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En second vient la feuille

Meyo Tsuri
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En second vient la feuille Ven 1 Mai - 14:48
Meyo Tsuri


En second vient la feuille
Meyo Tsuri ft Miyamoto Akrillo




POLO & PAN - Canopée



Une chambre mal éclairée, poussiéreuse et humide, dans laquelle se débattait un pauvre bougre en quête de vêtement. Des affaires éparpillées dans la pièce, de la cape de voyage aux sandales cérémoniales. Moins d'une heure avant le départ et le Shodaime Senkage découvrait avec horreur que laissait un appartement fermé pendant plusieurs semaines n'était pas une bonne idée. Finalement, il parvint non sans mal à confectionner deux paquetages : l'un pour le trajet, l'autre pour les rendez-vous officiels. Lunette mal nettoyée sur le nez, une coupe de cheveux à faire pleurer un coiffeur, une cape de voyage blanche et de l'équipement accroché à sa cuisse par mesure de sécurité, il franchit la porte en se promettant d'être un peu plus soigneux à l'avenir.

Katsuo sur ses talons - son jumeau Masashi partit chercher Miyamoto Akrillo - il se dirigea vers le port du village. Haruka ayant besoin de souffler après toutes ces heures passées à organiser, puis diriger l'examen chunin inter-village, le Shodaime avait désigné Akrillo comme escorte. À cela plusieurs raisons : la première évidente, il était l'un des rares disponibles pour un tel voyage. La deuxième plus sombre. Après la mise en bière du grand maître Matsuoka, la pression infligée sur les épaule du jeune Dragon devenait pesante et le besoin de changer d'air devenait urgent. Enfin, le Senkage et le jeune homme avait récemment traversé une épreuve troublante qui chamboulerait très probablement la paix au village, les deux hommes n'ayant pas pu trouver le temps de discuter des conséquences.

Tsuri, pensif, laisser ses pas le guider vers la baie d'Uzushio. De ci et là, un villageois l'interpellait ou lui souhaitait « bon voyage » en agitant maladroitement une main vers le ciel. Le Shodaime répondait toujours par un sourire gêné, lui qui avait prit l'habitude (forcée) de rester cloîtré dans la tour du Senkage à administrer le village. Katsuo, silencieuse comme une ombre, suivait son maître sans un bruit. Les jumeaux s'étaient ouvertement insurgés contre le voyage, prétextant la dangerosité des routes pour leur senseï. Après tout, soin nom apparaissait dans le bingo book et avec lui la promesse d'une belle récompense. Les deux partis durent faire des concessions. Ils voyageraient clandestinement, se faisant passer pour des marchands au sein d'une caravane en direction du pays du feu et en plus des Kagemusha, ils seraient accompagné d'un chunin du village.

Ils arrivèrent au port où plusieurs navires étaient prêt à appareiller. Ils s'approchèrent du plus modeste d'entre eux, sur la berge se tenait le convoi, près à embarquer. Des marchands, deux conseillers du village, des religieux et des chevaux tirant des charrettes chargées de présents pour l'occasion. Ce n'était pas tous les jours que le village caché de Konoha changeait de dirigeant.

Le légendaire village caché des feuilles, le premier des trois, modèle pratique pour les organisations shinobi, avait récemment organisé une élection pour élire le Nidaime Hokage. Et c'était, à la surprise des sudistes, une inconnue qui avait remporté le titre. Sans attendre, l'idée d'une délégation avait surgit lors d'une réunion et après plusieurs heures de débat, il fut décidé que le Senkage en personne en prendrait la tête. Meyo était à l'initiative de cette décision, désireux lui aussi de prendre ses distances avec Uzushio. Cho avait été le premier à lui rendre visite après son élection, il souhaitait féliciter de vive voix la nouvelle Hokage, s'assurer de la continuité des traités signés avec le village des feuilles et  rendre visite avec son ancien confrère.

Kastuo chargea les affaires de son maître dans une charrette et se tint prête à embarquer, Meyo à ses côtés. Dans son dos, il entendit Masashi pester, puis grimper à l'arrière d'une charrette. Il n’appréciait pas les chevaux et les équidés le lui rendait bien. Le Shodaime se tourna pour accueillir l'héritier du clan Miyamoto.

- Tu es prêt pour le voyage Akrillo ?

Après quelques minutes passées à donner les dernières directives, le départ fut sonné. On fit embarquer les chevaux dans les cales, puis les vivres et enfin les hommes.

 

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En quelques jours, le monde d’Akrillo avait basculé. Tout d’abord cette fichue mission, ensuite la mort de son mentor et maître de clan. Et maintenant, un voyage à Konoha. Il avait tellement à faire ici, mais le Kage avait préféré choisir le chunin pour l’accompagner. Akrillo comprenait ce geste amical, presque paternel de l’Ombre des tourbillons, voulant offrir au jeune Dragon un moment de répit. Après tout, sans s’en rendre compte, il en avait peut-être besoin… Sasaki lui avait assuré que tout ira bien. Ils s’étaient fixé un rendez-vous, qu’ils reporteraient à son retour. Il voulait traiter des affaires du clan avec son nouveau maître, mais aussi de sa place, l’héritier du clan, mais aussi et surtout, des affaires sombres du village. Akrillo savait qu’il ne devait pas parler de la mission. À personne. Mais cependant, il sentait le besoin de s’ouvrir à son ancien senseï. Il avait vraiment la sensation que à eux deux, ils pouvaient agir et aider le Senkage, sans que celui-ci demande de l’aide.
Mais toutes ces affaires reprendront plus tard, à son retour. En attendant, le dragon était accompagné d’un des hommes du Kage, Masashi. Le dragon l’avait que rarement vue, pour ne pas dire jamais. Surement un des hommes qui le protégeait, sa garde rapprochée. Peu bavard et tout autant sympathique, l’homme ne gênait pas Akrillo, qui n’avait pas vraiment le cœur à parler. Ses affaires avaient rapidement été triées et rangées dans divers sacs. En plus des affaires de combats, avec lesquelles il partait, il prit un ensemble vestimentaire traditionnel Miyamoto, pour les rendez-vous importants, et une tenue plus banale, pour se fondre dans le village de Konoha. Il ne savait pas s’il aurait du temps libre ou non, mais mieux valait prévoir que se retrouver en tenue de Shinobis des tourbillons dans un village Ninja étranger. Il se demandait aussi s’il verrait le vieux Cho. L’ancien homme fort de Konoha avait déjà été rencontré par le dragon par le passé, comme le chef du clan Uchiha. D’ailleurs, la succession de Cho était la raison de leur voyage. Il espérait que la nouvelle Hokage, une femme, resterait sur le même esprit que Cho, et que la paix, voir même l’amitié entre les deux villages perdurera…

Rapidement, il traversa le village, après avoir dit au revoir à quelques membres de son clan. L’homme du Kage l’aidait à porter un de ses sacs jusqu’à l’arrivée du bateau. Ce dernier n’avait rien à voir avec le Mizushi, ce navire de transport restait de bonne facture et emmena la délégation d’Uzushio à destination. Le voyage allait durer toute la journée, avant d’atteindre les côtés du pays voisin. Et là, après la nuit, il faudra encore faire du chemin pour atteindre Konoha. Alors que, machinalement, Akrillo regarda un à un les hommes qui l’accompagnait, cherchant si d’éventuelles menaces pourraient venir de l’intérieur. Depuis sa dernière mission, il ne pouvait être trop prudent. Enfin, il finit par arriver sur le Kage. Vêtu d’une cape de voyage, l’homme fort du pays s’approcha et demander si le Chunin était prêt.
-J’ai tout prévue pour le trajet, oui, fit-il en se redressant et en s’inclinant pour le saluer. Essayant un peu de se décoincer, il enchaîna
-Et vous, Senkaga-sama ?
L’échange fut dans un premier temps bref, alors que le bateau se mit en route.

Rapidement, les hommes se mirent en mouvement et le pont fut plutôt désert. Cependant, le Chunin lui était resté là-haut, ne rejoignant pas la masse en bas. Songeant à tout ce qui pouvait arriver à son clan et au village pendant leurs absences, le Dragon n’était pas très rassuré de partir maintenant. Pourtant, l’excitation du voyage et de nouvelles aventures, au côté de l’homme le plus prestigieux du village, commençait naitre en lui. Et d’ailleurs, c’est à ce moment là que le Kage se joignait à lui. Après quelques échanges sans trop d’intérêt, le chunin se lança.
-Vous avez du nouveau sur la convention d’Automne ? Un piètre nom de code, que c’était donné les deux hommes après leur mission, afin de pouvoir interpeller l’autre sans que des oreilles indiscrètes sachent de quoi ils parlent.  Akrillo regardait discrètement que personnes soit autour.
-Je sais que nous devons peu en parler mais avec tout ce qui arrive, j’aimerais savoir si vous avez des nouvelles.
Il attendit les réponses du Kage avant de rajouter.
-Je pense vraiment mettre dans la confidence Sasaki. Senkaga-sama, je crois sincèrement que les Miyamoto, de part la Garde d’Uzushio, peuvent aider à chercher des pistes, ou au moins à préparer des plans d’urgences en cas … En cas de Problèmes.
Ce mot était bien petit par rapport à ce qu’il imaginait, mais Tsuri avait surement compris. Les Omura, enfin une partie d’entre eux, avait désobéi au Village, au Kage et à leur clan. Ils avaient châtié ses traitres, mais l’existence d’un de ces laboratoires prouve surtout qu’ils avaient les moyens de se financer une telle exploitation. Et par conséquent, que les traitres sont plus nombreux, et cacher parmi eux. Seulement des Omura, ingérence extérieur, inter clan ou secte secrète, ils ne savaient rien du tout. Mais justement, il fallait se préparer au pire, et la garde d’Uzushio pouvait commencer, lentement, à tisser quelques toiles protectrices dans Uzushio. Bien sûr, il faudrait alors changer quelques patrouilles, en créer d’autres, aller à certains endroits plus que d’autres, et bien d’autre choses mais rien d’insurmontable pour la Garde… De plus, en tant qu’Héritier, Akrillo en avait maintenant surement l’autorisation.
-J’ai l’impression que le monde est contre nous. Juste après cette "convention", l’examen Chunin qui a concentré les ressources d’Uzushio, ensuite la… la Disparition de Matsuoka. Et maintenant votre départ du village. Si nos doutes sont fondés, c’est une saison propice pour eux !
En effet, si l’ennemis était véritablement au sein du village, ces dernières semaines étaient du pain bénis pour agir plus facilement. Akrillo préféra attendre que son supérieur lui réponde avant de continuer.

Tsuri & Akrillo
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En second vient la feuille
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BBC's Sherlock Original Soundtrack - War


“Un homme qui a vécu dans l'intrigue un certain temps ne peut plus s'en passer.”


Les bruissements des voiles gonflées par les vents, l'écume infinie dans le sillage du navire, une brise salée qui asséchait les visages, la mer. Tsuri, se tenait debout à la proue, les coudes sur le rebord, le regard perdu à l'horizon. Il ressassait sans cesse depuis l'épisode du laboratoire. Il avait du mal à faire le tri. Son détachement habituel entravé par ses liens avec Leiko, la maîtresse des Omura. Cherchant pour la troisième fois son étuis à cigarette dans sa poche, il fut interrompu par deux matelots graveleux :

- Et c'est à ce moment-là que son mari est rentré dans la chambre ! Je te raconte pas le foutoir ! s’esclaffa le premier
- Mais non ? s'exclama le second amusé, et qu'est-ce que tu as fais ?
- Je me suis sauvé aussi vite que j'ai pu, pardi !
- Ah, mais c'est pour ça qu'on t'a retrouvé nu comme en ver l'autre fois.
- Exactement, le meilleur lundi de toute ma vie.

Les deux hommes s'éloignèrent, hilares, rassasiés par tant de grivoiserie. Les marins n'étaient pas spécialement célèbres pour leur éloquences, mais cet équipage frisait le ridicule. Alors que Tsuri commençait à regretter le Mizushi, il aperçu le jeune chunin à quelques mètres de lui. Il engagea la conversation. Akrillo était sensiblement dans un état similaire au sien, bouleversé et tiraillé. À son malheur s'ajouter la perte de son modèle, une légende au sein du clan Miyamoto. Après quelques minutes, c'est le Dragon qui prit les devants et confronta le Shodaime. Tsuri jeta un rapide coup d’œil aux alentours. Ils étaient seul pour l'instant, l'air frais avait dissuadé la caravane. Le regard vers l'horizon bleuté, le Shodaime prit le temps de choisir ses mots.

- Pour l'instant rien. J'attends l'analyse des documents pour en savoir plus.
- Je pense vraiment mettre dans la confidence Sasaki. Senkage-sama, je crois sincèrement que les Miyamoto, de part la Garde d’Uzushio, peuvent aider à chercher des pistes, ou au moins à préparer des plans d’urgences en cas … En cas de problèmes.

Meyo ne répondit pas immédiatement. Il avait en effet envisagé cette possibilité. La Garde lui serait fidèle et permettrait de faire suivre les personnes à risque, d'espionner les conversations et même de fouiller les domiciles des suspects. Malgré l'attrait d'un tel projet, il avait chassé l'idée en une nuit blanche.

- Je vais te poser une question, je n'attends pas de réponse , ajouta t-il. Est-ce qu'au nom de la sécurité, tu serais prés à sacrifier ta liberté ? C'est la question que je me suis posé à notre retour. Je sais bien que les faits semblent propices à des mesures extrêmes et nous aurions toutes les raisons d'agir en ce sens, mais j'ai le sentiment que si nous franchissons cette ligne, il n'y aura plus de retour possible.

Sans y penser, il porta une cigarette à sa bouche et l'alluma. Il tourna son regard vers le jeune homme.

- La réponse est non, pour l'instant personne ne doit être au courant de cette histoire. Justice sera faîte, je te le promets, trop de lois fondamentales ont été bafoué, mais si nous agissons dans la précipitation, on risque de faire basculer le village dans la paranoïa, la délation et avec un peu de temps, la guerre civile. Je ne permettrais pas que l'on prenne ce risque.

Le Shodaime avait appuyait chaque mot de sa dernière phrase. Elle sonnait presque comme une menace. Il fit silence quelques secondes, le temps pour lui d’inspirait à nouveau sur sa cigarette. Akrillo reprit avec gravité et le Senkage l'écouta attentivement.

- Je sais bien que la situation n'est pas idéale – elle me vaut quelques nuits blanches – pensa t-il, mais Uzushio est entre de bonnes mains et cela m'étonnerait que les « conventionnés », s'ils existent, agissent maintenant. Nous venons toi et moi de mettre à mal toute leur opération, il leur faudra du temps pour se remettre. De notre côté, nous allons utiliser ce temps pour nous préparer. J'ai une idée, mais elle va nous coûter, au moins moralement.

Alors qu'il s’apprêtait à continuer, ils furent interrompus par le Capitaine du navire qui tonna « Terre en vue !» et bientôt, le pont fut remplit de curieux venus observer les rives du continent, certains pour la toute première fois. Tsuri regarda son subordonné, nul besoin de mots, cette conversation continuerait plus tard.
 

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Akrillo écoutait les paroles du Senkage. Bien qu’il soit d’accord avec la plupart, il ne pouvait s’empêcher que quelque chose  n’allait pas. Oui, si l’on pouvait supposer que le bien et le mal existait, ils étaient tous les deux du côté du bien. Et par conséquent, leurs ennemies du mal. Et justement, il avait peur que cette affectation idéologique les mène à leur perte, puisque pour agir en toute légitimité et rester soutenue par ceux qu’ils sont du même côté, ils devaient respecter scrupuleusement des règles tacites et imposé par la conscience, l’honnête. Ces mêmes règles qui étaient bafouées par leur ennemie, et même pire, seront utilisées par ces derniers contre les instances du village afin d’agir envers eux.
En effet, il se doutait que leurs ennemies, aussi secrets qu’ils soient, était terriblement intelligent. Ils savaient que le kage, et plus largement, les Shinobis du village, ne pouvaient pas officiellement enfreindre des règles, même si c’était pour le bien commun. En contrepartie, ces traîtres eux, pouvaient agir en conséquence : ils pouvaient faire tel ou tel choses, car ils savaient que leurs adversaires ne pouvaient rien faire sur ça, et eux au contraire, pouvait transgresser ses règles pour atteindre leur but. Après tout, d’après leurs partisans, si l’on suivait la logique du dogme Bien/Mal, les règles ont été imposée par les adversaires et ne doivent donc pas entraver leurs actions pour renverser ce même adversaire…
Les pensées d’Akrillo étaient tumultueuses et non-complètes, de plus, la souveraineté du Kage et ses menaces déguisées en parole avait amené le Dragon à se taire. Juste après la discussion, les marins se mirent en mouvement puisque la terre du Pays du feu était en vue. L’heure sera maintenant au débarquement et à la mise en place du campement pour la soirée.
Akrillo descendit officiellement en premier, mais nul doute que les hommes de l’ombre du Kage était déjà descendu afin de vérifier eux aussi les lieux. Prenant son rôle de Gardien, il évalua plusieurs positions proches de la plage et en trouva une parfaite, sur une petite colline surplombait une plaine. Le foret, elle commençait un peu plus loin. Les hommes avaient préféré rester sur cette position-là, ils auraient le temps de goûter aux joies forestières pendant le reste du voyage. Chaque homme savait ce qu’il devait faire, et s’est ainsi que le campement fut monté en une poignée d’heures. Ils étaient, d’après les renseignements, proches d’un petit village civil, mais ne voulant pas faire de bruit ou gêner les habitants, ils préféraient en rester loin. Ils avaient largement assez de ressource pour le voyage et donc, tout contact hors Shinobis de Konoha devrait être évité.
La nuit tomba vite et Akrillo prit son tour de garde, envoyant dormir par la même occasion un marin fatigué.
Tout était calme, comme il pouvait s’imaginer, mais il valait mieux rester prudent. Pourtant, c’est sur ces pensées qu’un bruit se fit entendre derrière lui. Machinalement, il ouvrit sa paume de la main et un sabre se matérialisa rapidement. Il se sentit stupide, une fois armée face à son Kage. Bredouillant une excuse, le sabre se dissipa. Les deux hommes voulaient sûrement reprendre leur discussion, et c’est ainsi qu’Akrillo commença.
-Senkage-sama… Vous jouez avec des règles que vos ennemis rejettent d’un revers de la main. Je sais qu'agir comme eux ferait se mettre au même niveau qu’eux , et dans ce cas la, nous ne vaudront rien… Mais je ne… Nous ne pouvons pas les laisser continuer alors que nous sommes pieds et mains liées…
Akrillo respira doucement, un léger tremblement dans sa respiration pouvait se faire ressentir par son interlocuteur avisé.
-Si nous pouvions… Si certains de notre côté pouvaient agir plus librement, sans que nous les reconnaissions…
L’idée avait germé il y a peu dans l’esprit d’Akrillo. Une envie de créer un mouvement, un groupe, une organisation fidèle au village, plus particulièrement au Kage. Un groupe mettant en avant les intérêts d’Uzushio avant tout, suivant les Ordres de Kage sans hésitations. Une organisation pouvant faire fi des lois, des dogmes, des règles régissant le village afin de le préserver. Une organisation secrète. La garde était en effet trop voyante, pas assez subtil , et sous la Juridiction officielle du Kage et des Miyamoto… Il fallait quelques choses de plus… officieux… Son esprit l’avait vaguement renseigné sur de telles organisations passées, qui agissait dans l’ombre d’une société plus complexe, afin de la préserver contre tous les dangers, autant externe qu’interne. Il savait que, selon les intérêts et la pensée du Kage, cette idée pouvait lui apporter plus de problème qu’autres choses. Mais la survie du village passe avant la sienne.
-Je sais que nous ne devons pas nous rabaisser, mais… Si un groupe d’entre nous pouvait agir, selon votre accord, pour protéger le village, avec tous les moyens a leurs dispositions… Un groupe que vous pourrez discréditer et renier si le besoin se faisait sentir… Des hommes et des femmes prêts à mourir, prêts à tout pour détruire les menaces, même internes…
Akrillo dévia son regard de celui du Kage, avant de reprendre.
-Je sais que ce que je dis est horrible, et ne respecte en rien les règles… Mais si nous ne pouvons pas agir officiellement envers eux, si nous devons attendre qu’ils fassent quelques choses avant d’agir… Si le seul moyen et de guérir les blessures qu’ils nous affligeront et non de les prévenir… Alors nous avons déjà perdu. Peut-être cela prendra du temps, mais la défaite sera assurée.

Il savait que ces mots étaient durs, mais avec ça récente nomination en tant qu’héritier, les responsabilités qui lui était du passé avant son amabilité et gentillesse naturel. Si un autre Miyamoto était là, il aurait souri en pensant au vieux Matsuoka dans la façon de parler d’Akrillo, mais fort heureusement, aucune oreille indiscrète était dans le coin…

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Taro Iwashiro - In Loneliness


« Pour triompher, le mal n'a besoin que de l'inaction des gens de bien. »



- Pour un Miyamoto, je te trouves bien flexible. Répondit Tsuri avec un léger sourire. Matsuoka ne s'était pas trompé sur toi.

Dans un ciel bleu sombre, la nuit tombait à présent. Meyo s'affaira au coin du feu, il s'installa confortablement sur une souche d'arbre et tendit à son subordonné un bol de soupe chaude. Katsuo avait ramené de la tente du cuisinier de quoi dîner. Accompagnés par le crépitement des flammes et le craquement des bûches, les deux hommes burent en silence. Akrillo venait de soulever un point très intéressant. Une hypothèse qui avait germé quelques temps déjà dans l'esprit du Shodaime. C'est comme s'ils étaient reliés depuis la « convention ». Étrange sentiment pour un homme d’ordinaire hermétique. Depuis Leiko, seule Haruka avait pu percer son armure pour entrevoir la personne derrière le gradé.

Lorsqu'il eut terminé sa soupe, Tsuri posa son bol à côté de lui et s'essuya le coin de la bouche avec un mouchoir. Ceci fait, il sortir de sa poche le nécessaire pour fumer: une fine pipe de bois, un étuis à tabac et bâton brûleur. Il bourra la cavité de sa pipe avec du tabac, puis agita doucement le bout de son bâton brûleur dans les flammes avant d'incendier le tabac. Il tira une longue bouffée avant de recracher la fumée. Ce n'était pas vraiment une cigarette, mais les feuilles séchées de bonne factures se faisait rares dernièrement.

- Tu as soulevé une très bonne question tout à l'heure. La fin justifie t-elle les moyens ? Je n'ai pas de réponse définitive à cela. Dans l'idéal, bien sur que non - c'est l'un des préceptes de la déesse Amenko - mais dans le monde qui est le notre, celui du mensonge, de la tromperie, de la discrétion et du secret, des méthodes comme l'espionnage, la désinformation, la division et même l'assassinat sont monnaies courantes.

Il parlait plus pour lui, exprimant à haute voix son raisonnement intérieur des dernières semaines. Il tira une nouvelle bouffée. Des grillons et autres insectes nocturnes frottaient leur ailes, le tout formant une symphonie étrange. Les rapaces s'étaient eux aussi éveillés et l'on entendait leurs hululements à travers les arbres.

- Former un groupe au dessus des lois, qui ne répondrait qu'à mes ordres, sacrifiable et dévoué jusqu'à la mort. C'est tentant, je te l'accorde, mais cela mettrait entre les mains d'un seul homme un pouvoir immense. Il recracha de la fumée. Je sais ce que tu vas dire : à priori, je ne souhaite que le plus grand bien, mes actions seraient donc motivées par la justice et le bien être du plus grand nombre.

Il imagina la scène un instant. Dans son bureau, usant des pleins pouvoirs pour mener le village dans la « bonne direction », contournant une harassante paperasse et des réunions interminable, des compromis et des caprices. Il se vit debout, un poignard à la main, du sang plein les bras. Il chassa cette vision dans un nuage de fumée.

- Mais si j'ai tort, si je me fourvoie, qui pourra me faire entendre raison ? Même avec les envies les plus louables, un peut avancer dans la mauvaise direction. Tu l'as vu dans ce labo: des scientifiques, conscient d'être amoraux, mais convaincu d’œuvrer pour l'humanité. Ce risque est trop grand.

Mais alors, est-ce que l’inaction des hommes de biens entraînerait une défaite inexorable ?

- Je sais que ton idée n'est pas mauvaise, c'est même sûrement la solution la plus viable à l'heure actuelle. Le simple fait de le dire à haute voix paraît complètement fou. Imaginer une force armée agissant en dehors des lois pour le bien commun, c'est complètement insensé ! Cela mettrait à mal notre idéal, cela viendrait à l'encontre des fondations même d'Uzushio.

Tsuri paraissait vraiment bouleversé à cette idée. Il resta silencieux un moment. Il laissa son esprit vagabonder dans un futur fantasmé où tout allait pour le mieux, la guerre avait cessé et l'entraide était au cœur de la machine humaine. Il eut un sourire triste.

- En tout cas, si jamais une telle force doit exister un jour, j'espère qu'elle pourra compter sur des hommes comme toi. Acheva t-il, souriant au Chunin, d'un vrai sourire cette fois.

 

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Akrillo écoutait la Kage lui répondre en hochant la tête. Différente des autres Miyamoto ? Peut-être, après tout, il était le premier spécimen à avoir été élevé une grande partie de sa vie, par son clan ET par le village. Sa loyauté, se mêlant aux deux entités, lui faisait faire des choix et prendre des décisions qui auraient fait bondir les anciens, mais qui mettaient d’accord les senseïs d’aujourd’hui. Quoique, sa dernière proposition, il ne la proclamerait pas au prochain conseil du clan, pensa-t’il amusé.

Il était vrai que mettre un groupe dans les mains d’une seule personne pouvait être dangereux, surtout avec le temps. Bien que Tsuri soit bienveillant, qui pouvait être sûr qu’il ne se détourne pas du droit chemin avec le temps, ou bien même que son successeur soit tout aussi juste…
Le Chunin redoutait la réaction de son Kage. Cependant il espérait que le fait de voir que certains Shinobis de son village pense à des solutions comme celle la, lui fasse germer cette idée, ce projet. Bien qu’imparfaite actuellement, il avait confiance qu’avec de grands esprits du conseil du village, ils puissent en retirer quelque chose de bénéfique.

Akrillo essaya de répondre pendant que son supérieur tirait sur sa pipe.
-L’idée n’est peut-être pas parfaite, je l’admets, et les risques sont sûrement très élevés… Je voulais juste vous en faire part, vous devez savoir que certains sont prêt à beaucoup de chose pour l’honneur et la survie du village, et que leur loyauté est infaillible.
Enfin, il écouta les dernières paroles du Kage, où le dragon se permit de répondre en plaisantant un peu.
-Oh, vous savez, détruire des laboratoires clandestins est devenue ma spécialité… Il lui renvoya son sourire franc. Mais honnêtement, je ne serais pas au niveau des Jonins que vous pouvez trouver dans le village pour mener cette tâche.
En effet, lorsqu’il avait parlé de ce groupe, il imaginait des hommes et femmes triés sur le volet, ultra performant. Ce que n’était pas Akrillo. Il était un bretteur aguerri et possédait une intelligence rare, mais cela n’était finalement pas suffisant pour faire face à ces ennemis leur faisant face. Non, Akrillo s’était toujours plus imaginé en stratège, en pièce de soutien, de motivation, de créateur. De plus son clan nécessité sa présence. Enfin, il savait de toute façon, qu’il ne pourrait réellement refuser l’offre du Kage. Après tout, si un groupe pareil existe, il aura peut-être besoin d’esprit travaillant plus en profondeur en plus des armes fatales…

Le reste de la nuit continua sans d’autres aventures, tout comme le reste du voyage ? En un rien de temps, sans encombre, ils furent arrivés aux alentours de Konoha, où ils ne tarderaient pas à recevoir l’accueil des Shinobis de la Feuille.




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