Over the hills and far away [Train]

Il y eu d'abord la dévastation, ce sentiment de chaos qui remplit l'âme qui le poussa à ne plus croire en la beauté de la vie. Puis vint le sevrage, ce temps qui paraît infini, où le cœur se reconstruit peu à peu, comblant le creux immense que Kaori laissa derrière lui. Suivit l'intériorisation, et toutes ces fois où l'esprit flanche, se comblant dans l'autodestruction et la décadence la plus pure. S'écoulant sur une rage envers la vie et sa propre existence, l'oeil perdu sur un monde qu'il ne désirait plus, ne voulant qu'une seule chose : en finir.

Mais comme toute chose qui une fois au sommet se doit de tomber, les être perdues dans les abysses finissent tous par remonter un jour. C'était le cas de Tsumi, qui après une longue période sombre, retrouver un peu de sentiment que nous cherchons tous un jour : la paix. Il était revenu au domaine des Chinoike, embrassant à nouveau la lumière qu'il aimait tant contempler. Il avait prit conscience des ténèbres qui gisaient dans son cœur, de la noirceur de son âme et de l'omniprésence des ombres dont la puissance destructrice ne devait plus être porté à la lumière du soleil. Gravissant la plus haute montagne de l'Isthme du Gel, son esprit trouvait dans chaque pas la quiétude et l'accomplissement que pouvait procurer le renouveau. Bien trop de fois, il avait goûté aux noirceurs du monde, aujourd'hui il ne voulait qu'en quérir la beauté et la clarté. Et quoi de plus symbolique pour commencer une nouveau chapitre que l'ascension du Mont mystique que nul à part lui n'avait cherché à conquérir ?

Guidé par une force nouvelle, il grimpait toujours plus haut, dirigeant son regard vers le sommet immaculé qui le toisait avec toujours moins de ferveur au fil des heures. Il repensait aux derniers jours, à ces personnages hauts en couleurs qu'il avait pu rencontrer, à l'immensité du Sekai qui pouvait s'offrir à lui, à la promesse, qu'il avait bien failli bafouer par pur égoïsme et aux innombrables portes qu'il n'avait plus qu'à ouvrir. C'est lorsque le soleil atteint le Zénith et sous un ciel d'azur qu'il atteint enfin son objectif. Cherchant son souffle à cette hauteur délaissée des hommes, il contempla l'horizon qui se dessinait devant lui.

Jamais la vie ne lui avait paru si vivante.

Il resta là un temps, s'adonnant au moment présent, lâchant-prise sur toutes les choses qui faisaient partie intégrante de sa vie. L'avenir du Clan et le sien, ce qu'il adviendra demain, les problème du tout à chacun. Il réduisit l'existence à l'instant qu'il vivait et jamais, il ne se sentit aussi bien. Comme un ode à la vie, il hurla de toute sa voix vers les astres, se délaissant de tout le mal qu'il avait contenu en lui bien trop longtemps. Ses démons, ces ombres auxquelles il avait à chacune donné un nom, n'avait à cette seconde plus aucune emprise sur lui. Il était libre, se sentait en phase avec ce qu'il était et rien, ni personne ne pouvait le lui enlever.

C'est alors qu'une idée folle lui vint en tête. Et s'il dévalait cette montagne d'une seule traite ? Il connaissait la technique parfaite pour éviter tout désagrément funeste. Concentrant son chakra avec une aisance rare, il le concentra dans ses pieds, faisant naître deux flammes bleutés d'où s'extirpait quelques éclairs. Cette vision l'amusa. Bien qu'il fût du clan Chinoike, tout son être semblait se diriger vers son affinité primaire qu'était le Raiton. Loin du sang et des ombres, dans la clarté éclatante d'un éclair, son sourire jaillissait. Brandissant ses bras de par et d'autre de son corps, il se laissa basculer en avant vers la pente raide. Roulant dans la neige, il se laissa glisser sur le dos le long de la poudreuse glaciale qui lui parcouru le visage en de petits cristaux luisant au soleil. La sensation de vitesse contrôlé, la fraîcheur de la neige couplés à la chaleur du zénith lui procurèrent une joie intense et un bien-être profond. Mais son idée ne s'arrêta pas là. Prenant appuie sur un de ses pieds, il se redressa, parcourant à grande enjambés le long manteau neigeux.

Mais ce qui survint fut pour le moins imprévu. Car dans son euphorie, il se vit prendre par la vitesse. Ne pouvant s'arrêter, risquant de chuter contre un rocher, il continua à gagner en rapidité. La joie laissa place à un soupçon de panique, alors que la moitié du chemin jusqu'au pied de la montagne était déjà passé. Et dans une réflexion guidée par la panique, il se décida à puiser encore plus de chakra dans ses pieds, pensant qu'à force, cela finirait par le ralentir. Pourtant, plus il en utilisait, plus il se rendait compte qu'il prenait en vitesse. Pire, la flamme bleuté qui était jusqu'alors concentré sur ses pieds, finit par grandir de plus en plus. Longeant ses jambes, remontant le long de son buste pour finir par recouvrir entièrement son corps. C'était à rien y comprendre. Pourtant, il était sûr de focaliser son énergie uniquement sur ses membres inférieurs. Mais rien n'y faisait. Sa vélocité augmentait à vu d'oeil et soudain, une sensation nouvelle se découvrit à lui.

Il avait l'impression de voler. Comme si le sol se dérobait sous ses pieds et qu'il ne restait plus que la course, infinie et éternelle. Il sentait au plus profond de lui que s'il voulait, il pouvait continuer à courir pour toujours, que nul mur, nul océan, nul territoire ne serait assez vaste pour l'empêcher d'aller droit devant. La curiosité prit alors le pas sur la panique et l'entrain de Tsumi le poussa à emmagasiner encore plus de Chakra.

Et alors que le pied de la montagne s'annonçait dangereusement, que le vent parcourait sa tignasse immaculé et que le froid prenait encore plus d'ampleur... Il se laissa aller et sa course s'arrêta paisiblement aux abords du Lac Gelé. Essoufflé par ce qu'il venait de lui arriver, il se remémora chaque instant de ce qui lui paraissait comme encore quelque chose de tout bonnement incroyable. Etait-il possible que dans sa frénésie, il ait découvert un moyen d'augmenter sa vitesse ? Il en était persuadé. Au plus profond de lui, il pouvait entendre le chant de la liberté qui ne cherchait plus qu'à éclater au grand jour. Cependant, au vu de son état de fatigue, il préféra se poser quelques minutes, découpant chaque instant de ce qu'il s'était passé pour comprendre comment et surtout pourquoi, il avait réussi à briser ses propres limites.

« Tout à commencé lorsque j'ai utilisé la technique de Suimen Hoko No Gyo... Si je me souviens bien, elle consiste à emmagasiner du chakra dans ses pieds pour pouvoir adhérer aux sols instables. Pourtant, cela ne m'a pas empêcher de prendre plus de vitesse alors pourquoi ?... »

Soudain, la solution lui apparu comme une évidence. Sa concentration de Chakra avait été perturbé par la panique, ce qui avait permit au flux de se répandre sur tout son corps pour au final l'entourer totalement. Suivant ce début de piste, il se releva et fît les mudras nécessaire à la technique de marche. Pourtant cette fois-ci, et comme toutes les autres fois où il en avait usé, l'énergie qui découlait de ses pieds était un savant mélange de noir et de rouge. Cela ne correspondant en aucun cas à ce qu'il s'était passé au sommet, il ferma l'oeil, cherchant au plus profond de lui l'éclair qui avait jailli de son corps. Car ce n'était pas du flux propres aux Chinoike dont il avait besoin, mais bel et bien de celui de son affinité primaire. À force de méditation, il finit par ressentir une différence dans son Yin-Yang et lorsqu'il porta son regard sur lui-même, il vit enfin les flammes bleutés bordés d'éclairs espiègles.
Un large sourire s'afficha sur son visage alors qu'il se laissa envahir de Raiton, recouvrant son être entier de ce doux brasier électrique. Il était temps de se lancer.

Un pas après l'autre, il commença par prendre de l'élan, augmentant sa vélocité peu à peu, essayant de saisir chacune des variations qu'il pouvait ressentir en lui. Mais la distance qui le sépara du Lac s'amenuisa et il lui fallait concentrer plus d'énergie dans ses pieds. Et lorsqu'il le fit, et contre toute attente, tout se déclencha à nouveau. La prise de vitesse, la sensation de ne plus sentir le sol, la joie de peu à peu prendre son envol, tout y était. Plus il forçait, plus il allait vite et plus il concentrait de chakra et plus l'air semblait se fendre sur son passage. Toisant le bas mont qui se tenait devant lui, il se mit au défi de le gravir, ce qu'il fît sans grande difficulté malgré la pente abrupte qu'il arpentait et dont les irrégularités ne provoquèrent aucune gêne.

Filant au gré de sa course vers le sommet, son sourire ne quittait plus ses lèvres. Cette sensation de liberté et de vitesse pure devenait grisante, presque euphorisante tellement cela lui procurait un bien-être inégalé. Il n'était plus question de s'arrêter, qu'importait ce que cela pouvait lui compter comme Chakra et s'il devait finir sur les rotules, ce sommet, n'était pas la fin.

Son corps quitta le sol enneigé et il prit son envol dans un ciel dont le bleu n'eût jamais pareil éclat. Il venait de réaliser une prouesse hors-norme et profita de son vol plané pour profiter de l'horizon qui s'adonnait à lui. En son cœur, il se fit une promesse. Celle que plus jamais, ni rien, ni personne, ne le remettrait en cage.