WTF WHY MUST YOU DO ME LIKE THIS NINJITSU [FT. MASAMI]

WTF WHY ... ?

Elle était furax. Otohime, pas Masami, fallait le préciser. Quand l’espèce de tournade rousse avait foutu le camp et démolissant le mannequin d’entraînement, y’avait quelque dans son visage qui le montrait bien. Ça faisait mal. Vraiment mal. Peut-être que la jeune femme ne s’était jamais fait destituée, mais elle savait ce que ça faisait perdre son équipe. Pour Otohime, que la petite Hatsumomo qu’elle avait jamais rencontrée, que Sanada et Mifuyu – une sacrée menteuse d’ailleurs autant garder ce commentaire pour soi – c’était la même affaire. On lui avait arraché quelque que chose qu’elle avait pris pour acquis et qu’elle aimait. Ça brulait le corps, ça brulait l’esprit et le cœur aussi. Oui, Masami pensait qu’Otohime était débile pis folle, mais … Cette douleur-là, elle ne la méritait pas. Quelques mots à ses autres équipiers et elle partait à la suite de la rouquine.

La petite maudite en avait de la jambe parce qu’elle avait quand même réussit à se rendre aux portes du village. Elle avait mal vraiment, mais ce n’était pas une raison pour déserter. Masami réussit à l’intercepter. Elle s’était mise devant sa partenaire dont le cœur et tous les rêves et tous les espoirs et tout ce qu’elle était venaient d’être réduit en petit morceau, comme après un bon travail de shurikenjutsu.

Et Otohime criait. À s’époumoner, à perdre la voix, à fendre les cœurs insensibles des shinobis expérimentés. Elle gueulait et gueulait et gueulait. Ça faisait mal aux oreilles, mais la Fuma ne bougea pas d’un poil. Elle l’écouta, sans broncher, en essayant de retenir ses propres larmes. Le drame de Baransu était encore récent pour elle et elle y avait tout perdu. Un peu comme Otohime juste là.

Mais Masami restait là, l’air un peu pataude. Un peu conne même. Elle pouvait rien faire, pas avant que la fille se calme d’elle-même. Pis ce fut à ce moment là que l’équipière toute cassée se cassa un peu plus. Après la crise, l’autoflagellation, mentale, puis physique. La tête dans le baril. Une fois, deux fois, trois fois … Masami perdit le compte. Rien qu’à la regarder ça faisait mal. Ça lui tordait les tripes, le cœur, tout. Elle n’aimait pas ça voir ça. Perdre de quoi … ça faisait trop mal. Surtout si on y tenait.

Même si la réaction d’Otohime est disproportionnée au moment, elle était clairement en accord avec la tornade d’émotion dans son petit cœur. Enfin, le baril explosa. Du sang. De la bile. Des larmes. Beaucoup de douleur. Toujours plus de douleur. Elle avait l’air tellement cassée, tellement irréparable.

« hey … Je sais que tu veux p’te pas m’entendre, mais, s’il te plait, penses-tu pouvoir m’écouter ? »

Masami profitait de ce petit moment de pseudo-calme pour glisser quelques paroles, espérant que l’esprit embrumé de sa nouvelle équipière serait capable de filtrer ses paroles.

« Je sais qu’on est pas proche toi et moi. J’vais pas faire à semblant. Sais-tu pourquoi je suis dans otn équipe ? »

Une autre pause. Lourde. Cette fois-ci. C’est Masami qui avait mal et pas pour l’autre fille. Pour sa propre histoire. Pour son gros bobo à elle, pour les souvenirs qui déchirait la toile qu’elle avait si précieusement construite pour se protéger …

« À Baransu, j’ai tout perdu. Mes deux meilleures, mes équipières sont mortes. Quand je suis revenue, ma prof voulait pu de moi. »

Encore une pause. Elle cherchait ses mots cette fois-ci.

« Sais-tu pourquoi je me bats ? Pourquoi je suis encore ninja ? Parce que je veux pu jamais vivre ça. Je veux devenir assez forte pour protéger tout le monde. Toi, est-ce que tu va laisser une p’tite niaiserie te mettre à terre ? Veux-tu te battre avec moi pis prouver à ton frère que t’es meilleure que ce qu’il pense ? Veux-tu qu’on s’entre-aide ? Veux-tu me donner une chance, à moi, de te montrer de quoi je suis faite ? »

WTF WHY ... ?

Elle était faite solide la petite. Masami ne pouvait pas le nier. Elle avait mal, mais au moins, là, elle pensait à se relever. C’était une bonne affaire. C’était une tristesse sans classe, sans grâce, un abime de douleur qui n’en finissait plus et pourtant, il avait quelque chose de naturel, de pas libre. Elle ne retenait rien, laissant couler ses émotions comme une cascade.

La Fuma pouvait respecter ça. Non, pas pouvait, mais respectait. Ils étaient rares ceux qui arrivait à se libérer ainsi et à accepter leurs émotions. Même elle avait encore du mal. Elle enterrait Baransu comme si sa vie en dépendait. Elle espérait oublier ses amies en sang, ou le visage de son ancien sensei lorsque l’équipe avait été dissoute. Bon, en même temps, ce n’était plus une équipe, mais c’était ça le problème.

La jeune femme se posa à côté de sa jeune équipière. Les mains balantes, pendant mollement au bout de ses avant-bras tendus dont les coudes reposaient maintenant sur les genoux qu’elle avait apportés contre sa poitrine. Ses yeux noisette fixaient toujours Otohime.

« Quand on devient ninja … on accepte qu’on est pu humain. Il faut qu’on soit parfait, irréprochable. Pis quand on meurt pour rien – parce qu’on le sait toutes les deux que c’est toujours pour rien – ben il faut qu’ils confortent nos familles. On est mort. On est pu ninja. On est pu des armes. On revient humain. Pis là c’est correct d’être triste pour des humains. »

Sa voix était basse, molle. Elle reconnaissait l’inhumanité de ce qu’elles étaient. La douleur que ça apportait. Elles n’étaient pas humaines, pas depuis qu’elles avaient pris leur bandeau. Masami l’avait appris à la dure. Mais voir sa cadette l’apprendre à cet instant-là, ce n’était pas facile.

La main droite, celle qui était la plus proche d’Otohime se tendit et se posa doucement sur son épaule, alors qu’elle répondait à son aveu, un peu plus doux que ses cris précédents.

« Si tu veux brailler, vas-y, j’suis là. Pis j’vais pas le dire à personne. »

Heureusement qu’elle avait un des petits frères, ça l’avait aidé à trouver les mots qu’elle voulait dire, les points qu’elle voulait apporter, mais aussi … ça lui avait appris à être là quand elle voyait quelqu’un dans cet état-là. Et, en cet instant précis, Masami ne voulait qu’une seule chose : faire qu’Otohime ne se ruine pas, qu’elle puisse retourner à son équipe. Une équipe c’était sacré, en tout cas, aux yeux de la brunette.

« Ben, tu sais, c’t’affaire de huit ans, a un grade de plus que moi aussi. »

Au commentaire d’Otohime, la chunin ne pu retenir cette phrase. Oui, elle savait que Mifuyu était en fait une petite vieille, mais c’était un fait indéniable qu’elle avait l’air d’une enfant faible et sans défense. Oui, c’était blessante de se savoir inférieur.

« Des fois, y faut se péter la yeule pour réussir plus tard. Faut se faire seccouer partout en baver jusqu’à être sec sec sec. Pis un moment donné … On reconnecte tout. On finit par apprendre ce qui nous manque. »

La voix de Masami restait basse, un peu blessée et aussi prise par la même émotion que sa jeune amie, après ce genre de discussion, elle ne pouvait pas vraiment la considérer autrement, n’est-ce pas ?

« Je suis certaine que cette équipe-là, elle va rester. Aujourd’hui t’es tombé, demain – métaphoriquement, hein – ben tu en reprendras la charge. J’en suis certaine. En tout cas, moi je vais rester. Je te le promets. »

WTF WHY ... ?

Otohime était fragile, finalement, contre toute attente. Et justement, il n’en fallait plus à Masami pour vouloir être là pour elle. Après tout, elle était l’aînée de trois frères, ça lui faisait toujours quelque chose de voir quelqu’un dans une telle détresse. Si un de ses frères – malgré leur mauvais caractère et mauvaises vannes – ce retrouvait dans ce genre d’état émotionnel, elle voulait que quelqu’un puisse les accompagner comme elle le faisait avec Otohime. Peut-être était-ce, au final, sa motivation ? Ou peut-être qu’en fait, elle s’attachait tout simplement à ces pauvres petits qui semblaient si perdus ? Qui pouvait vraiment le dire si elle-même ne pouvait pas ?

Ce qui était rassurant dans un sens, c’est que la rouquine semblait se ressaisir et, ce, même si elle avait encore l’air de sortir de Baransu. La jeune Fûma ne put retenir le sourire qui naissait sur ses lèvres. Se relever, c’était bien la meilleure chose qu’elle avait vu. Otohime était fragile, mais forte. Elle allait se relever plus haute, plus forte, meilleure. Masami n’en doutait même pas un instant. Elle écoutait sa cadette, les yeux un peu plus pétillants, lui tendant son poing en encouragement.

« Ouais, bien dit. Je sais que tu vas y arriver. Si tu veux demain on va au terrain d’entraînement et on se lance. »

Lorsque l’Uzumaki tituba en se relevant, la maîtresse d’arme lui tendit immédiatement un bras, prête à l’aider. Si physiquement elle se montrait là, elle voulait aussi que sa nouvelle amie comprenne qu’elle serait pour la soutenir tout le temps. Qu’elle serait là à chaque étape et qu’elle l’encouragerait.

« T’inquiète, je comprends »

Elle offrit donc un appui à sa cadette, avec une certaine fierté. Elle qui voulait devenir plus forte, toujours plus forte, elle qui n’avait d’autre désir que de garder en sécurité tout le monde voyait un nouveau sens à ce sa quête et elle comptait bien donner quatre cent pourcent d’elle-même pour y arriver.