Disappointing, nonetheless [Solo]

À la lueur des nombreux cierges disposés en cercle au sol, trois Conseillers fixaient leur disciple d’un regard calculateur. Leurs larges sièges reposaient  sur une petite estrade en hauteur pour mieux asseoir leur supériorité. Et une  longue table les séparaient  des personnes convoquées  dans cette pièce drapée de nombreuses tapisserie représentant l’emblème du cla. Une salle cérémonieuse servant visiblement aux affaires officielles du Conseil.

Comme à l’accoutumée, Nikkou demeurait sans bouger face à la triade martiale. Agenouillé en signe de respect. Un poing fermement planté au sol afin de signifier qu’il était prêt à toute ordonnance. La hiérarchie du Clan et le décorum n’étaient pas sujet à plaisanterie au sein des Uchiha. La discipline était après tout les assisses de la légende des Dragons Uchiha.

"Uchiha Nikkou…tu maîtrises suffisamment les arcanes du Clan pour mériter notre attention" Il ne s’agissait pas d’un compliment. Au mieux, une constatation.

"Il est décevant que tu ne maîtrises par le Genjutsu…mais le Sharingan à 3 tomoes se fait rare." Le discours de la seconde conseillère est plus sur le ton Uchiha. Plus conservateur, sans la moindre once de crédit.

"Tu représentes l’apogée du Clan Uchiha. Tu ne peux donc être si peu connaisseur de l’une de nos armes pricipales." Le discours du troisième Conseiller était plus à propos pour le Conseil Uchiha.

Leur considération première demeurait l’honneur du Clan.

La situation demeurait tout de même particulière. Les enseignements du Clan demeuraient le plus souvent public. Un spectacle de force et d’honneur pour tous les jeunes aspirants shinobi ou même pour les plus jeunes Genin. Un exemple de ce à quoi leur futur pourrait tendre. Pourtant, aujourd’hui, on l’avait convoqué à l’abri des regards. Dans une pièce sombre dans les sous-sols du bâtiment officiel du Conseil.

"L’entraînement ne sera pas plaisant." déclara Uchiha Kotomi, affichant une mine légèrement concernée derrière ses lunettes rectagulaires.

Peut-être avait-il peur d’endommager les précieux sharingan du Chûnin. Ou peut-être faisait-il partie de ces quelques rares exceptions valuant un tant soit peu la vie des plus jeunes.

"Mais il sera visiblement le bienvenu…" se moqua la vieille sorcière Uchiha Sakura, crainte des plus jeunes pour son intransigeance, et ce, même envers les génies du Clan.

"Effectivement…tu n’as même pas conscience du danger dans lequel tu te trouves." se moqua le vindicatif du triumvirat. Uchiha Kaizan..

Pris de court, Nikkou releva la tête d’un mouvement sec pour afficher sa défense la plus précieuse. Les pupilles noires du Chûnin avaient pris des teintes sanguinaires. Les  trois tomoes acérés tranchaient d’un trait sec le voile illusoire qu’il avait été trop dupe pour remarquer.

Les sièges n’avaient jamais existé. La pièce était sans décor et sans lumière. Les murs étaient de pierre sombre qui laissaient paraître quelques signes d’humidité. Visiblement une salle utilisée pour la torture ou autres affaires que l’on préférait faire à l’abris des regards indiscrets.

Le Maître des Ours était agenouillé au sol. Les pieds retenus par des anneaux de fer fixés au sol pour l’empêcher de se relever. Et ses bras étaient tendus en croix par des chaînes lourdes accrochés  au mur. Par simple réflexe, Nikkou essaya de bouger le haut de son corps pour essayer de se libérer. Sans résultat. Évidemment, il n’y avait rien faire. Le Clan Uchiha avait toujours excellé dans l’art de l’emprisonnement…et ses corollaires plus imagiinatifs.

"Conseillers-san! Qu’est-ce que tout cela signifie?" Le shinobi s’était emporté, levant la voix contre les trois conseillers qui l’entouraient à seulement quelques pas. Avait-il été condamné? Quel était donc son crime?

"Cela signifie que tu es encore loin de maîtriser le pouvoir de ces pupilles." affirma sèchement la Conseillère visiblement mécontente du ton de son nouvel élève.

Il aurait dû se considérer choyé d’être ainsi pris en charge par trois anciens.

"Tu dois prendre conscience de la puissance de ces pupilles." énonça le troisième Conseiller posté à l’avant du prisonnier avant de se pencher pour lui faire face.

Les yeux en forme d’amende s’écartillèrent d’une impulsion de chakra pour révéler les pupilles jumelles de celles du Maître des Ours. Trois virgules dans une mer de sang. Aussitôt, l’esprit de ce dernier fut emporté dans un torrent de terreur et de souffrance. La pièce disparue pour révéler un champs de bataille vide, baigné dans la lueur d’une lune sanglante. Et derrière lui, le souffle chaud d’une bête inconnue à l’aura maléfique omniprésente l’empêchait de se retourner.

Il connaissait cette scène. Ou plutôt cette sensation. Et il savait qu'il ne pouvait rien contre elle. Comme dans le passé. Comme pour le futur. Et d'autant plus pour le présent. La peur sourde de l’inconnu pourtant familier lui avait coupé le souffle. Et le  tambour de son cœur de s’accélérer jusqu’à manquer certains battements alors qu’il perdait même la force de s’opposer au Conseil. Il était victime d'une terreur sans nom venue rompre sa volonté et lier ses muscles, déchirant par la même occasion les vestiges de son esprit guéri de cette peur enfouie au loin.

"Nous reviendrons dans quelques heures. Si tu n’es pas brisé par le sort, nous t’apprendrons." déclara le Conseiller que Nikkou avait faussement cru plus humain, visiblement satisfait du déroulement de la situation.

Les Uchiha étaient des êtres pragmatiques. Efficaces. Et la première étape d'un entraînement au Genjutsu était toujours d'en apprendre les effets. Pour en comprendre la puissance. L'apprentissage de quelques rouleaux ne pouvaient battre l'expérience vécue. Après tout, le renom de leur puissance résidait dans leur capacité à décortiquer les jutsus exécutés devant leurs yeux bénis. Pour débuter, Nikkou serait donc laissé dans cet univers cauchemardesque issu de ses propres peurs. C'était la seule solution...ou du moins, la plus rapide.

Afin de simplement pouvoir envisager la possibilité pour le prisonnier d'apprendre cette technique, encore fallait-il qu'il puisse en apprécier les effets. Il devait apprendre la peur. La comprendre sous toutes ses coutures. Et en saisir toute la puissance. Il n'aurait aucune chance de maîtriser la terrible puissance de ses pupilles s'il était incapable d'en apprécier la puissance...et d'y résister.

Au surplus, ils auraient enfin la chance de remettre à sa place ce jeune Chûnin ayant déserté les rangs cordés du clan à un si bas âge mais qui avait pourtant tant de talents à un âge si avancé…défiant la voie de la discipline Uchiha par la même occasion.

Dans la même position qu’il avait été laissé, le Maître des Ours désoeuvré pendait mollement aux lourdes chaînes de fer accrochées aux murs du sous-sol du Conseil Uchiha. La tunique trempée par les sueurs froides. Le corps sans aucune vigueur. Et l’esprit ne tenant que par un fil après les heures de torture mentale qu’il avait subies.

Immobilisé par les chaînes et les anneaux de fer, Nikkou n’avait pu former les mudras nécessaires pour se libérer de la technique diabolique de ses aînés. Le Sharingan lui avait été également d’aucune aide compte tenu de la puissance des membres du Conseil. Laissé à lui-même dans un monde de terreurs et de noirceur auquel il n’avait pu échapper. Pris sous le souffle chaud d’une bête à la puissance incommensurable. Et victime de sa propre faiblesse.

“Tu as survécu…impressionnant. Nous pourrons donc commencer ton entraînement.” prononça sans enthousiasme Uchiha Kotomi en replaçant ses lunettes pour mieux observer l’état du disciple.

Le troisième conseiller n'avait dit mot, laissant le Chûnin reprendre ses esprits et retourner lentement à la réalité. Nikkou lâcha un grognement de douleur aigu alors que le sentiment de peur primale s’évanouissait avec la technique. Le pauvre continua de haleter sous l’effort, luttant contre la faituge qui l’envahissait à peine avait-il quitté le monde des cauchemars pour reprendre contrôle de ses sens.

“Qu’as-tu appris de ce Jutsu, Nikkou-san? Ou du moins qu’est-ce que cela t’as rappelé?” demanda d’un air pratiquement moqueur l’instigateur du jutsu.

Et Nikkou de répondre en le dévisageant d’une haine affinant ses traits coupés à la serpe et cachant la faiblesse de son corps meurtri. Les yeux plissées. La mâchoire serrée. Et les pupilles rouges désormais empreintes d’une colère froide pour le Conseiller maintenant venu se pencher à la hauteur de son visage.

“Exactement. La haine. La colère. La puissance des Uchiha réside dans ces sentiments qui corrompent notre Chakra. À cette source de puissance à laquelle répond le Sharingan.” répondit Uchiha Kazai à sa propre question en appréciation au regard assassin renvoyé par son nouveau disciple.

“Et tu dois appendre à diriger cette puissance contre tes ennemis.” L'excitation qui transparait dans la voix du conseiller était double. Il avait l'opportunité de contribuer à l'essor du Clan en faisant de ce pauvre Chûnin un véritable Uchiha. Mais également l'occasion de pratiquer son art fétiche: la torture.

“Kotomi-san a raison. Tu dois apprendre à user du véritable héritage des Uchiha. Le sombre Chakra dont nous sommes tous les héritiers. ” énonça Uchiha Kotomi comme constat. Il était temps que ce jeune Genin apprenne toute la vérité de leur puissance.

“Il y a une raison pour laquelle notre Dojutsu est décrit commes les yeux qui reflètent le cœur. Le Sharingan n’est qu’une fenêtre sur cette vérité.” Le Conseiller aux lunettes carrées avait expliqué cette évidence avec une froideur effrayante.

Les trois seniors du Clan ne bronchèrent pas à cette explication. Il s'agissait d'une vérité incontestée. Voire même d'un symbole de fierté. Ils étaient après tout membres des hautes instances Uchiha. Et avaient accepté depuis longtemps la part de noirceur de leur héritage.

“Ce jutsu est l’essence même du Kekkei Genkai des Uchiha. Il permet de verser dans l’esprit de la cible la noirceur de notre chakra par le biais du Sharingan à trois tomoes.” expliqua plus amplement le Conseiller sadique à quelques centimètres du visage de sa nouvelle victime. “Comme tu as pu le constater, il ne restera alors plus que la peur et le désespoir de la victime. Un hommage à notre toute puissance” clama d’un discours emporté Uchiha Kaizan, visiblement aux abords de la folie mégalomaniaque qui guettait tous les membres du clan.

“Comprends-tu la puissance que recèle ce jutsu? Saisis-tu même le pouvoir que peut avoir la peur?” La Conseillère à l'air renfrognée somma de sa voix autoritaire le pauvre Chûnin de répondre, se dressant fièrement devant lui pour le dominer de sa prestance martiale.

“Oui…apprenez-moi.” laissa-t-il échappé d’un murmure défait pour répondre à ses tortionnaires, vaincu par sa propre faiblesse.

Et les trois Conseillers de le fixer d’un regard approbateur, un petit sourire en coin perlant à la commissure de leurs lèvres. Il était bien un Uchiha. Dans une dernière impulsion de chakra, Uchiha Kaizan laissa tomber s'étioler le dernier voile de chakra illusoire masquant l'esprit de Nikkou. Les chaînes et les fixations de fer s'évaporèrent dans l'atmosphère pour révéler Nikkou agenouillé au sol, victime de la prison de ses propres peurs. Il avait certainement compris maintenant les effets de cette technique.

Le jeune Uchiha avait été libéré à la sortie des trois Conseillers sans autre consigne. L’esprit défait et le corps ankylosé, il était retourné penaud chez lui. Sachant pertinemment que demain l’entraînement serait tout autant difficile. La victime deviendrait bourreau. Et si pour plusieurs il s’agissait d’une promotion ou même d’une victoire, Nikkou redoutait de revêtir ce rôle. D’employer cette technique. Le Genjutsu ne pouvait après tout pas être pratiqué sans victime. Consentante ou non.

Le lendemain, on le guida sans mot dire dans la même salle que la veille. Une salle dissimulés dans les intestins du domaine Uchiha. À l’abri des regards ou oreilles indiscrètes. Et sans lumière ou air frais. Le lieu idéal pour se laisser sombrer dans les ténèbres de l’héitage maudit du clan Uchiha. Identique à la veille si ce n’était qu’il n’y était pas enchaîné. À la place, un visage trop familier le fixait d’un œil mauvais à son entrée.

“Tetsuo…mais que fais-tu ici?” prononça le pauvre Nikkou d’une voix surprise et coupable à la fois.

”Tetsuo répond aux ordes du Clan. Comme il se doit. Il n’a eu mot à dire lorsque nous l’avons sollicité. Il connait l’importance que ton sharingan à trois tomoe à pour le Clan et e s’est pas plaint. ” énonça la Conseillère d’une voix toujours aussi autoritaire, rappelant aux deux Chûnin leur devoir premier envers le Clan.

“Tetsuo doit même te remercier pour sa deuxième participation à ton entraînement. Tu ne croyais tout de même pas que nous ignorions ton espacade dans les jupes de ton ancienne Senseï…tu sais ce que nous pensons de cette non-clanique. Elle a une mauvaise influence sur toi.” Le message était clair. Tetsuo paierait pour la bonté d’âme de Nikkou. Et ce dernier savait désormais que toutes tentatives d’humanité aurait des conséquences d’autant plus grave.

Il n’y avait à vrai dire rien de particulièrement étrange en l’instance. Tetsuo le regardait avec la même haine que les autres membres du Clan. Lui, le Uchiha paria qui avait accédé aux bonnes grâces du Conseil, malgré une vie que plusieurs qualifiaient de trahison envers le Clan. Il n’avait jamais été aimé, mais on le tolérait afin de faire grandir la puissance du Clan. Toujours avec un soupçon de jalousie et de mauvaise foi.

Et Tetsuo, ce cousin victime de ses dernières illusions qu’il avait mené chez Yuriko-senseï pour le soigner et se faire pardonner (ou se pardonner lui-même), ne faisait pas exception. À vrai dire, Nikkou avait appris à vivre avec cette haine toujours dirigée à son encontre. Il avait peut-être seulement rechuté un instant dans ses bons sentiments. Mais peut-être était-il temps d’obtenir le résultat qu’il méritait.

“Très bien. Si Tetsuo-san n’a cure de son propre sort et est prêt à subir mes illusions pour le sort du Clan, qu’il en soit ainsi.” La sentence était tombée. Tranchante et vindicative. Preuve que Nikkou était également un véritable Uchiha. Un homme au cœur noirci par le pouvoir qu’il arborait.

Les pupilles du Uchiha prirent aussitôt la teinte sanguinaire de son héritage pour se plonger dans celui de son cousin. Il se remémora l’effet du terrible Gejutsu sur son esprit. La noirceur incommensurable qui avait été invoquée par son adversaire. La terrible puissance qui l’avait subjugué lui, détenteur du légendaire sharingan à trois tomoe.

Puisant dans le fond de son âme tourmentée, il tenta d’atteindre le sombre désespoir qu’il avait ressenti à ce moment. Le souvenir du souffle démoniaque de la créature lui revint alors en mémoire. Le sentiment d’impuissance face à une bête plus grande que lui. La vile impression d’être la proie d’un prédateur aux dimensions surnaturelles. Aussitôt, le Chûnin projeta l’image conjurée dans son esprit par la souvenir de sa défaite.

“Non…tu prends le problème à l’envers. Tu n’as pas à lui montrer quelques horreurs.” le corrigea son tortionnaire original, et mentor du moment, sans lui donner plus amples détails.

Pour une seconde fois, le Maître des Ours sollicita le pouvoir terrifiant du sharingan pour invoquer la peur qu’il avait ressenti la veille. Il tenta d’évacuer la scène générale qu’il voyait dans sa tête pour seulement communiquer à sa cible le sentiment de peur qu’il avait eu à l’époque. Mais encore une fois, le Conseiller lui opposa la même explication, plus rageuse à chaque fois.

“Peut-être n’es-tu tout simplement pas assez Uchiha pour un tel jutsu…” conclut finalement Uchiha Kaizan du ton acerbe qu'on lui connaissait si bien. Dans son temps, il avait été instructeur pour le Clan. Non par soucis de former la jeunesse, mais pour s'assurer qu'aucun élément faible ne puisse ternir la réputation des Uchiha. Ou par sadisme, tout simplement.

D'un seul mouvement, les trois Conseillers quittèrent la place, maudissant d'un simple grognement fébrile le fait que le pouvoir du trois tomoe ait été donné à un tel être bienveillant. Et dans la salle, de ne laisser que Nikkou et le pauvre Tetsuo, grelotant de peur mais capable de se relever aussitôt pour offrir un regard plein de haine à son cousin. Nikkou avait effectivement échoué.

Pas assez Uchiha. Les mots avaient claqués forts. L’insulte typique des membres de son clan. Il croyait cependant avoir réussi à leur démontrer le contraire. À leur montrer que lui, Uchiha Nikkou, méritait ce nom. Et peut-être, ne serait-ce que peut-être, qu’il méritait pour une fois leurs éloges. Bien entendu, c’était beaucoup trop demandé aux membres du Conseil du Clan à l’éventail.

Le Chûnin avait donc été relevé de son entraînement pour le moment. En attendant qu’il ne daigne trouver la raison de son échec. La véritable source du pouvoir comme l’avait prétendu ses senseïs de l’heure. Les arrogants Uchiha répugnaient à lui donner quelques indices, préférant voir s’il était véritablement digne de leur précieux entraînement.

Offusqué et blessé dans son propre orgueil, Nikkou s’était en allé sans autre considération. Il n’aurait jamais quémander leur aide. Il était après tout Uchiha. Même s’ils lui refusaient se titre. Et il n’avait pas besoin de leur considération. Les prouesses de son art shinobi lui faisaient déjà honneur. Ces vieillards aux faits martiaux oubliés n’avaient pas de leçon à lui donner.

Il était après tout l’un des seuls détenteurs du Sharingan à Trois Tomoes. L’un des rares Héros de Baransu encore debout. Le Maître des Tempètes de Konoha. Le Champion des Guerriers Ursidés. Il avait été l’élève de la Nidaime Hokage et avait trouvé en l’Intendante et proéminente membre des Senju une alliée qui considérait en égal sa force.

De toute l’arrogance de son clan, l’éphèbe avait donc quitté les entraînements. Ou il en avait été exclu. Rien n’était plus clair. Mais il ne retournerait pas les mains vides ou la queue entre les jambes. Il avait suffisamment été humilié et traité comme un vulgaire chien pour ne pas avoir a recommencé ce manège. Il maîtrisait déjà plusieurs arcanes du Genjutsu des Uchiha. Peut-être n’était-ce pas sa discipline de prédilction, mais pouvait-il au moins prétendre à une certaine compétence. Il n’avait qu’à concentrer ses efforts sur ses talents.

L’entraînement du Conseil levé pour le moment, Nikkou s’était arrogé le droit de se promener un peu dans les quartiers spartiates du clan. Ou du moins, y avait-il été obligé faute de pouvoir s’entraîner. Les mains dans les poches, le regard légèrement baissé par le manque d’intérêt de la vie quotidienne de ses pairs, il avançait sans autre mot dire.

Les étales de marchands venus de l’extérieur ne l’intéressaient pas. Pas plus que les scènes de la vie quotidienne de ses cousins et cousines. Toujours cet orgueil mal placé qui lui rappelait son échec. Et cet appétit pour la puissance qui lui rappelait cruellement qu’il avait échoué.

À l’arrivée du jeune shinobi aux terrais d’entraînement réservés aux membres du Clan, le regard se fit alors plus intéressé par ses cousins. En quoi n’était-il pas assez Uchiha pour saisir les subtilités de ce jutsu? Qu’est-ce qui les différenciait tant? Ils étaient tous à son image. Sveltes et élancés. Une chevelure d’ébène doublé d’un charme ténébreux. Et une allure spartiate à s’y méprendre. La même arrogance dans la manière de combattre ou dans leur quotidien. Une attitude qui défiait la peur et méprisait la faiblesse, et ce, tant des autres que la leur. Des guerriers forgés dans les flammes de la guerre qui ne reculaient derrière rien. N’avaient peur de rien. Ou du moins, s’interdisaient-ils de le montrer…et alors il comprit.

***

La même salle de torture. Les mêmes trois seniors. La même victime. Et la même position de respect, agenouillé au sol, prêt à faire état de ses torts et à solliciter une nouvelle fois l’attention de ses senseïs.

“As-tu compris ton erreur?” prononça la seule femme présente d’un ton cinglant. Elle n’avait visiblement aucune patience pour les erreurs. Elle lui pardonnerait peut-être la première, mais pas la seconde. La guerre n’en pardonnait après tout aucune.

“Oui, Sakura-san” répondit-il sobrement en éveillant le chakra de ses pupilles démoniaques pour les plonger dans le regard de son cousin. La Conseillère n’avait après tout cure de ses explications. Elle les connaissait. Il ne revenait plus qu’à Nikkou de faire ses preuves.

Les Uchiha étaient des êtres forgés d’arrogance et d’oppression. Et la domination et l’hégémonie étaient leur seule façon de s’exprimer. Ils aimaient asseoir leur autorité sur les autres et ne respectaient que la puissance brute. Et il revenait donc à Nikkou d’imposer cette tyranie sur sa cible. D’imposer non pas quelques images ou sentiments pris de son imagination, mais de les soumettre à son oppression.

Les scènes d’horreur n’avaient que peu d’impact sur des êtres dépourvues de toute sensibilité. La première tentative de Nikkou avait été un échec pour cette raison. La communication de sentiments tiers n’avaient que peu d’impact pour ceux dépourvus de toute empathie. Ils étaient après tout capable de distinguer leurs sentiments de ceux d’autrui. La seconde erreur de Nikkou.

La solution résidait dans de bien plus sombres pensées aux propensions égocentriques et égoïstes. Et Nikkou de violer l’esprit de cousin de l’incision sauvage de son chakra démoniaque. Il était Uchiha. Il était Puissance. Il était Souverain. Il s'imposait dans l'esprit de son adversaire sans outre clef que son imposante dominance. Ce qu'il voulait, il prenait. Ce dont il ne voulait plus, il détruisait. C'était son droit le plus absolu.

De cette nouvelle intention donnée à son chakra démoniaque, le simple contact visuel avait suffit au Uchiha à fracasser les barrières de sa victime pour venir imposer sa tyrannie. Pour arracher dans ses tripes ses doutes les plus profonds. Les peurs innées du personnage. La scène terrifiante d'un gouffre s'ouvrant sous les pieds de Tetsuo alors qu'il retrouvait la peur du vide qui l'avait déjà immobilisé de peur par le passé.

La pauvre victime se recroquevilla sur elle-même en pleurant, visiblement ébranlée par cette vision qui lui avait coûté une partie de sa sanité. Et Nikkou de sourire alors qu'il avait percé la clef de ce terrible jutsu.

Les trois Conseillers avaient simplement hoché devant la prestation de leur nouveau disciple. Les félicitations auraient été inconvenues. Non seulement n’avait-il pas réussi à la première occassion, mais il n’avait pas encore maîtrisé la totalité du Genjutsu pour autant.

On lui fit remarquer aussitôt que Tetsuo était toujours debout et grelottant. La vrai peur vidait de toutes forces. Incapacitait sa proie. Et ne laissait alors place qu’à une loque humaine. Nikkou était certes sur la bonne voie, mais il n’avait pas encore atteint l’autre rive. La plus grande félicitation demeurait cependant que malgré cette constatation, les trois Conseillers n’avaient pas dit d’autres mots et avaient quitté. Laissant simplement planer un nouvel ordre. Une nouvelle séance dès le lendemain. La preuve qu’ils faisaient confiance aux talents Uchiha du détenteur du sharingan à trois tomoes pour accomplir le dernier pas vers la maîtrise du Genjutsu.

Le lendemain à la même heure, il fut accueilli sans broncher. L’heure était dépassée pour les sermons ou les explications. Nikkou devait connaître la prochaine étape de ce Jutsu. Ou du moins, s’il était véritablement Uchiha, il la connaîtrait. Le pas n’était pas loin, mais il devait tout de même être.

Pour la première fois, le Chûnin ne prit pas la peine de s’agenouiller pour saluer ses ainés, mais s’avança plutôt d’une démarche assurée mais étrangement lancinante vers sa victime. Pleinement assumé dans son désir de pouvoir et de domination. À l’aise dans cette pièce de ténèbres et de torture. Sans autre remord pour les calvaires qu’il ferait vivre en ce jour au pauvre Tetsuo. Ou plutôt, excité à cette perspective.

Un moment sa cible resta bouche-bée. Il ne s’attendait pas à une telle attitude de ce cousin qu’il avait répudié si souvent pour sa faiblesse de cœur. L’aura ténébreuse qu’il dégageait aujourd’hui était différente. Le comportement spartiate du Maître des Tempêtes affecté par un désir qui avait pris le dessus sur son pragmatisme usuel. Le désir de puissance qu’il avait tant chéri.

Sans autre préliminaire, les pupilles noires de Nikkou prirent des allures démoniaques alors que les six virgules acérées percèrent aussitôt la psychée du pauvre Tetsuo. Les griffes de chakra psychiques agrippèrent alors les peurs de son cousin pour les sortir au grand jour. Mais Nikkou voulait plus. Plus que la résurrection d’un passé auquel il n’appartenait pas. Plus que quelques vestiges d’une ancienne peur venue hanter sa cible. Plus qu’un simple rôle de spectateur.

Les griffes psychiques de la Bête déchiquetèrent les souvenirs pour les faire éclater dans des jets de sombres teintures venues défigurer l’esprit du pauvre Tetsuo. Pour non pas faire revivre quelques horreurs à sa cible, mais pour les dominer, les oppresser, les façonner. Il était le Maître de cet univers cauchemardesque. Le Souverain des peurs ancestrales.

De ce nouveau titre autoproclamé, il avait arraché les horreurs cachées dans le cœur de Tetsuo pour donner naissance à un tableau inspiré des craintes de sa cible et de sa propre hégémonie. La peur du vide avait pris les aspects d’un puit sans fond et d’une chute libre sans arrêt. Le ciel et la terre indiscernable. Une chute sans issue. L’approche du sol toujours présente et absente. Suffisamment existante pour menacer Tetsuo de se fracasser au sol, sans jamais lui offrir ce salut. Un constant sentiment de peur. Qu’il sculptait. Agrémentait. Dirigeait. Pour créer de toute pièce un hommage à la puissance et la peur qu’elle devait instiguer. Lui. Le Dieu des Cauchemars.

“AHHH!!!”
“Ahhhhh!”

Les deux plus jeunes présents dans la pièce avaient crié en même temps. Les cris résonnant dans cette salle lugubre et dans cet univers cauchemardesque qui s’était ouvert dans l’esprit du jeune Tetsuo. Le premier était tombé à genoux en se tenant la tête entre les mains, complètement perdu dans cette illusion et aux pris avec des visions détruisant peu à peu le fil de ses pensées. Le second, instigateur du jutsu, avait dû fermer ses yeux pour savourer de ce petit cri de plaisir la puissance de ses pupilles gorgées d’un chakra maléfique.

Et les trois Conseillers de contempler leur succès. La prochaine génération du Clan était donc assurée.