Demandes et rapports de missions du Chinoike Tsumi

La vieille Fuyu tendit le parchemin de mission au jeune Tsumi. Elle se tenait droite et son visage, bien qu'un peu fermé, demeurait d'une impassibilité qui n'était pas incommodante, mais plutôt celui d'un calme apaisant.

" Il est temps pour toi de faire tes preuves. L'intendante aurait aimé te remettre le parchemin en main propre, mais son devoir l'a appelé ailleurs. "

Les mains présentement derrière le dos, la vieille femme donna les grandes lignes.

" Il s'agit d'une mission d'escorte de denrées alimentaires à destination des civils. Normalement, le débarquement se fait prête des côtes et il te faudrait assurer la sécurité des transporteurs, notamment de la route mais aussi de possibles pillards. Rend-toi là-bas le plus vite possible et fait honneur au nom que tu portes. "

La conseillère s'apprêtait à partir mais elle tourna légèrement la tête en direction du garçon.

" L'intendante m'a demandé également de te faire parvenir un message personnel : je compte sur toi Tsumi. "

Des encouragements comme un autre, mais également une marque de confiance qu'elle espérait bien placé.

Comme on aurait pu s'y attendre de la part de l'intendante, cette dernière avait le nez dans ses papiers et dans ses comptes. Toutefois, une autre affaire paraissait la préoccuper un peu lorsque le jeune Tsumi entra, presque providentiel.

" Bonjour Tsumi-san! Je vais... bien, on va dire. Je me noie sous les chiffres mais tu tombes à pic. J'ai une petite affaire que j'aimerais que quelqu'un traite assez rapidement. Un énergumène qui s'en prend à des villageois isolés et qui se cache chez nos voisins. Ce n'est pas un shinobi mais il reste dangereux. "

Etsu lui tendit alors le parchemin de mission.

Traque dans les marais

Depuis plusieurs mois, des rapports indiquent qu'un certain Tanaka Rokujiro s'en prendrait à des habitants isolés de la région du Lac Gelé, emportant avec lui leurs biens les plus précieux et n'hésitant pas à humilier parfois leurs femmes ou leurs filles, lorsque les hommes sont absents. On le dépeint comme étant aussi brutal que rapide. Bien que des plaintes ont été déposées auprès du Daimyo, ce dernier se trouve les mains liées car il se dissimulerait dans les Marais de Kobi où son autorité ne s'étend pas.
Le conseil Chinoike souhaite donc s'occuper du problème et vous demande de traquer cet individu discrètement jusque dans les marais et de lui faire comprendre (de manière définitive ou non) de ne plus s'en prendre aux civils du Lac Gelé.


Commanditaire :Le Conseil Chinoike
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Elle lui fit un petit sourire.

" C'est différent de la dernière mission, il te faudra être prudent et discret. Nous n'avons normalement aucune autorité dans les marais de Kobi mais ce type se moque de nous. Je préfère que l'on trouve un moyen de l'arrêter avant qu'il ne prenne un peu trop goût à ces forfaits et ne montent dans l'escalade de la violence. Je compte sur toi. "

La jeune femme lui adressa à nouveau une esquisse en guise d'encouragement avant de replonger le nez dans sa paperasse.

Derrière mon bureau, je ne pus m'empêcher de regarder avec des yeux suspicieux l'entrée de Tsumi. Ce dernier avait une tête à faire peur et se tenait le ventre comme si quelque chose n'allait pas. En tant normal, je me serais inquiétée mais la façon avec laquelle il s'annonça me laissa penser que je ne devrais pas le plaindre. À tous les coups, il avait fait quelques excès qu'il était en train de payer.

" Mmmm... c'est cela oui... "

Secouant la tête, je finis par sortir un parchemin de l'un des tiroirs de mon bureau pour le lancer dans sa direction.

" J'ai besoin que tu chaperonnes le jeune Fuku pour une mission, et tu seras toi-même chaperonner par Toshiro pour éviter que tu fasses encore des folies. "

Mystères sous les pins

Au sud-ouest de l'Isthme, près de la limite des marais de Kobie, se trouve un petit village répondant au nom de Matsunoki. C'est une petite enclave entourée de pins et dont les villageois sont principalement des bûcherons sans histoire. Toutefois, depuis peu, d'étranges phénomènes météorologiques s'abattent sur le village à chaque fois que les modestes travailleurs de bois doivent quitter leur maison. Tombée de neige soudaine, brume épaisse, etc... autant de pépins qui commencent à nourrir les superstitions.

Afin d'aider ses gens à reprendre les rênes de leur vie quotidienne, il a été décidé d'envoyer quelques shinobis pour enquêter sur ce qui se passe et lever définitivement le voile de mystère qui s'est abattu sur Matsunoki.

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Je plissais à nouveau les yeux.

" Essayez de revenir en un morceau... si c'est dans vos cordes. "

Je pouvais toujours rêver. Je savais que ce n'était pas l'équipe idéale mais bon. Je me devais de faire avec les forces que nous possédions et normalement la mission n'était pas difficile... "normalement".

Mon but. Je l'avais en partie atteint. Mes efforts, ma ténacité, tout cela avait fini par payer et les miens avaient jugé bon de m'accorder leur confiance. Je n'étais plus une intendance, une émissaire, une tête qui donnait des ordres "en attendant que". J'étais la chef de mon clan. La chef des Chinoike. Je ne pouvais pas être plus fière et pourtant... je n'avais eu guère le temps de profiter de ma nomination que le travail m'attendait déjà. Maintenant, j'avais encore plus de responsabilités, c'était mes décisions, sans la nécessité de prendre appui auprès du conseil. Oh, je le faisais toujours parce que leur sagesse était indéniable - à part Kamejiro, il était devenu encore plus infernal et plus pénible dès que je disais quelque chose. Je savais très bien qu'il convoitait aussi le poste après tout. Bref. J'avais l'impression que je ne quitterais plus mon bureau.

Je me tenais d'ailleurs là, me frottant les yeux de fatigue. Je devais avoir une tête si affreuse que je n'osais plus me regarder dans un miroir depuis une semaine. C'était à ce moment-là que Tsumi fit son apparition, une petite mine aussi. Cela m'inquiétait naturellement et je ne pus m'empêcher de froncer les sourcils... d'inquiétude bien évidemment.

" Une affaire ? Rien de grave ? "

Il fallait dire qu'il m'en faisait voir de toutes les couleurs. Il avait beau être mon ami et un Chinoike d'un talent indéniable, il avait tout de même un aussi mauvais caractère que le mien et une propension à se mettre dans des situations impossibles. Puis, il m'expliqua brièvement ses tourments, tourments dont j'étais un peu au courant. Pas dans les détails, Tsumi avait toujours eu son "jardin secret", même pour moi et je ne pouvais lui en vouloir.

Mon visage se défroissa quand je vis la tristesse qui l'habitait. J'étais incapable d'être insensible au mal qui rongeait un Chinoike, sans doute parce que j'étais moi-même malade d'une rancune tenace. On ne luttait jamais aisément contre ses démons. Je quittais simplement mon siège pour me diriger vers lui, oubliant mon statut de chef pendant une minute. On pouvait bien me l'accorder non ? Là, je le pris simplement dans mes bras en signe de réconfort.

" Je comprends. Il y a des choses que l'on ne peut que régler seul. "

Je le comprenais que trop bien même. Reculant un peu, posant sur lui un regard affectueux, je lui souris malgré mes airs fatigués.

" Bien. Dans ce cas, va. Considère que tu es en congés. Si on me demande quoique ce soit, tu es officiellement en vacances. "

À ces paroles, je repartis sur mon siège et lui signa un document officiel.

" Prends-ça. Cela te permettra de justifier ta présence ailleurs, que l'on ne pense pas que tu es un déserteur. Par contre, c'est pas un passe-droit, hein ? Ne fais rien qui puisse nous compromettre. Oh et bien évidemment, c'est un congé sans solde. "

Le naturel revenait toujours au galop. Je finis par avoir un petit sourire en coin.

" J'espère que tu trouveras ce que tu souhaites, mais garde à l'esprit de revenir en forme. Je compte bien de faire rattraper tes heures. "

Il n'allait pas y échapper.