Diplomatie mercantile
Foulant le sol du domaine Kamiko d'un pas léger et serein, le dirigeant du clan Yamanaka en découvrait l'intérieur pour la toute première fois. Accompagné de sa jeune épouse, dont il s’agissait du baptême diplomatique à Konoha, il maintenait naturellement une démarche oscillant entre grâce et nonchalance, patientant alors dans une antichambre élégamment décorée, dont les ornements reflétaient le récent essor économique du clan qui le recevait. Il n'eut point à attendre longtemps, avant d'être convié dans un petit salon, à l’intimité plus propice aux discussions en comité réduit qu’une ostentatoire salle de réception, telle que celles dont il était coutume de faire usage lors de sommets politiques et autres rencontres d’importance. Or aujourd’hui relevait davantage de l’entrevue privée que de la visite en grande pompe.
Kirei : "C’est un honneur de vous rencontrer, Raion-dono. Je ne saurais suffisamment vous remercier pour votre formidable hospitalité, et l’attention que vous avez pu nourrir à notre égard. Par ailleurs, à titre personnel, sachez que je suis un grand adepte des pièces confectionnées par votre illustre maisonnée !" lança-t-il en s’inclinant poliment devant la maîtresse des lieux, Aimi faisant de même dans un parfait respect de l’étiquette témoignant de ses manières, tranchant avec la feinte maladresse qu’elle savait tout autant émuler.
Arborant un sourire des plus chaleureux à l’attention de son hôte, il souhaitait d’emblée établir un climat de confiance ou de détente, afin de fluidifier la communication et de faciliter les échanges. Il n’était guère non plus sans ignorer que l’ascension de la demoiselle au rang qu’elle occupait désormais s’avérait relativement récente, du moins au regard de sa propre intronisation, si bien qu’il ne souhaitait aucunement manifester un comportement susceptible de la troubler ou de la mettre mal à l’aise. Grande et élancée, pourvue d’atours à la mesure de sa position et du noble savoir-faire clanique dont elle était garante, elle faisait indéniablement une première impression plus que réussie aux yeux du télépathe, qui semblait percevoir un certain raffinement en parfaite adéquation avec ses valeurs.
Kirei : "Permettez-moi de vous présenter Aimi, mon épouse, et descendante de la famille Umiko."
Ainsi, l’objet de cette réunion concernait les enjeux économiques résultant de l’activité marchande des Kamiko, au sein de la Côte Verdoyante. Ils disposaient effectivement d’intérêts majeurs dans la région, dont les Yamanaka représentaient la principale puissance militaire, et potentiellement politique, depuis qu’ils s’en rapprochaient peu à peu de la conquête. La seconde kunoichi de la pièce, dont seul un Senseur pouvait percer la réelle nature, était pour sa part la petite-fille de la puissante Umiko Tomoyo, à la tête d’un vaste empire commercial, incontournable pour quiconque souhaitait fermement s’implanter localement. Il ne faisait dès lors aucun doute qu’un partenariat pouvait se révéler des plus fructueux pour chaque parti en présence, et que c’était avec grand plaisir que le chef de clan avait favorablement répondu à l’invitation de son homologue de la Feuille.
Kirei : "Conformément aux pourparlers ayant précédé ma visite, je vous remets ici la proposition d’accord à laquelle nous avons consenti." ajouta-t-il en déposant délicatement un dossier sur la petite table de bois lui faisant face. "Si je ne m’abuse, il vous faudra l’étudier de concert avec vos pairs, si bien que nous n’attendons nulle réponse prématurée. Prenez tout le temps que vous jugerez approprié."
La situation permettait ainsi aux principaux intéressés de se soustraire temporairement aux contingences administratives, qui ne cessaient habituellement de parsemer leur quotidien. Une bouffée d'air rafraîchissante, qui leur octroyait pour une fois la possibilité de converser avec davantage de légèreté.
Kirei : " Ce n’est point tous les jours que je rencontre une personne de mon âge s’étant vue investie des mêmes responsabilités. Notre homologue Nara était jusqu’à présent le seul de notre génération avec lequel il m’ait été donné de faire connaissance. Je suis ravi de pouvoir constater par moi-même que nous ne sommes guère les seuls, et qu’il existe des femmes occupant une position analogue. Peut-être qu’ainsi, le Sekai finira par briser les chaînes qui le retiennent encore au passé... Mais je crains de n'avoir commencé à digresser !"