Les terrains d'entraînement.
Ils ne permettaient pas, malgré toute l'intention des autorités du village lors de leurs confection, de représenter la réalité des forêts dans lesquels Chō-sensei avait fait s'affronter ses Cavaliers, à la fondation du groupe. Pourtant, un parfum de nostalgie flottait autour grillages qui limitaient les zones. N'ayant plus l'autorisation de quitter l'enceinte du village sans motif ni supervision, Eru avait choisi un terrain boisé, réservé aux entraînements plus tactiques, afin d'y retrouver Kokei-senpai.
Sur son chemin, un lancer débutant de shuriken avait ricoché sur son armure. L'Aburame, de son attitude terne, n'avait semblé que peu dérangée par cette attaque sournoise. Plutôt, elle s'était arrêtée pour observer ce maladroit accourir à ses pieds, puis se surprendre à comprendre qu'elle n'était pas un arbre. Après un bref et menaçant échange — malgré elle —, elle troqua un moment son mutisme contre le shuriken. Son rendez-vous demandé à l'Hyuga possédait un message clair et implicite, pensait Eru. Son désir abstrait, cette énergie qui posséda soudainement son geste svelte, déchira la distance d'un lancer si puissant que le poteau planté au milieu de la clairière s'ébranla.
Un parfum de nostalgie : au creux des bois, ses premiers lancers manquaient également leurs cibles. Ce gamin irait loin, se dit-elle en quittant, un regard inexpressif jeté sur cette gueule que le petit ne parvenait plus à refermer.
Une fois le terrain prêté atteint, la géante s'installa sur un tronc tombé aux cicatrices multiples, marques laissées par ceux avant elle. À l'arrivée de Kokei, il put retrouver Eru au creux de cette installation figée d'une forêt de leurs passés. Ici, la mélodieuse ambiance du monde des minuscules ne claironnait point. Sans eux, tout lui paraissait artificiel.
L'imposante Cavalière souleva sa silhouette pesante et porta sa main à son coeur.
— Excusez-nous, Kokei-senpai. Il y a longtemps que nous nous sommes vus. Exactement trois mois, deux semaines, cinq jours, treize heures et vingt-six minutes. Encore un peu et nous battions mon record avec Meito, disait-elle pour plaisanter, dans son humour singulier et sans sourire. Les insectes ne bougent point. Autrefois, cela était signe de tension. Mais aujourd'hui, la tension n'est pas... réelle. Je... Elle hésita. Eru n'hésitait quasiment jamais. Pourquoi avoir accepté de me rejoindre. Il n'est pas courtois de provoquer ses senpai.