A l'ombre d'un grand arbre qui grâce à ses nombreuses ramifications étendaient un large océan de feuille qui empêchait au soleil assassin de massacrer ma bonne-humeur. Assise contre le large hêtre, je passais un peigne en os dans le crin de mon seul vrai ami, de mon camarade dans mon malheur, de la seule personne qui me comprenait, j'ai nommé mon fidèle cheval, Marengo. L'imposant destrier au crin ébène et à la robe chocolat était allongé à mes pieds et à intervalle régulier, celui-ci respirait brutalement. Marengo était habitué à chasser avec moi, mais désormais c'était une chasse d'un nouveau genre que j'allais devoir adopter. Entre autre des chasses à l'homme, enfin, je priais sincèrement pour ne jamais à combattre de véritable humain, ma condition de simple genin me suffisait, bien qu'avec elle, j'avais perdu une large part de ma liberté. J'étais passé de femme plus ou moins libre à enfermé dans le village caché du sable, obligée d'être accompagné d'un supérieur hiérarchique pour sortir. C'était une sacrée régression par rapport à mes longues cavalcades dans les steppes au Nord, mais je ne pouvais rien faire, j'étais enfermée ici. Je pourrai aller en parler à mon père, mais je voyais déjà la fureur dans ses yeux, puis siffler de colère que je n'avais qu'à devenir chunin… Or, mon niveau était bien assez insuffisant pour espérer devenir chunin, j'étais trop faible. En soi, le village, surtout mon père m'avait bien compris, en m'enfermant et en m'empêchant de faire ce que je faisais précédemment, m'arrachant ma vie de femme, certes soumise, docile et misogyne, mais une vie où j'étais plus libre et plus en sécurité que ma nouvelle vie de kunoichi. Bref, je ne pouvais rien faire à part m'entraîner, or, j'exécrais la violence. Je ne souhaitais pas me battre, sauf pour sauver ma vie, même si c'était pour mon clan, pour mon père, j'avais des regrets, des remords, une peur à embrasser cette vie qui depuis que je suis toute petite m'effraie au plus haut point.
Ainsi donc, si je voulais retrouver ma folle existence de chasse et de cavalcade, j'étais obligée de devenir chunin, or pour devenir chunin, je devais d'abord m'entraîner et réussir des missions. Cela posait en partis quelque problème, tout d'abord, ayant terminé l'académie très rapidement du fait de mon haut âge par rapport aux autres recrus, je ne pouvais qu'attendre une affectation d'équipe, qui peinait à arriver. Je ne m'en plaignais absolument pas, je restai bien tranquillement avec mon cheval dans mon coin, ça me suffisait, enfin pour le moment ça me suffisait. L'autre problème que j'énonçais précédemment, c'est mon besoin à m'entraîner. En début d'après-midi, je m'étais un peu exercé à l'art de l'arc, dans un élan de bonne volonté pour faire plaisir à mon père, mais après avoir vidé un carquois, à pied, puis à cheval. Puis soudainement prise par une flemme, j'avais cessé ses entraînements que je considérai comme inutile, je savais tirer à l'arc de toute façon. Enfin, je ne faisais rien à part ruminer.
J'avais laissé mes affaires en plus milieu du terrain, presque sûre que de toute façon personne ne viendrait d'entraîner ici, car il faisait trop chaud. J'avais visité la ville durant mes premiers jours ici, j'avais à peu près balisé les endroits qui étaient sympathiques et ceux qui craignaient à mes yeux. Ce terrain d'entraînement un peu isolé n'était que très peu fréquentés. Lorsque je rentrai le soir, je pouvais dire à mon père que j'étais restée toute la journée au terrain, ce n'était pas un mensonge, j'omettais juste le fait que je n'avais pas fait que travailler. Enfin, mon père passait désormais le plus clair de son temps à entraîner de jeune recrue, il avait un peu détourné les yeux de ce que je faisais, c'était fort agréable, bien que je craignisse le jour où il me reprendrait en main…
Alors que je caressais doucement la robe de mon seul ami, je remarquai alors une ombre s'allonger en arrivant sur le terrain. Je me rendis compte que je n'avais rien rangé et que c'était fort mal rangé et infiniment dérangé. Je me levai alors en trombe pour aller ranger mon matériel laissé par terre, puis commença à m'excuser de manière sporadique, presque persuadée que si je levais les yeux j'allais apercevoir mon géniteur. Mais, en levant les yeux vers la personne sur le terrain, ce ne fut pas mon père que je vis, c'était quelqu'un d'autre.
Mauvaise. Une mauvaise nuit, une mauvaise matinée, un mauvais repas … Rien n’allait. Rien du tout. Premièrement, Ena n’avait trouver Yuuki-chan nulle part. Elle avait ensuite dû faire face à sa mère, mère qui était légèrement énervée de la voir déambuler sans s’entraîner. Dispute s’en était suivie, rien ne tournait. Insultes, cris et menaces volèrent sans aucune restreinte. Les deux femmes s’adonnant à leur colère momentanée, mais la colère, laissée sans bride invitait l’impulsion, la violence. Les choses prirent rapidement un tour plus physique. Ena, sans cris et gare, se laissant dominer par le moment, enflamma son poing et frappa la table. S’en était trop, avait décidé sa mère, alors qu’elle avait hurler à la jeune genin de sortir. Qu’elle n’eût le droit de revenir que lorsque son père viendrait la trouver.
Alors qu’elle avait pris le chemin du terrain d’entraînement, elle avait le pas lourd, vif. Son regard était perçant, rageux … blessé. Elle le savait, elle s’emportait, elle perdait la tête, mais personne ne voulait comprendre. Plus explosive qu’un parchemin à cet effet, il ne fallait même d’incantation ou de mudra pour la faire sauter, perdre la tête, pour qu’elle choisisse de mettre le feu au monde entier. C’était mal. Elle le savait. Mais c’était plus fort d’elle. Menacée, elle se réfugiait toujours derrière la puissance destructrice de ses flammes.
Le chemin jusqu’au terrain d’entraînement avait été suffisamment tumultueux. Son esprit rejouant les paroles les plus cinglantes de sa mère et toutes les réponses qu’elle aurait pu lui donner.
Il fallait briser quelque chose. Elle avait besoin de briser, bruler, hurler … Épuiser son corps jusqu’à ce que sa rage s’apaise d’elle-même. Elle n’avait vu ni le cheval, ni la fille. Quelques mudras suffirent à enflammer de nouveau ses poings et elle frappa un rocher. Poings nus, hurlements de rage s’envolant et emplissant l’air sec de l’après-midi.
« PUTAIN DE MERDE ! SALOPERIE ! ESPÈCE DE PÉTASSE ! JE TE HAIS ! JETEHAISJETEHAISJETAHAIS ! JE TE HAIS !! »
Ena criait à s’en casser la voix. Une rage sans limite, sans début, sans fin. Un orage de feu et bientôt aussi de sang, alors que la peau de ses doigts et de ses jointures s’écorchait, s’arrachait. Mais dans toute la violence du moment, ce petit bout femme ne semblait même pas s’en apercevoir. Tant d’énergie lancer dans le vide, ce ne fut pas bien long avant que son souffle change, de celui d’une furie à celui d’une personne à bout souffle. Ses coups de poing perdaient leur vigueur petit à petit. Finalement, la jeune Tomei se laissa tomber au sol, face au rocher, l’air plus calme. Elle regardait ses poings ensanglantés. De toute évidence, ce n’était pas la première fois et certainement pas la dernière.
L’utilisateur concentre son chakra dans son poing et change sa nature pour celle du Katon. Le poing prend alors feu ce qui augmente les dégâts de l’attaque. Cependant, le coup sera à peine plus puissant qu’un coup normal (en force pure) à cause de la transformation élémentaire du Chakra mais brûlera la cible. C'est une technique de corps à corps qui provoque des dégâts élevés. L’attaque ne peut être arrêtées que par une protection de rang B ou supérieur (une armure de rang C suffit pour le Suiton).
CONSOMMATION DE CHAKRA :
Moyen
Takeda Kyou
Suna no Genin
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Alors que je relevais en trombe, lâchant un regard vers l’ombre, je vis une jeune fille passé à côté de moi sans se soucier le moins du monde me présence, c’était comme si j’étais invisible. J’étais néanmoins heureuse que ce ne soit pas mon père qui soit devant moi, j’en aurais presque frissonné si cela avait été l’exarque de mes jours. Mais, ce n’est pas pour autant que j’étais heureuse de voir cette jeune fille. Je me forçais à n’avoir aucune arrière-pensée sur les autres, de vivre simplement ma vie dans mon coin sans embêter personne. Mais cette jeune fille, j’en étais incapable. Dans ses yeux luisaient une lueur mauvaise et haineuse qui me fit frissonner. Ramenant mes affaires contre l’arbre, je décidais de me blottir derrière, pour me cacher, fuir cette furie, qui m’effrayait. Elle devait avoir bien cinq-six ans de moins que moi et pourtant je me sentais si jeune à côté d’elle. Une toute autre réalité existait dans ses prunelles. Une réalité que je ne voulais jamais avoir à côtoyer.
Furibonde, la gamine au comportement plus vieux que moi se dirigea vers une pierre et enflamma ses mains avant de se mettre à cogner à un rythme effréné le minéral. Je restai stupéfaite et encore plus lorsqu’elle se mit à jurer comme une arracheuse de dent avec des mots que je n’avais jamais entendu de ma vie, des insultes si effroyable qu’en les entendant, j’eu l’impression d’avoir perdu une part de mon innocence. Je restai là à regarder choqué par cette scène, choqué par le régime violent des Sunajin. Et je vivais donc dans cet endroit ? Ce repère de colère, de violence et de haine ? Malgré l’air chaud et sec, je frottai les bras pour essayer de me réchauffer, de retirer ce frisson de peur viscéral qui me tordait les boyaux, en vain. Cet endroit était une antre de taré, de monstre. Et c’était désormais chez moi…
Finalement après quelque temps, celle-ci cessa de frapper et finalement s’étala par terre, regardant ces mains ensanglanté. Je ne savais pas comment réagir, vu son comportement, elle ne m’avait pas vu, je ferais mieux de partir, de fuir, d’aller m’entraîner, après tout, en voyant ce qu’il venait de se passer, j’étais de plus en plus sûre que mon père avait raison. Mais, en la voyant étalé par terre, comme cela, sans rien faire, à scruter ces mains, déchiré par la roche, je ne pouvais pas m’y soumettre, je refusais de la laisser comme cela. J’avais été éduquée pour devenir une bonne mère, à point c’est tout. J’avais de l’instant maternel sans jamais avoir enfanté, dans un sens, mes parents m’avaient bien éduqué, ils m’avaient permis d’avoir de l’empathie pour un enfant, même si ce n’était pas le mien. N’étais-ce pas là autre chose pour me soumettre et me garder indéfiniment sous son contrôle ? Je ne pouvais avoir aucune certitude malheureusement, j’étais dans le flou.
Finalement, quittant le couvert de l’arbre, pas vraiment rassuré quand même. Mon cœur m’ordonnait de l’aider, tandis que mon esprit qui avait vu ce qu’elle venait de faire m’hurlait de fuir, que tout n’était que de la folie. Finalement, en tant que femme faible, je décidais de lui porter secours, ma féminité avait gagné le pas sur ma raison.
« Tu, tu as besoin de bandage non ? Je… j’en ai justement sur moi. »
Puis, sortis d’une sacoche une bouteille d’eau, un linge blanc et des bandages. Puis, attendis patiemment à distance respectable que la jeune fille me répond qu’elles acceptaient mes soins. Si elle refusait, je partirai sans rien dire, c’était le choix le plus pragmatique.
Au vu de ce qu’elle avait fait, c’était une shinobi probablement, plus forte que moi, enfin, ce n’était pas guère compliqué d’être plus forte que moi, j’étais une élève médiocre et feignante car je détestais me battre ou mettre ma vie en jeu. Enfin, bref, ça allait être mon premier contact avec une shinobi autre que les gens de l’académie et ma famille. J’étais stressée et terrifiée, mais ma bienveillance me forçait à réagir.
Échouée contre la pierre, l’air hagard, perdue dans la misère de l’épuisement d’une rage drainante, oui c’était bien cela. Le souffle lourd, la sueur plein les tempes, elle n’avait plus rien de la furie qui était entrée sur le terrain d’entraînement plus tôt. Le soleil de Suna brûlait le crâne de tous les courageux qui étaient à l’extérieur, mais la jeune chunin ne fit rien pour s’en cacher. Elle était en transe, d’une certaine façon.
Ce fut à ce moment que Kyou s’approcha. Douce, aimante, calme. Elle venait avec des bandages, de longs cheveux noirs soyeux et des yeux noisette à couper le souffle. Aucune malice, aucun jugement – transparent, du moins – et une voix compatissante. Un rayon de soleil … non, elle ne la réchauffait. Kyou était apparue un peu comme une oasis. Elle était tout ce qu’Ena avait besoin à ce moment-là. Juste un peu de douceur. De la gentillesse. Quelqu’un qui ne venait pas avec ses grands airs se prétendre meilleure.
« Je … »
La voix rauque de ses cris, un peu prise dans sa gorge par la surprise. Quelqu’un était venu la voir. En général, ils couraient, se cachaient. Personne ne voulait avoir à faire à une Ena qui venait de péter un câble. On l’évitait comme la peste et on la laissait faire. Ce n’était pas grave ce qui lui arrivait, tant que personne d’autre n’était blessé …
Et oui, la présence de Kyou était un baume sur son égo blessé, sur son cœur dépité et son esprit en lambeaux.
« Merci … c’est gentil. »
Les mots n’exprimaient aucunement ce qu’elle ressentait, mais ses yeux jaunes brillaient, un peu tristement, d’une gratitude pour laquelle l’adolescente n’avait de mot. Une émotion qu’elle ne servait probablement même pas nommer. Après tout, elle n’était pas connue pour comprendre ce qu’elle ressentait ou encore être capable de le vivre sans le faire subir aux autres.
« T’es pas mal, toi. Je t’aime bien. »
Intuitive. Ena se faisait une première impression forte des gens qu’elle rencontrait et de cette rencontre dépendait beaucoup. D’abord, si elle t’appréciait ou non. Chose qui n’avait pour habitude de changer avec le temps. Puis, de cette appréciation découlait tout le comportement de la maître du katon, mais ça, c’était évident.
La jeune fille resta quelques secondes à me regarder, si bien que je crois bien que je m’étais alors mise à rougir tellement elle m’avait dévisagée. J’avais détourné le regard, servilement, incapable de soutenir ses prunelles aux lueurs indescriptibles. Mais, cependant, je ne fuyais pas, toujours formatée pour avoir des enfants et les élever au mieux, je me sentais concernée par cette jeune fille, je me sentais prise par un instinct maternel. Je pouvais aisément dire que mon père avait réussis à faire de moi la poupée parfaite qu’il voulait… Le seul point dans lequel il y avait un problème, c’est qu’il s’y était pris trop tard pour faire de moi une guerrière, c’était probablement là son seul échec.
La jeune fille aux cheveux blonds sembla avoir du mal à parler, sa voix se cassa une première fois, enrouée par ses cris précédents, elle finit néanmoins par réussir à déclarer que c'était gentil de ma pars de faire cela, de panser ses blessures et de m'occuper d'elle. Je ne pouvais pas avouer que j'étais terrifiée, absolument morte d'inquiétude, mais cependant, la jeune fille semblait désormais habitée d'une douceur qui était absolument inverse à crise de colère quelques minutes auparavant. Je… je me sentais moins effrayée, plus sereine à mesure que je voyais ses mouvements, elle m'apparaissait comme une petite fille, qui avait besoin d'être réconfortée. Cet instinct maternel revenait toujours plus puissant et je me sentais incapable de la fuir, je me sentais enveloppée dedans, presque prisonnière et enchaînée à celui-ci.
Finalement, pendant que je bandais ses plaies avec toute la douceur que j'avais, je mouillai le linge, puis frottais avec minutie et gentillesse la chaire à vif d'avoir cogné et recogné le rocher désormais de la poussière, celle-ci déclara qu'elle m'aimait bien. Je rougis tandis que j'enfonçais ma tête dans mes épaules et esquissais un petit sourire et répliquai d'une petite voix que je ne méritais pas tant de louange. Après quelques minutes d'un travail que je voulais d'orfèvre, je finis d'enrouler les bandes de lin autour de ses mains, puis murmura alors comme ma mère avait l'habitude de le faire avec mes frères :
« Tiens, voilà, c'est terminé ! »
Puis, je me relevai avant de tomber sur le sol, mes jambes tremblantes, j'étais toujours terrifiée et mon corps me le faisait comprendre. Passer de la colère à la gentillesse et la douceur n'était pas un signe de grande stabilité mentale. Je ne savais pas comment la jeune fille allait réagir à chacun de mes gestes, je n'avais aucune confiance en elle, il suffisait que je fasse un faux mouvement pour qu'elle m'attaque. Je déglutissais fortement, attrapa ma bouteille d'eau et avala plusieurs gorgées. Vivant avec mon père, véritable tyran au sein de ma vie, je savais cacher mes peurs instinctives envers les personnes qui m'effrayait, ici n'était pas différent, je ne laissai rien paraître. La seule différence étant que je ne connaissais pas cette jeune fille. Enfin, je devais probablement me montrer assez assurée. Je me disais donc que réagir comme ma mère le faisait avec moi n'était pas déconnant. Je me forçai à sourire tandis que je m'asseyais sur les fesses en prétextant que j'étais maladroite, ce qui n'était pas faux. Puis, me tournant vers elle avec un sourire léger, plaçant mes mains sur mes genoux déclara d'une voix douce:
« Sinon, moi c'est Takeda Kyou, heureuse de te rencontrer ! »
J'avais toujours peur, mais je voyais en elle une certaine douceur, ou alors un mal-être profond. Il était clair que cette jeune fille avait des problèmes dans sa vie, enfin, qui étais-je pour juger, j'avais moi-même beaucoup de problèmes dans ma piètre existence ! J'étais curieuse de connaître plus cette jeune fille, parce que tous mes instincts maternels étaient aux abois devant elle, je pouvais probablement faire quelque chose pour elle et oublier l'horreur de ma vie, au moins pour un instant.
Ena l’avait vu, ce tremblement dans ses jambes, mais elle n’avait pas compris. Elle n’avait pas imaginé qu’elle en était la cause. Après tout, si elle lui faisait peur, cette gentille fille ne se serait pas approchée, comme tous les autres. Elle avait l’habitude d’être évitée et en général elle ne le vivait pas aussi mal que ça. Donc elle ne comprenait pas pourquoi cette fille tremblait et décida d’assumer qu’elle devait être épuisée (parce que les gens épuisés, ça tremblaient, non? C’était la seule solution.)
Elle regardait la jeune femme avec un certain intérêt. Elle ne comprenait pas vraiment pourquoi ou comment quelqu’un pouvait être aussi gentil avec elle, mais maintenant qu’elle l’avait fait, Kyou venait sans même le savoir de se faire une amie qu’elle le veuille ou non.
« Tomei Ena »
La blondinette sourit à pleines dents avant d’ajouter quelques mots à l’égard de sa nouvelle amie. Encore un remerciement, chose qu’elle faisait rarement. Il était rare de trouver des gens de cette gentillesse, des gens capables de bander les plaies et de le faire de cette façon. C’était une chaleur qu’Ena n’avait pas ressenti depuis qu’elle était toute petite, quand sa mère l’aimait encore.
« Je … merci. Y’a pas beaucoup de gens qui se soucis de moi comme tu viens de le faire … »
L’adolescente eu un petit rire crispé en se rappellant quelques fois où même les employés de l’hôpital de Suna l’avait laissé se démerder ou quand sa mère lui avait tout bonnement lâché un : « oublie pas de ranger les bandages quand t’auras fini. »
« Tu me crois si je te dis que même ma mère s’en foutrait ? Bon, je lui ai pas demandé, mais je sais qu’elle attend juste que je fiche le camp de la maison … »
Puis, comme si elle venait de réaliser ce qu’elle avait dit, Ena agita les mains devant elle, un peu comme si elle tentait d’effacer les mots prononcés, cherchant à éviter un malaise. Elle ajouta, d’une voix empressée, les joues un peu empourprées face à sa déclaration :
« Dis, tu faisais quoi ici seule ? Je peux peut-être … enfin, peut-être que je peux pas, mais je vais au moins essayer, t’aider ? »
La jeune fille avait fini par se présenter, je pus enfin mettre un nom sur cette face qui pouvait autant être angélique que démoniaque. La gamine s’appelait Tomei Ena, je n’en étais pas sûre, mais le nom de Tomei ne m’était pas étranger, probablement que mon géniteur avait dû m’en parler, probablement de un de ces clans de sédentaires qui vivaient à Suna, où un truc du genre. Je devais bien avouer que voir le sourire à pleines dents de la jeune fille était plutôt rassurant à voir, elle avait alors presque l’air… normale quoi, plus une espèce de créature assoiffée de sang. Elle était beaucoup plus mignonne comme cela, elle donnait presque envie de la prendre dans mes bras, mais ayant vu comme elle avait pulvérisé un rocher, je n’étais pas persuadée d’avoir réellement l’envie de le faire.
Sans vraiment que j’eusse commencé à parler, la jeune fille si réservée dans ses paroles, mais absolument pas dans ses actes commença à se débrider et à me parler, moi je ne pipais mot, j’écoutais tranquillement. Si Ena, avait envie de me parler, je ne pouvais qu’écouter, je n’avais pas la prétention de pouvoir l’aider plus que les premiers soins que je lui avais administrées, en plus, j’étais bien incapable de bouger, j’étais pétrifiée par la peur. Et puis, le plus important, la jeune femme ne me faisait pas pitié, c’était autre chose, mais mes instincts maternels qui avaient été développés toute ma vie était aux abois, je voulais m’occuper de cette fille, je voulais en savoir plus, je voulais la réconforter. Elle avait beau être une sédentaire, me ficher une frousse monstre, je voulais la serrer dans mes bras. J’étais une faible femme, pleine d’empathie, je ne pouvais pas aller à l’encontre de ma nature profonde.
J’appris ainsi rapidement que la jeune Ena avait l’habitude d’être fuie, en y pensant quelques secondes, ce n’était pas étonnant, elle était comme un cyclone, comme un ouragan qui détruisait tout sur son passage, à la fois agressif et en souffrance. Et seule une folle comme moi, soumise à ses instincts restait à son contact, restait collée à elle, c’était de la folie, mais je n’en avais cure, en plus, chaque instant passé à l’écouter était un instant de moins pour m’entraîner, flâner était un de mes objectifs premiers. Je restai alors assise, sans rien faire, juste à l’écouter et plus je l’écoutais, plus mon cœur se serrait, plus j’avais envie de faire pour elle… mon empathie était déréglée et ne cessait de m’hurler de rester, alors je restai, fasciné par cet étrange personnage qui me racontait sa vie. Car en plus d’être rejetée par les autres, elle semblait être rejetée par sa mère, qui si on l’écoutait s’en foutait d’elle et que cette dernière n’attendait que sa fille se tire de la maison. Je trouvais cela ô combien dure que moi je vivais encore chez mes parents et je comptais bien le faire jusqu’à mon mariage qui arrivera… probablement un jour. Ne sachant pas réellement comment réagir, ne sachant pas si une explosion de tendresse aurait l’effet escompté, je me contentais de lui passer ma main autour de son cou et de jouer doucement avec une petite mèche de cheveux blonde qui courait entre son visage et son oreille. Un simple mouvement amical était déjà beaucoup. J’aurais voulu faire plus, la prendre véritablement dans mes bras, me comporter comme ma mère se comportait avec moi, mais j’avais peur que cela soit malvenu de ma part.
Et finalement, après m’avoir parlé de ces problèmes, la jeune fille s’empourpra et s’enquérait alors de ma propre présence ici et se proposa même de m’aider. J’haussai les épaules tranquillement et murmurai :
« Oh, rien de bien fou, j’en ai bien peur, je m’entraînais à l’arc… Mais, je ne suis pas très douée, ni même très déterminée, mais cela fait plaisir à mon père et vu qu’il ne s’était quasiment jamais intéressé à moi avant plusieurs années après ma naissance, je suis heureuse qu’il s’intéresse enfin à moi… »
Ma voix n’était qu’un souffle, je doutais que j’eusse vraiment envie de parler de ma famille à quelqu’un qui semblait avoir des problèmes avec sa propre mère. Ma famille me convenait, bien que j’eusse plusieurs problèmes avec mon géniteur, je l’aimais quand même et lui aussi, à sa manière, une manière vache à mes yeux. Je me décidais alors de relancer la discussion sur elle, après tout, je n’avais pas répondu à ce qu’elle avait dit sur sa mère, elle méritait une réponse. Ainsi, jouant toujours avec sa mèche de cheveux, innocemment, le tenant en partis coller contre mon épaule, je me remis à murmurer :
« Mais, ne parlons pas de moi, ce n’est pas très intéressant… Ce que tu vis malheureusement avec ta mère est préoccupant et j’ai envie de t’aider. Je ne connais pas ta mère et je ne peux pas dire qu’elle si elle t’aime ou non, si comme tu en as l’impression, elle se moque de toi. Ce que je peux faire cependant, c’est t’offrir mon soutien, une oreille attentive. Si un jour, tu as besoin de partir, n’hésite pas à venir chez moi, je t’accueillerai avec plaisir. Parce que Ena, tu n’as pas besoin de t’embarrasser d’une mère qui ne t’aime pas ou ne te le montre pas. Tu es une grande fille non ? Tu es forte, je le sais, je l’ai vu. Bien que la famille soit importante, le plus important, c’est d’avoir des personnes sur qui compté, tu ne penses pas ? Que ce soit ensuite ta famille ou des amis, peu importe. Tu devras tracer ton chemin seule, sans ce poids qu’est ta mère, non ? Moi, je sais que tu en es capable, tu es forte ! »
J’avais fini ce monologue sifflé directement dans son oreille, calmement, j’avais même terminé mon discours en embrassant le front de la jeune fille. Après tout, au diable, je n’avais plus envie de limiter mes signes d’affection, peu m’importais si Ena me rejetais après la gentillesse que je venais de faire preuve. Or, si sa mère avait fait preuve de plus de bienveillance et de gentillesse à son égard, je n’aurai pas besoin de la câliner comme je le faisais maintenant. Je m’en fichais bien, tout ce que je voyais, c’était une jeune fille en détresse qui avait besoin de moi et puis, c’était tout ! Je me comportais comme ma mère et je me sentais libéré, tranquille, zen en faisant cela. Cela me rappelait qu’encore une fois, je n’étais pas faite pour le combat, mais pour autre chose.
Je resserrais ma prise sur les épaules d’Ena, dans ces moments-ci, on avait juste besoin d’affection et c’est ce que je m’apprêtais à lui donner, de l’affection. Je frottais l’épaule de la jeune fille collé à moi, après tout, après un câlin, on était toujours mieux.
Devant le geste de sa compagne du moment, Ena se figeait, ses yeux jaunes rougis par les larmes qu’elle s’efforçait de retenir se posèrent sur l’autre fille qui se montrait … amicale ? Maternelle même ? Enfin … ce devait bien être quelque chose comme ça. Elle écouta la réponse de son aînée, les genoux contre la poitrine, le menton et la joue gauche posés sur ses avant-bras qui encerclaient ses jambes.
« Dis pas que t’es pas bonne. Inexpérimentée, peut-être. Mais on est tous bon à quelque chose. J’fais pas d’verre comme la plupart de ceux de mon clan, mais je connais personne qui fait du feu comme moi. Toi, t’as peut-être juste pas trouvé ton truc. »
Kyou était … Trop gentille. Il n’y avait pas de mots. Oui, elle infantilisait Ena, mais une fois de temps en temps, d’être infantilisée, ça faisait du bien. Surtout que personne ne le faisait plus depuis des années. Okay, ce n’était pas vrai. Ça arrivait encore, mais jamais de cette façon. On se contentait de la traiter de conne ou même pire. C’était le genre d’infantilisation ridiculisant qui piquait l’égo et qui mettait le feu au poudre et Ena était comme un immense baril de poudre explosive. Mais Kyou, elle, elle le faisait gentiment, avec affection et elle cherchait pas à lui faire de la peine, mais à la réconforter. C’était bizarre, surtout pour la jeune Tomei qui n’avait vraiment pas l’habitude, mais c’était chaud. Chaud, confortable, comme si elle venait de plonger dans une fleur de coton. Même le petit baiser sur le front avait été accueilli avec gratitude.
« Je … »
Peut-être que c’était tout ce dont elle avait besoin, finalement, un peu d’amour, un peu d’affection. Il ne fallu pas plus longtemps que ça avant qu’elle ne bondisse sur Kyou pour la prendre dans ses bras. De ses yeux coulait un déluge de larmes. C’était le genre de pleurs laids, ceux qu’on peut pas retenir ou contrôler qui fait trembler tout le corps et qui fait renifler aussi bruyamment qu’un éléphant qui barrit. Elle serrait la fille de toutes ses forces s’accrochant à elle comme si c’était une bouée, comme si sa vie ne dépendait. Elle resta accrochée comme ça une bonne dizaine de minutes.
« Tu peux m’dire pourquoi ça m’a pris 15 ans te rencontrer ? »
Ena prit un peu de recul essuyant ses grosses larmes reniflant de nouveau et sans élégance et essuya la morve avec le bas de sa manche.
« J’peux t’faire un bento demain, pour t’remercier ? »
Un autre reniflement, toujours aussi peu grâcieux, mais il était beaucoup moins fort que celui d’avant, preuve qu’elle se calmait et reprenait possession de ses moyens. De part ses paroles, il semblait évident qu’elle ne voulait pas parler de son … de sa petite perte de contrôle. Évidemment, la chunin espérait que sa nouvelle amie passerait outre l’explosion d’émotions pour se concentrer sur autre choses. La petite blondinette n’aimait pas parler de tout ça, préférant à la place enterrer tout ça derrière conversation banale et probablement sans la moindre importance. En fait, n’importe quoi mais pas ça.
Mes sentiments maternels à l’égard d’Ena se cessait de grandir étant chaque seconde, plus pertinent, plus beau, plus sympathique à vivre. Je ne voyais jamais en elle qu’une fille paumée qui n’avait rien dans sa vie, j’étais moi-même une fille assez paumée qui ne pouvait qu’offrir mon comportement mimétique de ma propre mère. Je n’avais aucune réelle connaissance, je n’avais que mes connaissances empiriques auprès de cette mère qui avait été, une des seules personnes qui m’avaient aimé, au moment où mon géniteur n’en avait que faire. Je comprenais la solitude émotionnelle que vivait en ce moment même Ena et sa détresse me touchait, son jeune âge, tout en elle me touchait et achevait mes défenses. Une fille si pétillante dans mes bras ne pouvait assurément pas me laisser de marbre et c’était chose faite. J’aurais été typiquement le genre de personne à la détester parce qu’elle n’était pas une nomade, cependant, les faits étaient là, en écoutant mon cœur, je savais très bien que la réponse que j’allais en tirer, c’était un début d’amour inconditionnel envers cet être qui était si faible psychologiquement parlant, mais qui se donnait des airs de gros dure. Elle était faible, mais je l’étais encore plus qu’elle. C’était un comble de se faire réconforter la fille la plus peureuse de tout Suna.
Nos deux corps collés l’un contre l’autre, comme deux amis qui se connaissaient depuis longtemps, il était évident que je n’étais pas la seule à partager des sentiments aussi fort qu’improbable envers l’autre. La preuve en était qu’après avoir parlé de mes piètres compétences en tant que Shinobi, celle-ci m’avait aussi réconfortée, ces mots ne quittait pas ma tête, j’étais juste inexpérimenté, après tout, je n’étais sortis de l’académie que depuis très peu de temps, il était normal que je ne sois pas encore forte. Je devais juste trouver mon truc si j’écoutais la jeune fille. C’était des paroles inspirantes.
Mais, je n’eus guère le temps de réfléchir que déjà mes paroles que j’avais délicatement glissé dans son oreille faisaient son effet. Je la voyais ne pas savoir réagir devant mon geste de tendresse. Je ne savais même pas moi-même pourquoi je l’avais fait, probablement par instinct, n’aimant pas entendre les autres souffrir, même si en temps normal, j’aurai dû les haïr. Les sentiments étaient des choses complexes à comprendre et je mentirai si je disais que je comprenais ce qui se tramait dans mon cœur. Car déjà Ena me sautait dessus, m’attrapant à pleine main et commençant à me serre fort contre elle alors qu’elle se mettait à pleurer. Voir un être qui s’était autant mis à nue devant moi, ne pouvais pas me laisser de marbre, j’étais une femme faible et émotive, car voir les larmes couler sur les joues de la jeune fille ne me fit que donner à moi aussi de fondre en larme et de la serrer aussi fort qu’elle le faisait avec moi. Cependant, j’avais les larmes en yeux, je ne pouvais pas retenir ce torrent d’émotion qui me coulait dessus. Pendant qu’elle pleurait contre ma poitrine, moi j’avais resserré ma prise sur ses épaules et allongé sur le sol, sans pouvoir voir le visage de la jolie blondinette, je me mis à continuer à lui caresser les cheveux. Je faisais des efforts surhumains pour ne pas fondre en larme, parce que j’étais touchée au plus profond de moi, c’était désormais indéniable, je ne pouvais pas et plus le nier. Mais, après une dizaine de minute à ne rien dire et me serrer dans ses bras, la jeune Tomei finit par desserrer légèrement son emprise sur moi et puis me demanda alors de but en blanc pourquoi elle ne m’avait rencontré que maintenant. C’était une question infiniment difficile à traiter, parce que derrière mes actes, il n’y avait aucune logique, rien, juste un pur instinct et puis c’est tout. Je n’avais donc pas de jolie réponse à lui donner et j’en étais bien triste. Cependant, je voulais lui répondre et pour cela, je me creusais la tête. Mais, je n’eus pas le temps de répondre que la jeune fille me demanda si elle pouvait me faire un panier repas pour lendemain pour me remercier.
A mes yeux, je ne méritais guère de remerciement, car avant tout, j’avais tout fait pour moi, pour satisfaire mes désirs de maternité, pour satisfaire mon cœur que j’étais capable de créer des liens. Aider la jeune fille, aider Ena n’avait alors été qu’un heureux hasard, rien de plus, rien de moins. Pouvais-je donc accepter de tel remerciement, lorsqu’en vérité, j’avais été assez égoïste ? La vérité était parfois douloureuse et vu la tournure que prenait mes sentiments, je ne pouvais pas les laisser blesser Ena. J’allais donc me taire, pour le mieux, pour moi, comme pour elle, la blesser elle, c’était me blesser moi désormais. Faire du mal à quelqu’un qu’on appréciait, c’était dur et je ne souhaitais donc pas le faire, même si la première impression de cette jeune fille avait été assez explosive. Je mentirai en disant que son instabilité ne m’effrayait plus, cependant, je savais voir en elle, la douceur, la gentillesse, la candeur que personne ne semblait voir en elle. Je trouvais presque ça flatteur de se dire qu’au moins, moi, je la comprenais.
Mais, je ne pouvais toujours pas la laisser sans réponse, quand à pourquoi notre rencontre. Je devais me débarrasser de la logique, parce que ce qu’il s’était passé dépasser la raison et la logique, c’était à mes yeux, plus personnel, plus mystique, plus incompréhensible que tout ce que j’avais expérimentée dans ma vie. Je ne savais donc pas quelles phrases allaient passé le pas de ma bouche et de mon esprit, c’était la surprise totale. Je me sentais un peu gênée par ce que j’allais dire, car comme c’était au-delà, de la raison, j’avais une certitude, cela allait paraitre obscure. Mais avant cela, je devais lui répondre pour sa demande de remerciement. Arborant alors le sourire le plus candide que j’avais, je murmurai :
« Bien entendu, cela me ferait très plaisir de gouter ta cuisine ! Il me tarde tant ! »
Au final, ce qui manquait à Ena, c’était des encouragements, quelqu’un qui croyait en elle. Moi c’était l’inverse, on croyait trop en moi et c’était assurément une source de souffrance. Désormais que ma réponse pour ses remerciements étaient faite, je pouvais me tourner vers le mysticisme de l’avenir et de l’existence :
« Faut-il réellement une raison à notre rencontre ? Faut-il nécessairement qu’une main invisible nous ait guidé chacune dans les bras l’une de l’autre ? Je vais être honnête avec toi, je n’en sais rien. Cependant, s’il existe réellement un destin, une main invisible qui guide nos actions et nos choix sans que nous nous en rendions compte. Alors, je suis persuadée que tu m’as rencontrée au moment où tu avais le plus besoin... Quant à moi, je t’ai probablement rencontré pour avoir une véritable amie… Qu’en penses-tu Enachou ? »
Je commençai à prendre beaucoup d’aise avec la jeune fille, sans trop savoir pourquoi. Je ne croyais pas dans le destin, mais je croyais une chose désormais, en Ena. Je lui avais même attribué un surnom. Je ne me reconnaissais plus, mais avoir l’impression d’être importante dans la vie de cette jeune fille que je connaissais désormais bien, me semblait être super. Je ne voulais aider personne d’autre qu’Ena, ça dépassait ma raison propre et je n’y comprenais strictement rien, mais au moins, je commençai à aimer ça, tout en m’empêchant les affres de l’entraînement… N’étais-je pas gagnante dans cette relation ? Si, absolument et pour cela, j’étais donc prête à entretenir cette relation avec la délicieuse, impulsive et enflammée Ena, pour moi comme pour elle. Dire que je faisais preuve de gentillesse envers une jeune fille sédentaire, la vie de ninja s’annonçait remplis de surprise.
Elle était plus vieille et elle savait se montrer douce. Elle était la grande sœur qu’Ena n’avait jamais et n’aurait jamais. Kyou avait tout fait pour accommoder le volcan d’émotion qui était venu à atteindre sa limite, à se déverser dans un désert déjà plus qu’aride. Kyou, l’avait gardé contre elle et avait attendu la fin de la tempête. Elle l’avait patiemment rassurée jusqu’à ce tout retombe à plat, jusqu’à ce que ses larmes l’aient épuisée et qu’elle soit de nouveau capable de fonctionner. Puis, comme si ce n’était pas assez, la jeune archère lui avait apporter un peu plus de réconfort dans un petit geste affectueux, un geste plein d’empathie et de douceur, chose que la petite blondinette n’avait plus réellement l’habitude.
Kyou ne cessait de la surprendre, mais de la bonne façon. Elle déclara qu’elle avait hâte de goûter sa cuisine et la bien trop émotive jeune chunin ne put retenir l’immense sourire qui se pointa sur son visage. Ena ajouta quelques précisions à sa demande, la voix maintenant pleine d’excitation.
« Tu vas voir, J’suis super bonne pour cuisiner ! Enfin … quand j’essaie pas de faire des trucs nouveaux. Genre là tu peux te dire que ça va être dégueu, à moins d’un miracle … Mais si j’fais ce quelque chose que j’ai déjà fait, là c’est autre chose. Là, c’est vraiment bon ! »
C’était, après tout, l’une de ses passions. Elle avait enterré beaucoup d’émotions dans ce passe-temps. En général, elle ne cuisinait pas vraiment pour les autres. C’était plutôt un façon de passer sa déception ou de célébrer ses rares succès. C’était aussi une façon de se canaliser lorsqu’elle se sentait tirer dans toutes les directions, mais … pas cette fois-là. Cette fois-là, c’était uniquement pour célébrer cette nouvelle amitié. Une façon de sceller le tout, de concrétiser et de partager quelque chose et cette idée emplissait la jeune fille d’une joie aussi grande que sa nomination au rang de Chuunin.
Sa nouvelle amie reprit, répondant à sa question de plus tôt. Elle était bien plus réfléchie et philosophique qu’elle. Ena n’avait pas pensé aussi loin en posant la question. C’était … très compliqué à comprendre … jamais elle n’avait senti une main invisible se saisir de ses bras pour lui faire faire quoi que soi … Peut-être était-elle la seule ? La petite pyromane secoua la tête vigoureusement avant de lui répondre :
« T’as peut-être raison, mais, au final, le pourquoi, ça change rien. Là t’es là et je te quitte plus des yeux ! »
Pourtant, il y avait quelque chose qui avait pris toute l’attention d’Ena, qui avait fait apparaître des étoiles dans ses yeux et rougir ses joues pâles. Son sourire s’agrandit un peu plus alors qu’elle frappa ses deux mains ensemble avant de les maintenir en place. Elle approcha son visage tout près de sa nouvelle amie.
« Enachou ? »
Elle n’était clairement pas déçue de ce petit surnom. En fait, ce n’était pas difficile de voir qu’elle était en réalité aux anges. Elle ajouta, un petit trémolo d’émotion dans la voix :
« Et si t’veux me donner un surnom, ben il m’en faut un pour toi aussi ! Kyou-chan … ? »
Son sourire tomba un peu et elle secoua violement la tête, encore une fois. Non ça ne le faisait vraiment pas. Ça ne rendait pas la moitié de la gloire de Kyou … Il lui fallait quelques chose de plus mignon …
« Non. C’est trop basique. Tu mérites mieux. »
Elle se prit la tête à deux mains fermant les yeux de toutes ses forces. Elle n’avait jamais vraiment donné de surnom à une amie avant et c’était bien difficile d’en trouver un pour la première fois. Mais il le fallait. Il lui fallait une idée à l’image de sa grandeur et de sa douceur.
« ARG! C’est dur ! On donne quoi comme surnom d’habitude ? »
Puis, l’éclair de génie. Ena frappa son poing dans sa paume alors que ses yeux se firent plein de malice.
« AH ! JE SAIS ! »
Elle s’approcha de nouveau de Kyou (dont elle s’était éloignée dans sa petite crise existentielle) et lui dit avec un sourire aussi grand que celui qu’elle avait eu un peu plus tôt :
Ena alternait entre deux images, entre deux faces. Elle pouvait autant être impitoyable et enflammée, que d’une douceur incroyable. Et devant moi, c’était une jeune fille bien trop douce que je pouvais voir. D’une douceur telle qu’elle m’indiqua qu’elle savait bien cuisiner et qu’elle était une assez bonne cuisinière, voir quelqu’un me dire cela était assez nouveau pour moi, car bien que ma mère fût gentille avec moi, elle n’en restait pas moins dans l’ombre de mon géniteur, de l’exarque du désert qui influençait nos existences. Au final, avoir une conversation aussi banale, dénuée d’arrière-pensée ne faisait pas partis de mon quotidien, car seul mon dernier frère en vie me parlait de la sorte et vu que ce dernier, désormais chuunin du village caché du sable devait faire des missions, il ne rentrait plus que très rarement au village et comment lui en vouloir ? Si j’avais été à sa place, j’aurais tantôt fait de fuir mes responsabilité pour retourner dans le désert m’occuper du bétail et piller les caravanes, cependant je n’étais pas à sa place et mon frérot, bien plus courageux que moi n’avait pas fuis. Enfin, il était d’une autre trempe que moi, j’étais faible et misérable par rapport à lui, il était le genre d’homme que mon père appréciait… C’était en partis pour cela que je ne comprenais pas la fixette que faisait mon père sur moi, j’étais horriblement banal et ne souhaitait pas vraiment m’élever hors de cette banalité, car elle me protégeait.
De ce fait, vivre tranquillement, parler paisiblement hors de toutes ces considérations était merveilleux à mes yeux, comme une nouvelle trace de douceur que me permettait la jeune Tomei. J’avais bien vu la joie ultime dans les yeux de la jeune fille quand je l’avais appelée Enachou, elle avait été folle de joie. Rougissant presque comme une fille normale de son âge, nous faisant presque oubliée qui nous étions et où nous étions, au milieu même d’une prison de grès, une prison remplis de nomade. Assise comme nous l’étions, tout était plus simple, je ne faisais plus vraiment attention à ce qu’il y avait autour de moi, simplement concentré sur la jeune fille dans mes bras et son parfum. J’avais enfoncé mon nez dans ses cheveux et les yeux fermé, j’écoutais en silence la quête de ma première amie pour me trouver un surnom qui me correspondrait et qui serait à la hauteur de celui que je lui avais trouvé. En vérité, je n’avais aucune prétention à lui avoir trouvé un surnom, ce n’était pas grand-chose, juste une marque spontanée d’affection de ma part, rien de plus, rien de moins. De plus, je n’en attendais rien de sa part, car si j’aimais, ce n’était pas pour avoir quelque chose en retour, ou plutôt, si c’était pour avoir quelque chose en retour, mais ce n’était pas le cas avec Ena. Ce que je ressentais était tellement doux, si authentique que je ne voulais rien d’autre, j’y trouvais mon compte-là, à simplement câliner ma cadette.
Et finalement, comme dans un éclair de génie, la jeune fille déclara alors qu’elle m’appellera Ki-chan. Personne ne me donnait de surnom chez moi, à part les classiques « gamine, abrutis, idiote » que me donnait me père et les « chérie » de ma mère, sans oublier le « sœurette » de mon frère. En fait, chez les nomades, nous n’étions pas trop effusion de sentiment. Nous étions même plutôt le genre de personne a faire bande à part pour créer des liens. Je savais même pertinemment que mon géniteur désapprouvera ma relation avec Enachou, c’était une certitude. Nous n’étions pas des gens d’ici, si nous restions, c’était seulement parce que nous y trouvions notre compte pour l’instant, mais le vent tournait vite et je savais qu’a tout moment, mon père pourrait décider de reprendre sa liberté et retourner à son activité favorite, massacrer les faibles. C’était dans ce cadre-là que me lié d’amitié avec quelqu’un qui pourrait devenir du jour au lendemain une ennemie mortelle n’était pas une bonne idée. Cependant, j’avais mis de côté ma raison et donc, m’en fichait bien, enfin, j’avais ce discours ici, qui savais si une fois devant mon père, je n’allais pas me pisser dessus et me soumettre et tout déballer. Bref, tout cela pour dire et revenir au sujet principale, le surnom que m’avait trouvé Enachou n’était ni réellement beau et mignon, mais il respirait l’amour et la gentillesse et finalement, c’était tout ce qui comptait. Je croyais même que peu importais le surnom qu’elle m’aurait trouvé tant que cela la convenait elle. Si elle était contente de m’appeler comme cela, alors je serai moi-même heureuse de répondre à ce sobriquet.
Dégageant mon nez de sa chevelure, je murmurai alors en gloussant à son oreille :
« C’est un bien jolie surnom ! »
Et au final, je le pensais vraiment, car elle l’avait trouvé pour moi et moi-seule. Nous repartîmes a parler de tout et de rien et après plusieurs heures, alors que le soleil commençait à se coucher, je me rendis compte qu’il serait alors temps de rentrer chez moi. Ainsi, à contrecœur, je me séparais d’Enachou et je me sentais presque boudeuse et triste à cette idée, je ne voulais pas la quitter, j’étais bien à ses côtés, mais je devais le faire. Souriante, je me relevai alors et m’époussetant mes vêtements, me dirigeai vers Marengo qui patientait toujours à l’ombre, puis le décrochant me rapprocha de ma cadette et ma plaçant devant elle, l’enlaça une dernière fois avant de disparaître, malheureuse. Cependant, avant de disparaître et de quitter cette merveilleuse journée, je me retournai et faisant de grand-signe à la pétillante blondinette finit par me tourner, le cœur un peu noué. Je venais de nouer mon premier lien avec une non nomade et je l’aimais déjà tellement… Je ne savais plus quoi faire, j’étais perdue. Je ne savais pas quoi faire et je décidais alors de me laisser porter pour voir jusqu’où cela allait me porter, ne pas savoir ou on se dirigeait, c’était aussi cela vivre et même si cela pouvait être inconfortable, je décidais de m’y conformer, qui sais, jusqu’où cette relation avec Enachou me mènera, j’étais prête à tout donner pour que quelque chose de positif et sorte pour nous deux. J’ignorais beaucoup de chose, mais je savais une chose, c’était que j’aimais beaucoup la blondinette et c’était probablement la seule certitude que j’avais après cette journée !