L’homme drapé de blanc sortait de la brume matinale un sourire sur le visage, les yeux rieurs, il marchait paisiblement, sans souci de discrétion, en direction d’un petit hameau de sa connaissance. Ce bourg était, pour lui, un havre de paix, le point d’ancrage de sa vie ; son commerce des plus particuliers, mais lucratif, s’y jouait précisément. Habituellement, d’un point de vue extérieur, on ne pouvait rien remarquer d’étrange : quelques fumées, de grands gaillards transportant de lourdes charges et des charrettes bâchées passant de temps en temps. Cela dit, si vous étiez un voyageur en quête d’un refuge pour la nuit, vous étiez sûr de finir dans l’une de ces charrettes ; après tout, rien de plus suspect qu’un village constitué presqu’exclusivement d’hommes. Il y avait bien des femmes et des enfants, bribes de familles apportées par ces brigands endurcis pour avoir un semblant de vie honnête mais le contraste restait tout de même saisissant pour le visiteur à l’œil alerte.
Dans cette matinée froide d’avril, nulle fumée ne rongeait les cheminées des vieilles bâtisses, les charrettes semblaient à l’abandon et aucune activité humaine à apercevoir, chose qui laissait le Kamiko perplexe tandis qu’il approchait, comme à son habitude, le hameau d’un pas léger, presque guilleret. Pénétrant dans l’artère principale qui scindait en deux le bourg, il tombait nez à nez face à un spectacle des plus déplorables : quatre de ses hommes jonchaient le sol, violemment mutilés, les visages figés par la terreur ; ils n’avaient pas eu le temps de dégainer, ni de se défendre comme foudroyés par une gigantesque lame. Un sourire ironique étirant les lèvres, il soupirait dans un ennui manifeste ; tout cela le contrariait mais l’amusait, étrangement. « Ca ne sent pas très bon tout ça… » disait-il, dans un flegme surprenant. Il continuait à avancer, tendant l’oreille pour surprendre ne serait-ce qu’un bruit mais rien ne lui parvint. Lentement, le Kamiko comprit qu’il n’y avait aucun survivant, qu’il se retrouvait seul, au centre même de ce carnage.
C’est alors qu’il allait tourner talons qu’il l’aperçut dans un éclair rougeâtre : une femme à la longue chevelure rousse traînant une lourde arme derrière elle, le visage impérieux, puissant. Ouvrant les yeux avec intérêt, les entrailles bouillonnantes d’excitation, Fumetsu se retrouvait face à l’auteure du méfait. Souriant de pleines dents, un rictus terrifiant illuminant des traits creusés, arachnéens, il s’approchait d’elle d’un pas lent, son corps drapé de blanc fouettant l’air à cause du vent. Dans son esprit germait une idée nouvelle : l’épéiste serait sa monnaie d’échange, un cadavre de qualité à vendre chèrement. C’est avec sa voix suave, faussement mélodieuse qu’il l’interpella, un accent moqueur modulant son commentaire.
« Vous avez vu ce carnage ? Les routes ne sont plus très sûres de nos jours… »
Sa superbe, son ironie et sa prestance l’enveloppait dans une aura violente, inquiétante ; le Kamiko regardait la femme d’un regard rieur, provoquant naturellement, rien que par sa présence, la mercenaire. :copyright: 2981 12289 0
Jin Wei
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Nouveau jour, nouveau contrat. Pour le coup, c’était simple comme bonjour, il fallait simplement se débarrasser de quelques gars, dans le hameau d’à côté. Ils ne savaient pas vraiment se battre, lui avait-on dit. Du moins, pas comme des shinobis. Alors, qu’avaient-ils fait, ces pauvres gaillards ? Du trafic, et pas des moindres : des humains. Ils venaient, ils tuaient, ils repartaient. Le chef du petit village avait déjà alerté les autorités compétentes du pays, après tout il s’agissait tout de même de Hi no Kuni, qui accueillait en son sein la grande Konoha et sa horde de shinobis. Mais, mystérieusement, ces shinobis ne lui venaient pas en aide, comme si son appel se perdait avant d’atteindre la destination. Comme si une force supérieure protégeait le hameau malsain.
Wei se fichait pas mal qu’il s’agisse de trafiquants. Elle n’avait pas tellement d’avis sur la question et ne s’intéressait guère aux problèmes de moralité ; si cela avait été l’inverse, si cela avait été les trafiquants qui lui avaient demandé un coup de main, elle les aurait aidé de la même façon qu’elle aidait à présent la veuve et l’orphelin. Tout ce qui l’intéressait, c’était d’être payée, à la fin. Elle devait vivre, et vivre n’était pas gratuit. Le reste, elle n’en savait rien, c’était aux dieux de s’en occuper, si tant est qu’ils existent vraiment.
Elle n’était pas seule sur ce coup-là, Yu l’accompagnait, bien évidemment. Mais les circonstances les avaient séparés : à leur arrivée, une partie de leurs cibles n’était pas sur place, il avait donc suivi leurs traces, laissant Wei s’occuper des autres. Elle avait fait ça bien, maniant Kūnwú avec précision et célérité. Ils ne s’attendaient visiblement pas à un assaut. Faisant tournoyer l’arme des Jin, elle faucha les deux premiers d’un coup. L’arme était lourde et, avec le mouvement, il était difficile de l’arrêter ; les os humains n’y pouvaient rien. Elle entendit une cage thoracique se briser sous l’effort. Elle ne prenait pas particulièrement de plaisir à tuer, mais elle admirait Kūnwú. Cette arme était sublime, elle lui obéissait parfaitement, comme une extension de son bras et de sa volonté.
Les autres subirent un sort à peu près similaire aux deux premiers et, bientôt, il n’y eu plus âme qui vive dans le village. D’un coup de pied, elle défonçait la porte de la dernière bâtisse, vérifiant qu’aucun être humain ne s’y cachait encore. Elle n’avait épargné personne, pas même les quelques femmes et enfants qui peuplaient les lieux. Il était inutile de faire des orphelins, d’autant que ces enfants, élevés par des parents mauvais, ne deviendraient pas des anges. C’était triste, peut-être, mais de son point de vue, elle épargnait les souffrances à venir. C’était un mal nécessaire.
Elle essuyait tranquillement le tranchant de son arme dans l’attente du retour de Yu, un peu en retrait du carnage, lorsque quelqu’un se présenta à l’entrée du hameau. Elle plissa les yeux, depuis son poste d’observation. Ce n’était pas Yu ; le type avait à peu près la même taille que son maître, mais il paraissait bien plus frêle, dans son haori blanc. Elle tiqua. Il ne ressemblait pas non plus aux habitants du village. Il était propre sur lui, les mains jointes, observant calmement le carnage qu’elle avait fait. Cela ne paraissait pas le surprendre, ni l’inquiéter. Etait-ce le chef ? L’homme derrière tout ce trafic morbide ? Elle se redressa, faisant quelques pas dans sa direction, tandis qu’il continuait son exploration des lieux. Indécise quant à l’identité de l’individu, elle tentait de comprendre ce qu’il foutait là.
« Vous avez vu ce carnage ? Les routes ne sont plus très sûres de nos jours… » Elle s’arrêta. Il l’avait repérée, alors qu’il faisait demi-tour. D’un autre côté elle n’avait rien fait pour s’en cacher. Son attitude, sa gestuelle, ses émotions… Quelque chose mettait la jeune femme mal à l’aise, elle n’aimait ni son regard ni son ton ironique. Alors, elle eut la conviction que cet homme était mauvais et qu’il figurait en tête de la liste des hommes à abattre ici. Elle eut un sourire. « Crève. »
Elle disparut alors, soudainement, pour réapparaître dans la seconde qui suivit à quelques centimètres de lui. L’espace d’un instant, il pourrait voir le visage de la rousse déformé par la rage, si proche du sien. Puis elle ramena brutalement son arme de l’arrière vers l’avant. Le chakra qui y était emmagasiné se libéra, formant une onde de choc. Au corps à corps, cette technique frappait de plein fouet l’adversaire. Elle enchaînait, ne lui laissant aucun répit. Infléchissant son mouvement pour trancher de nouveau, elle portait un coup dans l’autre sens cette fois-ci. Un coup simple, mais qui avait eu raison de tous ces hommes jonchant le sol.
Kamiko Fumetsu
Konoha no Jonin
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L’Art du commerce [feat Wei & Zhao] Le temps semblait se dilater alors qu’on approchait le moment fatidique. D’un œil expert, le tailleur jaugeait la femme ; cinq pieds quatre de haut, une musculature fine malgré des rondeurs trahissant la jeunesse de l’épéiste. Son physique jurait avec ceux des autochtones, le pari fut qu’elle venait d’une terre lointaine. Ne connaissant, finalement, que peu de choses sur les particularités géographiques et ethniques s’y rapportant, Fumetsu ne put pas mettre le doigt sur sa provenance. Son étude terminée, il n’entendit qu’un seul mot, une voix puissante, presque lasse, puis le monde explosa dans un vacarme assourdissant.
Ce serait mentir de dire que le Kamiko drapé dans sa superbe et son orgueil s’était attendu à une telle violence infernale, la chevelure rousse fouettant l’air avec une rapidité effrayante, il n’avait fait que répondre à son instinct, présageant d’une fin désastreuse s’il ne réagissait pas ainsi. Usant de la même technique que la mercenaire assoiffée de sang, il s’éloignait gracieusement, se plaçant dans la diagonale de son adversaire. Le seul mot prononcé par la dame résonnait encore dans le crâne du fourbe artiste : « Crève. » promesse de mort, elle n’avait pas hésité. Le sourire ironique habituel du tisseur s’était effacé ne serait-ce qu’un instant, lors du contact ; il se méfiait à présent mais ne pouvait résister à sa nature provocatrice et continuait, alors, à arborer son rictus insolent. Dans un geste fluide, dans le même mouvement que son esquive, il projetait ses manches en avant, soudainement dilatées et renforcées de chakra afin de briser quelques os de l’impertinente.
Suite au choc, le Kamiko se redressait, les manches revenues à la normale, souriant de plus belle. « Au moins, je dois te remercier d’une chose. Je devais les payer aujourd’hui, visiblement, je n’aurai pas à le faire. » Restant légèrement sur ses gardes, il repliait ses mains vers son ventre, machinalement caressant la cicatrice cachée par son shihakusho. Le nuage de poussière soulevé par l’attaque, il plissait les yeux mais les gardait ouverts, cherchant un indice de la prochaine attaque ; la démone rousse était rapide et il lui faudrait être réactif pour éviter tout problème. Pour l’instant, il ne jugeait pas la situation dangereuse et préférait se ménager malgré l’excitation de ses entrailles pour le combat ; le Kamiko sentait fourmiller les milliers de fils organiques tressauter sous sa peau, prêts à pourfendre, à écarteler, à briser la femme dans une haine implacable. Cela dit, il attendait, d’un pied ferme, souriant, le prochain assaut.
Il était prêt, il savait qu’elle allait lancer l’assaut et il l’avait simplement attendue, avant de la cueillir comme une fleur. Elle était tombée dans son piège, bêtement. Ce type était un shinobi ; à l’instant où elle s’était téléportée, il avait suivi le mouvement. Sa rapidité était vraiment effroyable, pour parvenir à réaliser un tel exploit, car la vitesse de Wei était son point fort et elle ne rencontrait pas souvent d’individus capables de rivaliser avec elle. Dans le feu de l’action, elle n’avait pas pu arrêter son geste et s’était pris un revers de manches, littéralement. Absorbant le choc, elle se laissait glisser à quelques mètres de lui, soulevant un nuage de poussière sur son passage. C’était la première fois qu’elle voyait quelqu’un qui utilisait son propre habit pour se battre.
Son regard se posait alors sur son adversaire ; elle paraissait déterminée, inconsciente quant aux risques que représentait un tel affrontement en l’absence de Yu. Intérieurement, Wei fulminait. On lui avait assuré que ces hommes ne savaient pas se battre ! Et cette idée l’obnubilait à présent. Ces enfoirés avaient-ils embauché un mercenaire pour les protéger ? Impossible ; à moins d’être complètement stupide, il aurait été sur place, à son arrivée. Pourtant, il était certain qu’il connaissait l’endroit et les personnes.
La réponse vint de la bouche de l’ennemi : il frayait avec ces bâtards. Pire même, il faisait commerce. Un shinobi qui achetait des humains… Si d’autres en auraient été horrifiés, Wei ne parut pas tellement surprise. Qu’il sache se battre et maîtriser son chakra ne faisait pas de lui une personne plus noble d’esprit. Bien au contraire, avoir la possibilité de tuer rendait les gens plus propices aux exactions et aux malversations. C’était le pouvoir ultime, le droit de vie ou de mort sur le commun des mortels. Elle s’en foutait. Pragmatique, elle savait très bien que c’était grâce aux gens comme lui qu’elle avait du travail. Il faisait ce qu’il voulait et elle, elle était payée pour le liquider.
Elle ne prenait même pas la peine de lui répondre, crachant à ses pieds un peu de sang qui avait giclé dans sa bouche. Elle devait avoir une côte fêlée, mais cela ne l’inquiétait pas. Son esprit était ailleurs, occupé à élaborer une nouvelle stratégie. L’approcher semblait compromis, il avait tout ce qu’il fallait pour l’esquiver et la repousser – même si, elle en était persuadée, si elle n’avait pas été prise dans son mouvement, elle aurait pu lui couper les manches. Soudainement, son arme fut enveloppée d’une lumière douce et chaude, caractéristique de son chakra. C’était le signal qu’il attendait surement : le second assaut. Elle eut un sourire narquois et lui tira la langue.
Alors, elle fit mine de sauter vers lui, comme si, de nouveau, elle allait utiliser sa technique de déplacement instantané. Mais à la place, elle pila fortement, soulevant un nuage de poussière. Elle l’avait remarquée tout à l’heure, alors qu’il l’avait violement repoussée : le sol était sec. Ce n’était qu’une toute petite diversion, mais cela lui suffirait, songeait-elle. Elle arma rapidement son bras et envoya valser son arme à travers le nuage. Kūnwú tournoya sur elle-même, en direction du shinobi. Quant à elle, Wei tentait une approche par l’autre côté. Il fallait qu’elle attire son attention, d’une façon ou d’une autre.
Kamiko Fumetsu
Konoha no Jonin
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L’Art du commerce [feat Wei & Zhao] Son adversaire du jour savait prendre des coups ; crachant des gouttelettes de sang provoqué par le revers de manche, elle n’en semblait, cependant, que très peu affectée. Haussant les sourcils, souriant volontiers devant une telle démonstration de ténacité, le Kamiko s’amusait réellement. La démone aux cheveux flamboyant avait cet air de force tranquille, comme si elle s’ennuyait déjà et, de manière terriblement surprenante, lui tirait la langue avant de commencer son second assaut. Poussant un léger « oh ! » surpris, mais surtout amusé, l’homme drapé dans son shihakusho blanc, se préparait, raidissant ses muscles, s’attendant à une agression au contact, mais, au lieu de ça, elle lançait de toutes ses forces son arme sur lui. Quelque peu déçu de la lenteur d’une telle attaque, Fumetsu n’eut qu’à s’écarter de la trajectoire de l’imposant projectile – manière peu orthodoxe de se battre –, tout en gardant un œil sur son adversaire. Désarmée, elle n’en apparaissait pas affaiblie pour autant.
Moqueur, le Kamiko s’approchait lentement, les mains croisées sur son ventre, un sourire insolent étirant ses traits arachnéens. Tranquillement, il fabriquait des fils issus de la terre, tout autour de lui, les stockant directement dans sa dextre et sous les amples manches de son vêtement, les cachant à la vue de la mercenaire rousse. Il ne put résister une provocation – une ultime provocation, selon ses propres pensées. « Je ne doute pas qu’une experte du Kenjutsu comme vous possède des qualités extraordinaires dans cet art, mais projeter son arme comme vous venez de le faire… N’est-ce pas une erreur stratégique ? » Malgré l’étrange sensation qui lui parcourait l’échine, comme si quelque chose n’allait pas, Fumetsu l’ignorait, aveuglé par la vision d’une proie, qui, malgré l’absence d’arme, lui fonçait dessus, nullement affecté par une telle perte. Décidemment, le Kamiko, sans sous-estimer son ennemi, ne savait pas quoi attendre de cette démone rousse. Taijutsu ? Ce serait logique. Autre chose ? Il ne savait pas et ne préférait pas savoir, il aimait les surprises.
Cependant, c’était à son tour d’agir, profitant de son désarmement, afin d’infliger des souffrances – dont il espérait que l’impact n’abimerait pas les précieux organes qu’elle cachait – terribles et fatales. Avec un ample mouvement, il se jetait sur son ennemi, de manière à engager un corps-à-corps furieux avec la rousse, mais, sur un changement d’appui, se stoppait net, projetant, comme s’il souhaitait capturer la mercenaire, les fils stockés dans sa dextre. En réalité, il s’agissait d’enserrer les câbles autour du cou de sa victime afin de l’étouffer cruellement, l’étranglant et déchirant – de manière interne – les cordes vocales et l’œsophage afin de briser son cycle respiratoire. Le Kamiko ne cherchait pas à emprisonner son adversaire dans sa toile, il voulait s’amuser, il relâchait la pression, donc, un sourire moqueur sur le visage, les yeux rieurs : cela faisait bien longtemps qu’il ne s’était pas autant fait plaisir.
Wei sourit en entendant la remarque de son adversaire. A n’en pas douter, l’orgueil de cet homme causerait sa perte. Comment pouvait-il penser qu’elle abandonnerait son arme de la sorte, sans arrière-pensée ? A vrai dire, c’était parce qu’elle pensait avoir plutôt bien cerné le personnage qu’elle s’était permise un tel geste. Elle n’espérait pas tant le toucher sur le trajet aller, sinon sur le retour. Toute cette mise en scène n’avait été qu’une diversion, un moyen de flatter son ego, de lui faire croire qu’elle était faible et sans défense et de l’amadouer. Le retour allait lui être fatal, à n’en pas douter. Elle lui répondit fièrement : « Plein de suffisance, mais juste ignare, hein ? Qu’un non-initié me parle de stratégie… Ah, c’est un peu insultant. »
Cela dit, la jeune était loin de se douter des capacités de son ennemi. Elle pensait en avoir eu un avant-goût, mais elle avait essuyé le coup que lui avait porté la paire de manche sans grande difficulté. Son corps était robuste et si c’était tout ce dont il était capable, elle n’avait pas de crainte à avoir. Tout ce qui pouvait la préoccuper, c’était la vitesse à laquelle il exécutait ses techniques. A l’inverse de l’homme en blanc, ce n’était pas tant l’arrogance qui la faisait sous-estimer son adversaire, sinon sa pure ignorance.
Il avait pris son temps, la laissant s’approcher, et elle aurait dû se douter qu’il avait préparé quelque chose. Mais elle n’avait pas tant le choix, elle suivait à la lettre son plan et n’avait pas le droit d’hésiter – chaque instant perdu, à évaluer le risque, était une chance de voir sa stratégie vouée à l’échec. Il se mettait finalement en branle, avec dextérité et fluidité. Elle s’apprêtait à passer au corps-à-corps, prête à asséner ses meilleurs coups, lorsqu’il stoppait net son geste. Elle se retrouvait alors à découvert, poing levé. « Merde ! » Elle vit les fils sortir de la manche, trop tard. Ces derniers s’enroulèrent autour d’elle à une vitesse effrayante et une lueur étrange brilla un instant dans les yeux de la rouquine. Un éclair inquiet, tandis qu’elle découvrait la nature des attaques de cet homme. Elle n’avait jamais rien vu de tel.
Les fils enserrèrent son cou alors sans protection et la comprimèrent violemment. Elle aurait voulu hurler de douleur, mais aucun son ne parvenait à sortir de sa gorge étranglée. Il allait la tuer, si elle n’agissait pas très vite. Il allait l’étouffer, voire sectionner sa gorge. Elle serra la mâchoire, attrapant les fils de sa main gauche. Il était hors de question qu’elle se laisse faire de la sorte. Avec une grimace terrible, elle enroula le paquet de qui la rattachait à l’homme autour de sa main et l’empoigna fermement. La pression semblait se relâcher un peu, de son côté et elle aurait pu en profiter pour fuir, mais bien au contraire, elle tira violemment sur les fils pour rapprocher son assaillant. Sa gorge était en feu, et produire le moindre son était un calvaire – elle ne savait pas encore à quel point elle avait été touchée, mue par l’adrénaline qui atténuait sa perception de la douleur. « J’ai dit… » Du sang coulait dans sa bouche, teintant ses dents de vermeil. « Crève. »
Elle relâchait soudainement son emprise, effectuant un repli stratégique vers l’arrière, le plus loin possible, à l’aide d’un déplacement instantané. Dans le même temps, un éclair argenté passait à toute vitesse à côté de l’homme. A côté, vraiment ? Ou plutôt… A travers. Elle atterrit un peu plus loin, se laissant glisser sur le sol, n’ayant pas la force de se rattraper correctement. Elle posait alors un genou à terre et crachait le liquide épais et visqueux qui emplissait sa gorge. Dans sa main droite, plantée dans le sol, Kūnwú était réapparue, ensanglantée. Rappelée par Wei, l’arme avait traversé l’espace qui les séparait, transperçant tout sur son passage. Et par tout, elle entendait même les hommes.
Prenant appui sur sa lame, Wei leva les yeux vers l’homme. Elle aurait aimé que la lame lui transperce le cœur, mais peut-être que sa fuite l’avait fait dévier de la trajectoire parfaite. Elle s’essuya le visage, étalant son propre sang de ses mains rougies. Respirer lui faisait mal, elle avait l’impression d’avoir un trou béant à la place de la gorge. « Yu… » murmura-t-elle alors, au bord des larmes.
Kamiko Fumetsu
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L’Art du commerce [feat Wei & Zhao] La douleur ne fut pas immédiate ; le Kamiko restait debout, les yeux ouverts par la surprise, rivés sur la démone qui s’était écartée avec vivacité malgré l’ignoble blessure mutilant son cou. Il pouvait, cependant, remercier une telle manœuvre puisqu’avec son mouvement soudain, la trajectoire de l’arme avait dévié. Une manche s’envolait alors, au gré du vent soulevé par la vitesse de l’impact, révélant l’étendue de l’horreur : un bras se détachait, lentement, à peine retenu par quelques chairs molles et chutait lourdement au sol dans une gerbe sanglante. Un sourire insolent plaqué sur son visage, le Kamiko reportait son regard, confus, sur le membre gisant, par terre. Puis, petit à petit, la douleur vint et se manifestait dans un rire incontrôlé, effrayant, semblable à un cliquetis monstrueux de mandibules. Il riait, de plein cœur, une souffrance indescriptible paralysant peu à peu ses pensées ; paradoxalement, il aimait cette sensation douloureuse, elle justifiait le bonheur de la vie. Quelques secondes interminables passaient alors tandis que son rire se perdait dans le silence du monde et il dardait son regard glaçant vers la rousse. D’une voix rauque, modulée par quelques gloussements effrayants, il félicitait son adversaire.
« Terrible ! Quelle vitesse, quelle force, quelle ingéniosité ! Malheureusement, quelle vaine tentative… » Il avait prononcé la dernière phrase avec un sinistre fatalisme, l’habituel sourire absent de son visage, laissant place à un visage beau dans sa cruauté.
Lentement, des fils noirâtres, par centaines si ce n’est des milliers, spongieux tels des vers et poisseux de sang coagulé, sortaient du moignon de son épaule et, comme s’ils étaient motivés par une conscience qui leur était propre, se dirigeait avidement vers le membre sectionné. L’ayant atteint, ils se plantaient avec une force inouïe dans le muscle et l’os, pompant furieusement, rétablissant le cycle sanguin, musculaire, solidifiant le tout avec une précision chirurgicale. Et, avec une lenteur contrôlée, le membre se soulevait hors de terre, uniquement rattaché à l’épaule du Kamiko par ces câbles ignobles. Souriant cruellement, Fumetsu gardait son regard rivé dans celui, qu’il savait horrifié, de la démone rousse ; il prenait un malin plaisir de briser les espérances de ces êtres puissants. C’est dans un bruit de succion abject et immonde que le bras s’était rattaché, complètement, scellant, ainsi, le combat par là même.
« Vain. »
Il s’avançait, alors, lentement, les yeux de nouveaux rieurs, dans une insolence tant haïe.
Une journée banale pour Wei et Yu. Cela aurait dû être une journée des plus simples pour eux deux. Eliminer quelques cibles pour le compte d'un local dans un hameau isolé du pays du Feu. Pourquoi eux et pas des shinobis de Konoha? Il n'en savait rien et n'en avait rien à faire à vrai dire. Il s'agissait plutôt de rentrer un peu d'argent pour manger. Un trafic de plus à éliminer.
Pas leur premier, pas leur dernier. Wei et Yu s'étaient rendus sur place un peu plus tôt dans la journée. La totalité de leurs proies n'étaient pas sur place. Eliminant quelques cibles ensemble, Yu décida que le danger n'était pas assez élevé et qu'ils pouvaient se séparer pour aller plus vite. Wei était plus que capable et, armée de son épée, une petite équipe entrainée de shinobis ne l'aurait pas vaincue sans de grandes difficultés. Parti un peu plus en amont dans le petit village, Yu était en train de se renseigner sur les agissements dans ce trou paumé quand les premières cibles s'étaient manifestées d'elles-mêmes. Apparemment, s'intéresser à ce qui se passait ici était loin d'être bienvenu.
Deux lots de côtes fêlées associées à de jolis pneumothorax plus tard, les principaux hommes de mains du coin détalaient comme des lapins. Pas assez vite pour la lame de son kusarigama qui les fauchait tandis qu'il se tenait debout en plein milieu de ce qui faisait office de placette. En une petite quinzaine de minutes, il avait débusqué les derniers survivants au milieu d'une salle de paris clandestins. Là encore, le kusarigama avait parlé. A sa sortie du lieu, seuls quelques regards apeurés le regardaient de plus ou moins loin, effrayés à l'idée de bouger et de se faire prendre par l'arme redoutable qu'ils avaient vu sous leurs yeux.
Ses pas le menaient vers l'endroit où il avait laissé Yu quand il la vit. Elle avait été blessée. Il en était certain. Son sang ne fit qu'un tour. Non loin d'elle, un homme, cheveux blancs, s'avançait vers elle. Après avoir... raccroché son bras ?! L'exotisme de la situation ne lui laissa pas une seconde répit. Il venait de voir sa douce Wei meurtrie par un monstre de foire. Un, cet homme devait donc être passablement dangereux. Deux, il fallait qu'il s'occupe de Wei. Trois, cet homme allait payer cher son acte. Shinobi ou non. Yu se maudit de son incapacité à rejoindre son élève en un instant comme elle savait le faire.
Il regarda donc son élève meurtrie au sol devant cet énergumène tandis qu'il avançait dans le dos de l'homme, sans un bruit. Sa rage était prête à exploser mais il se devait de garder le flegme habituel. Il ne voulait pas inquiéter Wei outre mesure.
Dans un silence total, il se fondit jusque dans le dos du Kamiko jusqu'à ce que son souffle se fasse sentir sur sa nuque.
"Je te laisse trois secondes pour déguerpir."
Il put presque sentir la surprise et le poil de l'adversaire se hérisser.
"Ou cela va mal finir."
Il fallait absolument qu'il soigne Wei. La menace était auxiliaire pour le moment.
Kamiko Fumetsu
Konoha no Jonin
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L’Art du commerce [feat Wei & Zhao] Le vent se levait et avec lui, la mort. La douce morsure de la faucheuse se refermait, lentement, dans une étreinte froide et délicieuse. Imminente, celle-ci s’approchait silencieusement, charriant une odeur de sang, de peur et de rêves brisés. Sa voix s’élevait alors, dans les airs, sentence irrévocable condamnant à la damnation. « Je te laisse trois secondes pour déguerpir… Ou cela va mal finir. » Le Kamiko ne souriait plus, les yeux s’écarquillait avec violence, il se tournait alors, les entrailles brûlantes d’une peur qu’il ne connaissait plus depuis si longtemps. La mâchoire crispée, il faisait maintenant face à un monstre physique : l’avatar de l’immortalité, le regard froid, glaçant. Avec une lenteur exaspérante, paralysé un instant par l’apparition soudaine, l’être vêtu de blanc s’écartait d’un bond, les yeux assombris par une faiblesse nouvelle. Avouant ainsi son infériorité, il laissait passer l’homme qui s’était glissé dans son dos sans aucun bruit, tel la mort incarnée. Frissonnant légèrement, le Kamiko gardait les yeux rivés sur cet homme qui se dirigeait vers la rousse à terre, se massant sa gorge meurtrie et ensanglantée.
Il ne put s’empêcher, humblement – contrairement à son habituel mordant – de s’adresser à son nouvel adversaire. « Vous devez tenir à elle pour ne pas me tuer. Bon… Je suppose que ma vie est en suspens au vu de vos qualités extraordinaires. Me surprendre de la sorte est un problème, il serait mauvais de ma part de vous sous-estimer. Intéressant… » Sa dextre caressant distraitement son menton, le Kamiko reprenait contenance grâce à la paix toute relative s’installant tandis que l’avatar de la mort s’occupait de la blessée. Souriant maintenant, il poussait un soupir de surprise voyant les blessures de la rousse se refermer. « Ah. C’est embêtant et inégal. Me voici à votre merci. » Il riait maintenant, d’un rire cristallin et joyeux ; il ne savait pas trop pourquoi il agissait ainsi mais pour la première fois depuis un long moment, il appréciait l’instant présent, sans pensées noirâtres pour paralyser ses faits et gestes. Il était débridé et comptait le rester. Libre.
Le monde était terrifiant ; il abritait des monstres insatiables, qui n’hésitaient pas à dévorer ceux de leur propre espèce. Cet homme… Cet homme était de cette race-là et, malheureusement, Wei s’était retrouvée sur son chemin. Allait-elle finir dévorée, elle aussi ? Elle sentit le froid l’étreindre soudainement, alors que de longs fils sortaient de son corps démembré, pullulant comme des vers, et se mettaient à ramper en direction du bras coupé. Devant une telle vision d’horreur – ces fils noirs, comme s’ils étaient gorgés d’un sang empoisonné –, elle se sentit soudainement impuissante. Avait-elle devant ses yeux la Mort elle-même ? Ou peut-être un Dieu maudit, dépossédé et condamné à l’immortalité…
Par chance peut-être, elle vivait encore. La plaie était béante néanmoins, et elle dut presser son cou de sa main gauche pour ne pas s’évanouir, alors que son sang se répandait encore. Elle sentit son estomac se nouer, alors que l’éternité semblait s’écouler, sans nulle trace du retour de Yu. Comment vivrait-il sa disparition si, en revenant, il découvrait son corps décapité, gisant dans une flaque de sang ? Elle raffermit son emprise sur le manche de son arme. Evidemment, il était hors de question de se laisser faire ; mais la peur s’insinuait, chaque seconde un peu plus, alors qu’elle se rendait à l’évidence : cet homme était dans une autre dimension, il appartenait à un autre monde.
Et puis, alors qu’elle n’était plus certaine de distinguer clairement l’homme blanc derrière le rideau de larmes qui s’était formé devant ses yeux, il lui sembla que quelque chose se mit à bouger, dans son ombre. Son cœur cessa de battre un instant et elle retint son souffle. Yu ! Son protecteur était de retour ! Elle laissa échapper un rire nerveux qui témoignait en réalité de son soulagement. D’une part, il allait bien – ce qui signifiait que sa partie de la mission s’était correctement déroulée –, d’autre part, leur ennemi semblait prendre la menace au sérieux. Oui, il n’y avait pas de doutes, Yu faisait souvent cet effet. Elle-même était impressionnée par ses talents, même si elle avait fini par s’y habituer… Ne pas sentir son adversaire avait un quelque chose d’effrayant – presqu’autant que de le voir se recoudre un bras en direct.
Mais il ne fallait pas qu’ils se battent, il ne devait pas prendre ce risque-là. Elle avait un mauvais pressentiment, car cet individu était un mystère à lui tout seul. Elle leva la main qui enserrait son cou jusque-là, signe pour Yu de ne pas mettre à exécution sa menace et de venir vers elle – et signe, pour l’inconnu, qu’elle n’était pas n’importe qui, car elle avait un soldat de qualité sous ses ordres. Elle s’éclaircit la voix, recrachant une glaire ensanglantée. « Il n’est pas… Dans le contrat… » dit-elle, tant bien que mal, à son fidèle compagnon. Puis, reportant son regard sur son adversaire. « Mais je suis curieuse… Qui êtes-vous ? » Elle reprit sa respiration, haletante. « Que fait… Un shinobi… Ici ? » Car elle n’oubliait pas où ils se trouvaient, ni qui les avaient mandatés pour réduire ces trafiquants en charpie. Découvrir un shinobi, au cœur de ce commerce, avait de quoi intriguer, alors que Konoha n’avait pas semblé réagir à l’appel à l’aide de leur commanditaire. Un éclair passa dans son regard, alors qu’elle reprenait des couleurs. « Je me demande… Ce qu’en penserait… Konoha. »
Kamiko Fumetsu
Konoha no Jonin
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La dissonance de caractère qui existait manifestement chez cet avatar de la mort, aussi furtive, silencieuse et implacable, avait quelque chose de poétique ; cet affairement, cette déférence témoignait d’une douceur détonante avec le physique imposant de l’être. Intrigué, le Kamiko regardait la scène se dévoiler au fur et à mesure avec une curiosité évidente, disséquant de ses yeux plissés la relation des deux, réfutant ainsi le couple il préférait une relation spirituelle, filiale, du protecteur envers la noble, sa raison de vivre. Continuant d’observer gentiment tout en faisant les cent pas, l’artiste aux milliers de fils s’amusait du sentimentalisme de la pièce qui se jouait face à lui mais aussi du fatalisme de la situation : la rousse maintenant guérie et prête à jouer de sa lame, le colosse aux talents d’assassins, le combat serait inégal ; seule la gouaille, l’art du discours et l’humour pourrait sortir l’orgueilleux konohajin de cette tragédie. Ses quelques tentatives furent éconduites dans un silence voulant tout dire, le condamnant à une exécution sommaire. Se préparant légèrement à être contrarié par le refus de parole – ou à fuir, même s’il n’aimait guère entretenir l’idée -, il restait tout de même rieur et quelque peu moqueur (trahit par le sourire lui tordant son visage) malgré le manque d’explications sur la manière dont son commerce avait subi un revers aussi fâcheux. C’est alors qu’il eut l’occasion d’établir un dialogue sain, à défaut de faire mieux, offert sur un plateau par l’épéiste et ses questions. Il ignorait délibérément la menace nullement voilée de son allocutaire.
« Je m’appelle Kamiko Fumetsu, artiste de talent, shinobi de profession. Pour ce que je fais ici, c’est une autre histoire… commerciale, je dirais, mais on pourrait tout autant défendre le point de vue de l’Art ou d’un devoir supérieur. » Un léger rire s’échappa de ses lèvres. Il ne comptait pas les duper ; à vrai dire, tout dans son attitude trahissait l’excitation sous-jacente qui l’agitait. Curieux, réjoui d’une telle rencontre, il se laissait aller selon son intuition : que pouvaient-ils faire face à lui ? La perspective du combat fut écartée dès que le colosse l’avait épargné pour s’occuper de sa maîtresse, alors Fumetsu ne pouvait avoir que l’esprit tranquille, laissant place à ses songes les plus excentriques – et égoïstes. « Il faut dire que vous venez de ruiner une partie majeure de mes ressources avec brio. J’étais bien loin de m’imaginer que quiconque soit assez fou pour s’y attaquer, d’où ma surprise et ma réaction légèrement disproportionnée. J’espère que votre gorge va mieux. » Un énième sourire étirait ses traits arachnéens, l’enlaidissant d’une aura sournoise et vile faisant passer cette remarque ingénue en ironie des plus fourbe (il faut avouer qu’il jouait évidemment sur ce malentendu probable).
S’asseyant sur le porche d’une maison de bois miteuse, il lissait son shihakusho blanc afin d’y enlever le moindre grain de poussière. Contemplant d’une moue chagrinée la manche arrachée, il continuait la discussion. « Et vous ? Qui êtes-vous et que faîtes-vous ici, hormis me faire des économies forcées ? »
Wei lui intima de ne rien faire. De quelques mots, elle venait de retourner la situation et de leur rendre l'ascendant psychologique sur cette rencontre. Elle avait raison. Cet homme ne figurait pas sur leur contrat. Dommage. Il lui aurait bien ôté la vie. Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas rencontré de personnage aussi dangereux. Pas depuis ses frères et soeurs. Ainsi donc, c'était un shinobi. Son air suffisant et le sang-froid dont il faisait preuve témoignaient tous deux du danger que représentait cet homme. Son instinct le priait de jauger cet homme un peu plus rudement que par les mots. Heureusement pour lui, sa raison l'emportait toujours. Froid, il écouta les quelques échanges tandis que l'homme se dirigeait vers le porche. De ses mains portées au cou de Wei, il s'employa à guérir les blessures en silence tandis que le sournois Fumetsu se présentait.
Il écouta calmement et pesa chacun des mots. Un shinobi de Konoha donc. Qui faisait des affaires louches dans le coin. Une recrue de choix pour Long She. Encore fallait-il trouver des arguments convaincants pour l'amener sur ce terrain-là. Hop. La blessure de Wei était refermée même s'il lui faudrait du repos. Se retournant vers l'homme, il le dévisagea.
"Moi c'est Yu. Elle c'est Wei. Nous représentons une certaine organisation qui fait de la prestation de services. Aujourd'hui le service, c'était ça, dit-il en regardant les corps au sol."
Et toc. Les services qu'ils rendaient étaient divers et variés. Pour le moment, ils faisaient ça eux-mêmes. Pour augmenter l'influence de Long She et pouvoir recruter des éléments fiables. En parcours dans la région, une de leurs connaissances leur avait demandé ce service. Une fois rendu, il leur en devrait un. Tel était le principe de Long She.
"Une question me taraude. Quel genre d'activités meniez-vous ici, Fumetsu-dono?"
Un suffixe qui témoignait du respect qu'il venait d'offrir à l'individu au regard fourbe et aux viles pensées. Le trafic qui se passait ici l'intriguait au plus haut point. Wei avait raison, un Konohajin ici qui était impliqué dans ces affaires étranges était forcément louche. Servait-il vraiment son village ou avait-il des liens à l'extérieur? Dans tous les cas, un personnage affilié à Konoha pouvait leur apporter de nouvelles pistes de développement pour leur organisation. Il allait falloir avancer masqué pour percevoir les vrais desseins de cet homme. En guise de bonne foi, Yu s'assit à côté de Wei, les yeux rivés sur le Kamiko.
Les alentours étaient plutôt calmes. Sans doute avaient-ils le temps de s'attarder ici et de discuter un peu avant de reprendre la route. Après tout, ce genre de profil ne se croisait que rarement. Wei l'avait sans doute perçu elle aussi.
Kamiko Fumetsu
Konoha no Jonin
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L’Art du commerce [feat Wei & Zhao] Une explication laconique mais pas moins efficace avait achevé de convaincre le Kamiko que ces deux êtres étaient bien plus puissant qu’ils le laissaient entendre. Malgré l’apparente humilité de prénommé Yu, l’air vrombissait de son instinct de tueur et de l’envie pressante qui le saisissait à la vue de l’artiste. Une organisation offrant prestations de services osant s’attaquer aveuglément à un commerce dépassant l’entendement (autant par son horreur que par sa portée) protégé par un haut-placé de Konoha, il fallait du culot, du courage ou de la folie, si ce ne fut un mélange des trois. Pour leur défense, ils ne savaient pas réellement dans quoi ils s’étaient engagés si ce n’est une paie des plus alléchantes, certainement. Comme preuve d’une telle ignorance, il lui posait la question : Quel genre d’activités meniez-vous ici, Fumetsu-dono ?. L’orgueilleux artiste souriait alors, flatté malgré tout, ravi de voir que des contractuels aussi puissants qu’eux, rompus aux arts shinobis, fussent employés pour nuire à son « activité » (comme le disait si bien Yu) : cela voulait bien dire que son influence s’étendait inexorablement, instillant peur et tourment.
Percevant le changement d’attitude chez le couple, passant de belliqueux à attentif, le tisseur de fils se permit alors d’entrer sur le ton des confidences ; après tout, qui croirait deux assassins, mercenaires et je-ne-sais-quoi de prestataires de services face à un respectable chef de clan, jonin et j’en passe ? Personne. Haussant alors les épaules, il répondit de sa voix posée, douce malgré son ton grave. « Un commerce qui ne concerne que le progrès, la science nécessitant une ressource commune mais ô combien précieuse dans un monde manichéen que le nôtre : les corps. Enfants, femmes, hommes, j’ai besoin d’autant de corps afin de parfaire la médecine, les sceaux en plus de perfectionner quelques de mes arts… personnels. D’ailleurs, vous avez pu en apercevoir une partie : l’avancement de mon Kekkei Genkai au service de l’Art suprême : l’immortalité. Puis, au-delà de l’aspect égoïste d’une telle activité, je gagne ma vie grandement grâce à ceci. » Prenant une pause dans son explication, il se grattait le menton de sa senestre tout en regardant de ses yeux plissés le couple assit. Son sourire grandissant, il leur posa quelques questions. « Et si vous êtes des mercenaires, des prestataires de services, seriez-vous prêt à travailler pour moi ? En échange de rémunération, bien sûr. Ou alors vous souhaitez conserver votre indépendance à tout prix et un partenariat serait plus alléchant comme proposition ? » Le culot de l’artiste n’avait d’égal que son orgueil, réellement ; voilà qu’il cherchait, maintenant, à s’octroyer les services des responsables même de l’abattement d’une partie non-négligeable de son affaire. Après tout, qui ne tente rien, n’a rien.
Peu à peu, grâce au témoignage de la bonne volonté de la jeune femme peut-être, la situation s’était apaisée. Il restait une certaine tension, entre eux, mais qui venaient certainement plus de la conscience du danger que d’une réelle envie d’en découdre. Les deux camps se dévisageaient, se jaugeaient, cherchaient peut-être aussi à discerner le vrai du faux dans le discours de leur interlocuteur. Cela dit, la jeune Jin put le sentir, tous faisaient preuve d’une étonnante sincérité. L’homme en blanc par amusement peut-être, Yu par nécessité. Elle comprenait très bien le jeu de son compagnon ; Lóng Shé. C’était ce qui avait mené leurs pas jusque-là : tirant profit de l’inaction du Pays du Feu face à une situation sordide et de la détresse de leur commanditaire, ils leurs avaient proposé un contrat au nom de leur Organisation. C’était, pour l’instant, leur seul moyen de se faire connaître, d’étendre leur influence à travers le Sekai. C’était épuisant, elle devait l’admettre. Lorsqu’ils avaient monté ce projet, la demoiselle ne s’était pas doutée de la quantité de travail que cela représenterait – ou alors, elle s’était simplement rassurée en se disant que Yu ferait le plus gros du boulot, puisqu’il resterait à ses côtés.
Elle laissait la conversation filer, recouvrant tranquillement de ses blessures. Le soin de son acolyte avait été d’un effet remarquable, mais elle préférait ne pas forcer d’emblée, par précaution. Ils en apprenaient donc davantage sur les origines de leur adversaire, et Yu dévoilait l’existence de leur entité administrative. Quelle étrange rencontre… Un Kamiko. Il s’agissait d’un des clans du pays dans lequel ils se trouvaient présentement. S’il était shinobi de surcroit, alors il devait certainement appartenir aux forces armées de Konoha. Elle regarda les corps étalés un peu partout. Ce pays était-il devenu fou, pour laisser un des leurs traiter avec les bas-fonds du Sekai ? Mais le discours du Kamiko sur ses activités supprimait définitivement cette hypothèse. C’était un clandestin. Un homme qui n’appartenait ni au monde merveilleux des Konohajins, ni au monde lugubre des trafiquants en tout genre. Il était libre, servant ses propres intérêts, profitant des avantages des deux systèmes sans avoir à en subir les conséquences. Mais jouer un tel jeu était risqué. Très risqué. Il devait s’être forgé une couverture parfaite pour arriver à jongler entre ses activités…
Et, alors qu’elle prenait peu à peu la mesure de ce que signifiaient les révélations du Kamiko, Wei sut qu’il incarnait précisément tout ce qu’elle désirait pour Lóng Shé. Oui, elle voulait être comme lui, avoir des contacts partout, dans tous les milieux, mais que personne n’en ait la preuve. Elle voulait jouir de la liberté que cela représentait, sans jamais craindre de retour de flamme. Mais, à la différence de l’homme, elle ne voulait pas se limiter à de petites activités, comme un trafic de corps local pour quelques expérimentations personnelles. Non… Elle voulait le Sekai. Tout entier. Elle voulait aussi bien les corps froids que les corps chauds et moites, elle voulait les armes et la drogue, elle voulait tout ce qui pouvait rendre les Hommes libres de céder à leurs pulsions, mais aussi dépendant de ses services à elle.
Ses ambitions, elle les gardait pour elle (et Yu, car il était son ombre). Son éducation ne lui avait certes pas enseigné ce qu’était la moralité, elle avait rapidement appris que de tels projets n’avaient rien de légal. Et puis… Le monde, elle le découvrait à peine. Tout ce qu’elle avait fait jusqu’alors, c’était rêver. Mais la réalité était bien plus dure, et il lui fallait faire des concessions.
Elle se massa légèrement le cou, à l’endroit où une fine cicatrice était apparue, l’air pensif. Le duo de l’Ouest devait vraiment avoir mis à mal des affaires du Kamiko, car il proposait dans la foulée de les embaucher à son compte. Il dut voir le léger froncement de sourcil de la rouquine, car il corrigeait son offre immédiatement, proposant l’alternative du partenariat. Elle expliqua calmement : « Hum, Yu a parlé de prestation de service, mais nous ne sommes pas des mercenaires pour autant, vous savez. Je veux dire, cette fois-ci nous nous sommes investis personnellement, mais… Nous ne sommes pas prestataires. Vous me demandez un service. Je fais en sorte que votre vœu soit exaucé… Peu importe qui s’en charge. Et, qui sait, un jour peut-être que vous devrez me rendre la pareille. Qu’il s’agit d’argent ou d’user de vos talents, pour le compte de quelqu’un d’autre. » Elle s’était permise de compléter largement les explications de son coéquipier, car elle souhaitait que les choses soient bien claires. Il ne s’agissait pas seulement d’indépendance, il s’agissait de leur fonctionnement intrinsèque. Ils s’étaient vite rendu compte que les « services » valaient parfois plus que l’argent lui-même et que pour atteindre tout le Sekai, il ne fallait pas se restreindre à ceux qui en avaient les moyens. Peut-être que le Kamiko prendrait conscience de cela, au fil de ses explications, et qu’il verrait toute la valeur qu’avaient ces étrangers.
Elle poursuivit, soudain souriante : « Sous ses conditions, qui s’apparentent plutôt à un partenariat du coup, nous sommes prêts à faire affaire avec vous, bien sûr. Je crois que votre allégeance actuelle pourrait nous intéresser… » Elle se tournait vers Yu, tout en formulant la dernière phrase. Par allégeance, elle entendait évidemment son appartenance à Konoha. Avoir quelqu’un d’infiltré dans un grand pays comme celui-ci, n’était-ce pas le rêve ? Oh, c’était tellement plus intéressant que ses capacités de combat !
Zhao Yu
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Contre toute attente, le Kamiko se montra franc dès le début de sa réponse. C'est en tout cas ce que perçut Yu. Ainsi donc il désacralisait des dépouilles pour servir son voeu d'immortailité. Ignoble. La manière dont il le prononça lui donna la chair de poule. Très dangereux. Cet individu était très dangereux. Ses activités dérangeaient moralement le Zhao mais ce n'était pas ce qui l'inquiétait le plus. Le plus était son but. Le ton qu'il avait employé montrait que cet homme était prêt à tout pour atteindre ses objectifs. Il avait trouvé sa Voie il y a bien longtemps et rien ne pourrait l'en détourner. Soit. Ces pensées faillirent lui faire louper les propositions qu'il venait de leur faire. Des mercenaires? Il les prenait pour des mercenaires? Hmpf. Esquissant l'ombre d'un sourire, il vit Wei lui couler un regard qui en disait long. Un partenariat. Ce cheminement de pensée lui plaisait bien mieux. Pour avoir mis Wei dans cet état, cet homme possédait une puissance rare. Premier argument en sa faveur. Et qui plus est, il était Konohajin. Wei venait de lui répondre en soulignant cela. Brave élève. Il était fier d'elle. Ses analyses se faisaient de plus en plus rapides et justes. Il n'avait nul doute qu'elle deviendrait une kunoichi renommée et crainte dans tout le Sekai. De toute façon, qu'elle le veuille ou non, il la mènerait jusqu'au sommet.
Le Kamiko venait d'écouter avec attention leur proposition. Au vu de l'éclat dans ses yeux, il hésitait. Mais c'était une hésitation propice à une seconde couche. Un coup de vernis pour rendre leur offre parfaite. Lóng Shé allait lui faire une offre qu'il ne pourrait pas refuser. Et Yu savait exactement où appuyer pour cela. Wei serait sans doute surprise mais le risque en valait la chandelle. Ils ne tomberaient certainement pas sur des profils aussi intéressants tous les jours.
"Mieux. Rejoignez-nous Fumetsu-dono. Je suis certain que vos ambitions avanceront bien mieux si nous travaillons ensemble."
Il venait de caler son regard dans celui de Fumetsu. Sa proposition était claire. Il asséna un nouveau coup verbal.
"Rejoignez Lóng Shé."
Sa proposition généra un silence plus ou moins long qu'il rompit à nouveau. Ce Kamiko devait avoir un rang de choix à Konoha pour pouvoir se permettre ce genre de choses, de trafics. Leur immersion et la destruction de son business ne lui laissaient non plus pas énormément d'alternatives. Accepter ne lui coûtait rien si ce n'est un lien à des personnes qu'il devait penser comme puissantes. Qui plus est, reconstruire son petit commerce lui aurait pris énormément de temps. Son acceptation n'était probablement qu'une question de minutes. Cela dit, il ne voulait pas "piéger" le Kamiko et lui forcer la main. Il décida donc de lui laisser du temps.
"Vous n'êtes pas obligé de nous répondre immédiatement. Si cela vous intéresse toujours, allez voir le tavernier de l'auberge de la Grue Noire dans le Pic des Géants. Demandez lui sa liqueur de serpent-dragon. Je vous retrouverai."
D'un signe de tête, il fit signe à Wei que sa blessure était stabilisée. Ils pouvaient donc y aller. Le territoire était celui du Pays du Feu et le massacre qu'ils venaient de faire ne resterait pas longtemps déserté de shinobis commissionnés pour enquêter. Ils devaient reprendre la route. Levant les yeux vers Fumetsu, il lui fit un signe de tête. La balle était dans son camp.
Kamiko Fumetsu
Konoha no Jonin
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L’Art du commerce [feat Wei & Zhao] Verve et négociation, voilà qui annonçait un âpre débat sur qui travaillait pour qui. Le Kamiko ne pouvait s’abaisser à ne devenir qu’un laquais dans une organisation trop obscure pour lui apporter un réel soutien. Les sourcils arqués, les yeux plongés dans ceux du colosse furtif, Fumetsu réfléchissait pourtant à la proposition. Il lui fallait faire un pari : au vu de la puissance de ces deux énergumènes, l’artiste sentait que ces « Lóng Shé » pouvaient devenir quelque chose de grand, renforcé par les regards déterminés de ses deux allocutaires. De même, avoir un appui extérieur au village alors que les griffes de ses ennemis s’approchaient dangereusement de ses secrets (une chose qu’il aimait particulièrement, rendant sa vie trépidante, s’amusant à berner ses adversaires voire même les narguer) était intéressant. En contrepartie, il se rendait bien compte du jeu diplomatique de ses deux interlocuteurs : si l’orgueilleux esthète entrait dans l’organisation, ils gagnaient un appui fort dans un village caché ayant une position enviable – le gain d’informations étant un marché à lui tout seul, les Lóng Shé pourraient devenir une vitrine de la criminalité dans le Sekai.
Il fallait avouer qu’après mûre réflexion, le Kamiko avait plus à gagner qu’à perdre : un soutien extérieur en cas de fuite forcée, une reconstruction rapide de son commerce, un échange de connaissance et tous autres services tandis qu’il pouvait se dédouaner assez aisément de toutes implications si cela tournait mal. Notant alors dans un coin de sa tête les informations laissées par le couple qui s’éloignait maintenant après un signe de tête courtois, Fumetsu poussait un soupir contrarié et se levait. Retraversant le village en ignorant avec superbe les corps jonchant le sol avec disgrâce et comédie, il se dirigeait avec nonchalance vers Konoha, un sourire étirant ses lèvres. Décidemment, il s’amusait beaucoup.
***
Appuyé sur son bureau d’ébène, assis en tailleur sur un tatami de qualité supérieure, le Kamiko finissait (ou du moins essayait) de lire un parchemin médicinal mais n’y parvenait pas, l’esprit tourné vers la rencontre désagréable – puis agréable – qu’il eut avec les Lóng Shé. Maudissant intérieurement une telle indécision, il se laissa chuter en arrière, s’étalant de tout son long sur le sol, fixant le plafond d’un regard torve. L’excitation d’une telle perspective le motivait réellement mais ce n’était guère prudent, il devrait user d’un millier d’artifices afin de ne pas tomber en disgrâce – ou devoir fuir. Cependant, le jeu l’emportait, considérant bien qu’une telle situation ne pouvait que renforcer son opinion (son orgueil, surtout) quant à sa supériorité. Après tout, qu’était la vie si ce n’est une constante prise de risque ? Souriant avec malignité, il se redressait, préparait ses affaires pour un long voyage et sortit. La direction ? Une auberge juchée dans le Pic de Géants. Kamiko Fumetsu, Lóng Shé.
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