Les journées passaient et, pourtant, toujours ce même sable amoché par les affrontements, toujours cette même impatience d'en finir et, surtout, toujours cette même foutue chaleur qui rendait le boulot d'examinatrice particulièrement insupportable à la doyenne. Elle qui devait se tenir à l'écart pendant que deux mioches se crêpaient le chignon à coup d'explosifs, de clones et de substitutions, vivait son immobilité comme une agression, frêle fillette à la merci d'un souffle chaud qui la malmenait, l'étouffait, la faisait suer. Elle aimerait pouvoir lui rendre la pareille, le taillader de ses scalpels afin de couper son élan infernal, de lui faire comprendre qu'il n'y avait pas la place pour deux prédateurs dans cette arène mais, avouant sa faiblesse, elle se résolut à encaisser, à être aujourd'hui victime pour mieux vaincre demain. Hélas, elle n'avait pas le choix et, si elle en venait à être une nouvelle fois convoquée, elle n'oublierait certainement pas d'apporter son ombrelle avec elle.

La femme-enfant se tenait donc debout, au milieu de l'arène, cette même arène où elle avait vu perdre son élève mais également une gamine Omura, levant sa fine main au-dessus de sa tête pour essayer de protéger son regard des rayons perçants du soleil. Autour d'elle, le vacarme de la foule qui attendait avec impatience le prochain combat, plus qu'intéressés de voir combattre une Uchiha et cette gamine bizarre qui les avait tous impressionnés lors de son affrontement contre le soldat des cinq. Beaucoup de spectateurs trouvaient ses techniques répugnantes, et pourtant, l'esprit humain étant ainsi fait, en ressentaient dès lors une certaine attirance malsaine qui habitait l'envie de savoir plus, de percer le mystère de ces étranges insectes, de comprendre comment autant de petites créatures pouvaient gargouiller dans un corps si petit.

Pressée d'en finir, Mifuyu toussota ostensiblement pour obtenir l'attention du public, tandis que déjà les deux jeunes concurrents s'élançaient dans l'arène, se faisant face une ultime fois avant que les coups ne s'abattent, avant qu'ils ne se détestent l'espace d'un duel, avant que l'un d'eux affirme enfin sa supériorité et ne passe à l'étape supérieure.

- Pour ce nouveau combat, commença la Sorcière, laissant filer au loin les cérémonies d'usage, nous avons à ma gauche, Aburame Hako de Konoha et, à ma droite, Uchiha Kaori de Konoha.

Elle leur fit signe de s'approcher et, ce qui surprit le public, ce fut qu'elle ne se livra pas au même spectacle que lors du combat précédent. Tous s'attendaient à la voir déglutir un nouveau parchemin ou faire appel à un jutsu plus immonde encore – en vérité, certains étaient venus pour ça – mais ce fut finalement sobrement qu'elle sortit un petit papier de sa sacoche, plié en quatre, qu'elle défroissa méthodiquement avant d'en lire le contenu.

- Les règles sont les mêmes qu'au premier tour. Elle se mit à marmonner à toute vitesse ce qu'elle avait déjà énoncé la dernière fois en une pénible litanie. Interdit de commencer sans mon accord, de se tuer, de tricher, il est impératif de m'écouter et de ne pas contester mes décisions, etc. Un seul changement, comme vous le savez, les combats sont désormais chronométrés, termina-t-elle en pointant faiblement du doigt le grand sablier qui avait été installé dans la nuit au bord de l'arène.

Enfin, elle recula de quelques pas, laissant les deux adolescents de la feuille face à face. Elle leva le bras droit vers le ciel puis, après quelques instants, l'abaissa brusquement en criant : "ALLEZ-Y !".

Les règles :

Mifuyu avait, une fois n'est pas coutume, suivi avec attention le match qu'elle examinait. Loin de se contenter d'observer d'un œil distrait, à intervenir avant que les choses tournent au vinaigre, elle avait pris plaisir à observer les techniques des deux combattantes, principalement car il s'agissait de deux arcanes secrètes et propres au village de la feuille et que la Sorcière était toujours friande de nouvelles découvertes, mais également car l'intensité qu'avait atteint ce match avait eu le mérite de la maintenir éveillée.

La doyenne avait certes assisté à la victoire de la jeune Hako face à son élève, victoire amplement méritée bien que décevante, elle avait tout de même commencé à examiner cet affrontement avec la certitude de la victoire de la jeune prodige Uchiha. Elle l'avait vue malmener Kae, la jeune Omura lunatique, et en avait naturellement déduit que le clan Uchiha serait, comme à son habitude, repéré par tous pour ses capacités martiales. La chirurgienne avait beau respecter profondément ce clan, elle en était également souvent agacée et, ainsi, c'était avec un malin plaisir qu'elle voyait la petite verte résister de son mieux aux coups de la gamine à l'éventail et, plus encore, elle était heureuse de la voir diriger l'affrontement. Cette technique des insectes était assurément redoutable et l'utilisation de ses clones avait été parfaite. Bien que la Jonin avait la prétention de prendre pour acquis qu'elle ne se serait jamais laissée berner par une telle stratégie, il lui fallait avouer que l'Aburame avait su créer la surprise et, par sa victoire contre l'Uchiha, légitimait un peu plus la faiblesse de Sanada.

La fin du combat avait été haute en couleurs, entre nuées d'insectes ravageurs, boules de feu et parchemins explosifs. Les deux combattantes, dans l'ensemble, avaient fait preuve d'un grand talent et même si aucune des deux n'était tombée à terre, les derniers grains de sable venaient de glisser dans la partie inférieure du sablier, marquant aussitôt l'arrêt du combat. Mifuyu, comme par magie, s'immisça alors entre les deux jeunes filles – bien qu'elles s'étaient arrêtées de combattre en même temps – et les observa toutes deux. Aucune n'avait reçu de blessure majeure, aucune ne s'était effondrée. La décision fut difficile à prendre pour Mifuyu qui, finalement, décida d'accorder la victoire à la jeune Aburame. Si d'un côté elle avait l'air d'être la plus fatiguée des deux, elle n'avait pas été blessée une seule fois durant toute la durée réglementaire. C'était un beau tour de force qui méritait d'être récompensé.

Mifuyu leva alors la main au ciel et, d'une voix forte et autoritaire, comme à son habitude, elle mit fin à la rencontre par ces quelques mots.

"Le temps est écoulé ! Aburame Hako est déclarée victorieuse. Bravo à elle, mais également à son adversaire."

S'en suivit un tonnerre d'applaudissements, quelques protestations de spectateurs qui auraient aimé voir le combat se prolonger, les salutations respectueuses des deux kunoichi et, enfin, la mission de la doyenne s'arrêtait là pour la journée.

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