Les contes de la tourbière Broca : La cabane au fond du jardin. [Entraînement]

Techniques à apprendre:

- Et même qu'une fois, il est venu nous voir !

- Allez les filles, laissez Sanada manger son poulpe, il est l'heure d'aller dormir.

- Mais noooon maman, en plus demain y a pas école !

Les triplettes de Kaede étaient déchaînées ce soir-là. Elles couraient et jouaient entre les quelques tables vides qui composaient la terrasse du restaurant préféré du soldat des Cinq. La cuisine y était simple. Trop simple pour les riches marchands et les bourgeois du port, mais elle portait en elle le réconfort des plats maternels un soir d'hiver.
La cuisinière ne servait que du poulpe grillé accompagné de divers plats de riz et de légumes. Ici, on ne servait pas la nourriture dans de la porcelaine fine, les tentacules n'étaient pas bien alignées, les boulettes peu régulières. Kaede, seule aux commandes de restaurant, de la plonge au service, ne pouvait pas se le permettre. Et cela était tant mieux pour les habitués. La devanture faisant bien plus boui-boui que maison d'hôte de luxe, peu d'étrangers s'y pressaient, à tort si on devait comparer la qualité de la cuisine seulement.

En cette douce soirée, Sanada était seul comme bien souvent. Quand il n'y avait que lui, la cuisinière laissait ses filles jouer dans la salle, c'était devenu une habitude et un rituel que les enfants n'auraient manqué pour rien au monde.
Alors qu'il dégustait son calumet pour digérer, Kaede vint le rejoindre, déposant une théière et deux chawan sur la table.

- Elles sont surexcitées depuis qu'elles sont revenues d'une balade avec leur professeur dans les marécages à l'ouest de l'île. Elles me parlent d'un homme de leurs tailles, mais adulte qui les auraient amusées avec des tours de magie. Un homme qui vit au pied d'un arbre en plein milieu des marécages. Ces enfants, ils en ont de l'imagination quand même.

- Et ben c'est même pas vrai que c'est faux ! Dit l'une d'elles. Le monsieur il était vachement fort en plus, plus fort que Sanada même !

- Il n'aurait pas eu grand mal ! Rétorqua le genin avec un grand sourire en faisant mine de frapper la petite fille à l'épaule. Mais je suis quand même beaucoup plus fort que toi ! Dit-il en se jetant sur elle, pour l'assaillir de chatouille.

- A...rette..en... plus....hihihihhi.... il faisait des éclairs tout comme toi.

Sanada arrêta ses guilis et le regarda avec surprise.

- Tu es sûre de toi ? Demanda-t-il soudain intrigué.

- Hm Hm. C'était très beau même ! Dit la petite fille d'un air sincère.

- Vers les marécages à l'ouest ?

- Oui, il faut s'enfoncer pendant longtemps, ça faisait un peu peur.

- Eh bien, j'irais vérifier cela dès demain. Dit Sanada d'un ton faussement accusateur en faisant un clin d'œil à la mère des petites.

En rentrant ce soir-là, il ne put s'empêcher d'être intrigué par cet homme qui vivait reclus. S'il maîtrisait réellement le raiton, cela était étrange qu'il ne soit pas affilié au village alors même qu'il se trouvait sur le territoire de la puissance politique des îles. Si c'était un ninja d'Uzushio, le fait qu'il vive aussi loin était un frein à sa disponibilité en tant que soldat pour le village militaire.
Bien curieux, Sanada décida de partir à la rencontre de ce soi-disant habitant du marécage dès le lendemain.

Le territoire du village était composé d'une myriade d'îles. La majeure partie d'Uzushiogakure cependant, dont l'habitation du jeune homme, se situait sur le plus grand bout de terre voguant sur l'océan.
Les autres atolls étaient reliés à la maison-mère par de longs ponts qui dominaient les flots. Certains étaient si larges et si épais que des stands de sucrerie et de boisson s'étaient installés dessus pour vendre leurs marchandises à la population bien obligée de passer par là pour rejoindre le centre-ville et le port de commerce. Un tout petit bout de terre à l'ouest marquait la limite du territoire du village, pas celle de la nation bien sûr. L'endroit n'était pas le plus accueillant, cachant une forêt de mangrove imposante et des marécages brumeux à toutes heures du jour et de la nuit. C'était aussi le royaume des crocodiles et des tortues géantes.

Étant encore genin, Sanada n'avait jamais dépassé cette limite seule en bateau. Le territoire du village était assez vaste pour le moment, et il ne voulait pas s'attirer les foudres de la hiérarchie, non pas par crainte de celle-ci, mais pour ne pas mettre la Sorcière de l'embarras.
Son avenir de surhomme ne tenait qu'entre ses scalpels, et rien ne devait faire obstacle au labeur des tisseuses, reines des destins ici-bas.

Il était déjà passé maintes fois au travers de ce marécage, d'abord pour s'entraîner sur les troncs noueux des arbres à moitié immergés, mais aussi en compagnie de Shun et des enfants dont il s'occupait ainsi qu'avec Haruka, lors d'une sortie entre amis. Jamais il n'avait vu un arbre perdu au milieu des courants d'eau et encore moins avec une cabane dessus. Tout cela faisait beaucoup trop "conte pour enfants" à son goût.

Techniques à apprendre:

Sanada se réveilla avec peine. Durant ces journées sans cours ni missions, il avait pris l'habitude de s'entraîner pour affiner sa connaissance et son expérience de l'art du combat. Cela faisait même des semaines qu'il n'était pas parti avec un ami ou avait flâné toute la journée sur son hamac en fumant son herbe, un bon bouquin entre les mains. Il avait envie de se relaxer, juste un jour, avant de reprendre le labeur imposé par les dieux.

Après une toilette fraîche et agréable, Sanada se dirigea vers le port pour emprunter, comme il en avait l'habitude maintenant, un des optimists mis à la disposition des élèves de l'académie. L'avantage de cette petite embarcation était avant tout sa maniabilité lorsque l'on était seul. Il aurait bien pu prendre une barque à rames pour travailler sa musculature et ses bras, mais son esprit n'acceptait pas de faire un travail que la nature faisait naturellement. Si le vent soufflait, c'était bien pour emplir les voiles et initier le voyage. Ne pas user de l'instrument des dieux aurait été un blasphème, voilà comment le jeune justifiait sa fainéantise dans ces cas-là.

Après quelques minutes de préparatifs, il partit donc dans la direction de ce fameux marécage. En cette journée ensoleillée, l'entrée dans la zone n'était pas aussi terrible qu'à l'accoutumée. Le voile de brouillard qui planait au-dessus de la surface en permanence était léger, si bien qu'on pouvait voir à plus de cinquante mètres en plein soleil, ce qui était assez rare pour le mentionner.
Pourtant, aussitôt, qu'il engagea son petit navire dans un bras de mers traversant la forêt de mangrove, la luminosité baissa instantanément. Si Sanada n'avait pas traversé ce domaine plusieurs fois, il aurait été inquiet d'une telle chute de la lumière. Mais ce n'était que le feuillage, tellement touffu qu'il interdisait au moindre rayon de se jeter dans les racines noueuses de la forêt.

Sanada abaissa légèrement la voile pour diminuer la vitesse et pouvoir éviter avec précision les racines qui s'étendaient parfois sur des dizaines de mètres. Traverser la forêt ne mettait que quelques minutes, à la lisière ouest, l'île qui trônait à côté définissait le territoire que les genins ne pouvaient pas dépasser. Avec ces informations en tête, il ne comprenait pas comment les petites, qui n'avaient sûrement pas quitté le territoire du village avec un adulte seulement pour accompagner une classe, avaient pu rencontrer un homme. Mais alors qu'il allait continuer son chemin sur le bras principal, il distingua sous un tas de feuilles, un autre bras de mers, bien plus petit, qui s'enfonçaient dans la mangrove.
Il dut enlever la dérive qui semblait toucher des racines pour passer, mais après quelques minutes de lutte, il naviguait sur un nouveau chemin. Le soldat des Cinq aimait le voyage et encore plus en bateau, découvrir un nouveau pan du village était toujours un réel plaisir. Il alluma son calumet et continua le chemin en s'émerveillant de la nature alentours. Après tout, il avait le temps.

Techniques à apprendre:

Plus Sanada s'enfonçait sur le petit bras de mer, plus l'eau devenait trouble et verdâtre. La végétation était telle que les branches formaient des milliers de pont entre les deux rives espacées d'à peine quelques mètres. Chaque seconde, Sanada devait fendre le bois avec son kunai, les branches lui griffant le corps et le visage.
Le jeune homme avait l'étrange impression que personne ne le voulait ici, les arbres, l'eau, les insectes.
Après ce qui lui parut être une éternité, il déboucha enfin sur une petite clairière aqueuse qui s'ouvrait sur l'océan et l'horizon.
En son centre, un tout petit bout de terre portait difficilement un arbre tortueux qui ne ressemblait pas à l'espèce majestueuse qui composait l'ensemble de la forêt. Cet arbre au milieu de l'eau dénotait encore plus du fait de la petite cabane qui était construite contre le tronc, une partie de l'habitation semblant continuer dans l'arbre même.

Aussi étonné qu'il était intrigué, Sanada se leva, porta les deux mains à sa bouche et cria pour prévenir de sa présence. Il recommença plusieurs fois, mais le silence régnait après sa voix et personne ne lui répondait. Pendant ce temps, l'embarcation avait eu le temps de s'approcher de la motte au milieu du marécage.
Sanada attacha le bateau avant de sauter sur la terre presque ferme. Après une seconde d'hésitation, il se rapprocha de la cabane. Faite d'un bois aussi noueux que l'arbre, elle paraissait bien petite pour un homme. La porte arrivait à l'épaule de Sanada qui n'était pas minuscule, mais n'était pas un colosse non plus.

Il tapa à la porte une fois. Toujours rien.

Enfin convaincu qu'il ne s'agissait qu'une d'une cabane abandonnée pour enfants, il pénétra dans la petite maisonnette.

Les meubles étaient rustiques, tous en bois sombre, mais plus encore, ils étaient petits. Sanada regarda autour de lui pour tenter de comprendre pourquoi il venait de pénétrer dans un monde miniature, absorbé par ses pensées, il voulut sortir son calumet, oubliant qu'il était dans une pièce plus exiguë qu'une cabine d'optimist et reversa une petite casserole qui chauffait sur le poêle.
Le métal brûlant lui écrasa le pied avec fracas. Le jeune homme hurla à la mort, se tenant les orteils en sautillant, ce qui lui fit heurté le toit de la tête.

- Qui va là ? S'écria une grosse voix d'homme tandis que des petits pas semblaient courir dans l'arbre.

- Bonjour ?

Un homme apparut en sautant du tronc qui était creux, en plein milieu du petit salon. Son corps était bardé de tatouages et de piercings en tout genre, il semblait avoir un peu près la trentaine. Il portait un pantalon bouffant violet et pas de chemise, dévoilant une musculature dessinée. Le seul fait véritablement notable chez l'étranger était qu'il mesurait un peu moins d'un mètre. Son visage était assez banal, souligné par un teint mat et de grands yeux marron.



Sans même une sommation, le propriétaire de la maisonnette se jeta sur Sanada. Celui-ci se prépara à éviter, mais dans un si petit espace, cela allait s'avérer compliqué. Ses minces espoirs furent réduits à néant quand une vague de foudre émana du petit ninja, blessant légèrement le soldat des Cinq tout en le ralentissant. Dans son saut et avec une dextérité qui forçait l'admiration, l'assaillant s'empara d'un bâton de bois posé sur la table et l'abattit sur le crâne du jeune homme qui se retrouva sonné pour la deuxième fois en peu de temps. Sous l'effet des éclairs qui nimbaient toujours l'homme et son coup, Sanada recula jusqu'à sortir de la maisonnette, non sans la faire trembler un petit peu.

- Je suis désolé. Dit-il en essayant de se protéger tant bien que mal de la prochaine attaque.

- On t'a jamais dit que rentrer chez les gens sans leur accord est malpoli ?

- Si, mais j'croyais qu'il n'y avait personne. Rétorqua le jeune homme en se relevant doucement pour ne pas montrer de signe d'agressivité.

- Tu veux quoi ?

- Rien, des petites m'ont parlé de vous, alors ma curiosité m'a mené ici ?

- Ah. Dit l'homme qui semblait enfin se calmer. Bon ben voilà, tu m'as vu. Je sais que certains au village pense que je suis une fable, mais non, j'existe. Allez dégages.

- C'était quoi la technique que vous venez d'utiliser ?

- Flux de foudre. Un ninja du village devrait connaître ce genre de chose.
- Je ne suis pas encore très expérimenté, et il n'y a pas beaucoup d'utilisateurs de raiton en centre-ville.

- Ah. Faut dire que je vais pas beaucoup au village.

- Vous faites quoi ? Demanda Sanada qui tentait d'inverser la première impression afin de se faire enseigner cette technique.

- Ca se voit pas ? Je surveille l'horizon et fais mes rapports au village. Je suis gardien d'un avant-poste si tu préfères. Maintenant, dégage, je dois surveiller le large. Dit-il.

Sans un autre mot, il s'installa dans un hamac, une tige de roseau entre les dents, et s'endormit aussitôt, brisant les vrombissements des insectes par ses ronflements réguliers.

- Monsieur ? Essaya Sanada. Vous pourriez m'apprendre cette technique ?

Le petit être ouvrit un œil dédaigneux qui regarda le genin des pieds à la tête avant de se refermer.

- Non. Dit-il simplement.

Sanada allait repartir en se massant les muscles quand il entendit une voix.

- Ou plutôt pourquoi pas, mais tu vas me nettoyer la baraque. Vu le foutoir que tu as mis, c'est la moindre des choses en compensation. Ensuite, si tu réussis à esquiver un de mes coups. Je t'apprendrai le flux de foudre.


Le genin s'exécuta. Au vu de la couche de poussière, cet homme n'avait pas fait le ménage depuis des lustres et le "bazar" provoqué par Sanada sonnait comme un prétexte pour exploiter au mieux le jeune homme.

Après des heures de tâches ingrates, Sanada revint vers le Lilliputien qui faisait un somme.

- Et la frontière du village ? Demanda Sanada pour réveiller le petit homme.

- Non mais tu vas la fermer oui ? Je faisais un beau rêve bordel.

Passablement énervé, il se leva pour se placer devant le soldat des Cinq. Les sommations ne devaient pas être son genre, car encore une fois, il attaqua sans crier gare. Activant cette aura électrique qui handicapait tant Sanada, le guetteur sauta pour être à la hauteur du visage de son élève du jour et se mit à tourner. Sanada fut alors expulsé par un coup de pied hors de l'île. Atterrissant lourdement sur l'eau avant de sombrer entre les nénuphars.

Le souffle encore partiellement coupé par l'assaut violent du petit gardien, il remonta à la surface.

- Tant que tu ne pourras pas esquiver cette attaque, je ne t'apprendrai rien, et je ne veux pas que tu mettes les pieds sur mon île, Dis aux autorités que je n'ai rien à signaler, ça m'évitera un voyage inutile. C'est de la part de Momotaro. Dit le gardien avant de rentrer dans sa cabane en claquant la porte.

- "Je ne veux pas gnagnagna..." Argua Sanada en caricaturant de façon grotesque Momotaro alors qu'il nageait vers l'optimist.

Techniques à apprendre:

Plusieurs jours et contusions plus tard, Sanada tentait de dormir sur son hamac malgré les courbatures et les hématomes. Il avait assisté à tous les cours de taijutsu de l'académie pour pouvoir améliorer sa vitesse et son esquive. Il avait même décrit la technique au professeur qui en avait déduit que cela devait être la "bourrasque de feuille", une technique puissante de taijutsu et accessoirement le coup signature du petit ninja qui était bien connu de l'enseignant.
Malgré tous ses efforts cependant, chaque fois que le professeur usait de la même technique, il se faisait avoir et prenait le talon en plein visage, juste avant de voler vers le mur.
Il avait beau chercher à comprendre comment échapper au coup, la vitesse d'exécution et la force de ceux qui avaient dédié leur art à la maîtrise parfaite du corps surpassaient ses réflexes. Face à la force des rotations qui variaient juste avant le coup, il ne pouvait rien.

Il avait pris l'habitude de s'entraîner contre un de ses clones, mais celui-ci avait son piètre niveau au corps-à-corps et cela ne donnait vraiment pas grand chose. Dépité, il repartit vers le restaurant de Kaede pour finir la soirée avant de rentrer dormir.

L'échoppe était presque vide à cette heure-ci, et Sanada pouvait savourer son dîner avec les triplettes, comme il en avait l'habitude. Il faisait souvent des techniques pour amuser les fillettes, et ce soir-là, elles réclamaient leur numéro préféré.

- Allez le bonhomme qui existe pas vraiment. Fais nous le Sanada fantôme. Il est drôle.

- Bon d'accord, d'accord, mais attention hein, on ne le touche pas. On lui jette des trucs, c'est tout.

- Ouiiiiiiiiiii ! Répondirent les sœurs de concert.

Sanada créa donc un clone d'orage. Cette réplique avait pour particularité sa nature intangible qui le rendait insensible aux coups qui ne faisaient que le traverser, dévoilant alors une silhouette à l'allure nébuleuse, composé de nuages. Les petites adoraient jeter des objets sur le clone, qui devait se laisser faire, forcé par l'original qui buvait son thé avec la mère des lapidatrices.

Le clone regarda une seconde son créateur d'un air désabusé avant de recevoir une orange en pleine figure. Celui-ci ne bougea pas d'un iota et le fruit traversa sa tête sans faire de dommage.
Cette drôle de situation donna une idée au soldat des Cinq et dans la précipitation, il faillit renverser le liquide chaud sur son kimono.

- Attention enfin, tu vas te brûler ! S'exclama Kaede en s'empressant d'aller chercher un tissu pour éponger le liquide sur le sol.

- Excuse-moi. Tes filles sont des génies ! Cria-t-il en partant vers les terrains d'entraînement au pas de course.

Là-bas, il créa un nouveau clone, de foudre cette fois-ci. Il lui confia des pierres avant de se placer à une dizaine de mètres de lui.

- Vas-y balance ! Dit Sanada à sa réplique.

Son intention était simple. S'il arrivait à reproduire l'intangibilité de son clone et des nuages ne serait-ce que quelques secondes, il serait à même de ne "pas être touché" par Momotaro sans avoir besoin de l'esquiver. Cette technique pouvait se révéler très utile et complémentaire avec la technique signature du lilliputien qui handicapait le combat au corps-à-corps.

Bien entendu, avoir une idée ne signifiait pas la réaliser en ninjutsu. La pratique ne suffisait pas. Il fallait comprendre le processus pour y appliquer les mudras nécessaires. Dans ce cas, ils se devaient d'être rapide et fugace. La technique devait pouvoir être utilisée promptement pour ne pas devenir inutile. Le clone prenait apparemment un malin plaisir à caillasser le soldat des Cinq et, lorsqu'il rentra ce soir-là, il avait encore plus de bleus. Il n'avait pas beaucoup avancé, mais sentait que son chakra était capable d'une telle prouesse. Après une longue prière aux dieux. Il s'enfonça dans le hamac sous le toit étoilé de la cité des îles.

Techniques à apprendre:

De longues heures de labeur durent s'écouler avant que Sanada arrive à transformer une infime partie de son corps en une matière intangible. L'exercice était difficile et périlleux. Le jeune shinobi devait placer une quantité effroyable de son chakra ranton à l'endroit exact où le coup touchait. La zone ne s'étendait pas à plus d'une trentaine de centimètres, il était donc crucial d'avoir le bon timing et de viser le bon endroit.

C'est pourtant avec motivation redoublée que le soldat des Cinq prit le chemin de l'île au milieu du marécage. Il s'était entraîné depuis des semaines, réalisant le jutsu sur toutes les parties de son corps, que ce soit contre une balayette ou un coup de pied volant retourné, il avait la parade, ou plutôt l'esquive adéquate.

Lorsqu'il arriva, le dénommé Momotaro était allongé de tout son long sur une des majestueuses branches de l'arbre, ses ronflements sonores résonnaient dans toute la clairière aquatique. Sanada s'éclaircit la gorge pour indiquer sa présence.

- Tu crois que j'ai pas entendu ton épave arriver jusqu'ici ? Mais tu es vraiment très con ma parole.

- Je suis venu pour vous prouver que je peux éviter votre coup et apprendre le flux de foudre. C'est votre parole.

- Tu as le don de venir m'emmerder pile quand je fais la sieste toi, alors que je passe mon temps à travailler, c'est un comble.

- Bien sûr ! S'exclama le jeune homme qui oublia toute bienséance.

- Quoi ? Tu oses remettre en cause ma bonne foi ? Dit Momotaro en ne relevant que le buste.

- Non, non, c'est pas ce que je voulais dire...

- Raiju Resura Bunshin ! répondit Momotaro avant de se recoucher.

Sanada connaissait les clones de foudre, mais celui du gardien semblait avoir une nuance qu'il n'arrivait pas à saisir. Il savait qu'il s'agissait d'un clone solide qui pouvait frapper au corps-à-corps, et se prépara donc pour l'assaut.

La réplique du lilliputien regarda sa proie d'un air satisfait avant de s'approcher en marchant.

- Je vais te faire une fleur et je vais même t'indiquer quand je vais frapper. Tu es prêt ? Un, deux...

Momotaro s'éleva en l'air comme la première fois. Sanada fut surpris de voir clone de foudre effectuer une technique de taijutsu, cela lui fit perdre quelques précieux instants, mais il réussit à composer les rapides mudras qu'il avait créés. Il plaça son chakra dans sa poitrine, car il misait sur le même coup que la première fois, mais, à sa grande stupeur, le petit ninja tourna sur lui-même et ne déclencha le coup que lors de la deuxième rotation. Il était en train de redescendre et, au lieu de toucher le torse du citadin, son talon percuta le foie du jeune homme, l'envoyant valser dans les nénuphars alors qu'une douleur lancinante apparaissait.

- Tu es nul. Allez, je te laisse encore un essai. Et cette fois-ci, ne me déçois pas ! Cria Momotaro à celui qui voulait être son élève.

Sanada nagea avec difficulté et rentra plié en deux jusqu'au village. Il eut des nausées toute la nuit et cela dura plusieurs jours. Il ne pouvait rien avaler, pas même l'eau. Transi et suant dans son hamac, il se refusait d'aller voir Mifuyu. Il fallait qu'il avance seul, qu'il lui montre qu'elle pouvait compter sur lui pour l'affrontement qui venait.
Malgré son génie et son expérience inégalée, elle ne pouvait pas lui apprendre les nuances de l'orage et approfondir son savoir dans l'art de manier la foudre.

Il profita de ce repos forcé pour lire en fumant sa pipe, seul aliment extérieur que son corps acceptait encore, et affina sa pratique des mudras nécessaires à l'invocation de la technique 'le corps de l'orage" comme il l'avait nommé. Il savait que pour être totalement efficace, il se devait d'étendre la transformation à tout son corps. Ce n'est qu'en imitant que le clone d'orage qu'il allait pouvoir, comme lui, devenir parfaitement intangible. Les séances reprirent dès que l'androgyne fut sur pied. Allongé, il s'était entraîné à rendre des plus grandes parties de son corps impalpables. La dose de chakra était la bonne, il le sentait, c'est la maîtrise de sa diffusion dans le corps qui faisait encore défaut au jeune homme. Et s'il avait appris une chose avec la sorcière, c'est que la maîtrise venait avec la pratique.

Des jours durant, il ne se consacra qu'à cette technique qui pouvait en fin de compte se révéler tout aussi utile que le flux de chakra qui motivait ses recherches. Plus il approfondissait le corps de l'orage, plus il se rendait compte des possibilités qu'offrait cette capacité. Maintenant qu'il arrivait sans problème à dématérialiser son avant-bras, il l'avait jeté dans une serrure et avait senti son membre se glisser au travers des verrous et être ballotté par la brise de l'extérieur. Il pouvait donc, théoriquement, user de celle-ci pour se faufiler dans des endroits impossibles pour le corps humain, ou bien même se libérer d'une entrave physique, aussi sophistiqué soit-elle du moment qu'elle n'était pas hermétique.

Toutes ces hypothèses le traversaient alors qu'il fumait tranquillement allongé sur son toit végétal. Il se demandait si, au fond, Momotaro n'avait pas fait tout simplement pas fait cela pour qu'il s'améliore.

Techniques à apprendre:

Le corps de l'orage nécessitait une dépense de chakra qui n'était pas anodine pour le jeune homme. De ce fait, il ne pouvait tenter des dizaines d'essais par jour, alternant la pratique avec une étude approfondie des théories en vogue sur le ninjutsu.
Plus Sanada se plongeait dans le monde de la maîtrise des éléments, plus cette branche de l'art shinobi le passionnait. Il repensait à l'attitude obsessionnelle de Hatsumomo vis-à-vis de la médecine, ou encore l'acharnement avec lequel Haruka planchait sur le fuinjutsu, il comprenait enfin ce que signifiait l'excitation de la question, la passion de la recherche, et la jouissance du savoir qui en résultait.

S'il ne trouvait pas des tonnes d'informations sur son godai, qui semblait être un don peu partagé par ses contemporains, une multitude d'ouvrage existait sur le raiton. Le flux de foudre était d'ailleurs une technique assez connue du monde shinobi et partagé par les ninjas usant du raiton en combat. Mais Sanada n'avait pas envie d'apprendre la technique par ce biais. Le lilliputien lui avait lancé un défi, il se devait de le relever.

Avec acharnement, il sculpta son chakra jusqu'à ce que celui-ci recouvre l'entièreté de son corps. En contrepartie, il semblait perdre son apparence normale pour se transformer en une silhouette bleutée parcourue de flash électrique. La discrétion n'était pas au rendez-vous, mais on ne pouvait pas tout avoir.
Il demanda à son clone de foudre qui tenait sa chandelle depuis presque une heure de lui lancer les petits pépins qu'il avait amassés dans ce but. Non seulement cela faisait moins mal que les pierres, mais, en plus, son clone semait les graines des prochains arbres fruitiers qui allaient compléter son jardin.
Il passa ainsi plusieurs jours reclus sur son toit, avec son clone de foudre pour bourreau, et son clone d'orage comme cobaye pour seule compagnie. Il arrivait maintenant à transformer son corps, ne restait plus que la vitesse d'exécution de la technique à peaufiner. Sanada s'entraîna donc à diffuser ce chakra ranton si particulier dans chaque cellule de son organisme, celle qui se transformait contaminait les voisines, ce qui provoquait une réaction en chaîne qui augmentait grandement la rapidité avec laquelle son corps s'altérait.

Au bout d'une semaine, il parvenait à effectuer la technique rapidement tout en la maintenant assez longtemps pour être sûr d'échapper aux petits projectiles. Il ne restait plus qu'une chose à tester, le coup de pied de Momotaro.

C'est à l'aube que Sanada emprunta un optimist pour s'enfoncer dans les marécages. Il se disait que si le gardien faisait la sieste toute la journée, c'est qu'il surveillait la côte de nuit, à la recherche d'une lueur dans l'obscurité qui trahirait une présence. Pourtant, lorsqu'il arriva, le ridicule bout de terre était tout aussi calme et paisible que les dernières fois.

Le jeune citadin accosta puis s'approcha de la porte pour tenter d'y glisser un coup d'œil.
Dans le salon, il n'y avait pas âme qui vive. L'intrus ne voulait pas d'un désastre comme les deux dernières rencontres, il se contenta donc de sortir la canne à pêche qui était présente dans tous les bateaux de l'académie et s'assit au bord de l'eau, la fumée de son calumet brisant l'horizon bleu. Il attendit ainsi longtemps, très longtemps.
Le soleil avait dépassé son zénith quand le petit homme sortit enfin de son terrier. Baillant ostensiblement, il regarda Sanada en se frottant les yeux.

- Bordel, la gonzesse est revenue !

- Je suis un homme. Je sais que vous le savez.

- Tu es une tanche. Je t'entraînerai pas. Quel genre de pignouf met dix ans pour esquiver un coup de pied.

- Le genre débutant. Rétorqua Sanada qui finissait par perdre patience devant l'impolitesse du gardien.

- Débutant, mais nul. Et j'entraîne pas les nuls moi, et encore moins les gonzesses.

- T'as bien raison nabot. Dit Sanada maintenant hors de lui.

Pour seule réponse, Momotaro s'élança vers Sanada avec tellement de puissance qu'un trou se forma dans le sol. Comme à l'accoutumé dorénavant, il pivota lorsqu'il fut à la hauteur du visage de Sanada. Celui-ci ne savait pas quand le coup allait partir. Un tour ? Deux tours ? Trois tours ? Ce spécialiste de taijutsu affinitaire était imprévisible.

Le soldat des Cinq tenta de faire le vide et composa les mudras. Quand le ninja allait frapper n'importait peu, il fallait qu'il se transforme avant l'impact, la technique était assez longue pour assurer l'esquive, pour peu que cela marche.
Sanada laissa son chakra ranton prendre possession de ses cellules alors que la sensation de mettre son âme à nue dans la froideur du monde l'envahissait. Il observa le pied arriver vers lui, mais ne bougea pas d'un iota. Cela était difficile, les réflexes humains luttaient contre cette aberration, mais il fallait qu'il tienne.

Avec une vitesse et une force qui l'aurait sûrement mis ko cette fois-ci, le pied traversa la joue de la silhouette qu'il était devenu. Ne trouvant pas plus de résistance dans ce corps devenu fantomatique que dans l'air, le pied continua sa course, déstabilisant légèrement Momotaro qui ne s'attendait décidément pas à cela.

- Bien joué Sakura. C'est quoi cette technique ? S'exclama-t-il en souriant de ses dents jaunâtres.

- C'est du ranton, le corps de l'orage plus précisément... Nain de jardin. Dit Sanada pas peu heureux d'avoir réussi son coup, pour une fois.

- Allez, reviens demain, j'ai eu une grosse semaine, je me repose aujourd'hui.

- Encore ? Demanda Sanada outré par la nonchalance avec laquelle ce gardien faisait son travail.

- Quoi ? Tu as vu des Sunajins t'assassiner dans ton sommeil ? Non ? Ben voilà, c'est que je fais bien mon boulot. Allez danseuse, du balai.

Sanada ne rétorqua pas cette fois-ci, il avait eu ce qu'il voulait, il pouvait bien attendre une nuit, surtout que l'après-midi allait lui servir à peaufiner sa maîtrise du corps de l'orage. Imaginant la route qu'il lui restait pour devenir un shinobi mondialement réputé pour son ninjutsu, il eut un sourire. Elle était longue, mais il avançait.

Techniques à apprendre:

- Bon un tout petit peu. Alors on en étais où ?

- Sanada il avait trouvé le monsieur ee le monsieur il allait lui donner une arme pour protéger le château des vilains.

- Nan t’as inventé menteuse !

-Il avait même pas une arme.

- Si, même que c’était une épée !

- ON M'ÉCOUTE ! S’écria Kaede pour mettre fin au débat. Oui donc voila.

"Kintaro le petit nuage était occupé à chasser les fées qui virevoltaient entre les nénuphars et les fleurs arc en ciel. L’endroit était baignée d’une lumière dorée, chaleureuse, qui réchauffe comme un bon lit un soir de tempête. Sanada était avec Momotaro qui faisait classe à son nouvel élève ainsi qu’à un chien, un singe et un faisan. Avec la patience et le don d’orateur qu’on lui connaissait, Momotaro apprenait au faisan comment nettoyer ses plumes de feu et d’or, comment le chien devait aboyer pour écarter les intrus tout en restant polis, comment, enfin, le singe devait monter à l’arbre. Tous les animaux de la forêt magique venait au moins une fois dans leurs vies pour parfaire leurs arts. Le rossignol venait apprendre à chanter, le poisson améliorait sa vitesse et ses sauts dans les vagues, les fourmis venait acquérir le don du travail acharné…."

Les filles dormaient, sans doute assommées par la longue liste que venait de conter leur mère.

Plus de descriptions la prochaine fois, n’oublie pas, becasse. se dit-elle en rigolant. Elle souffla sur les bougies qui éclairaient la pièce au dessus de l’échoppe et laissa le bruit du port qui ne dormait jamais, lui, les bercer pour une nouvelle nuit.

Techniques à apprendre:

- Agh ! Satanés moustiques, ils infestent les roseaux aux alentours ! Ce serait pas une mauvaise idées de désherber autour de cette motte de terre.

- Comment tu traites mon île petit con ? Allez, en place.

Sanada passait un sale quart-d’heure, Momotaro était le genre de prof qui ne s’embarassait pas de la théorie. Il avait simplement fait la démonstration des mudras, qui étaient très succincts, et s’était mis à le tabasser en bonne et dû forme.
Malgré sa taille, le shinobi avait une force colossale et chacun de ses coups sonnaient le jeune homme pendant plusieurs minutes.
Le flux de foudre semblait demander au corps le contraire du corps de l’orage. Si dans la technique ranton son chakra devait être diffusé de façon homogène en soi, le flux de foudre, lui, était une extériorisation de la force divine. Son champ d'action était admirable s’il se fiait à l'exécution du gardien de l’île, son efficacité redoutable, surtout pour un ninja comme lui qui avait une faiblesse contre le combat rapproché. Ainsi, il voyait la puissance et le potentiel de cette technique du point de vue de la victime. Malgré la différence évidente de vitesse, ou tout simplement de niveau, Momotaro ne paraissait pas lésiner sur les moyens pour entraîner le soldat des Cinq.

Mais Sanada était loin du compte, le ninja n’avait jamais autant retenu ses coups.

Assailli par les petits membres qui donnaient pourtant l'impression d’êtres des troncs sur un homme, Sanada tentait tant bien que mal de faire jaillir l’aura électrique comme il l’avait vu tant de fois depuis ces derniers jours. Les éclairs qui nimbait le corps tout en muscles de Momotaro était presque constant. Ils gardaient bien sûr la fugacité de la foudre, mais dès qu’un arc bleu disparaissait, un autre réapparaissait quelques centimètres plus loin. Sanada se concentra alors que le pied de momotaro allait s’écraser sur le nez de Sanada, mais il ne parvint qu’à dégager une aura si minuscule qu’il eut lui même du mal à la voir. Une seconde plus tard, il recevait le geta de son professeur en pleine face, lui ouvrant la lèvre alors qu’une marque rouge de l'exact forme des sandales s'exprimait en rouge sur ses traits efféminés.

- Elle est pas immédiate la technique couillon. Le flux de foudre va handicaper ton adversaire, mais s’il est déjà au corps à corps et en train de lancer un coups, ça ne changera rien. Il faut quelques instants à la foudre pour glisser le long de la peau et pénétrer les muscle.

- On dirait un truc dégueu quand vous en parlez.

- Ta gueule et en place.

Le jeune homme tenta de se concentrer pleinement. Comme le corps de l’orage, le timing de l'exécution jouait un rôle primordial. Mais si l’effet de l’un était immédiat, transformant le corps du jeune homme en une forme bleutée et intangible, l’autre demandait un effort constant pour préserver l’enveloppe charnel de l’utilisateur tout en condamnant l’adversaire.
Les éclairs se devait de rester concentrés en un centre stable, ce qui produisait une aura durable dans le temps et donc, efficace.

Cela lui rappelait le kanashibari dans un sens, et, fort de son expérience en ninpo et raiton, le soldat des Cinq emmagasinait les expériences pour les comparer à son savoir encore mince.
Momotaro revint à l’assaut. Sanada devait se concentrer chaque fois pour ne pas utiliser le corps de l’orage. Avec, pas besoin de bouger à une vitesse folle, pas besoin de comprendre et contrer l’angle d’attaque, il suffisait de disparaître de la matière, d’emprunter, l’espace d’une seconde, la forme même des nuages. Cette fois-ci, le professeur avait choisi de varier ses attaques. Il visait les jambes du jeune homme, pour saper sa vitesse et sa capacité d’esquive, et y arrivait sans trop de mal.
L’élève avait beau répéter le peu de mudras nécessaire pour créer l’aura électrique, Momotaro ne semblait pas gené ou ralenti par celui-ci.

Épuisé, il avala le maigre dîner sans toucher au faisan qui trônait au milieu de plateau. Il n’aimait pas la viande, et encore moins cette carcasse d’oiseau décharné. Momotaro le partageait avec un petit shiba qui vivait avec lui. A ses côté, l’animal avait l'air d’un lion tant la différence de taille n’était pas si grande. Sanada ne voulait pas s’en approcher, ce n’est pas qu’il craignait les chiens, mais celui-ci puait. Une odeur si nauséabonde qu’elle suffit à fermer définitivement l’estomac du jeune homme.

- Je vais rentrer. Dit-il. Je reviendrai demain.

- Tu veux pas dormir sur le hamac ?

- Non, non merci, je dois voir un de mes professeurs à la première heure.

Bien-sûr il mentait, mais il préférait être jeté dans le royaume des Kaigan, l’océan de sable, plutôt que de passer la nuit dans cet enfer d’insectes et d’humidité puante.

Malgré tout, porté par l’envie de puiser un peu plus dans le savoir du monde, il arriva à l’aube le lendemain.

Techniques à apprendre:

Sanada attendait déjà depuis plusieurs heures. Le lilliputien ne semblait pas vraiment avoir d'horaires, ou l'once d'une discipline. Il pouvait se lever aux aurores comme pas du tout, cela dépendait de son envie.

Lorsqu'il apparut, le soleil était déjà en train de redescendre vers l'horizon. Sanada s'était entraîné toute la journée. Le flux de foudre semblait moins gourmand en chakra que le corps de l'orage, et pourtant, il n'était pas plus simple à maîtriser, au contraire.

Si la compréhension du ranton semblait être viscérale chez le jeune homme, le raiton restait son élément favori, celui qu'il avait maîtrisé avant même de connaître sa particularité chakratique. La foudre représentait les dieux, leur force. L'orage, était la clé de la demeure divine. La preuve que les cieux étaient sa maison aussi.

- Tu devrais penser à améliorer ta vitesse. Dit Momotaro entre deux enchaînements qui avaient fait mouche.

- J'y penserai. Balbutia Sanada en composant les mudras malgré le déluge de coups qu'il prenait.

La douleur était de plus en plus forte et pourtant, cette technique pouvait s'avérer très utile contre un adversaire comme Hako, il se devait de l'apprendre de la plus difficile des manières pour être certain de pouvoir l'exécuter en toutes circonstances.

- RAIJÛ NAGASHI! S'écria Sanada en prenant bien soin de diffuser le raiton autour de lui, le laissant de lui-même réagir à l'humidité de l'air comme un animal s'approche d'une proie. Dans l'enfer humide du marécage, les éclairs étaient au sein d'un grand festin et ils s'emplirent d'énergie avant d'apparaître sous la forme d'une aura électrique. JE L'AI FAIT ! Cria Sanada fier comme un paon.

Momotaro ne l'entendait pas de cette oreille et continua sa gamme de coups. Le résultat ne se fit pas attendre, Sanada fut, encore une fois, renvoyé dans les eaux troubles de la tourbière.

- La technique n'est pas une fin en soi tapette. Il faut s'en servir pour combattre. On est pas dans une démonstration pyrotechnique putain. C'est la base. La base.

- Je n'aime pas votre ton et votre façon de parler.

- Ça, c'est bien la nouvelle génération, on peut plus rien dire, on peut plus parler ! Tu ressembles à une gonzesse, est-ce ma faute bordel ?

- Vous êtes plus petit que le doigt, pour ne pas dire autre chose d'un Akimichi, et c'est pour ça que vous êtes reclus ici comme un déchet de la société. Même le rôle que vous devez faire, c'est à dire regarder le putain d'horizon, ce qui est facile non ? Et ben même ça vous le faite pas ! J'en ai ma claque ! Dit Sanada en exécutant la technique de marcher sur l'eau pour se diriger vers son optimist.

Momotaro sauta à son tour sur l'eau, agrandissant l'arène de combat.

- Tu ne vas pas bouger enfant de raclure de chiotte. Tu m'as insulté et provoqué. Tu as remis en cause mon rôle dans le village et au sein de la force militaire du Tourbillon. Je vais te montrer ce que l'on fait aux connasses dans ton genre par ici.

Sanada n'eut pas le temps de dire qu'il reconnaissait qu'il était peut-être allé trop loin. Momotaro s'élançait à pleine vitesse sur lui avec la ferme intention d'en découdre réellement.

Techniques à apprendre:

Le soldat des cinq n'eut pas le temps de réfléchir et composa les mudras de la course de l'éclair. Le Jibaishi eut l'effet escompté, stopper Momotaro avant que celui-ci ne prenne trop de vitesse. Malgré cela, le lilliputien toujours fou de rage reprit son élan pour enfoncer son poing dans la tête de l'insolent. Sanada composa alors le corps de l'orage et avec un peu de chance, il parvint à étendre le pouvoir du nuage à tout son corps à temps.

Toujours dans la forme éthérée qui lui avait permis d'échapper à la sentence d'un coup sur le nez, il recula avant de reprendre matière. Il fallait absolument qu'il se concentre et réussisse le flux de foudre. Momotaro était beaucoup trop rapide et vivace pour lui. Il parvint à esquiver miraculeusement une autre attaque et laissa le chakra raiton se diffuser dans l'air, captant l'humidité comme énergie, des éclairs apparurent autour du jeune homme. Le flux de foudre l'entourait.

- Quand on a plus le choix, l'esprit n'a plus d'emprise sur le corps. On arrive souvent à mieux effectuer les techniques comme ça. Allez, on continue ! Dit le gardien du marécage en reprenant ses attaques incessantes.

Sanada comprenait l'utilité du flux de foudre pleinement. Momotaro n'avait pas la même fulgurance dans ses déplacements et ses techniques de taijutsu se révélèrent beaucoup plus simple à esquiver. Le soldat des Cinq reconnu même le tokken, un coup qu'il avait li-même appris de son amie Haruka.

Le combat dura un long moment. Sanada variait ses techniques, mais il revenait de manière récurrente sur le flux de foudre et le corps de l'orage afin de les assimiler complètement. Ce genre de techniques qu'il pouvait utiliser au corps-à-corps devait devenir des réflexes. Il devait dompter son corps et son âme pour qu'ils répondent ensemble à une menace même si sa conscience lui faisait défaut. Avec l'orage qui lui faisait grâce du raiton sans dépenser trop d'énergie, il put enchaîner réellement la technique à maintes reprises. Malgré le handicap, Momotaro dépassait largement le niveau du jeune homme et malgré sa retenue, le soldat des Cinq finit par s'écrouler, totalement épuisé par le combat et le flux de foudre qu'il avait utilisé plusieurs fois.

Lorsqu'il se réveilla, ses muscles endoloris l'empêchèrent de se relever. Scrutant les lieux de son regard, il distingua dans l'obscurité quelques lits supplémentaires dans la pièce.
À vrai dire, c'est l'odeur qui confirma qu'il était bien à l'hôpital d'Uzushio.

Sanada souffrait apparemment de quelques côtes fêlés et d'une luxation de l'épaule. Suivi par les médecins Omura, il ne resta pas moins d'une semaine dans l'enceinte médicale avant de pouvoir enfin recommencer à vivre.

Momotaro l'avait, selon les dires des infirmières, conduit jusqu'ici alors qu'il était inconscient. Il avait laissé un mot, stipulant qu'il ne voulait pas le revoir tant qu'il ne se penserait pas capable de le battre. Malgré son caractère exécrable, sa misogynie et son sens de l'accueil discutable, Sanada avait une étrange sympathie pour ce ninja si particulier. C'est par respect qu'il tint la promesse, sachant qu'il allait un jour revenir vers le petit îlot. Son ascension vers les cieux et la maîtrise du ninjutsu ne faisait que commencer.

Techniques à apprendre:

- Voilà, je vais pouvoir savourer mon thé ! Dit-elle en s'asseyant sur une chaise de la terrasse qui donnait sur un des plus grands quais du port. Tu me disais quoi ? Ce nain existe ?

- Oui, c'est un lilliputien, il n'a pas les différences liées au nanisme ordinaire, c'est ce que j'ai appris auprès des médecins de l'hosto en tout cas. Il est fort, mais con si tu veux mon avis.

Un vieux client qui dégustait un jus de fruit sur la table d'à côté se retourna alors vers eux.

- Vous Parlez de Momotaro ? Le gardien du marécage brumeux ?

- Oui ! Exactement. dit Sanada en rallumant son calumet.

- C'était un grand ninja. Promis à un avenir radieux. Il était guide pour les caravanes de commerces durant les premières années du village. Il a implanté un nombre incalculable de comptoir commercial au travers du Sekai. Il y allait toujours en famille. Une fois, il a décidé de tenter l'ouverture d'un comptoir dans une région pas très accueillante. Malgré les avertissements des autorités et de sa famille, il est parti. Sa femme et sa fille sont mortes durant ce voyage. En rentrant, il a demandé un poste de garde loin du village et ne revient que pour les rapports. Alors il est exécrable, certes. Mais l'indulgence est parfois plus raisonnable que la raison elle-même. Dit-il avant de finir son verre et de se lever.

- Dur pour ce mec... Dit Kaede dans un souffle.

Sanada ne répondit pas. Il savourait son thé en regardant le coucher du soleil sur le port. S'il ne voulait pas finir rongé par le remords comme Momotaro, il allait devoir le surpasser, c'était aussi simple que cela dans son esprit.

Le surhomme allait l'empêcher de sombrer dans l'abîme de désespoir qui aspirait inexorablement les infidèles.

Mahalo: