Flagrant délit | Mission rang C | feat: little Kouta

Je desserrais ma cravate autour de mon cou, jusqu’à ne plus être obligé de déglutir difficilement à chaque respiration. Les bras croisés, mon long imperméable marron claquant au vent, j’attendais le regard froid, les sourcils froncés. Heureusement que j’avais mes gants, sinon mes doigts seraient littéralement gelés. Le vent froid de l’automne fouettait mon visage et avait un contact rassurant, cela me rappelait les temps anciens lorsque j’avais encore une maîtrise parfaite de mes talents de shinobis. J’étais un maître du futon, cependant, je me suis empâté au point, où je n’avais plus rien de bien exceptionnel. Il me fallait réparer tout cela, reprendre le travail sérieusement.

Encore fallait-il que mon partenaire arrive. Un jeune genin devait m’accompagner, ordre de l’Hokage. Je ne pouvais pas refuser, car je n’étais personne, enfin pas encore quelqu’un d’assez important à mon gout. J’avais fait mes recherches rapidement en avant de lui envoyer un mot. Un jeune garçon membre de l’équipe de l’excentrique Kamiko Fumetsu… Je me demandais encore quel genre d’énergumène non Hyuga on allait me forcer à supporter. Je soufflais alors qu’un nuage de buée se formait devant ma bouche.

Que j’avais hâte de pouvoir partir, la mission qu’on m’avait donnée était intéressante. Enquêter était follement excitant. De plus, c’était pour punir quelqu’un qui s’approchait un peu trop près des prérogatives patriarcales. Je comprenais le commanditaire, après tout, je ne me sentais pas prêt moi non plus à laisser n’importe quel homme approcher ma fille lorsqu’elle serait en âge. C’était donc sans aucune honte et probablement même avec une légère joie que j’attendais d’y aller.

Je patientais aux portes de la ville, le temps que l’autre me rejoigne. Le voyage allait être long, en sachant que nous allions devoir marcher un peu.

Savoir que cette mission allait prendre quelques jours, me tranchait le cœur, car je devais ainsi m’éloigner de Ringo et cela m’était inadmissible. Enfin, je savais bien que Katsuhide et Nô, sa fille la surveillerait durant mon absence, cependant, cela invoquait une certaine terreur en moi.

D’un souffle profond, je retrouvais le contrôle de mes pensées et faisait cesser ses pensées rétrograde. J’étais en mission, il n’était plus le temps de s’amuser de la sorte. Je laissais ainsi le froid envahir chaque parcelle de mon corps et refroidir mon cœur. Il n’était plus question de rien d’autre.
Finalement, alors que je voyais le jeune garçon arrivé, je tournai la tête, le nez rendu rouge à cause du froid et je tandis la main en sifflant de manière chantante :

« Ongaku Koutaishi, c’est ça ? J’espère que tu as bien fait tes bagages, le voyage va durer quelque temps ! »

Puis, amorçant mon départ, je me rendis compte que je ne m’étais pas présenté, je repris avec un sérieux que je n’avais pas au quotidien :

« Hyuga Kenzo, enchanté de te rencontrer ! Je te raconterai les détails de la mission en chemin ! »

Et sans un regard en arrière, je repris d’un bon train. Il y avait tout intérêt à ce que l’autre ne soit pas un boulet. Car c’était important pour moi !

La première impression que me laissa le genin fut assez mauvaise à se lamenter sur le fait qu’il n’avait que peu d’affaire à emporter. J’avais claqué un coup sec de la langue, pour montrer mon mécontentement. Moi aussi j’étais orphelin, j’avais perdu mes parents et on ne me voyait pas en train de chouiner que je n’avais pas beaucoup d’affaire. Enfin, j’étais peut-être un peu trop sévère et mauvaise langue sur ce coup-là, car ce n’était qu’un enfant. Il était clair que je ne pouvais pas attendre autant d’un enfant que d’un adulte comme moi. Je devais m’armer de patience avec ce petit être.

Alors que nous marchions, j’expliquais alors rapidement en quoi consistait la mission d’un ton sérieux et froid, ce n’était pas l’heure pour moi d’être le gentil père de famille, mais bien l’impitoyable shinobi et à ce compte, aucun sentiment ne transparaissait réellement à part un sérieux exagéré. Je m’armais de toutes mes capacités pour prouver à tous que j’étais de retour dans la course et que j’étais bien assez fort. Tout cela était politique et j’avais l’impression d’être un pion sur un plateau géant, c’était une condition désagréable et je haïssais sincèrement cela, mais avant de jouer avec les pions, il fallait parfois se salir un peu les mains.

« Un samouraï de seconde zone alcoolique, plus portée sur la littérature que sur l’art du sabre tente de courtiser la fille d’un noble. Mais son père n’entend pas les choses de cette manière ! Nous devons saboter la réputation du courtisant en se débrouillant pour qu’il soit pris en plein la main dans le sac avec une femme. Peu importe comment cela devait se passer ! »

Cette mission m’excitait beaucoup, car je me revoyais dans ce noble, jamais je ne pourrais tolérer qu’un mécréant au sang impur puisse courtiser ma fille. La domination patriarcale était un fondement même du monde et vouloir aller outre serait de la pure folie. Impitoyable et précis, j’étais prêt à réduire sa vie à néant pour que plus jamais, il n’essaye d’ébranler l’ordre naturel des choses ! Les impures avec les impures, les pures avec les putes ! Il ne manquerait plus que l’endogamie ne soit plus le modèle naturel pour les relations !

Un léger sourire se dessinait sur mon visage alors que je songeais à tout ce que je pourrais lui faire subir. C’était presque devenu personnel, mais j’étais professionnel et rien ne troublera la bonne mise en œuvre de cette humiliation en règle. Tout allait devoir être parfait !

Ce fut à ce moment-là, que le jeune homme qui me suivait pris la parole, je l’avais presque oublié celui-là. Je me décidais à faire preuve de bienveillance avec lui et d’écouter ce qu’il pouvait bien me dire. Il m’expliqua que ses capacités allaient pas mal pour une mission de cette envergure. Il avait quelques tours dans son sac et semblait avoir un talent pour la musique comme il m’avait déjà semblé le voir en enquêtant légèrement sur lui. Le fait qu’il soit mélomane donnait une certaine saveur à ce petit être spécialisé dans les illusions, il n’était pas comme tout le monde… l’excentrique que j’étais appréciais cela ! Avec tout ce qu’il savait faire, nous avions largement assez de connaissance pour ridiculiser notre petit ami, sachant qu’à part ce qui concernait les illusions, je savais tout faire comme lui.

Mais, ce n’était pas tout, car le jeune musicien n’avait pas terminé. Mes yeux se réduisirent à deux petites fentes lorsqu’il me demanda s’il pouvait partager son plan avec moi. Un masque sévère sur le visage, j’hochai la tête, il avait attiré mon attention et je sifflais alors :

« Vas-y, raconte-moi tout ! »

J’étais assez curieux de voir comment il voyait les choses, ce qu’il pourrait faire, comment il comptait piéger notre ménestrel. Il y avait de grandes faiblesses dans ce plan, il avait oublié de nombreux éléments dans l’équation et au final, seul une saveur de faiblesse se dégageait de ce plan et même le jeune Koutaishi s’en rendait compte. C’était du coup à se demander pourquoi il m’en avait fait part s’il connaissait sa faiblesse ? Mais in fine, peu importais, l’idée était bonne, il y avait quelque chose à faire avec au moins la moitié de son plan. Il avait mis le doigt sur quelque chose de fort pertinent. Il n’y avait pas besoin de vérité vraie, seulement d’illusion, d’apparence pour gâcher la vie de quelqu’un. Le monde était le règne des apparences et ça allait être ces apparences qui allaient causer la perte de notre cible. Mais, il fallait corriger les faiblesses de son plan avant cela.

Je lâchais un soupir et expliquais alors :

« Mais nous n’avons pas la moindre sorte d’idée à quoi ressemble la fille de notre commanditaire et aller la voir pour ensuite se débrouiller pour se faire passer pour elle serait trop long et risquera de nous faire attraper quand tu changeras de henge ! Mais, pour le reste, l’idée est plutôt bonne. Ridiculisons-le avec des apparences trompeuses ! »

Le genin n’était pas stupide et son plan était même plutôt ingénieux, bien qu’ayant une faille à l’intérieur. Je l’avais probablement mal jugé. Ce n’était pas une raison pour me détendre ou m’attendrir, j’étais en train de travailler et je comptais bien ne pas dévier d’un seul millimètre de ma tâche, peu importais ce qui se passait autour de moi !

Je repris alors pour synthétiser le plan que nous allions mettre en place :

« Tu vas te transformer en une jolie jeune femme pour le charmer et le faire boire, quant à moi, je me débrouillerai pour ramener le noble et sa fille dans le bar où il sera fin saoul à discuter avec une femme, toi. Il y aura alors l’occasion parfaite pour ruiner sa carrière en le montrant comme il est, saoul et libidineux ! »

J’étais plutôt satisfait de ce plan qui ne laissait pas beaucoup de place au hasard, tel des marionnettistes, nous allions toucher les fils du destin pour arriver à un évènement parfait. C’était satisfaisant d’avoir un contrôle absolu sur l’existence, cela donnait presque l’impression qu’on était l’égal de dieu où presque. C’était une pensée jouissive pour moi et mes ambitions. Devenir l’égal d’un dieu était follement excitant !

Ce fut à cet instant que je me rendis compte que je n’avais pas fait part de mes capacités au jeune garçon. Je ralentis légèrement pour me retrouver à la même vitesse que le jeune homme et commença alors :

« Je sais moi aussi manipuler ma voix, mais je suis plus fort en camouflant mon chakra et en donnant des coups en traître. Je sais bien maîtriser mon Byakugan et je suis particulièrement fort pour envelopper mes attaques au corps à corps de vent. Je n’ai pas de talent particulièrement utile pour cette mission outre ce que chaque shinobi sait faire ! »

Oui, mes capacités étaient plus tournées pour l’assassinat avec la plus glorieuse des armes : mon corps. Mais, tout allait bien se passer, je le sentais, tout allait se passer comme sur des roulettes !