L'art du soin [feat Uchiha Akira]

L'art du soin

J’avais reçu un message assez étrange de Kamiko Fumetsu, il voulait me voir le lendemain, il me donnait même un rendez-vous à un terrain d'entraînement, mais je n’avais aucune idée du projet. L’homme ne s’était pas vraiment manifesté depuis mon retour à Konoha après un mois d’absence. Pourtant la réalité avait explosé, il avait été révélé que mon père avait attenté à ma vie. Ce n’était pas une occasion rêvée ? Lui qui avait des rancœurs envers mon clan, je l’aurais cru plus présent. Alors oui, j’étais intrigué par un message aussi… Succinct. Je ne devais plus être égocentrique au point de croire que j’étais le sujet de toutes les pensées, il avait sans doute de bonnes raisons qui ne me regardait pas. Ce matin-là, je n’eus pas vraiment de difficulté à me lever. Comme à mon habitude, enfin à ma nouvelle habitude, j’avais aidé Kagome dans les premières tâches de la journée. J’avais ensuite mangé avant de partir en expliquant bien où j’allais et avec qui. C’était devenu un réflexe, par peur de disparaître à nouveau sans doute, ou simplement car pour une fois, je comptais.

Arrivée donc sur place, je vis rapidement l’homme qui me salua en me demandant si j’allais bien. Ne me laissant pas répondre, il parla de promesse, celle selon laquelle il devait m’aider ? Il parlait bien de ça ? J’avouais qu’avec lui on ne pouvait jamais savoir, d’autant qu’il semblait assez renseigné au sujet de mes récentes passions. « Je vais bien et vous ? » demandais-je en m’approchant prudemment. Il avait des yeux partout, mais il n’avait pas réagi à mon retour. Qu’avait-il en tête ? « Aburame Hideaki a commencé en effet à me parler de l’Irou Jutsu, ne voulant pas le déranger j’ai fini par lire quelques livres à la bibliothèque sur le sujet. J’aime toujours en savoir le plus sur tout et c'est rassurant de se dire que tout n'est pas tourné vers la mort dans les arts ninja », c’était surtout que si j’avais envie de ne plus le déranger quand je forçais un peu trop. Si je réussissais à avoir une maîtrise aussi précise que lui avec mon chakra, il me serait possible de le soigner.

Ils en faisaient beaucoup pour moi, alors c’est à moi maintenant de ne plus être un poids, du moins pour ça et puis ça m’éviterait sans doute une mauvaise surprise si demain mon père décidait de me laisser de nouveau pour mort. Après je ne voulais pas me reconvertir, je n'avais clairement pas l’âme d’un médecin et c’était plutôt dans un but assez égoïste que je m’y intéressais, mais je supposais que si l’on pouvait soigner des blessures plus ou moins profonde sans avoir besoin d’être un Jonin c’était bien que l’art restait accessible non ? Je voulais m’en sortir, vivre, pas juste survivre et dans un clan où toutes les forces devaient être tourné vers la puissance et la violence… Ca ne serait jamais qu’une preuve de plus que je n’étais pas comme les autres. Que j’étais un paria, mais un paria utile et bien dans sa tête. Un paria loin de la folie, loin de ces ruptures qui rendaient leurs esprits fous.

ft. Fumetsu

L'art du soin

J’eus un moment de flottement quand il répondit de façon assez dramatique qu’il n’allait pas bien. Mais il faisait de l’humour, il était de retour à Konoha et avait appris ce qu’il m’était arrivé. Je lui avais fait fort impression et il s’était intéressé à moi dès mon retour. Avec tout ce qu’il avait appris, il voulait m’aider pour faire oublier son absence et me faire grandir. Pour lui le futur dépendait de moi. Il avait des idées assez fortes en tête. Des idées qui allaient à l’encontre de celles des autres de tout évidence. Intrigué, il reprit en affirmant qu’il était ici pour la médecine, sur la capacité des ninjas à sauver des vies, à soigner des blessures, de la plus anodine à la plus impressionnante. Ces explications auraient pu être intéressantes s'il ne décida pas subitement de se sectionner un doigt, comme ça devant moi. Faisant un mouvement vers l’avant pour essayer de faire quelque chose, j’eus la surprise assez désagréable de voir son doigt se recoudre de lui-même à son corps. C’était… Ce n'était pas de l’Iroujutsu, je n’avais rien lu de similaire et c’était… Ce n’était pas de l’Iroujutsu…

Hypnotisé par ce qu’il venait de faire, il avait toute mon attention quand il commença à expliquer plus en détail ce qu’il attendait de moi. Il ne voulait pas que je m’arrache un bras. Fort heureusement… Il voulait qu’on commence plus faiblement, mais pas sans importance, bien au-delà, c’était vital. Il allait s’entailler et il faudrait que je les soigne à mesure qu’il en faisait. Me connaissant, il savait que cette technique serait un bon début avec moi, mais avant ça, il devait me montrer. La technique se basait sur un flux de chakra concentré sur les paumes ouvertes contre la blessure. Et bien évidemment plus la blessure était complexe, plus elle était difficile à soigner.

Faisant alors une démonstration, il me laissa le temps qu’il fallait pour saisir la théorie et essayer dans le vide avant de commencer à se blesser. Il attendait de moi que mon chakra devienne vert, ce qui semblait être le signe d’une maitrise primaire de cet art. Il fallait que je me lance.

Concentrer son chakra me semblait être quelque chose de possible certes, je devais le faire avec du Raiton ou du Genjutsu, ça ne représentait plus un problème, je maîtrisais cette partie du Chakra, en revanche, c’était sur comment le transformer en un flux de chakra permettant de soigner. Comment je devais diriger mon énergie au juste ? C’était si… Complexe… « Comment mon chakra est censé conduire à un soin ? » demandais-je bien que des heures durant j’avais lu des livres sur le sujet. Devant le fait accompli, l’importance d’un nouvel art, je me perdais. C’était comme paniquer devant une première interrogation. « Ne répondez pas, j’ai la réponse, faut juste que j’arrête de stresser, vous n'êtes pas vraiment en train de mourir. » lui demandais-je donc. L’Iroujutsu c’était l’accélération de la régénération des cellules, donc la stimulation, il fallait être en mesure d’atteindre le chakra de chaque cellule pour les pousser à se régénérer. Bon c’était assez vague, sans doute car je n’avais jamais essayé et que dans les faits, ça ne me semblait pas assez précis, mais c’était l’idée. Il fallait que je tente, que j’essaie et que je comprenne.

Alors je commençais à concentrer mon chakra dans mes mains, le réunissant et essayant de ne pas le compresser pour ne pas le faire exploser dans une orbe de foudre. Ce qui, de par la nature de mon chakra, semblait être assez impossible, du moins dans un premier temps. Ignorant donc les quelques rejets qui naquirent par la foudre, je continuais, rassemblant, guidant jusqu’à sentir une chaleur qui se teinta de vert. Ok, ok, c’était vert, mais j’avais trop de questions, « Ok, en fait comment c’est censé soigner des blessures béantes. L’activation cellulaire, la stimulation de la régénération je l’ai en tête, mais dans les faits, comment du chakra que refermer un trou béant ? Je crois que je n'ai pas été assez attentif, j’ai pas retenu ça. J’ai retenu le reste, ce qu’on peut faire et tout, mais sur le papier, la base, ça se passe comment ? » demandais-je un poil paniqué à l’idée d’être nul. C’était une chose de vouloir, mais est-ce que je maîtrisais assez mon chakra pour ça ? C’était censé être les meilleurs qui y arrivaient, ce n'était pas mon cas.

ft. Fumetsu

L'art du soin

Je ne sais pas exactement si c’était la panique, ou juste un refus de réalité, mais le sourire de l’homme ne me rassurait pas. Avec lui tout était possible, le meilleur, comme le pire. Heureusement alors qu’il ne me laissa pas trop longtemps dans le silence et qu’à peine quelques secondes après mes questions, il y répondit. Il fallait déjà que je trouve le calme dans mon esprit. Le stresse n’avait pas sa place dans cet art, pas plus que les erreurs. Céder à la panique, ne pas réussir à faire le vide c’était s’exposer à la mort, à l’échec, et il n’était pas permis. Je devais tout oublier, des maux de ce monde à la première nature de mon chakra qui s’était exprimé, avait filtré à mes premières tentatives. Je devais penser uniquement à la réussite, à malaxer mon chakra uniquement pour ça. Hochant donc la tête, je gardais tout en tête, je me le répétais, je le retenais pour ne rien oublier, jamais.

Il bascula alors à la théorie. Ce n’était qu’une accélération cellulaire, aussi impressionnant cela serait-il, c’était ce simple fait, cette simple réalité qui permettait de faire se rejoindre les chairs, quant aux détails avec précision… J’allais devoir admettre une part d’impossible, de mystère, de secret. C’était… C’était compliqué, j’avais besoin de tout rationaliser, surtout l’inconnu et ici… Ici cela n’aurait pas de réponse. On le faisait, on poussait le corps à y arriver, on pouvait même ramener les morts à la vie, mais il n’y avait pas de justification à tout. Comme pour des illusions, l’on pouvait créer un enfer et sauver l’impossible par la simple volonté. L’esprit humain n’avait aucune limite et j’allais devoir le concevoir. Baissant les yeux à ces derniers mots, je savais que certaines choses ne dépendaient pas du chakra, je l’avais admis, mais c’était toujours étrange à entendre. Il fallait donc que mon chakra rayonne, qu’il stimule chaque cellule. Je pouvais le faire… Et j’allais le faire, car il venait de se blesser, de m’inviter à le rejoindre pour visiblement passer à la pratique. Je ne devais penser qu’à la blessure. Juste à ça. Pas aux risques, juste à la réussite. « Bien. » soufflais-je alors, m’avançant vers lui pour regarder la blessure.

Je devais la comprendre, visualiser ce qu’il y aurait à soigner, à réparer, je devais la saisir. Si je savais à quoi m’attendre, je n’aurais pas peur, je ne pourrais pas avoir peur. Prenant une grande inspiration, je tendis les bras vers lui, vers ce bras fragilisé et sanguinolant. Il n’y avait aucun mort, aucun danger, tout irait bien, je devais juste… Ne pas s'électrocuter comme je fis pour mon premier essai. Retirant brusquement mes mains légèrement tremblantes, « Désolé. », soufflais-je un peu paniqué alors que sa peau fumait légèrement de cette agression. J’avais empiré la blessure, je devais faire le vide. Ça irait. Me reprenant alors, je ne perdis pas plus de temps, fermant les yeux en posant de nouveau les mains au-dessus de lui. J’allais y arriver. On allait le faire. C’était juste une question de patience, d’apprendre dans le calme, dans la compréhension, la gentillesse. Je ne risquais rien. Il ne risquait rien. Alors au lieu d’envoyer le chakra dans mes mains, je cherchais à faire le vide, à me retrouver de nouveau sur ce lac, à l’abri de toute turbulence, dans le plus grand des calmes, là où je me réfugiais dans mon esprit. Cet exutoire devait se réchauffer, s’éveiller d’aucune nature, juste rayonner pour atteindre ma conscience.

Après ce qui sembla être une dizaine de minutes, je finis par ouvrir les yeux, les posant naturellement et dans le calme sur cette blessure. Étendant mes doigts au-dessus de la blessure, j’y concentrais mon chakra pour irradier cette dernière. Je sentis la chaleur glisser de mon corps au sien, et lentement, sous mes yeux, la blessure se referma. C’était clairement bien plus long que lorsque lui essayé, ce n’était pas non plus régulier, comme-ci mon chakra se faisait encore timide, mais la finalité fut là. Sa peau se referma, ne gardant que comme souvenir le sang séché sur sa peau.

Aussi étrange cela soit-il, j’étais apaisé, calme, conscient aussi que cette réussite dût se confirmer, ou cachait bien plus qu’un simple soin. « Il faudrait que je recommence sur une blessure un peu plus importante, je ne suis pas régulier sur ma diffusion, j’ai besoin de mieux mesurer la quantité de chakra que j’infuse. » soufflais-je en relevant les yeux vers lui. J’étais tout proche, vraiment tout proche.

J’étais loin d’avoir échoué, mais j’avais besoin de m’exercer davantage, m’apprêtant à lui demander si c’était possible de recommencer, nous fûmes interrompus par un chunnin que je ne connaissais pas. On avait besoin de mains pour une mission assez urgente. Prenant congé avec regret, j’avais suivi le jeune homme jusqu’à la bibliothèque du village. Si j’étais d'abord heureux de m’y rendre, je réalisais bien rapidement qu’il n’y avait rien de très joyeux à cette visite aujourd’hui. Les lieux étaient saccagés, comme si un combat s’y était déroulé. De nombreuses personnes avaient été blessés et les immenses étagères avaient déversé leur savoir sur le sol. J’étais là, car en réalité, je faisais partie de ceux qui passaient le plus de temps ici et avec les bibliothécaire blessés, je serais le plus à même d’aider. Mais avant de remettre quoi que ce soit en place, je devais les conduire à l’hôpital, ce que je fis.

Une heure, puis une seconde s’écoulèrent sans que l’attente ne réduise, il était évident qu’ils étaient débordés et moi… Moi j’avais peut-être une idée. Traînant les deux rats de bibliothèque avec moi hors des lieux, je les ramenais à l’endroit de la catastrophe à présent vide. « Je vais essayer quelque chose, ça fera peut-être plus mal sur le coup, mais ca sera toujours moins douloureux que d’attendre. » leur assurais-je alors que je faisais à présent tout pour reproduire ce que j’avais fait un peu plus tôt. On se concentre, on malaxe son chakra et on le diffuse correctement dans les blessures afin de stimuler la régénération. Un peu stressé en raison des blessures un peu plus importantes - ce qui m’arrangeait, on allait pas se mentir - j’entendis mon premier patient se tendre, trembler, essayer de se défaire de moi, « Ça va aller... » soufflais-je en commençant à exprimer quelques signes de faiblesse. Je n’étais pas du tout serein, mais après un moment, la blessure se résorba et fort heureusement, elle ne m’en voulut pas trop.

Pour l'autre, ça serait plus compliqué encore et sincèrement, je doutais d’avoir les ressources pour mener tout ça à bien. Si je limitais les dégâts, ça suffirait non ? Secouant la tête, je refusais de partir perdant. J’avais réussi, il me fallait recommencer. Sinon à quoi bon les isoler ?! C’était en s'entraînant qu’on y arrivait. Reprenant chaque étape, j’eus un peu moins de mal à concentrer mon chakra que les autres fois, à croire que je prends enfin le rythme, en revanche, l'énergie que je dus mettre pour y arriver fut gargantuesque. Voyant flou rapidement, je poussais une ultime fois pour refermer la plaie avant de tituber jusqu’à une chaise. Ce n’était pas parfait encore une fois, mais j’aurais sans doute dû me limiter à des choses simples - quoi que ce ne fut pas non plus excessivement dangereux non plus, mais passons. -, j’avais besoin d’une pause, d’une pause qui me priverait sans doute de la réussite de cette mission, mais qui allait me balancer. Eux ? Certainement pas.

Ne réalisant pas bien que je m’étais endormi, je me fis réveiller par ma première patiente qui secoua mon épaule avec douceur. Ils avaient trié les livres par étagère, ils avaient simplement besoin d’aide pour tout remettre en place à présent. Secouant donc la tête, je me redressais dans un sourire un peu vaseux avant de me traîner jusque-là. J’étais loin d’être efficace, j’eus même l’impression d’y passer une éternité. Quelle idée avais-je encore eue de me précipiter ainsi. Sora n’arrêtait pas de me le dire pourtant, je ne savais pas maîtriser mon chakra. Alors, oui, c’était faux sur le prince de maîtrise, mais pas dans celui de maîtrise de mes limites. J’allais trop loin et un jour, ça aurait réellement prix.

ft. Fumetsu