"two names, one destiny" tsumi

Pourrions-nous un jour comprendre les forces qui habitent ce monde ? Saisir comment une action, aussi moindre soit-elle, puisse engendrer tant de conséquences ? Seul le temps connaît les réponses et Tsumi en avait bel et bien conscience. Pourtant, il ne comprenait toujours pas pourquoi. Pourquoi cette ombre si particulière l'avait guidé jusqu'à eux. Pour quelle raison, lui avait-elle murmuré l'écho des complaintes du jeune garçon qui livrait bataille contre un ennemi bien trop fort. Dans quel but, le souvenir de Kaori l'avait poussé à sortir du domaine par ce jour pluvieux et à se rendre spectateur de ce pugilat incompréhensible. La réponse viendrait avec le temps. Pour l'heure, le Renégat observait dans la pénombre, l'horrible acharnement d'un Ninja aux yeux rouge si singulier, envers une jeune vie en proie à la haine.

Il l'avait vu souffrir, la peau déchiquetée par les assauts incessants du Ninja aux yeux framboises. Son corps pliant sous la douleur, son visage arborant toujours plus de peine, ses yeux qui n'avaient plus la force de pleurer les tourments que son âme subissait. Mais malgré toute la déchéance de rage et de violence, la jeune âme continuait à se battre, cherchant la survie au sein d'un endroit où même les combattants les plus aguerrit pouvaient ployer sous le souffle du vent glacé. Et il tenait bon. Avec les maigres forces qu'il détenait, certes, mais à aucun moment il ne baissa les bras.

Pourtant, au crépuscule du quatrième jour, alors que le ciel s'était couvert d'un épais voile de nuage et que l'horizon se retrouvait déchiré par de violents éclairs, une chute l'avait poussé à se prostrer contre un arbre. Tombé d'un ravin dans l'eau mortelle d'un fleuve de l'Isthme, le jeune homme avait su s'extirper une nouvelle fois des mains de la mort, cherchant refuge sous la voûte verdoyante du feuillage d'un des rares survivant de l'hiver. Pourquoi tant de méchanceté à son égard ? Il était shinobi, cela ne faisait aucun doute pour Tsumi au vu des nombreux mudras qu'il avait engendré pour répondre aux agressions de son bourreau. Mais pourquoi ? Un entraînement ? Une punition ? La raison bien qu'encore énigmatique, ne trouva pas d'intérêt pour le Renégat qui, après avoir jaugé les risques, sortit de l'ombre et s'approcha du garçon.

Pendant un temps, il resta là, regardant les horribles conséquences de son combat sur le corps de la pauvre victime. Il peinait à respirer, le corps suintant d'un sang qui, aussi étrange que cela puisse paraître, semblait appeler le Borgne. Un Chinoike ? Impossible. Alors comment ? Comment expliquer la présence de Batsu ? Les ombres ne prenaient pourtant vie que lorsqu'un membre de son Clan était impliqué. Tant de questions, et si peu de réponse. Qu'aurais bien pu donc faire les autres ? Ryuku l'aurait sans doute achevé avant d'en finir avec l'autre shinobi. Hitagi quant à elle, se serait sans doute fait un malin plaisir à décapité l'Uchiha en laissant pour mort le pauvre enfant... Et Etsu ? L'aurait elle aidé ? Sans doute pas. De tous les membres des guerriers du Sang, le seul qui pouvait porter un regard empli de compassion, était l'unique à ne pas suivre les règles du jeu.

« Aide-le... S'il te plaît. »
« Pourquoi lui ? Qu'a-t-il de si particulier pour qu'il obtienne ton attention ? »
« Aide-le... C'est tout ce que je te demande. »
« … Très bien. »

Sans d'autres cérémonie, Tsumi s'approcha de l'inerte, s'emparant de son corps qu'il logea dans ses bras. Et lorsque ce fut fait, il s'arrêta un temps, observant plus en détail le visage de cette victime de l'existence, se surprenant à ressentir quelque chose qu'il avait cru enterrer avec Kaori : De l'amour. Celui que l'on porte pour un être que l'on veut protéger. Celui qui permet de bouger des montagnes entières et pousse le plus couard des hommes à affronter toutes les batailles. La seconde qui suivit, ils disparurent tout deux. Les pas du Renégat le poussèrent jusqu'à un endroit perdu de l'Isthme, au sommet de la plus dangereuse et effrayante des montagnes. L'endroit même, où il avait cru mourir et d'où Etsu l'avait fait renaître. Même dans la tempête, son corps retrouva le chemin menant à la grotte où tout avait commencé pour lui. Ils y seraient à l'abri, aussi bien de l'Uchiha, que des congénères du Borgne dont il ne connaissait que trop bien la fermeture d'esprit.

Il y déposa le corps frêle du jeune garçon et s'évertua le reste de la nuit à créer un semblant de confort à la pauvre âme inconsciente. Il l'installa sur une paillasse de fortune, donnant naissance à un feu pour le garder au chaud, prévoyant eau et nourriture lorsque, enfin, il se réveillerait. Puis, il s'attarda sur ses plaies, concoctant divers remèdes dont Yosa lui avait inculqué le secret. Ce n'était guère de la grande médecine, mais cela suffirait sans doute à calmer un peu de ses tourments. Puis, dans le silence, il s'assit à ses cotés, cherchant dans le tracé des courbes de son visage la réponse à la question qui tournait dans sa tête inlassablement, alors qu'une main invisible se posa sur son épaule.

« Pourquoi Kaori... Pourquoi... »
« Fais-moi confiance... Un jour tu comprendras. »

L'esprit bercé par le reflet des ombres rougeoyantes, Tsumi se laissait à la contemplation de cet être dont il ne connaissait rien. Il s'attarda sur ses particularités, la couleur de ses cheveux dont le pigment était semblable au sien. Son teint pâle qui n'allait pas sans rappeler celui du Renégat. Ses traits assez fins, offrant une certaine douceur à son visage enfantin. Il était jeune, plus que lui, cela en était une certitude. Toutes ces caractéristiques qui lui étaient si similaires engendrèrent son lot de questions. Et s'il s'agissait d'un Chinoike ? De prima-bord, cela paraissait impossible, pourtant, la récente découverte d'un métisse oublié depuis des années rendait toutes hypothèses probables. Sinon, comment pouvait-il expliquer que ses ombres soient aussi agités ? Ni Kyoko, ni Jinpachi n'avaient su éveillé une des horreurs qui parsemaient le conscient du Borgne. Seuls les membres de son Clan avaient cette capacité. Alors pourquoi ? Comment ? Le temps... Il devait laisser ses doutes à cet écoulement divin qui finirait par lui offrir les réponses tant recherchées.

L'oeil rivé sur la danse flamboyante du maigre foyer qu'il avait construit, le shinobi attendit le réveil du garçon. Les uns après les autres, il avait senti ses démons se manifester, tous dans un silence contemplatif. C'était bien la première fois qu'aucune d'elles ne cherchèrent à l'importuner, se contentant de s'approcher du corps inerte, le toisant, l'observant, l’effleurant de leurs présences invisibles. Et toutes, après avoir comblé une certaine curiosité malsaine, s'en étaient allées dans le néant, laissant Tsumi seul dans les confins de cette cavité où il fut enfermé pendant trois longues années. Pourquoi l'avait-il mené ici ? Il s'était pourtant juré de ne plus jamais fouler ce sol qui avait encrassé son corps, ni revoir ses murs qui l'avaient maintenu captif et les témoins d'une folie grandissante. Pourtant il était là, avec lui... Tant de questions et si peu de réponses...

Survint alors un semblant de vie. L'attention du Renégat se porta vers la pauvre victime qui reprenait peu à peu conscience. Il s'était attendu à nombres de réactions, mais la seule que le jeune garçon eût, fut de le remercier. Il semblait souffrir encore amèrement de ses blessures, cherchant à maintenir ses côtes d'une main faible, essuyant le réveil de quelques douleurs qui parcouraient son corps. Mais ce qui le frappa le plus, c'était son désespoir.

Tout dans sa gestuelle et dans sa voix trahissait une lassitude et une douleur bien plus profonde que ses plaies encore vivaces. Le jeune shinobi se présenta sans d'autres cérémonies, un simple mot qui permettait déjà l’évanescence de quelques questions. Akira. Celui qui brille. Pourtant, rien dans l'image qu'il offrait en ce sombre jour ne laissait à paraître la moindre lumière. Bien au contraire, il semblait tourmenté par des démons bien plus vicieux et maléfiques que les partenaires d'infortunes du Chinoike qui resta dans le silence, ne cherchant pas même à répondre directement à la question de la pauvre âme qui s'éveillait.

Doucement, il se releva, allant chercher la gourde remplit d'eau qu'il avait préparé durant l'inconscience du garçon, s'approchant de lui, il saisit délicatement la nuque de ce dernier, portant le goulot à ses lèvres.

« Bois... »

Il le laissa s’exécuter, trop inquiet de l'indisposer encore plus, comme un enfant qui caresse du bout des doigts un animal blessée. Il ne faisait qu'alléger le contenant, lui permettant de s'en saisir à sa guise. Et lorsque les premières gorgés fut prises, il lui murmura ces quelques paroles.

« Nous sommes seuls. Tu n'as rien à craindre. Personne ne connaît cet endroit et ceux qui savent, ne viennent jamais. »

Tsumi déroba doucement l'eau de ses lèvres, déposant le contenant aux cotés du jeune shinobi, puis il se leva une autre fois, cherchant dans sa besace quelques morceaux de viandes séchés qui vinrent rejoindre la gourde. Sans plus de cérémonie, il s'installa auprès d'Akira, plongeant une nouvelle fois son regard sur le visage de l'enfant dont les traits trahissaient la douleur incessante qu'il subissait.

« Tsumi. C'est mon nom... Essai de ne pas trop bouger, tes blessures sont profondes... »

Il aurait voulu le laisser reprendre des forces, tranquillement, comme Etsu l'avait fait avec lui par le passé. Pourtant, une question ne cessait de tourner en boucle dans ses pensées. Il lui fallait une réponse, aussi brève et abstraite soit-elle.

« Dit moi... Pourquoi cet Uchiha te traquait ? »
« Fais-moi confiance... Un jour tu comprendras. »

Le temps. Cette entité que l'on côtoie chaque seconde et pourtant invisible à l'oeil venait d'offrir à Tsumi autant de réponse que de nouvelles questions. La langue d'Akira s'était déliée et avec elle, une information des plus graves. L'homme qui l'avait traqué plus tôt, cet être dont la haine s'était écoulé sans notion de mesure contre le pauvre corps du jeune garçon n'était autre que le père de ce dernier. « Le descendant de sa lignée. » Ces mots l'avaient frappé plus fort qu'il n'osa le montrer, la suite de son discours ne fît que démontrer avec plus d'exactitude le don inné du Renégat à se mettre dans les situations les plus improbables. Un Uchiha. Il tenait entre ses mains l’engeance du Clan qui avait chassé les siens, tué sa famille et avait permit de faire naître une part de la folie qui était aujourd'hui sienne. Et pourtant, malgré la mélancolie grandissante de ses paroles, malgré toutes les atrocités que ce monde aurait pu imposé au garçon, le destin avait voulu que ce soit le Borgne qui le découvrit. Cette pensée fît plisser son œil unique. Il ne s'agissait pas de l'oeuvre de la fatalité, il savait qui l'avait poussé à cette rencontre et cela le plongeait dans d'autant plus de questionnements.

« Pourquoi Kaori... »
« Fais-moi confiance... Aide-le »

Son cœur se serra, conscient des conséquences de ses actes. Et si Etsu avait connaissance de tout ceci ? Et si cela venait aux oreilles d'Hitagi, ou pire, de Fuyu ? Au mieux, il trouverait la mort, au pire, on l'aurait porté à l'exil privé du dernier vestige d'appartenance aux guerriers du sang. Le jeu en valait-il franchement la chandelle ? Il avait pourtant conscience que ces voix dans sa tête n'étaient pas réelles, encore moins celle de cet amour perdue. Etait-il prêt à tourner le dos aux promesses faites à sa Lumière pour les paroles d'une ombre ?

Puis vint le reste de son histoire. Un récit parlant de l’héritier d'un don divin, ne désirant pas s'en servir comme l'attendait le reste de son Clan. Une suite de déception, malmené par les mêmes personnes qui auraient dû lui tendre la main, mais qui dans un excès de bêtise humaine, s'était laissé aller aux pires bassesses pour en faire ce qu'ils en voulaient. Un guerrier, un assassin, un objet de mort offrant plus de gloire à l'étendard d'une pseudo-famille. C'est alors qu'il comprit. Pourquoi c'était lui et non un autre, qui fût spectateur de cette débâcle de violence. Pourquoi Kaori l'avait mit sur sa route, quitte à transgresser toutes les promesses qu'il avait pu faire à Etsu. Pourquoi, au moment même où il aurait dû mettre fin à sa vie, il préféra poser sa main sur sa joue et plonger son œil unique au creux même de cette puissance qui avait détruit son Clan.

« Ne parle plus. Repose toi. »

La compassion. Ce sentiment impropre aux yeux des Chinoike - mais qui caractérisait si profondément Tsumi, - avait porté sa sentence sur la vie d'Akira. Il vivrait encore demain.

« Je vais aller chercher de quoi soigner tes blessures. Tâche de ne pas bouger en mon absence. Le froid de l'Isthme n'est rien comparé à ce qui t'attends si tu sors d'ici sans moi. »

Sur ces mots, le Renégat se releva, tournant le dos à l'Uchiha, plongeant dans les ténèbres de la cavité détenant l'objet de ses futurs tourments. Retrouvant le flan de la montagne interdite, il parcouru les nombreux kilomètres le séparant du domaine, l'esprit embrumé par nombre de questions, le cœur serré par l'angoisse qui grandissait de plus en plus à chaque pas. Sans porter aucune attention aux membres de son Clan, il retrouva la douce chaumière de Yosa, qui, lorsqu'il ouvrit la porte, saisit très vite que quelque chose n'allait pas.

« Tu as l'air pensif mon petit... Quelque chose ne va pas ? »
« ...Je... Je ne sais pas... J'aurais besoin de ton aide, mais surtout de ta discrétion... Pourrais-tu faire ça pour moi ? »
« Hm... Que ce passe-t-il ? »
« S'il te plaît... Ne me force pas à te mentir... »
« … Entendu... Dis moi ce dont tu as besoin. »

Quelques heures plus tard, Tsumi reparti de chez la grand-mère, la besace remplit de médicament, de bandages et de nourriture. Le cœur lourd, il la remercia, mais lorsqu'il franchit la porte, la vieille dame ne put s'empêcher de lui faire part de son inquiétude. Elle connaissait le Borgne bien mieux que quiconque au sein du Clan. Souvent, c'était elle qui le tirait d'affaire ou l'écoutait conter ses périples, l'oreille toujours attentive et le cœur remplit d'affection, elle s'était lié d'un amour sincère pour le jeune homme. Pourtant, aujourd'hui, elle le voyait lui cacher des choses. Cela ne présentait rien de bon, elle s'en était fait un certitude, cependant, elle ne chercha pas plus à comprendre. Les réponses viendraient bien un jour, elle espérait juste que cela ne soit pas trop grave et n'ai pas de conséquence néfaste sur son protégé.

Le soleil se leva sur les hauts monts, plongeant l'horizon dans une clarté aveuglante. Néanmoins, c'est au sein des ténèbres que le Chinoike se plongea une nouvelle fois, retrouvant Akira qui semblait encore perdu dans ses songes. Cherchant à ne pas le réveiller, il lui administra les soins que la vieille femme lui avait offert, suivant scrupuleusement les conseils avisés de cette dernière sur les différentes marche à suivre. Dans le silence, le garçon s'activait. Un mutisme qui soudain se brisa.

« Je sais ce que c'est... Ne pas être comme les autres, devoir sans cesse prouver que l'on est à la hauteur de quelque chose qu'au fond, on déteste. Subir les railleries, les injures et la violence de ceux qui devraient nous épauler plutôt que de nous enfoncer plus profondément dans les ténèbres... Pourtant, s'il y a une chose que j'ai compris avec le temps, c'est que nous n'avons pas le choix. Il faut que l'on devienne plus fort. Pas pour convenir à leurs attentes, bien qu'encore aujourd'hui, ils pensent tous que je fais ça pour eux. Mais bien pour avoir la force nécessaire pour leurs faire face et leur montrer que non, leurs chemins n'est pas le mien... »

L'Uchiha reprit alors connaissance, cherchant une position ne réveillant pas la douleur lancinante qui sévissait en son corps. D'une voix douce, emplit d'un désespoir profond, il répondit aux révélation du Renégat. Ses premières paroles eurent l'effet d'un choc. Non pas qu'il se soit fourvoyé sur les sentiments du jeune homme, mais bien parce que malgré leurs ressemblances, ce dernier faisait le choix de se battre non pas contre, mais pour son Clan. Portant avec lui l'espoir de changer à jamais l'image des êtres dont l'abjecte réputation n'était plus à refaire. Etait-ce une utopie ? Pour Tsumi ce l'était. Car qu'importe les choix et les efforts qu'il aurait pu faire pour les Chinoike, il savait en son fort intérieur que nuls n'aurait la volonté de transformer ce qui était ancré en eux depuis tant d'années. Ils avaient trop souffert, trop perdu. Il l'avait vu, subissant les attaques d'Hitagi, feignant de ne pas voir la déception dans le regard d'Etsu, ou le méprit dans chaque messe-basse que l'on offrait à son encontre. Mais après tout, peut-être que c'était lui qui était en tort de croire que la seule réponse à tout cela, était de faire sans eux. Encore une fois, seul le temps pourrait dévoiler lequel des deux garçons avaient raison.

Le Borgne eut un rictus lorsqu'Akira le qualifia de sage. Il n'était pourtant qu'un sot, porté par une idée qui n'allait pas avec l'ère de son temps. Trop pacifiste, trop idéaliste. Les paroles de sa rivale le heurtèrent à nouveau, ouvrant à nouveau des plaies qu'il cherchait à panser. Non, il n'avait rien de sage, il était juste... différent. Au point qu'aucune des motivations de l'Uchiha ne lui procura quelconque sentiment. Cela faisait bien longtemps qu'il avait prit conscience que rien ne valait la peine d'aucun combat. La fierté du Clan ? C'était de l'égo. Du village ? Fallait-il en avoir un. Son équipe ? Tsumi avait vécu toute sa vie dans la plus profonde des solitudes, et même s'il aurait pu se battre pour son Intendante et amie, jamais elle ne lui avait vraiment donné l'impression qu'ils faisaient partie de la même équipe. Leurs buts étaient trop divergents, trop contraire pour qu'un autre sentiment que celui de la gratitude ne vienne éveillé une impression d'appartenance au groupe. Il était le Renégat, le Borgne, le différent.

Perdu dans son mutisme, le Chinoike laissa son interlocuteur vanter ses mérites pour avoir fait preuve d'un manque de bon sens. Il est vrai, il aurait pu le tuer, mais il n'en fut rien. À la place, il se contentait de le soigner, lui, l'engeance de ce peuple qui avait massacré les siens. Où était la logique dans tout cela ? Y avait-il jamais eu la moindre once de cette dernière dans la vie du shinobi ? Akira manqua de s'étouffer avant de tenter de s'asseoir. Malgré la douleur, il essayait de reprendre une posture plus digne, mais ses paroles transgressèrent ses gestes, marquant un peu plus la profondeur de son mal être.

Ce n'était qu'un gosse. Un enfant à qui l'on avait demandé de grandir trop vite, bien loin de tout ce que le commun des mortels aurait dû vivre à son âge. Et pourtant, en cela encore, il trouva un autre point commun avec cet ennemi d'un autre temps. Sa remarque fît sourire Tsumi. Lui qui n'avait jamais connu ses parents, dont la mère adoptive avait si aisément cédée au baiser de la mort, ne pouvait que donner raison à la pauvre âme qui déversait son chagrin. Oui, il était plus simple en ce bas monde d'être un orphelin, mais les simplicités que cela engendrait, ne rendaient que plus cruel la vie elle-même.  N'avoir personne à qui se rattacher, ni même haïr... À vrai dire, il n'y avait jamais pensé et n'y trouvait aucune importance. Ses réflexions furent coupé par une question. La fameuse qu'il redoutait d'entendre à laquelle il n'avait toujours pas trouvé de réponse appropriée. Pourquoi l'aidait-il ? Etait-ce raisonnable que de lui avouer que tout ceci n'était que l'oeuvre d'un esprit torturé par des êtres informes que lui-seul pouvait saisir la présence ? Il se contenta d'afficher un sourire caché par le tissus recouvrant le bas de son visage, baissant la tête pour au final, replonger son œil dans le regard de l'Uchiha.

« Disons que tu as un ange qui veille sur toi. »

Doucement, il sentit la présence de Kaori à ses côtés, posant une main délicate sur son épaule, comme pour l'encourager à continuer de parler.

« Car de tous les êtres qui peuple cette région, tu es tombé sur le seul qui n'avait aucune raison de te tuer... Connais-tu ce clan disparu que l'on nomme les Chinoike ? Je suis sûr que oui, car leur disparition fut causé par ceux que tu appelles ton Clan. J'étais trop jeune pour m'en souvenir, je n'en connais que ce que les anciens voulaient bien nous raconter. Et je dois être le seul à ne pas leur en vouloir... »

Il marqua un temps, pensant aux conséquences que ses mots auraient pu avoir s'il les avait dit en présence d'un autre membre des guerriers du sang.

« Ils ont fait, ce que tous font. Obéir à des ordres. Moi-même j'ai causé la mort car l'on m'a dit que c'était la juste chose à faire... Pour le Clan... Pour quelques ryos, j'ai mit fin à des vies qui sans doute, ne méritaient pas un tel sort. Mais l'histoire est écrite par les vainqueurs de ce monde, le reste n'est voué qu'à disparaître dans des contes et des légendes qui finiront oubliés de tous... Alors peut-être que tu me trouveras trop naïf, mais j'aime à penser que si nous nous sommes rencontré aujourd'hui, c'est qu'il y a une bonne raison... C'est du moins ce qu'elle me laisse à penser... »

La main de l'ombre se resserra sur sa peau, comme pour le rassurer, comme pour lui dire silencieusement qu'il était temps que sa vie change et que tout commençait ici, dans cette grotte, là où trois ans auparavant, ses démons faillirent à mettre fin à ses jours.

« Mais pour l'heure, tu dois te reposer et manger... Je t'ai ramené de la viande ainsi que quelques baies. Ce n'est pas grand chose, mais c'est tout ce que je peux t'offrir. La vie dans l'Isthme est guère aisé et beaucoup d'entre nous se contentent de bien moins que cela. »

Doucement, il se saisit du lièvre que lui avait préparé Yosa et le porta aux lèvres d'Akira. Pour la première fois, le destin lui donnait la possibilité de faire quelque chose de bien et d'aider son prochain. Cette fois-ci, il n'y aurait pas de retour sonnant et trébuchant, ni de fierté pour avoir remplit une quelconque mission. Non, cette fois-ci, le Renégat laissa parler une chose qu'il avait gardé enfoui en lui pendant beaucoup trop d'année... Son altruisme... Et son empathie.

« Dis moi... C'est comment la vie dans un village ?... Tu as des amis ? La vie y est-elle aussi belle que ce qu'on a pu m'en raconter ? »

Il y a ce que l'on sait et ce que l'on croit savoir. Ce qu'espérait le Chinoike concernant cet horizon si vaste ne semblait, au final, pas si prompt aux promesses qu'il lui faisait lorgner. La vie en village ne semblait en rien plus agréable que celle dans l'Itshme du Gel. Peut-être plus de tout facilement, mais rien qui ne lui laissait un goût d'incroyable ou d'envie. La curiosité du Renégat s'effondrait à mesure que l'Uchiha se laissait aller à ses récits, dépeignant une vie sombre et dur moralement. Il y a juste plus de gens à décevoir. Cette phrase le marqua, remettant en avant toutes les ténèbres ressortant du personnage et qui semblait le plonger de plus en plus profond dans les abysses. La déception. Tsumi savait ce que ce mot voulait dire, bien plus que n'importe qui dans la région. Si peu de jours avaient passé sans qu'un regard désapprobateur ne vienne juger la moindre de ses actions. Il comprenait le garçon, il avait conscience de ce qu'il pouvait vivre, sur une échelle différente bien entendu.

Puis vint un récit pour le moins, étonnant. Ainsi Akira avait déjà rencontré deux de ses paires, survivant à sa rencontre avec Etsu, il avait failli mourir de l'inconscience de Masamune. Au fond, qu'importait le fond de ces souvenirs, le shinobi savait que seul la chance avait permit au blessé de survivre à ces deux personnages. Bien que son intendante était une femme douce et aimante, elle se transformait rapidement en un dragon féroce lorsque le clan à la pupille de feu venait à être mentionné. Pour elle, c'était leurs fautes et en soit personne n'aurait pu la contredire. Elle était devenue à cause de l'agissement de ce Clan, la clé de voûte maintenant le restant de notre peuple. Mais cela avait eu un coût : son innocence et sa vie entière. Souvent le Renégat se demandait comment aurait pu être son amie si tout ceci ne s'était pas passé ainsi...

Vint le tour de l'inconscient Masamune, l'Outsider des Chinoike. Une histoire improbable de sang perfusé qui pourtant répondait bel et bien à une question qu'il se posait concernant son interlocuteur. Pourquoi les ombres avaient réagi à lui ? De base, elles n'avaient jamais apparu en présence d'éléments extérieur au Clan, mais au vu de ce que lui annonçait l'Uchiha, une théorie germa dans son esprit... Et si toute sa folie ne prenait vie qu'en présence du sang de ses paires ? Balayant ses pensées d'un revers de manche, il s'attarda sur les plaies d'Akira, vérifiant avec minutie que rien n'avait été laissé au hasard.

« Ils auraient pu. Mais ils ne l'ont pas fait... Et c'est pour ça qu'il faut devenir plus fort... Pour protéger ce qui nous est cher de ceux qui veulent le détruire... Je comprend ton point de vue, mais un jour tu verras qu'indéniablement, et malgré tous les efforts que tu pourras mettre à l'ouvrage, il y aura un jour où, malheureusement, quelqu'un voudra du mal à tes idées et donc à toi. Ce moment-là, si tu n'as pas la force nécessaire pour te défendre, tout ça mourra avec toi... »

Bien sûr, il parlait en connaissance de cause.

« Tu sais, j'ai vécu trois ans seul enfermé là où nous sommes. Pas d'amis, pas de famille, c'est vrai que je n'avais du coup plus personne à décevoir mais... Les ténèbres ne sont pas des amis sur lesquels on peut compter indéfiniment. Ton projet est bien trop lumineux pour ça ! »

Comprendrait-il où il voulait en venir...

« Si tu es celui que tu m'as décrit, alors je t'aiderai. Moi aussi je veux changer la vision de mon Clan sur le monde qui nous entoure. J'en ai assez de me battre et je ne veux pas que les prochaines générations ou qui que ce soit d'autre connaisse les tourments qu'on connu mes paires... Alors j'espère que je peux te faire confiance. »

Il posa sa main sur sa tête, seul marque d'affection que lui-même avait jamais vraiment reçu. Puis dans un mouvement, il aida le jeune Akira à se recoucher, vérifiant les différents bandages et soins qu'il lui avait prodigué.

« Il faudra laissé agir quelques jours... Repose toi, je viendrais te voir assez régulièrement ok ? »

Les jours passèrent, laissant au temps son office, les plaies finissaient par doucement se résorber. Jour après jour, les deux pupilles rougeoyantes se retrouvaient, parfois pour échanger, d'autres fois juste pour quelques vivres. Peu à peu, les langues se délièrent, laissant de côté la noirceur que leurs inspiraient leurs Clan respectif pour s'attarder sur des choses plus douces, plus simples, des discussions de jeune garçon apprenant la vie et découvrant une autre culture avec ses bons et moins bons aspects. Ce lien improbable se transformait à chaque instant qu'ils passaient ensemble, puis un beau matin, Tsumi apparu dans l'antre d'Akira, le sourire au lèvre, et la besace remplit de tissus qu'avaient confectionné la vieille Yosa pour le jeune garçon. Rien d'extravagant en soi, mais au moins avec ça il ne pourrait pas mourir de froid en allant à l'extérieur. Car en ce jour ensoleillé, il était bel et bien question de cela. Il était temps pour le blessé en convalescence de sortir de sa grotte et de retrouver le plaisir de prendre un grand bol d'air pure.

« Tiens enfile-moi ça ! Normalement c'est la bonne taille ! J'espère que ça te plaira en tout cas... Sinon pour aujourd'hui, je m'étais dis qu'on pourrait sortir d'ici ? Tes blessures vont clairement mieux et je pense qu'il est temps que tu te dégourdisses un peu les jambes ! »

Le jeune Uchiha se mouvait péniblement, mais rien en comparaison des premiers jours où Tsumi l'avait recueilli. Affichant un large sourire, il se délesta de ses vieux habits pour enfiler les vêtements un poil trop grand que la vieille Yosa avaient confectionné. Il était à la fois gênant et assez amusant de voir le garçon se changer. Non pas qu'un semblant de timidité ai pu traverser l'esprit du Borgne, mais bien sur l'état général de son invité qui avec le manque de nourriture, avait bien maigri. Le Chinoike ne put s'empêcher de se remémorer l'état dans lequel Etsu l'avait trouvé des années auparavant. Etait-ce le même sentiment qui l'avait submergé ? Balayant ces vieux souvenirs, il afficha un large sourire au Konohajin lorsque ce dernier ouvrit les bras pour lui montrer sa nouvelle garde-robe. D'un hochement de tête approbateur, la discussion se suivit sur une idée saugrenue d'Akira désirant taser la rivière pour remplir son ventre. La réponse éclata en un grand rire du Renégat qui, remettant en place son paquetage, se contenta de poser la main sur la nuque de son nouvel ami, le regardant avec un large et épais sourire à moitié caché par le col de son haut.

« Ne t'en fais pas, j'ai tout prévu. »

Cependant, malgré l'envie de partager un moment sans nuage, des questions logiques vinrent tinter à son oreille. Bien qu'il ai cherché à répondre à tous les besoins de son compagnon, les pensées de ce dernier allaient principalement vers son village et son clan. L'avaient-ils abandonné ? La réponse était malheureusement rempli d'une noirceur dont il ne voulait pas l'accabler.

« Non, je n'ai vu personne. Mais en même temps, avec la tempête qu'il y a eut et le fait que seul ton père sache où tu te trouves, je pense que les chances que quelqu'un vienne te chercher ici son mince... Ne t'en fais pas, dès que tu seras d'aplomb je te promet de te ramener jusqu'à la frontière avec Konoha... Promis ! »

Tsumi afficha son petit doigt à la face d'Akira. Il avait déjà vu des enfants faire ce geste pour sceller une promesse. N'ayant que peu d'amis, il espérait vivement que le garçon ne délaisserai pas ce geste d'amitié d'un revers de manche.

« Pour l'heure, tu viens avec moi, je t'emmène pas bien loin. Cependant, comme tu n'es pas encore d'attaque, on va opter pour une autre méthode... »

D'un geste presque totalement maîtrisé, il attrapa l'Uchiha et le fit atterrir sur son dos, le maintenant en l'air par ses cuisses qui le ceinturaient à la taille. Vérifiant qu'il était stable, le Renégat avança avec son chargement hors de la grotte, loin des ténèbres dans lesquelles son ami avaient vécu ces derniers jours.

« Fais gaffe à tes yeux, ça pourrait faire mal. »

La lumière envahit peu à peu la rétine des deux compères, finissant par les plongés dans une semi-cécité qui peu à peu gagnait en détail. Face à eux, l'immensité de l'Isthme du Gel et de sa chaîne de montagne se profilait à l'horizon, offrant un paysage de pic abrupte recouvert de neige sous un ciel des plus magnifiques.

« Bienvenu chez moi Akira. »

Il laissa le temps au Konohajin de s'habituer à la lumière, mais surtout de pouvoir contempler la plus belle vue de la région. Percher au sommet de la plus haute montagne, les deux jeunes hommes pouvaient admirer un panorama des plus époustouflant.

« T'es prêt ? Accroches toi ça va remuer ! »

Sans attendre de réponse, Tsumi se lança dans le vide, laissant l'air frais parcourir son visage et étouffer les cris qu'aurait pu produire son invité. La concentration était de mise, même s'il avait déjà fait ça par le passé, il n'avait jamais vraiment réalisé cette technique avec quelqu'un sur le dos. Recroquevillant ses jambes, il se mordit à sang la main, laissant s'écouler un filet rouge carmin qui très vite, se matérialisa en une planche juste assez grande pour y poser ses pieds. Chose qu'il fit alors que la pente de la montagne s'approchait avec dangerosité. Une fois de plus, le Chinoike démontrait sa capacité à changer l'hémoglobine en tout autre chose qu'une arme et accusa sa réception avant de glisser sur une lame rouge carmine qui se fraya un chemin parmi la poudreuse. Perché sur sa planche de fortune, ils dévalèrent le versant de l'immense montagne, évitant arbres, rochers et animaux qui auraient pu gêner leurs courses qui se termina dans le calme aux abords du Lac Gelée. Se délestant de l'Uchiha, le Renégat arborait un large sourire, s'empressant de récupérer dans sa besace de la viande de sanglier fraîchement récupérée du matin même.

« J'espère que tu as faim ! Aujourd'hui, je te propose pic-nic au bord du Lac ! »

Mais l'engouement du jeune Chinoike ne semblait pas tout au fait au goût de l'Uchiha qui ne tarda pas à lui faire part de son manque d'appétit. Le pauvre n'avait semble-t-il pas l'habitude de telles sensations et ne manqua pas de lui en faire la remarque accompagné d'un léger rire. Il était vrai qu'avec le recul, Tsumi se rendit compte que son empressement avait peut-être été trop « violent » pour son jeune ami encore en convalescence. Cependant, cela ne l'empêcha pas de préparer tout le nécessaire à leurs futurs repas, posant la viande au creux de la neige immaculé. Mais pendant son office, Akira lui avait posé une question, faisant part de sa curiosité quant à ce don propre au Clan qui était le sien. D'abord, il fit mine de ne pas avoir entendu, non pas par crainte de dévoiler quoi que ce soit d'important, mais bien parce que dans le fond de lui-même, il n'aimait pas en parler. La manipulation du sang n'avait jamais été quelque chose dont le Renégat eut été fier, bien au contraire, son existence lui avait démontré qu'au plus il utilisait cette capacité, au plus le monde autour de lui semblait s'assombrir. Un constat qui l'avait poussé à se spécialiser dans un tout autre domaine, celui de son affinité primaire, le Raiton.

Quand enfin il eut le temps de remettre ses idées en ordre, il répondit tout naturellement à son camarade par un sourire. « Ca n'a rien de vraiment cool à mes yeux... D'habitude,  j'essaie de ne pas utiliser ce genre de techniques sans une bonne raison. Mais oui, elle a ses limites, celle de mon propre corps. C'est comme le Chakra, une fois qu'il n'y a plus de sang, c'est fini... Mais je n'aime vraiment pas cette partie de moi... » Malgré ses lèvres étirées, son œil unique ne laissait aucun doute sur la tristesse des souvenirs que ce genre de discussion pouvait réveiller en lui. Aussi il se releva, époussetant la neige qui s'était collé à son manteau, replongeant son regard dans celui de son compagnon. « C'est pourquoi je préfère utiliser ce genre de technique. »

D'un seul coup, des éclairs parsemèrent le corps du Borgne, éclatant de par et d'autres de ses membres, créant une sorte de bouclier électrique à toute attaque portée à son encontre. « Je préfère de loin être une lumière pour le monde, même éphémère, que la goutte de sang qui salît tout sur son passage. » Ses mains se levèrent, dévoilant ses avant-bras et la paire de griffes acérés qui les arboraient alors que deux petites orbes de foudre naquèrent de ses paumes. « Puis honnêtement, c'est tout de même plus jolie qu'une goutte de sang tu ne trouves pas ? » Sur ces mots il annula ses deux techniques, rabaissant les bras et se courbant pour attraper une gourde dans sa besace avant d'en saisir quelques gorgés puis la tendit vers Akira. « Et toi ? C'est quoi ton truc à toi ? »

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Le sourire de son camarade lui réchauffa le cœur. Ces moments étaient si rare que chaque rictus d'Akira suffisait à le plonger dans un instant de simple bonheur, si simple, et pourtant si cher à ses yeux. Le jeune garçon bougea ses mains et la magie opéra. D'abord inquiété par ce qu'il lui arrivait, il se laissa pourtant porter par le changement qui s'opérait dans son regard. Devant lui, le monde sembla changer, gagnant en intensité, en couleur et en beauté, comme si quelqu'un avait juxtaposé à son regard un filtre lui permettant de voir l'existence dans une infinie beauté. Il se surprit à voir des créatures inconnues qui dansaient allégrement au grès d'un vent peint de milliers de teintes aussi vive que la joie qui lui prit au corps. C'était tout bonnement merveilleux, hors du temps et bien loin de la réalité poussiéreuse du monde réel. Ainsi était le don d'Akira, celui de manipuler la réalité, de créer des illusions et d'y plonger son entourage. Une capacité que le Borgne avait, malheureusement, déjà vécu par le passé d'une manière bien moins agréable. C'était sans doute pour cette raison qu'il se sentait à l'aise à être plongé dans un tel mirage. Et à l'instar de Buntaro, le jeune Uchiha ne lui faisait voir aucun monstre. Nul démon ne se dessina à l'horizon, juste la beauté d'un monde parallèle où tout semblait possible. Le garçon venu d'ailleurs réussit à extirper un large sourire sur le visage de Tsumi alors qu'une autre chimère apparu, cette dernière semblait provenir de son ami et arborait l'apparat des démons, mais d'elle, ne s'échappait que bienveillance et beauté alors que peu à peu l'illusion s'effaçait, rendant au paysage sa beauté originel. L'animal révéla sa vraie nature, celle d'un canidé fait de foudre. Ainsi les deux camarades partageaient la même affinité primaire. Ce constat remplit l'âme du Renégat d'un profond sentiment agréable, comme si quelque chose se débloquer, quelque chose qu'il attendait depuis bien trop longtemps.

« C'est magnifique... Qui aurait cru que nous soyons si similaire toi et moi ? »

Une vérité qui, dans un autre contexte, aurait pu être les prémices d'une amitié parfaite, mais qui dans les faits, devait se plier à la haine et à la rancoeur de leurs Clans respectifs. Le chien disparu alors qu'Akira se dénigra, éveillant la colère du Chinoike qui ne partagea absolument pas son point de vue. Cependant, le début de remontrance qui naissait dans sa gorge se vit arrêter par une remarque des plus agréables. « Les plus sympas que j'ai rencontrées, hein... » Parlait-il de lui ? Secrètement, il l'espérait, bien que ce qualificatif n'était absolument pas celui par lequel ses paires parlait de lui. Il était le solitaire, l'antipathique, celui qui se bats sans envie, l'égoïste aimait à dire Hitagi. Repensant à cela, il se rendait compte à quel point cet autre qu'il avait sauvé, était plus proche de lui que tous les membres de son clan réunis. Cette pensée lui fit baisser les yeux, mais le jeune garçon reprit la parole, tirant Tsumi de ses abîmes.

« Le Sharingan hein... » siffla-t-il. Cette pupille haït des siens, était la raison par laquelle de nombreuses vies avaient péri. Pourtant, leur couleur était en tout point commun avec celle du clan du sang, une similitude qui mettait fou de rage Etsu lorsque quelqu'un s'avisait de faire une comparaison avec le Clan à l'éventail. Si proche et pourtant si loin. La réflexion du Borgne s'arrêta lorsqu'Akira lui fit part de son ressenti sur l'endroit, une remarque qui, sans filtre, provoqua un éclat de rire du Chinoike qui s'avançait alors vers son alter ego, posant ses mains sur ses épaules avant de le regarder d'un air amusé mais toujours avec bienveillance.

« Tu crois ça ? C'est que tu as encore certaines choses à apprendre mon ami... Je ne suis pas si doué que cela, mais il y a une chose que j'ai compris et que Konoha ne semble pas t'avoir apprise... Si tu le veux, je peux te l'enseigner. En fait, ce n'est pas une question. Si tu dois un jour retourner là-bas, je veux que tu puisses te défendre et vaincre n'importe qui en voudra à ta vie... Je tiens à ce que mon ami reste en vie. »

Etaient-ils cela ? Pour le pariât à son clan, ils l'étaient. Bien sûr, il avait conscience qu'un jour peut-être, il devrait partir et qu'il se passerai bien des mois, voir des années avant qu'ils ne se retrouve un jour. Pourtant, dans le cœur de Tsumi, naissait une vérité inébranlable, celle que lui avait soufflé le souvenir de Kaori et qui prenait alors tout son sens...

« Prêt à commencer ? La leçon numéro un c'est maintenant ! »

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