Un charlatan et sa bande (sans doute des prêtres défroqués) se font passer auprès de divers petits nobles du Pays du Feu pour des moines cherchant des financements pour bâtir des temples en collaboration avec Konoha. Ils promettent monts et merveilles en échange de ryô : guérison miraculeuse, bon karma, nom de la famille donatrice vénéré pendant des générations... Heureusement, un nobliaud plus malin que les autres a posé des questions à Konoha. Ces mécréants se sont servit du nom du village et de la réputation des bonzes qui se sont alliés à nous. D'après nos informations, ce ne sont que de vils arnaqueurs, même pas shinobi. Aller donc leur infliger un chatiment divin !
Commanditaire : Conseil de Konoha Récompense :100 ryôs
Hyuga Chiyo
L'habit
Mars an 16
Une mission. Chiyo allait faire une mission. Évidemment, elle était kunoichi et c’était normal … Faire une mission à l’extérieur de Konoha, c’était ce qu’il y avait de plus normal … pour une kunoichi. Aucune pression, non vraiment, elle saurait gérer … n’est-ce pas ? Heureusement, Chiyo n’était pas laissé à elle-même pour cette mission. Son sensei, Tadake Kyoshiro allait la mener, donner les ordre et l’initié à ce que c’était réellement de sortir du village en tant que ninja et non simple civil. L’expérience n’était pas la même. D’aucune forme, d’aucune façon. One venait de la mettre face à un nouveau monde. Elle était devant l’étranger et ne savait pas à quoi se préparer.
Kyoshiro lui avait donner rendez-vous aux portes du village, où, elle supposait, il expliquerait de quoi toute cette histoire retournait. Enfin, elle l’espérait de toute ses forces, car elle ne se voyait pas partir à l’aventure sans explication, sans indicateur, sans rien …
Mais elle optimiste, avec Kyoshiro-sensei tout irait bien. Elle le savait capable de la guider dans cette épreuve et il fallait avouer que l’idée de passer du temps seule avec lui était bine plus qu’alléchante. Peut-être réussirait-elle à savoir quelle boisson il préférait ou quel repas l’émoustillait plus que les autres … Peut-être n’était-ce pas des pensées professionnelles, mais au moins, c’était tous points dont elle pouvait se réjouir. Il le fallait bien, car l’idée de dormir à la belle étoile, dans la forêt, avec les moustiques et autres … Un frisson d’horreur couru le long de sa colonne vertébrale à cette idée.
Il ne lui fallut que bien trop de temps pour faire son sac. Sac qui avait été chargé de bien trop d’objets inutiles. Elle n’était pas encore aux portes du village que ses épaules souffraient déjà le martyr. Cette mission s’annonçait … merveilleuse. Secouant la tête, elle préféra porter son attention sur le fait qu’elle aurait son enseignant pour elle seule.
Lorsqu’elle arriva avec quelques minutes de retard, elle s’inclina maladroitement devant l’homme à la chevelure cendrée.
« Bonjour Kyoshiro-sensei. Pardonnez mon retard, mais j’ai eu … j’ai eu un peu de mal avec mon sac. »
Chiyo choisit sciemment de taire qu’elle avait hésité d’abord très longtemps sur sa tenue et même sa tenue de nuit. Et bien sûr elle ne mentionna pas l’énorme débat qu’elle avait avec elle-même pour son choix de parfum et de crème de nuit et soin de la peau …
La conception du temps étai assez floue pour un homme dont la vie n'était pas régie par le cycle lunaire et solaire, il était souvent bien trop en avance plus qu'en retard lorsqu'un rendez-vous lui était donné, aussi ne jetait-il pas la pierre à ceux qui arrivaient en retard. C'était sa première mission sur le terrain avec sa nouvelle élève, celle dont il ne savait rien en dehors de son nom de famille et, lorsque cette dernière se présenta en s'excusant platement pour son retard, le jeune homme leva une main devant lui pour la calmer, pour la rassurer, avant de lui répondre doucement.
« Aucun problème, Chiyo-chan. »
Oh oui il se souvenait aussi de sa toute première mission, de la volonté de bien faire qui l'accompagna tout du long et, à plus d'un titre, il se reconnaissait en la jeune femme devant lui. Certes ils venaient de deux mondes bien différents, n'avaient pas les mêmes talents ni les mêmes capacités, mais les shinobis n'étaient-ils pas tous frères et sœurs ? Ne marchaient-ils pas tous dans les pas de leurs ancêtres ? Ils prenaient des différents chemins, avançaient à différentes allures mais, au bout du compte, ne marchaient-ils pas tous dans la même direction ? Kyoshiro l'avait compris et, un jour, sa jeune élève le comprendrait également. Maintenant qu'elle était arrivée, le duo se mit en marche et, au lieu de lui faire un speech sur les détails de la mission, le jeune Tadake lui tendit le parchemin qui lui fut donné en plus des explications orales, gageant que ces mots couchés sur le papier vaudraient toutes les explications du monde.
« Je te laisse lire ça pour te mettre au courant de la mission, tu me diras ce que tu en penses quand tu auras fini. »
Avança un un rythme raisonnable, le jeune homme savait déjà où aller. Enfin, plus précisément il savait où les charlatans avaient été repérés en dernier et, de ce fait, avait déjà décidé de leur prochaine destination bien avant que la jeune Hyuga n'apparaisse devant lui. Il savait qu'elle aurait tout un tas de question sur le fonctionnement de cette équipe, sur la stratégie à adopter, peut-être demanderait-elle même à son mentor d'être clémente envers sa prestation qu'elle jugerait piètre, mais avant que cela n'arrive le jeune aveugle prit de nouveau la parole.
« L'important c'est que tu ne te mettes pas trop la pression. Oui c'est une mission et elle est importante, mais tu n'es pas toute seule. Je veux te voir évoluer en situation réelle, bien sûr, mais n'oublie pas que je resterai à tes côtés tout du long. C'est autant ta mission que la mienne, d'accord ? »
Le stress était important, il rappelait à chacun l'importance de la situation dans laquelle un individu se trouvait, mais il y avait un juste milieu entre ignorer ce stress et se laisser écraser par ce dernier. Un juste milieu que seul le temps permettrait d'obtenir et, en attendant que la jeune femme puisse trouver elle-même cette limite, son senseï serait là pour la guider et l'accompagner. Tel était son rôle.
Kyoshiro était exactement comme elle l’imaginait. Enfin, de l’avoir déjà rencontré aidait à avoir une meilleure idée de la personne qu’il était, mais cela n’enlevait absolument rien à son charme. Il était resté patient attendant son élève jusqu’à ce qu’elle se pointe et ne fit aucun commentaire sur son retard. Il eut tôt, également de la rassurer vis-à-vis de la mission. Quelques beaux avaient à faire naître sur son visage un petit sourire béat, celui d’une jeune femme totalement séduite. Il était réellement l’idéal d’un mentor, toujours à l’écoute, rassurant, guidant pas à pas ses apprentis.
« Merci, Kyoshiro-sensei. »
Un merci bien mérité. Un merci sincère, mais intéressée, la voix mielleuse, douce. Malheureusement, pour Chiyo, il était totalement impossible de rester entièrement concentrée et capable de garder ses émotions sous contrôle. Cette mission ne s’annonçait pas de tout repos, mais alors vraiment pas. Pourtant, il fallait lire l’ordre de mission et émettre un réel avis. Saisissant le rouleau les yeux de l’Hyuga parcoururent les quelques lignes plutôt rapidement. Cette mission serait d’abord une traque, puis ensuite, il serait le temps de passer à la partie ‘conséquences’ de la requête.
« Hum … Comment est-ce qu’on va traquer des gens desquels nous ne connaissons rien. J’aimerais bien croire que nous allons leur tomber dessus totalement au hasard, mais c’est impossible. »
Qu’était plan ? Y aller avec les Byakugans ? Rencontrer le client d’abord, puis voir pour la suite ? Le problème était que, même si elle avait quelques idées, Chiyo n’avait aucune expérience, elle ne savait absolument rien de la procédure à suivre ou à appliquer. Son entraînement n’était que physique et ne demandait en rien du tout d’apprendre le protocole de quoi que ce soit. C’était une situation plutôt épineuse puisque la genin ne voulait en aucun cas admettre son manque de savoir à ce sujet. Après tout, se serait souligner les lacunes dans son entraînement, dans son mode de vie.
Elle n’avait aucune ambition vis-à-vis de cette mission, si ce n’était que de la réussir. Pourquoi ? Non le village n’avait rien à voir dans cette histoire. C’était plus personnel, plus domestique. Rendre son père fier, quitter la scène avant qu’il ne soit trop tard.
Être un sensei modèle n'avait jamais été le but du jeune homme, car il se savait assez égoïste pour s'entraîner pendant des jours sans jamais donner de nouvelles à personnes, mais dés sa première équipe confiée il avait toujours fait son maximum pour se montrer aussi bienveillant et pédagogue que son propre sensei l'avait été à son égard. La jeune femme qui l'accompagnait aujourd'hui représentait le futur de Konoha même si elle ne le voyait pas encore, elle allait être amenée à porter le flambeau de tous ceux et celles avant elle, l'héritage établi génération après génération et, si cette pression pouvait sembler écrasante, c'était le rôle d'hommes comme Kyoshiro d'adoucir la transition pour qu'elle devienne une shinobi, une femme dont elle pourrait être fière. Tel avait toujours été le but du jeune homme, tel serait toujours sa façon d'agir et de penser, qu'il ait le pire ou le meilleur élève face à lui. Alors oui elle pouvait le remerciait si elle le souhaitait, quelques mots toujours doux aux oreilles, mais le Tadake n'avait pas suffisamment d'ego pour que cela vienne changer son comportement, de quelque façon que ce soit. Il était là pour l'encadrer, pour la soutenir dans ses moments de doute comme de gloire et, aujourd'hui, elle allait avoir l'occasion de donner à son senseï une première « vision » du potentiel qui était le sien. L'aveugle, d'ailleurs, poursuivit sa marche jusqu'à arriver aux abords d'une riche propriété à quelques heures de marche de Konoha, avant de finalement reprendre son explication, en réponse à la question qui lui fut posée.
« On va aller parler au dernier noble à les avoir vus. Celui qui nous a alerté de cette supercherie. Avec un peu de chance, il saura quelle est leur prochaine destination et nous les rattraperons à temps. »
Heureusement qu'il avait un contact facile et inné avec les gens, sans quoi ce genre d'enquêter s’avérerait être un calvaire pour lui. Le shinobi savait qu'il avait cette faculté naturelle à mettre les gens à l'aise, par un sourire et quelques mots bien placés, aussi savait-il qu'aujourd'hui il allait de nouveau devoir utiliser de ce don pour retrouver la trace de ces usurpateurs. Quelques pas de plus et l'entrée de la propriété se dessinait déjà, l'aveugle n'hésita pas à mettre en évidence son bandeau frontal accroché à sa ceinture, une allégeance qui lui ouvrirait bien des portes ici, avant d'ajouter :
« Ce ne sont que des brigands, pas d'inquiétude à avoir. »
Peut-être que cette femme ne s'inquiétait pas de la force de leurs futurs adversaires, mais mieux valait poser les bonnes bases pour éviter un stress inutile. Puis enfin, après de longues heures de marche, le duo pénétra finalement dans la propriété du noble qui avait donné l'alerte sur cette imposture et, si Kyoshiro aurait pu faire jouer ses sens pour trovuer son chemin, il tint à valoriser son élève de la seule façon qu'il pouvait pour le moment.
« Je vais avoir besoin de tes yeux, Chiyo-chan. Tu peux nous diriger vers la demeure la plus imposante ? Ce sera celle du noble que nous cherchons. »
D'ordinaire sa sœur était ses yeux, celle qui le guidait dans les ténèbres éternelles qui étaient sa vie mais ici, pour aujourd'hui, pour cette mission d'importance moindre, la jeune Hyuga reprendrait le flambeau. Il aurait pu mettre en avant que ses origines nobles pourraient mettre cette femme dans son élément, mais il ne tint pas à le faire. Pourquoi ? Parce qu'elle était une shinobi à présent, et que les origines n'importaient jamais aux « yeux » de Kyoshiro. Seule la détermination et le cœur d'un individu comptaient réellement.
Kyoshiro rendait cette mission plutôt facile. Il était calme et savait exactement ce qu’il voulait faire, contrairement à Chiyo qui, pour l’instant, avait l’impression de nager dans l’inconnu. Ce n’était pas seulement une impression, plutôt une réalité. Jusqu’à présent, le voyage n’avait rien d’inquiétant, mais les combat à venir laissait un goût amer sur la langue. Il fallu un effort à Chiyo pour repousser ces pensées à plus tard. Il fallait se concentrer sur ce que Kyoshiro avait décidé.
Il tenta bien sûr de la rassurer, mais, comment rassurer quelqu’un qui, pour la première fois, allait se battre dans un environnement qui n’était pas contrôlé. Ce n’était plus un exercice, mais réellement une situation de vie ou de mort et cette réalisation pesait lourd sur l’esprit de la genin qui n’avait jamais, de sa vie, fait quoi que se soit de plus ou moins dangereux.
Une fois arrivé au village, le duo pris le chemin de la plus grande demeure de l’endroit, guidé par Chiyo. Elle n’avait pas activé son Byakugan, ce n’était pas nécessaire puisque la dite demeure était simplement immense et visible dès l’entrée du patelin. En quelques minutes, les deux konohajins furent devant la porte, près à interroger le riche homme. Déclinant leur identité et la raison de leur venue, ils furent invités à l’intérieur où on les accueillit dans un petit salon.
L’homme relata la rencontre avec les fraudeurs. C’étaient des professionnels, il n’y avait pas à le dire. Des arnaqueurs qui exactement où peser pour recevoir ce qu’ils voulaient. Ils étaient quatre et devaient être de réels acteurs ou d’anciens moines, car leur discours, selon le noble, était sans équivoque très facile à avaler pour quelqu’un qui ne savait pas où regarder. Il avait également demandé où ils allaient, prétextant vouloir être capable de leur envoyer les ryos lorsqu’il le pourrait.
C’était sans nul doute une chance pour le duo que cet homme y ait pensé.
« C’est simplement répugnant. Je ne pouvais pas rester là à ne rien faire. J’espère vraiment que vous allez les attraper. Vampiriser l’argent des nobles prétextant être religieux ! C’est n’importe quoi. Vraiment ! »
Il était outré, visiblement outré, le visage tout rouge, l’air frustré, le ton montant. Chiyo trouva la première excuse qu’elle pu pour s’excuser et quitter la demeure de l’homme avec son sensei. Elle lui dit quelque chose du genre qu’ils n’avaient plus de temps à perdre s’ils voulaient avoir une chance de les rattraper. Une fois sortie, elle fit le point avec son sensei pour savoir quelle serait la marche à suivre.
« Ils sont en direction d’un village au nord-ouest, Hanayoshi. Selon ce qu’il nous a dit, ce n’est pas trop loin. Je présume que si l’on court, ce devrait être pas trop mal. On peut les rejoindre en quelques heures. Mais faudra les trouver. Je peux y aller avec mon Byakugan, mais je préférais le garder pour le combat. Il n’a pas une utilisation infinie. »
Il était étrange de constater que le jeune homme, aussi socialement capable soit-il, détestait profondément les missions où ce talent naturel pourrait être mis à profit, préférant largement la simplicité d'un champ de bataille malgré les cris et les pleurs qui allaient avec. Oh non, il abhorrait toute forme de violence et aurait préféré pouvoir vivre en paix le restant de ses jours, sans jamais avoir à lever la moindre arme de nouveau, mais il était aussi conscient qu'aussi longtemps qu'il y aurait des hommes la guerre serait toujours présente. Alors plutôt que de tourner en rond et de chercher des moyens diplomates de mettre fin aux conflits, attendant que les mots atteignent l'esprit de ceux trop fermés pour voir la réalité en face, il avait décidé de prendre activement part à cette lutte pour le maintien de la paix. Il ne pouvait pas changer le monde à lui tout seul, c'était illusoire d'espérer pouvoir le faire, aussi avait-il pris le pied de jeter son dévolu sur Konoha dans un premier temps. Bientôt il n'y serait plus, bientôt il devrait protéger un clan dans lequel il n'était pas né, sa famille par alliance pour ainsi dire mais pour l'heure, pendant qu'il était encore affilié à Konoha, il ferait tout pour protéger le village qui l'avait vu grandir. Et si cela devait passer par quelques discussions ennuyeuses avec des nobliaux du coin, alors il se ferait violence pour mener cette mission à bien. Bien entendu, pour ne pas laisser son élève sur le carreau il lui demanda de guider le duo, jusqu'à ce que les deux shinobis rencontrent le noble, outré, qui avait donné l'alerte concernant la mascarade en cours.
Une partie de Kyoshiro savait que cet noble était suffisamment riche pour donner de l'argent à une fausse cause sans même voir la différence, car le concept de besoin ou de pauvreté devait lui être totalement inconnu depuis bien trop longtemps, mais une fois encore le Tadake laissa de côté des préjugés qui n'avaient nullement leur place ici. Au lieu de cela, il laissa sa jeune élève lui indiquer leur prochaine destination, un village à quelques heures d'ici.
« Selon leur mode opératoire, ils ne devraient pas être bien difficiles à trouver. »
Sans en rajouter davantage, n'essayant pas de tirer des plans sur la comète outre mesure, le jeune shinobi se mit en route avec son élève, courant à vive allure jusqu'au village et, fort heureusement, les prédictions de la jeune Hyuga furent exactes. En quelques heures ils arrivèrent à l'entrée du village de Hanayoshi, une modeste communauté qui avait su tirer parti des ressources naturelles aux alentours pour s’enrichir et, comme toujours, le plus malin de tous rafla la plus grosse part du gâteau. En un rien de temps, les deux shinobis se mirent donc en direction de la demeure du noble du coin et, avec un timing proche de la perfection, Kyoshiro sentit la présence d'un petit groupe quitter la demeure en question.
« Je pense que nous les avons trouvés. Je m'occupe de faire les présentations en douceur, d'accord ? »
Les sens du jeune homme captèrent cinq présence, le cerveau de la bande et ses quatre acolytes sans nul doute, qui quittaient la demeure à vive allure, en ayant sans doute fait chou blanc cette fois encore. Réajustant son bandeau frontal accroché à sa ceinture, Un message devait être envoyé, qui n'impliquait pas nécessaire de supprimer des vies mais un bon passage à tabac remettrait sans doute à ces escrocs les idées en place. Ainsi, marchant jusqu'à arriver face au groupe, leur bloquant le passage, le jeune aveugle présenta le plus carnassier de ses sourires tout en faisant craquer ses phalanges, avant de donner le ton d'un :
« Messieurs. Konoha a quelques mots à vous dire. »
Le chemin jusqu’au village d’Hanayoshi n’avait rien de bien intéressant ou de grandiose. Des arbres et le décor classique d’une forêt du pays du feu. Pourtant, chaque nouveau pas faisait monter l’anxiété chez la jeune femme. Le combat à venir ne serait pas facile, c’était certain. Et que se passerait-il si ces hommes étaient plus forts que Kyoshiro ? C’était impossible, Kyoshiro était un modèle de puissance, mais … mais le Sekai était dangereux, horrible, même et on ne pouvait prétendre en connaître tous les dangers.
Lorsque le village fut en vue, Chiyo avait du mal à contenir la peur qui montait tranquillement. Elle était une Hyuga, pardi ! Pourtant, c’était sa première mission à l’extérieur du village, loin de la protection bienveillante de son clan. Elle était en danger et cette réalisation, elle l’avait faite en sortant du village. Après cette mission, peu importe ce qui allait se passer, elle serait une kunoichi. Elle devrait apprendre à représenter les siens et à ne pas céder à la panique. Il lui faudrait, d’un seul coup, cesser de penser et de prétendre. Elle devrait servir son village, comme elle servait son clan. Elle devrait apprendre à maîtriser ses émotions de la même façon qu’elle contrôlait ses yeux. Il fallait qu’elle devienne une réelle professionnelle.
Une bonne inspiration. Il fallait repousser ce train de pensées qui menaçait de l’engloutir, alors qu’elle suivait Kyoshiro dans le village. Un groupe de cinq hommes sortaient justement de la demeure la plus grosse, probablement, la plus riche aussi.
Avec cette assurance qui était la sienne, Kyoshiro s’adressa aux hommes. Sans peur, plus brave qu’elle ne le serait jamais. Évidemment, ses mots semblaient plus à être de la provocation plutôt qu’autre chose. Et ces hommes mordirent à pleine dent la perche qu’il leur avait tendue.
« Espèce de … »
Un premier se raidit en prononçant ces quelques mots. Un second mit la main sur son bâton, prenant une position offensive. Le troisième n’attendit pas. Impatient, il se lança à l’attaque. De qui pensez-vous ? L’homme plein de confiance ou la crevette se tenant à côté de lui ?
Il fonça évidemment sur Chiyo, le maillon faible du duo. Heureusement, elle était vive sur ses pieds et son corps agile de danseuse savait exactement ce qu’il faisait. Sur la pointe des pieds, un peu de force dans la jambe pour initier un petit tourbillonnement et … elle était maintenant cachée derrière Kyoshiro, en criant.
Cela suffit à lancer les hostilités. Les différents hommes se jetèrent sur les deux Shinobis. Bon. Chiyo … elle restait elle-même. Devant cet assaut, elle ne put que danser entre les deux coups qui la visaient, espérant ne pas se le prendre dans la tronche. Heureusement, elle aussi une ninja et pas seulement une danseuse.
Quelques mudras lui suffirent et la main chargée de de chakra, elle l’abattit dans le ventre d’un premier adversaire. C’était l’un de coups mystérieux du clan Hyuga, le fameux poing souple. Celui-ci avait été d’une telle violence que l’homme s’effondra au sol, tenant son ventre et hurlant. Chiyo s’immobilisa, tremblante. C’était la première fois qu’elle blessait quelqu’un avec son poing souple. Le goût de la bile dans la gorge, les frissons pleins le corps, toujours immobile, toujours statufiée, une proie facile.
Le Jûken est une technique de Taijutsu unique et utilisable au corps à corps. Il s'agit de frapper son adversaire pour perturber son chakra à l'aide de celui de l'attaquant. Le chakra injecté fait alors le tour du système circulatoire de chakra de la victime, blessant au passage les organes vitaux. Le Byakugan activé est nécessaire pour utiliser cette technique, car il faut parfaitement voir le système de circulation du chakra de la cible. Les dégâts des coups de Jüken sont légers.
Contrairement à beaucoup de ses confrères le jeune homme avait ses propres vices, l'alcool et les femmes pour n'en citer que deux, aussi comprenait-il pleinement l'attrait des individus les plus cupides pour les espèces sonnante set trébuchantes. Comment les blâmer d'essayer d'arrondir leurs fins de mois, sans doute déjà difficiles ? Malheureusement ce n'était pas Kyoshiro qui établissait les règles de ce monde et, si on lui disait que les arnaques de ce genre étaient illégales, alors charge à lui et ses compagnons de le rappeler aux contrevenants. Et puis si un bras cassé comme lui avait réussi à faire quelque chose de sa misérable vie, avec un peu de motivation et d'huile de coude, pourquoi est-ce que ce groupe d'arnaqueur ne pourrait pas en faire autant ? Mais il était passé le temps des négociations et de l'entraide, aujourd'hui les deux shinobis étaient là pour délivrer un message et les arnaqueurs en comprirent bien vite la teneur.
La phrase d'introduction de l'aveugle n'avait vraiment rien de très subtil, aussi ne fut-il pas très surpris de voir le groupe se ruer vers lui et, de par son manque d'expérience, sa jeune élève venir se faufiler derrière lui. Pour ce qu'il en savait, cela devait être le tout premier combat réel de la demoiselle, aussi avait-elle toutes les raisons du monde d'être stressée, mais cela voulait aussi dire que son mentor allait devoir se coltiner tout le travail. Qu'à cela ne tienne, il accueil le premier homme au bâton d'un coup de pied frontal dans le ventre, qui coupa le souffle au brigand avant de le projeter en arrière, le shinobi notant avec un sourire discret que sa camarade avait enfin décidé de participer à l'action. Poursuivant dans son élan, il esquiva un crochet lancé à son attention, se baissa pour frapper dans le ventre de la cible, avant de l'envoyer au pays des rêves d'un crochet du gauche dans la mâchoire. Le troisième, enfin, sortit une dague de sa ceinture, forçant Kyoshiro à de la prudence alors que la lame fendait l'air, poussant le shinobi à reculer d'un pas puis de se décaler sur la droite au risque de se faire entailler, avant de balayer la jambe gauche de l'homme au couteau d'un coup de pied fouetté. Perdant l'équilibre d'espace d'un court instant, le stupide sentit son monde se retourner lorsqu'un uppercut le frappa au menton, le projetant en arrière avant de sombrer dans l'inconscience.
« Konoha n'aime pas que son nom soit associé avec des escroqueries. Ceci était votre premier et dernier avertissement. »
L'escroc en chef aurait voulu courir, s'enfuir, mais le Tadake le rattrapa avant de lui asséner un violent coup de tête pour lui remettre les pendules à l'heure. Lui laissant quelques secondes pour reprendre ses esprits, le shinobi attrapa le mandrin par le col, se drapant dans son expression la plus dure, avant de poursuivre ses explications.
« Il n'y aura pas de prochaine fois. Demandez-vous si l'argent collectée vaut réellement que vous le payiez de vos vies. Car c'est ce qu'il se passera, si je dois revenir. »
Peut-être qu'une petite arnaque ne valait pas la peine capitale, mais le Tadake n'avait jamais eu peur de se salir les mains si cela pouvait servir les intérêts de son village. Premier avertissement, la prochaine fois il ne se montrerait pas aussi tendre qu'il put l'être aujourd'hui. Relâchant le malandrin qui avait compris le message, à en juger par l'odeur d'urine qui s'échappait de son pantalon, l'aveugle se redressa et se tourna vers son élève, avant de lui demander :
« Je pense qu'ils ont eu le message. On rentre, Chiyo-chan ? »