Deux semaines ! Deux longues semaines de marche pour un putain de bain. Se laver n'aura jamais été aussi nécessaire. Mais revenons un peu en arrière. Kyoko venait de pulvériser les rêves de libertés de jeunes gens un peu limités et par la même, signer la première victoire de son retour sur le terrain. En plus de ça, la belle s'était octroyée le luxe de faire emprisonner le cafard envoyé par son clan pour la surveiller. Sous les traits de Makoto, elle avait quitté le village de Chihokomura sans encombres, un large sourire aux lèvres. Une fois les lettres de l'idiot confiées à un coursier, elle prit la route du grand Est. Sûr, elle aurait pu rentrer directement dans les plaines de son clan au Sud, mais une idée un peu folle trottait dans sa tête depuis quelques temps, elle devait faire le point.
En marchant, elle ressassait les mêmes pensées encore et encore. Les Kaguya ne lui faisait toujours pas confiance et même pour une banale mission de rang inférieur, on lui collait un mouchard aux fesses. Impossible de changer de peau dans ses conditions. Elle aurait apprécier la compagnie de son mentor Maï, mais une fois de plus, le clan décidait et réunir les deux femmes lui était inconcevable. Pourquoi l'Est dans ce cas ? Elle avait entendu parler d'une région où les sources chaudes étaient légion et leurs réputations avaient traversé le Sekaï. Avant son départ, elle avait tracé sa route sur une carte. Descendre des montagnes serait chose facile, mais il lui fallait ensuite éviter le territoire des Inuzuka, des Nara et de l'Empire Tetsu, tout ça pour s’enfoncer dans le jardin des Yamanaka. Aucune menace sérieuse en duel, mais le nombre l'emporterait immanquablement. Dommage de périr pour un bain. Elle choisit finalement de longer la frontière, plus sûre.
Son baluchon sur l'épaule, elle franchit la lisière de Futami, la forêt sans fin. Elle en profita pour changer une nouvelle fois d'apparence; pour enfin entrer dans son véritable corps, celui d'une jeune femme aux mèches vertes. Futami était un endroit fantasmé depuis l'aube des temps. On attribuait à cette région des histoires abracadabrantes, le plus souvent pour endormir les jeunes enfants. Chez les Kaguya, la lecture du soir n'était pas vraiment de rigueur, activité jugée inutile. Mais Maï lui avait fourni de quoi rassasier sa curiosité durant son adolescence, et même quelques histoires grivoise du plus belle effet. La jeune femme se remémora son histoire favorite : celle d'un garçon aux cheveux bleus, incapable de contenir son énergie, étrangement attiré par les ordures et son compagnon, un homme torturé amoureux des ténèbres, beaucoup plus terre à terre à l'ambition démesurée. Ensemble, ils traversèrent nombre d'obstacles et eurent maintes aventures. La fin, un combat épique attendu depuis les toutes premières lignes se terminait malheureusement en eau de boudin. Maï lui avait dit que l'auteur du conte n'eut pas le courage de le finir et que depuis ce temps, les lecteurs s'inventaient leur propre fin.
Finalement la forêt ne fut pas à la hauteur de sa réputation, comme tout le reste en ce bas monde. Une fois sortie, elle se fit plus discrète, maintenant en territoire samouraï. Elle longea la frontière pendant prêt d'une semaine. Elle évitait soigneusement les patrouilles, dormait à la belle étoile sans allumer de feu et se contenter de fruits trouvés le long du chemin. Elle passa un dernier col pour descendre dans la vallée. La vue était incroyable. À l'est, le fleuve se jeter dans la mer dans l'estuaire du gel, qui marquait la frontière naturelle avec les peuplades de l'Est. Au sud, la côté verdoyante des sources chaudes, son objectif et devant elle, l'océan. Elle connaissait bien cette vue, mais chez elle, son voisin marin se nommait différemment. Elle profita du panorama quelques minutes avant de descendre. Des hauteurs, elle avait repéré les larges bassins d'eaux fumantes, son corps en avait frémi d'impatience. Elle était dans un état déplorable : de la crasse incrustée de ses cheveux à ses basques.
Sans prendre le temps de manger, de visiter ou de poser ses affaires, elle entra directement dans l'établissement le plus imposant du village. Le tourisme était d'après ce qu'elle voyait, la principale source de revenue des lieux. Elle s'émerveilla devant le hall d'entrée, entre classicisme boisé et pierre sculptée. Son regard se posa alors sur un panneau d'information. Un bain nudiste... Merde. Elle posa inconsciemment son regard sur son entre-jambe. Elle avait beau posséder toutes les caractéristiques féminines, son excroissance génitale l’empêcherait d’accéder au bassin réservé à son genre. Trop épuisée pour créer une esclandre, elle se résigna à sortir de la bâtisse, à trouver un coin isolé et à modifier l'ossature de son corps. Avec la fatigue, la douleur de l'opération l'emmena aux portes de l'inconscience. L'odeur de ses aisselles la ramena sur terre immédiatement et d'un pas décidé, elle passa les portes des bains, jeta des pièces sur le comptoir, se déshabilla dans les vestiaires et donna ses vêtements à la blanchisserie de l'établissement avant de se rendre, une serviette sur l'épaule, le membre à l'air, sur les bords du bassin. Malgré la grande fréquentation des lieux, il régnait une atmosphère paisible et silencieuse. Kyoko huma l'air avec intensité et un ne put retenir un soupir de soulagement. Avant de pouvoir plonger dans les bassins, il était nécessaire et même obligatoire de se laver.
Elle pivota sur sa droite et s'avança vers les tabourets. Elle s'assit sur l'un des rares encore inoccupés et entreprit de se laver. Sa virilité posé sur le bois, elle remplit le sceau devant elle et attrapa le savon posé devant elle. Derrière ce masque masculin, elle n'avait aucun mal à assumer son corps, consciente de jouer un rôle pour la société, mais lorsqu'elle était pleine et entière,c'était une autre histoire. Des yeux, elle chercha une brosse pour frotter son corps fatigué. Elle l'aperçut du coin de l’œil et se tourna vers son voisin.
Deux jours plus tôt, l'Isthme était plongé dans le clair obscure d'une énième tempête de neige. Durant ces longues journées blanches, personne du Domaine ne sortait, les missions étaient reportés et le Clan restait à l'abri de la grotte, attendant patiemment les premières éclaircies. Ils avaient prit pour habitude de se regrouper pour s'assurer que tout le monde était bel et bien présent et que nul n'était laissé à l'abandon dans le chaos immaculé qui sévissait au-dehors. Pourtant, comme trop de fois, un nom manquait à l'appel. Toujours le même, c'était devenu une redondance qui ne surprenait plus personne, voir qui, dans certains cas, avait tendance à rassurer tout le monde.
Perché dans un renfoncement au sommet d'une des plus hautes montagnes, à l'abri du vent et de la neige, Tsumi regardait la neige tomber. Le regard perdu dans l'horizon, il pouvait voir l'immensité de la chaîne de montagne s'étendant de la région du Marai de Kobi jusqu'aux dénivelés du Lac Gelé se jetant au sein de la Côte Verdoyante. Au loin, la mer, à peine perceptible, offrait à son cœur la promesse d'un monde bien plus vaste que le bout de terre qu'ils appelaient tous leurs maisons. La tempête dura trois jours, et pendant ce temps, il resta seul sur son perchoir, laissant le temps s'écouler, s'imaginant toutes les histoires qu'il pourrait lui arriver si un jour il allait là-bas. Il rêvait d'un grand bateau, se voyant tirer la grande voile et glisser sous le vent. Il songeait à la beauté des cerisiers en fleur qu'il n'avait vu qu'en peinture, dont il aimerait voir les pétales tomber en buvant une boisson chaude. Il pensait à la quiétude d'un temple perdu dans une ville lointaine où ne se regrouperaient que des gens désirant vivre une vie loin du monde. Mais la réalité qui s'évertuait à le sortir de son imaginaire, le ramener à la triste vérité de son existence : Il n'était qu'un fantôme bien loin de son paradis.
Pourtant, une image vint lui réchauffer le cœur. Perdu dans l'horizon, un oiseau blanc majestueux jouait avec les nuages. Bien loin de la terre, il volait, se jouant du vent et du froid comme s'ils étaient de vieux amis. Et lorsque le jeu le lassa, il disparu dans le soleil levant dont les rayons percèrent jusqu'au visage du Renégat. Un nouveau jour se levait sur le monde, murmurant la promesse d'un avenir incertain où tout restait à découvrir.
« Je me rappelle pas que l'on t'ai donné de mission ? » « En effet. » « Alors pourquoi fais tu tes affaires comme si tu partais ? » « Parce que c'est le cas. » « ...Dois-je m'attendre à ne plus jamais te revoir ? » « Cela fait longtemps que tu ne vis plus que dans mes souvenirs... » « ...Pourquoi pars-tu loin de moi ? » « Ne soit pas bête, tu sais très bien que tu seras toujours avec moi. » « Alors pourquoi ? » « Parce que je n'en peux plus de ne voir que des ombres... J'ai besoin de Lumière. » « ... »
Perdu dans ses songes et la zénitude d'un onsen, Tsumi s'était posé aux abords des bains pour laver son corps. Mais le flots de pensées qui encombrait son esprit l'empêchait de profiter pleinement de l'endroit et de cette promiscuité avec un peuple qu'il ne connaissait pas. Il avait tout à porté de bras, des rencontres, des discussions, une ouverture sur les vastes contrés inconnues dont il n'avait fait que rêver durant tant d'années. Pourtant, son cœur était ailleurs, il était encore avec elle, ses cheveux châtains, son doux regard, son nez en trompette et le clair son de sa voix qui s'éclairait avec son si beau sourire... et ce parfum, semblable à nul autre, qu'il cherchait encore dans son sommeil. Il fallait arrêter d'y penser, mais la mélancolie en son âme était bien trop forte pour s'évanouir toute seule.
« Petit, passes-moi la brosse s'il te plaît ! »
Réveil brutal, si bien qu'il mit un temps à reprendre ses repères. Cela faisait combien d'heures qu'il était là, le regard perdu sur les gouttelettes d'eaux qui s'échappaient de la pointe de ses cheveux ? D'un mouvement de tête, il observa l'énergumène qui l'avait retiré de sa torpeur sans au final vraiment le regarder, se contentant de faire un allé-retour entre lui et la fameuse brosse qu'il découvrait après quelques secondes d'hésitation. La brandissant, son œil parcourra le visage de l'homme qui se trouvait à ses côtés. C'était un beau garçon, le type que les filles devaient particulièrement apprécier, du moins si on oubliait la crasse et la substance étrange qui teintait ses cheveux d'un vert très douteux.
Le laissant se saisir de l'objet, il retourna son regard vers le mur le faisant face, cherchant à retrouver le fil de ses pensées perdues à cause de son voisin. Après quelques secondes, il finit par se faire une raison et regarda l'homme qui semblait apprécier grandement ce moment. Pourtant, plus il le voyait se frotter la tête, plus il remarqua que la couleur qu'il pensait dû à des algues ou tout autre végétale, était en fait bel et bien la teinte naturelle de ses cheveux. Il laissa s'échapper un son d'étonnement avant de lui glisser quelques mots.
« Étonnante couleur de cheveux... C'est naturel ? »
Le garçon à ses côtés semblait émerger d’un coma profond. Immobile, le regard vide, il tenait plus du mannequin d’exposition que d'un être doté de vie. Les mots de Kyoko l’animèrent soudain et d’un geste lent, il attrapa la brosse et lui tendit. La jeune femme le remercia d'un signe de tête et plongea la brosse dans l’eau avant de l'enduire de savon. D’un geste vif, elle frotta avec force son dos crasseux et transpirant. Son visage exprima son soulagement sans retenue, laissant échapper un petit gémissement de plaisir. Elle prit le temps de nettoyer son torse avec une satisfaction évidente. L’espace d’un instant, elle s’étonna de ne pas sentir ses seins, avant de se rappeler les circonstances. Elle aurait d’autant plus apprécié ce moment si elle avant pu être au naturel. Elle eut un sourire triste, puis frotta avec plus d’ardeur ses cuisses endolories par le long voyage. Elle termina son décrassage par un shampoing bien mérité. Lorsqu’elle leva le sceau au-dessus d’elle pour se rincer, elle apprécia la pression de l'eau contre son corps. Elle sentait un regard insistant et se tourna vers le jeune garçon qui ouvrit enfin la bouche. Une question sur ses cheveux.
– Non, une teinture préparée par les vieux du village que je m’applique chaque mois. Normalement c’est pour le coton, mais ça marche tout autant avec les cheveux. J’aime bien cette couleur, dit-elle en caressant la pointe de ses mèches, en plus ça fait chier ma famille, d’une pierre deux coups. Et toi ton œil, il t’es arrivé quoi ?
Le tact n’était pas l’une des qualités de la Kaguya, à l’inverse de sa curiosité. Dans son dos, un brouhaha naissant indiquait l’arrivé d'une bande de jeune quelques peu agités. Maintenant qu'elle observait le garçon, elle put détailler ses formes. Effilé, athlétique, il arborait une myriade de cicatrice qui venait consteller son dos à la manière d'un ciel étoilé. Il n'était pas rare de croiser des jeunes gens couvert de balafre et ce, malgré leurs jeunesses, surtout dans les classes sociales les plus pauvres. En revanche, il n'avait pas l'air de souffrir de malnutrition et d'après sa posture, il n'était pas paysan. Ses mains, bien qu’abîmées, ne présentaient aucune trace des stigmates que l'on retrouve habituellement chez les ouvriers agricoles. Elle recula légèrement et contempla son erreur, il était beaucoup plus âgé qu’au premier abord. Elle fronça légèrement les sourcils et amorça un mouvement, qui fut interrompus bruyamment.
- Et l’autre bouffonne, « Tetsuo, ça te dirait d’aller manger un truc ? ».
Alertée par la voix nasillarde dans son dos, Kyoko tourna la tête vers l’origine du bruit désagréable. Un homme d’une vingtaine d’année, entouré par une bande de son âge, mimé avec une indélicatesse profonde ce qui semblait être une jeune femme.
- …Tu peux manger mon membre si tu veux !
Nouveau mime dégradant suivit d’un éclat de rire général au sein des adulescents. La colère naissante de la kunoichi empoisonna son corps et dissipa la sensation de bien-être. Elle inspira un grand coup et expira par le nez, choisissant de concentrer son attention sur son voisin plutôt que sur les jeunes cons. Elle essaya de reprendre la conversation sur un ton faussement intéressé.
- Tu as l’air d’avoir traversé pas mal d’épreuves, une carrière militaire peut-être ?
Au vu des cicatrices et de l’air hagard, difficile de se tromper. Dans son dos, la conversation reprit de plus belle.
- T’as trop de chance, on dit que c’est un experte, elle suc… - Dîtes-moi, vous pourriez parler moins fort !
Rencontrer quelqu'un, apprendre à le connaître, déceler si oui ou non, les affinités seront suffisantes pour pouvoir donner suite à un semblant d'amitié, laisser la relation évoluer, prendre de l'ampleur. Tout ça, Tsumi ne l'avait vécu que quelques fois et n'était pas vraiment à l'aise avec la chose. Bien souvent, cela s'était fait sur un coup de chance ou par l'oeuvre d'une force bien trop obscure pour qu'il en saisisse tous les rouages. Il avait entendu dire que les plus grandes amitiés naissaient bien souvent par un but commun, que tout commençait par un trait de caractère ou tout au contraire par une divergence tellement énorme que les protagonistes devenaient le complément de l'autre. Comme pouvait l'être la lave et la neige, le stratège et le fou ou deux styles de danses.
Pourtant, rien ne marqua un quelconque véritable intérêt de son interlocuteur qui se faisait vite distraire par quelques jeunes adultes en mal de sensations fortes. Qui pouvait les plaindre ? Qui n'a jamais cherché à impressionner son prochain, surtout à cet âge où l'on cherche encore le tempo qui sied au rythme de notre cœur ? Certainement pas le jeune Chinoike qui au fond de lui, s'il n'avait pas été troublé par la présence fantomatique de son premier amour, aurait très bien pu s'amuser de voir pareille engouement, fut-il pourtant impropre au lieu où ils se trouvaient. Il ne chercha même pas à répondre à l'homme, dont l'agacement avait passé sous silence sa seconde interrogation, alors qu'il invectiva les jeunes âmes qui se turent d'étonnement. Très vite, l'effet de groupe et la testostérone jouèrent des coudes et ils se regroupèrent tous autour de l'énergumène aux cheveux verts. Tsumi quant à lui, replongea son regard sur le mur face à lui.
Ce n'était pas de la couardise, mais une tentative de ne pas se mêler de ce qui s'apprêtait à arriver. Il savait que s'il se mettait au milieu de ce conflit, il finirait par causer l'irréparable et ça, il ne le voulait plus. Revivre l'épisode du restaurant avec Jinpachi était inconcevable et beaucoup trop opposé aux désirs de quiétude du jeune homme qui préféra le silence.
« Qu'est ce qui veut la face de macaque ? Y'a un problème ? - Arrête Semitsu, t'approches pas trop, il pourrait te blesser avec ses cheveux ! Ahah – T'as raison Kazu, gardons nos distances ! Puis sait-on jamais avec une couleur pareille il est peut-être plus brancher mec que nana ! T'en penses quoi Agito ? - J'en pense que pour un eunuque il devrait la fermer plutôt que de venir nous faire chier ! Ici c'est chez nous, alors soit tu la fermes soit on te pètes la gueule c'est clair face de Soka' ?! »
« Tu devrais mettre fin à tout ça … Ca va mal finir. » « Tais-toi, je ne veux pas de problème... » « S'il te plaît... Pour moi... Aide-le... »
Il laissa échapper un long soupir alors que son œil se refermait. Comment pouvait-il faire la sourde oreille à sa voix ? Bien qu'elle ne soit plus qu'une ombre, restait indélébile la force de son souvenir et l'amour qui en découlait. Tranquillement, il se releva et fit face aux jeunes gens, qui firent un pas en arrière en voyant l'oeil couleur carmin du Shinobi.
« Putain mais... » « Je vous demanderai s'il vous plaît de nous laisser en paix et de garantir la quiétude dans cet endroit. J'ai bien conscience que vous êtes jeunes, mais bon nombres de personnes ici viennent pour y passer un moment de calme, comme mon ami ici présent. Je vous demanderai donc de bien vouloir nous laisser tranquille et de lui présenter vos excuses. » « Oui, oui, pardon excusez-nous, on vous embêtera plus... »
Le petit groupe s'échappa sans demander son reste, présentant ses excuses une multitude de fois à l'homme aux cheveux verts. Le calme revint alors dans le bain publique et dans le regard du Renégat qui reprit sa place sans faire attention à son camarade dont il omit un temps la présence.
Tsumi se retourna pour voir devant lui le tenant du bain qui se prosterna pour le saluer.
« Veuillez m'excuser, loin de moi l'envie de vous déranger mais on m'a fait part qu'un membre du Clan Uchiha était présent et j'aurais voulu vous proposez à vous et votre ami un bain un peu plus intimiste pour être au calme. Si vous voulez bien ? »
Il fut surpris de voir qu'on l'avait prit pour un Uchiha. Il avait entendu raconter par plusieurs membres du clan que souvent les gens confondaient les deux pupilles, se limitant à la couleur et sans doute au fait que le Clan des Chinoike avaient disparu. Amusé par ce quiproquo, il haussa les épaules et se leva faisant signe à l'autre homme de le suivre. Sans regarder s'il le suivait, il suivit le gérant jusqu'à une salle à l'arrière du bâtiment où de grandes chambres donnaient sur des bains pouvant accueillir quatre ou cinq personne grand maximum.
« Voilà vous serez plus au calme. Je vous laisse tranquille, passez un bon moment messieurs. »
Ainsi il disparu, refermant la porte de la suite derrière lui. Sans attendre, il se dirigea vers le grand bain chaud et s'y plongea jusqu'au cou, laissant une grande expiration jaillir de sa bouche.
De sa paume émergeait lentement une protubérance osseuse, fine et acérée. Dans son regard, la fatigue s'était mutée en haine et ses prunelles, vides pour quiconque les contemplaient, n'exprimaient plus rien. Devant elle, une masse informe de chair gesticulait. Un son désagréable lui parvint et sans y penser, sans y faire attention, ses muscles inférieurs se bandèrent. Elle connaissait la suite, du sang... beaucoup de sang. Mais avant que ses instincts n’effacent toute trace de vie, une voix se leva derrière elle. Le démon se rendormit et lorsque le petit homme eut terminé son discours, Kyoko se leva à son tour, un large sourire aux lèvres.
- Et bien, faut croire que...
Mais encore une fois, elle s'interrompit. Le gérant des lieux, tout en courbette, invita le membre du clan Uchiha et la jeune femme à prendre leurs aises dans un lieu plus propice au calme et à la discussion. Au bout d'un couloir, ils pénétrèrent dans une petite salle éclairée par des lampions disposés le long de murs. Ici, le parquet semblait plus propre, mieux entretenu, les serviettes soigneusement pliées sur les étagères plus douce et même l'odeur de souffre semblait moins acre. L'adolescent plongea dans l'eau tandis que Kyoko laissa traîner son regard encore un moment. Elle fit quelques pas innocents et caressa du bout des doigts les serviettes entreposées. Elle se délecta de la sensation. Elle lança sur un banc son morceau de tissu et s'immergea à son tour. La chaleur commença son œuvre et ses jambes ankylosées ne furent bientôt plus qu'un lointain souvenir. Elle soupira de bonheur. Après quelques instants passés les yeux fermés, étirant chaque parcelle de son corps meurtrit, elle se tourna enfin vers le jeune homme.
- Magnifique tour de force. Elle fit une pause. Uchiha hein ? Il m'est arrivé de croiser la route du clan à l'éventail par le passé. Nouveau silence. Dans mes souvenirs, leurs iris n'étaient pas semblables aux tiennes. Mais je dois faire erreur. J'en oublies mes manières, Makoto. Dit-elle en singeant la courbette du propriétaire.
Qu'est-ce qui permet d'expliquer les liens que nous faisons durant notre existence ? La fatalité ? Le cause à effet ? Le destin ? La seule chose que pouvait remarquer Tsumi était que sur le chemin de sa vie, nombreuses furent les routes qui se mêlèrent à la sienne. Parfois pour quelques minutes, parfois des jours ou des années entières. Quelque fois, la vie se jouant des frêles minutes de l'instant présent, il se retrouvait à devoir côtoyer différentes manières de voir l'existence. Certains étaient tout feu tout flammes, d'autres semblable aux épines d'une rose, certains ayant le goût du sang, là où d'autres désiraient juste vivre un moment de liberté. Tel était la diversité de ce monde dans lequel il aimait à se plonger, lorsque l'existence putride de sa réalité ne venait pas le ramener par la peau des fesses à la complexité de l'existence.
Le garçon qui l'avait suivi se présenta enfin à lui. Il était éprouvant de constater le manque de régularité de cet ex inconnu qui tantôt laisser ses émotions prendre le pas sur la raison, tantôt s'adonnait à quelques bienséances maladroitement panés d'une curiosité désagréable. M'enfin, c'était comme ça, et le Borgne ne sût trop quoi répondre, plongeant un peu plus de son visage dans l'eau jusqu'à ses lèvres, soufflant son prénom comme si tout ça au fond le dérangeait. Après tout, pourquoi devait-il partageait son bout de ciel avec cet oiseau vert ? Il se posa la question avant de plonger ses lèvres dans l'eau brûlante, laissant le niveau se jouer de son nez, avant de faire quelques bulles et de remonter à la surface.
« Je ne suis pas Uchiha... Mais si tu sembles les connaître, c'est que tu es shinobi toi aussi ? »
Son visage s'était penché sur le côté, tentant d'obtenir un quelconque visuel avec les pupilles de son camarade de bain. Vu comment il était relativement à cran facilement, il n'était guère compliqué de croire qu'une réaction faciale serait vite décelé. Lui affichant un léger sourire, le Renégat s'avança vers un des rebords du bain, où deux coupes et une théière étaient posés. D'un geste lent et incertain, il servit le liquide brûlant dans un des récipients avant de la présenter à ce dénommé Makoto.
« Tiens, à ce qu'il paraît leur thé provient de la région et est super bon. Personnellement je n'en bois pas, mais j'ai entendu dire que la firme le produisant avait un nom super drôle, un jeu de mot avec le mot Thé... »
Une fois la coupe récupérée, il s'assit en tailleur dans l'eau, regardant les cheveux verdoyants du jeune garçon qui lui faisait face.
« C'est marrant, j'ai une amie qui a la même couleur de cheveux mais elle s'est naturelle... »
Ainsi il disparu, refermant la porte de la suite derrière lui. Sans attendre, il se dirigea vers le grand bain chaud et s'y plongea jusqu'au cou, laissant une grande expiration jaillir de sa bouche.
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