L’intendante accompagnant une personne qui venait pour une mission rang D semblait abusé, non ? Même si la personne qui l’avait prise avait la réputation de ne pas être très douée, c’était beaucoup. D’un autre coté, il y avait les quotas à remplir; le village devait justifier d’une certaine activité pour continuer à attirer des clients ayant besoin de ninjas pour leurs besognes plus ou moins acceptables. Sans compter que pour pouvoir éventuellement monter en grade, tous ceux n'étant pas jonins devaient aussi se bouger le popotin pour accomplir des missions et pas juste aplanir le terrain d’entraînement toute la semaine. Même si celle-ci n’avait rien de glorieux, il fallait bien commencer quelque part. En parlant de commencement…
=====Hier=====
- Que-quoi ? Euh, ve veux dire- Oui! Enfin, non! Aucune question, maître Denya! Aucune! Demain sans faute à l’entrée du villave!
Prendre une mission, c’était une chose, mais quand l’intendante de Suna elle-même disait qu’elle allait y participer, c’était un signe qu’il fallait s’exécuter avec zèle et célérité! Mais cela ajoutait une dose de stress supplémentaire; se planter devant Denya n’allait pas arranger la réputation de Madoka… Sa présence était logique; sans un chuunin ou un jonin pour les encadrer et les surveiller, il était normalement interdit aux genins de quitter le village. Mais que l’intendante en personne prenne le temps pour se charger de cette tâche, c’était que les choses devaient être calmes. Ou il y avait une raison plus personnelle; après tout, elle avait mentionné les accompagner « pour affaires ». Dans tous les cas, il y aurait du travail demain!
Aller se renseigner à la bibliothèque n’était pas une mauvaise idée, même si Madoka n’en voyait pas l’utilité au premier coup d’œil : tout le monde à Suna savait comment gérer le désert vu qu’ils vivaient au milieu du sable toute l’année, et la mission n’avait pas vraiment de surprises ou autres; seule la nature pouvait aider. Cet excentrique voulait des débris du désert que le sable, le soleil et le vent avaient travaillé avec le temps pour les embellir; une directive à la fois précise et vague vu que la définition de beauté variait d’une personne à l’autre. Il serait possible de « tricher » et accélérer un peu le processus avec certains jutsus élémentaires si le groupe trouvait une pièce intéressante mais pas assez érodée à leur goût, mais rien de plus. Enfin, c’était l’occasion pour Madoka de jeter un œil aux parchemins et rouleaux de techniques par la même occasion pour planifier comment organiser son répertoire futur; juste agiter des kunais comme une folle furieuse et jeter des seaux de shurikens ne suffirait pas face à des ennemis qui peuvent faire apparaître 100 copies d’eux-mêmes en un claquement de doigts ou perforer un mur de pierre d’une pichenette.
=====Maintenant=====
Madoka aurait préféré partit plus tôt; la température était plus supportable au petit matin, quand le soleil devait réchauffer le sable du désert et n’était pas encore assez haut pour taper trop fort, mais Deyna avait dit « Même heure » donc c’était même heure et c’était non-négociable. La genin masquée avait prévu le coup en emportant avec elle, outre son équipement, une énorme gourde d’eau et de quoi se couvrir la tête; se choper une insolation dés le premier jour, ça serait bête. Par contre, c’était pas prévu qu’il y aie deux autres genins qui viennent! Quatre personnes juste pour aller ramasser des débris dans le désert? Décidément…
- Nous sommes tous là pour la même mission? Ce sculpteur doit vouloir faire une statue vigantesque pour que nous soyons si nombreux à ramasser des cailloux et des os.
Mission:
Le Sculpteur des Vents
Un sculpteur aussi célèbre qu’excentrique a passé une étrange commande à Suna. Il veut qu'on lui ramène du désert profond des pierres, du bois et des os "intéressants" qui ont été naturellement ciselés par les vents terrifiants des tempêtes de sable les plus terribles du Pays du Vent, afin qu'il compose une oeuvre pour le Daimyo.
Commanditaire : Fûko Yoite, artiste sculpteur à la Cour Récompense :60 ryôs
Takeda Kyou
Suna no Genin
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J’étais toute guillerette à l’idée de retrouver Seiren. J’avais reçu une missive la veille qui m’apprenait que j’allais partir en mission, j’avais alors vu avec joie, le nom du blondinet et un léger sourire s’était dessiné sur mon visage. Qui l’eut cru que je serai heureuse de partir en mission ? Personne probablement, moi la première. Cependant, n’ayant pas d’obligation à me battre, je ne voyais pas cela comme une mission de shinobi et c’était donc bien, Kyou la chasseuse qui allait aller chercher des ossements dans le sable.
Vu que la mission était en dehors du village, une jonin était sensé nous accompagner en la personne de Sahara Denya, je l’avais côtoyé légèrement juste avant que je ne parte en mission avec Shigeru et Rinka. J’avais hâte de montré ce que je valais durant cette mission pour qu’on me juge apte de devenir chuunin et ainsi pouvoir partir dans le désert sans problème. Je me souvenais même de la promesse que j’avais faite à l’ex-nomade la dernière fois : celle d’aller se balader dans le désert. Il fallait croire que j’allais en avoir l’occasion plus rapidement que prévu.
J’avais préparé mes affaires rapidement, sellé et nourris Marengo la veille et une fois ma longue natte compacte faite, je m’étais élancé au galop jusqu’au point de rendez-vous. Je sentais bien le regard désapprobateur de gens autour, mais je n’en avais cure, après tout, que c’était bon de se retrouver là à galoper au vent. Je commençais même à vibrer d’excitation à l’idée même de pouvoir galoper dans la lande.
J’arrivais en quelques instants au lieu de rendez-vous et je cabrais alors mon cheval alors que celui-ci levait les pattes et faisait un demi-tour rapide. Je sautais alors par terre en tenant les rennes, puis salua de manière un peu hautaine, une gamine que je connaissais un peu. Lorsque j’avais quitté l’académie, il y a de cela, six mois, elle y était, aussi empotée que maladroite, il était presque étonnant que celle-ci soit passé genin. Enfin, je pouvais bien parler, vu mon aversion passée et présente pour le poste de kunoichi.
Avançant légèrement vers elle, tenant toujours mon cheval vers la bride, je la saluais poliment :
« Bien le bonjour, je suis Takeda Kyou, nous allons faire équipe aujourd’hui avec Akatsuki Seiren et Sahara Denya. Il me semble que nous avons été à l’académie ensemble, je suis heureuse de voir que tu es devenue genin : mes félicitations ! »
Je manipulais un peu en étant plus gentille que je l’étais réellement, mais ce n’était pas grave, je préférais avoir la confiance de cette jeune fille probablement influençable, cela pourrait m’être utile pour plus tard. En y réfléchissant aussi, je devais avoir l’air étrange, vu mon âge de n’être que genin. Pour ma défense, j’avais commencé l’entraînement pour devenir shinobi à l’âge de 20 ans et j’avais réussis dans trop de problème l’académie. La gamine dont je savais désormais qu’elle s’appelait Isatsu Madoka me demanda alors si nous allions être quatre pour la mission et le soufflai alors en haussant les épaules :
« J’avais ne pas en savoir plus que toi… en tout cas, notre mission est de faire ce qu’on nous demande, pas plus, pas moins ! »
Puis, plissant les yeux, je me détournai d’elle, car j’attendais alors l’arrivé de Seiren. C’était un grand jour aujourd’hui et j’imaginais alors facilement son excitation, car moi-même, j’étais excitée à l’idée de pouvoir partir dans le désert. Une fois qu’il arrivera, je pourrai lui dire :
« Salut toi ! Il semblerait que nous allons pouvoir galoper dans le désert tout les deux, plus rapidement que prévu ! »
Arborant un grand sourire, j’avais hâte de voir sa réaction !
Ces derniers temps, Seiren a eu l'impression de sentir un changement en lui, comme si sa musculature s'était développée. Il se sent plus fort, plus robuste, plus rapide et a l'impression qu'il a un tout petit peu moins de difficulté à manipuler le chakra bien qu'il soit loin d'égaler quelqu'un comme Ena. Il n'a cependant pas l'impression d'être devenu plus intelligent ou d'avoir acquis beaucoup plus de connaissances bien qu'il soit certainement plus expérimenté que lorsqu'il est sorti de l'académie. Il espère, avec ces ailes qu'il se sent pousser, pouvoir s'illustrer une nouvelle fois -selon sa perspective- en mission.
En effet, il a été dépêché, avec deux autres Genin, semblerait-il pour rapporter des ossements, des pierres et un bois susceptibles de plaire à un excentrique de marionnettiste. De ce qu'on lui a dis, il devrait voir Denya. Evidemment, n'ayant écouté les informations que d'une oreille distraite, il ne sait pas trop quel rôle est censée tenir sa Sensei ni ne connaît le lieu de ramassage de matériaux. Il s'est concentré sur l'essentiel, à savoir : le lieu et la date de rendez-vous, si on met de côté l'information que Kyou ferait partie de l'équipe. Aaaaah... C'est qu'il l'aime bien, cette genin, c'est une femme du désert, une nomade. Lors de leur dernière mission, une vague de nostalgie a envahi le garçon qui ne souhaite que partager de nouveaux moments avec elle.
Arrivé au lieu de rendez-vous, sac vide reposant sur l'épaule, le blond salue ses camarades. Il sourit sans faute à la remarque de la Takeda, posant son regard sur la monture avant de répondre en riant :
"Avec plaisir ! Mais, je crois avoir une dette envers ton ami."
Il n'a pas oublié que la bête à la robe de qualité leur a donné un gros coup de pouce en mordant puissamment l'agresseur au cours de leur dernière mission.
"J'espère qu'il veillera toujours aussi bien sur nous et qu'il m'en veut pas trop de l'avoir laissé s'encrasser les dents. Il pourra pas tous nous porter, si ?" dit-il en approchant sa main de façon assez maladroite de la tête de la créature.
Sahara Denya
Suna no Jonin
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Fiche du Ninja Grade & Rang: Jônin - rang B - Arsenal Ambulant - Intendante de Suna Ryos: 9571 Expérience: (2034/1200)
Aujourd'hui était un jour important dans ma carrière d'intendante. Les affaires du village allaient bien, les affaires que nous faisions avec le daimyo allaient bon train. Je venais d'ailleurs d'envoyer encore un grand nombre de ninjas dans tout le pays, sous l'oeil méfiant du conseil. Le vieil Ibushi, chef du clan Shirogane, avait quant à lui eu un regard sévère lorsque je parlai d'envoyer à Namida deux bataillons complets composés dirigés par des jounins des clans Nozomo et Akayuki. Ils allaient à la perfection nous représenter. Si les deux clans étaient représentatifs des experts en taijutsu du village, les membres des Nozomo étaient de toute évidence les plus à même d'enseigner l'agilité des ninjas à des samouraïs lourdement armés, comme ils étaient eux-même souvent vêtus d'armures. L'endurance, la vitesse et la force dont ils étaient dotés ne pouvaient être enseignées à la perfection à des troupes de samouraïs n'ayant aucune maitrise du chakra, mais ce pouvait être utile afin de les faire progresser. Le maniement des armes du clan était aussi ce que recherchait l'armée du daimyo selon les mots d'Hitotsubashi Zenjiro. Les Akayuki, quant à eux, allaient pouvoir enseigner du ninjutsu élémentaire à des unités d'élite. Les divers clans samouraïs du désert n'étaient pas en reste et l'utilisation de certaines techniques telles que le chakra nagashi risquait de plaire. Il allait d'ailleurs être temps de démarrer la phase deux du plan de relance de Suna. Un plan qui pouvait enrichir le village ou, en cas de mauvaise gestion, le mener à la ruine totale et causer son éclatement.
C'était avec tout ceci en tête que j'avais quitté mon bureau non sans avoir regardé par la fenêtre en poussant un long soupir. Avais-je fait une bêtise ? Ces gamins qui jouaient dans les rues allaient-ils me remercier ou au contraire, allaient-ils me condamner ? N'avais-je pas pris un risque inconsidéré ? Car en ce moment, Suna ne disposait plus que d'un corps d'armée. Tout le pays était entrainé par nos shinobis et kunoichis. Le coeur serré, j'imaginai des armées de Kaigan, des troupes de cultistes nous envahir, nous, le village sans défense. Prendre nos enfants, nos familles pour les offrir en sacrifice à Ichibi ! Non, mieux valait chasser cette idée de ma tête. Je fis le pari que mon choix avait été le plus sage pour notre prospérité. Et cette prospérité, le Pays du vent allait y participer, même sans le vouloir et ce par l'intermédiaire d'un artiste ! Et cet artiste, je prévoyais de le rencontrer, profitant de l'occasion pour remplir une mission demandée à nos ninjas.
Pour ce faire, Isatsu Madoka, une jeune genin au flair sans pareil. Si jeune, elle se faisait déjà remarquer par ce don unique, un don qui faisait bien sûr penser à un expert de l'observation, Tengoku Nori, chuunin, mais aussi à Akatsuki Seiren, second ninja présent dans la mission. Et pour finir, la cavalière Kyou à la longue chevelure. J'allais accompagner ce trio dans leur chasse au caillou avant que nous ne nous rendions directement à la citadelle.
Pour me préparer, je pris un long manteau et sa capuche afin de me protéger du vent, violent dans les endroits que nous allions visiter. J'espérais d'ailleurs que le blondinet allait prévoir un capuchon, car les tempêtes risquaient de lui faire bien mal aux tympans là où nous allions, car les cailloux correspondant le plus au souhait de notre commanditaire se situaient dans des zones ou les secousses étaient quotidiennes. Nous connaissions le désert, nous y vivions, mais certains endroits étaient plus hostiles que d'autres et nous ne souhaitions pas aller défier la nature, le vent du pays était capricieux. Il allait sans doute d'ailleurs de nouveau tacher mon vêtement, que j'enfilai sans attendre. Le parapluie pouvait être un élément de confort non-négligeable, mais ne devais-je pas enseigner l'exemple ? Chacun ne disposait pas de ces outils, aussi privilégiai-je le simplicité. Mon tanto, par contre, allait s'avérer rudement utile pour dépecer une bête et s'en faire un repas si notre expédition prenait du temps et que nous devions passer la nuit en extérieur. Pourquoi pas un couteau destiné à cela ? Lame en main, je me posai en effet la question et saisis un vrai couteau, une belle bestiole en terme de chasse, idéale pour se charger de la viande et bien plus agréable au toucher avec son manche en bois auquel j'étais habituée. L'envie de le prendre était forte et c'était avec un léger regret que je le laissai là. « Les ninjas doivent faire avec les moyens qu'ils ont à disposition. » J'étais d'accord avec le chuunin instructeur qui m'avait dit cela.
Je me demandais bien comment Madoka avait prévu de transporter les minéraux. Je n'étais pas là pour l'aider, mais avait-elle prévu quelque chose ? Non, je refusais de lui prêter un parchemin de stockage qu'elle n'avait pas expressément demandé. Sans joie particulière au moment de prendre le reste de mes objets, une grosse gourde que je remplis d'eau, yeux à demi-clos, j'avalai deux figues et préparai un sachet de dattes, mis mes habituelles bottes épaisses et sortir mollement de chez moi. Je regardai le ciel quelques minutes avant de grimper sur les toits pour me rendre plus vite au lieu de rendez-vous. Arrivée, je vis que la discussion avait commencé, aussi me faufilai-je vers les genin en faisant le moins de bruit, posant un doigt devant la bouche pour indiquer à l'attentif Seiren et à la sensible Madoka de ne pas signaler la présence, puis posai ma main sur l'épaule de la jeune Kyou.
Bonjour.
J'avais pris avec moi un sourire léger, sans signe d'humour, que j'espérais rassurant.
Madoka, Kyou, Seiren, vous êtes tous là. J'espère que vous allez bien. Vous savez pourquoi nous sommes là ? Vous devez récupérer des matériaux intéressants. Du bois, de la pierre et des os forgés par les tempêtes. Madoka, j'espère que tu t'es renseignée, car c'est toi qui va guider le groupe. Je te nomme cheffe d'équipe temporaire. Je ne suis là que pour vous permettre de sortir hors de Suna et aussi pour en profiter afin de faire affaire. Tu diriges donc la mission.
À cela, je n'ajoutai rien, au contraire, je croisai les bras, me demandant ce que la jeune fille à l'odorat développé allait faire maintenant qu'elle avait carte blanche. J'avais déjà une bonne idée des capacités de mon élève Seiren, un enfant sauvage au potentiel terrible, mais du coin de l'oeil, j'observai la jeune archère. Si les capacités du blondinet et son tempérament en faisaient un ninja très réactif et prévenant, efficace à longue distance, j'ignorais de quoi étaient capables les deux filles. Aujourd'hui allait être un jour d'examen.
Madoka avait, évidemment, très mal dormi cette nuit. Non seulement il s’agissait de sa première mission, mais en plus l’intendante du village elle-même serait de la partie. De quoi flanquer une dose supplémentaire de stress à la genin… Mais le pire était a venir quand, à sa surprise, Denya décida une fois tout le monde arrivé que ce serait Madoka qui allait commander. Nommer chef d’équipe temporaire une personne qui met ses chaussures à l’envers une fois sur 10 ? Elle n’avait peur de rien, la Denya ! Mais les ordres étaient les ordres… Madoka, si elle fut surprise, improvisa rapidement.
- Euh… Bon. Très bien. Kyou, ton cheval et ton arc te donnent l’avantave au combat à distance et pour voir au loin. Tu va chercher au loin, mais reste à portée de voix; tu va servir de guetteuve et, si le pire venait à arriver, d’alarme pour prévenir le villave. Seiren, toi et moi allons passer les environs au peigne fin.
Ve ne pense pas que notre client veut faire une statue de 10m de haut, aussi nous n’allons pas ramener des arbres entiers ou des rochers; on privilévie les choses petites mais inhabituelles ou belles. Nous en ramèneront autant que possible dans nos sacs, mais ve ne veux pas surcharger la monture de Kyou si vamais le pire venait à arriver.
Maudissant son absence de prévoyance et se faisant une note mentale d’acheter un parchemin et/ou un rouleau de stockage, Madoka tentait de malgré tout s’imposer un peu. A défaut d’être la championne du monde de l’organisation, elle allait au moins tenter de montrer qu’elle était un minimum capable de commander un groupe. Difficile de dire ce que Denya penserait de la stratégie de la genin masquée d’agir comme si elle n’existait pas, mais ses paroles étaient (ou du moins, semblaient!) claires; elle n’était là que pour servir de laissez-passer pour quitter le village. En conditions réelles, elle ne serait pas là.
- Nous allons chercher vusqu’à ce que le soleil soie au zénith; hors de question d’attraper une insolation ou d’user nos réserves d’eau au risque de nous retrouver littéralement à sec. Sur ce…
Se tournant en avisant une petite dune, le pied de Madoka buta sur quelque chose. Un crâne d’animal ressemblant à un carnivore quelconque, poli par le sable et les vents, a moitié enterré dans le sable. Une vision assez commune, mais quelque chose de sombre dedans attira l’attention de la genin masquée quand elle se baissa pour le ramasser. Un rapide coup d’œil à l’intérieur du crâne, après avoir vidé le sable, révéla de quoi il s’agissait : un scorpion mort. Une belle métaphore de la mort servant de refuge à la vie, ou de la mort qui annonçait la mort, ou allez savoir quoi; Madoka avait déjà du mal a saisir des concepts concrets, alors essayer d’avoir une idée artistique...
- On commence bien.
Takeda Kyou
Suna no Genin
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Nous étions ainsi partis avec Seiren, qui espérait être protégé par Marengo. Cela me faisait plaisir de le retrouver. Et comme il l’avait très bien remarqué, mon fidèle compagnon ne pourrait pas tous nous porter, mais je n’avais pas vraiment envie de porter les autres, les autres pourraient marcher pendant que le blondinet montera avec moi. Denya, n’avait pas tardé à nous rejoindre, elle nous expliqua peu où près la mission, aller chercher des matériaux dans le désert pour quelqu’un. C’est alors que la Jonin annonça que c’était Madoka qui allait devoir gérer la mission. Je n’en laissais rien paraître, mais cela me paraissait ridicule, une genin ne pouvait pas être cheffe d’équipe, c’était trop dangereux ! Mais, vu c’était la véritable cheffe à mes yeux, j’allais m’y plier du coup, même si cela me paraissait aberrant. Enfin, je ne considérais pas cela comme réellement difficile à accepter, de toute façon, je ne me voyais pas comme une shinobi, ce n’était pas mon monde et je m’en foutais.
J’écoutais donc un demi-sourire aux lèvres les ordres de ma cheffe en culotte courte qui venait à peine de sortir de l’académie, Suna allait mal il fallait croire. Je ne me souvenais pas avoir déjà vécue cette pédagogie-là. Mais, parce que j’avais envie que tout cela se termine rapidement, j’allais obéir et fait tout ce qu’elle voulait. Tout cela me gonflait et seule la présence de Seiren me permettait de garder mon calme.
Le plan de Madoka n’était pas si bête que cela. Avec mon arc, je devrais tirer sur les ennemis s’ils arrivaient. Je devrais servir de guet et aller chercher au loin. Cela me permettrait de me détendre un peu en galopant. Au moins, la jeune fille n’était pas d’un naturel mauvais, car elle souhaitait épargner à Marengo d’être trop surchargé, j’appréciais cela. Au moins, elle n’avait pas mauvais fond. Ramasser de petites choses belles était quelque chose d’intéressant et plutôt simple.
La recherche serait limitée au zénith pour nous éviter des problèmes de santé, elle était au moins précautionneuse, peut-être l’avais-je mal jugé et qu’elle avait un tempérament de chef, je l’espérais pour elle, moi tout cela m’était égale, j’étais en dehors de ce monde fou. J’hochai la tête et déclarais alors, laissant Seiren et Madoka derrière : « J’y vais ! A tout à l'heure! »
Et d’un coup de talons dans les flancs, je m’envolais ou presque dans un nuage de fumée. Le vent me caressait le visage, le sable me fouettait, mais je me sentais si libre. Je fermais les yeux et j’imaginais alors mille et une libertés dans ce monde ! Je n’avais plus rien, ni famille, ni travail, il n’y avait plus que moi et moi seule, Kyou, libéré des troubles de la vie, des ordres, de sa faiblesse. J’étais infini et avec ivresse je gardais les yeux fermés, ne faisant pas attention à ce que je pourrais voir, la mission n’existait plus, je laissais Marengo me guider simplement et totalement. Il était lui aussi grisé, cela faisait si longtemps qu’on n’avait pas pu galoper comme cela, ensemble, libéré du poids de la vie. Dans les battements de son cœur, le cahotement de son galop, je sentais chaque émotion de mon être, je me baissais et posais ma main sur son cou où je sentais les puissantes veines pulser, puis je murmurai des mots d’amour à celui qui était toujours là pour moi et qui n’existait plus que pour moi. Dans le bruit de galop, seul le désert serait alors témoin de mon amour infini envers cet animal merveilleux.
En rouvrant les yeux après une course interminable, je me rendis compte que je m’étais un peu trop éloignée. Que ça avait été bon. D’un regard vers l’infini, je savais qu’un seul coup me permettrait de fuir de cette vie et mes obligations horribles. Je fus tentée une seconde de disparaître, mais détournant le regard, je ne fis rien. Fuir mes obligations envers mon père ferait de moi, la femme la plus ridicule de tous les nomades ! C’était impossible pour moi et d’un léger coup de rennes, je repartis au pas, avec mon cheval… Il était temps de retrouver Denya et Madoka. En chemin, je trouvais quelques bâtons en bois lissés par le vent et quelques os de carcasse jaunis par le soleil qui avec leurs traces de mort avaient une apparence incroyable. Quelques pierres aux allures étranges dans la lande désertique dans une toile de jute, d’autres bâtons aux formes extravagantes et me voilà de retour. J’avais fait le minimum, parce que je m’étais perdu dans mes pensées enivrantes et que je n’avais plus eu le temps de faire un véritable travail fatiguant, de plus, je n’avais pas envie de me ruiner et me décarcasser pour cette mission. J’étais déjà forcée de la faire, alors il ne manquerait plus qu’on attende de moi, de la bonne volonté. J’avais fait le minimum et personne n’en saura jamais rien… Mais, au moins, ai-je un peu de liberté et de clarté dans mes pensées.
Quelques heures après le zénith, je réapparus alors après ma cavalcade et laissa tomber mes richesses par terre en murmurant quelques excuses. Je ne les pensais pas le moins du monde, mais j’étais si habituée à mentir avec aplomb qu’elles avaient l’air sincères. Rien n’était sincère en moi, sauf mon amour pour Marengo et les nomades. Je m’excusais aussi du retard, prétextant que j’avais cherché de bien meilleures choses et que la honte de mon maigre butin m’empêchait de rentrer. J’avais évidemment vidé ma gourde, non sans faire boire la majorité à mon canasson et sentant bien qu’il avait soif demanda : « Avons-nous assez de chose ? Marengo commence à avoir chaud, j’aimerais pouvoir le ramener dans son box ! »
Qu’on en termine et que je puisse rentrer. J’avais eu mon lot de liberté, il me fallait désormais rentrer. J’étais prête à de nouveau sacrifices, j’étais libéré d’un petit poids qui réapparaîtrait bientôt, mais je devais profiter qu’il ne soit bientôt plus là. Je devais progresser pour mon géniteur !
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