[Training] Filature

Mon père était chelou depuis quelques temps, j'avais l'impression qu'il m'évitait et qu'il se comportait étrangement. Il me rembarrait pas comme d'habitude, il avait la tête ailleurs et il ne me regardait pas dans les yeux. Cela sentait clairement l'entourloupe si je ne le connaissais pas aussi bien et si je voulais en avoir le cœur net, il fallait que je le pris en filature. Il arrivait à la bourre à nos entrainements, à l'atelier... Bref, rien comme d'habitude et ça méritait enquête. Seulement, le vieux bougre avait des yeux derrière la tête, je pourrais pas lui faire à l'envers. Il me repèrerait à des kilomètres. C'était pas un shinobi pour rien. Il me fallait donc ruser, me la jouer ninja en somme mais à Suna... Déjà que lorsque je me baladais, j'avais droit à quelques regards de travers, si je me mettais à espionner le vieux de manière suspecte, cela allait créer une sacré merde. Tout ça parce que je voulais savoir ce qu'il trafiquait. J'étais pourtant pas de nature curieuse mais là...

Si le plan pouvait paraître à peu près simple sur le principe, et bien... c'était pas le cas. Si je voulais me fondre dans la masse, il me fallait être capable de me faire passer pour quelqu'un d'autres. Oh, je maîtrisais le henge de base mais cela ferait pas illusion face à un type comme lui. Il fallait quelque chose de plus.... métamorphosé. Je savais qu'il existait une version améliorée du Henge mais je l'avais jamais tenté jusque là. Fallait dire que je n'en avais jamais eu l'utilité. Comme quoi, il n'y avait que les cons qui changeaient pas d'avis. Cela ne m'avançait pas pour autant puisque je maîtrisais pas le machin et comme avec n'importe quoi, il me fallait commencer basique.

Me transformer en un type. Ouais, voilà du basique. C'était pas une transformation monstrueuse, si je conservais quelques caractéristiques subtiles, il y avait moyen de faire une illusion potable. J'étais encore chez moi quand je m'y tentasse une première fois... et c'était pas glorieux. J'avais la gueule d'un type trop féminin et mes proportions ressemblaient beaucoup trop aux miennes. C'était totalement foireux en vrai. J'avais plutôt la gueule d'un gars qui essayait de me ressembler en fait et le résultat était médiocre. M'enfin, je me reposais pas sur cet échec, il me faudrait bien plus que ça. Je supposais que j'avais pas assez bien visualiser l'image que je désirais prendre et peut-être que j'avais pas été assez généreuse en chakra. Je tentais donc de m'imaginer plus nettement ce que je voulais : un gars, une gueule pas trop mal mais pas trop bien non plus pour éviter de se faire trop remarquer, une bonne ossature, des épaules larges. Bref. Un bon bonhomme. Avec mes critères cependant. Une fois que je m'imprimais bien le truc dans le crâne, je composais les mudras nécessaire pour ma transformation et là.... là enfin ça avait de la gueule.


Je me trouvais beau gosse. Mais j'étais pas là pour me mater dans le miroir mais pour espionner mon vieux. Il me fallait mettre à profit cette transformation et du coup, la tester en réel pour m'assurer que l'illusion passait. Je finis dans le centre ville, jour de marché et autant dire qu'il y avait du monde. Je me baladais comme si de rien était, je matais les étales et je souriais. Je pouvais pas causer de toute façon. C'était qu'une transformation superficielle, pas de la chirurgie esthétique, hein! En tout cas, j'attirais pas l'attention et j'arrivais plus ou moins à maintenir la métamorphose. Mine de rien, ça demandait de la concentration, fallait pas croire. Comme le henge en fait.

Au bout d'un moment, devinez qui je vis? Mon putain de vieux! Qu'est-ce qu'il foutait là! Normalement il devait être chez lui à cette heure de la journée! Je savais qu'il mijotait un truc. Je me tenais à quelques pas derrière lui, je le quittais pas des yeux et sans me rendre compte, mon visage prenait une expression sévère, je plissais les yeux et serrais la mâchoire sur ma clope en attirant malgré moi l'attention des passants sur mon compte. Yukio tenait un certain paquet dans les mains, sortant tout droit de chez une femme que j'avais jamais vu. Le coquin... C'était ça? Il voyait une meuf? C'était pour ça qu'il était tout bizarre? Mais quand je me mis à regarder la "femme", je ne pus m'empêcher de penser que mon vieux avait des goûts... particuliers. J'allais pas juger.

Je continuais ma filature mais à un moment, je le vis s'arrêter net en chemin. Putain le salop! Il savait! J'étais sure qu'il savait que je le suivais. Il avait toujours eu un sixième sens le croûton pour ces conneries. Le coup de flippe de me faire gauler comme une adolescente me fit perdre ma concentration et ma transformation. Sans me laisser paniquer pour autant, je m'engouffrais dans la ruelle adjacente à ma position et je me transformais en la première chose qui me vint à l'esprit. Un chat.


Ne me demandez pas pourquoi un chat mais c'était l'image qui me vint à l'esprit. Et vous savez le plus choquant? C'était que j'avais réussi la transformation. J'avais pas eu à cogiter cent ans comme quoi... Qui avait dit qu'on avait besoin d'avoir un cerveau pour être shinobi? Alors que je me sentais relativement fière de mon coup, je m'apprêtais à tailler la route pour continuer mon enquête mais pile au moment où j'allais filer. Mon vieux.

Il était là. Devant moi. Droit comme un i. Ses sourcils broussailleux qui me regardaient avec sévérité.

" Tu me prends pour qui, gamine. Tu crois que je t'avais pas repéré? "

Est-ce que vous aviez déjà vu un chat avec une gueule blasée? Parce que c'était exactement la tronche que j'avais.

" Tu pouvais pas rester tranquille chez toi, hein? T'as gâché ma surprise la mioche! "

Une surprise? Il se mit à se gratter la tête d'agacement comme si j'avais tout foutu en l'air mais surtout avec un sentiment de gêne de s'être fait prendre lui aussi. Il s'approcha de moi - sous forme de chat toujours - et me prit pour me poser sur son épaule comme un sac à patate.

" T'es plus lourde que t'en à l'air.... C'était peut-être pas une bonne idée le gâteau. "

Alors que je compris à cet instant que le dai henge ne modifiait pas mon poids - et que mon vieux était vachement plus baraque que ce que je croyais - je compris pourquoi d'un coup il était si bizarre... c'était mon putain d'anniversaire. Et merde.