Le Kaikenjutsu. En apparence une discipline ninja pas des plus difficiles, vu que l’on pouvait grossièrement résumer ses techniques à foncer vers l’ennemi et lui foutre un coup de couteau, cris très forts en option. Dans les faits, les choses étaient très différentes. Oui, 95% des techniques finissaient avec le coté pointu de l’arme enfoncé dans l’ennemi, mais tout un tas de paramètres entraient en compte entre la partie « ennemi pas planté » et « ennemi planté ». L’angle de frappe, l’utilisation de la lame ou de la pointe, où viser pour maximiser les dégâts… Seul quelqu’un n’étant pas formé aux arts ninja ou étant stupide ne ferait pas la différence entre un coup de couteau normal et un Kaikenjutsu. Madoka avait beau ne pas avoir la lumière à tous les étages, elle avait manié assez de coutellerie dans sa voir pour savoir faire la différence au moins, elle!
Ce fut par hasard dans la bibliothèque de l’académie que Madoka tomba à nouveau sur le rouleau détaillant les techniques basiques concernant les lames courtes; bien sûr, elle avait pu l’étudier longuement dans le passé lors de ses études, mais pas assez à son goût. Si beaucoup de ninjas préféraient les techniques élémentaires ou des armes plus tape-à-l’œil comme les sabres ou les bâtons, la genin masquée était nettement plus intéressée par les couteaux, dagues et autres. D’un côté parce que n’importe quel ninja digne de ce nom avait toujours au moins une demi-douzaine de kunais sur lui, d’autre part parce que quand on a appris depuis sa plus tendre enfance à utiliser un sentoku, transposer cette aptitude au combat était simple. Pas besoin de trimbaler un arc ou un éventail quand on sait utiliser un couteau et qu’on en a toujours un sur soi, non? La seule différence était qu’au lieu de trancher des pavés de bœuf ou des blocs de tofu, c’était des humains qui étaient sous la lame...
Madoka avait réquisitionné depuis l’aurore une partie du terrain d’entraînement pour son apprentissage. La technique détaillée dans le rouleau était à la fois simple et complexe; un simple coup de couteau, mais administré avec assez de rapidité et de précision pour passer outre la garde d’un adversaire; utilisée par un ninja assez vivace, même quelqu’un complètement sur la défensive ne pourrait pas l’arrêter! Mais la théorie était une chose et la pratique une autre… Par un ingénieux système de contrepoids et de cordes, un sac de sable de la taille d’un adulte « habillé » d’une protection improvisée faite de planches en bois, simulant la garde d’un adversaire, se balançait aléatoirement. Ladite protection, alors que le sac se balançait à nouveau, essuya un nouveau coup de kunai quand Madoka frappa à nouveau. Encore raté! Heureusement que les kunais étaient solides…
Il devait y avoir un truc qui échappait à la genin masquée, qui arrêta sa séance d’assassinat de sac un instant pour relire les instructions. Le rouleau était clair, pourtant; comment frapper, les signes à repérer pour savoir où et quand frapper, utiliser le chakra pour frapper plus vite et plus fort… Le chakra? Oh. Voilà ce qui manquait et qui faisait la différence. Infuser le chakra dans la lame et le bras pour frapper assez vite et fort. Comme quoi, ça aidait de lire toutes les explications sur la technique avant de foncer dans le tas. Maudissant cette énième instance de son entêtement passant avant le fait de réfléchir 2 minutes, Isatsu attendit. Le mannequin continuait à se balancer sans vrai pattern, mais tôt ou tard, il reviendrait vers elle… Sitôt le mouvement amorcé dans sa direction, Madoka relâcha le chakra dans son bras et son kunai.
La lame courte traversa l’air en un éclair sans rencontrer de résistance. Aussitôt après, le son du sable coulant au sol et le ralentissement du balancier suffisaient comme preuve. La technique marchait, et Madoka l’avait réussie. Sautillant de joie, elle s’empressa d’aller décrocher le sac désormais vide pour en accrocher un autre à sa machine d’entraînement; réussir une fois, ça pouvait être la chance. Mieux valait être sûre de son coup avant d’utiliser cette technique en mission!
L’artisan qui lui avait vendu une quinzaine de sacs vides risquait de se poser des questions s’il retrouvait ses produits lardés de coups de couteau, cela dit...
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