L'Art de l'accueil [feat Kamiko Hayato]

L'astre solaire s'élève petit à petit dans les cieux, annonçant avec lui les prémices d'une journée ensoleillée et pleine de surprise. Une légère brise accompagne le soleil, donnant à cette matinée un charme et une tendresse dont Hayato se délecte. Agenouillé sur une petite terrasse de bois, devant sa demeure familiale, le filiforme contemple les cieux et leur beauté, un léger sourire naissant au coin de ses lèvres, étiré par le souffle du vent lui caressant le visage. Sa session matinale de méditation prend fin ainsi, sa senestre s'appuyant contre le sol pour l'aider à se relever avec légèreté. Il est de ceux que l'on décrit comme discret, ou silencieux. Ces adjectifs lui correspondent parfaitement, il préfère être ignoré et que sa présence ne soit perçu comme un léger courant d'air, plutôt que d'être au milieu des attentions de chacun. Pourtant, aujourd'hui, il allait devoir être au centre de l'action. Sa première rencontre, ses premiers pas, sa première interaction avec sa nouvelle branche, la Branche de Terrain.

C'est dans cette missive, posée sur le bord d'une petite table en bambou, que le chef de cette branche, Kamiko Fumetsu, donne rendez-vous au mystérieux brun afin d'échanger sur sa nouvelle affectation et son changement de vie, réfléchi et osé. Une vie banale d'artisan tisseur ne l'intéresse plus, la voie des armes, du combat, de la protection, voilà ce qui le pousse aujourd'hui à se mettre en valeur face à son nouveau chef. Enfilant un kimono bleu à motif de lilas, le jeune homme resserre la couette qui soutient son abondante chevelure. Il est prêt. Le stress d'une telle rencontre ayant quelque peu gagné le cœur du Kamiko, il se veut être en avance, afin de ne pas décevoir et pouvoir préparer un discours de présentation, exercice auquel Hayato se serait bien soustrait.

D'une tendre caresse adressé à sa mère, seule membre éveillé de la famille, le jeune homme ferme la porte derrière lui. Une légère chaleur, accompagnée de cette brise qui ne semble plus quitter le domaine Kamiko, le brun hume l'air environnant, cherchant à compresser son stress en son fort intérieur avec cette bouffée d'air frais. Son calme intérieur était revenu, le domaine Kamiko avait cet effet très particulier chez le filiforme, celui de calmer ses angoisses et panser ses blessures. Le calme garçon arpente les ruelles et places du domaine, plus particulièrement les jardins, où ses mains effleurent chaque pétale de fleur d'une beauté sans pareil. Il n'y avait pas à dire, le domaine Kamiko était un véritable Havre de Paix, que de nombreux clans, Konohajins ou non, devaient miroiter du coin de l’œil.

En avance, comme prévu, le Kamiko venait d'arriver sur les lieux du rendez-vous, une serre gigantesque, véritable trésor du clan et bijou de Fumetsu en personne. Tous le savaient, s'il y avait bien un endroit où ils étaient sûrs de dénicher le Jônin, c'était bel et bien cette magnifique bâtisse du clan Kamiko. Pourtant, aujourd'hui, Hayato se trouvait seul sur les lieux, son nouveau supérieur étant aux abonnés absents. Une mission importante ou des responsabilités, dues à son statut, devait sûrement occuper son attention ailleurs. Le calme et mystérieux Genin pris alors une des fleurs présentes aux alentours de la serre, une rose jaune. Contemplant ses pétales, Hayato se préparait à attendre patiemment.

L'attente fut longue, mais néanmoins rassurante pour le jeune garçon, aillant fait disparaître son stress dans ses longues heures à regarder la beauté de la nature et de cette fleur qu'il tenait encore de sa dextre. Pourtant, un petit pincement vint serrer son cœur lorsque le chef de la Branche Principale fit son apparition. L'énigmatique personnage en était une des causes, mais l'essentiel résidait dans le fait que le brun se rendait compte, à l'instant, qu'il était trop tard pour faire machine arrière. À partir de cet instant précis, toutes ses ambitions et ses rêves allaient prendre racine ici, dans cette serre gigantesque. Sa nouvelle vie, le tracé de son nouveau chemin, la voie qu'il avait choisie d'arpenter à présent, Fumetsu en était l'incarnation de par son statut. Hayato n'avait plus le choix, il devait aller au bout des choses.

« Aucun problème. »

De son ton plat et calme traditionnel, le jeune Kamiko répondit aux excuses de son supérieur, accompagnant le geste à la parole, d'une légère courbette vers l'avant, en signe de respect pour son aîné. Le respect est une chose essentiel pour Hayato, élevé par sa chère et tendre mère lui ayant inculqué des valeurs maintenant encré en lui. La plus importante peut-être à ses yeux était celle-ci, le respect de ses aînés, des supérieurs et de la hiérarchie dans un contexte plus général. Le sourire de son supérieur était néanmoins intriguant, tant il faisait défiler un tas de ressentis contradictoires à l'intérieur du brun. C'était un personnage à part entière, mystérieux et énigmatique qui était, dorénavant, le chef d'Hayato.

Une odeur enivrante, captivante, presque hypnotique vint alors subjuguer l'odorat du calme jeune homme, lorsque Fumetsu ouvrit les gigantesques portes de la serre du domaine Kamiko. Incroyable. Si Hayato avait remarqué le calme et la sérénité qui se dégageait du domaine dans son intégralité, le cœur même de cette essence prenait vie ici, dans ce bâtiment aux mille et unes senteurs exotiques. Humant l'air avec gaieté, Hayato suivit son supérieur dans les couloirs fleuris de la serre, où, après un léger silence, la discussion repris.

« Désolé de vous contredire Fumetsu-sama, mais la vengeance n'est pas le vecteur principal de mon choix de rejoindre la Branche de Terrain. La protection de ma famille l'est davantage. »

La première impression devait être bonne, pourtant, le filiforme ne pouvait remettre les choses dans leur contexte. Bien que dans son dossier était mentionner à plusieurs reprises la désertion de la figure paternelle, le jeune Kamiko ne pouvait laisser ce lâche dicter son choix de suivre sa propre voie, celle des armes. La tête légèrement penchée en direction du sol, Hayato s'excusait d'avoir repris son supérieur d'entrée de jeu.

« Mon but est de servir le clan Kamiko, ainsi que Konoha, par extension. J'aimerais apprendre à mieux maîtriser le chakra et ses possibilités, notamment en ce qui concerne notre don. Comme dit, cela me permettrait de pouvoir défendre et protéger ma famille en toutes circonstances. »

Le visage calme et impassible du jeune homme s'était remis en position, son regard plongé dans celui de son supérieur. Il ne cherchait pas à sonder son esprit, il en était bien incapable, mais le regarder dans les yeux prouvait, ainsi, sa détermination et son honnêteté.  

Le grand échalas qui se tenait face à lui faisait ressentir au mystérieux brun sa petitesse, autant niveau taille, qu'au niveau charisme et posture. Sa démarche et ses parures étaient soignées, déambulant lentement dans ce paradis floral, véritable bijou du clan Kamiko. Le tout nouveau Genin suivait son supérieur dans cette marche élégante, caressant du bout de sa dextre les plantes exotiques entourant le petit chemin. Hayato avait un doute quant à la réelle écoute de ses propos par le mystérieux Kamiko, dos à lui, se contentant d'avancer avec légèreté, sans prêter un regard à son homologue clanique. Ses réponses arrivèrent à leur fin, marquant avec elle un léger silence de réflexion, notamment pour le filiforme, qui se demandait réellement si ses paroles prenaient sens dans la tête de son supérieur, ou si cette remise en ordre de ses véritables attentions avaient quelque peu refroidi le Jonin.

Le duo familial, ces cousins, se rencontrant pour la première fois, arrivèrent au niveau d'une petite table, à l'image du propriétaire des lieux, forte et élégante. Marquant un léger sursaut de surprise au niveau du visage, le brun ne s'attendait pas à partager la même table que son supérieur. Par respect pour son aîné, il s'attendait à rester debout pour le reste de cet entretien, mais s'il lui proposait alors de prendre place, il ne pouvait refuser. Poussant de sa senestre le dossier de la chaise, le filiforme resserra son kimono au niveau de la taille, avant de s'asseoir face à son interlocuteur, restant droit et le visage tourné vers celui qui allait s'apprêter à reprendre la parole. Son regard était malicieux, pleins de mystères. Tous les Kamiko connaissaient de nom le propriétaire de la serre. Kamiko Fumetsu, chef de la Branche de Terrain et l'un des premiers Jonins de Konoha issu de ce clan. Pourtant, d'après ce qu'avait déjà pour entendre Hayato à son sujet, le voile mystérieux entourant ce personnage ne faisait que s'épaissir au fil des années, peu de personnes le connaissait réellement, et peu de personnes osaient dire du mal de sa personne, tant les sentiments qu'ils faisaient ressentir étaient particuliers. Le filiforme n'échappait à la règle, son regard peinait à se maintenir dans les yeux malicieux de son supérieur, tant il le mettait mal à l'aise seulement par ses gestes et son attitude.

Une question piège, d'entrée de jeu, voilà ce que cachait ce regard plein de malice qui marquait le visage du Kamiko. Hayato marqua un temps d'arrêt, réfléchissant à la tournure de sa réponse, pour ne pas offenser son supérieur. Pourtant, ce dernier n'attendait guère de réponse immédiate, reprenant d'un ton légèrement plus sérieux. Il venait de mettre le doigt sur un sujet sensible, le sujet au centre de toutes les pensées du jeune Genin. Famille, clan, travail, protection, abandon... Tout un tas de mots s'entrechoquaient dans la tête du brun, déboussolé par la pertinence des questions de son supérieur. Il avait bien étudié le dossier du jeune homme, il n'y avait pas de doutes, et plus encore, il était, petit à petit rentrer dans la tête du calme jeune homme. Le visage de ce dernier se crispa d'une légère grimace au niveau des lèvres, perturbé par la réflexion que lui imposait son chef.

Un soupire, précédant une grande respiration, s'emmagasinant des douceurs olfactives que lui proposait cet endroit, Hayato se calmait. Les battements de son cœur reprenaient un rythme lent et concentré. Ne regardant plus vraiment son supérieur dans le blanc des yeux, il se contentait de faire virevolter son regard sur les différents massifs floraux les entourant, s'arrêtant de temps à autre sur le regard inquisiteur de Fumetsu.

« Je considère chaque membre de notre clan comme un membre de ma famille. Mon allégeance pour vous n'a, désormais, d'égal que la protection de notre famille. »

Bien entendu, la fratrie du petit Hayato retenait une bonne partie de son attention, mais il s'en était rendu compte quelque temps auparavant, son clan devait être à ses yeux, comme l'extension de sa famille proche. Peut-être une réponse quelque peu hypocrite certains penseraient, mais Hayato y avait longuement réfléchi, il devait faire des concessions pour accéder à ce monde fermé qu'est celui des shinobis, et Fumetsu l'avait plutôt bien mis en exergue lors de son discours. Le filiforme en prenait également conscience, s'il voulait rejoindre la Branche de Terrain qui était la force de frappe armée de ce clan, comme il le souhaitait, alors il devrait ouvrir ses horizons, et voir plus loin que ses simples objectifs personnels. La vie de shinobi était faite ainsi, mettre de côté ses ambitions personnelles au profit de la masse. Du moins, c'est ce que pensait Hayato à ce moment-là.

« La mort, tout être y arrivera un jour ou l'autre. Quitte à choisir, je préfère mourir en protégeant mes pairs plutôt que de vivre une vie morose avec la peur journalière de voir ma famille mourir sous mes yeux. Je vous rejoins sur un point Fumetsu-sama, mon absence se fera peut-être trop grande pour ma famille, mais j'ai foi en mon jeune frère qui prendra mon relais. Je suis prêt à sacrifier mon bonheur, mon confort et ma vie camouflée pour le bien des miens. Ne serais-je pas encore plus l'ombre de moi-même si ma famille venait à succomber sous mes yeux, victime de mon impuissance? Je ne connais pas encore très bien tous les tenants et aboutissants du monde shinobi, mais une chose est sûre, je continuerais sur cette voie que j'ai choisi, pour les miens. »

Un souffle accompagnait la fin de sa phrase, son ton calme et froid ayant quelque peu disparu tant la réflexion fut rude et intense pour le jeune homme. Heureusement pour lui, les aléas de la vie l'avaient rendu plus mature, ayant un certain recul sur certaines choses que les enfants de son âge ne considéraient pas encore. Comme précédemment, il accompagna la fin de sa phrase par un léger abaissement de sa tête, marquant une nouvelle fois, le respect qu'il éprouvait pour son supérieur.