- Il n’y a pas de soucis, Suigetsu ! Pour Akabame, c'était l'occasion de taper sa chope sur la table de façon comique.
- En voilà un petit intelligent !

Et c'était fini pour ma couverture, mais aussi le malaise de la révélation. Il restait une partie qui ne comprenaient pas, mais ils allaient pouvoir s'habituer à l'idée puisque j'allais rester dans l'équipage... Le capitaine, son bras droit et les hommes autour de Aka' et Sui' n'allaient pas me lâcher ! L'après-midi se passa donc autour d'une bière, quelques échauffourées avec des marins et un concours de pisse dans le port... Normal, non ?

Et pourquoi pas un concours de jet de pierre ?

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Rouleau II : L'air



Problème chez les marins, c'est que l'alcool est en quantité limitée... Mais leur connerie, non. Ce qui fait qu'après la bière, nous avions correctement migré vers des alcools plus fort, en passant notamment par le cliché, mais efficace, rhum !

La veille, nos bras et nos vies étaient en difficultés, aujourd'hui c'était nos foies... Finalité bien plus sympathique que se faire zigouiller par des pirates, non ? Calculant la vitesse et la distance de mon jet d'urine, je ne pouvais que valider cette affirmation... La vie de marin, c'était quand même vachement bien ! Akabame triompha sans effort, il fallait dire aussi qu'il avait bu le double de ma quantité de bière et de rhum... Son corps contenait de fait plus de liquide, donc l'éjection était sous une plus grande pression. Nous partions, Suigetsu et moi, avec un handicap de par notre constitution normale... Un autre défi nous attendait. Situé sur le port, un chantier de construction était en pleine exécution pour faire un nouveau dépôt de marchandise, une bonne idée au vu du développement économique florissant qui apparaissait dans le petit groupement urbain... Avec notre concours de pipi, nous avions migré un peu à l'écart, proche de cet amas de gravats et de matériaux de construction. Après, donc, avoir gagné haut la main ou haut la ... Bref, après avoir gagné, Akabame s'empara d'un gros caillou et le jeta dans l'eau de manière rageuse !

- Voyons si vous avez plus de force dans vos bras que dans votre muscle bulbo-spongieux ! "Putain, il a vraiment le mot précis pour le périnée..." Devant ce nouveau concours qui me paraissait plus largement faisable, je m'emparais d'une pierre pour la lancer aussi...

Mais toujours pas aussi loin !

Suigetsu me suivit et réussis à battre de peu mon résultat, je me sentais un peu con, mais je voulais réitérer ! À l'opposé du précédent challenge, lui je pouvais recommencer autant de fois que me le permettait mon biceps et mon endurance... J'étais un ninja, je ne m'inquiétais donc pas de celle-ci ! Reprenant un autre gravât, je balançai le tout en faisant un peu mieux, mais sans jamais approcher du glorieux jet du grand gaillard.

- Putain ! Je rageai. Entre mes dents un juron était lâché, je voulais absolument gagner ! Peut-être à cause de mon taux d'alcoolémie, peut-être à cause de mon égo...

Au fond, je savais que la différence entre Aka' et moi venait de la nature et de la génétique, mais je voulais approcher et vaincre mes limites ! Je n'avais pas la stature ou les muscles de celui-ci, j'avais néanmoins le chakra ! "Pas de règles, ce n'est donc pas de la triche !"

Alors, je lançai le tout en faisant rapidement le bon mudra et en accompagnant la finalité d'un claquement de main ! Le vent poussa la pierre loin, assez loin pour me rapprocher de ce que faisait le géant, mais sans pour autant l'égaler...

- Ah ! Le chakra ne fait pas assez pour tes petits bras ? M'agaçant, tapant du pied sur le sol, je repris une pierre pour retenter l'expérience... Mon cerveau, un peu raccourci par la boisson, menaçait d'exploser sous la colère et la fatigue. Comment faire pour plus de puissance ?

Dans cet état flou, quasiment excité, je décomposai passablement la technique : Mudra pour changement de nature, concentrer le chakra dans les mains puis claquer pour éjecter. Améliorer la technique demandait alors plus de chakra ou un geste différent... Soupirant, je me décidai à mettre le max de chakra dans mon coup histoire de voir un peu les résultats dans un extrême.

La pierre envoyée, le mudra brièvement exécuté et le chakra concentré au max dans les paumes, je claquai brutalement des mains et la production de vent m'éjecta en arrière... Dans ma précipitation et ma bêtise, j'avais mal claqué et tout le vent m'avait viré au visage... Je vivais alors ce qu'avait vécu les grimpeurs pirates, mais sans corde et sans l'eau pour abréger ma chute. Des roulés boulés plus tard, je me relevais un peu penaud alors que du gravier me rentrait dans le dos, mon haut déchiré par le frottement. J'avais mal à la tête et une sale douleur dans la nuque...

Mes camarades, d'abord inquiets, me regardèrent me lever avant de rigoler, se foutant de ma gueule avec de grands sursauts de gorges. "Bande de con." En voulant rejoindre la berge où se déroulaient mes aventures, je me rendis compte que je boitais comme un vieux monsieur... J'avais sérieusement pris cher avec cette technique mal employée, heureusement cela avait fait un peu de ménage dans l'alcool présent au fond de mes neurones. J'avais les idées plus claires, à défaut d'avoir une peau en bon état...

- Essaye de pas t'éjecter toi, c'est la pierre que tu dois envoyer. Je ricanai de manière tout à fait méprisante pour signaler que je ne trouvais pas ça drôle, même si j'étais un peu amusé, au fond.

Il fallait moins de chakra et plus de maitrise ? C'était faisable, respirant un grand bol d'air pour chasser les dernières effluves d'éthanol dans mon esprit, j'ouvrai mes chakras dans le sens que je faisais corps avec ma technique. "Devenir le vent." Le fuuton était une question de pression, comme le katon était une question de concentration. Mon idée de balancer la sauce était mauvaise, je ne faisais que me mettre en danger, car c'était mes membres qui étaient en première ligne de cette mise en tension de l'air entre mes doigts... Plus d'énergie, c'était sensiblement logique, mais je devais trouver la bonne manière et le bon dosage.

"Au lieu de me précipiter sur la pierre, essayons d'abord de faire le correct ratio !"

J'entrepris alors de faire cette technique sans l'objet à pousser, sous les quolibets et l'incompréhension de mes voisins qui n'avaient pas accès à mon fil de pensée, je joignis les mains en répétant plusieurs fois l'exercice... Le chakra fuuton restait dans ma paume tant que je n'avais pas libéré la charge, je pouvais alors moduler le tout en essayant, par les sensations, de trouver le correct dosage. C'était comme si j'avais une sphère de vent qui naissait entre mes paumes, poussant celles-ci... Il fallait une poussée correcte, puissante, sans pour autant être brutale. Celle concentration de vent devait être produite directement avec le claquement de main... Il fallait donc pratiquer encore et encore ce mouvement pour avoir ce bon dosage, au bon moment ! "J'ai vraiment le chic pour ces techniques de merde qui demandent des automatismes..."

Laissant mon corps gérer la partie sensation et calcul de la puissance, mon esprit vagabonda dans les affres des souvenirs... Le fuuton, ce n'était pas mon élément, mais celui de mon frère. Étant très souvent en mission ensemble, nous avions l'habitude de mêler mon feu et son air... Sauf que j'avais délibérément choisis d'apprendre aussi le vent. J'avais toujours dit que c'était pour me débrouiller tout seul sans Hayato, sauf qu'inconsciemment ce n'était pas vrai... Je le savais, et sans doute lui aussi.

J'avais toujours envié le grand dadais : Plus grand, plus fort, plus intelligent... J'étais en arrière, il me fallait un truc à moi. Le katana n'était pas personnellement ma caractéristique principale, c'était la conséquence de la formation Nozomo... Formation qu'avait refusé mon aîné en se concentrant sur l'arc. S'il se mettait à l'art de la lame, il pouvait sans doute me rattraper très vite... Il avait la capacité pour. Non content de vouloir le rattraper, voir le dépasser, je voulais le faire sur un terrain qui m'était inconnu… Mais pas à lui. J'avais appris le fuuton pour devenir comme mon frère, autant par compétition que par envie de lui ressembler. Adopter son affinité primaire était une façon comme un autre de me rapprocher de lui, mais aussi pour avoir mon petit succès à moi. Il n'avait pas vraiment développé le ninjutsu, préférant des arts plus concrets tel que le nintaijutsu... Moi, je voulais être bon partout : Kenjutsu, ninjutsu Katon et maintenant le ninjutsu fuuton.

Alors, sur ce chantier de construction, au bord de la mer, j'étais autant Yukio que Hayato... J'avais un peu de lui avec moi, tout le temps. À ma cheville, le "H" me grattait en pensant à ça. C'était peut-être tout ça qui me manquait, car je trouvais enfin le bon ratio dans la sphère imaginaire entre mes paumes : J'étais prêt à tenter ! Les yeux grands ouverts, je relâchai le chakra sans éjecter l'air... Pas besoin, il fallait tenter avec l'objet maintenant ! L'expérience venait après, je devais d'abord remplir le défi !

Une pierre en main, je passais enfin à la vitesse supérieure... J'avais beaucoup réfléchi dans les périodes calmes, mais la plupart du temps, j’innovais sur le terrain. Dans l'action. C'était l'occasion, ici de faire une progression classique... Comme les autres ninjas. Apprendre à la dure, c'était bien, mais pour réellement maitriser une technique comme ça il fallait répéter et adopter les mouvements ! Je me promettais, suite à la victoire, de prendre du temps pour apprendre encore et encore !

L'image de la sphère dans la tête, je jetai le projectile en unissant enfin mes mains et j'entrepris alors de les claquer doucement : L'énergie cinétique était une chose, mais ce n'était sans doute pas nécessaire. Une fois bien pensée, la concentration et la pression de l'air ne nécessitait pas une intervention extérieure. Le vent produit était assez fort que celui durant la bataille contre les pirates, voir plus ! La réflexion avait amené une nouvelle facette dans ma perception. Le ninjutsu, c'était le calme... La plénitude de l'acte d'exprimer son énergie dans une forme perceptible. Le feu prenait en moi alors que l’air demandait du calme, tout en mobilisant de la force : Comprimer, exprimer ?

- On continue ? Un grand sourire, j'accompagnais l'entraînement au ludisme du jeu !

Technique 1/3 :

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Rouleau II : L'air



Regardant mes cartes en main, je me rendais compte du cliché bien féroce dont je faisais l'objet : Du poker ? Entre marins ? Dans une taverne ? Avec du rhum ?!

Mais c'était trop !

Et pourtant... Avec Suigetsu et Akabame près de moi, je me sentais en veine. Mon camarade m'avait appris quelques ficelles et je les retournais contre lui lors de l'une des nombreuses parties que nous faisions, accompagnés d'autres moussaillons ou d'habitués de l'île. Le dé plumage était ouvert à tous, bien entendu !

Des nouvelles des mécontents ? Non, je n'en voyais plus... D'un côté, je pensais que Aka' et le capitaine étaient intervenus en amont pour calmer les choses. Nous avions tout un trajet de retour à faire et la tension palpable à l'arrivée sur l'île pouvait devenir un problème dans l'endroit exigu qu'était le pont et la cale de l'Albatros. Je remerciais intérieurement, mes cartes en main, mes supérieurs et mes camarades. L'ambiance allait pouvoir être bien meilleur... Sur les quelques heures, suite au concours de lancer, j'avais multiplié les tentatives pour améliorer mes jets : Plus loin, plus puissant. J’affinais mes compétences comme on affine une pierre sur une autre, petit à petit. Finissant cuit, à cause de la dépense, je m'étais rapatrié au bar avec une bière et quelques friandises salée. Puis le cours de poker avait commencé...

Jusqu'à tard dans la nuit, nous nous improvisions joueurs professionnels jusqu'à ce que, un peu lassé par le cours des choses, Suigetsu étant toujours meilleur que le reste du monde, nous rejoignions nos pieux gracieusement offerts par la maison... Nous apportions de quoi nourrir le port, autant être un peu aidé ! C'était un dortoir collectif installé dans un entrepôt, donc pas le grand luxe, mais cela restait plus agréable que le hamac dans la cale avec les vibrations du bateau.

Le lendemain, au petit déjeuner, je vis Sakae Ōba venir vers moi. Lui et son bras droit avaient dormi sur le bateau, proche de leur trésor le plus précieux. Cette fois, le lancier ne l'accompagnait pas, mais même hors de son pont, il brillait de charisme et d'autorité. Entre mon maté, préparé moi-même avec les herbes grappillées dans les stocks et des sucreries, je fus bien surpris de voir s'asseoir le chef de notre équipage. Le regard sournois, il me confia :

- Un ninja de Uzushio, hein ? "Comme ça, au petit dej ?" Il fallait bien me raccrocher à ma couverture inventée, remplaçant l'ancienne couverture... Même si j'allais commencer à avoir chaud avec toutes ces couches.
- Hmm ? Ma bouchée de gâteau en bouche, je faisais mine de me réveiller à peine pour qu'il développe. Pour toute réponse, il sourit avant de continuer.
- Tu te présentes comme un ninja de Uzushio alors ? C'est malin de ta part. "Pas si malin si on se rend compte de ma supercherie." Tu as le teint bronzé, de bonne connaissance nautique... Mais un climat favorable et quelques révisions peuvent l'apporter, tu n'as pas le pied marin et malgré tes singeries dans les cordages, tu n'as jamais vécu près de la mer.
- Et vous voyez tout ça comment ? Avalant rapidement mon mets, je commençais à prendre sérieusement cette histoire. Face à moi, je sentais bien que cette situation l'amusait.
- Je le vois, car j'ai vécu en mer une grande partie de ma vie et que j'ai voyagé assez dans l'armée du Daimyo pour voir certains petits détails. Imbattable, je n'avais pas travaillé du tout mon comportement de plagiste... Il y avait sûrement des choses qui ne rataient pas, soupirant je ne pus que m'avouer vaincu sans pour autant me mettre à découvert.
- Bon, et donc ? Je n'allais pas avouer que j'étais un sunajin, ni une quelconque pièce du puzzle de mon identité. J'étais un peu lassé par ce besoin des gens à vouloir percer les mystères et potasser le sujet de MON identité.

D'accord, je partais avec un handicap pour Tadake et la fête foraine, mais quand même ! Où étaient les gens qui regardaient passer leur semblable sans chercher à jouer aux enquêteurs ou aux liseurs de langage corporel...

- Et donc, je ne sais pas qui tu es, Yukio Imin, mais je sais par contre que tu n'es pas un uzujin et que tu n'as jamais vécu aux abords d'une mer ou d'un océan... Ce que je sais aussi, c'est que tu maitrises le chakra et que tu connais assez bien les grades du système de village. Au vu des blessures sur ton corps, coupure ou brulure, tu n'es clairement pas n'importe qui. Ta prestation contre les pirates montre bien tout ça ! D'un geste de la main, je signalai que cela ne représentait pas une réponse convenable à ma question. Je ne crois pas en ton histoire, mais si tu es là, c’est pour une bonne raison... Tu voudrais une place d'officier dans mon équipage ? Cela dissipa totalement la petite pression qui c'était installé. J'éclatai de rire, posant ma tasse pour ne pas en foutre partout.
- J'ai eu peur... Ahah ! Je me vois bien marin pour une partie de ma vie, mais je suis attendu ailleurs.
- Tu as des problèmes ? Tu es déserteur ? Le type parlait clairement d'une situation où j'étais condamné à mort par mon village, comme si c'était un rhume.
- Non, je ne suis pas du tout déserteur... Je suis un vacancier, ne vous inquiétez pas. Je n'ai pas de soucis et je ne vais pas vous créer de problèmes.

D'un sourire bienveillant, il commanda quelques mets pour m'accompagner. Il n'était pas méchant, pas inaccessible. Il prenait ma déclaration pour argent comptant, malgré les mensonges. J'étais un ninja vacancier ? Très bien... Il ne s'inquiétait pas plus et continuait sa vie.

En vérité, c'était un bon capitaine qui mettait de la distance sur son navire pour conserver une marge de manœuvre et une autorité, mais sur terre il était un homme normal, quoi que très intelligent !

"Un Hayato des mers."

Je pris alors un repas frugal avec mon capitaine, quasiment en tête à tête, il m'expliqua quelques trucs concernant le bateau : Son histoire, quelques péripéties...

Comme je l'avais appris au début de mon voyage, l'Arobatorosu était d'abord un vaisseau de guerre. À cette époque, Sakae était officier sur le bâtiment. Le capitaine de cette époque était un homme strict, sévère... Un peu mégalo sur les bords. Le type voulait tout le temps être en première ligne, montrer ses grandes forces au travail d'un équipage tiré à quatre épingles. En mer, c'est compliqué d'être reluisant... Encore plus le bateau. Ce qui devait arriver, arriva. Il mourut d'un coup de sabre dans le cœur... Une mort rapide, me dit-il, même si j'osais penser que le cœur essayait de se battre quand même, malgré le trou béant. "On n’arrête jamais de vivre d'un coup."

Ōba fut donc choisi pour devenir le nouveau capitaine, il avait le soutien par l'affection, mais également les capacités... C'était un bon marin, un leader solide et un guerrier de bonne facture. Plusieurs années ont conduit à la mort de la plupart des hommes qu'il a côtoyés à cette époque, d'autres on prit leur retraire. Lui, ne pouvait pas, au fond, il avait toujours une envie de large. Alors, il demanda à quitter l'armée et avec son pécule, il réussit à négocier pour acheter le bateau. Une petite fortune, me confia-t-il, malgré les années et les coups... C'était un bateau extraordinaire, en suivant les archives, il avait trouvé une trace de lui il y a soixante-dix. Pour moi, cela ne représentait rien, mais avec ses indications sur la durée de vie d'un bateau, surtout servant en guerre, je pus vite m'apercevoir du côté prodigieux du rafiot qui m'avait porté. Remuant la bombilla de fortune que l'on m'avait passée, j'étais accroché aux lèvres du vieux loup de mer qui me parlait de certaines batailles ou passages dans des tempêtes. Malgré tout, il y avait toujours une appréhension : La chance ne peut pas tenir, un jour était le dernier.  

J'avais été une chance ?


Avec du recul, cette façon de penser était compréhensible : Un ninja mourrait rarement de sa belle mort, vieux et dans son lit. On vivait par la violence, alors il était logique que nous finissions par celle-ci... Alors, un marin qui passait le plus clair de son année sur un élément inconstant, peuplé par des bandits eu aussi sujets aux médisances du vent et des vagues, tout était regroupé pour que sa vie ne soit pas facile.

Je comprenais et j'acceptais cette philosophie de vie, je concevais bien évidemment tout ça. Un coin de ma tête conservait précieusement ce reliquat de logique : Un jour, j’allais rater mon lancer de kunaï, rater ma feinte ou bien juste tomber sur plus fort que moi. Sans rien avoir raté, je pouvais bel et bien mourir. Soupirant devant ce chemin un peu trop bien tracé pour moi, je continuais à discuter avec mon capitaine. Il avait remarqué mon léger trouble et commença à me poser des questions sur la vie de shinobi...

Les civils ne connaissaient que les légendes, comme les soldats on nous imaginait dans des situations incongrues, toujours sur le fil. Un ninja en vacances, c'était étrange. Je lui répondais comme je pouvais, en soustrayant bien évidemment tous les éléments qui pouvaient montrer que j'étais un sunajin. L'homme devant moi ne faisait pas grands soucis de mon origine, mais on ne savait jamais.

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Le voyage de Yukio


Rouleau II : L'air



Cette charade dura une bonne partie de la matinée et même de l'après-midi. Des heures durant à apprendre d'un homme avec qui j'avais navigué depuis trois jours, sortant en fin de journée de l'enseigne, je me surpris à vouloir me balader un peu pour désengorger mes jambes du repas et de la passivité des dernières heures. Niijima était de ces patelins qui passaient vite de l'urbain à la campagne, quelques minutes et la forêt prenait son dû. Le pas léger, la tête vide, je me laissais déambuler parmi les cyprès et les noyers. Le vent marin rappelait l'existence de la concentration de sel proche, mais sans ça je me voyais sur le continent dans les plaines fertiles près de Suna.

Ce village de merde me manquait.

La quiétude de la veille avait rempli mes sens de quelques bons souvenirs : La vie avec l'équipage de l'Albatros me rappelait mes quelques moments avec les Akayuki, le sol dur sous mes pas me faisait ressentir le manque du sable... Même l'odeur de la mer me donnait envie de sentir celle du sable chaud. Tout me ramenait là-bas, pourtant, c’était pour voir le reste du monde que j'étais parti. De tronc en tronc, mon impression se renforça : La solitude me gagnait, je ne me sentais pourtant pas l'âme dramatique. Explorer représentait aussi un test : Étais-je indépendant ou attaché à ma foule d'allié ? Au bout de quelques semaines, la vérité éclata un peu trop à mon goût. Les gens me manquent, comme mon pays natal... Une petite pensée perla même au sujet des Nozomo et leur austérité. Je rejetai celle-ci d'un geste : Il y avait des limites.

Hayato et son odeur de clope froide ; Honoka et son parfum sucré ; Ogawa et sa rudesse ainsi que Shirokuma et ses prédispositions politiques. La petite Kyou, qui avait mon âge, mais qui paraissait tellement fragile alors qu'une grande force sommeillait... L'image de Kirai apparut, il fallait le surveiller et mon départ pouvait lui donner la latitude pour quelques mauvais coups.

Plus j'y pensais, plus je voulais rentrer... Et plus je me sentais ridicule. Le voyageur qui avait le mal du pays ? Le jugement de ma situation me prit une bonne heure, à parader au milieu de la verdure. Pour un garçon élevé entre les dunes, les arbres me semblaient assez abstraits et frustrant : Les lignes de vues étaient bouchées, quiconque pouvait se cacher derrière un réceptacle de sève et m'attendre au tournant. Un malaise ? Une peur ? Non, cette réflexion me faisait juste valoriser le caractère ouvert et sécurisant du désert où les dunes représentaient une petite cachette, mais pas autant que la multitude de bois. Me grattant l'œil, un peu fatigué de n'avoir rien fait de vraiment productif de ma journée, je me surpris à compter les jours avant de me retrouver sur le continent... Une réaction d'enfant gâté qui ne savait pas apprécier le moment présent, se préférant dans le calcul froid et l'attente de l'auréole qui allait le "libérer".

"C'est ce que je veux ? Être libéré ?"

Toutes mes simagrées sur le voyage et l'exploration n'était que pour rebrousser chemin ? "Un peu décevant, Yukio." Au fond de moi, je savais que c'était faux, mais sur le moment, je n'en menais pas large. Un gamin perdu, se pensant assez grand pour savoir ce qui était bien pour lui, mais il n'avait réussi qu'à s’égarer trop loin de la maison.

"La maison."

J'avais le mal du pays, c'était naturel... Des habitudes, une fatigue mentale s'ajoutant à celle physique. Je nageais depuis quelque temps dans un nouveau monde avec de nouveaux codes, de plus je devais cacher ma véritable identité. Bien entendu que rentrer en terre connue, où j'étais reconnu, était alléchant, cela ne remettait pour autant pas en question ma quête... L'envie était là, toujours présente. Un simple moment d'égarement. Rebroussant chemin, je rentrais à la taverne où la dernière soirée s'animait déjà avant le grand départ.

Comme un pied de nez à mes réflexions, les marins avaient entonné un chant inconnu à mes oreilles qui résonnait dans mon subconscient :

"Il rêvait d'une ville étrangère
Une ville de filles et de jeux
Il voulait vivre d'autres manières dans un autre milieu.

Il rêvait sur son chemin de pierres
"Je partirai demain, si je veux
J'ai la force qu'il faut pour le faire
Et j'irai trouver mieux".

Il voulait trouver mieux que son lopin de terre
Que son vieil arbre tordu au milieu
Trouver mieux que la douce lumière du soir près du feu.

Qui réchauffait son père
Et la troupe entière de ses aïeux
Le soleil sur les murs de poussière
Il voulait trouver mieux."


L'homme de la chanson partait, explorant pour trouver un autre cadre de vie, mais finalement il revint à son point de départ avec le seul baguage de la certitude que ce n'était pas mieux ailleurs. Le refrain exprimait les motivations du héros, détaillant son but : Fuir un à un les éléments de son foyer. D'un contexte de misère, l'évocation de la négation et du dégout se convertissaient en une tendre nostalgie pour ce monde pauvre, mais doré. Le pressentiment de départ était le bon : Le héros parlait de son passé, depuis son futur. Nous suivions lentement le fil de son récit, comprenant le cheminement qu'a la fin. Le postulat de départ n'était pas le même, pour lui et moi, mais il fallait reconnaitre que je me reconnaissais un peu. Je cherchais à explorer, connaitre, là où il cherchait à s'installer... Mais le retour à la maison s'annonçait, un jour.

Pour l'instant, ce soir, c'était poker, mais je me surpris à avoir peu envie d'y jouer... Restant sur le côté, je buvais ma bière en écoutant les rires et les coups de sangs. Ce n'était pas ma soirée, malgré mes éclaircissements je restais dans un état presque méditatif, si on excluait l'alcool dans ma main.

La petite fête se passa agréablement, je ne faisais pas partie des joueurs, mais je pouvais alors sans trop m'embêter jouer de ma voix avec les chants paillards de mes collègues, de manière discrète. Ceux-ci ne faisaient plus grand cas de ma petite particularité : Résultat de discussions en amont ? Compréhension de la situation ? Prise de recul ? En attendant, ils me considéraient comme un marin, comme eux. C'était apaisant de ne plus sentir la tension sur leurs visages et tout cela se répercuta sur l'ambiance joviale dans la pièce. J'étais loin, mais j'étais bien.

C'était le principal, non ?

Décrivant de larges arabesques de sa main, Suigetsu invitait les gens à continuer à miser : La chance souriait aux audacieux, qu'il disait. La plupart des types encore clairs se moquaient ouvertement de l'autre moitié qui voulaient plumer le jeune homme. Enivrés, ils n'étaient que des petites victimes d'un jeu trop grand, et pourtant innocent.

À l'aube, tout le monde était parti et je restais en sirotant le fond d'un verre déjà vide depuis longtemps, je buvais de l'air. Les mélodies résonnaient encore dans ma tête et je cherchais une petite pièce à ajouter au puzzle de la situation. Malheureusement, c'était bien trop tard ou trop tôt. Nous embarquions à midi, il était temps d'aller se coucher.

Bien plus tard, je me retrouvais avec bien trop de poids sur les bras alors que bien trop peu d'heures de sommeils n'alimentaient mon cerveau, bref, c’était la merde ! Déliquescent au possible, je tenais pourtant à faire le fier : Se coucher tard, oui, mais il fallait assumer ! Alors, j'assumais. À treize heures, déjà, il était l'heure de partir et les cordes s'échappaient vers la mer alors que nous prenions le vent. Ouvrant en grand les voiles, cherchant à quitter le port à la rame en espérant économiser les forces des fêtards et choppant un doux vent bien assez tôt ! Une idée me vint, enfin le recyclage d'une idée...

Du vent dans les voiles ? Par le chakra ?

Après le concours de jet de pierre, je n'avais pas plus touché à mes réserves de chakra... Mais l'utilité de ma démarche l'emporta sur le reste : Ils savaient, pourquoi me cacher ? Autant aider comme je pouvais. Akabame usait de sa force brute, moi de ma force mystique ! M'agrippant à un cordage, je débutais mon ascension pour le sacré nid de pie qui avait accueilli mes premiers émois avec la technique. Arrivant à la passerelle de bois, je soufflai un coup avant de joindre les mains : De manière ludique, presque enfantine, je décidai de pousser le plus fort possible le joli oiseau qui nous portait sur l'eau.

"Comprimer, exprimer."

Regardant au loin, la sortie du port, je calculai un peu la trajectoire... Le problème étant que je n'étais pas une bête de calcul ! Un shuriken, ce n'était pas un bateau et je n'avais pas toutes les infos. Je faisais au jugé et... Ce n'était pas très bien.

Dans mon ambition un peu démesurée, je mis la pleine puissance dans mon coup : Concentrant mes forces en mettant en tension l'air entre mes mains, je relâchai le tout très calmement alors que la bourrasque issue de mes œuvres se déchainait contre la toile... Plantant mes pieds dans le sol, je sentais bien que l'équilibre précaire dont j'étais l'objet était la conséquence du cadre nautique associait au contre-coup du flux que j'expédiai d'entre mes mains... Poussé, un tantinet, contre le garde-fou en bois. Je relâchai la technique pour ne pas passer par-dessus bord. Encore une fois, le vent avait été plus fort que moi, mais cette fois-ci ce n'était pas une mauvaise exécution, mais une trop grande puissance !

Ma maitrise avait évolué.

En dessous de moi, j'entendais des sifflements et des cris d'encouragements : Le bateau avait avancé, les marins étaient contents de mon intervention, car les rameurs souffraient bien moins dans leur travail ! Poussé de nouveaux, mais cette fois par l'effervescence, je reprenais ma position pour aider encore mes amis ! "Alors c'est ça, le pouvoir de l'amitié ?"

Plus de force, plus de stabilité... Si mon vent pouvait déraciner des arbres, il ne fallait pas que cela soit moi qui me retrouvais par-dessus bord ! Renforçant mon appui avec du chakra en guise de semelle, je me retrouvais littéralement collé au bateau en espérant que celui soit assez ! Le rafiot tanguant, à son habitude, je sentais encore plus les roulements des vagues contre la coque... De quoi foutre la gerbe à quiconque, mais pas moi. J'étais occupé à réitérer mon geste, joignant les mains dans un mudra du coq pour ensuite plaquer mes paumes comme une prière.

Une prière à qui ? Le dieu du chakra ?

J'avais la bonne méthode, la bonne puissance... Il fallait alors le cadre pour l'employer efficacement. En combat, je n'allais pas me coller au sol comme ici, il fallait sans doute adopter une position plus gainée pour pouvoir essuyer la puissance du coup. Soupirant, je lâchai une nouvelle fois la sauce sur le tissu en tension avec le bois. La force mystique poussa le plus fort possible contre les fibres, jusqu'à ce que je puisse imaginer celles-ci se déchirer... Mais la voile tint bon. Le mat, par contre, vibra devant l'impact soudain et je sentis les vibrations de ma position. Tout était relié sur un tel bâtiment, moi comme les autres savions ce qui se passait. L'arubatorosu se souleva, porté sans doute par la vitesse en conjugaison avec les vagues qui secouaient le tout. La sortie du port était proche, trop proche, et en débouchant sur la haute-mer, je sentis de nouveau une vibration, suivant un raclement... Nous avions touché l'une des constructions en pierre qui séparait l'aire d'amarrage et les voies navigables.

Un frisson me parcourut, c'était grave ? J'avais fait une grosse connerie ? Des cris, en dessous de moi, me signalèrent que...

Oui.

Technique 2/3 :


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Le voyage de Yukio


Rouleau II : L'air



Comme en enfant, j'avais arrêté de respirer devant le bruit strident qui avait alerté sans doute l'équipage et l'ensemble de la ville... C'était bien ma veine, en essayant de bien faire je n'avais que réussis à faire de la merde.

Les éclats de voix, sur le pont, signalaient que j'allais avoir une petite fête. Serrant les dents, je laissais échapper un long soupir entre celles-ci : Frustré, outré, déçu... "C'est grave ? On ne va pas pouvoir repartir ?" Risquant une tête au-dessus de la rambarde de bois, je vis de nombreux visages me rendre mon regard.

"... Quand tu regardes l'abîme, l'abîme regarde aussi en toi."

- Yukio... Tu as fait quoi, encore ? "Encore ?" C'était bien la première fois que je faisais ce genre de dégâts... Pourquoi "encore" ? D'une démarche parfaitement enfantine, je me déportais pour me cacher à la vue de mes critiques. Pas la peine d'offrir plus longtemps mon air déconfit, j'avais vingt-trois ans cependant je pouvais rester un morveux.
- Désolé... Un chuchotement, rien que pour moi. Sans dire plus, je commençai à descendre pour reconnaitre l'ampleur des dégâts.

Par le cordage qui m'avait vu monter, je redescendais. Bien plus lentement. Arrivant sur le pont, je vis les sourires goguenards de mes collègues et quelques airs contrits. J'allais me faire défoncer ? Moi qui voulais tant être utile... Allant du côté de la berge, je jetai une nouvelle fois un œil par-dessus le bastingage et me mis à rire, de soulagement. La carcasse avait rapé, mais le bois était solide et c'était la pierre qui avait pris le plus cher... L'albatros avait encore quelques années à tirer, un artefact de l'ingéniosité humaine, bien loin du chakra et de ses dangers. C'était solide... Nom de dieu que c'était solide !

M'étirant d'aise, je me retournai vers mes camarades :

- C'était un test, vous voyez ! Même les ninjas ne peuvent rien contre notre bateau ! Je me situais des deux côtés de cette phrase, ce n'avait pas un grand sens, mais ils avaient compris.

Après un batifolage sommes toute relative, il fallait revenir à nos travaux : Faire avancer le rafiot, surveiller les alentours et nettoyer ce qu'il fallait nettoyer dans le coin. Repartant sur mon ilot en hauteur, je me surpris à imaginer comment manipuler ma technique autrement. Avec une main par exemple, je restai un ninja maniant une arme blanche. Les mudras à une main étaient ma spécialité, mais pour le coup, je n'avais pas encore pensé comment utiliser cette paume de la bourrasque autrement qu'avec les deux paumes... Assis sur la barrière, les pieds dans le vide, sentant le basculement très léger, habituel, je réfléchissais en jetant des regards fréquents derrière moi et sur mes côtés.

Pour une technique qui demandait l'application des deux mains, n'en mobiliser qu'une seule allait être coton... Surtout si je voulais conserver la toute puissance que j'avais développée. Dans un coin de ma tête, la promesse d'exécuter la technique avec bien plus de régularité pour accéder à une forme d'automatisme me revint. Le voyage était l'occasion de le faire en atteignant une forme d'utilité, je devenais le petit moteur du bateau : Moins de jours en mer, à se marcher dessus. Tout bénef, non ?

Sans attendre, je me lançais dans l'opération : La main gauche devant moi, je me concentrai dans ma première tentative. Musculairement, le mudra du coq était facilement réalisable avec deux mains, mais à une seule la posture était étrange... Les doigts n'avaient pas de guide et tout prenait du grotesque. L'annulaire et l'auriculaire tendu, le majeur et l'index pliait dans le vide comme asséché par un mal inconnu. De son côté, le pouce était tendu vers le bas, comme voulant s'échapper de l'empire de la main qui les liaient tous. J'avais l'habitude, les signes incantatoires devenaient bien moins stylés une fois réalisé avec un membre en moi, je ne me formalisai pas. Passant directement à la prochaine étape : Le vent. Fermant le poing, je voulus comme emprisonner l'air pour l'amplifier et le relâcher calmement en ouvrant mes doigts... La réaction fut trop peu puissante, même pas suffisante. Il y avait du travail à faire ! Reprenant une ou deux fois de plus, je n'obtins que des résultats médiocres... La méthode était mauvaise ?

Souffrant de ces échecs, après de si bons résultats en situation, je me remis à mobiliser les deux mains pour au moins gagner en fréquence : La technique à une main devrait attendre, il fallait d'abord s'acclimater à une répétition et une exécution rapide. Comme un muscle ou un geste technique, il fallait travailler pour que tout devienne presque inné : Un combat, c'était parfois un jeu de seconde... Pouvoir relâcher un vent violent immédiatement pouvait être salvateur. Une grande partie de mon après-midi de garde fut soumis à l'exercice physique et mental du chakra. Je choisis d'accélérer le rythme, répéter encore et encore, enchainant le Coq et la conjonction de mes paumes dans une dynamique presque artistique. La voile se balançait au rythme de l'arrêt et de la reprise du vent formé par mon énergie propre.

Qui a besoin de la nature quand un ninja est dans les parages ?  

Avec les répétitions, je me rendais compte que je pouvais sans doute ajouter du chakra... Chercher à dégager plus de vent dans un bête souci de ratio chakra/puissance. L'exécution était bonne, il fallait donc donner l'alimentation suffisante pour faire valdinguer quiconque se dressait devant moi. Augmenter la puissance, les mains jointes dans une petite pause, je repensais à cette idée. Quelle était l'objectif ? Faire voler même les colosses ? Augmenter la vitesse de mes projectiles ? Pouvais-je au moins réellement déraciner des arbres ? Mes yeux volèrent sur le pont, je ne pouvais pas faire le moindre essai ici... Peut-être sur l'eau ? Voltigeant vers un côté, sans doute bâbord, je me pris au jeu d'essayer de faire des trous temporaires dans l'eau par l'intermédiaire du vent.

Un plaisir un peu stupide, qui rentrait dans une démarche d'entraînement, mais qui allait sans doute faire valdinguer un peu le rafiot... Au moins une fois ? Juste pour essayer. À très bonne distance de la surface claire, je fus tenté comme par un bijou : "Je pourrais, juste une fois..." D'un sourire candide, je laissais passer une jambe, plus l'autre, jusqu'à me retrouver assis. Braquant mes jambes pour opposer une quelconque résistance s'il le fallait, j'opérais ma petite bêtise. Je n'avais pas fait de dégâts au bateau la première fois, la seconde fois devait être équivalente !

En m'exécutant, je sentais les yeux curieux de mes congénères, en dessous... J'avais été, jusque-là, caché par la hauteur et le nid de pie, mais cette fois, j’étais en vue de tous. Une attraction curieuse, un peu à la manière de Tadake Masoru : Lui, le public ne savait pas vraiment qu'il était un ninja. L'équipage savait parfaitement la nature de mes talents et contemplait avec encore plus de désir la conjugaison de mon art.

Souriant, un peu gêné, je me lançai dans mon essai. Les marins ne savaient pas ce que je comptais faire et regardaient également pour découvrir quelle connerie j'allais pouvoir produire... "Encore ?!"

Un mudra, à deux mains, les paumes collées ensuite l'une à l'autre et la sensation de l'air s'agglomérant contre les pores pour ensuite tout relâcher dans une direction précise : Plus de soucis de précision, ni de tonalité... Accroché à mon morceau de bois, peu de chance de valdinguer, mais une petite appréhension me fit quand même baisser la tête pour observer ma position. Instinctivement, mon corps fit de même et la bourrasque partit un poil plus bas que le point d'impact prévu... Rien de gênant, mais la puissance que je déployais pouvait enfin faire son office : La surface explosa sous la tempête, produisant une gerbe qui mouilla une bonne partie des hommes du pont. Un bref instant, je vis des poissons s'agiter au milieu du vide pour retomber brutalement dans l'eau, alors que la mer reprenait les lieux. Avalant furieusement l'espace ainsi libéré : Jalouse, possessive. L'eau libérée avait insidieusement remué le bateau, qui se pencha vers tribord de façon un peu cocasse, mais rien de gênant. Plus de peur que de mal, comme pour la berge...

Les matelots sifflèrent de ravissement, après s'être blottis contre le mat ou des tonneaux pour ne pas tomber à la renverse. Pour certains, la plupart même, c'était la première fois qu'ils voyaient ce type d'émanation. Les shinobis ne se battaient pas en pleine rue, ni en pleine mer... Donc pas de doute que les marins n'en avaient pas vu, peut-être lors de leurs pauses avaient-ils entendu des histoires ou croisaient quelques ninjas faisant des petits tours... Mais pas une technique pouvant renverser un homme ou plusieurs, d'un vent violent. Bien content de ma petite impression et de ne pas avoir détruit le bateau, je revins dans mon enclos aérien en me laissant tomber en arrière pour me réceptionner sur les bras. Ce que j'avais vu de ma petite technique me plaisait assez... Les applications étaient multiples, notamment avec les armes de lancer. Si précédemment mon tantô avait apprécié le courant d'air pour se loger dans un corps, dorénavant la vitesse était multipliée comme les dégâts impulsés par l'énergie cinétique.

Je voulais toujours plus développer ma compétence, cherchant à impulser la bourrasque la plus violente possible sans pour autant m'épuiser ou perdre en précision. L'équilibre était maitre de tout, comme le contrôle. La main sur le bois, un peu perdu dans mes considérations, je me mis au travail de nouveau : Répéter, comme une botte de katana, comme un coup de poing direct... Le vent comme réflexe.

Le vent pour me rapprocher de Hayato.

Avec mes prestations un peu grotesques, j'étais devenu la coqueluche de l'équipage et une bonne partie ralentissais spontanément le boulot pour me regarder faire... Même si c'était un trajet de routine et que rien de grave ne pouvait arriver, la légère mise en déroute de la discipline sur son bateau mis un peu en rogne le capitaine. Bien entendu, il ne vint pas lui-même... Il m'appréciait, sans doute, mais ne voulait pas que je prenne trop mes aises sur son Albatros, il eut alors l'idée de m'envoyer son bras droit : Seya. Le lancier, très gentil au demeurant, monta de façon agile et rapide pour me rejoindre. Durant mes exercices, je le sentis venir par la tension dans les cordages : Une fréquence montrant qu'un homme montait petit à petit en tirant dans les mailles toutes les cinq secondes pour garder l'équilibre.

Bien vite, la tête de mon recruteur arriva à ma hauteur : Un grand sourire, il n'était pas là pour m'engueuler ou me faire un quelconque reproche. Juste mettre les points sur les "i".

- Qu'est ce qui se passe, chef ? Je m'attendais à me faire allumer, mais il me sourit de manière amicale. Tristement, je pensais que le fait que je puisse sans grande difficulté le projeter du haut du mat avec ma force mystique jouait beaucoup dans nos relations...

Comment engueuler quelqu'un comme ça ? Le rapport de force jouait beaucoup, je le savais bien. Tranquillement, il vint se poser contre la rambarde et se mit à parler :

- Comment tu fais tout ça ?   J'ouvris de grands yeux, une question technique ? Je ne m'imaginais pas expliquer à un civil le fonctionnement du chakra... La plupart du temps, ils se gardaient bien de poser ce type de question.
- Heu... Eh bien... Dans ma tête, mes cours repassaient et je me mettais dans le mode le plus publicitaire possible. Tout passe par le chakra, c'est l'essence indispensable à la réalisation de toute technique ninja. Il est obtenu par le mélange de deux énergies opposées, produites respectivement par le corps et l'esprit. Par divers procédés dont le plus commun est la composition de sceaux, le chakra peut être manipulé et transformé de manière à obtenir des effets surnaturels tels que marcher sur l'eau, cracher du feu ou créer des illusions.

Il rigola assez fort devant mon art sérieux et mon discours digne d'un professeur. Tapant de la main sur le bois, il calma un peu ses ardeurs pour continuer :

- C'est très riche, ce que tu me racontes. Joignant ses mains, il essaya de refaire le mudra que je continuais à produire toute la journée : Le coq. Un signe comme ça ?

Je ne savais pas enseigner le ninjutsu, en tout cas les bases : J'avais subi des bribes d'enseignements et tâtonné dans le noir, seul, pour arriver à mon niveau. Beaucoup de ressentis, d'essai... Je ne pouvais rien lui apprendre de plus que le théorique. Le chakra se produisait après des années d'entrainement, autant physique et mental. Quelques minutes de parlote n'allaient que l'éclairer sur quelques points, mais certaines choses devaient rester un mystère pour le grand public.

- Oui, comme ça... Mais même si tu as le bon signe, tu ne produis pas l'énergie nécessaire pour faire quoi que ce soit. Je m'éclaircis la gorge. J'ai passé des années à faire ce genre de chose, l'énergie dont je te parle viens du fond de ton corps et de ton esprit. De plus, produire du chakra n'est que la première étape... Former du vent comme je le fais, c'est un niveau supérieur. Aucune arrogance, j'expliquai uniquement la vérité. Je cachai spontanément que ce n'était pas mon affinité primaire, celle de naissance, car il n'avait pas besoin de savoir ou de rentrer dans les points un peu techniques.

Il parut un peu déçu, baissant son bras, avant de regarder plus attentivement mes mains qui tremblaient : La répétition et la posture appuyée commençaient à faire de sacrés effets sur mes bras. Puiser dans l'énergie physique demandait autant au muscle qu'un vrai exercice de musculation ou de porter une charge lourde... Mon corps me semblait moins léger qu'a l'habitude, ce soir, j’allais bien dormir. J'étais venu pour découvrir et travailler, mais le passif de ninja prenait toujours sa place : L'entrainement, toujours.

- C'est si dur que ça ? Désignant les vibrations de mon poignet, il scruta plus attentivement les effets du chakra sur un corps. Tout était nouveau pour lui, mais voir ainsi les conséquences d'abus donnait une vision plus humaine du ninja : Ce n'était pas de la magie, on donnait de nous même dans l'opération.
- Cette technique demande assez peu de chakra, en réalité, mais j'ai passé beaucoup de temps à la répéter... C'est comme si toute la journée tu devais porter une petite charge, au bout d'un moment tu le sens.

Il hocha la tête, comprenant un peu mieux... D'une moue, il réfléchissait, avant de lâcher le poisson :

- Monsieur Sakae se pose beaucoup de questions sur toi, avec tes prestations d'aujourd'hui tu as encore plus éveillé sa curiosité. Quelle curiosité ? Je m'étais fait un ennemi d'un homme avec qui j'avais bien parlé ? Voyant ma crainte, le bras droit du capitaine désamorça toute velléité. Rien de mauvais pour toi, mon ami. Il a croisé quelques ninjas dans sa vie, mais personne comme toi... Les sourcils froncés, je le fis sourire avant qu'il ne puisse continuer. Disons que tu es assez humain. Ceux qu'il a croisé... Que la plupart des hommes de ce navire ont croisé, même, étaient distants. Vous ne vous mélangez pas avec les autres, te voir ainsi embarquer, être en "vacances". C'est spécial, tu en conviens.

"J'en conviens mon pote, après vous n’étiez pas censé l'apprendre..."

- J'ai déjà discuté avec lui, hier. On accoste à notre point d'arrivée et je pars, je ne veux pas vous amener d'ennuis ou créer une tension sur le navire... Les hommes ont vite oublié qui j'étais, même si aujourd'hui j'ai sans doute rappelé un peu trop fort que j'étais un ninja parmi des civils. La mention de civil le fit un peu grincer des dents, au fond son air amical caché une crainte là où Sakae ne voyait qu'un objet de curiosité. Je voulais m'exercer un peu, en poussant le navire en parallèle... Pour être utile. Je me suis un peu laissé tenter, si j'ai dérangé je m'en excuse.

Le problème était sans doute là, mes agissements n'avaient pas causé de grands dégâts : Quelques secousses, à peine, mais le pire était que je m'entrainais... Tout ceci, cette répétition ne venait que d'un désir de garder le fil de l'effort ou de développer une compétence, comme Seya s'entrainait à la lance ou Akabame à porter des poids. La sémantique de l'entrainement amenait des échelles différentes : Je m'entrainais à pousser des navires là où le non-shinobi ne pouvait juste qu'entrainer son corps.

La différence était trop grande, il était clair que la crainte était justifiée.

À cet instant, j'imaginai de manière assez comique un duel de bras de fer entre Akabame et Ogawa : Les deux hommes, des forces de la nature, n'avaient pourtant rien à voir l'un avec l'autre puisque le plus petit et manchot, pouvait doper ses muscles avec du chakra. Le grand marin était plus musclé, mais sa défaite était assurée... Même sans Katana, contre un Seya en armure et doté de sa lance, je pouvais sans grand effort le mettre hors-jeu. "Le ninjutsu n'est pas qu'une arme, c'est le chakra entièrement qui est dangereux."

Une fois de plus, je comprenais les mots de Tadake : Quiconque maitrisant cette énergie serait bien content, moi comme le vieux nous pouvions voir le fossé qui séparait l'homme du ninja... Mais jusqu'à quel excès ? Ces arts ne faisaient pas de moi un dieu, bien au contraire. Je me rapprochais, grâce à ma morale défaillante et ma fidélité à un village possédant un agenda politique bien à lui, à un démon.

Pour les marins, j'étais un démon en vacances.

Tuer devenait un automatisme, lutter une pulsation dans mon cœur qui me procurait du plaisir... La mission avec le jeune Rokasu avait été une preuve de plus : Zigouiller les Kaigans fut fait rapidement et sans me retourner, j'avais passé mon chemin. Nôka était mort, car le village le voulait, pourtant ce n'était pas un mauvais gars... "Personne n'est vraiment mauvais, pourtant je tue quand même."

Insensibilité ? Habitude ?

Parfois je me demandais si tuer pour le travail ne rendait pas flou une certaine frontière dans la conscience : Quand est-ce qu'on commençait à dédramatiser la mise à mort ? Quand allions-nous  commencer à tuer par plaisir ou sans même y penser ? Je fuyais cette question, mais mon épisode du bar m'avait contraint à une certaine réalité : J'avais les compétences pour tuer, j'avais les outils sur moi quasiment constamment... Il me restait alors à avoir l'envie et l'occasion. "Triste constat".

"Combien de mes pairs ont pété les plombs ?"

Ils avaient raison, mille fois même... Du haut de mon mat, je pouvais cramer l'ensemble de l'Albatros et m'enfuir en marchant sur l'eau. Soupirant, je coupai le fil de mes pensées pour me rendre compte que Seya parlait depuis tout à l'heure, enfin il avait parlé, mais m'observait depuis qu'il avait finis sa phrase.

- Pardon, tu disais quoi ? Peu d'objet pour me déconcentrer, du haut de mon poste d'observation, il reprit quand même sa diatribe en résumant le tout.
- Cela ne nous pose pas de problème, tu aides beaucoup les rameurs, mais fait attention au navire... Tu secoues beaucoup. Le chakra est assez... Dangereux, pour les gens et les choses autour de toi. Il avait l'air à peine craintif, il savait qu'il avait raison. Diluant la critique dans une phrase dans l'ensemble positive, il me laissa là.

Je m'arrêtai là pour mon entrainement du jour, un peu sonné par la révélation sur ma condition et celle de mes pairs... Au bout de mes doigts, comme de beaucoup de mes compatriotes, résonnait une force qui pouvait rendre le monde meilleur ou pire. Je le savais depuis longtemps, mais les interactions avec les gens dépourvues de tout cela me fit l'effet d'une baffe : Les populations des villages vivaient avec des ninjas, ils étaient un peu leurs protecteurs dans ces grandes structures, mais hors des murs ?

Masoru avait raison, l'arme était bien trop puissante pour notre seule conscience.

Technique 3/3 :


Sphinx. Yukio 021

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Nozomo Yukio
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Le voyage de Yukio


Rouleau II : L'air




Technique 4/3 :

Dépité, je passai la main à Suigetsu quand son heure arriva : D'un tope-là amical je le laissai monter alors que je revenais sur le pont. Les regards posés sur moi, je doutais un peu maintenant... L'admiration ? La crainte ?

"Et puis merde..."

Récupérant les mèches qui me barraient le visage, je ramenai le tout derrière ma tête. Prenant un bout de tissu que j'avais déchiré d'un haut tantôt, je me faisais une queue de cheval haute. J'en avais marre de ressembler à un clochard, j'en avais marre de beaucoup de choses.

Trainant mes pieds jusqu'à un point d'eau, je pris une grande rasade avant de partir à un nouvel atelier : Le nettoyage de la grande surface commune, sur le bateau. Encore une fois, les planches avaient accueilli bien trop de déchets et de saletés, il fallait alors un peu récurer tout ça. Le sel marin rendait le tout un peu gras et l'éponge était toujours, il fallait s'en douter, une loque qui étalait la saleté plus qu'il ne l'évinçait. Les cheveux trainant sur mon épaule, je frottai le plus fort possible en essayant par ce mouvement de nettoyer également mon esprit : Il ne fallait pas être un génie pour sentir que j'étais  de mauvaise humeur, pas parce que j'avais eu l'épiphanie du siècle. N'importe quel idiot pouvait réaliser du jour au lendemain que le chakra était une arme, je le savais depuis longtemps et Tadake n'avait, finalement, que montré une autre façon de voir les choses.

Je ne voyais pas de solution à ce problème insoluble : Tant qu'il y avait des ninjas, il y avait des abus. La réputation des shinobis souffrait toujours des indépendants et criminels. Le système de village régulait un peu les hommes, mais en focalisant vers quelque chose de pire. Une guerre entre les villages pouvait réécrire la carte du globe : On ne reculait jamais devant la plus simple des destructions. La mort dans l'âme, je me rendais compte de ma petite stature dans ce grand océan. Autant physique que... Politique ?  

Qui était Yukio Nozomo dans tout ça ?

Encore une fois, j'étais un maillon dans une grande chaîne. Un pion, n'importe quelle mission pouvait m'amener à détruire ou tuer... Je me résignais, devant un patriotisme relatif ou bien une résignation. C'était ma vie, alors autant l'appliquer... Le vieux forain me l'avait dit, à demi-mot : Je n'avais pas vraiment le choix.

"C'est un luxe qu'on gagne avec les années d'être soi-même... Tu ne l'as pas encore mon garçon. Prie même pour l'avoir un jour..."

- Foutu vieux monsieur... Je chuchotais, pour exorciser ma frustration. Partir voyager était un caprice, j'étais parti pour me découvrir comme je découvrais le reste du monde. Pour autant, en revenant je n'allais rien changer... "Retour à la case shinobi".

Quel était le pire ? Ignorer les choses ou bien être en connaissance des choses, mais ne rien pouvoir changer ? C'était ce qui me tracassait en frottant le tout, les gens passant autour de moi comme des fantômes. Des jambes dans ma vision périphérique, sans doute que je perdis le fil en frottant vigoureusement la même planche pendant dix minutes. Le pantalon tiré par derrière, je me retrouvais légèrement soulevé du sol. Comme un chaton qui se faisait porter par sa mère. Des rires et la voix vigoureuse de Akabame qui me parlait :

- Je crois qu'il est propre là, le parquet. Me retournant, enfin... Retournant surtout ma tête, je lui souris faussement.
- Il y avait des tâches, tu bois comme un porc ! Son rire, tonitruant, me poussa également à me moquer et il me lâcha brutalement. Sans un mot, je laissais perler mes jambes en dessous de moi pour ne pas me vautrer comme un couillon.
- Tu penses à quoi, le ninja ? Brusquement, je lui répondis, il fallait bien expulser les choses...
- Tu te méfiais des ninjas, avant de me connaitre, qu'est-ce qui a changé ? Je me souvenais des paroles du grand type : "On a toujours peur des ninjas" ; "Comment tu veux être confiant avec un de ceux-là dans le coin ?"
- Rien. "Rien ?" Devant mes sourcils froncés, il dut bien argumenter. Bah, comment on peut se méfier de toi ? Tu nous as aidé, alors bien sûr tu fais des trucs assez dingues... Mais bon, même avec ton chakra, tu n’arrives pas à me battre au lancer de cailloux, donc ça va.

Donc ça va.

Soupirant, je prenais la réponse pour argent comptant, mais il ne s'arrêta pas là. Attrapant une éponge, près d'un sceau où stagnait une eau pas si propre, il se baissa pour se mettre aussi au travail.

- Je me suis trompé en faisant des généralités. Tu es un ninja, pourtant tu es digne de confiance. Pas tous les ninjas le sont, comme les marins... Je ne t'apprends rien. Il rigola en frottant une tache incrustée. Vous êtes dangereux, ça je ne me trompe pas en le disant. Je n'aimerais pas me trouver au milieu d'un combat entre deux shinobi, vos trucs bizarres je n'arrive pas à les comprendre... Mais je sais que toi tu n’es pas du genre à faire de la merde. Marquant une pause pour se mettre au défi d'éliminer la tache ou bien de casser la planche où se trouvait l'indésirable, il revint vite à ce qu'il disait. Faire avancer le bateau avec tes trucs, c'est rudement malin.

"Tu peux encore utiliser le feu autrement que comme une arme de mort. Tuer et détruire n'est pas la seule solution..."

Alors je compris que je n'allais rien révolutionner : Mettre fin aux cycles de destructions, je ne pouvais même pas y penser. Pour autant, je pouvais faire ce que le maximum pour limiter tout cela. Mon frère était intendant d'un village, je voulais dorénavant devenir le chef de mon clan... Un objectif de pacifisme ? En tout cas de limitation. Le chakra était un outil, ça je le savais. La voie qui allait devenir mienne était difficile, très probablement voué à des incartades : Tuer pour survivre. Le monde était dangereux, mais j'étais équipé pour.

J'avais trop pris mes aises, me laissant porter par les courants... Une mission froidement accomplie, des ennemis efficacement supprimés. Une distance presque dangereuse. Je m'étais écarté de cet adolescent qui tuait comme il respirait, mais il restait en moi et je voyais bien que des années dans l'ombre avait rendu ces gestes et ces pensées presque automatiques.

Il était plus facile de s'accorder a cette société plutôt que d'essayer de la remettre en question. "Ce n'est pas un signe de bonne santé que d'être bien adapté à une société profondément malade." Résonna encore les mots de ce mentor, lui-même défaillant :

"Tu. N'es. Pas. Encore. Mort. Là-dedans."

Il avait pris des années, mobilisant la plupart de sa vie dans une quête vouée à la défaite, perdant sa famille et ne réussissant qu'à gagner qu'une brève liberté. Sa voie, je pouvais l'emprunter plus tôt... Sans quitter mon village, peut-être même que j'allais gagner, mais quoi ?

Suivant le rythme de Akabame, je repartis au turbin. Le reste de la journée se passa sans encombre, je me prenais beaucoup moins la tête... J'avais compris certaines choses, même si ce n'était pas facile.

Dur dur de changer. Au fond remettre en cause tout ça, c’était aussi remettre en cause mon être même. Se rendre compte que cela faisait des années que l'on faisait fausse route, mais mieux valait tard que jamais... Certains mourraient en acceptant tout ça.

C'était deux jours plus tard que je pus faire preuve de mes nouvelles forces... Ne plus être incognito et accepter mes forces et mes faiblesses m'amenaient à faire face au danger qui venait droit sur nous. Je vous le donnais en mille : Un bateau, encore un, des pirates. Cette fois-ci, point de petits bâtiments rapides, mais un grand galion qui glissait paresseusement vers nous. Sa trajectoire ne laissait que peu de moue à l'imagination : Il fonçait sur nous, les navires marchands n'avaient vraiment aucun répit.

La différence, encore une fois, c'était que j'étais là !

D'abord, le type dans le nid de pie sonna l'alarme. Les hommes se regroupèrent, le même manège que durant la première attaque dont j'avais assisté... Mais cette fois, mes camarades se tournèrent vers moi dans un mouvement presque unique. "Bien entendu." Alors je me mis au premier rang, les pieds solidement campés sur le bois, je calculai gentiment l'angle d'attaque et quoi faire. C'était le bon moment pour tester à pleine puissance ma nouvelle technique, puisqu'en pleine mer, il n'y avait pas trente-six éléments à détruire par une bourrasque violente.

Derrière moi, Sakae et Seya suivaient avec curiosité mes mouvements. Ils appréciaient ma présence, j'économisai des vies par ma seule action. Moi, je ne voyais que l'horizon funeste qui me conduisait une nouvelle fois à user de cette force mystique pour détruire, même si une petite voix dans ma tête me criait que je défendais les miens, malgré tout. Calmement, je joignis les mains pour former un mudra automatiquement. L'habitude prenait peu à peu sa place dans l'exécution, le résultat d'heures d'entrainement durant les derniers jours. Sans plus de préparation, je calai mes paumes l'une contre l'autre pour relâcher quasiment en même temps le coup de vent que l'on put observer quitter mes mains jusqu'à la coque adverse.

Troublant l'air par la force, le courant latéral partant d'un corps vers un autre, la bourrasque me fit une forte pression alors que j'étais la source même de sa puissance : Le bateau, triste vaisseau porteur, se pencha légèrement à tribord, si bien que je vis mon attaque partir vers les nuages, dispersant un malheureux cumulus qui passait par là. Un grand craquement, à bonne distance de moi, me surpris. Ramenant mes yeux vers l'objet de mon attaque, après avoir pris appui sur le bastingage, je pus observer le rafiot pirate perdre de la vitesse.

Le mat brisé se conjuguait bien avec le trou dans la coque, des éclats de voix et des bras de balançant m'alertèrent que nos adversaires paniquaient devant l'attaque. Apprenant de mes erreurs, je me préparai à réitérer le coup quand une idée vint me chatouiller les neurones :

- Akabame ! Viens par ici, il parait que je ne peux pas te vaincre au lancer de projectile ! D'un sourire, je tendis mon tantô au gros plein de soupe. Il crut aussitôt le plan... C'était limite un jeu, à ce niveau-là.

Me rejoignant dans l'hilarité, il empoigna l'arme pour se préparer à le lancer comme un javelot. Le muscle saillant, il attendit mon top. Une nouvelle fois, je préparai le tout avant de lui crier un grand : "C'est parti !" Le projectile balancé, aussitôt je lançai ma propre attaque qui vint se coordonner avec la lame. À cette distance, environ cents mètres, le tantô aurait mollement entamé le bois dur, mais sous l'action du coup de vent presque miraculeux il gagna en vitesse et en puissance pour venir pénétrer durement la coque et... Disparaitre à l'intérieur. Des cris, conséquences de cette seconde attaque, vinrent nous pincer les oreilles alors qu'une voix, lointaine, beuglait :

- Il y a un trou à l'arrière ! Vite ! Comme un seul homme, l'équipage adversaire perdait peu à peu pied alors que leur embarcation prenait l'eau. Aucun blessé chez nous, aucun contact même... Le véritable pouvoir était ici fantastiquement représenté.

Reculant un peu sur ma position, je soupirai un peu. Bien entendu que cette situation faisait écho à mes dernières pensées, mais j'étais quand même soulagé, égoïstement, de ne pas avoir perdu de camarade dans l'affaire. Les pauvres, en face, étaient tombés sur plus fort qu'eux, bien plus fort. De toutes mes forces, j'essayai d'etablir dans mon esprit que j'avais bien exécuté la chose... Restant Yukio et ne devenant pas un Tetsu destructeur. Les bonnes intentions, c'était ce qui nous séparait.

La grande surprise vint avec la première main tendue, puis une autre... Relevant les yeux, je vis Suigetsu s'avancer vers moi. D'autres l'accompagnait. Il y avait de la crainte, de l'admiration. Une distance entre eux et moi.

"La chance ne peut pas tenir, un jour était le dernier."
Aujourd'hui, j'avais été une chance.

Une paume effleura mon bras, une autre se mit à tenir doucement mon biceps... Des "merci", des "bravo". Une reconnaissance, presque religieuse. Devant un déchainement élémentaire, c'était leur réaction. Akabame, acteur également de cette victoire, vint me tendre la main dans une poignée virile. Il n'avait pas peur, lui, mais cela confortait sans doute ses paroles sur le danger. En tout cas, avec moi il était très content. J'étais mal à l'aise, comme si j'étais un messie alors que je ne faisais que quelque chose d'habituel pour moi.

Le fossé était tellement grand entre eux et moi.

Me dégageant de leurs étreintes, je me tournai vers le capitaine et son fidèle associé :

- C'est toujours non pour le grade d'officier. D'un sourire, il accueillit mes paroles avant de répondre.
- Pouvais-je, de base, te donner des ordres ? Jouant de mon malaise, il avait clairement incorporé ma réaction dans son cheminement. Il me laissait partir, c'était pour lui comme pour moi une expérience curieuse.

C'est peut-être le meilleur adjectif pour cette virée en mer : Curieuse.

Le jour suivant fut spécial, comme sortant de l'extraordinaire pour revenir à un quotidien basique, tout en gardant cette saveur d'après soirée... Une gueule de bois, pour moi, c’était une gueule de bois. Les gens souriaient sur mon passage, sans que je comprenne vraiment ce qui se passait. Je voulais juste rentrer au port, sur le continent et quitter cette atmosphère. Ne montant plus sur le mat, me contentant de rester au sol, à genoux en train de récurer le sol... Je ne voulais plus m'élever, autant physique que moralement. Rester à terre, sur du solide, c'était le mieux pour moi.

La fin du voyage fut l'occasion pour moi de gagner une petite solde, résultat de mon travail, même si le capitaine voulait me rajouter une prime pour mes actes dits "extraordinaire". Je refusai, je n'en avais pas besoin. Akabame, à la sortie des docks, vint me taper sur l'épaule pour m'inviter à une petite marche.

- Viens avec moi, on ira marcher une fois que j'aurai récupéré mon bien. Sans un mot, je filai alors qu'il m'emboitait le pas dans une allure un peu gauche. Il était plus grand et plus lourd. J'étais un furet alors qu'il était un rhinocéros, mais il tint bon jusqu'à la plage où j'avais planqué mon katana. Durant la grosse semaine d'absence, personne n'y avait touché... Je sortais le pommeau de mon arme d'un air triomphale, pour le découvrir vers mon camarade. J'ai pensé tout ce temps sans lui, c'est déjà trop ! Il inspecta rapidement ma lame avant de déclarer.
- Je me disais bien que tu étais un sabreur, ta technique sur le pont face au pirate montrait déjà pas mal... Tu as bien des talents, Yukio Imin.

Je ne le corrigeai pas sur mon nom de famille, pour une fois, je n'avais pas réussis à complétement chier ma couverture. Sans plus m'attarder, je rengainai mon arme pour faire signe au marin musclé que je le suivais. Cette fois, c'était lui qui ouvrait la voie et je pus facilement le suivre tant son rythme était régulier, mais lent. Il m'amena hors du port, à l'opposé de la plage, ce qui me fit un peu regretter d'avoir trainé ainsi sa carcasse, mais bon. Sans parler, il me fit monter une colline jusqu'à arriver à une large terrasse qui démontrait toute la puissance du lieu : S'étendait devant nous de larges horizons, devant cette scène il laissa quelques mots :

- C'est quoi ta prochaine destination, alors ? J'avais ma petite idée derrière la tête, mais je laissais le temps trainer avant de déclarer simplement.
- L'isthme, j'ai des choses à voir là-bas. Pour lui, comme le reste de l'équipage, j'étais en mission alors que j'avais servis au capitaine une tout autre version. Heureusement, j'avais vite repéré qu'ils ne cassaient pas du sucre sur mon dos... Une bonne chose à savoir. Je n'étais pas un vacancier pour Akabame.

Ma décision de partir vers les régions froides venait d'une information simple : Ogawa était parti là-bas pour nouer des liens avec la population locale, mais moi je ne cherchais que les beaux paysages qu'il m'avait conté. La mer m'avait amusé, mais c'était le contact avec les habitants de ces bords qui m'avait le plus fait grandir... Les autres, l'inconnu.

Je me résignai à ma nature de shinobi tout en étant persuadé que le fossé pouvait être comblé, par le service ou l'apprentissage. C'était le but de mon séjour : Decouvrir, expérimenter et, au-delà, réfléchir à moi.

Moi seul.
Moi face aux autres.

Mon rapport a beaucoup de choses. Dans mon désert, je n'avais pas beaucoup d'opportunité de grandir autrement que par la voie du ninja. J'avais été marin, après forain. La voie n'était pas tracée obligatoirement...

Au revoir la mer, bonjour la glace.

FIN DU ROULEAU II : L'AIR.




Le voyage de Yukio. Rouleau II : L'air.  Vagabo10
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