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Être et Temps • ft. Animateur

Myōshin Junko
Myōshin Junko
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Myōshin Junko

La plaie s’est refermée, mais la cicatrice persiste…

Baignant dans l’aube rougeoyante, la dame marchait lentement, lasse de son voyage. Des cernes discrètes témoignaient de la brièveté de ses nuits et de la longueur de ses marches, afin d’arriver au plus vite à destination. Elle venait de loin, par-delà la mer, et avait traversé une grande partie du Pays du Feu avant de pénétrer dans la région des Grandes Forêts. Plus particulièrement, elle avait rejoint la vallée d’Enokizu, abritant la renommée Baransu, qu’elle foulait à présent du pied. Son voyage s’achevait là et, s’arrêtant un instant, elle prit le temps de contempler le paysage qui s’offrait à elle. Le décor était presque surréaliste ; le ciel embrasé et les décombres jonchant encore le sol semblaient raviver une scène qui s’était déroulée plusieurs mois auparavant. Elle n’y était pas, à l’époque, elle n’avait pas vécu l’enfer de cette bataille, mais comme beaucoup d’autres elle avait été atteinte, jusqu’au plus profond de son être, et sa vie après n’avait plus été la même. Les récits de ceux qui en étaient revenus n’avaient rien de glorieux. Cela n’avait pas été une guerre, mais une exécution, disait-on. Mais elle, elle ne pleurait pas ; elle ne s’appesantissait ni sur le sort des civils disparus ni sur celui des shinobis tombés… Non, elle avait simplement la rage. Elle s’insurgeait contre les hautes sphères qui avaient simplement tourné la page. Elle en voulait à tout le monde, sans raison, ou simplement parce qu’ils appartenaient à la race humaine, ces animaux répugnants. Elle bouillonnait sans parvenir à se calmer, si bien qu’elle en tremblait, parfois.

Elle aurait souhaité y être et c’était peut-être l’une de ses plus grandes frustrations. Ce n’était ni par curiosité morbide ni par envie d’appartenir quelque chose de plus grand, sinon par désir de changer les choses. Elle voulait se battre contre l’ennemi, l’anéantir, le détruire, purger le monde du mal qui le rongeait. A ses yeux, il n’y avait pas d’autre espoir qu’une reconstruction, une fois tout ça éradiqué. A l’époque, le mal avait pris la forme de l’Empire de Tetsu, mais elle ne se faisait pas d’illusion, d’où qu’ils viennent, les hommes étaient les mêmes. Elle avait essayé de comprendre, elle avait laissé une chance à l’humanité. Mais ses peines étaient plus grandes que ses joies et, en ce jour-là, elle n’avait plus d’espoir pour son espèce. Peut-être était-ce le discours d’une âme meurtrie, saignée à blanc. Peut-être n’était-elle pas complètement lucide – ne l’avait-elle jamais été ? Quelque part, enfoui, subsistait un doute néanmoins : et s’il existait une raison à tout cela ? S’il existait une force, au-dessus des Hommes qui les poussaient à agir ainsi ? Alors, son courroux ne devait pas se tourner vers eux mais bien vers cette force, cette entité, cette divinité. Mais cette lueur d’espoir était fragile, menacée par un cœur de plus en plus noir et une opinion de plus en plus arrêtée. Elle se repliait chaque jour un peu plus sur elle-même.

Poussant un soupir fatigué, elle se remit en marche, achevant de traverser la petite plaine qui la séparait de l’entrée du village – cette même plaine qui avait accueilli le Grand Bazar, à l’époque. A l’intérieur de la cité, les choses étaient un peu plus en ordre, des travaux avaient été lancés et, bien qu’inachevés, les traces des combats passés avaient été tant bien que mal dissimulées. Ironiquement, on pouvait apercevoir encore quelques vestiges du festival d’Ombre et de Lumière : parfois, l’un ou l’autre lampion frappé du sinogramme « ninja » avait été oublié et pendait toujours, poussiéreux et délavé, le long des toitures bordant la rue.

Si cela n’avait tenu qu’à elle, la dame se serait bien tenue à l’écart de la population… Mais les raisons qui l’avaient amenée à se rendre à Baransu lui imposaient également d’avoir recours à l’aide des autochtones. Une rumeur était parvenue jusqu’à ses oreilles. A vrai dire, il courait beaucoup de rumeurs au sujet de Baransu, autant pendant la bataille qu’après, et la Jûnin n’y prêtait que rarement attention. Cette fois-ci, c’était différent cependant. Un ancien collègue avec lequel elle avait effectué l’une ou l’autre mission, à l’occasion, était venu la trouver et l’avait suppliée de mener l’enquête. En temps normal, elle aurait refusé, évidemment, elle ne faisait pas dans la charité et deux missions suffisaient rarement à attendrir son cœur. Mais l’homme avait combattu à Baransu. Il avait vécu des choses qui le hantaient encore. Et, aujourd’hui, personne ne croyait à ses histoires. Personne ne lui accordait la moindre attention. Elle avait vu, dans ses yeux, la souffrance de la solitude et la peur de la démence. Elle avait vu ce qu’elle voyait dans son propre regard, lorsqu’elle croisait ses yeux dans le miroir.

Alors il lui avait raconté son combat. Seul contre un ennemi invisible. Seul contre les ténèbres.

Il était difficile de discerner le vrai du faux, dans son discours. S’y mélangeaient les souvenirs épars, confus, auxquels s’ajoutaient une part de fantasme et de cauchemars. Pourtant, il était sûr de lui, disait-il, il savait ce qu’il avait vu. Un homme, un ennemi, avait fait couler un liquide de son torse, comme s’il s’agissait de son propre sang. Un sang noir, noir comme les ténèbres, noir comme la mort. Et ce liquide avait tué tous ceux qui étaient présents. Il les avait aspirés, broyés, comme un trou noir, avant de s’avaler lui-même. Il était sûr de lui, sûr de ce qu’il avait vu, il en avait perdu son bras, disparu dans le vide. Il n’était pas seul, d’ailleurs. Un enfant avait tout vu aussi ; un enfant de là-bas, un enfant de Baransu. Il s’était échappé avant que la chose ne l’absorbe aussi.

C’était une chose qui n’existait pas sur terre. Qui ne pouvait pas exister.

La dame n’y avait pas cru, sur le coup. Elle pensait sérieusement que cet homme avait vécu un traumatisme, bien sûr, car la perte d’un membre n’était pas toujours ce qu’il y avait de plus simple à vivre. Il était diminué, on ne lui donnait plus de missions de haute importance, car il n’arrivait pas à exécuter ses techniques avec la même dextérité. L’homme avait été blessé physiquement et la société s’était chargée de l’achever mentalement. Mais il lui demandait simplement d’enquêter, de poser des questions, là-bas… Au fond, tout ce qu’il voulait savoir, c’est s’il était vraiment fou.

La Jûnin regardait autour d’elle, indécise. A qui s’adresser sans paraître démente, elle aussi ? On parlait tout de même d’une technique que peu auraient été capables de maîtriser, monopolisant certainement une quantité incroyable d’énergie… Quelque chose qu’elle n’avait jamais vu et qui paraissait… Qui paraissait impossible. Elle s’en mordit la lèvre. Dubitative, mais quelque part un peu excitée à l’idée que tout ceci puisse être vrai, elle s’approchait du premier passant qu’elle trouvait. « Bonjour. Excusez-moi de vous déranger… Je cherche quelqu’un… » Avant de partir, elle avait pris soin de demander une description de l’enfant à son ancien collègue. Tout indice était bon à prendre, même s’il y avait peu de chances pour que le gamin ait réchappé aux combats. Cela ne disait rien à celui qu’elle interrogeait. Elle changea d’approche. « Hum, vous sauriez s’il existe des registres de personnes portées disparues pendant le festival d’Ombre et de Lumière ? Ou sur les dégâts matériels causés par l’attaque, disons, des bâtiments qui auraient disparus, les quartiers les plus touchés, ce genre de choses ? Quelqu’un que je pourrai contacter à ce sujet, peut-être ? » Elle se faisait insistante, mais elle n’avait pas le temps de questionner tous les habitants de la cité. Il lui fallait aller droit au but et le plus vite possible.



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L’attaque de Baransu avait heurté violemment les us et coutumes, ainsi que les mœurs, de la ville franche ; recrudescence de la criminalité, reconstruction lente et pénible, hôpitaux et hospices remplis, ainsi que tout autres malheurs s’étaient abattus sur la glorieuse cité. La terreur de la guerre avait fait son bonhomme de chemin dans le creux des esprits, instillant une paranoïa générale, tant chez les adultes que chez les enfants : on craignait une nouvelle attaque, on craignait même, par endroit, la réapparition de ces shinobis aux talents mirobolants. Cette crainte omniprésente était un signe des temps passé, présent et à venir. Malgré les bas instincts de l’Homme blessé dans son orgueil, son faste et sa paix, les grandeurs d’âmes d’individus philanthropiques – et suffisamment riche pour se le permettre - permettaient de maintenir à flot certains quartiers plus touchés que d’autres : orphelinats, centre médicaux et autres manifestations de l’empathie solidaire.

La quadragénaire au regard d’octogénaire avait pénétré ce temple de l’entraide improvisée, gouverné par ces philanthropes à la panse bien remplie. Etrangement, elle venait de s’adresser, avec un regard que ce bonhomme pu prendre pour de la folie – ce qui n’était pas sans lui rappeler le regard de ces déments qui gangrénaient ses lits d’hôpitaux -, à l’un de ces hommes. D’abord gêné par l’insistance de la femme, un peu choqué, il balbutiait, d’abord, quelques phrases incompréhensibles puis se calmait, prenant la dame pour une mère éplorée cherchant son enfant, un mari ou un parent, tout du moins. Reprenant contenance, donc, il lui répondit, d’une voix qui se voulait rassurante, légèrement mielleuse, trahissant son haute extraction malgré les habits qu’il portait – certainement qu’il ne voulait pas se faire détrousser pour ses richesses.

« Un centre médical faisant office d’orphelinat et de centre de recherche fait la jonction entre les deux quartiers les plus touchés, peut-être trouveriez-vous votre bonheur là-bas. Ils ont une liste des disparus que les gens vont consulter de temps en temps, les recherches continuent vous savez… »

Sur ces mots, il lui désigna, à quelques centaines de mètres de là, un établissement fait de bric et de broc jouxtant un édifice imposant. Visiblement, une petite foule s’y pressait…
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La dame le dérangeait, elle l’importunait visiblement, par sa façon de l’aborder et de lui poser des questions. Elle s’en rendait bien compte, mais cela ne lui faisait rien. Elle n’avait plus de scrupules à bousculer les gens pour obtenir ce qu’elle désirait. Le temps des convenances était définitivement révolu et l’humanité avait épuisé tout son stock d’empathie.
Elle apprenait finalement l’existence d’un centre médical tenant une liste de portés disparus. Si cela ne comblait pas toutes ses attentes, c’était mieux que rien. A vrai dire, elle voyait deux pistes dans sa recherche : la première consistait évidemment à retrouver le second témoin de ce que son ancien collègue lui avait raconté, l’enfant, la seconde en revanche se focalisait davantage sur les dégâts matériels qu’aurait eu une telle attaque – car si l’Uzujin avait insisté sur la façon dont les corps s’étaient fait engloutir, il n’avait pas omis de mentionner le trou béant que cela avait formé, un trou qui ne serait pas passé inaperçu, à l’évidence. L’homme qu’elle interrogeait lui permettait donc de progresser en direction de l’enfant… La piste la plus hasardeuse, en soi. Elle le gratifia d’un sourire visiblement forcé et le remercia, prenant congé par la même occasion.

D’un pas rapide elle rejoignit le bâtiment qui lui avait été indiqué. « Les recherches continuent » avait-il dit… Evidemment, compte tenu l’ampleur de l’attaque qui avait été menée contre Baransu, les morts et les disparus devaient être nombreux. Ses pensées furent confirmées lorsqu’arrivée à hauteur dudit centre, elle constata le nombre de personnes se pressant autour d’un tableau d’affichage de fortune. Jouant des coudes, elle se fraya rapidement un chemin à travers la foule, jusqu’à ce qu’elle puisse lire le contenu du message placardé. « Corps identifiés… » Une liste de noms suivait la mention. Soudainement curieuse, la dame parcourut l’intégralité des noms recensés, s’attendant presque à y voir un patronyme connu, mais elle n’en connaissait aucun. En réalité, ce n’était pas si étonnant. Ces noms devaient être ceux des autochtones uniquement ; il n’y avait aucun intérêt à exhiber celui des soldats des autres nations, d’autant que les corps devaient être vite rapatriés et que certains devaient être claniques, forçant discrétion et rapidité d’action. A la suite de l’énumération des gens retrouvés et identifiés, un message expliquait que certains cadavres n’avaient pas pu être identifiés et que l’on pouvait se rapprocher d’un assistant du centre pour obtenir plus d’information.

Tournant immédiatement les talons, la dame se dirigea vers l’entrée du bâtiment. Là, à l’extérieur, un homme dans une tenue blanche frappée du symbole du centre médical tenait un livret et paraissait en grande discussion avec quelques personnes éplorées. S’approchant, la dame captait quelques bribes de la conversation. Chacun cherchait un proche, un ami, disparu depuis l’attaque et dont ils n’avaient aucune nouvelle. L’homme du centre faisait un travail remarquable.  Il demandait tout d’abord une description desdits disparus – de leur apparence physique à la tenue qu’ils portaient supposément le jour de l’attaque, forçant les gens à se souvenir du moindre détail qui pourrait les distinguer du commun des mortels – puis, se référant à son livret, il comparait les descriptions aux informations qu’il avait. Parfois, il en autorisait l’un ou l’autre à pénétrer l’enceinte du centre, certainement pour aller à la rencontre des cadavres stockés. Une façon intelligente de filtrer les allées et venues. En observant ce ballet funèbre, la dame remarqua, un peu en retrait, deux gardes. Evidemment… Il fallait maîtriser cette foule, car la misère des gens les faisaient parfois agir de façon inconsidérée.

Sans hésiter, elle s’était rangée dans la pseudo-file qui s’était formée autour de l’assistant et, finalement, vint son tour de lui parler. S’éclaircissant la voix, elle décrivit l’enfant qu’elle recherchait. Certainement que son air fatigué mais dépourvu de tout chagrin intrigua l’homme en blanc car il fronça légèrement les sourcils, hésitant. Finalement, il demanda : « Votre relation avec cet enfant ? » Elle parut légèrement surprise par la question mais réagit promptement. « Le fils d’un ami. » répondit-elle simplement. Puis, pour affirmer son propos, elle ajouta dans la foulée : « Il ne peut pas se déplacer, il est en convalescence. » L’homme feuilletait dans son livret. Avait-il des informations ? L’avait-il crue ?

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La cohue des gens qui s’amassait devant une petite liste des retrouvés, des corps identifiés et autres horreurs rendait la progression de la dame difficile. Curieuse, celle-ci avait passé un moment à parcourir la feuille dans l’espoir inavoué de ne pas y lire de noms familiers. N’en y reconnaissant aucun, elle pénétrait dans l’enceinte du bâtiment ; mères éplorées, pères aux mines sombres et ravagées, enfants seuls s’y jetaient avec l’espoir, infime, de retrouver l’être aimé. Il y avait, dans cette manifestation du malheur humain, une certaine beauté triste. Solidaires, ils se prenaient dans les bras, pleuraient ensembles ou échangeaient de simples regards lourds de sens. Ceci, elle pouvait l’observer au fur et à mesure qu’elle attendait dans cette file macabre où chaque personne y espérait une bonne nouvelle et y craignait une mauvaise. L’homme fatigué qui se chargeait de distribuer les verdicts ne le faisait pas sans humanité, cependant. C’est donc avec scepticisme qu’il observait la femme élégante qui se présentait à lui, un teint frais sans larmes, ce qui ne manquait pas de lui faire hausser un sourcil broussailleux. Après un court échange et une recherche dans son carnet, il trouvait la mention de ce jeune enfant, à la lecture du quartier où il fut retrouvé, son visage blêmit et il plongeait son regard dans celui de la femme.

« Nous avons bel et bien un enfant de cette description dans notre orphelinat. Il réclame sa mère mais elle n’est jamais venue, il n’a pas fait mention du père, cependant. Je… Je vous conseille de faire attention là-dedans, beaucoup de ces gamins vous prendront pour leur mère et… Enfin… Ce n’est pas joli à voir un gosse dans cet état-là, surtout celui de votre ami : il est traumatisé par ce qui s’est passé. On peut le comprendre aussi, les gens racontent qu’il n’y a plus rien là-bas… »

Interrompu par les réclamations de ceux qui attendaient, il se détournait de la femme qu’il laissait entre les mains d’une de ses collègues afin qu’elle l’emmène au lieu donné.

La jeune infirmière ne décrochait pas un mot, elle marchait d’un pas souple et élégant malgré l’évidente fatigue (elle n’avait dû dormir que quelques heures pendant la semaine). La mâchoire crispée, elle ignorait les appels des blessés qui gisaient de part et d’autre du couloir, ne regardait pas les cadavres jonchant les paillasses à même jetées au sol. L’hygiène n’existait plus, la mort côtoyait les vivants, faute de mieux. Plusieurs salles gigantesques plus loin, les deux femmes s’arrêtèrent face à une grande porte barrée de trois gardes à la mine sombre, des rides creusées par les crispations de leurs mâchoires – il n’en fallait pas moins pour supporter les cris incessants des jeunes âmes réclamant mères et pères. Un mot suffit pour qu’ils ouvrent la porte, dévoilant une scène catastrophique. Il n’y avait pas moins d’une trentaine d’enfants, là, désœuvrés : certains gisaient sur les lits, pleurants ou blessés, d’autres se précipitaient à la rencontre de la belle dame en kimono hurlant des mots incompréhensibles, nécessiteux d’une présence féminine tant adorée mais disparue. Traverser cet endroit fut des plus pénibles, stoppés dans leur progression par cette foule aux visages bouffies par les larmes. Enfin arrivé vers l’enfant alité qui correspondait à la description que la dame en avait faite, elle se détournait afin de s’occuper des autres, leur laissant un peu d’intimité afin qu’ils puissent parler sans être dérangé ni entendu.

Faible, fiévreux, l’enfant se redressait sur son séant, les yeux vitreux de peur, il crispait à travers ses doigts un tissu de belle facture. « Maman ? »

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« Les gens racontent qu’il n’y a plus rien là-bas… »

Les sourcils de la dame se froncèrent légèrement, l’espace d’un instant. Cette phrase l’avait interpellée ; était-ce le phénomène dont son collègue lui avait parlé ? D’instinct, elle demandait : « Comment ça ? Où ? » Mais impossible d’en savoir plus, la foule pressante arrachait l’homme à leur discussion et, de son côté, une autre personne la prenait en charge. Ils se séparaient donc sur cette phrase mystérieuse, laissant à l’Uzujin plus de questions que de réponses. Mais il fallait voir le bon côté des choses, elle progressait dans sa quête. Restait à savoir si l’enfant qu’on allait lui présenter était bien celui qu’elle cherchait.

Dans le sillage de l’infirmière, Junko était le témoin silencieux d’une scène d’apocalypse. L’hôpital souffrait visiblement d’un manque de moyens, aussi bien humains que matériels, les gens s’entassaient les uns sur les autres, tant et si bien qu’il était difficile, pour la dame, de distinguer les vivants des morts. Mais ce qui la frappait, ce n’était pas tellement l’amoncellement des corps, sinon l’absence des shinobis. Tous ces gens, réduits à l’état animal, étaient des civils. Posant ses yeux de senseurs sur les médecins, infirmiers et aides-soignants, sa conclusion fut la même. Les shinobis avaient déserté, peu de temps après la bataille. Ils s’étaient concentrés sur leurs hôpitaux de campagne, puis une fois les troupes rentrées aux Villages, ils étaient partis. Bien sûr, cela n’avait pas été immédiat, et l’une ou l’autre âme charitable – voire dépêchée par son Pays – était venue prêter main-forte… Mais cela n’avait duré qu’un temps. Ils ne pouvaient se permettre de s’éterniser là, ils avaient leur propre pays à défendre. Tous les prétextes étaient bons… Mais la reconstruction, ce serait à Baransu de la payer.

Ces gens-là n’étaient pas tous des victimes directes de la guerre, sinon des complications qu’elle avait engendrées. Logements détruits, insalubrité, denrées rares… Il ne fallait pas croire que lorsque la guerre s’arrêtait, la vie reprenait son cours. Il y avait eu une vague d’épidémie, puis une famine. Les autres nations avaient aidé pour se donner bonne conscience, sans vraiment prendre la mesure des efforts qu’il aurait fallu faire.  On détournait le regard, on faisait semblant de ne pas voir. « Vous auriez mieux vécu à mourir sous la lame de Tetsu. » songea la jûnin, cyniquement.

Elle n’était cependant pas au bout de sa peine. L’infirmière qui la menait à travers les salles de l’hôpital s’arrêta finalement, à hauteur d’une porte gardée. Déjà, Junko pouvait entendre des gémissements émaner de l’endroit. Et alors qu’elle comprenait ce dont il s’agissait, elle n’eut pas le temps de réagir. Elle aurait voulu faire marche arrière, s’enfuir très loin, mais la porte s’ouvrait brutalement, libérant le flot de pleurs et de cris d’une trentaine d’enfants.

Même ses cauchemars étaient plus tendres. Sa mâchoire se crispa furieusement, tandis qu’elle essayait de suivre l’infirmière. Quelle ironie, pour cette femme, que d’être prise pour une mère, alors même qu’elle avait échouée à l’être pour son propre enfant. Ce qui aurait été une souffrance pour n’importe quel être humain était un véritable martyre pour Junko.
Peu de choses parvenaient encore à l’atteindre, et la mort n’en faisait plus partie. Mais lorsque l’enfant qu’on lui présenta, alité, se releva soudainement, son cœur cessa de battre. « Maman ? » Elle resta pantoise. Ce cri, cet appel… Il lui déchirait le cœur. Et tandis qu’elle plongeait son regard dans les yeux perdus de l’enfant, qui semblait revivre éternellement l’horreur passée, elle revivait, elle aussi, son éternel échec. Elle n’était pas une mère. Elle ne l’avait jamais été. Elle avait enfanté, il était vrai, mais elle ne méritait pas qu’on l’appelle maman.

Finalement, elle s’approcha doucement, prenant la main de l’enfant – cette main si petite et si fragile qu’elle avait peur de la briser. Et d’une voix tremblante, dans laquelle on pouvait ressentir toute son émotion, elle murmura. « Je ne suis pas ta mère… » Puis, avec un froncement de sourcils, elle ajouta : « Je suis désolée. » Elle ne voulait pas le brusquer, mais il fallait qu’il arrête très vite de l’appeler ainsi car elle ne pourrait pas le supporter très longtemps. Elle s’éclaircit la voix. « J’ai besoin de ton aide, tu comprends ? J’aimerais… J’aimerais savoir ce qu’il t’est arrivé. Tu peux me raconter ? » La main tremblante, elle lui caressa doucement la tête, pour le rassurer. Un geste qui ne lui était pas naturel, mais qu’elle espérait réconfortant, d’une façon ou d’une autre. « Hum… Je t’aide à trouver ta maman, et tu m’aides à trouver ce qu’il s’est passé. Ça te va ? » Elle s’essaya à sourire, mais ses yeux s’étaient embués. Elle n’avait qu’une envie, le prendre par la main et s’enfuir loin de tout ça le plus vite possible.

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L’horreur d’une telle situation semblait profondément affecter la trentenaire, happé par les cris désespérés et impuissants d’enfants orphelins mais celle-ci réussissait à briser le carcan émotionnel de l’appel affreux du traumatisé qu’elle avait en face d’elle. Rappelant, doucement, la réalité, elle débordait de délicatesse, apaisant par la même le regard troublé, embué, de l’enfant dont les évènements avaient laissés une marque terrifiante dans son cœur et son esprit. Le contact lui semblait peut-être inutile ou décalé mais l’angelot se calmait légèrement, hoquetant par moments, toujours rappelé par l’ignominie de ce qu’il avait vu. Rapportant son regard vitreux, légèrement fiévreux sur la dame, il parla, difficilement, entrecoupé par des sanglots étouffés.

« Ma maman ? Tu m’emmènes voir maman ? Oui, je veux voir maman… Elle était là-bas elle aussi. » Le regard soudainement contemplant une esquisse invisible, une horreur que seul voyait ; une vague de ténèbres, violente, inarrêtable, irrésistible, happant tous les êtres dans une noirceur sans fin. Il voyait ce même liquide, ce raz-de-marée, impuissant, hurlant de pleins poumons. Dans la salle, tous les autres orphelins s’étaient habitués aux crises de leur ami et se bouchaient les oreilles. Le hurlement assourdissant s’étouffait bientôt, le visage enfoui dans son oreiller, coi, il pleurait de longues minutes, aveugle aux regards compatissants des autres. Puis, redressant la tête, il s’adressa à la dame venu le chercher. « Si je t’emmène voir le monstre qui a englouti mon père, tu retrouveras ma mère n’est-ce pas ? » Les yeux dardant d’espoir, il se levait alors et se dirigeait vers la porte, emporté par un élan de courage.

Le trajet ne fut pas long, à peine une douzaine de minutes, à pied d’enfant, jusqu’à un endroit édifiant de vide : un cratère abyssal, dans une forme sphérique parfaite, pas naturelle. L’évidence pouvait se présenter aux yeux de Junko ; il s’agissait là d’une technique effroyable à l’effet dévastateur. Autour de l’endroit, un quartier désolé par la guerre ; les bâtiments étaient effondrés sur eux-mêmes, des débris jonchaient le sol, quelques badauds passaient là sans jeter un seul regard au vide béant trouant le sol et amputant quelques maisons dans une rondeur chirurgicale. L’enfant pointait du doigt, les yeux fiévreux, réprimant un horrible sentiment d’effroi, deux individus qui se disputaient au centre du cratère.

« Ce sont eux qui m’ont emmenés à l’orphelinat. Ils sont gentils. Ils m’ont dit que ma maman allait venir me chercher. Elle est où maintenant ? » Il relevait sa bouille d’angelot, mouillé de larmes silencieuses, il était épuisé, visiblement éprouvé par l’effort extrême qu’il déployait pour ne pas succomber à la peur.

Récapitulatif:
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La révélation de l’enfant selon laquelle sa mère avait été sur les lieux au moment de la catastrophe lui laissa une impression étrange. Que devait-elle en penser, si cette histoire était bien vraie et que sa mère avait disparu pour de bon ? Elle promettait quelque chose à cet enfant mais elle n’était pas certaine de pouvoir le lui fournir. C’était comme si elle lui donnait espoir pour assouvir son propre besoin. Était-elle devenue à ce point amorale ? Dans le fond, elle espérait que cette femme soit toujours en vie. Elle n’avait aucune envie de se retrouver confrontée à sa propre conscience.

Il eut une crise, semblant revivre l’horreur de ce jour-là, celui où il avait perdu… Son père. L’Uzujin déglutit avec difficulté. Au moins, il ne s’agissait pas d’elle, mais de son paternel. Était-ce mieux pour autant ? Son père avait été englouti. Elle voulut serrer l’enfant dans ses bras, mais il lui prenait la main et l’emmenait à sa suite. Un peu hébété, Junko se laissait faire. Elle songeait à tout ce qu’elle venait d’apprendre, en quelques mots seulement. « Englouti… » Voilà qui n’était pas anodin. Elle eut un frisson. Chaque instant, chaque discussion, la rapprochait un peu plus de la vérité. Mais était-elle vraiment prête pour ce qu’elle allait découvrir ?

Le néant. Voilà ce qu’elle découvrait. L’enfant l’avait guidé dans un quartier un peu isolé de la ville, non loin de l’hôpital de fortune. Ils s’étaient arrêtés au bord du précipice qui donnait sur un cratère gigantesque. Elle ouvrit la bouche, mais aucun son n’en sortit. « Il avait raison. » songea-t-elle, impuissante face à ce qu’elle découvrait. Oui, il avait raison. Il n’était pas fou. Il avait bien vécu ce qu’il imaginait. Sa première pensée allait vers ce collègue torturé, en convalescence à Uzushio et que personne ne croyait. Mais comment croire que cette chose puisse être l’œuvre d’un être humain ? C’était comme si un demi-Dieu avait abattu une météorite sur la terre. Son regard balaya la demi-sphère béante ; un miracle que l’homme en ait réchappé avec un membre en moins seulement. Un miracle aussi que cet enfant soit indemne. Elle tourna ses yeux vers le visage terrifié du petit, lui offrant un regard perdu. Elle n’osait pas imaginer combien de vies avaient pu disparaître en cet endroit.

Il lui indiquait quelque chose, au centre de l’excavation. Deux personnes qui semblaient lancées dans un débat fort animé. Elle plissa les yeux, les observant un instant. Le petit réclamait sa mère, de nouveau. Elle se mordit nerveusement la lèvre, à cette annonce. Que faire… Si ces individus avaient emmené le gamin au centre de soin et qu’ils étaient encore là, peut-être étaient-ils chargés par la ville de faire des fouilles, de retrouver des corps. Il y avait des chances pour qu’ils en sachent un peu plus sur cet endroit. Elle se retourna vers l’enfant, le prit dans ses bras, posant sa tête sur son épaule. « Je vais retrouver ta maman, je te le promets, OK ? Repose-toi, tu es courageux. » Alors elle lui caressa doucement les cheveux, attendant patiemment que sa respiration se calme. Il valait mieux qu’il dorme un peu, en attendant qu’elle trouve une solution. Lorsqu’elle fut assurée qu’il se reposait, elle le fit glisser sur son dos, ce qui lui permettait une prise plus facile. Puis, sans plus tarder, elle plongeait dans les abysses.

Marchant sur la paroi du cratère, elle rejoignait les deux hommes au centre en un rien de temps. Elle avait ralenti un peu avant de parvenir à leur hauteur, dans l’espoir de capter quelques brides de conversation. A présent qu’elle les voyait de près, elle n’était pas certaine qu’ils soient mandatés par les autorités. Elle les aborda prudemment, profitant d’un répit dans leur discussion endiablée. « Excusez-moi. » dit-elle, sans animosité. Sur son visage, il n’y avait pas un sourire, cependant. Sa mission prenait une ampleur considérable, l’heure n’était plus à la plaisanterie et aux mensonges. Elle avait besoin de réponses. « Cet enfant m’a dit que vous l’aviez emmené à l’orphelinat. Vous l’avez trouvé ici, n’est-ce pas ? » Elle désigna d’un signe de tête le petit être accroché à son dos. Puis, balayant le trou dans lequel ils étaient du regard, elle demanda : « Savez-vous ce qu’il s’est passé ? »

Eux aussi auraient certainement des questions pour elle. Il était clair qu’elle n’était pas la mère de l’enfant, et pourtant elle l’avait sorti de l’endroit où ils l’avaient placé. Elle ne s’était pas présentée, également. Mais ça, c’était son choix ; elle ne préférait pas révéler son statut, cela pourrait lui porter préjudice. Il valait mieux s’en tenir à la version qu’elle avait donnée à l’hôpital, pour le moment.

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L’enfant calmé, placé à un endroit où nul n’oserait troubler son sommeil – sur le dos de la trentenaire -, malgré l’agitation qui le prenait, de temps en temps, à cause de mauvais rêves – renforcés par sa proximité avec le cratère où il avait vu son père être englouti -, la femme se dirigeait gracieusement vers le centre du désastre où les deux hommes aux airs androgynes se disputaient avec férocité. Manifestement jumeaux, malgré des couleurs de cheveux différents – l’un avec une coupe courte, des cheveux de jais, l’autre, les cheveux longs, blonds -, ils se complétaient dans une harmonie suprême. Etrangement accoutrés, ils ne semblaient pas prétendre à la conformité, chose qui avait sauté aux yeux de la curieuse s’étant suffisamment approchée pour entendre le contenu de la dispute.

Jasdero – « Puisque je te dis que la perfection de la sphère veut dire que c’est une explosion contrôlé par un contre sort plutôt que le phénomène en lui-même… Ça peut pas être parfait comme ça, ça a dû être contenu, forcément… »

David – « Non mais si, suffit que ce soit une énorme boule de vide féroce qui tombe du ciel, un gros globule énorme et pouf, miam miam et ça éclate et ça se dilue et paf y a plus rien. J’suis sûr que ça marche comme ça. »

Jasdero – « Mais non. Arrête de faire l’imbécile, veux-tu ? On a de la compagnie, soit professionnel un peu. »

David – « De la compagnie ? Ah. Me casse, tu t’en occupes. »

Les deux énergumènes semblaient autant se compléter que s’éloigner l’un de l’autre, pourtant, ils arboraient le même sourire enfantin, presqu’ironique, conscient des apparences. Le prénommé David n’écoutait guère ce que racontait la femme, s’éloignant d’un pas mal assuré tandis qu’il poussait une chansonnette aux accents étranges, et toquait, par-ci, par-là, le sol pour y entendre un son que seul lui espérait entendre. Jasdero, quant à lui, les bras croisés, arquait un sourcil en apercevant l’enfant sur le dos de son allocutaire. Sans réelles émotions, il se contentait d’hausser les épaules, balayant d’un geste les questionnements de Junko.

David – « CA SONNE CREUX ICI MEC ! JE TE JURE CA SONNE CREUX ! J’SUIS SÛR C’EST UN GENJUTSU SONORE. J’VAIS CREUSER ! »

L’intervention happa l’attention de son jumeau qui plantait là la trentenaire, partant en courant et en hurlant en direction de son frère, agitant les bras de manière affolée.

Jasdero – « DAVID ! FAIT PAS CA ESPECE DE CON ! FAUT CONSERVER L’ENDROIT INTACT ! MERDE ! »

Une lutte s’engageait, alors, entre les deux énergumènes qui s’affrontaient, pêle-mêle, sur le sol grattant celui-ci de leurs bottes et de leurs ongles, tout cela, sous le regard ébahi de l’uzujin, assistant, malgré elle, à un bien piètre spectacle.  Après de longues minutes, les deux se levaient et lorsqu’ils voulurent s’épousseter, remarquaient qu’il n’y avait nul grains de poussière sur eux. En effet, l’endroit ne souffrait aucunement de gravas, de poussière ou autres résidus naturels ; aussi nettement que le trou s’était fait, tout semblait avoir été poli, parfaitement. Alors, seulement le prénommé David revenait voir la femme afin de répondre à ses questions.

David – « Excusez Jasdero, il perd la tête parfois. On sait pas trop ce qu’il s’est passé. Vous êtes sa mère ? Très peu probable, vous êtes trop vieille. Enfin bref, vous pensez que c’est quoi à votre avis ? On sait pas nous. »

Jasdero – « UN GENJUTSU SONORE ! ON EST EN PLEIN DEDANS JE TE DIS ! »

Les rôles inversés, ils semblaient s’amuser réellement, cherchant, à leur manière, la cause de tout cela…

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Ces deux-là devaient être fous. Ils parlaient avec fièvre et précipitation, tant et si bien que la dame avait du mal à suivre le cheminement de leur pensée – si tant est qu’il y en ait un. Elle les regardait, hésitante. Etait-ce vraiment une bonne idée que de s’adresser à eux ? Elle avait l’impression d’être prise entre deux forces qu’elle ne pouvait maîtriser et qui tournoyaient furieusement, l’étouffant petit à petit. Pourtant, dans leurs accès de délire, transparaissaient parfois des onces de réalité et de pragmatisme.

Elle comprenait, peu à peu, qu’ils étaient à la recherche de la vérité, eux aussi. Ils cherchaient à percer le mystère de ce qui avait creusé aussi parfaitement le sol, à leur manière. Ils étaient à l’opposé de la dame, très conventionnelle dans son approche des problèmes, et plus à l’image de savants fous dont les idées fusent en tous sens, sans réelle cohérence, jusqu’à parvenir à une conclusion plus que probable. Mais leur apparence décousue et leurs effusions de paroles n’encourageaient pas la jûnin à se reposer sur leur expertise. C’était tout l’inverse, elle se demandait sincèrement si, finalement, il n’était pas plus pertinent pour elle de procéder à ses propres recherches, de son côté.

Elle allait partir, atterrée par le spectacle de ces deux individus en train de se livrer à une fouille du sol, lorsque l’un d’eux vint finalement la voir, comme soudainement rappelé à la raison. Ils avaient beau être visiblement jumeaux, elle était à peu près certaine que celui qui lui adressait la parole à présent était également celui qui avait refusé de s’en occuper, un peu plus tôt. Comme si leurs rôles s’inversaient, au fil de leur discussion. Comme si un même esprit avait été scindé, partagé entre les deux individus. Elle resta interdite face à ces biens piètres remarques. Faisant fi de l’insulte qu’il lui lançait au visage quant à son âge, tout ce qu’elle apprenait c’était bien ce qu’elle avait supposé : ils n’avaient rien de concret. En revanche, elle comptait bien profiter de son instant de lucidité pour en savoir plus sur les pistes qu’ils avaient déjà explorées, cela lui serait toujours utile.

Elle s’apprêtait donc à répondre, pour poser de nouvelles questions, lorsqu’elle fut coupée par le second. « UN GENJUTSU SONORE ! ON EST EN PLEIN DEDANS JE TE DIS ! » Elle serrait la mâchoire, à la fois déçue et agacée par l’attitude de ces deux énergumènes. C’en était trop, depuis le début ils l’avaient ignorée et s’étaient moquée d’elle. Elle allait exploser !
« Ce n’est PAS un Genjutsu ! » s’exclama-t-elle brusquement, le regard noir et l’air furieux. Elle poursuivit, tout aussi furieusement : « JE suis spécialiste des Genjutsu et il n’y a RIEN qui laisse penser que c’en est un. C’est IM-PO-SSIBLE. Compris ? » Puis, constatant qu’elle avait enfin le droit au chapitre, elle s’engouffra dans la brèche. « Vous voulez une preuve ? Très bien. Mais alors, soyons clairs, vous allez devoir vous montrer un peu plus coopératifs, après ça. »

Alors, elle fit glisser doucement le gamin endormi de son dos et le déposa, délicatement, contre la paroi du cratère, sans le réveiller. Puis elle s’avança face aux deux zoulous et, effectuant quelques mudras, annonça : « Seishin-Tekina jirai jokyo ! » La technique de l’œil invisible permettait aux senseurs comme elle de percevoir les irrégularités dans le chakra alentour. C’était une technique redoutablement efficace pour détecter la présence de Genjutsu de zone. Elle tourna alors sur elle-même, les yeux bien ouverts. « Voilà, donc comme prévu, il n’y a pas de perturbations dans… Attendez, qu’est-ce que c’est ? » Elle s’approcha d’un bord du cratère.

C’était étrange… Elle voyait des traces, très éparses, presque effacées. Ce n’était pas un Genjutsu, c’était certain, mais quelque chose avait bien marqué le sol. Oui, c’était comme l’empreinte de l’enveloppe d’une technique. Elle se pencha encore, s’accroupissant, pour mieux observer la trace. La nature du chakra ne l’intéressait guère, c’était la forme qu’il prenait qui l’intriguait. Elle se releva, rejoignant le sommet du trou béant. Ses interlocuteurs ne l’intéressaient plus, elle avait l’impression de tenir une piste. Là-haut, elle parcourut tout l’espace de son regard. Les traces, à peine visibles, semblaient bien prendre forme : un tétragramme. Elle interrompit sa technique et redescendit dans le cratère.

« C’est un Fuinjutsu. » annonça-t-elle simplement. Elle savait ce qu’étaient les tétragrammes, elle connaissait plusieurs techniques utilisant ce système de symboles et son verdict était sans appel. Un Fuinjutsu avait été utilisé pour raser l’environnement. Ce qu’elle voyait, ce n’était pas le sceau en lui-même, sinon la marque qu’il avait laissée à l’issue de son utilisation. Elle traça quelque chose dans sa main à l’aide de son doigt. « Ce symbole est un digramme. Deux traits longs, c’est un Grand Yang. Deux fois deux traits courts, c’est un Grand Yin. On peut faire les Petits en combinant long-court et court-long. » Elle désigna le cratère d’un coup de tête. « Sur toute la paroi du cratère, on peut y voir les quatre digrammes, pour chacune des combinaisons. » Elle pencha la tête sur le côté, réfléchissant à voix haute. « Mais comment le lien est-il fait encore ces symboles et la technique… »



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La prénommée Junko semblait en avoir marre des élucubrations et autres pitreries du couple jumeau, qui, dans des élans de folies (ou d’intelligence), devenaient terriblement indisciplinés. Pris d’un accès de fureur, elle rappelait à l’ordre les deux énergumènes avec autorité, happant leur attention grâce à un discours de plus convaincant. Evidemment, quelques pouffements venaient ponctuer la verve didactique de la spécialiste en illusion. Dans un geste équivoque, David jouait avec un foulard qu’il faisait tour à tour disparaître dans sa main - un tour de magie, en somme -, un air abruti et entendu sur son visage, provoquant l’hilarité de son jumeau tandis que la trentenaire déposait l’enfant contre la paroi du cratère, délicatement afin de ne pas le réveiller.

Activant l’œil senseur qui régissait sa vie, dans tous les instants comme dans celui-ci, elle découvrait alors l’origine réelle de la manifestation surnaturelle : un fuinjutsu, technique issue de l’art des sceaux. L’annonçant à ses compères, elle avait réussi à happer leur curiosité, ils se tenaient, les sourcils arqués dans une symétrie comique, accroupis au centre du cratère, observant les tracés de la femme. D’un regard commun, ils souriaient d’un même sourire et, dans un instant fugace, à peine perceptible, échangeait une information complice, sérieuse.

Jasdero – « Moi, j’dis que ce que tu traces n’a aucun sens. Ou du morse. Dans ce cas-là, tu m’insultes de tête de nœud et j’aime pas. »

David – « Ferme-la Jas. Ça veut dire qu’elle aime les œufs au plat, regarde : long, long, court, court, long, court, court, long. Non, en fait, je ne sais pas. »

Jasdero – « AH ! Tu vois c’est compliqué. Puis de toute façon, un fuin, ça utilise des parchemins, un sceau, y a toujours une trace concrète. »

David – « L’a p’tet pété le support. »

Mettant un index dans sa bouche, David retombait en enfance, un air malicieux sur le visage, les yeux rivés sur le ciel, dans l’axe central de la sphère. Quant à  Jasdero, il se dirigeait vers les bords, un regard sérieux assombrissant ses traits, tandis qu’il posait une question à l’uzujin, avec un sérieux jurant avec leur apparence farfelue, ils devisaient avec une nonchalance étrange.

Jasdero – « Cratère spontané ou création progressive ? »

David – « Tout dépend de la rapidité, de la taille du récipient aussi… »

Reprenant des airs débiles, ils écoutaient ce qu’avait à dire la trentenaire, si elle avait la patience de le faire…

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Junko avait du mal à cerner les deux individus qui lui faisaient face. Ils paraissaient écouter attentivement, curieux, puis leur esprit vagabondait et leur discours n’était plus cohérent. Souffraient-ils d’une maladie mentale ? Heureusement, ils n’avaient manifesté aucune animosité à son égard, sinon les choses se seraient passées bien différemment. Une simple agression et elle n’aurait pas hésité à employer la force. Qui qu’ils soient, elle n’avait pas de temps à perdre avec des fous furieux échappés d’un asile.

Elle conservait tout son sérieux, cependant et, entre deux phrases tout aussi loufoques que leur apparence, ils parvenaient à attiser sa curiosité, eux aussi. A vrai dire, ils marquaient un point : habituellement, les sceaux se caractérisaient par une marque visible, claire, sur un support. Et le dénommé David avançait une hypothèse plus qu’intéressante… Le support devait avoir été détruit. Fouillant dans sa mémoire, la dame cherchait un indice, dans tout ce qu’on lui avait raconté jusque-là, qui pourrait confirmer ou infirmer une telle hypothèse.

Difficile de se concentrer lorsque les deux continuaient à l’assaillir de questions et de remarques, aussi levait-elle la main, pour leur demander de faire preuve d’un peu de patience. Les sourcils froncés, elle tentait de se remémorer chaque détail du discours de son collègue. Il y avait bien sûr cette histoire de liquide noirâtre qu’il lui faudrait tirer au clair – c’est-à-dire, déterminer s’il s’agissait d’une image issue de son imagination ou réellement de la technique… Et puis, et puis… Ah ! Elle se retourna vers les deux énergumènes : « Et si le support, à l’origine, c’était le créateur du sceau ? » Elle eut un sourire ; cette idée lui venait de ce que son collègue lui avait décrit. Le liquide, s’il était réel, avait été déversé depuis le torse de l’ennemi. Elle s’expliqua : « Les spécialistes de Fuinjutsu ne se contentent pas d’écrire sur les parchemins. Les sceaux corporels sont assez communs, en réalité… Celui-ci pourrait en être un également. Le support serait donc tout simplement mort de sa propre technique. » Ce n’était qu’une idée, bien sûr, mais aussi farfelue soit-elle, Junko ne doutait pas que ces deux gars-là adhéreraient à son opinion. Après tout, ils devaient être aussi cinglés que l’homme qui s’était suicidé par son propre sceau.

Elle s’assit à même le sol, contemplant l’immensité du trou. Elle n’osait le dire à voix haute, mais cette idée la séduisait terriblement, elle aussi. Sur ce point-là précisément, elle rivalisait peut-être de folie avec Jasdero et David. Elle murmura, pensive. « Acculé, aux portes de la mort, il libère une puissance dévastatrice, contenue dans son propre corps des années durant et emporte tout sur son passage. » A ses yeux, c’était synonyme de pouvoir absolu. Non seulement l’on choisissait sa mort, mais en plus on emmenait ses ennemis dans sa tombe. Il ne restait plus rien de nous ; le corps ne tombait pas entre des mains mal intentionnées. Résolument, c’était faire un pied de nez aux mortels et à la mort elle-même. Une étincelle s’allumait dans le regard fatigué de la jûnin. Chaque seconde rendait sa découverte plus excitante.

Caressant doucement la surface lisse du cratère, elle se résolut à partager le témoignage de son collègue. Elle n’avait rien à perdre, en réalité. « Un témoin ayant survécu à cette technique m’a rapporté que quelque chose était sorti du torse de l’ennemi. Un liquide noir, qui avait tout englouti sur son passage. Je pensais qu’il délirait, que ce n’était que du sang… Mais si l’on part du principe qu’il avait apposé le sceau sur son propre corps, peut-être que ce dernier contenait réellement un liquide étrange. » Restait à découvrir la nature réelle de ce fluide et, en l’absence d’autres témoignages, ce ne serait pas une mince affaire, car il ne restait plus rien dans le cratère.

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L’expertise de la jounin d’Uzu avait de quoi fasciner, malheureusement, les deux jumeaux n’étaient pas exactement le public qui pouvait facilement être impressionné. Cela pouvait s’expliquer par leur manque apparent d’intelligence autant que d’attention. Cependant, ils écoutaient, sournoisement, entre deux élucubrations dignes des babillages d’un enfant ayant bu le saké de l’oncle roulant sous la table. Echangeant de temps en temps des regards complices, que seuls pouvaient comprendre, échangeant presque surnaturellement des informations concernant leurs considérations du moment (l’étrange fuinjutsu – puisque c’était acté qu’il s’agissait d’un fuinjutsu – et l’étrange femme qui redoublait d’intellect). Son hypothèse avait, elle avait peut-être pu le remarquer, fait se stopper net – une fraction de seconde, cependant – les deux jumeaux. Rapidement, ils reprenaient leurs bêtises, l’un grimpant le cratère à quatre pattes tandis que l’autre essayait d’essuyer le sol, à la recherche d’un résidu de parchemin. Malgré tout, Jasdero reprenait la parole.

Jasdero – « Qui serait assez con pour faire un sceau mortel sur sa propre personne ? »

David – « Toi. »

Jasdero – « Ferme-la espèce de plouc. T’es même pas capable de remonter ta braguette après avoir pissé, alors s’il y en a un ici qui pourrait se suicider pour le fun, ce serait toi. »

Davidremontant sa braguette « Tiens, pas bête ça. Ça pourrait être un attentat suicide, une gravure forcée sur une victime. Faudrait connaître la gueule de celui qui a fait ça. Votre témoin visuel ne vous a pas dit à quoi il ressemblait ? »

Jasdero – « Il a parlé d’un liquide. Quel genre de liquide, sortant d’un torse, aurait pu creuser un truc aussi profond ? Et aussi parfait ? C’est une sphère ayant creusée la terre et y a aucun résidu de ce liquide noirâtre, pas même depuis qu’on y est. Et on est là depuis longtemps… Ça veut dire qu’il s’évapore ou qu’il se détruit de lui-même ? Quelque chose de corrosif ? »

David – « C’toi le corrosif. »

Une nouvelle dispute se lançait alors où les deux se rejetaient la faute, à tour de rôle, inversant les personnalités aussi souvent que s’ils s’échangeaient une balle.

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L’air de rien, alors que leurs enfantillages exaspéraient la dame en apparence, ils l’aidaient à réfléchir et prendre du recul sur la situation. Ne serait-ce que synthétiser ses idées à voix haute l’aidait à mieux appréhender ce qu’elle étudiait. Qui plus est, à travers leurs bêtises, ils apportaient tout de même des éléments lui permettant de progresser. « Ah… Un sceau forcé… » Il marquait un point. Son témoin n’avait rien dit à ce sujet qui laissât penser que l’homme avait été un porteur du sceau malgré lui, mais aucun élément non plus n’allait en faveur du suicide. Elle se sentait soudainement un peu bête ; son hypothèse lui avait semblé si évidente qu’elle s’était engouffrée là-dedans… Elle se mordillait nerveusement la lèvre, à la recherche d’un indice, dans sa mémoire, qui pourrait étayer ses propos. Finalement, elle fut bien obligée de s’avouer vaincue. « Non, il n’a rien dit… C’était un ennemi, c’est tout ce que l’on sait. » Mais cela revenait au même : parmi les ennemis, certains étaient là par conviction personnelle, d’autres parce qu’ils n’avaient pas le choix.

« Cependant… » continua-t-elle, hésitante. « Cependant, il n’a jamais mentionné d’autre ennemi. Je veux dire, si ce type avait été contraint, il aurait fallu activer le sceau à une distance raisonnable pour ne pas être pris dedans, tout en étant bien présent sur les lieux car l’autre aurait pu s’échapper… » Tout ceci n’était que spéculations, malheureusement. Comment savoir ce qu’il en avait été réellement… Déjà que son témoin avait du mal à discerner encore le rêve de la réalité… Elle baissa les bras. Impossible, malheureusement.

Restait encore la piste du liquide. Les questions du second jumeau étaient, elles aussi, pertinentes. Mais, encore une fois, elle n’aurait su répondre concrètement. Faisant de l’ordre dans ce qu’elle avait appris, quelques temps auparavant, elle joua carte sur table. « D’après ses dires, c’est le liquide qui a tout absorbé. Je ne pencherais donc pas pour quelque chose de corrosif, mais pour un mélange étrange à base de chakra qui… Qui formerait quelque chose comme un minuscule trou noir… » C’était de la folie, non ? Elle regretta aussitôt. Elle aurait dû garder cette partie du discours de son collègue pour elle ; c’était du délire, issu de ses pires cauchemars certainement.

Soupirant doucement, elle porta son regard vers l’enfant qui l’avait guidée jusque-là. Il dormait encore, d’un sommeil agité. Elle était tentée de le réveiller, pour lui demander son avis, lui qui avait été au cœur de l’action… Mais elle s’en voudrait de l’arracher à son répit, après toutes ses émotions – et surtout, elle n’était pas prête à lui avouer qu’elle n’avait pas de traces de sa mère (et qu’elle n’avait pas tellement cherché non plus). Doucement, elle passa une main sur les cheveux du gamin, mue par une soudaine émotion.  

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L’étude de la digne femme du tourbillon se faisait de plus en plus précise, tout en ne soulevant que plus de questions au fur et à mesure de ses avancées. Les incertitudes se multipliaient tandis que les pitreries – comme s’il y avait corrélation – s’exacerbaient. Cela dit, les problématiques soulevées témoignaient de la complexité absurde d’une telle manifestation, poussant à des considérations tout aussi absurdes. Mais, l’étaient-elles ? Cherchant une ancre humaine la reliant à ce monde – ce qu’elle ne pouvait décemment demander aux énergumènes qui humaient l’air ou tiraient la langue (l’usant comme réservoir – comme s’ils souhaitaient récupérer des gouttes de pluie) afin de vérifier l’humidité de l’air, gestes justifiés par une théorie sur l’évaporation dudit liquide qui aurait, donc, formé des gouttelettes invisibles -, la prénommée Junko s’était rapproché de l’enfant, lui passant une main dans les cheveux. Oui, ils étaient passés outre l’idée du trou noir, ou, du moins, n’en avaient cure. Cela dit, l’un d’entre eux s’exclamait alors, d’une voix enjouée, presqu’enfantine, jurant avec son physique de jeune adulte.

Jasdero – « Ehhhhh ! C’est la maman du petit ! Coucou ! Tu viens le chercher ? Il est là ! » Il pointait alors du doigt l’enfant et la spécialiste, assoupi contre la paroi du cratère, agité, parfois, de quelques cauchemars.

David – « L’autre femme vous l’a volé, à ce qu’il paraît. »

Ladite femme, une élégante trentenaire – plutôt vers la vingtaine que la quarantaine -, embellit mystérieusement par ses traits tristes et éplorés d’une dame ayant perdu son mari et son fils unique, descendait, le visage fier, vers le théâtre des horreurs (et je ne parle pas de l’espace vide causé par la technique). Son regard se posait rapidement sur son enfant et elle se précipitait vers lui, ignorant l’uzujin superbement. N’osant le prendre dans les bras, elle se tournait alors vers les deux jumeaux et tint ce discours.

« Vous avez trouvé qui est responsable de la mort de mon mari ? »

David – « Nan. D’après ce qu’on sait, il est mort avec la technique. ‘Fin, c’est ce qu’on a compris. »

Jasdero – « Arrête de mentir, c’est elle qui l’a compris. Pas toi. Arrête de vouloir voler les découvertes des autres… » Il pointait, toujours, comme s’il n’avait jamais cessé, la femme du tourbillon.

David – « Ouais, ouais… A t’entendre on dirait que j’suis un pauvre arpen… »

Il se taisait abruptement, un air grave, et passait à autre chose, résumant les découvertes mais fut interrompu par la colère soudaine de la mère.

« N’êtes-vous pas les génies, les chercheurs dont vous prétendez être ? Ne m’avez-vous pas dit que vous sauriez trouver la raison de ce carnage ? Que les familles puissent avoir un ennemi sur lequel déverser l’incompréhension, la haine et la douleur qui nous paralyse ?! Vous n’avez rien trouvé ! Je vous ai déjà dit qu’il a disparu après l’aspiration. » Se calmant légèrement, elle reportait son attention vers l’uzujin et reprenait son explication, la jugeant peut-être plus apte à résoudre le crime. « L’assassin avait quelque chose tatoué sur le corps, des traits étranges, puis, après avoir hurlé quelque chose, je ne me souviens plus des termes, un liquide noir a formé une sphère, dont vous voyez le cratère, et tout s’est contracté vers le centre, vers lui, vers ce trou béant qu’il avait au niveau du torse, puis tout a disparu, comme englouti en lui mais, lui aussi, avait disparu. Faites ce que vous pouvez avec ces informations, et ces incapables. Je vais ramener Hide à la maison. Bonne chance, et ramenez-nous de bonnes nouvelles. »

Sans autre cérémonie, elle grimpait hors du cratère, après avoir réveillé son fils, qui, ouvrant les yeux, souriait à sa mère et à Junko, la remerciant silencieusement d’avoir ramené sa mère. Ce moment de tendresse fut interrompu par les deux jumeaux qui tapotaient, une épaule chacun, l’uzujin.

David – « On a oublié de te dire un truc. »

Jasdero – « En fait, on sait ce qu’il s’est passé, mais on a oublié de te le dire. »

David – « Ouais, en fait. »

Jasdero – « En même temps, tu nous a pris au dépourvu, on s’amusait. »

David – « Donc, finalement, c’est de ta faute. »

Jasdero – « Tu nous en veux ? »

David – « Ouais, tu nous en veux, dis ? »

Jasdero – « Si tu veux, on te le pose ton sceau, on s’y connaît un peu. »

David – « Ouais. On s’y connaît un peu… Attends quoi ? Tu voulais pas l’inviter dans notre groupuscule secret de la mort qui tue ? On s’est pas compris là. »

Jasdero – « On a pas pensé à la même chose, tiens. C’est rare… QUI ES-TU ? QU’AS-TU FAIS DE MON FRERE ! SALAUD ! »

Une nouvelle rixe s’engageait, à grand renforts de cris tandis que la moniale s’évertuait à comprendre le reste, entre révélations et élucubrations étranges…

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L’exclamation enjouée de Jasdero sortit brutalement Junko de sa torpeur. Elle se redressa promptement et, suivant son regard pour voir la personne à laquelle il s’adressait, découvrit une femme encore jeune mais qui affichait déjà la mine triste et résolue de ceux qui ont tout perdu. Il y eut un instant de flottement, puis la dame se jeta sur l’enfant endormi. Junko en restait un peu abasourdie – et heureusement pour le duo clownesque, qui aurait bien mérité un coup de poing dans la figure, si elle n’avait pas été sous l’effet de la surprise. Sa mère, revenue sur les lieux du désastre !

Mais alors qu’elle voulut s’exprimer, questionner la mère, comme elle trouvait par sa seule présence un regain d’espoir, celle-ci l’ignorait superbement et s’adressait aux deux individus déplaisants. Passée au second plan, l’Uzujin se contentait d’écouter une conversation à laquelle elle ne participait pas réellement (sinon à travers le doigt de Jasdero pointé sur elle), mais qui l’informait de beaucoup de choses. En particulier, elle apprenait que les jumeaux avaient été dépêchés par la nouvelle venue, afin de trouver l’origine du massacre. Des chercheurs, des espèces d’enquêteurs-shinobis… Un sourire narquois apparut sur le visage de la Jûnin ; évidemment qu’ils n’avaient rien trouvé ! Il suffisait de les regarder se rouler par terre pour comprendre qu’ils n’avaient rien de professionnels. Cette pauvre dame et toutes les familles qu’elle représentait s’étaient fait berner. Triste vie…

Et puis, contre toute attente, Junko fut propulsée sur le devant de la scène. La femme s’adressait à elle comme si elle devenait son nouvel espoir. Elle, une inconnue. Surprise, l’Uzujin écoutait la mère sans un mot. Elle songea à son collègue, laissé à Uzushio, et à toutes ces familles touchées par le massacre de Baransu… Pourquoi faisait-elle ça ? Pour ces gens qu’elle ne connaissait peu, voire pas, ou pour elle-même, pour éteindre cette soif de savoir et de pouvoir, pour oublier la solitude et la souffrance ? Elle eut envie de repousser la femme, de lui hurler qu’elle ne pouvait rien pour elle, qu’elle n’était pas l’âme charitable qu’elle recherchait, mais une simple Jûnin égoïste en quête d’identité… Elle n’en fit rien. L’inconnue emportait donc son fils, et le cœur de Junko se serrait un peu plus.

Elle avait appris beaucoup de choses, grâce à cette femme – ou, du moins, elle avait eu la confirmation que ses hypothèses étaient bonnes. Témoin de la scène, celle-ci avait pu attester de la présence d’un sceau sur le corps de l’ennemi, du liquide noir et de l’espèce de trou-noir. Ils avaient, à présent, l’histoire complète de ce qui s’était déroulé, au cœur de ce quartier. Mais si cette femme savait tout cela… Ne l’avait-elle pas déjà dit aux deux énergumènes… ?

« On a oublié de te dire un truc. »

Ils se battaient de nouveau, ne s’intéressant plus à elle. Elle soupira longuement, se sentant soudainement vidée de son énergie. Sa tête lui tournait furieusement ; elle n’avait plus la force de se battre contre eux. Ils étaient dans un autre monde, une autre dimension. Ils savaient tout, hein… Admettons. Rien ne paraissait impossible avec eux. Se pinçant légèrement la glabelle, elle fermait les yeux et tentait de se concentrer. Elle repassait en boucle les informations dont elle disposait ; l’homme, le sceau, le liquide, la sphère, l’aspiration… Et Jasdero et David. Savaient-ils vraiment ? Elle secoua la tête – il ne fallait pas se laisser distraire. L’homme, le sceau, le liquide, la sphère, l’aspiration… C’était tout ce qui comptait. Mais, elle devait l’admettre, il restait encore des zones d’ombres. La nature du liquide, les mudras d’apposition, les mudras d’activation… Elle rouvrit les yeux ; sa décision était prise.

« Vous avez besoin d’un cobaye, n’est-ce pas ? C’est pour ça que vous êtes là. » Sa voix avait tranché l’air, mettant leur dispute insensée en suspens. Elle les jaugeait du regard un instant. Oui, s’ils connaissaient vraiment cette technique et que, malgré tout, ils déambulaient là, ce devait être parce qu’ils crevaient d’envie de l’essayer mais qu’ils étaient trop lâches pour le faire sur eux-mêmes. « J’accepte. A une condition : la vérité, sur vous et sur ce sceau… »

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A l’écoute des demandes plus que raisonnables de la moniale, les jumeaux s’assombrirent un faible instant avant de retrouver une jovialité pétillante. Se regardant, ils ne parlaient pas, considérant certainement la prise de risque tout en souriant, les faisant passer (une énième fois) pour des abrutis finis. Sans cérémonies aucunes, le premier prit la parole sur un ton enjoué qui ne manquait pas de glacer le sang de toute personne sensée.

Jasdero – « C’est tout à fait ça ! Il nous faut simplement un cobaye afin de bidouiller deux-trois trucs, voir si ça marche. Mais t’en fais pas, c’est 100% réussit ou remboursé ! »

David – « Remboursé ! »

Le rire d’enfant s’élevant dans le cratère avait de quoi faire fuir leur prochain cobaye mais ils reprirent la parole immédiatement, probablement pour éviter un tel résultat. De plus, ils devaient remplir leur part du marché : raconter la vérité, seulement la vérité ; étonnement, ce principe de veritas avait un effet réel sur les jumeaux qui se sentaient forcés de le faire – et le firent avec bonté dans la langue qui leur était propre, agrémenté de gesticulations ridicules.

David – « Premièrement, nous sommes jumeaux ! SURPRISE ! »

Jasdero – « SURPRISE ! Tu l’avais pas vu venir hein ?! »

David – « Deuxièmement, on est plutôt balaise niveau sceaux ! »

Jasdero – « Plutôt balaise, ouais. »

David – « Troisièmement, on fait partie d’une organisation secrète s’appellant les « Arpenteurs », qui se divisent en trois cercles, nous sommes tous deux des p’tits chefs dans le cercle d’argent (c’est le meilleur), tu vois ce que je veux dire ? »

Jasdero – « Ouais, ce qu’il a dit mais en mieux. »

David – « Donc, si je résume : le sceau, on s’en fout, rejoins notre armée !   »

Jasdero – « NON ! T’es bête ou quoi ? Le sceau on s’en fout pas, c’est notre but premier, même. En gros, le sceau est un suicide violent qui englouti dans du vide l’environnement sur un diamètre donné. Donc, en somme, t’es en train de mourir ? Tu veux être une héroïne pleine de panache ? Ben t’as qu’à prononcer le p’tit mot d’activation et pouf, y’a plus d’ennemis, ils meurent avec toi. Donc, on peut te le mettre, on sait comment etc., faut juste que tu t’allonges par terre, on t’assomme, on te trifouille et au réveil, t’as ton truc-bidule ultra effrayant. Stylé hein ? Maintenant tu rejoins notre armée ?   »

David – « On a des chouettes bagouzes ! Mon piercing de ventre fait quatre boucles tellement j’suis balèze. Pareil pour l’ot débile. En même temps, on fait tout ensemble. »

Révélations et propositions, les deux jumeaux venaient de terminer une pièce dramatico-tragique avec un aplomb et un manque d’empathie sévère, trahissant leur inaptitude sociale avec force. A vrai dire, ils ne s’embêtaient guère d’une telle chose, préférant voir leur mission arriver à terme (il faut dire qu’ils étaient fatigués, depuis le temps…). Attendant alors la réponse de la moniale, ils présentèrent chacun des anneaux d’or, d’argent et de bronze, comme pour l’attirer comme ils pouvaient attirer certaines pies.

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Quid est veritas ?
Est vir qui adest.

Elle avait réussi ; elle était parvenue à atteindre le peu de raison qu’il leur restait, profitant peut-être d’un court instant de lucidité, et ils avaient accepté le marché qu’elle leur proposait, sans plus de conditions. Bien sûr, ils avaient décidé de faire les choses à leur façon, avec la même excentricité qui les animait depuis le début de leur rencontre, mais elle ne leur en tenait plus rigueur, car elle croyait comprendre un peu mieux la façon dont ils pensaient. De fait, s’il y avait eu omission, dans leurs discours, il n’y avait pas eu mensonge a priori. Elle ne pouvait que s’en vouloir à elle-même d’avoir sur-interprété leurs paroles. La vérité semblait être un principe auquel ils tenaient, si tant est qu’on leur demande explicitement.

A l’évidence, lorsqu’elle leur avait demandé des explications sur eux, elle ne s’était pas attendue à ce qu’ils mentionnent leur appartenance à une organisation, ni qu’ils détaillent son fonctionnement. Elle avait surtout espéré comprendre comment ils s’étaient retrouvés là, comment ils avaient découvert la véritable nature de la technique employée durant la bataille. Mais elle n’était pas contre des informations supplémentaires. Les Arpenteurs… Ce nom lui disait vaguement quelque chose, mais peut-être son esprit lui jouait-il des tours. En vérité, son propre élève – Shun – avait été le premier à mentionner ce nom, il y avait déjà quelques temps. L’information était simplement tombée dans l’oubli de son esprit, d’une façon ou d’une autre…
« Alors, vous travaillez pour cette organisation ? C’est pour cela que vous êtes là, vous enquêtez pour son compte ? » demandait-elle sur le ton de la conversation – faisant, pour l’instant, abstraction de leur proposition saugrenue. « Dans quel but ? Pourquoi vouloir agir sous les ordres d’une entité et renoncer à votre liberté ? Hormis pour avoir la chance de porter des bijoux de mauvais goûts… » Elle voulait comprendre les motivations réelles de ces « Arpenteurs », comprendre ce qu’ils faisaient de ces enquêtes, comprendre la raison de leur existence. Bien sûr, elle pouvait déjà voir quelques avantages à intégrer une telle entité – ne serait-ce que du point de vue du partage de la connaissance, avide qu’elle était – mais elle se faisait presque l’avocat du diable pour leur soutirer un maximum d’information.

Elle eut un sourire. « Quant à votre au sceau… Je ne reviendrai pas sur mes paroles. Choisir sa mort, c’est peut-être ça être vraiment libre. » Et, dans son regard, une lueur empreinte de tristesse s’alluma. Mais elle fut vite chassée par la volonté de la femme. « Apprenez-moi à m’en servir. Je ne veux pas être un simple cobaye, une simple spectatrice. Et ce n’est pas que je n’ai pas confiance en vous… » Elle n’avait pas confiance en eux. « Mais j’aimerais être consciente de ce qui m’arrive. Et, qui sait, je pourrais vous aider à le mettre en place… Je suis pas mal balaise, moi aussi. » Elle eut un sourire en coin en leur retournant leurs propres mots. Même si cela impliquait une souffrance certaine, elle était prête à l’endurer, à souffrir encore un peu, pour jouir enfin de la liberté ultime. « Nous reparlerons de votre organisation après… »

Alors, elle défit son obi, la large ceinture qui maintenait son habit, et laissa pendre ce dernier. Ils n’auraient qu’à écarter un pan du kurotomesode pour mettre sa poitrine à nu et appliquer le sceau directement sur son corps. Elle était pudique, mais ce moment n’aurait rien de gênant, car chacun serait animé par la fièvre de l’expérience. Elle ne serait pas une femme, elle serait l’unification d’un corps et d’un sceau. Ainsi prête, elle attendit leurs premières instructions.

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Ils se regardaient, appréciant avec une délectation juvénile l’intérêt égal de la moniale pour l’organisation et le sceau. Les jumeaux avaient réussi un tour de force génialissime : ils s’étaient trouvés un cobaye afin d’apposer le sceau, permettant ainsi de percer ses derniers secrets, et ce même cobaye (qui semblait d’une capabilité supérieure que les autres recrues) souhaitait en savoir plus sur les Arpenteurs. Quelle réussite !, ne restait plus qu’à ne pas la tuer en tentant la manipulation ; malgré leurs bravades – ils étaient « balaises », certes, mais n’avaient jamais essayé une telle manipulation… Des sourires francs, excités répondirent à la trentenaire tandis qu’elle faisait état de ses exigences. Après tout, qu’elle fût éveillée ou non, cela ne changerait rien pour les jumeaux qui se montaient le bourrichon au fur et à mesure, impatients.

David – « Eh beh ! Pour ce qui est de l’organisation, on te dira tout après mais arrête de parler autant, tu me fais mal à la tête. Ce que tu peux être bavarde… »

Jasdero – « Ouais, bavarde… »

David – « Bon, va pour le déshabillement, éveillé tout ça, c’est cool. »

Jasdero – « C’est cool ! »

Après qu’elle se soit déshabillée partiellement, révélant sa poitrine, réceptacle du prochain sceau, les jumeaux fouillèrent dans leurs sacs afin d’y ressortir pinceaux, feuilles, parchemins et ustensiles de cuisine… qu’ils rangèrent avec précipitation. De manière évidente, ils étaient bien plus concentrés que d’aventure et permettaient à la moniale de participer à l’expérimentation contrôlée. Malgré la connaissance théorique (entière et parfaitement maîtrisée) du sceau, il fallait maintenant le mettre en œuvre : là résidait le danger. S’entraînant d’abord sur le parchemin, ils dessinaient les sinogrammes avec attention formant un dessin complexe en étoile : quatre branches aux traits épais et aux coupures nettes, irrégulières suivant la branche, au centre, un trait long et deux petits permettait de relier les quatre branches anti-éléments, comme ils les appelaient. Après l’explication à l’unisson qu’ils lui offrirent et rassuré sur l’exécution, les jumeaux se tournèrent vers la moniale et, gravement, comme un seul homme, commencèrent l’opération, silencieux, avec méthode et soin.

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Son sérieux tout retrouvé, l’Uzujin regarda le duo folklorique s’affairer et préparer l’apposition du sceau. Elle doutait encore d’eux, mais sous leurs airs farfelus ils étaient tout aussi graves et concentrés qu’elle. Le changement dans leur attitude avait été soudain mais rassurant, en un sens. Ils lui apprenaient les symboles nécessaires à l’apposition du sceau et elle les regardait travailler avec l’attention d’une enfant émerveillée, mimant leurs gestes dans le moindre détail. Si, au départ, les sinogrammes ne lui parurent pas corrélés, ils prenaient peu à peu tout leur sens tandis que, sous ses yeux, se formait un sceau d’une complexité remarquable. C’était l’intrication des mots et des concepts, alignés selon un schéma étoilé, qui donnait toute sa puissance à la technique. De ces écrits, il ne subsisterait plus que les trigrammes des Petits et Grands Yin et Yang, une fois la technique achevée. Mais, pour parvenir à un tel résultat, il fallait réussir à capturer toute l’essence du monde et à l’enfermer dans cette structure orbiculaire.

Ce qu’elle voyait était d’une rare beauté ; elle reconnaissait évidemment les symboles relatifs au corps et à l’âme, au monde et aux éléments, à ce qui donnait la vie et ce qui la prenait. Parfois, un mot lui était inconnu et elle demandait des explications aux deux Arpenteurs. Pour elle, il ne s’agissait pas tellement de répondre à la question « Comment ? », sinon à « Pourquoi ? ». Elle ne voulait pas être celle qui reproduit le rituel aveuglément, le déformant au fil des ans par son ignorance, jusqu’à ce qu’il tombe dans l’oubli. Elle voulait avoir la connaissance, complète et définitive, de ce que chaque élément apportait à l’ensemble. C’était un travail long et douloureux de compréhension et d’assimilation, d’autant que le duo ne paraissait pas vouloir ralentir, la forçant à monopoliser toutes ses capacités intellectuelles pour suivre leur discours et le cheminement de leur pensée. Elle comprenait alors qu’elle avait face à elle des êtres d’une extrême intelligence, si bien qu’ils paraissaient hors du temps. Et, bien que certaine de ses propres capacités, elle n’osait plus se prétendre experte et savante.

Lorsque tout fut parfaitement bien défini sur les parchemins servant de brouillon et lorsqu’ils semblèrent prêts à procéder à l’apposition réelle, elle s’assit en tailleur au centre du cratère et fit glisser le haut de son habit. C’était le moment. Seul l’un d’entre eux était nécessaire pour l’exécution de la technique, mais les autres l’assisteraient autant que possible, voire le remplaceraient s’il montrait des signes de faiblesse. Un tel sceau requérait une quantité de chakra colossale, et qu’ils soient trois shinobis avec une très bonne maîtrise de leur énergie n’était pas une si mauvaise chose finalement.

Tout commençait, naturellement, par une série de mudras, puis l’homme posa sa main sur le torse de l’Uzujin et ce contact la fit frémir légèrement. Ils ne pouvaient plus faire marche arrière ; si la technique échouait, c’en était terminé d’elle. Mais, à présent qu’elle regardait en arrière, avait-elle vraiment des regrets ? Son histoire avait été tantôt heureuse, tantôt malheureuse. C’était la vie, songeait-elle. Elle ne manquerait à personne.

Alors, elle vit la Chose, le phénomène étrange et ineffable que les témoins de la scène avaient rapporté. Un liquide noir, avaient-ils décrits, mais à présent qu’elle le voyait de ses propres yeux, elle savait qu’ils se trompaient. C’était le Néant. Il n’existait rien en son sein. Il dévorait la réalité, absorbait l’existence et les ténèbres elles-mêmes ne pouvaient lutter. Il entrait alors en elle, à l’endroit où le sceau prenait forme, se mêlant à l’encre des sinogrammes. Elle aidait ses comparses du mieux qu’elle pouvait, depuis le début, mais arrivée à ce stade, elle n’y parvint plus. La sensation était insupportable. C’était glacial et brûlant à la fois, elle se sentait dévorée de l’intérieur. De fait, elle devait lutter furieusement car la Chose ne souhaitait pas être contenue ; elle voulait s’étendre et aspirer l’univers, et voilà qu’on l’emprisonnait dans le corps d’une femme. Mobilisant toute son énergie, la dame surmontait la douleur, forçait le Monstre grouillant en elle à se plier à sa volonté inébranlable. Elle remporterait ce combat, se promettait-elle. Rouvrant les yeux qu’elle avait fermés sous l’effet de la douleur, elle plongeait son regard dans l’Arpenteur penché sur elle. Ce qu’elle y vit acheva de la motiver. Eux aussi iraient jusqu’au bout. Ils étaient implacables. C’était à elle de s’en montrer digne.

Et puis, finalement, la tension se relâcha tout à fait. Un sentiment de légèreté s’empara d’elle ; la douleur disparut aussi soudainement qu’elle était apparue. Le souffle coupé, elle porta sa main à sa poitrine par réflexe. Le regard suivit immédiatement, et elle découvrir alors le Sceau. Il trônait là, complet et sans défaut. Se laissant tomber en arrière, la dame fut parcourue d’un spasme, un rire qui traduisait toute sa nervosité et son épuisement. Ils l’avaient fait, ils avaient réussi ! « J’ai cru que j’allais mourir… » souffla-t-elle, sur le ton de la confession. Et peut-être n’était-ce pas tout à fait faux, peut-être avait-elle déjà trépassé et ce sceau lui donnait-il un sursis, dérobé à la Mort.

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L’opération fut un succès probant où la complicité intellectuelle des jumeaux fut salvatrice et manifeste : la moniale l’eut peut-être comprit, sans leur expertise, leur connaissance, elle serait morte. Les jumeaux, voyant une telle réussite, s’esclaffèrent avec force et enthousiasme, hurlant des paroles inintelligibles, pleurant de joie et, dans la folie qui leur était propre, commencèrent à danser à force de gestes ridicules, agitant maladroitement bras et jambes au milieu du cratère. Aux antipodes de ce qu’ils purent montrer à la trentenaire qui contemplait le sceau parsemant son torse, ils retombaient abrutis toujours riant grassement et sans convenance. Puis, la phrase glaçante de la femme doucha l’enthousiasme prononcé des deux jumeaux qui, d’un air maintenant maussade, se rapprochèrent d’elle. S’asseyant à même le sol, parfaitement symétrique, ils contemplaient leur réussite d’un air ébahi jusqu’à ce qu’ils rompissent le silence.

Jasdero – « C’était facile ! »

David – « Trop facile ! »

Jasdero – « Bon, maintenant qu’on t’a peinturluré le torse, tu devrais nous rejoindre ! »

David – « Nous rejoindre ! »

Ils marquèrent une pause, les deux souriant avec entrain, bougeant la tête de haut en bas comme pour inciter la moniale à accepter. Excités comme ils l’étaient, ils n’attendirent pas la réponse et se lancèrent dans un discours, à l’unisson, créant ainsi une voix unique mais singulièrement parfaite, dans un nouveau timbre, comme s’il appartenait à un être unique. Dans le même temps, ils relevèrent leur vêtement afin de révéler des anneaux d’argent à quatre boucles, perçant leurs nombrils.

Jasdero & David – « Je suis – nous sommes - un Arpenteur, chercheur de mystères et de singularités qui pourraient à jamais changer le monde, entre mythe et réalité. En tant qu’Arpenteur, mon - notre - allégeance est à celle de l’Etrange, au Monde, à la Force qui régit nos vies. Te voyant pleine de ressource et ayant déjà bénéficié de mon aide – de notre aide -, je te propose – nous te proposons - d’entrer dans notre cercle, celui d’Argent. Ou peut-être serais-tu intéressée par quelque chose d’autre ? Peut-être n’es-tu pas intéressée du tout, malgré ton intelligence, ta soif de connaissance, ton désir de maîtriser la mort, ton envie de vivre, par ma – notre – proposition. Tu es définitivement une recrue de choix et je peux – nous pouvons - t’offrir la manière de plonger dans un monde nouveau, qui t’es prédestinée par ta naissance et ton vécu. »

Le monologue se terminant, les jumeaux regagnaient leurs airs ahuris tandis qu’ils souriaient bêtement, attendant une réponse à grand renfort de : « dis, tu viens ? » ou « allez ! viens ! on est super cool ! »

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La dame se laissait examiner sans rechigner, car si elle se pensait à présent sortie d’affaire, elle préférait s’en remettre aux deux experts quant à la validation finale et définitive du sceau. Qui sait, peut-être pensait-elle qu’il fût complet mais un détail lui avait échappé. Cela dit l’examen parut concluant car ils recommençaient rapidement à se vanter et à se féliciter de l’aisance avec laquelle ils avaient effectué l’apposition. Elle eut une petite moue dubitative, mais elle était bien trop heureuse d’être vivante pour vraiment remettre leur parole en question. Autant les laisser profiter de l’instant… Cette euphorie post-opératoire était aussi bien naturelle que nécessaire. Elle-même avait craqué ; il fallait évacuer la pression et libérer son esprit.

Cela dit, elle voulut les questionner encore, pour être certaine d’avoir bien compris le processus d’activation, à présent que le sceau était là – et immuable. Mais ils étaient repartis dans leurs délires et, soudainement, se désintéressaient totalement du sceau pour reparler de leur association. Elle devrait donc remettre ses interrogations à plus tard, suivre le mouvement, et écouter ce qu’ils avaient à dire sur cette organisation. Leur attitude avait un quelque chose de frustrant ; ils avaient attisé sa curiosité, elle avait posé des questions, mais ils étaient passés à autre chose. Maintenant qu’elle voulait parler de cette autre chose, ils revenaient en arrière, lui fournissant quelques réponses lacunaires ou empreintes de mystère. Il fallait s’accrocher pour suivre ce va-et-vient incessant. Elle sourit malgré tout, car elle se sentait redevable et assez proche de ces êtres à présent. Ils partageaient un lien invisible mais indéfectible. Songeuse, elle passait une main sur la marque qui ornait sa poitrine.

Elle se rhabillait tout à fait, en écoutant les paroles du duo qui paraissait s’exprimer d’une seule et unique voix, comme si leurs esprits ne formaient plus qu’un. Ils comprenaient. Chaque mot, chaque formule, c’était elle. Ils lui montrèrent les fameux anneaux d’argent accrochés à leurs ventres, sûrement sous l’effet de l’exaltation. A quoi cela pouvait bien servir ? Et qui étaient vraiment ces Arpenteurs ? Combien étaient-ils ? Quels étaient les buts des autres Cercles ? Un milliard de questions fourmillaient dans l’esprit de la dame, mais elle n’en laissa rien paraître. « Un monde nouveau… » murmura-t-elle, l’air absent. C’était vrai, après tout, n’était-ce pas ce qu’elle cherchait, s’accrochant désespérément à la vie ? Un moyen de se renouveler, de retrouver sa place et de rompre avec le passé…

Au diable les questions et au diable cette vie parasitée par la paranoïa ; elle découvrirait tout cela d’elle-même ! Sur un coup de tête, elle tendit la main devant elle, paume vers le ciel. « J’accepte. Je souhaite faire partie de votre cercle. » Et puis, immédiatement après avoir annoncé cela, elle fut parcourue d’un doute : il n’y avait pas de rite d’initiation étrange et douloureux, au moins, hein ? Elle eut un sourire ; la route serait longue, mais elle y arriverait.


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Dans un sourire commun, les deux jumeaux repartirent de plus belle dans des célébrations aux élucubrations déjantées où félicité et sentiment de victoire se confondaient dans un joyeux bouquet de sons… et lumières. Apercevant tout de même l’impatience de la moniale, ils se rapprochèrent d’elle avec excitation. Le prénommé David releva, de nouveau, son vêtement, et dans un geste ample, arracha les anneaux de son ventre, sans un cri. Son frère, d’un air livide et emplis de dégoût, regardait ça avec incrédulité, son regard happé par le ventre désormais mutilé de son frère jumeau. Puis, d’une voix forte et scandalisée, il hurlait de toutes les fibres de son corps.

Jasdero – « MAIS T’ES TROP CON MA PAROLE ! IL FAUT DONNER UN AUTRE ANNEAU QUE LES TIENS ! »

L’air incrédule de celui qui tendait, maintenant, de sa dextre, des anneaux ensanglantés à la trentenaire renforçait la fureur grossière de son frère qui s’excitait maintenant, l’entraînant dans une rixe verbale qui n’eut ni queue ni tête – trop pour la retranscrire. Ainsi terminée, le mutilé se soignait d’un air distrait, rattachant lesdits anneaux à son abdomen tandis que le prénommé Jasdero prit la relève, tendant un anneau unique d’argent à la moniale.

Jasdero – « Voilà ton anneau. Il te servira à prouver ton appartenance à l’organisation, de même, plus t’en as, plus t’es balaise (pas comme l’autre con). Ah. Et ça peut enregistrer des trucs si t’en as besoin, onze minutes par anneaux et un sens par anneau. Là, tu peux enregistrer ce que tu vois pendant onze minutes. »

David – « Eh mais on aurait pu lui montrer, en fait, pour le sceau et tout. »

Jasdero – « On n’y avait pas pensé tiens… »

Exaspérés, les deux jumeaux se regardaient avec complicité et animosité, un mélange étrange où seuls les liens familiaux permettaient de maintenir un semblant de civisme. L’anneau donné, quelques dernières phrases étranges échangées, ils se volatilisèrent en un clin d’œil, tels des mirages laissant Junko dans l’inconnu et un monde bien fade sans les deux énergumènes pour la guider.

Récapitulatif:
Feat.

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