"i'll make a man out of you" masaru

i'll make a man out of you

Je n'avais pas été franchement sûr de moi quand ce matin-là, je quittais la sécurité du clan pour rejoindre Masaru dans un coin paumé du village. La dernière fois que c’était arrivé, c’était avec mon père et on savait ce qu’il s’était passé. Je n’avais encore aucune confiance dans l’homme, aucune certitude sur le fait qu’il veuille vraiment s'entraîner et non pas me pousser une nouvelle fois à bout pour obtenir ce qu’il pouvait vouloir cette fois. Suspicieux donc, j’avais marché jusqu’à un camp d’entraînement perdu au fin fond de Konoha, soit l’endroit parfait pour ne pas être vu, soit pour commettre une atrocité, soit pour ne pas être vu en train d’apprendre d’un grade inférieur. Après, si j’étais Masaru, j’aurais éliminé le problème directement chez les Aburame, histoire de les faire accuser, mais j’imaginais que le risque de se faire repérer avec toutes ces souches était trop important. Dans le doute, de toute façon j’avais laissé une note dans un livre, une sorte de marque-page indiquant que j’étais partie sur un terrain avec Masaru. En cas de disparition, je supposais que mon chakra pourrait être remonté et peut-être même que Yama pourrait me flairer. Bref, je ne disparaîtrais pas sans laisser de traces cette fois-ci.

Arrivée donc de bonheur sur place, je n’avais pas pu m'empêcher de commencer à fouiller les endroits où il pourrait se cacher pour assouvir son besoin malsain d’observer les gens. Il y avait d’ailleurs une poubelle, j’avais été vers cette dernière dans l’idée de soulever le couvercle avant de me dire qu’un adulte ne passerait jamais dedans. Même moi ça serait compliqué. Il fallait un modèle comme Hako pour ça. Abandonnant donc ce qui me semblait absurde, je regardais dans les buissons, dans les arbres, bref je m’assurais son absence avant de m’asseoir contre un arbre pour sortir un livre que j’avais emprunté sur l’étude des souches par rapport à leurs milieux. J’avais accès à beaucoup de choses depuis que j’étais là-bas, j’avouais ne pas tout comprendre, mais c’était intéressant d’être au cœur d’un mystère que personne ne pourrait vraiment voler. Lire et comprendre étaient une chose, pouvoir faire quelque chose en était une autre.

J’aurais sans doute pu m'entraîner de mon côté, mais je n’avais pas envie d’être observé, pas plus que je n’avais envie de m’épuiser. L’idée était certes de lui montrer des choses, mais je n’avais que très peu envie d’être pris de cours en cas de changement de plan. Il l’avait dit, il maîtrisait des techniques puissantes, ce genre de choses, je ne pourrais sans doute pas les assimiler sans que cela ne soit vraiment physique et éreintant. Il suffisait de penser à ce que j’avais fait avec la mère d’Hako ou avec Tsumi. J’avais plus d’une fois perdu connaissance, même en connaissant un peu mieux mes limites. Je n’étais pas très fort, doué pour apprendre, c’était une évidence, mais tout de même pas très fort, du moins pas assez pour réussir pleinement à m’en sortir en cas de réelle mise à l’épreuve.

ft. Masaru

i'll make a man out of you

Perdu dans ma lecture, j’eus presque un sursaut en voyant la poubelle bouger toute seule. Il ne pouvait pas… Et pourtant si, il y eut bien un homme qui en sortit, Masaru, enroulé dans sa couverture. Comment avait-il pour se glisser là-dedans sérieusement ? C’était impossible ! Le regardant donc un peu bouche bé, il me demanda si j’avais bien dormi ce à doit je répondis à l’affirmative par un hochement de tête sans même relever le peu de respect qu’il me portait. Assis devant moi, je le regardais reprendre sa vie comme s'il ne venait pas de passer une nuit dans une poubelle. Il voulait savoir ce que je voulais travailler, à savoir du Genjutsu, du Sharingan, du Kaikenjustu, ou autre chose, j’avouais que je voulais surtout savoir pourquoi il était aussi bizarre en fait.

Et je n’en étais pas au bout de mes peines. Il me demanda alors si je ne voulais pas lui donner un truc à manger car si faire les poubelles ne le dérangeait pas, il devait reconnaître ne pas avoir la meilleure des alimentations. Il faisait les poubelles, juste… Sortant donc de mon sac des Onigiri dans un tissu et une pomme, je lui tendis, toujours muet, subjugué par tant de… Il n’y avait pas de mot, mais ça me dégoûtait presque. Comment l’un des Uchiha les plus puissant du clan pouvait en arriver là ? « Non c’est sur l’Hidden Aburame. » répondis-je donc en le fixant toujours alors qu’il me demandait ce qu’était ce livre que je lisais. Cet homme était vraiment impossible. « Pourquoi dormir dans une poubelle en fait ? Vous n'avez pas de chez vous ? », surtout que ca ne devait pas être confortable au final.

Mais j’étais pas sa mère, alors je n’allais pas me prendre la tête avec ça, mais quand même non ? C’était triste. « Et je ne sais pas, je n'ai pas un Sharingan aussi puissant que le vôtre, je ne pense pas pouvoir apprendre grand chose sur ça... », le Sharingan, cet or rouge que tout le monde convoité était complexe à maîtriser et une absence de violence dans la vie pouvait rapidement conduire à ça, une incapacité à le contrôler. « Ca ne serait pas plus simple que je vous apprenne des trucs ? » ou plutôt moins risqué et moins dans la capacité de me réveiller sous un mauvais jour ? J’avais un peu peur de ce que ça pourrait donner avec lui et vu qu’il avait dit maîtriser des choses puissantes, je doutais de m’en sortir pleinement. Autant commencer raisonnablement.

ft. Masaru

i'll make a man out of you

Au moins avait-il de l’éducation, pensais-je lorsqu’il me remercia. Le détrompant alors rapidement sur ce dernier sur ma lecture, il eut une réflexion qui me fit froncer les sourcils. Une trahison ? Pourquoi il fallait voir le mal partout ?! « Il n’y a rien de confidentiel dans ce qu’on me laisse lire, c’est juste pour mieux comprendre le fonctionnement. » affirmais-je avant de me demander ce qu’il fichait dans une poubelle et sa réponse fut tout autant… Étrange. Il s’expliquait en disant qu’il avait fini tard et qu’en rentrant chez lui, il aurait dû se lever encore trop tôt pour lui pour venir ici. Il avait donc prit une couverture pour dormir ici. Il cachait donc des couvertures ? Sérieusement ? Secouant la tête, je préférais ne pas me poser de question, il était définitivement trop étrange pour que je cherche à le comprendre alors… Je préférais réfléchir à ce qu’on pourrait faire ici et vu son niveau, je n’étais pas bien sûr de pouvoir m’en sortir correctement.

Illusions, Ninpo et il rejetait le Kaikenjutsu, pensant visiblement que je n’en maîtrisais aucun. C’était un peu vexant, mais c’était mon moment. Fronçant donc les sourcils, j’eus un léger sourire avant de tout simplement Shunshin dans son dos, tantôt à la main sous sa gorge. Je venais de m'épuiser, c'était génial, mais je n'étais pas ignare !  « Pourquoi je ne pourrais pas m’être déjà lancé dans le maniement des dagues ? » demandais-je proche de lui avant que son odeur plus que rance ne m’arrache un haut le coeur me forçant à reculer. Comment on pouvait à ce point ne pas se respecter ? M’éloignant de quelques pas, je rangeais l’arme à l’abris dans mon dos avant de répondre à ses questions, « Je connais deux techniques de Kaikenjutsu, beaucoup d’illusion de bas rang, mais j’ai aussi inventé des techniques se reposant sur le Sharingan et bien évidemment tous les Ninpo de base aussi. », simplement si lui m'apprenait des choses, j’allais sans doute devoir m’y prendre en plusieurs fois. « J’ai aussi développé quelques techniques-là, c’est encore en apprentissage, mais je suis sûr que lancer un Genjutsu visuel sans avoir besoin de voir la personne pourra vous intéresser ! Bon, j’ai pas encore tout de bon, donc pas pour maintenant, mais j’ai de la ressource. » et pas qu’un peu. Je pouvais globalement surprendre n’importe qui, il fallait juste me donner une chance.

« J’ai du Taijutsu et du Shurikenjutsu aussi. » ajoutais-je en réfléchissant bien à ce que je pouvais offrir, mais ça restait du bas rang. « J’aurais pas assez de chakra pour apprendre en un jour vos techniques, enfin si elles sont vraiment forte, du coup je pense qu’on peut commencer par une des votres et pour pas perdre la journée, je vous apprends une ou deux bas niveau après ? Ca vous irait ? » demandais-je pour optimiser notre journée. Lui n’aurait pas besoin de plusieurs jours pour apprendre ce que je maîtrisais. Quoi que… Vu que la moitié des hauts rangs ne savaient ni Kai, ni marcher sur l’eau, ni Shunshin, je me disais qu’il n’était pas possible que leurs forces leur jouent des tours.

ft. Masaru

i'll make a man out of you

Pas perdu ? C’était vraiment ce qu’on pensait de moi ? Quelqu’un capable de se perdre ? De ne pas être en mesure de se dépasser ? De surprendre ? Pourtant j’avais fini avant Kaori à l’examen non ? Je n’étais pas perdu, je méritais mieux et j’allais lui prouver. J’avais beaucoup de choses à lui offrir, vraiment beaucoup. Il devait juste me donner une chance. Il s'exprimait alors, parlant qu’un Genjutsu serait parfait pour moi, celui des Mots Prononcés. J’avais tellement lu, tellement fait de recherche qu’il ne m’était pas inconnu, vraiment pas, mais je n’avais jamais essayé, elle semblait trop puissante pour moi, trop puissante à saisir, à assimiler. Du moins c’était avant, entre deux j’avais eu à subir des choses réellement compliqué, ca ne me faisait pas peur. Alors ces autres propositions serait pour après, pour le moment, je me concentrerais sur ce Genjutsu. « Vous m’apprendrez tout ça. J’ai sans doute de quoi vous former le temps d’apprendre ça. » assurais-je, certain de moi.

« Et je connais cette technique, du moins dans la théorie. Elle est évoquée dans un des livres de la bibliothèque, c’est une technique de Genjutsu avancée et sonore, elle se base sur la voix. », j’avais passé des heures, des après-midis et des journées entières. Je connaissais presque tout ce qu’il y avait à connaître, à lire, à apprendre dans la bibliothèque, mais de lourdes bases ne suffisaient pas, surtout en Genjutsu. Il fallait une force mentale, il fallait quelque chose en plus que je ne pouvais obtenir dans un livre. C’était un peu comme espérer un lancer de Shurikenjutsu sans jamais essayer. Le vent, la distance, tout ça devait rentrer en compte et face à l’homme, face à sa puissance, l’apprendre et la maîtriser impliquerait une force et une adaptation qu’aucun livre pourra transmettre. Le savoir était une arme, puissante, mais Hako avait raison sur un point, la connaissance n’était rien sans une mise en pratique et pour le coup, face à lui, elle serait musclée. « Elle a un fort impacte psychologique qui handicape grandement la cible, je ne l’ai toutefois jamais expérimenté. Je n’ai donc pas d’information plus précise. Pouvez-vous m’en dire plus ? » lui demandais-je, avide d’en découvrir d’avantage sur ce qui serait sans doute l’un de mes Genjutsu le plus puissant si j’y arrivais.

« En fait je pense qu’en plus d’en apprendre plus, j’aimerais aussi l’expérimenter, je comprends mieux les mécaniques des illusions quand j’y suis plongé. » lui assurais-je alors. Mon père m’avait si souvent plongé dans des illusions cauchemardesques que je n’avais plus vraiment peur de l’irréelle, d’autant plus lorsqu’il était justement évident que l’on serait victime d’une illusion. Se laisser avaler, perdre ses repères seraient sans doute d’une évidence flagrante, mais je saurais retenir des informations. Je devais la voir, l’entendre, la ressentir, s'insinuer dans mon esprit, suspendre mes pensées, infuser mon sang et mon âme. Je devais savoir à quoi j’allais avoir à faire et là, je pourrais la disséquer dans le sens inverse. J’allais prouver au bras droit de Kagami que j’étais tout sauf perdu.

ft. Masaru

i'll make a man out of you

Naïf, j’étais naïf pour lui ? Bon ok, j’avouais que depuis que je ne m’entraînais plus avec mon père, j’avais oublié, tout simplement oublié comment les choses fonctionnaient, comment l’on apprenait. Il m’y plongerait donc, mais contrairement à ce que mon géniteur pouvait me faire subir, Masaru, malgré sa réputation, accepta de m’apprendre autrement. Il m’expliqua, présentant l’illusion comme sonore. Il fallait dire des mots blessants afin que l’adversaire abandonne, qu’il succombe au désespoir. Il fallait charger les mots de chakra afin qu’il puisse atteindre les ondes cérébrales de l’ennemi. C’était un peu comme cette schizophrénie que j’avais créé, elle était là pour isoler, pour rompre le contact. Il fallait l’enfermer, le noyer et visiblement le mieux était de viser juste. Ce n’était donc pas une technique à user sans connaître son ennemie, le voir interagir et éventuellement le voir échouer à piéger, blesser ou éviter une technique serait un avantage. Mais bien au-delà de ça, il faudrait réellement insuffler de la vie dans sa voix et pour cela, la ventriloquie que j’avais apprise avec Koutashi serait d’une aide précieuse.

Perdu dans mes pensées, j’étais en train de penser à chaque détail, à visualiser chaque onde, chaque intention. Je fixais Masaru, je le voyais composer des Mudras, dont un que je connaissais déjà et qui était relié à l’esprit quand il me désigna comme faible, comme lâche. Le retour à la réalité se fit alors dans une illusion. Je sentis le monde se refermer autour de moi et ses explications prirent tous leurs sens. Isolé par les mots. Ces mêmes mots qui résonnaient et montaient lentement un mur autour de moi. Passif, je me laissais entièrement plonger, entièrement prendre. J’accusais le coup et accusais la violence de tout ça. Je devais sombrer pour réussir à m’en sortir. Je devais sombrer pour réussir à comprendre, à saisir chaque chose, chaque fragment de cette existence. Je devais accepter.

Et il n’y avait rien de plus dur.

Lutter non pas contre l’illusion pour s’en sortir, mais lutter contre son esprit pour rester lucide et saisir chaque tenant, chaque aboutissant. C’était complexe, voire impossible sans entraînement. Sans accepter de sombrer inlassablement dans un premier temps. Sur ce point-là mon père avait eu raison, sombrer et ressentir la violence d’une illusion était primordial, mais connaître ses effets au préalable permettait bien plus. La compréhension était accrue, il était plus simple d’en saisir les arcanes. Et je commençais à comprendre l’important de cette charge de chakra, elle n’était pas uniquement là pour atteindre la cible, elle était surtout là pour résonner dans l’esprit de cette dernière, pour ricocher et frapper inlassablement sa volonté jusqu’à ce qu’elle s’écroule. C’était bien deux mécaniques distinctes. Là ou un Narakumi se contentait d’introduire une idée, une volonté d’anéantir que l’esprit avalé pour s’empoisonner seul, ici il y avait tout simplement le redondance semblable à une boîte à musique qui enfonçait le clou plus profondément encore. Les deux faisaient la paire, l’un sans l’autre, il n’y aurait pas de succès.

J’en savais assez. À mon esprit de saisir la gymnastique pour le reproduire à présent.

Formant un Kai, je dus déployer une assez importante décharge de chakra pour m’en sortir, pour voir de nouveau la lumière et ne plus entendre mes démons me susurrer en boucle des pensées infâmes. Revenir à la réalité faisait du bien, je n’allais pas mentir, mais il me fallut encore quelques minutes pour de nouveau avoir la pleine possession de mes capacités. Elle était bien plus terrifiante que dans les livres. « J’ai, j’ai saisi. » soufflais-je alors. « Frapper l’esprit de plein fouet comme un Narakumi pour y introduire une idée, mais user de sa voix comme d’une boîte à musique, à un peu comme un Utsusemi. La voix devenant une arme pour cloisonner l’esprit et y ricocher. C’est créer une privation par la voix. » assurais-je alors. Il fallait que j’essaie, que j’arrive ne serait-ce qu’à déjà l’atteindre, mais comment toucher un homme comme lui ? L’insulter serait inutile, réellement. Il n’était pas du genre à avoir des failles et de ce que j’avais saisi dans cette illusion, il fallait viser une corde sensible pour qu’elle puisse raisonner.

Multipliant les essaies, à défaut de réussir, je commençais à l’atteindre, j’arrivais à charger ma voix en chakra. Une piètre victoire qui en deviendrait une grande le jour où je trouverais le point d’entrée. Apprendre contre lui était bien plus difficile que contre mon père, au moins lui, je connaissais ses défaites… Moi. « J’en sais pas assez sûr vous pour viser juste... » murmurais-je finalement. J’avais tout essayé, sauf ce qui était vraiment méchant, mais est-ce que j’avais le droit de parler du fait que le Kage avait renoncé à son poste et avait fait des cavaliers un sombre souvenir ? C’était méchant, ou inutile encore.

ft. Masaru

i'll make a man out of you

J’étais un idiot fini, il était évident que connaitre les faiblesses de l’autre n’était pas une solution. Une aide, pour sûr, mais une réponse… J’en doutais énormément. Sur un champ de bataille, en mission, en apprendre assez sur sa cible se révélerait grandement impossible, alors pourquoi créer une technique si bridée ? J’étais idiot plus que naïf, je l’écoutais, je l’observais se mouvoir, révéler son corps qui en disait long et qui révélait son histoire. J’étais un imbécile, alors en silence je repris, envoyant encore et encore une dose de chakra dans ma voix pour l’atteindre et à chaque fois ce fut un échec cuisant. Je savais que l’influx dans ma voix était bon. Je savais faire ça. J’avais appris avec Koutaishi à manipuler ma voix, j’avais aussi appris avec la schizophrénie à lancer un Genjutsu sonore. Je maitrisais, mais j’avais l’impression que le passage à l’acte, que cette technique, me faisait échouer.

Je n’arrivais pas à concevoir exactement comment agir, je savais que je ne pouvais pas me baser sur une faille, à moins que ce soit en captant un détail, mais c’était trop variable. Je devais, je devais vraiment me décrocher de cette mécanique, de cette maîtrise de mon sujet. J’étais trop scolaire parfois. C’était un bien quand il était question de gérer une théorie assez complexe ou de comprendre l’intérêt d’une chose, mais là, j’analysais trop, je prenais trop ma situation, la facilité qu’on avait à me cerner et mes expériences personnelles comme une réalité. Le monde n’était pas ainsi. Me connaître n’octroyait qu’un avantage, pas autre chose. Ce n’était pas une donnée obligatoire à notre réussite. Je devais m’en détacher, ce qui impliquait que je devais moins réfléchir et plus ressentir.

Me reprenant malgré la sueur qui commençait à perler sur mon front et mon manque évident d’énergie, je fis de nouvelles tentatives, des attaques plus puissantes, moins précises, des tentatives de s’accrocher aux cicatrices de son âme pour percer son esprit et le faire rompre. J’avançais, j’avançais très clairement, mais… Mais j’étais épuisé, et à un moment, à force de le fixer, mes jambes cédèrent légèrement pour me ramener à la réalité. Elle était trop puissante trop technique pour que j’y arrive aujourd’hui, j’avais besoin d’une pause pour ne pas tomber dans les pommes. « Je m’arrête là... » soufflais-je légèrement tremblant, « J’y arriverais pas aujourd’hui de toute façon, pas en étant aussi épuisé. », j’avais envie de préciser que cela ne faisait pas de moi un lâche, mais je me retiens, « Autant garder un peu d'énergie pour vous apprendre un truc utile. » et j’avais une petite idée.

« Est-ce que vous connaissez le Kori Shinchû ? », sans doute, mais c’était l’une des rares choses que je pourrais faire sans trop m’épuiser. « C’est le Genjutsu de zone qui fait tourner en rond. », bon il devait sans doute connaitre, mais dans le doute, je composais à la hâte quelques mudras devant lui avant de lancer le suicide du renard et du tanuki. Son Sharingan pourrait sans doute saisir le problème, mais il faudrait plus qu’un simple Kai pour sortir d’ici. « Sinon j’ai d’autres choses aussi, c’est juste dur de juger votre niveau sans être offensant. », mais s'il avait accepté, c’est qu’il avait bien à apprendre de moi non ? De toute façon je répondrais à ses questions si il en avait.

ft. Masaru

i'll make a man out of you

J’étais épuisé, pas au bord de l’évanouissement, mais pas loin. Impossible d’essayer et nouveau. S’approchant alors de moi, il posa une main sur mon crâne, soufflant qu’il avait l’impression de caresser un petit animal, ce qui -je pense- n’était pas un compliment, ni une bonne chose. Le connaissant, il devait les manger les petits animaux. Se reprenant visiblement, il m’assura que j’y étais presque, qu’il fallait simplement que je récupère une réserve de chakra correcte avant de réussir. Non, avant de m’offrir une belle réussite. J’étais si proche que ça ? Souriant malgré moi, je ne perdis pas de temps pour expliquer ce que je souhaitais faire, ou plutôt lui apprendre, mais en toute franchise, je ne voulais pas me moquer de lui, alors je lui demandai, clairement.

Il avoua alors - à mon plus grand étonnement - que les illusions de zone n’étaient pas vraiment sa tasse de thé, mais qu’il voulait bien commencer. Bondissant presque devant lui, un sourire bien franc sur le visage, j’avais l’impression de ne plus être épuisé, voir l’impression de ne pas avoir su saisir ce qu’il attendait de moi par cette déclaration, mais je m’en fichais, je pouvais être utile à quelqu’un de son rang et c’était ça le plus important. L’illusion étant déjà lancée, je lui fis quelques recommandations - en essayant d’être respectueux et de ne pas ignorer son réel niveau - pour mieux saisir l’illusion. « En gros c’est une illusion de zone assez basique dans le sens où on va juste modifier la perception de l’espace et le paysage, il n’y a rien d’offensif. » commençais-je. « Le but c’est de piéger des personnes dans un espace assez grand, mais qui n’a aucune fin. Ils vont devoir marcher des heures et des heures, s’épuiser et si jamais ils finissent par réaliser qu’ils sont piégés, il aura des difficultés à s’en échapper, il faut le Boudai Kai, ou se blesser, ce qui peut être un avantage. Ce n’est pas très compliqué. » et il n’y avait pas d’arrogance la dedans.

« Je vous laisse déjà marcher dans la zone pour réaliser ce qu’il se passe, ca sera plus simple pour reproduire la technique après. Je mettrais fin à l’illusion dans quelques minutes et après, c’est moi le cobaye. » déclarais-je enjoué. « Sauf si vous avez des questions. » le rassurais-je même si entre nous c’était plutôt moi que je devais rassurer.

ft. Masaru

i'll make a man out of you

Lui apprendre quelque chose à lui… Ca me semblait si… Étrange. Il était plus fort, bien meilleur, la définition même de ce qu’on attendait d’un ninja de mon clan et pourtant, il était là à subir ce que je connaissais depuis presque toujours pour essayer de s’en imprégner. Le regardant donc essayer de s’en sortir, je le vis tourner en rond sans réellement le réaliser. S’arrêtant après plusieurs effets infructueux, il me posa des questions sur la façon dont cette technique se mettait en place. Il envisageait une sorte de Henge, ou d’une propagation de chakra atteignant le cerveau des gens dans une zone, ou directement sur des cibles. Il y avait de l’idée, c’était même assez proche de la réalité. « Il s’agit bien d’un effet de zone. Je peux lancer cette technique sans cible précise et les personnes y pénétrant seront directement affectées. » pas de ciblage unique donc.

Descendant de mon perchoir, je mettais fin à l’illusion pour ne pas diminuer ses chances de réussite. « Il faut voir ça comme une projection de son chakra qui s’étend en cercle autour de soi avant de devenir indépendant. C’est un peu comme votre deuxième proposition. », un champ qui pouvait atteindre l’esprit des gens. Ça ne m'étonnerait que très peu venant d’un homme comme lui. Il était un utilisateur du Sharingan, les techniques de Genjutsu n’étaient que rarement un mystère. « En soit, l’illusion distord notre perception, on tourne sans s’en rendre compte, les virages ressemblent à des lignes droites, les sautant sont tournant. » j’essayais de donner plus de détails, mais c’était assez compliqué.

« Faut imaginer la zone comme une boucle, un miroir et faire en sorte de l’apposer aux lieux. » en gros, mais je n'étais pas sûr de moi. « Je vous laisse essayer, je ferai le point à chaque fois et s'il reste des questions, je suis là. ». Bon je n’étais pas spécialement certain qu’au final il ait besoin de temps d’information de plus, ni d’être rassuré, mais c’était une habitude que je n’arrivais pas à retirer. Il n’était pas le premier que je formais, sans doute pas le dernier, et je semblais incapable de ne pas aider les gens.

ft. Masaru

i'll make a man out of you

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il était appliqué, voire même trop par rapport à l’image que j’avais de lui. Le souci dans cette technique, c’était qu’elle n’était pas très normée, au contraire, c’était de l’intuitif, de l’évidence et il fallait peut-être qu’il sorte des chemins battus… Oui, c’était bien moi qui disais ça. Il fallait qu’il se laisse aller. Son problème venait donc de sa compréhension, de la possibilité d’alimenter une technique sans être présent ou sans dépenser d’énergie… Comment lui expliquer ? Ah… « Faut voir ça comme… Comme une odeur. », commençais-je, « Quand vous dormez dans des poubelles, vous en avez l’odeur et quand vous allez à certains endroits, l’odeur s’imprègne dans l’air et prend du temps à disparaître, même après votre départ. », pourtant ce n’était plus alimenté. « Ça arrive quand l’odeur est forte. Alors dites vous qu’il faut que le chakra soit fort. », l’image n’était pas la meilleure, mais c’était la plus évidente face à lui et… Ses habitudes de vie.

« Ensuite, quand vous lancez un Narakumi, c’est une consommation unique, pourtant certains peuvent y rester des heures, voire des jours sans pouvoir en sortir simplement, car leur esprit est faible, ou incapable de voir l’évidence. C’est un peu pareil ici, sauf qu’au lieu de viser une personne on vise une zone. », j’étais vraiment pas bien sûr d’être entendu et compris, mais comment lui donner d’autres exemples ? C’était une impulsion unique, puissante et ajustée pour éviter de se disperser. « Essayez de visualiser une cloche et de la laisser sur place. », le Genjutsu était bien compliqué à saisir, encore plus quand on ne savait pas à quoi s’attendre, ou comment créer l’impossible.

L’avantage qu’aurait l’homme sur d’autres personnes, c’était qu’il était fort, doué, que ce n’était pas un novice et que je savais qu’il avait des choses bien plus sophistiquées en stock. Ce n’était qu’une question de minute à mes yeux. Qu’une question de déclic. Je devais trouver la bonne image, la bonne référence et il saurait faire le reste seul. C’était après tout un grand garçon, assez étrange et parfaitement redoutable. Je n'avais aucun doute quant à la capacité de son cerveau à imaginer des choses sombre et violente. Il n'était pas une élite pour rien.

ft. Masaru

i'll make a man out of you

L’homme était impressionnant, il était capable d’apprendre, de se projeter et de donner un sens à ce que je pouvais dire avant même que j’y pense. Il était définitivement plus puissant que moi. Alors ce fut sans surprise qu’il réussit, sans véritable fatigue. Ce serait toutefois tout pour ce soir. J’avais besoin de récupérer pour continuer à lui apprendre quelque chose et j’avais surtout besoin d’énergie pour réussir à lancer cette technique des mots prononcés. Je n’allais pas spécialement m’en plaindre en soi, Masaru était une découverte assez étonnante, mais il était surtout suffisamment odorant pour qu’une pause olfactive soit de mise.

Un rendez-vous fut donc donné le lendemain, avant que les administrations ouvrent, car il avait à faire dans la journée. Retournant donc chez Hako, j’avais eu un peu de mal à évacuer cette odeur et les nausées que j’avais pu avoir. C’était sans doute un signe de fragilité, mais vraiment, c’était désagréable.

Un point sur lequel travailler donc. Les odeurs inattendues.

Sur le pied de guerre le lendemain matin, j’avais ramené le petit-déjeuner et fait quelques exercices de concentration avant qu’il arrive. En retard. Visiblement épuisé. Il était un mystère, avec son rang, son grade, sa puissance, comment ne pouvait-il pas bénéficier des meilleurs logements au sein de notre clan ? Certes il perdrait sans doute de sa superbe, de sa puissance en se reposant sur des acquis sans jamais repousser les limites… Mais justement, socialement, il ne fallait pas en mettre ?

Enfin bref, trêve de tergiversation, il était temps de travailler, de me replonger dans cette illusion. Je savais que j’avais réussi à l’atteindre la veille. J’avais eu quelques réactions, sans grand succès, mais j’avais déjà réussi à mettre un pied dans son esprit. Il fallait simplement que ce dérangement devienne un désespoir consumant sa volonté sans pitié. Chose qui ne serait pas effective dès le premier essai d’ailleurs, car la première tentative de la journée fut clairement soldée par un échec. Mince. La nuit m’avait fait perdre quelques ajustements, mais ce n’était pas forcément un mal. Si j’avais échoué et stagné la veille, ce n’était pas forcément dû à la fatigue, mais peut-être à un angle d’attaque qui pouvait être mauvaise. Comme souvent, avec un Genjutsu, rien n’était jamais fiable, sûr. Il fallait un équilibre parfait entre l’esprit et l’illusion. L’angle d’attaque parfait pour pousser notre cible au bout de ses ressources. Ici c’était d’autant plus vrai. Il fallait que des mots sans lien avec la personne puissent la briser, la faire s’écrouler. Ce n’était pas quelque chose de visuellement effrayant comme l’esprit humain pouvait en créer. C’était une suite de mots aux intentions précises et brusques. C’était définitivement autre chose.

À force d’essai, de perfectionnement, et de volonté, j’avais réussi à trouver le levier. Le chakra chargé dans ma voie devait être plus précis, il devait résonner et se répercuter dans l’esprit de la cible pour qu’elle y sombre. C’était subtil et assez surprenant de voir combien on pouvait blesser sans même connaître l’autre. La persuasion par les mots était un art que je n’avais que très peu exploré dans ma vie, encore moins sans l’aide précieuse du Sharingan.

J’avais de toute évidence débordé sur son temps, quand - après un ultime essai - il me fit signe de m’arrêter. J’y étais arrivé, plusieurs fois, j’avais même su gagner en intensité, mais il n’avait plus de temps à m’accorder, il devait aller fouiller les poubelles de Yuriko. Fronçant légèrement les sourcils, je m’apprêtais à l’interroger, mais l’homme s'était déjà volatilisé.

Il était définitivement étrange.

Au final, ce qu’il y avait à retenir, c’était bien que j’avais réussi et malgré la fatigue, je refusais de dénigrer cette victoire. Si j’avais su faire plonger un homme de cet acabit dans les illusions les plus sombres et techniques de ce village, une personne moins habile serait inexorablement prise au piège avec ses doutes. Je pouvais être fier de moi. Je n'étais pas l’incapable que mon père voyait en moi.

ft. Masaru