Bordel! C'était confirmé! Les Uzujins avaient donc cette fichue manie, de plus en plus répandue dans le sekaï, de se réunir autour d'un verre d'eau chaude aromatisée aux plantes les plus diverses. Après ta rencontre avec l'ancêtre juvénile qui s'était déjà terminé à la terrasse de l'un de ces sobres comptoirs, tu devrais donc de nouveau affronter la rigueur d'une entrevue sans alcool. Si cela continuait, tu allais finir par faire une indigestion ou pire un coma é-thé-lyque. Rien de bon en tout cas. Et bien sûr, si du port au centre ville les salons de thé proliféraient, pas moyen de trouver un rade digne de ce nom pour t'enfiler une bonne rasade de rhum avant d'arriver à destination. Voilà bien l'une des choses dont tu pourrais parler au Senkage afin de l'aider à améliorer la vie de l'endroit.
Parce que oui, tes pas te menaient vers le centre ville où tu rencontrerais Meyo Tsuri pour un entretien visant à conforter ton opinion sur le personnage et ses ambitions pour son village. Tu ne l'avais jamais rencontré. Tout juste l'avais-tu croisé à Baransu lorsque tu étais venu en renfort pour protéger le seigneur Churitsu. Au moment même où le kage d'Uzushio décidait de mener le combat sur un autre front. Tu avais tout juste eu le temps de voir ses clones partir en fumée. Rien d'autre. Pas même un salut. Mais il faut bien avouer que les circonstances ne se prêtaient guère à quelconques échanges. Cependant, tu avais ouïe dire de nombreuses flatteries à son égard. A propos de son pacifisme comme de la manière dont il avait pu faire la nique aux clans séculaires pour atteindre le poste ultime du nouveau village en construction. Suite à ta rencontre avec Mifuyu et avant de rejoindre l'arène pour y assister au spectacle orchestré par les deux villages cachés, tu avais donc retrouvé l'escorte des deux hommes congédiés par l'Omura devant chez Sanada, pour leur indiquer qu'il était temps pour toi de retrouver le Senkage. Malgré un emploi du temps surchargé, ce dernier avait tout de même accepté de te rencontrer. Sevré d'alcool, tu n'en oublias cependant pas de te rouler l'une de tes cigarettes de salvia divinorum que tu fumas sur le trajet.
Un salon de thé donc, composé d'un hall principal et d'une arrière salle, les deux étant séparées par une lourde porte en bois. En entrant dans la première pièce, après avoir passé les clochettes carillonnantes faisant office de prévention des nouveaux arrivants, tu pus constater la présence d'une petite dizaine de personnes attablés avec une tasse dans une main et un ticket dans l'autre. C'est une femme qui t'accueillit. Fine et élancée, elle était d'une taille insolente, une bonne tête au-dessus de la tienne et arborait un sourire de circonstance pour s'adresser à toi.
-Bonjour cher visiteur...pouvez-vous me donner vos noms, prénoms et raisons de votre présence ici? Si vous êtes juste là pour boire une tasse de thé, nous vous prierons de repasser plus tard, la journée étant dédiée aux visites de Kage-sama...
Tu la dévisageas un instant, frappé par deux grands yeux d'un rouge sanguin qui, tels deux phares se glissant entre les rafales d'un blizzard hivernal, éclairaient un visage aussi pâle que son épaisse et longue chevelure était blanche. Il y avait dans ses traits quelque chose d'aussi pur qu'étrange. Tu lui rendis son sourire avec respect et bienveillance.
-Nara Shika...actuellement chef du clan Nara. Monsieur Meyo m'a fait l'honneur d'offrir un peu de son temps pour me recevoir...
-En effet, vous êtes noté ici. Je vous en prie, veuillez vous munir de ce ticket et patienter jusqu'à votre tour...t'indiqua t-elle en te débarrassant de tes apparats les plus encombrants...installez-vous où vous le souhaitez, nous vous aiderons à attendre en vous faisant goûter aux meilleurs thés de la région...
A ces paroles tu eus un léger haut le cœur, mais acceptas juste une tasse par courtoisie, avant de t'asseoir à une table libre. La porte de l'arrière salle s'ouvrit avant qu'un homme bedonnant en sorte avec le sourire de celui satisfait par ce qui vient de se dérouler.
-Numéro quatre, c'est votre tour...
Un type frêle, le regard perdu et déambulant en claudiquant se leva alors et prit la direction de la pièce voisine, la porte se refermant sur son passage. Tant d'officialités avaient tendance à te mettre mal à l'aise, mais il fallait que tu fasses l'effort. Au moins aujourd'hui. C'est sans doute ce que t'aurait dit Towa si elle avait été présente à tes côtés à cet instant. Tu posas ton regard sur le ticket que t'avait donné la femme à l'accueil, pour y lire le chiffre treize. Tu n'avais aucune idée de si cela t'apporterait la chance ou la malchance, mais tu avais la certitude que c'était là le signe d'une attente interminable, étant donné que ce papier déterminait l'ordre de passage. Bien trop long pour que tu tiennes en place. Si bien que tu passas l'heure suivante à gesticuler dans tous les sens, touchant à tout ce que tu ne connaissais pas et posant des milliards de questions à tous les présents, et plus spécifiquement à Nezuko, la fille aux yeux rouges à qui tu n'avais pas tardé à soutirer le prénom. Ainsi, c'est avec un véritable soupir de soulagement qu'elle annonça d'une voix épuisée.
-Numéro treize...allez-y...et par pitié, ne revenez pas!!!
Enfin, l'heure était venue. Tu saluas Nezuko d'un sourire enthousiaste et pénétras dans l'arrière salle en refermant la porte derrière toi.
Meyo Tsuri
Senkage
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"L'administration, c'est mesquin, petit, tracassier. Le gouvernement, c'est pénible, difficile, délicat. La guerre, voyez-vous, c'est horrible, mais la paix, la paix, il faut bien le dire, c'est assommant."
L'effervescence au village caché des tourbillon était telle que l'air lui-même en devenait électrique. Dans les rues, les passants plus nombreux que d'ordinaire, se disputaient des paris sur l'issue des rencontres. Les commerçants vantaient les bienfaits de leurs produits, les serveurs couraient sur les terrasses bondées pour servir des clients pointilleux et les enfants jouaient aux ninjas dans les rues fréquentées. Malheureusement, tout le monde ne voyait pas cette euphorie populaire d'un bon œil, la Garde notamment. Non content d'avoir leur chef aux portes de la mort, ils devaient calmer les tensions – et compte tenue du mélange d'alcool et de soleil, elles furent légion – guider les touristes et surveiller les accès. Il restait peu de temps avant l'ouverture du tournoi.
Pourtant, le Shodaime Senkage ne participait pas à ce tintamarre désinhibé. Enfermé depuis l'aube dans l'arrière salle du salon de thé le plus réputé du village, il avait reçu des dizaines et des dizaines d'officiels. La phase finale de l'examen chunin inter-village avait attiré nombre de visiteurs, du simple touriste au Daymio en personne. Haruka et Katsue avaient organisé les rencontres entre clans, commerçants et bien sûr, pour le Senkage. Tsuri s'était donc résigné à serrer des dizaines de mains, saluer les dignitaires, boire des litres de thé et rester stoïque face aux doléances les plus farfelues : « On pourrait créer un parc d'attraction au sein d'Uzushio », « Aidez-nous à financer un pont qui reliera l'île au continent », « Pourriez-vous me prêter vos shinobis, je dois faire assassiner l'une de mes maîtresse ». Le soleil voyageait dans le ciel et la matinée fila rapidement. Lorsque les cloches du villages tintèrent une fois, Tsuri était épuisé. Les muscles ankylosés par l’inaction et une position inconfortable, la bouche sèche gavée de thé vert et un corps suant, étouffé par des vêtements officiels bien trop rembourrés pour la saison.
Il remercia un dignitaire de la vallée des roches et lorsqu'il eut passé la porte, se tourna vers Katsuo. Les deux protecteurs, vêtus de kimono noirs, se tenaient à genoux dans les coins de la pièce. La jeune femme se leva avec grâce et s'approcha du Shodaime.
- Peux-tu je te prie m'apporter une bouteille de Saké, mon nécessaire à tabac et de l'eau.
La jeune femme s'éloigna et ouvrit une porte dérobée qui donnait sur l'extérieur. Il crut voir un sourire sur son visage lorsqu'elle referma derrière elle. Il fit approcher Masashi, qui l'aida à se débarrasser de son kimono le plus épais. Une fois à son aise, il demanda à ce que l'on ouvrent les fenêtres pour créer un courant d'air et le jeune Asakura lui épongea le front. Il ne restait plus qu'un dignitaire à rencontrer avant d'aller manger. Son ventre gargouillait et il s'imaginait déjà une brochette de poisson à la main. Lorsqu'il eut jetait de nouveau la fine cape bleue portant l'inscription « Shodaime Senkage » sur ses épaules, il fit appeler le dernier officiel. La porte s'ouvrit et un homme au teint halé s'avança dans la pièce. Les cheveux bruns, le regard curieux, il dégageait une aura particulière. Masashi l'observait également avec minutie.
- Bienvenu Maitre Nara, installez-vous. Que me vaut l'honneur de votre visite ?
Enfin, tu rencontrais le Senkage. L'attente n'avait pas été vaine et ta première impression fut à la hauteur de celle-ci. Il avait fière allure avec ses petites lunettes et la cape signifiant son rang sur les épaules. En plus de faire preuve d'une réelle prestance, sans doute acquise au cours des nombreuses années de pratique du rôle, un mélange de puissance et de sérénité se dégageait de cet homme. Tu laissas ton regard se promener dans la pièce pour remarquer plusieurs tableaux tapissant les murs, dont quelques uns à la gloire de la ligue marchande dirigée par la famille Somei. Sur l'un d'entre eux, on voyait notamment un type de taille moyenne aux cheveux grisonnants sourire à la tenancière du salon en lui tendant un sachet de thé estampillé aux couleurs de la ligue. Plusieurs tables et autres fauteuils, habituellement utilisées pour l'accueil des clients, avaient été poussés contre les murs, libérant ainsi l'espace central à une unique table ronde ainsi que deux chaises qui paraissaient bien moins confortables que les places mises à l'écart.
Bienvenu Maitre Nara, installez-vous. Que me vaut l'honneur de votre visite?
L'intervention du Kage sonna la fin de tes observations.
-Maître Nara? Hu hu hu...d'une main papillonnante tu t'éventas le visage, laissant imaginer la jouvencelle en proie à ses premières bouffées de chaleurs inopportunes alors qu'elle fait face à son premier amour...arrêtez, vous allez me faire rougir Senkage-sama...
Dans ton esprit, il n'y avait aucune moquerie dans ton comportement. C'était juste là ta manière récurrente d'aborder certaines choses lorsqu'elles devenaient trop mondaines. Une façon inconsciente de briser les codes sans doute.
-On dit comment d'ailleurs à Uzushio? Senkage-sama c'est bien? Ou Kage-senpaï? Votre seigneurie? Votre honneur? Monsieur Meyo? Y en a qui vous appellent juste par votre prénom? Parce que je me disais que ça doit faire bizarre de jamais entendre votre prénom sinon. Vous avez une amoureuse? Je demande parce que je me dis qu'elle au moins elle doit vous appeler par votre prénom? Au moins nous on n'a pas ce problème là chez les Nara...vu qu'on s'appelle tous Nara, c'est plus simple de s'interpeller par nos prénoms...vous imaginez la situation si on s'appelait tous par notre nom de famille...ah ah ah ah...
Conscient que tu venais encore de débiter un flux de questions et de paroles ininterrompues et débordant quelque peu des convenances habituelles, tu inspiras une grande bouffée d'air et acceptas finalement l'invitation du dirigeant en t'installant sur la chaise qu'il t'indiquait.
-Pfiouuu, quelle chaleur aujourd'hui...veuillez excuser mon manque de convenances, je me sens toujours mal à l'aise avec ça et je ne peux pas m'empêcher de l'exprimer de manière un peu...expansive dirons nous...faut dire que l'hyperactivité qui m'a été diagnostiquée étant petit n'aide pas...
Tandis que ton esprit vagabondait sur ses envies de salvia divinorum en cet instant, ton regard se posa sur la théière et les multiples tasses de thé, vides pour la plupart, qui traînaient ici et là, ce qui te fit remonter quelques sucs gastriques désagréables le long de l’œsophage. D'un geste de dépit, tu laissas retomber tes bras le long du corps et repris d'une voix découragée.
-Encore du thé je suppose...commenças-tu avant de reprendre d'un ton bien plus enthousiaste, conscient que ta première intervention manquait de courtoisie envers ton hôte...je veux dire aaaaahh, encore du thé, quelle excellente idée...bon, par où commencer...à dire vrai, à l'origine, je venais ici pour revoir des personnes qui me sont chères et que j'ai eu la chance de rencontrer il y a quelques années...mais une fois en chemin, je me suis dit que quitte à profiter de l'ouverture des portes du village pendant l'examen, autant rencontrer celui qui a permis tout ceci...j'ai beaucoup entendu parlé de vous, que ce soit par ma famille ou bien quelques personnes rencontrées pendant mes années sur les routes...et voyez-vous,globalement, j'aime échanger avec les gens, autant pour la découverte que pour me forger ma propre opinion...et j'aime encore plus discuter avec ces nouvelles têtes si ces échanges permettent de me conforter dans l'idée que le clan que je dirige pourra assurer sa pérennité malgré l'importance de plus en plus évidente prise par les villages cachés dans le paysage politique mondial...de plus, n'étant chef de mon clan que depuis peu, je suis avide d'apprendre de différents fonctionnements qui me permettraient d'optimiser le mien en restant au plus proche des valeurs que je souhaite développer...je me doute que vous devez être fourbu après tant de temps passé à accueillir des officiels, mais si vous avez encore assez d'énergie pour partager quelques instants avec un adorateur de cervidés, alors ce sera pour moi un plaisir...
Ça ne faisait pas deux minutes que tu avais le cul posé sur cette chaise que déjà tu avais envie de te lever et de faire dix fois le tour de la pièce pour en observer chaque recoin et t'imprégner au mieux de l'endroit. Quand de nouveau ton regard s'arrêta sur la théière.
-Et si malheureusement pour moi vous ne vous sentez pas la force suffisante, alors il faut au moins que je vous concerte à propos d'une chose capitale qui, je pense, pourrait largement améliorer le quotidien des uzujins...Tu posas les deux mains à plat sur la table, armé d'un regard plus intense que précédemment...plus tôt dans la matinée, j'ai rencontré la petite Omura...enfin la vieille Omura...enfin, je ne sais plus vraiment...Omura Mifuyu, ce sera plus simple...tout à fait charmante d'ailleurs, même si au premier abord un peu étrange et flippante...bref, nous sommes allés boire un verre au port...enfin quand je dis un verre, il faut entendre une tasse de thé...trois pour ma pomme pour le coup vu que ça faisait parti du deal...d'ailleurs vous avez d'habiles commerçants à Uzushio...ensuite le temps de faire le trajet du port jusqu'ici, salons de thés sur salons de thés...j'arrive ici, salon de thé encore...plus l'exposé de ta journée avance et plus tu te sens investi d'une mission d'ordre quasi sacrée. Tu poursuis avec de plus en plus de conviction, quelques similis larmes s'invitant même au coin des yeux...et enfin j'arrive dans cette salle et là je tombe sur toutes ces tasses...de thé...dites...vous avez un partenariat avec les producteurs de plantes du sekaï? Vous êtes tous aussi sobres les uns que les autres à Uzushio? Y a personne pour se faire plaisir avec un peu d'alcool? Y a des rades qui en servent? Même des distilleries clandestines, ça peut avoir son utilité hein...enfin bref, tout ça pour dire qu'un peu de saké ou de rhum de temps en temps ça ne fait pas de mal et ça peut aider à rapprocher les gens...je vous assure, vous devriez y songer...vous avez construit un village magnifique qui transpire la classe et la puissance, ce serait dommage de tout gâter pour un simple oubli...hum...
La tirade se termina une nouvelle fois sur une impression de ''Shika, boucle-la, t'en as encore trop fait'', ainsi que sur un grand sourire sincère et satisfait d'avoir pu te libérer de ce poids.
Meyo Tsuri
Senkage
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Si lever les sourcils avait produit un son distinctif, Meyo aurait juré l'avoir entendu dans la pièce. Tout comme lui, Masashi exprimait la surprise la plus totale devant le flot continu de parole sortant de la bouche du chef Nara. Tsuri, quelque peu désappointé, essaya de bégayer quelques mots en guise de réponses.
« Hyperactif, difficile à deviner en effet. » Pensa le Shodaime. Même Masashi, d'ordinaire si strict sur les conventions et la politesse, semblait pris de cours par tant de désinvolture. Au travers de toutes ses phrases, difficile après une matinée d’entretiens de discerner le pertinent du loufoque. Tsuri se concentra sur la bouche de son interlocuteur qui laissait son regard vagabonder dans toute la pièce, les mains agitées de petits mouvements crispés. Lorsqu'il eut terminé de parler, sûrement asphyxié par le dioxyde de carbone projeté par son souffle, Meyo ne put s’empêcher d'éclater de rire. Un rire franc, profond et inarrêtable. Masashi regarda son maître, les sourcils plus haut qu'auparavant. Modèle de conduite et de tenu, le Shodaime Senkage n'était pas connu comme une boute-en-train. Le voir ainsi, hilare, à moitié plié sur sa chaise, les larmes aux yeux était un spectacle déroutant pour ceux qui le connaissait. Il finit par reprendre son souffle difficilement et s’essuya le coin des yeux d'un revers de manche.
- Ah, merci maître Nara. N'y voyez aucune moquerie de ma part, vous êtes une personne, disons rafraîchissante dans un paysage politique bien morne. Cela faisait bien longtemps... Ah Katsuo ! je pense que cela va vous plaire. Ajouta-il en se tournant vers le jeune homme.
La protectrice venait de faire coulisser un panneau de bois. Elle entra, un plateau dans les mains. Devant l'expression de son maître, elle se figea un instant, puis reprit son chemin comme si de rien n'était. Elle ne manqua pas de jeter un regard interrogateur à son frère qui lui répondit par un haussement d'épaule. La kunoichi déposa le nécessaire à tabac devant le Shodaime et disposa la bouteille de Saké entre les deux hommes, versa l’alcool dans les coupes et s'éloigna à reculons, inclinée vers l'avant.
Tsuri la remercia en bourrant la pipe de tabac frais. Il alluma les feuilles puis inspira quelques bouffées de tabac avant de prendre délicatement la coupe de Saké qu'il brandit dans les airs.
- Kanpaï!
Il vida sa coupe d'un trait. Le liquide chaud coula dans sa gorge et se réceptionna sans mal dans son estomac. Le fort degré l’alcool lui permit de clairement distinguer le chemin prit par la liqueur dans son corps. Il inspira une nouvelle fois sur la pipe. Il en avait rêvé, du tabac pour le détendre et du Saké pour le requinquer. Lorsqu'il retourna son attention sur le chef de clan, il avait retrouvé son calme.
- Maitre Nara. Je vais essayais de répondre à vos questions. D'abord et comme vous pouvez le constater, les producteurs de l'île ne sont pas uniquement connus que pour leurs thés. Le sel marin contenu dans l'air se dépose sur le riz, puis dans les cuves et donne à l'alcool un goût bien particulier. Ensuite, Omura Mifuyu est également un mystère pour les habitants de ce village. Dit-il avec le sourire.
L'évocation du nom de la sorcière plongeait immédiatement le Shodaime dans une colère froide. Mais la chaleur du breuvage et les propriétés du tabac l'aidèrent beaucoup. D'un geste ample, il tira sur sa manche pour éviter de la tacher en remplissant de nouveau les coupes.
- Enfin, en ce qui concerne votre soif de connaissance, je serais ravis d'en discuter avec vous. Je vais me permettre aussi quelques questions si cela ne vous gène pas ? Question rhétorique, le jeune homme en face de lui s'était clairement affranchi de toutes conventions, autant en profiter pour une fois. Dans mes souvenirs, les membres de votre clan ne sont pas réputés pour leurs excentricités, comment s'est passée votre intronisation ? Et vous avez mentionné des connaissances à Uzushio, qui a la chance de vous connaître ?
Avant de laisser la parole à son interlocuteur, le Shodaime rajouta quelque chose sur un ton complice.
- Essayez de répondre calmement je vous prie, la matinée a été longue.
Ton visage s'éclaira d'un sourire détendu lorsque que tu vis le Senkage se lancer dans une crise de fou rire ininterrompue et c'est d'un geste nonchalant de la main que tu lui indiquas qu'il n'y avait aucun souci à cela.
-Oh ne vous inquiétez pas j'ai l'habitude de tous types de réactions et je dois dire que si l'énervement a tendance à me brusquer, je m'accoutume aisément au rire...allez-y de bon cœur je vous en prie...
En effet, face à cette hyperactivité tenace qui se matérialisait souvent par une loquacité bien au-dessus de la moyenne, les réactions étaient nombreuses, diverses et variées. Comme mentionné, certains s'agaçaient ou frôlaient le déferlement d'insultes quand d'autres se retrouvaient accablés d'une fatigue aussi intense que subite. Il y avait également ceux qui ne comprenaient rien et avaient l'impression de devenir fous, ceux qui cherchaient et trouvaient, plus vite qu'ils ne l'auraient imaginés, une excuse bidon pour fuir le plus loin possible, ceux qui se mettaient à chanter très fort pour couvrir ta voix, ceux qui te côtoyaient plus souvent comme les Nara et proposaient le plus souvent un air blasé comme contre offensive et ceux qui riaient, comme le Senkage aujourd'hui. Une fois, un type s'était même mis à pleurer, bien aidé par l'alcool certes, alors que cela faisait déjà une bonne vingtaine de minutes que tu t'étais lancé dans un monologue de pochtron qu'il avait tenté d'arrêter maintes fois, avant de rouler sous le comptoir, ivre et les yeux remplis de larmes. C'était sans doute ce que l'on appelle communément être saoulé par quelqu'un.
Ton regard ne tarda pas à s'illuminer d'une lueur nouvelle marquant le plaisir presque divin qui t'animait à présent. Pétillant, il ne pouvait se détacher de la bouteille de saké qui semblait flotter dans l'air telle un fantôme décidé à progresser jusqu'à toi. Tu te retrouvais totalement hypnotisé par cette apparition inespérée. Il n'y avait pas à dire, les uzujins étaient efficaces. Tu mis un certain temps à concentrer ton attention sur le fait que le récipient n'avait rien de spectral, mais qu'il était transporté par une jeune femme apparemment dévoué au Senkage.
-Mademoiselle...l'interpellas-tu les yeux brillants...vous êtes une bénédiction...puis te tournant vers ton hôte...incroyable...je ne sais pas si ça se passe comme cela à chaque fois, mais vous êtes d'une efficacité redoutable...s'il suffit de demander quelque chose pour que cela se produise l'instant d'après, soyez certains que je ne vais pas tarder à retenter ma chance ah ah ah...Kanpaï...
De concert avec Meyo, tu sifflas ton verre d'un trait avant de reposer le verre, un air satisfait gravé sur la figure.
-Merci vous venez de faire évoluer mes perspectives de la journée...
Une fois votre soif étanchée, l'échange pu se poursuivre en toute sérénité, Meyo te questionnant à son tour avant avant que tu ne lui répondes. Calmement? Tu ne voyais qu'un seul moyen. Si en temps normal, tu ne te serais pas permis cela dans un tel rendez-vous, ton interlocuteur t'avais ouvert la voie en se confectionnant une cigarette. Si bien que tu en fis de même en plaçant de la salvia divinorum à la place du tabac tout en lui demandant si ça ne le dérangeait pas. Si tel était le cas, tu aurais bien le temps d'éteindre la clope que tu portais à présent aux lèvres après l'avoir allumée. Tu fumas trois grandes bouffées qui glissèrent jusqu'à tes poumons pour les étreindre avant que la salvia ne fasse son office en titillant tes synapses. L'effet, bien que pas forcément durable, était quasiment immédiat à chaque fois. Ton corps se relaxa et ton cerveau rassembla ce qu'il pouvait de tes idées, pour tenter d'en faire un tout à peu près cohérent.
Après avoir déposé la cigarette sur le rebord du cendrier, tu fixas le Senkage d'un air apaisé avant de reprendre plus posément.
-En effet, la plupart de mes compagnons sont bien plus calmes que moi. Mais vous savez ce que l'on dit, il faut de tout pour faire un monde. Ce n'est pas tous les jours facile, mais ils arrivent à survivre avec moi comme moi je parviens à vivre avec ça...expliquas-tu un rictus au coin des lèvres...je n'étais pas prédestiné à devenir le chef de mon clan. Surtout pas après avoir quitté celui-ci pendant huit ans. Même si cela n'avait rien d'une désertion, il faut croire qu'on n'est pas trop rancunier chez les Nara. Le poste était simplement vacant quand je suis revenu. Mon père assurait l'intérim mais ne souhaitait pas cumuler avec son rôle au conseil. Quant aux autres, aucun n'était réellement motivé, ou bien ils démontraient une motivation très caractéristique de notre clan plutôt. J'ai vu là la possibilité de bousculer un peu les anciens et de briser certains codes que mes voyages à travers le sekaï m'ont fait apparaître comme obsolètes, alors je me suis lancé...tu marquas un temps d'arrêt, ton regard se perdant dans le vide au gré de tes pensées...pour tout vous dire, je ne me suis jamais senti totalement légitime et encore aujourd'hui, je concède volontiers la petite amertume opportuniste de cette accession...même si personne ne semble trop s'en plaindre au domaine...
Tu rallumas ta clope et pris le temps de tirer quelques lattes supplémentaires.
-J'ai eu la chance de rencontrer Masamune Sanada il y a deux ans sur Shima-Biizo, alors qu'il n'était encore qu'un pêcheur de l'île, ainsi que la petite Uzumaki...Haruka de son prénom...ici même il y a six ans pendant un marché hivernal...tu remontas l'une de tes manches pour lui montrer tes poignets...ce bracelet, c'est elle qui l'avait fabriqué...elle doit avoir bien grandi...cependant en ce qui la concerne, je dois reconnaître avoir été déçu de découvrir qu'elle ne figurait pas parmi les participants finaux de l'examen chuunin...j'avais placé de grands espoirs en elle à l'époque...sans doute trop grands...terminas-tu d'un air un peu triste.
Lorgnant sur la bouteille de saké, tu lui lanças un regard sans même t'en rendre compte, mais n'osas pas lui demander un autre verre. Pas tout de suite.
-Pour en revenir au statut de chef, je me demande comment de votre côté, vous parvenez à maintenir la fermeté inhérente aux décisions qui doivent être prises, tout en restant proche de vos concitoyens. D'autant plus que tout comme dans les autres villages militaires, vous êtes nombreux ici. Il doit être difficile de satisfaire tout le monde, ou même le plus grand nombre. Existe t-il quelques secrets que vos années d'expériences pourraient m'instruire? Travaillez-vous seul et si ce n'est pas le cas, comment les tâches sont-elles réparties?
Pendant un instant, l'impression d'être un peu trop curieux te traversa l'esprit et et tu faillis éclater de rire en imaginant le Kage déballer d'un coup tous les secrets d'Uzushio.
-Je me doute bien que vous n'allez pas me révéler vos archives les plus secrètes...lui souris-tu...et ce n'est pas ce que je vous demande, mais globalement en tant que personne disposant d'un pouvoir non négligeable, comment parvenez-vous à l'utiliser pour que chacun s'y retrouve? J'avoue craindre les mauvais choix de ma part...
Meyo Tsuri
Senkage
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Shika parlait avec une certaine mesure dans sa voix, son empressement naturel à bousculer les syllabes ressurgissait par moment, mais le leader du clan des ombres sut maintenir le cap. Son odorante cigarette semblait l'y aider. Une accession qualifiée d’illégitime, une fuite en avant et la lourde charge des dirigeants sur les épaules, une mélodie familière aux oreilles du Senkage. Il commençait à éprouver de l'empathie pour l'homme du nord, bien qu'il ne montra pas. La matinée touchait à sa fin et l'après-midi s'annonçait tout aussi intense.
Meyo pencha la tête pour mieux voir le bracelet désigné par le Nara. Une œuvre enfantine, grossière, qu'il caressait tendrement du bout des doigts. La sympathie du leader des tourbillons allait croissante. Son invité évoqua le nom d'Haruka et Tsuri ne put s’empêcher une nouvelle fois de lever les sourcils. Petite elle n'était plus et l'évocation du passé le plongea dans une mélancolie soudaine. Il s'enfonça dans le fauteuil et inspira une nouvelle fois sur sa pipe. Il voulut répondre, mais Shika reprit la parole et approfondit son questionnement. Meyo fut stupéfait par la pertinence et le résonnement du Nara. De vastes questions restées souvent sans réponse pour le maître des tourbillons. Shika était un mélange de naïveté et de doutes. Avouer à la volée son impuissance et ses doutes n'était pas chose facile, encore moins devant un kage. La paranoïa latente du Kage irrita subitement son esprit. Et s'il était en réalité un espion très adroit ? Tsuri plongea son regard dans les prunelle noir de son invité. Il resta là un moment, figé, comme s'il s'attendait à déceler la supercherie.
Le sourire joviale de Cho lui apparut soudain. Il ferma les yeux et sourit. Lui aussi était jadis un apprentis chamboulé par l'art de diriger et le Hokage avait répondu patiemment à ses demandes. Il rouvrit les paupières et étendit le bras. Il servit deux nouvelles coupes de saké, leva la sienne et but une gorgée moins gourmande que la précédente.
- Sanada est un élève talentueux et son parcours sera très certainement brillant. Il est encore jeune, mais son potentiel est immense. Le tout est de trouver le bon maître. Un visage d'enfant sadique glissa devant ses yeux. En ce qui concerne Haruka, reprit-il, vous serez heureux d'apprendre qu'effectivement, elle n'est plus une genin. En quelques années, elle est devenue tour à tour, Chunin, Jonin et enfin Perle d'Uzushio, mon bras droit. Elle compte énormément pour moi et pour le village. C'est un atout majeur. Votre instinct ne vous a pas trompé.
Nouvelle gorgée, nouvelle bouffée. Une tasse s'écrasa au sol derrière le volet, puis une jeune femme se confondit en excuse. Il reprit, un air plus incertain sur le visage.
- Ces questions, je me les pose tous les jours. Je pense que cela dépend des gens. Certains vont aimer devenir le centre de toutes les attentions. L'impression, car elle est toujours fausse de devenir des sortes d'idoles, presque érigée en divinité par les admirateurs les plus extrêmes. Il vont déléguer pour ensuite s'approprier le mérite. Le tout est d'occuper l'espace public. D'autres affirment asseoir leur position par une main de fer. Une rigueur sans faille et une hiérarchie bien établie avec un fonctionnement strictement militaire. Un pyramide solide à la base dirigée par un seule être. Enfin, et c'est mon cas, les derniers vont naviguer d'un modèle à l'autre, souvent dans l'ombre, perdu dans le travail, à la recherche d'un bonheur commun sûrement fantasque...
Son regard se perdit et malgré la table basse qu'il fixait avec insistance, il semblait voir au-delà des murs et du monde. Il se massa l'épaule.
- Après toutes ces années, je pense que le plus important, c'est d'être bien entouré. Trouver des hommes et des femmes de valeurs, compétents et fiables. La force collective est plus solide, plus forte et plus équilibré. Je ne sais pas si c'est la réponse que vous attendiez.
En plus d'être attentif à tes attitudes et regards, la figure emblématique du village caché était un homme prévenant. Sentant probablement ton appétit pour la liqueur proposée, il t'en resservit une coupelle en même temps qu'il remplit la sienne, avant de prendre la parole. Sans l'interrompre, tu ne pus t'empêcher un regard plein d'amour envers sa personne pour ce geste bienveillant à ton égard.
''Sanada est un élève talentueux et son parcours sera très certainement brillant. Il est encore jeune, mais son potentiel est immense. Le tout est de trouver le bon maître.''
Cette dernière remarque, combinée à l'insistance de Mifuyu, un peu plus tôt dans la matinée, sur le fait d'éviter de mentionner à son dirigeant votre rencontre, t'interpella. Manifestement, la relation entre ces deux-là n'était pas des plus chaleureuses. Si du haut de ta naïveté tu n'avais rien supputé de nauséabond chez cette femme malgré ses étrangetés, l'avis de Meyo à son encontre paraissait plus mitigé. Du moins c'est comme cela que tu interprétas le ''bon maître'' mentionné. Tout en écoutant avec attention ton interlocuteur, tu savouras le saké généreusement offert. De manière moins vorace que précédemment, laissant cette fois l'alcool de riz imprégné tes papilles par petites gorgées successives et intercalant une ou deux bouffées de salvia entre chaque goulée.
''...elle est devenue tour à tour, Chunin, Jonin et enfin Perle d'Uzushio, mon bras droit."
Tu en étais à ta quatrième gorgée quand la phrase arriva. Tu crus t'étouffer sur le coup, recrachant le liquide aussi vite que tu l'avais ingurgité. Écarquillant de grands yeux ronds, tu les posas stupidement sur le membre supérieur droit du Kage, comme pour justifier ton incompréhension, puis resta ainsi immobile pendant quelques secondes. Haruka? Uzumaki Haruka? Vous parliez bien de la même personne? Perle d'Uzushio? Ok. A la limite c'était un sobriquet que tu aurais pu toi même lui coller lorsqu'elle était petite. Chuunin? pourquoi pas, comme tu l'avais dit, tu fondais de grands espoirs sur sa personne. Jounin? Ça commençait déjà à être questionnant, la gamine ne devant pas dépasser les dix-huit ans. Mais bras droit du Kage, là tu étais sur le cul. Comment cette petite excitée de la vie, pas plus haute dans ton esprit que la juvésénile Omura, aurait-elle pu accéder à un poste aussi élevé en si peu de temps. La chose te paraissait totalement incohérente, malgré tout le bien que tu pensais de cette fille. Si bien que tu profitas de la pause du dirigeant pour quitter ta béatitude.
-On parle bien d'Uzumaki Haruka? La petite rousse un peu énervée qui ne tient pas en place?
Cependant, l'autre ne sembla pas vouloir s'attarder, ou peut-être préféra t-il subtilement ne pas te laisser le temps de le submerger de propos digressifs, puisqu'il embraya directement sur la suite de tes interrogations. Force était de constater qu'il avait largement pris le temps de réfléchir à la question en amont. Il faisait d'ailleurs preuve d'une ouverture d'esprit qui t'étira un sourire de contentement. Il n'imposait aucune vision, préférant énumérer différentes manières de gouverner, sans jamais juger de laquelle était la meilleure. A dire vrai, si tu n'attendais jamais rien de spécifique lorsque tu posais une question, la tolérance de sa réponse ne pouvait que te satisfaire.
-Oh vous savez, Meyo-san, la seule réponse que j'attendais était celle de la sincérité, et je dois dire que la votre me comble entièrement...tu marquas une pause pour t'enfiler une nouvelle rasade de saké, puis repris...et je suis heureux de voir que nous partageons au moins un point commun, à savoir cette idée de savoir s'entourer des bonnes personnes...même s'il n'y a rien d'absolu, cette remarque a tendance à me rassurer un peu dans ma gestion du rôle...
Tu terminas ta coupelle puis, mu d'une énergie nouvelle, tant par la sympathie éprouvée pour cet homme que par la douce ivresse due au spiritueux qui commençait à te monter à la tête, tu te jetas sur la bouteille sans rien demander et remplis à nouveau les deux coupelles.
-Oups, pardon...je m'emballe un peu...je ne voudrais pas que notre entrevue soit la dernière de la journée que vous puissiez mener l'esprit clair ah ah ah...veuillez me pardonner encore une fois pour ce manque de convenance, j'ai du mal à contrôler mon excitation quand je passe un moment en si bonne compagnie...vous avez des enfants? Ou vous êtes du genre à considérer tous les habitants de votre village comme vos enfants? Ça ferait de vous un père précoce et prolifique ah ah ah...si vous ne connaissez pas Inari, il faudrait que vous veniez faire un tour un jour dans nos magnifiques forêts...Kanpaï...crias-tu en levant bien haut ta coupelle avant de secouer la tête pour reprendre un peu plus de contenance...plus sérieusement pourrais-je avoir l'audace de vous demander quelles sont vos perspectives d'avenir en ce qui concerne le sekaï et notamment la gestion du cas Tetsu? Nous nous sommes très brièvement croisés dans la citadelle Churitsu et j'ai pu voir votre entrée triomphale en compagnie de Cho à la fin du conflit de Baransu, je sais donc que vous y étiez présent...et je me doute que tout comme moi vous n'êtes pas dupe de la lettre d'excuse du shogun...si je n'ai pas d'intentions belliqueuses avérées, je ne vous cache pas quelques inquiétudes pour la prospérité de mon clan en sachant le pays du fer si proche de notre région...
Tu fis cul-sec de ton saké, puis, ne tenant plus en place, tu te levas et te dirigeas vers les tableaux épinglés au mur, clope à la main, afin de les observer d'un peu plus près.
-Vous disposez assurément d'un beau village, d'un commerce florissant, et je sais bien que vous même et Cho avez plusieurs fois tentés de nous rattacher à l'un de vos villages par le passé, mais il faut comprendre qu'Inari est sacrée pour nous. Il m'est ainsi impossible de faire bouger les miens de cette terre ancestrale. N'y voyez là aucun affront à votre fonctionnement, mais il est important pour nous, comme d'ailleurs pour tous des clans indépendants attachés à leur région, de préserver cette indépendance d'esprit et de cœur...cependant, un partenariat pourrait peut-être être envisageable dans le but d'assurer le maintien d'une paix durable. Notre capacité d'infiltration dans les ombres et la situation géographique centrale de notre clan nous permettent de garder un œil sur le shogun et ses partisans...sans compter la plupart des autres menaces potentielles du sekaï...j'envisage de faire la même proposition à la nouvelle Hokage qui est une connaissance de longue date...
Meyo Tsuri
Senkage
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Fiche du Ninja Grade & Rang: Kage - rang A Ryos: 620 Expérience: (986/2000)
Malgré tout ses efforts, la rouquine ne pouvait s’empêcher de temps à autre de laisser son enthousiasme prendre le dessus, ce qui occasionnait de longue heures de discussion pour apaiser les gens lésés par ce même enthousiasme. Le Shodaime salua la remarque de son convive d'un signe de tête reconnaissant. Sous ses airs de lutin turbulent, Shika Nara ponctué son discours de fulgurances bienvenus. Devant son empressement à se resservir, Meyo l’approuva de la main. L'alcool lui fit un bien fou. Sa chaleur, son côté désinhibant et rassurant. Une légère ivresse caressa son esprit et ses jours se rosirent. Lorsque Shika reprit le parole, il n'eut pas le temps de répondre et imita l'homme du Nord et se plia au « Kanpaï » de coutume. Des enfants ?... Le regard fixé sur un objet du fond de la pièce, le Shodaime laissa son esprit naviguer dans les eaux troubles du regret. Le visage de Leiko lui sourit alors que le Nara secouait la tête, extirpant l'homme à lunette de ses tristes visions.
- Maitre Nara, vous avez un esprit trop pour le miens je le crains. Il va me falloir quelques instants pour trouver mes mots...
Meyo porta sa pipe à la bouche et inspira rapidement de courtes bouffées pour raviver la flamme. C'était la première fois qu'il rencontrait Shika et aussi plaisant soit-il, parler de l'art de diriger était une chose, confier ses sentiments sur une affaire aussi sensible que Baransu en était une autre.
… Je comprend votre crainte, la distance me permet d'avoir un peu plus de marge de manœuvre.
Une réponse de politicien. Tsuri suivit son invité du regard lorsqu'il parcourut la pièce à la recherche d'un nouveau centre d’intérêt. L'attention d'un enfant mêlée à la réflexion d'un sage, quel étrange symbiose, se dit le Shodaime. Alors qu'il porta la coupelle à ses lèvres, le forestier recommença à parler. Tsuri arrêta son geste et reposa la coupe. Il écouta avec attention et il fit mine de répondre, un air sérieux sur le visage. C'est à cet instant que Katsuo entra dans la pièce.
- Shodaime, on vous attends au tournoi. - Bien, fais-leur savoir que j'arrive.
Elle salua l'ordre et se retira en silence. Lorsque le panneau de bois coulissa, Tsuri se redressa avec précaution. L'alcool avait un peu réchauffé son cœur, mais troublé son équilibre. Il ajusta la ceinture de son kimono de soie et porta à nouveau sa pipe à la bouche. « C'était donc ça ». se dit Tsuri. De nombreuses années auparavant, Uzushio comme Konoha avaient tenté d'attirer les Nara dans leur giron, sans succès. Sans changer de son fusil d'épaule, Shika tendait une main aux puissances voisines, conservant de fait la neutralité de son camp et sa mise à l’abri en cas de conflit. Il était bien un Nara après tout. Le Shodaime se garda de sourire et parla d'un ton posé.
- Je puis vous assurer que se sera un honneur pour Uzushio de vous compter parmi ses alliés. Il existe nombres de traités capable de poser des mots sur notre association. Je suis persuadé que nous trouverons ensemble le plus approprié. J'aimerais en discuter dès maintenant, malheureusement, je dois obéir à d'autres promesses. Que diriez-vous de revenir ce soir à la tour pour dîner ? Nous tacherons de définir à ce moment là les termes de notre futur entente.
Ce fut d'un petit pincement au cœur que tu pris note de la réaction du Senkage à ta question sur son éventuelle parentalité. De toute évidence, il s'agissait là pour lui d'un sujet remuant. Si bien que tu préféras ne pas revenir dessus, attendant patiemment sa réponse au sujet de sa politique à venir. Celle-ci ne se fit pas attendre et apparut sous la forme d'une pirouette. Une de celles dont sont friands les habiles politiciens. Or, assurément, tu ne pouvais nier que le dirigeant d'Uzushio avait dix bonnes longueurs d'avance sur toi dans ce domaine. Mais en même temps, pouvait-il en être autrement. Il ne te connaissait que depuis quelques minutes et de toi, il ne savait que ce que tu venais de lui montrer, quand bien même cet échange était des plus aimables et enrichissants. A dire vrai, tu n'avais rien attendu de plus que ce qui sortit de sa bouche à cet instant et c'est d'un sourire amusé que tu accueillis sa remarque.
Concentré sur les tableaux recouvrant les murs de la pièce, tu attendis patiemment qu'il réponde à ta proposition suivante, quand la jeune femme que tu déifiais presque pour vous avoir apporté du saké fit une nouvelle apparition, indiquant au dirigeant qu'il était vivement attendu au tournoi. Ce qui te rappela d'ailleurs à tes propres intentions à propos de cet événement. Après tout, tu étais ici pour observer les progrès de quelques unes de tes connaissances au cours de cet examen et s'il débutait, tu ne voulais manquer cela pour rien au monde. Tout en se redressant, l'homme prit le temps de quelques dernières paroles, que tu écoutas avec attention en le rejoignant d'un pas rendu plus aléatoire par l'alcool ingurgité. C'est avec un grand sourire que tu acceptas son invitation à le rejoindre en soirée pour discuter des des traités envisageables entre ton clan et le village caché. Le tout autour d'un bon dîner.
-Croyez maître Kage, que tout l'honneur sera pour moi. C'est donc avec grand plaisir que j'accepte votre invitation, en espérant que celle-ci nous guidera vers un lien durable entre votre village et les Nara...
Sans insister plus, tu les saluas respectueusement, lui et le Miyamoto qui l'accompagnait, puis lui emboîtas le pas pour quitter les lieux.
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