Le sable est bien loin derrière Kalida aujourd'hui, sur un coup de tête, elle a eu la soudaine envie de changer d'air et de partir plus au Nord-Est du pays de Suna. Ce n'est pas souvent que ça arrive, mais la rouquine peut avoir des moments de véritable blues, contrastant complètement avec l'image habituelle de la kunoichi souriante est pleine de vie que tout le monde connaît. Pourquoi ? Quelle pourrait être la raison de tout ceci ? Une forme de rétrospective sur sa propre vie.
Quand on fait rapidement l'historique de sa vie pas si longue que ça, elle a quand même quelques regrets qui remontent à la surface de temps à autre. Lui rappelant qu'elle est en partie responsable de la mort de son père, qu'on la connaît plus pour ses idioties et son caractère flamboyant que pour ses faits d'armes, qu'elle n'a au final aucun réel ami à qui se confier et discuter de tout, ou encore qu'elle est toujours célibataire à 25 ans. Pour la dernière chose, ce n'est pas faute d'avoir essayé, mais les hommes préfèrent généralement les femmes plus faibles qu'eux pour une raison machiste et misogyne.
La pluie se fait lourde dans ces contrées, difficile à croire qu'un tel climat pluvieux existe dans les alentours des territoires de Suna. Et pourtant, c'est le cas, tête levée vers le ciel, ses lunettes au style mécaniciennes placées sur son visage. Ça doit bien faire une vingtaine de minutes que la kunoichi reste statique sur ce toit de maison dans ce petit village.
D'ailleurs, le pauvre propriétaire commence à crier un peu à la rouquine de descendre de là avec une certaine forme de politesse qui reste tout de même agréable. Reprenant ses esprits, la rousse saute donc sans soucis du haut du toit, atterrissant à côté du civil au bord de la crise cardiaque en pensant à devoir ramasser un cadavre de suicidaire devant sa porte. Kalida, dans le blues, regarde le villageois en soulevant ses lunettes pour les remettre sur son front tandis que la pluie tombe toujours sur elle, laissant de multiples gouttes s'accumuler sur les mèches pendouillant devant le visage de la Kunoichi :
- Vous avez un bar dans le coin ?
Le villageois désigne un bâtiment de son doigt tremblant comme une véritable feuille, toujours au bord de la crise avec le choc qu'il vient d'avoir. Suite à ça, Kalida s'avance vers sa destination, les mains dans les poches tout en tapant du bout de son pied dans une pierre qui traîne par là.
Une fois à l'intérieur, d'un bref balayage du regard, la kunoichi constate qu'il n'y a que trois personnes dans ce bar. Le barman, elle, et pour finir, une cliente au fond de la pièce aux apparences plutôt riches comparées à ce qui pouvait y avoir dans le coin.
Ne faisant pas plus attention que ça, la demoiselle à la chevelure rousse flamme s'approche du bar, commandant le meilleur saké que pouvait avoir le propriétaire. Avançant la monnaie de sa bouteille, elle regarde la cliente avec un peu plus d'attention. Une jolie femme en soi, une cicatrice visible à l'oeil, et surtout, le symbole du village caché du pays du vent autour de son cou. Comme quoi... Peut importe où elle ira, Suna n'est finalement jamais très loin. Une fois sa commande acquise, la kunoichi se ramène donc devant cette consœur, posant sa boisson sur la table :
- Rare de rencontrer des collègues dans ce genre d'endroit... Je me permets, dit-elle en s'installant.
Kalida n'a jamais eu vraiment les manières ni les formes de politesse à part dans de rares exceptions impliquant des supérieurs hiérarchiques. Un léger sourire en coin, elle tente d'oublier un peu son coup de mou pour discuter avec sa nouvelle interlocutrice.
- Je m'appelle Kalida.
Shirogane Honoka
Suna no Chunin
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Dans la vie, il y avait deux catégories de gens : les exubérants et les silencieux. Devinez dans laquelle je me trouvais? C'était clairement pas dans la première case mais à Suna, on se limitait généralement à ces deux genres et fallait pas chercher plus loin. Un peu limité comme définition? Pourtant, soit on était bruyant, soit discret. L'entre-deux n'existait pas vraiment chez nous, on se tenait aux deux pôles extrêmes... à ceci prêt que dans mon cas, j'étais littéralement muette. Fallait croire que c'était l'ironie du sort.
Depuis peu, les instances de Suna me lâchaient un peu la grappe et je ne me sentais plus observer par on-ne-sait quel gugus de la "haute" pour vérifier si j'étais pas une agente double infiltrée. Indirectement, je pensais que c'était aussi lié à mon "senseï", Mirai, parce qu'il était le petit-fils du chef de clan Shirogane et qu'il m'avait lui-même à l'oeil. Il fallait dire qu'il pouvait pas me blairer depuis qu'il avait visiblement découvert que j'avais du sang Kaigan dans les veines et du coup, il était un peu mon épée de Damoclès au-dessus de la tête. Il aurait tout à gagner à me faire passer pour une traitresse - simplement parce qu'il pouvait être un enfoiré de manipulateur ou par mépris - mais puisqu'il ne le faisait pas, je supposais qu'on considérait que j'étais à peu près nette.
Cela signifiait du coup que j'étais un peu plus libre de mes mouvements, même si en réalité, ma vie était d'une banalité affligeante. Je me souvenais toujours pas de plus de la moitié de ma vie, je causais toujours pas, j'avais toujours pas récupéré mon niveau de kunoichi d'autrefois. Bref. Vie de merde. Du coup, comme d'habitude, je noyais mon ennui dans les bars et voyait les choses au petit bonheur la chance. Sauf que même les éléments étaient contre moi. Même si j'aimais le désert et sa vision quasi onirique, je crachais pas pour un peu de verdure de temps à autre. J'avais pris les routes qui menaient vers le nord-ouest, manière de changer un peu de paysage avant de me faire surprendre par la pluie. J'aimais bien la pluie mais ça me foutait un peu le cafard.
Comme une personne normale, je me cherchais un coin sec pour m'abriter le temps que tout se bordel météorologique se calma et bien évidemment, je choisis... un bar. C'était pas le grand luxe mais suffisant à mes yeux. C'était pas comme si j'étais en position de toute façon de jouer les snobinardes, déjà parce que j'avais pas les moyens, et puis c'était ce qu'il y avait de plus proches. Bien évidemment, je suivis ma routine habituelle quand j'entrais dans ce genre de lieu, direction le comptoir, je pensais commande pour une bouteille de saké ou une liqueur de prune, ça dépendait le prix et l'envie. Ce jour là, c'était la liqueur qui me tentait le plus, ça me réchaufferait un peu plus le gosier. Une fois tout ça en main, direction un petit coin pépère où je pouvais garder un œil discret sur ce qui rentrait ou sortait.
Il n'y eu pas une âme qui vive pendant près d'une heure jusqu'à ce que débarqua une rouquine dans l'établissement, trempée jusqu'aux os mais visiblement, cela n'avait pas l'air tracassée par la chose. A quoi je le voyais? A sa démarche tranquille. Les gens agacés par la pluie se seraient précipités et c'était pas son cas. Je finis par reporter mon attention sur le fond de mon verre plutôt que la nouvelle arrivante, en me demandant qu'il serait raisonnable de commander autre chose ou pas parce que depuis que j'avais mis le pied ici, j'avais déjà tout descendu. Mais le destin sembla s'en mêler parce que je vis apparaître une toute nouvelle bouteille sur la table et de la compagnie.
Sur le moment, j'arquais un sourcil d'étonnement jusqu'à comprendre que la rouquine était de Suna. Le monde était vraiment petit. Je lui fis un petit salut de la main alors qu'elle se présenta pendant que de mon autre main je cherchais mon calepin à ma ceinture et lui dégaina ma fameuse page de présentation.
" Je m'appelle Honoka. Je suis muette. "
La messe était dite, avant que je repris un autre bout de papier.
" Aussi rare que d'en voir un me parler. "
Je répondais à sa première intervention avec une certaine ironie avant d'écrire un autre message.
" Une mission en cours dans le coin? "
Ouais. Je pensais qu'à Suna, il était pas tous aussi peu sérieux que moi.
La pluie s'intensifie dehors, le vent soufflant à très grande vitesse se fait entendre à travers tout le bar. Ce long sifflement sourd, prouvant que l'isolation du bâtiment n'est peut-être pas totale, est accompagné d'un flash d'une fraction de second. Un magnifique éclair se dessine alors dans le ciel, le prenant dans toute sa largeur, du moins, c'est ce que laisse voir la fenêtre non loin du duo. Quelques secondes plus tard, le grondement du tonnerre se fait ressentir, faisant vibrer doucement les vitres de l'établissement, mais rien de dangereux en soi.
Kalida ne semble pas affectée par la foudre, il y a bien longtemps que cette peur enfantine lui est passée. Cependant, son visage est un peu dans l'incompréhension, avant de comprendre petit à petit que la personne en face d'elle est incapable de prononcer le moindre son. Un léger spasme au niveau de la pommette se fait visiblement sous l’œil droit de la rousse, c'est bien la première fois que la kunoichi se retrouve dans cette situation plus que cocasse. Après deux secondes, laissant ainsi au spasme de se répéter quelques fois, Kalida secoue la tête de gauche à droite avant de rigoler un peu. Le coup de blues étant toujours tenace, le rire à quelque chose de faux au final, bien que la rouquine ait eu vraiment envie de rire à la situation :
- Elle va être sympa cette discussion je sens !
Se servant son verre, elle le boit d'un coup sans aucune sommation avant de le remplir de nouveau, laissant un bref instant, ce regard de solitude et de tristesse apparaître dans ses yeux quand ces derniers fixent le liquide. Kalida y voyant son reflet, sentant au passage quelques gouttes tomber du bout de ses mèches pendantes devant son visage. Elle reprend rapidement son sourire, rajustant au passage ses lunettes sur son front pour les poser sur le dessus de son crâne, maintenant ainsi les cheveux trempée en arrière histoire de ne pas remplir son saké d'eau de pluie.
- Naaan, aucune mission, je suis juste de passage pour... Passer le temps on va dire.
S'accoudant sur la table, la rousse regarde par la fenêtre les grosses gouttes se fracasser contre la vitre avec un léger regard morose :
- Histoire de faire un break, de faire le point... Se recentrer, ou je ne sais quelle autre connerie.
Buvant à nouveau son verre, Kalida encaisse plus que bien l'alcool visiblement et regarde en coin la muette :
- Et toi ? C'est dans le même genre ? Si je comprends bien, pas grand monde vient te parler au village, j'imagine que quand c'est le cas ça doit pas être une discussion aimable. Tu viens pour la tranquillité de l'endroit, j'imagine...
L'alcool délie facilement la langue, surtout chez Kalida, pour le coup, elle avait besoin de vider un peu son sac à quelqu'un, et qui sait, cette personne en face d'elle avait peut-être plus de choses en commun avec qu'elle qu'on pourrait le croire. Regardant de nouveau par la fenêtre, la rousse souffle un peu du nez, tandis que son corps semble chauffer au vu de la vapeur qui se dégage autour d'elle. Rien de bien surprenant à vrai dire pour la demoiselle, elle dégage juste du chakra par les pores de sa peau, changeant ce dernier en Katon à très petites doses pour faire un effet séchoir. En quelques secondes, la voilà sèche comme si elle n'avait jamais pris la pluie, ses cheveux ondulant naturellement sur les côtés. Après ce léger silence, Kalida pose son menton dans le creux de sa main, regardant sa congénère du coin de l'oeil tandis que sa tête est toujours dirigée vers la fenêtre.
- Pourquoi les gens te parlent peu ?
Pour une raison qu'elle-même ignore, Kalida a juste envie de discuter avec cette femme, curieuse de savoir qui elle est vraiment, de découvrir qui se cache derrière ce visage à la cicatrice remarquable laissant un certain charisme à la demoiselle. Une envie d'être bienveillante avec cette personne pour l'écouter et en échange, se livrer à son tour... Habituellement, ce genre de chose se développe normalement sur des mois, voir des années pour certains, mais il y avait ce côté attirance naturel qui pousse la rousse à griller en quelque sorte les étapes -sans mauvais jeu de mots-. Elle a besoin de quelqu'un, d'une amie, et ça pouvait bien être cette Honoka.
Shirogane Honoka
Suna no Chunin
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On allait pas se mentir, j'étais pas la meuf qui était de la meilleure compagnie du monde. Déjà parce que j'étais plus apte à faire la conversation à qui que se soit, mais aussi parce que j'étais pas d'une humeur de dingue. La pluie n'aidant pas non plus à vous faire sentir heureux et épanoui. Et puis, il y avait qu'à voir la tronche de la femme qui avait tapé l'incruste à ma table. Ses yeux se noyaient dans le fond de son verre alors que de mon côté je pris sa bouteille et me remplis le mien. Je demandais pas l'autorisation mais je supposais que je l'avais. A quoi bon venir si ce n'était pas pour partager, hein?
La pluie tapait violemment contre les carreaux de la fenêtre, et cette Kalida semblait s'enfoncer dans sa morosité malgré ses efforts pour sourire. Je l'observais un peu étonnée parce que je n'avais pas la moindre idée de ce qu'elle attendait de moi. Si elle était là pour que je lui remontasse le moral, elle était dans la merde. C'était pas le job pour lequel j'étais la plus douée en sachant la vie de merde qu'était la mienne. Je demeurais donc silencieuse - c'était pas comme si c'était désirée non plus - et je bus tranquillement une gorgée du saké qu'elle m'offrait volontairement ou pas.
Elle expliqua soudainement qu'elle était là pour faire le point sur elle-même et devinez quoi? Cela m'arracha un léger sourire. Quand je disais que le monde était petit... même si moi, c'était plutôt pour me requinquer que m'enfoncer dans la déprime et à tout hasard, peut-être me rappeler de quelques bricoles mais je cherchais pas non plus à vraiment me rappeler. Elle finit par retourner son attention vers moi et m'interrogea à son tour sur les raisons de ma présence. Nonchalamment, je repris mon calepin et commença à griffonner d'une main ma réponse alors que je bus de l'autre.
" Je suis pas venue avec un but précis. Je voulais juste profiter d'une journée sans quelqu'un coller au cul. "
Je lui glissais le message alors que j'écrivais déjà un autre texte.
" J'ai pas la côte au village et on me surveillait. C'est la première fois que je pouvais me barrer sans me dire que je serais observer par un abruti. "
Généralement, je m'amusais à faire tourner en bourrique les crétins qui devaient me surveiller. Je rentrais d'ailleurs souvent chez moi avant qu'ils eut le temps de comprendre que je les avais dupé. C'était pas malin parce que cela attirait leur suspicion, mais pour ce que j'en avais à faire... Si vraiment ils avaient quelque chose contre moi, ils se seraient déjà débarrassés de moi. Fallait pas se faire d'illusion dans un village aussi martial que Suna, comme le fait que cela aurait été plus facile pour eux de me laisser claquer que me refoutre sur pied.
Je repris une gorgée de saké et une petite esquisse ironique se profila sur mon fasciés quand elle me demanda les raisons du mépris que j'attirais. Tranquillement, je posais mon verre et farfouilla dans une de mes poches pour sortir ma blague à tabac. Il fallait que je m'en roulasse une. Il fallut attendre la longue minute où je me fis ma cigarette et que je l'alluma afin de me voir reprendre mon carnet de note.
" J'ai survécu à mon équipe au lieu de mourir avec elle. On pardonne pas au vivant. "
Je pensais que je pouvais résumer facilement la chose de cette façon. Lentement, je relevais mes yeux améthystes en direction de Kalida, crachant une fumée épaisse sur le côté pour pas l'importuner avant d'afficher un petit sourire et lever mon verre. L'art et la matière de célébrer la honte shinobi que j'incarnais : leur cracher tous à la gueule avec panache.... ou pas.
Sur la dernière réponse d'Honoka, la rousse semble se crisper de façon assez significative sur sa coupe de saké. Ce genre de comportement de masse lui donner parfois l'envie de vomir, mais pour le coup, ça lui faisait juste un écho en elle par rapport à la mort de son père dont elle est en partie responsable. Elle ne pouvait que comprendre dans quelle situation la balafrée pouvait se trouver. Kalida a eu de la chance et qu'avec l'implantation du clan dans le village de Suna, son acte d'insubordination est passé un peu à la trappe. Mais elle ne se pardonnait toujours pas elle-même.
Levant le regard de son verre pour regarder les yeux de la muette, elle sourit un peu plus en voyant cette dernière lever sa coupe de saké. La rousse n'a même pas fait attention qu'Honoka s'était servie sans demander mais elle s'en balance pas mal à vrai dire. L'alcool est fait pour être consommé, pas pour être juste mis en exposition comme une œuvre d'art. Regardant ensuite la fumée expirée par la blonde, elle fixe les différentes formes ondulées que pouvait prendre l'émanation toxique.
- Y a vraiment des cons partout.
Sans se faire attendre, elle trinque avec la demoiselle puis boit cul sec le contenu de son récipient, se servant de nouveau dans la foulée. Après tout, un verre, c'était fait pour être remplie non ? Soupirant un peu par la suite, l'alcool a toujours eu une tendance à la rendre encore plus expressif que la normale avec option gaieté, ce qui lui redonne un peu le sourire quand elle prend de nouveau la parole :
- On ne devrait pas souhaiter la mort de quelqu'un sous prétexte qu'elle est revenue vivante. Tu as eu une nouvelle chance, très peu peuvent s'en vanter. Et puis... Je ne pense pas que tes anciens camarades auraient voulu que tu décèdes avec eux honnêtement. Je ne les connaissais certainement pas. Mais un compagnon digne de soi n'aimerait pas voir ceux qui lui sont chers décéder avec lui.
À ce moment, elle visualise le visage de son père lors de ses derniers instants, entendant de nouveau ces mots résonnant dans sa tête encore et encore.
- Il n'y a pas à s'en vouloir de survivre. Il faut juste... Allez de l'avant, restez fidèle à soi-même et à ses valeurs. C'est le plus important. Non ?
Kalida fixe alors dans les yeux Honoka, un sourire franc en main, reprenant un peu sa fougue habituelle. Dans une franchise absolue, la rouquine continue à monologuer devant sa partenaire de boisson :
- T'as l'air aussi paumée que moi à vrai dire, et même si t'es muette, j'aime bien te parler. T'es sympa.
Oui, elle ne la connaissait que depuis quelques minutes, mais bon... C'est du Kalida tout craché, foncer tête baissée, un soupçon naïve, mais qui peut se montrer très loyal à ceux qui savent recevoir son affectation plus ou moins spéciale. Se tournant vers le barman, Kalida beugle qu'on ramène de quoi grignoter à la table de façon peu féminine avec le coude gauche sur le dossier de sa chaise tandis que le droit est toujours sur la table, laissant l'avant-bras de tout son long sur le bois avec la coupe de saké dans la main. Son regard se tournant de nouveau vers Honoka, elle sourit de nouveau :
- Dis toi que parmi tous les gens du village, tu as au moins une personne qui ne t'en veux pas pour qui tu es ni ce que tu as pu faire.
Kalida attrape donc la bouteille, venant remplir si ce n'est pas déjà fait, la coupelle d'Honoka pour trinquer avec elle, soulevant son verre à la hauteur de ses yeux.
- Santé !
Shirogane Honoka
Suna no Chunin
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Mes yeux améthystes se posaient lentement sur la silhouette de l'intervenante rouquine. Je ne la dévisageais pas vulgairement mais j'essayais d'enregistrer son visage dans ma mémoire, je l'analysais à ma façon comme si la matait pouvait me révéler la moindre information sur son sujet. La clope dans une main, mon verre dans l'autre, je faisais tournoyer le fond de saké qui demeurait à l'intérieur avant d'afficher un léger sourire quand elle traita tout le beau monde qui pouvait pas me piffer de gros cons. Mais je crois que c'était plus l'idée que mes camarades n'auraient pas aimé me voir morte qui m'étira une esquisse plus grande qui en disait long sur l'ironie de ma situation.
Si je jouais l'avocate du diable, je dirais que mes camarades auraient préféré que je leur sauvasse la peau, tout simplement. Peut-être avais-je essayé? Je n'aurais jamais la satisfaction de le savoir, ni même celui d'avoir des regrets puisque je me souvenais de rien. Est-ce que j'avais été une pleutre? La plupart des gens qui m'avait interrogeait l'avait pensé pour mieux s'expliquer ma survie, ce qui était très con puisque la plupart d'entre eux ne me connaissait pas. Comment je le savais? Parce qu'il m'était apparu évidemment que j'aurais jamais sympathisé avec ces glandus. Les gens avaient tendance à prendre l'explication qui leur convenait le mieux et dans mon cas, il fallait un bouc émissaire. J'étais la parfaite brebis galeuse pour le rôle et on m'avait pas demandé mon avis.
" Ton scénario est plutôt sympas, sauf qu'il manque l'infos où la principale protagoniste se trouve aussi amnésique tellement elle s'est faite maravée la tronche. "
J'avais pris le temps de lui glisser ce petit mot alors que je coinçais ma cigarette dans ma bouche pour remplir légèrement mon verre et le vider dans la foulée. C'était une drôle de kunoichi. Plus les minutes passaient, plus elle semblait retrouver un peu de ses couleurs mais elle réussit à me faire rire lorsqu'elle précisa "c'est sympas de te parler". Je trouvais ça cocasse. Je finis par hausser les épaules comme pour dire que ça me convenait aussi. Fallait dire que ça me changeait de d'habitude et il paraissait que c'était pas bon de s'enfermer là dedans.
Par contre, elle faillit me faire sursauter quand elle se mit à gueuler comme un veau que l'on nous apportât de quoi grignoter. Nonchalamment, je me gratta l'oreille. Elle avait de la voix, elle. Ce fut alors qu'elle se retourna à nouveau vers moi pour rajouter des paroles qui, étonnamment, me parurent... chaleureusement sympathiques... et cela me fit une drôle d'impression. Je n'avais connu, depuis mon réveil, que trois personne qui s'étaient montré ainsi en connaissant la vérité sur moi, sur qui j'étais ou sur ce qui m'était arrivée : mon père Yukio, un jeune uzujin du nom de Minato et Genjiro Shirogane. Bizarrement, c'était que des mecs mais je supposais qu'il n'y avait aucun lien là dedans. Dans sa fouge, elle me remplit à nouveau le verre et le leva. Je suivis simplement le mouvement et sourit.
Je bus dans la foulée du geste avant de recaler ma cigarette dans la bouche pour pouvoir écrire sur un nouveau bout de papier, le verre à demi-plein devant moi.
" Si je peux me permettre, tu dois pas avoir la côte à Suna, non? Ton mantra, c'est pas trop le genre de la maison. Si tu veux pas paraître suspicieuse, je te déconseille de dire que tu m'aimes bien. "
Je préférais la prévenir parce que vue comment elle semblait déjà annoncer qu'elle m'aimait bien, je sentais le truc arriver. J'étais pas le genre de femme avec qui on faisait amie-amie, et j'étais même pas certaine que j'eus le moindre ami de toutes façons hormis mes pantins. Je savais pas trop comment gérer le truc et j'étais même pas certaine d'avoir envie. Trop soudain. Trop bizarre. Trop pas sunajin en fait. Mais à dire vrai, je m'inquiétais plus sur le fait de la mettre dans la merde que de m'en attirait un peu plus.
Buvant de bonne foi sa coupe de saké cul sec, Kalida semble perplexe sur l'aspect « amnésique » de l'affaire, lâchant spontanément et bêtement :
- Ah merde... ça c'est con.
Rien d'ironique ou de moqueur, la rousse est franche dans ses dires, ses joues déjà roussis par ses multiples taches de rousseur commencent doucement à virer au rouge à cause de l'alcool qu'elle ingurgite avec quantité et sans modération depuis tout à l'heure. Regardant ensuite le deuxième mot presque en louchant à cause de l'alcool, la kunoichi se met à rire à pleine gorge de façon assez bruyante avant de s'affaler en arrière sur sa chaise, le bras gauche sur le dossier et la main droite tenant sa coupe qui a une légère tendance à tanguer.
- Je n'ai pas bonne réputation mais pas pour les raisons auxquelles tu penses. Il m'arrive de faire quelques conneries, des dégâts collatéraux pendants disons... Des altercations avec des gens qui me prennent la tête. Tu sais, je me faisais souvent maltraité quand j'étais gamine. Et puis, il y a un homme bienveillant qui m'a dit un jour : « Si tu te laisses faire une fois, on t'emmerdera toute ta vie. Et quand on t'embête, il faut toujours se défendre. Même si tu as peur, même si tu sais que tu vas prendre des coups. Ceux qui t'embêtent comme ça, ils ont tout aussi peur. Et il t'écrase, tout simplement par crainte qu'un jour, c'est toi qui pourrais avoir le dessus. »
Citant son père de la sorte, ça la fait doucement retomber dans cet aspect morose du début, se regardant dans le reflet du saké :
- Après... Avant que le clan Akayuki intègre Suna... J'avais mauvaise réputation pour avoir désobéi à un ordre. Ça a coûté la vie d'un être cher... Mais à sa mort, dans son dernier souffle, il m'a dit de ne pas changer, que j'étais très bien comme j'étais. Que je n'avais rien à me reprocher. Et malgré ces paroles, j'ai de temps à autre un petit coup de blues. Comme aujourd'hui d'ailleurs...
Le tenancier de l'établissement arrive alors avec quelques amuse-bouches plus qu'alléchants. Telle une morfale qui n'a pas mangé depuis une semaine, Kalida prend un truc de chaque bol pour les manger à vitesse grand V pour les avaler à une vitesse tout aussi ahurissante.
- Donc en gros, s'il y en a un qui n'est pas d'accord avec ma manière de faire, je lui casse la gueule, et même si je me fais rétamer, au moins je dire que je me bats pour mes valeurs, ma vision du monde, ma liberté de pensée. Car au final, si un ninja ne fait que suivre les ordres, sans avoir de valeur ou d'attache, nous ne sommes plus que de vulgaires pantins. Dans le monde ninja, désobéir à un ordre, c'est devenir juste un déchet bon pour la poubelle. Mais ceux qui laissent leur valeur mourir à petit feu, et ne pas aider autant qu'on le peut ses camarades dans les situations désespérées Ces gars-là, ne valent même pas l’appellation de déchets.
La rousse a pris pendant tout ce long monologue un aspect beaucoup plus sérieux, allant jusqu'à lâcher sa coupe de saké pour fermer le poing et frapper de façon virile la table lors du petit suspens de sa dernière phrase.
- Ça les déplaît que je t'aime bien ? Gihi ! Qu'ils viennent donc me le dire en face ces merdeux !
Un grand sourire, elle regarde Honoka droit dans les yeux avec une franchise hors norme avant de faire un petit hoquet presque mignon. Visiblement, la demoiselle pense qu'elle a besoin de boire pour que sa passe, Kalida se ressert de nouveau une coupe qu'elle s'enfile rapidement :
- Voilà.. ça devrait passer... HIPS ! Rhooo et merdeuuux !
La femme très peu distinguée se frappe un peu le plexus de son poing fermé avant de lâcher subitement un rôt encore plus disgracieux. Par réflexe, la rousse va se mettre les deux mains sur la bouche, laissant quelques secondes de silence avant d'exploser de rire :
- Désolé ! Visiblement ça voulait sortir ! Et puis, vaut mieux que ce soit dehors que dedans ! Gihihi !
Rigolant avec le sourire, visiblement la tristesse et l'aspect morose l'avait définitivement quitté pour le moment.
Shirogane Honoka
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Le verre devant le nez, un petit sourire en coin, j'écoutais Kalida me raconter brièvement ce qu'un type lui avait raconté. Un philosophe, hein? Je ne pouvais pas dire que j'avais que j'avais eu droit à ce genre de sermon dans mon enfance. Même si je ne me souvenais pas de tout, les lois Kaigan étaient claires : tuer ou être tué. Il fallait être fort. Point barre. Si tu claquais, t'acceptais. L'échec? Juste la honte pour le nom que tu portais. Avec le recul, je trouvais ça profondément con. Bourrer le mou à des gosses avec ce genre de paroles, c'était en faire soit des dépressifs, soit des sociopathes. Mon salut avait été ironiquement de pas avoir les dons qu'il fallait pour être une Kaigan mais qu'un Shirogane m'en découvrit d'autre pour faire de moi une marionnettiste.
En tout cas, ma camarade déchanta d'elle-même à l'évocation de ses propres paroles. J'eus droit au chapitre qui racontait qu'en réalité, elle avait merdé en exécutant pas un ordre et que les conséquences avaient été la mort de quelqu'un. C'était le risque que l'on prenait en ne suivant pas les plans mais je supposais aussi qu'elle devait avoir ses raisons pour pas avoir fait les choses de manières traditionnelles. J'allais pas la juger pour ça. Personne n'est en capacité de prédire comment les choses peuvent évoluer, surtout en mission. Certaines situations désespérées réclamaient des agissements qui l'étaient tout autant.
" On peut pas péter la forme tous les jours. Et ta mauvaise conscience témoigne au moins que t'en possède une. T'as bien le droit de déprimer de temps en temps. "
Petit message que je lui présentais entre deux lampées de saké, alors que l'aubergiste nous apporta de quoi nous délecter le palais. Comme je n'avais pas fini ma cigarette, je m'attaquais pas aux amuse-bouches, mais ce ne fut pas le cas de ma congénère qui dévora ce qui se présentait sous sa main sans manière. Sur le moment, je trouvais ça drôle mais quand elle reprit la parole et qu'elle expliqua son point de vue, je pouvais pas cacher que mon esquisse s'effaça en vitesse grand V. Je finis par tourner ma tête en direction de la fenêtre et regarder la pluie frapper sur les vitres.
Suivre les ordres, sans avoir de valeur ou d'attache, nous ne sommes plus que de vulgaires pantins. On pouvait sans doute pas dire mieux, comme le fait que je me retrouvais un peu dans cette description. J'étais peut-être grande gueule mais je suivais généralement les ordres parce que ça m'arrangeait, surtout maintenant. On pourrait pas me reprocher d'avoir fait de la merde si j'étais qu'une exécutante. Des attaches? J'avais que mon vieux et mes pantins. Pas certaines que cela soit suffisait pour sauver ce qui restait de mon âme. Quant à mes valeurs, j'étais pas certaines d'en avoir. Je devais donc avoir toutes les qualités pour être une bonne shinobi mais ça m'empêchait pas de rester un peu une paria. Alors j'étais quoi dans ce bordel de tableau? Un pion qui s'assumait peut-être. Une paumée qui se cherchait toujours.
Kalida frappa violemment du poing sur la table, me faisant sursauter une fois de plus. Je pris ma cigarette entre les doigts et un sourire apparut de nouveau. J'écrasais mon mégot et leva mon verre. Elle semblait être une tête de mule et j'abdiquais d'avance. Cela servirait à rien que je continuasse à épiloguer sur le sujet et elle pourrait pas dire qu'elle était pas au courant au moins. Je bus le reste de mon verre puis me servit de quoi grignoter quand la rouquine nous gratifia le repas par des bruitages magnifiques. C'était ironique mais n'allait pas croire que je m'en offusquais aussi. Je laissais échapper un petit rire alors que je béquetais en même temps.
" Je dirais pas mieux. "
Je me rendais compte que mon écriture se faisait de moins en moins assuré. C'était peut-être le signe que les verres qu'on s'enfilait depuis le début faisait de plus en plus leur effet. Puisqu'on était dans la connerie, autant que nous y restions, surtout si on voulait pas jouer la carte de la déprime assurée. Alors, je posais le genre de question qu'on se posait entre dames habituellement.
La main derrière son oreille droite, Kalida se gratte doucement le cuir chevelu en regardant un peu ailleurs, assez gênée au final d'avoir déballé autant sans vraiment se retenir. Mais le mot d'Honoka lui disant qu'elle avait le droit de ne pas avoir la forme tous les jours lui redonne le sourire. Cependant c'est au tour de sa camarade de déchanter avec le monologue que vient de sortir la rousse, ayant remarqué ce petit coup de moue chez sa nouvelle amie, elle cherche à croiser son regard, remplie de compassion :
- Je ne voulais pas te blesser si c'est ce que je viens de faire... D'accord ?
Après avoir mis ça au clair, la demoiselle se sent un peu plus légère et trinque avec sa camarade qui lui écrit un nouveau mot. La main assurée, la kunoichi attrape de nouveau des amuse-gueules pour se goinfrer. Bien qu'elle ait peut-être un peu trop forcé et a eu les yeux plus gros que... sa bouche. Kalida a pas mal de difficulté à mâcher. Mais le dernier mot du carnet de la balafrée muette la fait rapidement avalé ce qu'elle avait dans sa bouche en manquant de peu de s'étouffer. Toussant un peu en tournant la tête vers l'extérieur, Kalida n'était visiblement pas prête à ce genre de question.
Une fois son souffle repris, la rousse se remet de face, le regard fuyant avant de se gratter un peu le coin du front du bout de son index :
- Hé bien... Comment dire...
Elle a pu avoir quelques aventures, mais vraiment rien de sérieux jusqu'à présent, sans parler de son attirance « non-naturel » pour certains envers les hommes ET les femmes.
- Disons que même avec deux terrains de chasse on ne trouve pas grand-chose... ?
Dans un réflexe, Kalida vient mettre ses lunettes d'ingénieur sur le nez pour cacher ses yeux à travers les vitres rouges. Un tic qu'elle a souvent quand elle ne veut pas beaucoup montrer ses émotions ou qu'elle n'arrive pas à supporter les regards des autres. Surtout qu'au final, cette femme lui plaisait un minimum physiquement parlant, il est trop tôt pour parler sur la personnalité.
- Un mec n'aime pas vraiment quand une femme est plus forte ou plus musclée que lui... Et... je n'ai pas l'occasion de rencontrer souvent d'autres... personnes comme moi on va dire sinon.
Elle attrape de nouveau son saké avant de picoler pour se donner du courage et essayer de sortir de ce faux pas :
- Et toi... ?
Évidemment, c'était la solution facile de renvoyer la question, mais ça permet à la rousse de récupérer un peu ses moyens dont elle a cruellement besoin dans la situation actuelle où l'alcool décuple le moindre truc...
Shirogane Honoka
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Alors que l'on continuait notre moment "picole et picore", je me rendais compte que ma question aussi banale soit-elle ne la mettait pas plus à l'aise que ça. Les histoires de c... cœur devaient pas être sa tasse de thé et à vrai dire... moi non plus. Mais n'était-ce pas le propre des shinobis? On était pas taillé pour ces conneries, pas mouler pour ce genre de chose. On était des soldats fait pour obéir et se débarrasser de ceux qui gênaient le grand chef. On s’embarrassait pas avec le sentimentalisme et pourtant, si c'était pas mes souvenirs qui me jouaient des tours, j'avais été à deux doigts de me marier et je dirais même que je m'étais parue... étonnamment heureuse. Cela me laissait toujours une drôle d'impression quand j'y pensais, comme si c'était d'une autre personne dont il s'agissait mais... non. C'était bel et bien moi, Honoka qui aurait pu être une "madame". Mais une "madame" rien du tout puisque le fiancé avec disparu en même temps que mes cellules grises. Heureusement que j'avais pas encore signé pour le "meilleur et le pire" parce que visiblement le pire, le type devait pas avoir pigé le concept.
Je soupirais en ayant un petit sourire en coin alors que je repris une gorgée de ma boisson. Je la voyais se gratter la tête tout en réfléchissant, ce qui tentait de prouver que c'était clairement pas sa came. Je ne fis aucune remarque quand elle glissa à nouveau ses lunettes sur son nez. Elle était gênée? Je ne l'aurais pas cru étant donné la personnalité qu'elle affichait, mais sans faire de la psychologie de comptoir, les gens exubérants étaient parfois les plus sensibles, les plus à fleur de peau. Quant on s'emportait aussi vite, c'était qu'on avait clairement un problème à gérer ses émotions ou les retenir. Moi j'étais plutôt le contraire, je refoulais, je ne montrais pas grand chose. Notre différence me fit sourire alors que je m'enfonçais sur mon siège en prenant mon carnet.
" Je suis pas difficile. Je dirais simplement les types qui veulent bien de moi... et peut-être les beaux gosses, quitte à se faire plaisir autant que ça soit avec une type pas dégueu. "
Ma réponse était superficielle à mort mais j'étais surtout pas hypocrite. Rares étaient les femmes qui se penchaient sur les gueules cassées mais après, c'était qu'une question de goût. J'aimais bien les cicatrices, je trouvais pas ça vilain mais un gars avec un melon à la place du nez, trop peu pour moi. Fallait doser dans les défauts comme je savais très bien que certains hommes trouvaient une femme défigurée repoussante. C'était donc de bonne guerre.
" Je pense pas que le problème soit que tu sois trop musclée. Y a des mecs qui aiment pas les grandes gueules et on fait partie de celles-là, mais on les emmerde, non? "
Je lui glissais mon message avant de lever mon verre pour le vider dans la foulée. Je sentais que le saké commençait à me monter un peu à la tête.
" Ils savent pas à côté de quoi il passe. Nous les Sunajin, on est les meilleurs coups du Sekai! "
Je laissais échapper un petit rire alors que je me servais à nouveau un verre et proposait de remplir celui de ma camarade. Il fallait dire qu'on faisait passer les gens du pays du vent comme des militaires coincés et rigides alors qu'on était tous des tempêtes en puissance à tous les niveaux. Tous. J'en avais bien peur.
Lunette sur les yeux, l'arrière de la nuque démange énormément à Kalida visiblement qui n'arrête pas de se passer la main toutes les trois secondes. Visiblement sa tentative subtile de dire qu'elle est bisexuelle est passée complètement à la trappe ce qui en soi n'est pas plus mal pour la rousse. Un énième refoulement serait assez dur surtout vu son état émotionnel du jour. À entendre Honoka, la guerrière comprend à sa première réponse que la balafrée n'a jamais vraiment eu de véritable histoire et qu'elle ne s'y intéresse pas plus que ça. Ou qu'elle doit être désespérée pour dire qu'elle prend le premier beau gosse qui passe voulant d'elle. Quant à sa deuxième réponse, il est vrai que beaucoup d'hommes sont machos ou n'aime pas les grandes gueules, préférant la femme sage et silencieuse qui ferait bonne épouse au foyer.
La rousse pose son front sur la table après avoir lu l'intégralité du mot d'Honoka, faisant des petits mouvements de droite à gauche en gardant la face sur le bois de la table.
- Ouais... On les emmerde... Bande de con.
Broyant un peu du noir, le célibat de la demoiselle se fait tout de même de plus en plus dur à vivre et même quand elle cherche ça ne finit jamais bien ou alors c'est juste « pour le sport » qu'elle va faire une partie de jambes en l'air. Mais jamais quelque chose de fusionnel malheureusement.
Elle arrête alors de bouger, front contre la table encore et toujours avant de venir se fracasser plusieurs fois la tête contre la table en soulevant son crâne pour l'abattre aussitôt sur la table, la coupe de saké à côté d'elle qui virevolte un peu à chaque percussion :
- Rhaaa mais comment tu veux que je sois contente de la situation par tous les Kamis !
Elle se redresse d'un coup, retirant ses lunettes qu'elle tient dans sa main droite de façon ferme en regardant Honoka droit dans les yeux avec une grande conviction :
- J'suis en train de me bourrer la gueule et de me lamenter sur mon sort avec toi ! Faut que je me bouge ! Faut que je fasse un truc !
Kalida bascule alors sur sa chaise pour se pencher en arrière, le visage vers le plafond en se grattant les cheveux dans tous les sens :
- J'ai 25 ans et j'ai toujours pas rencontrée de personne qui me plaise vraiment ou que ce soit réciproque ! Mais quel enfer !
Shirogane Honoka
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J'aurais jamais cru que je me retrouvais avec une comparse à parler de problèmes de cœur en était à moitié bourrée. Déjà, parce qu'en réalité, je me foutais un peu de la vie des autres. J'avais tellement de mal avec la mienne que j'étais pas le genre à fourrer mon nez volontairement dans le bordel de mon prochain. Et en ce qui concernait le romantisme, mon niveau était ras les pâquerettes. Je pouvais boire comme un trou, fumer comme personne, et je me démerdais bien avec les travaux manuels. Peut-être que dans une autre vie, si j'avais eu une mère présente, j'aurais pu développer le petit truc féminin qui me manquait. Pas de bol. Mon père était un vieux grincheux et il m'avait refilé sa maladie. J'étais assez grincheuse dans mes grands moments et j'aimais pas trop qu'on me cassa les oreilles. Je m'imaginais difficilement à mener une vie à deux à part avec mes marionnettes. Mon père, je le comptais pas. Si je finissais vieille fille, j'irais crécher chez lui pour lui tenir compagnie et veiller. Cela me ferait aussi des économies de loyer au passage. Et si le grand miracle de la vie se produisait bah.... je serais la première surprise.
En tout cas, la situation semblait désespérer Kalida bien plus que moi. Personnellement, je préférais voir la situation comme si j'étais un délicat petit papillon qui virevoltait là où ça lui chantait et si la fleur me plaisait pas, je me barrais. Mais jouer les canaris? C'était joli sur le papier. Dans la vie, j'y croyais moyen. Alors qu'elle se tapait la tête contre la table, je me mis à rire. Je finis cependant par lui tendre un bout de papier.
" Je vois pas pourquoi ça te prend autant la tête. Sinon, demande conseille aux Kurasibe. Il parait qu'elle choppe tout et n'importe quoi en battant des cils. Elles ont peut-être des trucs à t'apprendre. Après, je pense pas qu'elles te permettront de trouver le grand amour. "
Je me mis à rire une nouvelle fois... mais je finis par tousser violemment. Cela faisait si longtemps que ma gorge n'était pas habituée. Cela me tirait bordel, comme quand j'essayais de causer. Je finis par me rincer le gosier avec une nouvelle lapée de saké et je repris mon carnet.
" Tu sais, mon vieux. Mon "vrai" vieux. Le type avait quatre femmes. Je me souviens pas trop de leurs tronches, mais il se faisait pas chier le salopard. Je suis quasi certaine qu'il a pas aimé seulement une de ses meufs. L'amour, c'est surfait. Et apparemment, ça dure pas longtemps. Te prend pas le chou. "
Y avait qu'à me regarder. J'avais failli me marier et cet enfoiré était plus là. Même pas mort, juste plus là. Pouf! Disparu! Le chien! Mais voilà que je m'énervais contre un inconnu. Pourquoi cela semblait avoir subitement de l'importance pour moi? J'en savais rien. Cela me foutait les glandes... c'était bizarre. C'était sans doute l'alcool. Ouais... sans doute. J'allais pas m'emmerder avec un pleutre. Quelle connerie.
" Te plains pas fillette! J'ai trente-deux ans, et je suis pas maquée. Rien à péter de ces enfoirés. "
De toutes manières, j'étais une putain de shinobi et une putain de Shirogane. J'avais d'autres problèmes à gérer que celui qu'on me passe la bague au doigt! Pas le temps de se prendre le crâne avec ces dictats à la con! Non mais! Pourquoi je m'énervais en plus, là? Fais chier. Sans plus tarder, je m'allumais une nouvelle cigarette que je me roulais expressément. Cela allait faire redescendre la vapeur.... et peut-être qu'il fallait que j'arrête de me remplir le verre aussi.
Les deux pieds de sa chaise en équilibre, Kalida se retrouve la tête en arrière en se grattant la tête de ses deux mains de façon frénétique tandis qu'elle se maintient en équilibre à l'aide de ses jambes qui se coincent sous la table. Remarquant l'attente d'Honoka avec son morceau de papier, Kalida ne bouge pas de sa position et se contente de tendre son bras au maximum pour attraper du bout de ses doigts le papier en le coinçant entre son index et son majeur et le lire. La jeune femme lâche quelques grommellements avant de froisser le papier de rage, c'est limite si elle n'est pas capable de dévorer la boulette derrière.
- Ça me prend la tête parce que ça me saoul d'être seul ! De voir tout le temps des couples heureux, de constater que les gens commencent à limite me donner l'adjectif de « vieille fille » ! Sans aller jusqu'à avoir un gosse mais au moins quelqu'un dans ma vie pour qu'on me lâche la grappe ! Entre ça et le Kazekage qui souhaite que je prenne plus de responsabilités... J'en ai maaaaaarre !
Kalida croise les bras, grinçant des dents tandis qu'elle enfonce sa tête entre ses épaules, menton presque collé à la base de son cou.
- Et puis j'aime pas être seule, je suis du genre tactile et à aimer le contact, et je parle pas que des combats ! Pour ce qui est de la polygamie, chacun fait ce qu'il veut, perso je sais que je serais incapable de partager le même homme avec d'autres femmes.
Quand la rousse apprend l'âge de la balafrée, ses yeux s'écarquillent doucement avant de monter dans les décibels :
- COMBIEN ?!
À ce moment là, avec la surprise, la chaise bascule totalement vers l'arrière et dans un immense fracas, Kalida se retrouve le dos par terre, les fesses vers le ciel et la tête entre ses deux pieds. Le serveur vérifie tout de même si tout va bien d'un coup d'oeil et ainsi vérifier l'intégrité physique de la cliente et de sa chaise. Heureusement, plus de peur que de mal pour les deux cas. La kunoichi râle une nouvelle fois, pestant à voix basse de manière incompréhensible mais c'est plus un enchaînement de grossièreté et d'insultes qu'autre chose. Se relevant elle remet sa chaise en place et regarde Honoka de biais les bras croisés, un peu blessée dans son égo de s'être ramassée de la sorte.
Cependant, l'attitude quelque peu boudeuse de la demoiselle disparaît rapidement puisque cette dernière decide de s'appuyer sur la table de ses deux mains pour rapprocher son visage de celui d'Honoka, voulant voir s'il n'y a pas des traces de ride ou autre signes de vieilesse. Cela peut être assez gênant, mais Kalida et les notions de pudeur et d'espace personnel... Ce n'est pas trop ça on va dire.
- Trente-deux... Tu les fais vraiment pas ! T'as fait un truc à ta peau ?
Elle baisse alors les yeux, constatant tout de même que la femme en face d'elle a encore une poitrine qui semble ferme et généreuse. Le regard suspicieux, les joues un peu rouges à cause de l'alcool, Kalida plisse les yeux pour regarder Honoka droit dans les siens :
- C'est quoi ton secret ? Honnêtement je te pensais d'un âge équivalant au mien.
Shirogane Honoka
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C'était impressionnant comme Kalida et moi étions à l'opposé. Lorsque je lui tendis mon papelard pour lui indiquer qu'il fallait qu'elle laissât tomber la prise de tête avec les hommes, elle s'irrita. Je ne pus m'empêcher d'avoir les yeux qui roulèrent comme des billes. La solitude l'emmerdait? Je supposais que je pouvais comprendre en partie mais si c'était qu'une histoire de tirer son coup, il suffisait qu'elle ne fasse pas la fine bouche. Il y avait des queutards partout dans le sekai et puisqu'elle était mignonne, ça devrait pas poser problème trop longtemps. Maintenant si elle voulait du romantisme, je pouvais rien pour elle. J'y étais sans doute hermétique... ou plutôt je trouvais ça assez bizarre pour des femmes dans notre genre. Ou c'était juste propre à moi.
Je me mis à rire quand elle me parla du kazekage. Visiblement, elle avait eu droit à une petite réprimande personnelle du grand ponte? J'avais pas souvenir d'avoir eu ce privilège. La visite de ses sbires ou de l'intendante, ouais. Mais le vieux?
" T'as pas à te plaindre va. Tant que t'as des deux jambes et des yeux pour papillonner, tu pourras attraper n'importe quel type. Quant au grand chef, t'as qu'à lui faire croire que t'es devenue une femme sérieuse en brillant dans une mission. "
Je lui tendis le bout de papier avant de hausser les épaules. Je me foutais un peu de la hiérarchie, je faisais mon boulot et je guettais les ryos afin de pouvoir créer mes marionnettes. Le reste du monde m'intéressait pas. Il m'avait bien craché à la gueule alors je comptais pas me préoccuper de lui. Du coup, pour moi, la seule compagnie de mes marionnettes importaient, ce qui n'était visiblement pas le genre de Kalida. C'était donc une tactile, hein? Cela me fit sourire un instant, jusqu'à ce qu'on s'emballa et qu'elle tomba littéralement lorsqu'elle apprit mon âge.
Je me penchais légèrement sur le côté pour voir si l'Akayuki allait bien mais le serveur se montra gentleman et le fit naturellement. Le pauvre bougre eut droit qu'à des insultes et remontrances, des grommellement de gêne, bref... ce genre de chose qu'on balançait quand on se choppait la honte. Moi je tenais ma clope dans la bouche et j'écarquillais simplement un sourcil. C'était une shinobi. C'était pas une chute de chaise qui aurait sa peau.
Je repris mes aises mais au moment où je crachais ma fumée, je me retrouvais avec le visage de ma camarade à quelques centimètres du mien à m'inspecter de près. Ok. Elle prit un air suspicieux et me dévisagea du pied à la tête avant que je lâcha un soupir. Mes secrets de beauté? La bonne blague. Étant donné la distance, je sortie un mot de ma bouche.
" Coma. "
C'était une blague... quoique. Si on y réfléchissait, avec un coma de presque deux ans et trois ans de rééducation, c'était toujours des dégâts en moins causés par la clope, l'alcool, la baston et le soleil. Quoique les coups, j'en avais reçu quelques uns. J'aurais pu balancer la carte de la génétique mais elle m'aurait demandé sans doute en quoi être Shirogane ça changeait quoique se soit. Là, je devrais dire que c'était pas mes origines et pas certaine que ça l'emballerait, même si elle m'avait signifié qu'elle en avait rien à faire. Pourtant, qu'importait le sunajin, dès qu'on prononçait le nom de Kaigan, ça faisait la gueule.
Je coinçais ma cigarette entre mes lèvres et commençait à lui écrire un nouveau petit mot. Fallait pas déconner, je comptais pas m'égosiller à chaque fois.
" Sinon, pas de secret particulier. Je fais un peu gaffe mais sans plus. Peut-être que l'alcool ça conserve au final. "
Je fis une petite moue en regardant la bouteille. Ouais... comme le formol.
La suite des événements ? Disons que ça n'est pas vraiment clair pour Kalida. La discussion continue, parlant de tout et de rien, mais l'alcool est le plus fort contre les deux Kunoichis. Les rumeurs racontent que les deux femmes sont sorties bras dessus bras dessous du bar avec la rousse chantonnant à Tue-tête un air joyeux incompréhensible à cause de l'alcool brouillant son élocution.
Les deux femmes se sont réveillées dans la même chambre, dans le même lit. Disons qu'au réveil, le phoenix a été quelque peu surpris de voir le balafré avec elle et la voilà maintenant en train de s'imaginer des trucs. L'a-t-elle vraiment fait ? Ou est-ce qu'elle a juste comaté directement dans le lit avec Honoka ? La question est entière et le brouillard du mystère est plus qu'épais dans la tête de la rousse. Sans parler de la gueule de bois qui fait son office et frappe la tête de Kalida comme un pivert picorerait un tronc d'arbre.
Nos deux épaves repartent donc le matin, enfin, l'après-midi en réalité, en direction de Suna. Pendant le trajet, les deux kunoichis vont tout de même échanger quelques paroles un minimum histoire d'oublier la gueule de bois. Cependant, l'idée d'avoir potentiellement couché avec Honoka trotte dans la tête de la rouquine, allant jusqu'à une forme d'obsession. Elle n'ose clairement pas poser la question sur la chose, peut-être que lors d'une future rencontre, un potentiel entraînement entre les deux femmes. Kalida finira par prendre son courage à deux mains pour découvrir la vérité. Du moins, si Honoka se rappelle de ce qu'il s'est passé...
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