Kamiko Fumetsu était un homme bien charmant, poli, raffiné. Un homme qui lui avait offert un kimono, une magnifique pièce d’art qui avait su rendre quelques jalouses parmi ses cousines, à qui, elle s’était, sans aucune gêne, vanté qu’on le lui avait offert, pour sa beauté. Et donc, la demoiselle aux pupilles laiteuses avait décidé qu’elle allait personnellement remercier l’homme. Pour se faire, elle avait passé la matinée dans les boutiques, papillonnant entre l’une et l’autre, perdant souvent de vu son objectif premier, mais, au final, elle y parvint. Elle avait trouvé le cadeau parfait. Enfin, parfait … elle osait croire que ce l’était.
Lorsqu’elle prit le chemin du manoir des Kamiko, la belle Hyuga avait revêtit le kimono que lui avait offert le Kamiko, lors de leur dernière rencontre. Au ton aqua, aux motifs de Sho Chiku Bai, les arbres de l’hivers, le kimono qu’il lui avait offert était une véritable œuvre qui l’avait conquise dès la première fois qu’elle l’avait vu. Alors, même si l’occasion n’était nécessairement à porter ce genre d’atour, Chiyo avait du mal à lui résister – et puis, le porter ainsi montrait à quel point elle avait apprécié le recevoir. Entre ses mains délicates, elle tenait son paquet, enveloppé dans un morceau de soie bleu marin.
En arrivant sur les lieux, la jeune femme regarda autour d’elle, étudia les jardins luxuriants, les bâtiment suintant le luxe. C’était très différent du domaine Hyuga, qui brillait de son austérité traditionnelle. Le domaine Kamiko semblait chaud, lumineux, extravagant, alors que chez elle, c’est froid, sec, rigide … rassurant. À ces fleurs, Chiyo y voyait un désordre, charmant, bien sûr, mais étranger.
Un petit soupir franchit ses lèvres, il était temps de chercher l’objet de sa visite. Un regard à droite, un regard à gauche. Chiyo n’avait aucune idée d’où elle devait aller. Pendant un instant, l’idée de régler son dilemme avec son Byakugan effleura son esprit, mais ce n’était guère poli. Il faudrait se résoudre à demander, mais à qui. Évidemment, il y avait quelques jeunots du clan qui allaient et venaient, mais la demoiselle aux yeux perle n’osait les déranger avec sa demande triviale.
Immobile, la jeune Hyuga resta là, pantoise, incertaine. Peut-être même que Fumetsu n’était pas au clan ? Mais elle ne pouvait le savoir. Il faudrait bien bouger, sinon elle finirait par faire tâche dans ce décor. Ramassant un peu de courage, elle aborda une femme qui passait par-là.
« Pardonnez-moi, ma chère, mais je suis à la recherche de Kamiko Fumetsu-sama, pouvez-vous me dire où je peux le trouver ? »
Une matinée comme une autre se lève sur le domaine Kamiko. Une matinée même, somme toute, plutôt calme et joyeuse si on écoute le calme par-delà le chant des oiseaux et le bruissement des feuilles. Temps béni pour la propriété, habituée à vivre au rythme insoutenable des humeurs tempétueuses de son nouveau représentant. Pour tout vous avouer, le calme relatif de la journée n’est dû, en réalité, qu’au sommeil salvateur qui est venu cueillir une Raion épuisée par les trop nombreuses journées passées à retourner et réorganiser la maison.
L’élection avait mis peu de temps à faire le tour de toutes les branches, mais aucune d’entre elles n’avaient eu réellement le temps de les voir se mettre en place … jusqu’à dernièrement. La dernière réforme en date concernait directement les différentes têtes des trois branches, leur imposant des rapports constants, en papier ou en personne, afin de satisfaire les pulsions maniaques du contrôle de Raion. Même les habitants du domaine, pourtant habitué à une vie relativement tourmentée depuis qu’elle était née, commençait à découvrir ce que signifiait cette nouvelle existence sous la houlette de la fille de Kenta. Une houlette où, malgré les ajustements effectués par-ci par-là dans les directives par l’assistant de la jeune femme, il semblait être hors de question de ployer. Partout, la rumeur de la veille concurrentielle résonnait et la volonté expansionniste des marchands Kamiko n’était plus un secret pour Konoha. Alors que le regard du Sekai était tourné vers les promesses d’une paix durable avec Uzushio, celui de Raion ne s’arrêtait plus de lorgner sur les organisations commerciales de la puissance, dont elle préparait l’assaut avec des denrées d’un tout nouveau genre pour y écraser la concurrence. De quoi donner bien du mouron à la nouvelle Hokage, si on écoutait les anciens, alors que la lionne Kamiko n’y voyait rien de plus qu’une bénédiction. Un monde de femme de pouvoir commençait à naitre et il était hors de question que Konoha régresse.
Un tourment d’information et de plan qui tenait la nouvelle figure de proue debout, tant son esprit bouillait d’idée pour révolutionner les habitudes d’un peuple inconnu et de possibilité pour celui si turbulent du désert. A peine levée que déjà, les feuilles de schémas et de croquis volent autour d’un petit déjeuner fournis. Ses sashimis avalés en quatrième vitesses, Raion quitte son père avec l’urgence qui la caractérise quand elle réfléchit à un mauvais coup. Elle avait besoin de marcher pour faire fructifier les pensées nocturnes qu’elle avait couchées sur papier. Elle n’arrivait pas à s’imposer la patience et l’attente, de peur de voir le processus complexe de création disparaitre. Aussi la voilà traversant la coursive principale, un instant pensive, le suivant interloquée par la présence, surprenante, d’une étrangère dans le domaine. Une invitée ? Sans qu’elle soit prévenu ? Une contrariété qui pris une tout autre tournure quand cette dernière posa sa question, hésitante.
« Fumetsu ? »
Si tantôt un sourcil d’interrogation s’était levé, le visage de Raion se fend maintenant d’une expression mi-figue mi-raisin alors qu’elle dévisage la jeune femme. Oublié, la réflexion de domination commerciale. Oubliée le besoin de design uniques pour les prochains kimonos. Absorbées par les yeux blancs trahissant les origines de la petite Hyuga, Raion se perd sur le teint entretenu d’une femme soucieuse de son apparence et … l’une des créations exclusives de la famille Kamiko. Un sourire s’esquisse, en même temps que les contours en amande du regard gris acier de la brune se plisse de malice. Puisqu’il s’était, lui aussi, mis à envoyer des candidats à la tâche si particulière de la marier, il était grand temps de lui rendre la monnaie de sa pièce.
« Serait-ce lui qui vous a offert ceci ? » L’espièglerie transparait à travers la voix de la jeune femme, qui ne peut s’empêcher de continuer. « Je crois comprendre ce qui a motivé sa charmante attention. »
D’un geste, elle invite la jeune Hyuga à la suivre à l’intérieur de la bâtisse principale, continuant la conversation avec la nonchalance qui la caractérise. L’aisance avec laquelle elle évolue dans la situation démontre sans peine que, de toute les figures claniques de Konoha, la jeune chef des Kamiko ne craint aucunement que des extérieurs s’aventure avec elle dans son bureau. Une façon, implicite, de prouver sa prospérité et, si la demoiselle était bien une conquête potentielle, de nouer une confiance même factice. Elle ressort aussitôt de son bureau, chargée d’un plateau avec sa théière favorite et les douceurs qui avaient survécues à la matinée.
« J’ai bien peur que mon petit fripon de cousin ne soit sorti mais vous tombez à pic. »
Anticipant le possible départ de la ninja, elle se permit de surenchérir aussitôt, cachant mal le sourire enjoué qui s’entendait jusque dans sa voix. La coquetterie de son interlocutrice ne pouvait lui échapper, alors autant exploiter cette faille pour en apprendre plus sur les ruses de ce petit fourbe de chef du Terrain. Fricoter avec une Hyuga était un mouvement politique comme un autre, mais qu’en était-il des réelles intentions de son cher cousin ? Quand bien même leurs relations étaient positives, Raion n’était jamais sûre de pouvoir compter sur lui, comme si, malgré les qualités indéniables d’un tableau, quelque chose de faux venait l’entacher. Et la jeune femme, habituée à produire des produits de luxe unique, avait horreur de la contrefaçon. Aussi fouillerait-elle sans répit, jusqu’à tout savoir, pour son bon plaisir et le malheur éternel de ceux qui attirait son attention.
« Il nous manquait un modèle pour les essais de la dernière collection. Que diriez-vous de joindre l’utile à l’agréable, quitte à attendre Fumetsu ? »
Août, an 16 La déclaration de la femme laissa Chiyo perplexe, mais elle laissa cela couler. Elle n’allait pas enquêter sur la motivation de Fumetsu, ça ne serait pas vraiment poli. Lorsqu’il voudra en parler, il viendra de lui-même. Ce n’était pas à elle de fouiner, elle n’était pas di méfiante de toute façon et si jamais les intentions étaient mauvaises, elle savait que les siens ne laisserait pas l’homme lui faire quoi que se soit. Alors, la délicate Hyuga chassa de son esprit la curiosité naissante, préférant simplement croire à la bonté humaine.
Elle suivit donc son aînée dans le domaine Kamiko, dévorant des yeux le décor l’entourant. Elle n’Avait pas l’habitude à ce genre d’élégance qui s’opposait farouchement à l’ordre et l’austérité grâcieux du domaine Hyuga. Puis, la femme révéla enfin ses intentions, lui demandant de modeler une nouvelle collection. Les joues pâles de la genin s’enflammèrent violement. Elle se savait jolie, après tout elle avait la parfaite génétique des Hyuga, mais jamais elle ne s’imaginait être le modèle de quoi que ce soit !
Le regard perle de Chiyo se posa sur la femme, incertaine, cherchant une raison de refuser … mais elle ne trouvait pas. Peut-être était-ce à cause de l’envie dévorante de tenter sa chance, de pouvoir vêtir de si beaux tissus et puis de s’en vanter au près de ses cousines ? Mais à quel point était-elle vaniteuse pour penser à de telle choses ?
« Oui, bien sûr, je n’y vois pas de mal. »
Et Chiyo offrit un sourire timide à son interlocutrice. Elle était sous le charme, incapable de ne pas se laisser appâter par de telles parures – surtout si elle était aussi belle que celle qu’avait faite Fumetsu-sama. Quelle chance avait-elle eut de tomber sur cet homme en courant les boutiques l’autre jour ?
« Dites moi simplement que faire … Je dois avouer que je n’ai jamais fait ce genre d’activité auparavant. »
En général, les Hyuga étaient plutôt pudiques et fermés, alors, à l’exception d’essayages personnel, rares étaient celles qui allait participer à ces tâches quoi qu’élégantes et raffinées … C’était tout à son avantage tout de même. Ses cousines allaient être vertes de jalousie et s’en mordre les doigts. Faisant de son mieux, elle chercha à cacher cette idée dans les confins de son esprit, ce n’était pas une façon d’agir et de penser !
« Je me nomme Hyuga Chiyo, ravie de vous rencontrée … »
Elle venait tout juste de réaliser qu’elle n’avait pas fait preuves des politesses basiques, alors, la menue Hyuga s’inclina poliment, se présentant à la femme. Femme qui restait un mystère complet pour elle, puisqu’elle restait sans nom encore.