Flânerie et courtisanerie [feat Chiyo] Un pétale tombait gracieusement, flottant quelques instants jusqu’à toucher le sol, délicatement. Le lys se refaisait une nouvelle beauté, entretenu de manière experte par le jeune Kamiko vêtu de blanc. Il taillait, nettoyait et s’occupait de ses fleurs favorites avec un amour certain. Prunelle de ses yeux, cette serre était un havre de paix pour lui, un temple d’émotions et un théâtre sordide, parfois. Il pouvait rester, là, des jours durant, appréciant, admirant la beauté fragile des milliers d’espèces de fleurs différentes et humant les millions de senteurs enivrantes se mélangeant dans les airs. Fumetsu était, donc, assis face à un établi, ses mains délicates maculées de terre, manipulant son lys avec expertise lorsqu’un intrus se notifia. Celui-ci lui donna un pli et s’en alla, après avoir contemplé, quelques fractions de seconde, l’œuvre florale l’entourant. Responsabilités, demandes quelconques, telle était la vie d’un des chefs du clan Kamiko. Perturbé par l’intrusion scandaleuse, le jeune en shihakusho blanc s’arrêtait, déposant la fleur sur la table de bois, et déplia le message. A la lecture, les yeux de l’homme s’ouvrèrent, trahissant son excitation soudaine, un sourire sournois éclairant son visage. Emportant, comme à son habitude, un lys dans son vêtement, il partait en direction de son domicile, son nouvel objectif en tête. Traversant les jardins du domaine Kamiko, il s’imaginait une centaine de scénarii, plus étranges les uns des autres, stimulant son appétit, enflammant ses entrailles. Il avait hâte. Entrant chez lui, il alla se laver les mains, éliminant chaque tache indélicate qui pouvait rester, changea son manteau et ressortait, plus élégant encore que d’habitude, un sourire éclatant étirant ses lèvres.
Flânant en centre-ville, il cherchait sans chercher, sachant pertinemment où elle était. La princesse Hyûga, Chiyo, faisait ses emplettes, libre et solitaire. Elle représentait tout ce que pouvait adorer Fumetsu, mais au-delà de son esthétisme, de sa fragilité délicate et de son ascendance glorieuse, elle possédait un bien qui faisait brûler d’envie le jeune homme : ses pupilles d’opales. La vie du jeune Kamiko était rythmée par ses excès, ses frasques artistiques et autres démesures ponctuelles mais, surtout, intérieurement, par une envie qui le rongeait, le pervertissait. Alors, lorsqu’il l’entrevu pénétrer dans un magasin – de tissu, qui plus est -, il faillit perdre la tête, enchanté par cette vision, poussé par-dessus bord de la sanité. Vertiges et excitations entraient en conflits, étirant son sourire au maximum physique, creusant ses traits, l’enlaidissant. Passant sa dextre sur son visage, il se calmait, rapidement, regagnant maîtrise de soi – l’une de ses innombrables qualités – et décidait d’entrer dans la même échoppe que la demoiselle. Celle-ci contemplait des rouleaux de bonne facture, mais qui ne pouvaient en aucun cas rivaliser avec l’art Kamiko, tout en se faisant conseiller par un vendeur à l’air rapace. S’approchant sans discrétion, son visage exprimant l’amicalité, Fumetsu s’exprimait d’une voix suave, agréable. « Voyons. Comment une femme de votre rang pourrait-elle s’embarrasser de tissus inaptes à mettre en avant une beauté aussi féroce que la vôtre ? » Le jeu de la courtisanerie commençait, maintenant, un homme de tout blanc vêtu, souriant : un gentilhomme de façade. Le jeu de la fourberie continuait, ainsi, les entrailles brûlantes, les émotions rongeant son esprit, obnubilé par les yeux de platine de la jeune femme : un monstre intérieur. :copyright: 2981 12289 0
Mars, an 16 Enfin, elle Chiyo avait le droit à une journée de repos. Elle s’entraînait trop et de se reposer et de pouvoir sortir en ville et profiter des activités qu’elle appréciait tant, semblait presque comme un rêve. Elle avait l’impression, pour une fois, que sa vie d’avant n’était plus si loin. Peut-être que si elle continuait à respecter les demandes de son père et du clan, le retour à la normale pourrait réellement être ? l’espoir suffisait à lui donner des papillons au ventre.
Elle avait pris son temps ce matin-là, l’envie d’être coquette la dévorait. Être ninja semblait vouloir dire être frugal et oublier que l’élégance était tout aussi importante. Mais aujourd’hui serait jour de vengeance. Elle se saisit de l’un de ses plus majestueux kimonos, et maquilla son visage d’une main experte. Encore fois, si elle n’était que genin, elle n’était pas une enfant. Elle eu le temps de se cultiver quelques autres talents.
Pour une fois, elle laissa la longue tresse de côté, remontant ses cheveux en un extravagant chignon dans lequel elle n’hésita pas d’égayer de multiple épingle à cheveux et ornements tout aussi extravagants les uns que les autres. Oui, pour une fois depuis plusieurs mois, elle pouvait enfin prendre le temps de se faire jolie, sans penser à s’entraîner.
Une fois fin prête, elle prit la direction du marché. Faire les boutiques lui manquait encore plus qu’elle ne l’aurait cru. Au départ, elle avait espéré avoir sa cousine favorite avec elle, mais cette dernière avait une ses devoirs d’épouse. Chose qui avait rendu Chiyo verte de jalousie, car ne l’oublions pas, la frêle Hyuga n’avait pour envie que de quitter la vie de ninja. Donc, un peu boudeuse, elle avait quitté le domaine seule pour faire ses emplettes, passant d’étale en étale, admirant les objets les plus précieux de chacun, mais jusqu’à présent, rien n’avait réellement su attirer son regard et son envie.
Son regard de lune tomba sur une boutique. Des tissus. Une idée germa immédiatement. Elle pouvait récompenser son bon travail par un nouveau kimono, n’est pas ? Il ne resterait qu’à choisir l’étoffe. Son pas se fit plus léger, plus joyeux à simple idée et il ne fallut que quelques secondes avant que la jeune demoiselle ne pousse porte d’entrée. Son regard sans pupille brilla d’une joie à peine contenue alors qu’il dévorait les différents tissus des yeux. Ses doigts glissaient sans vergogne sur les tissus les plus beaux, testant leur douceur, leur souplesse. C’était réellement un paradis sur terre.
Une voix résonna derrière elle, la faisant sursauter puisqu’elle tellement absorbée dans son petit univers. La voix appartenait à un homme, aux cheveux clairs comme son enseignant, Tadake Kyoshiro, mais à l’air plus raffiné et au sourire charmeur plutôt que solaire. Sa posture était celle d’un homme de stature, de classe, de haute société. Il avait tout d’un réel gentilhomme. Pourtant, rares étaient ceux qui qualifiaient sa beauté de « féroce » et ce simple adjectif avait suffi à attiser plus que sa curiosité, mais son intérêt, car il lui paraissait comme un curieux homme, malgré tout.
« Bonjour, monsieur. Je suis curieuse, que voulez-vous dire ? Y a-t-il réellement de meilleures étoffes ici ? »
Le ton mielleux, la demoiselle se laissait totalement guider par l’homme. Il était plutôt doux sur les yeux et semblait être empli d’une certaine gentillesse, alors pourquoi ne pas le laisser guider la conversation ? Bien sûr, Chiyo espérait attraper son nom. S’il était aussi flatteur dès une première rencontre, peut-être chercherait-elle une seconde ?
« Je me nomme Hyuga Chiyo, ravie de faire votre connaissance, monsieur … ? »
Une élégante courbette accompagna sa présentation qui restait dans les normes strictes de politesse des Hyuga de la branche principale.
Flânerie et courtisanerie [feat Chiyo] La jeune femme, élégante en tout point, s’était retournée avec brusquerie, jurant avec son statut d’intouchable. Faisant partie de la branche principale des Hyûga, le monde était à ses pieds, accroché à son regard d’opale. Elle représentait, rien qu’à son physique, la noblesse d’un clan ancestral. Cinq pieds quatre de haut, d’une peau porcelaine, des cheveux de jais longs et soignés, un visage délicat, immaculé, un corps léger et souple ; elle jurait avec le prototype shinobi et convenait à l’idée que l’on se faisait d’une femme de l’aristocratie, vouée à se marier à un membre influent afin de sceller alliances et soutiens. Pour autant, la beauté de la demoiselle n’émoustillait pas le Kamiko dont les yeux, bien que caché derrière des paupières doucement closes laissant transparaître l’éclat azur de ses pupilles, étaient rivés dans les siens. Le centre même de son obsession était à portée de main, si bien, qu’il ne résista pas à l’envie qui lui brûlait le cœur, contrôlant tant bien que mal ses pulsions et ses émotions. Levant sa dextre, il alla caresser les cheveux de la dame, déviant son geste avant de commettre l’impardonnable. D’un souffle léger, il présenta ses excuses et reporta son attention sur le vendeur estomaqué, choqué d’un tel affront et le renvoya d’un signe de la tête. Marchant dans le magasin, il étudiait d’un œil expert les différentes étoffes présentes, les touchant, appréciant leurs densités, leurs coloris, leurs odeurs. Après sa visite critique, il reportait son attention vers la princesse Hyûga, et, avec le même sourire insolent, répondit à la jeune femme. « Kamiko. Kamiko Fumetsu. Un clanique dont les talents dans le domaine de l’Art ne sont que si faible comparé à votre éclatante beauté. Vous êtes décidemment une œuvre dont je ne peux retirer mon regard. Evidemment, les tissus de mon clan vous iraient à merveille, mettant en valeur vos yeux, vos cheveux et votre silhouette de danseuse. Ces tissus ne sont que trop peu soigné, de moindre facture. Ils pourraient vous irriter sans que vous le sachiez. Il vous faut du sur-mesure, une étoffe épousant vos formes, vos muscles, avec des coloris platine, peut-être même des liserés turquoise ou lavande. Faisons resurgir votre noblesse ainsi que cette férocité de shinobi que vous avez en vous, voulez-vous ? Je peux même travailler ici, modifiant les composants directement. C’est mon petit talent. » Son sourire était un faux absurde, plaqué sur un visage cachant des pensées ignobles, disséquant, volant, puisant dans le pouvoir du clan Hyûga ; un monstre était né, en cet instant. Un monstre affreux, manipulateur, usant de paroles mielleuses pour s’attirer les faveurs d’une proie naïve. Il avait définitivement basculé dans l’interdit : il avait cédé à son envie, à sa jalousie extrême. Commettant l’irréparable, son cœur battait à en rompre, son esprit n’était plus qu’un silence complet, étrangement, concentré à sa tâche, à son crime. :copyright: 2981 12289 0
L’homme qui se présentait à elle était un flatteur né, il n’y avait pas à dire. Ses mots coulaient comme du miel, onctueux, doux et plaisants, alors que Chiyo se retrouvait suspendue à ses lèvres. La voix riche et masculine de l’homme ne faisait qu’apporter à son élégance, mais il y avait là quelque chose, elle ne pouvait dire quoi encore, mais cet homme, cet homme, aussi intéressant soit-il, venait tout de même de l’aborder d’un ton intéressé. Deux questions vinrent donc chatouiller l’esprit de Chiyo alors qu’il parlait : s’adressait-il à elle de cette façon pour son clan ? Devait-elle lui faire confiance ? Mais elle n’avait rien qui pouvait alimenter ce questionnement et laissa donc immédiatement tomber.
De plus, il parlait son langage. Un kimono fait sur mesure était clairement bien plus alléchant que peu importe ce qu’elle pouvait trouver en ces lieux. Séduite, elle se laissa porter par les paroles de l’homme hochant la tête doucement lorsqu’il lui demandait si elle désirait une telle chose.
« Ma foi, votre offre est des plus charmante, je ne peux la refuser. Mais dites-moi, n’avez-vous donc pas votre propre espace de travail. Ici dans la boutique, il me semble que ce n’est guère privé ou encore adapter à ce genre d’activité. »
Son regard perle balaya la boutique lentement, cherchant un coin plus calme, mais ne sembla pas trouver quoi que soit qui lui convenait.
« D’ailleurs, n’avez-vous pas peur que le propriétaire ne vous chasse puisque vous séduisez ses clientes et les redirigez vers vos propres ateliers ? »
Un petit rire vint clore la dernière phrase de la jeune Hyuga. Effectivement, il pouvait être considérer de mauvais goût de prendre la cliente d’un compétiteur alors qu’elle se trouve déjà dans l’enceinte de la boutique. Surtout s’il devait travailler à même l’endroit.
« J’aimerais préparer une surprise. Je cherche un kimono jamais vu avant. Quelque chose qui me permettrait de laisser une impression, malgré qu’il y ait foule. Je préférais pouvoir en discuter seule à seul avec vous, si vous êtes toujours d’accord. »
Qu’est-ce qu’elle prévoyait faire avec ce kimono ? Rendre un cousine rivale verte de jalousie. Elle voulait en faire un message, se prouver et, surtout, elle voulait qu’on puisse la voir dans toute sa splendeur. Évidemment, elle garderait le précieux vêtement pour un grand occasion.
Flânerie et courtisanerie [feat Chiyo] L’art, puisqu’il s’agit d’un art, de la séduction – ou devrions-nous dire, de la courtisanerie galante – est une affaire de dosage, de jeu intime et discret. Le Kamiko s’amusait, alors, à composer de toutes ces petites attentions qui faisaient de son corps, de son esprit et de sa voix une arme fébrile, délicieuse. Il jouait savamment avec la jeune femme, aux yeux d’opale, objet de toute son attention, lui faisant miroiter gentiment une parure aux allures et atours merveilleux, oniriques. Le rêve étant un appât terrible, efficace et mordant, elle semblait happée malgré quelques réticences prudentes – ou prudes – par le charme naturel du jeune Fumetsu. Son sourire enjôleur, sa voix suave, trop douce pour être réelle, sa gestuelle calculée, son toucher ensorceleur, tout était fait sur mesure et il lui promettait la même précision pour un vêtement de lumière, embellissant une création naturelle déjà à la limite de la perfection. Entrainée par l’enthousiasme contagieux de l’homme drapé dans son shihakusho blanc, elle ne savait guère où donner de la tête, entre convenance et envolée romantique. Soucieux de la conserver dans un état proche de l’état second, une transe sentimentale confuse et enivrante, le Kamiko continuait son théâtre d’une voix presque chantante, un regard doux et intime, vecteur de pensées tout autant sincères que calculées.
« Nulle peur ne m’habite alors que je sais ce que mon cœur veut. Ce boutiquier n’osera pas s’interposer si je lui propose un spectacle qui saura lui ravir la parole ! Puis, je n’oserais dire que je vous séduits, madame, une femme de votre stature n’aurait que faire de s’embarrasser d’un homme tel que moi, j’en ai peur. Voyez ma démarche comme d’un don à une divinité. » D’un geste de la main, le jeune Kamiko se donnait alors en spectacle, un spectacle d’amoureux transi, d’artiste exalté devant la magnificence d’une dame. Le regard noir mais curieux, le commerçant observait la scène avec une moue perplexe. Souriant de plus belle, Fumetsu savait qu’il tenait là l’endroit parfait pour captiver les cœurs et les âmes, tissant son piège autour de sa convoitise suprême. Les entrailles brûlantes, son cœur palpitant dans une cavalcade folle, son esprit bouillonnant de joie, il continuait. « Nul besoin de quitter cet endroit pour vous confectionner votre habit. Comme je vous l’ai dit, j’ai un petit talent qui me permettra d’affiner, de créer, d’améliorer les tissus afin d’en faire de la soie Kamiko. Vous avez ma parole d’honneur, madame, que vous ne serez pas déçu. N’hésitez pas à me décrire votre souhait le plus lumineux… ou le plus sombre, peut-être, dans le creux de mon oreille. » Usant, ainsi, de sa stature, il se penchait, prêtant son cou à la demoiselle, l’enveloppant dans une senteur divine, légèrement fruitée, teinté de mille saveurs et parfums, bénédiction de sa serre favorite. :copyright: 2981 12289 0
L’homme avait toujours la langue aussi mielleuse et la proposition était bien trop tentante pour même imaginer de la refuser. L’appât était bien plus puissant que la volonté de Chiyo. Elle n’avait aucune idée de ce que ses mots voulaient dire, de ce qu’il offrait, mais surtout de ce qu’il désirait dans cette histoire. Malheureusement pour la délicate Hyuga, elle avait jeté la rationalité, se laissait maintenant porter par l’instant et les mots de l’homme. Elle allait commencer à penser qu’elle avait quelque chose pour les hommes aux cheveux clairs. Kyoshiro étant le premier qui avait su se frayer un chemin dans les intérêts de cette jeune femme bien trop choyée.
Ses yeux perle posé sur son interlocuteur, les joues rougissantes face à toutes ses attentions, il était clair pour tous qu’elle était plus que séduite. Autant par ce qu’il proposait que ses mots et sa prestance si singulière. La pauvre petite ne voyait pas dans quelle histoire elle s’était prise si malencontreusement.
Elle se contenta d’abord d’hocher la tête, timidement. Il fallait imaginer ce qu’elle désirait. Elle resta pensive un instant. Elle voulait quelque chose qui ressortirait, tout en restant traditionel. Il fallait voler l’attention des aînés du clan et de tout ceux qui devait s’occuper des mariages. Si elle souhaitait regagner sa vie d’avant, il fallait montrer que c’était au plus grand avantage du clan de la y renvoyer.
Et l’idée de génie vint à elle. Matériel, couleur, motif, tout. Elle savait exactement ce qu’elle allait lui demander. Elle s’approcha de son oreille, se hissant un peu sur la pointe de pied pour lui dire ce qu’elle désirait.
« Un furisode traditionnel, dans les tons de bleu, aqua et blanc. Le motif serait celui Sho Chiku Bai. »
Elle s’éloigna de lui, comme si elle venait tout juste de réaliser que la distance entre eux n’était pas du tout bien séante.
Le choix de la coupe du furisode était en soi un message. Il voulait dire qu’elle était officiellement une adulte, maintenant qu’elle avait passé les vingt-ans et qu’elle était encore libre à marier. Message qu’elle espérait que son clan comprenne. Le choix du motif, le Sho Chiku Bai, c’était là aussi une autre histoire à elle seule. C’était le motif du pin, du bambou et de la prune. Un message qui disait qu’elle restait fidèle à elle-même, à ses principes qu’importe l’adversité. Le pin se dressant dans l’hiver, fort et vert. Le bambou toujours droit, même en temps froid et la prune qui fleurit dans le printemps tout jeune. Oui, c’était bien le message qu’elle voulait envoyer en à son clan, à elle-même, mais aussi à tout ceux qui la verrait porter ce vêtement.
Flânerie et courtisanerie [feat Chiyo] Ensorcelée, la jeune Hyûga s’empêtrait dans un bourbier immonde, plongeant tête la première dans une fange cultivée par l’odieux personnage que jouait le Kamiko, pleinement conscient de son odieuse réussite. Il la séduisait, au nez et à la barbe de tous, pouvant se targuer d’un vrai amour ou même se protéger derrière sa propension à causer multiples esclandres et scandales. Décadence : ce mot le caractérisait réellement, par moments, et, aujourd’hui, il en était de cet instant. Déployant ses charmes, une nouvelle personnalité affectueuse et mielleuse, il enjôlait la dame avec affront. Cependant, il le savait, profondément, dans ses entrailles, à quel point il avait sombré, entièrement, complétement, de plein gré, dans la violence de la manipulation. La dernière barrière qui le retenait s’était envolée, propulsée avec rage, entretenue par une obsession envieuse. Elle reculait, alors, après avoir délivré son souhait à l’oreille de Fumetsu, qui, lui, s’affairait alors, à grand gestes de lui confectionner son bien, un sourire insolent et complice étirant son doux visage. Sous le regard ébahi du vendeur, il activait son don, unique, propre au clan Kamiko, permettant de créer des fils à partir de rien, comme d’un tissu déjà préexistant. Là, il défilait joyeusement des rouleaux pour en extraire les composants nécessaires à la création artistique d’une œuvre dépassant l’entendement des simples couturiers. Délicatement, délicieusement, il se mouvait avec grâce, allant d’étoffes en étoffes, créant une pièce d’art qui n’avait de supérieur que les pièces entreposées dans la galerie du clan Kamiko.
Le présentant, un furisode traditionnel, dans une coupe élégante, fine, affinée à la taille de la jeune femme - dont les mensurations avaient été mesurées par l’œil critique et expert du jeune Fumetsu. Les coloris s’agençaient avec une précision étonnante, établissant un tableau onirique qu’il espérait parfait pour la noble Hyûga qui lui faisait face. De même, les motifs de fleurs – à la mode Sho Chiku Bai - se mariaient entre eux dans un mélange idéal, rehaussés par les couleurs vives choisies par la cliente improvisée, entretenant un air presque hypnotique pour celui qui se perdait dans la contemplation du vêtement. Ravi de son œuvre, il se courbait légèrement, après avoir plié l’habit, le tendant à sa courtisée.
« Tenez, ma dame, permettez-moi de vous offrir ce bien, ce don. Vous n’en aurez nullement besoin pour sublimer la beauté qui est la vôtre mais elle rehaussera, certainement, votre grâce et votre élégance naturelle. Permettez-moi, si vous me le permettez, de vous admirer dans cet habit qui fera de vous la déesse que je vois en vous. Et puis, ne vous inquiétez pas, je réglerai à monsieur ce que je lui dois pour les dommages occasionnées à sa boutique. »
Peut-être était-ce trop, peut-être était-ce offensant de suggérer le déshabillement d’une femme, alors d’une noble, pensez-vous donc, mais il était suffisamment charmeur dans son insolence pour être persuadé, à défaut d’être convaincu, que ça allait fonctionner. Il souriait alors, ouvrant les yeux pour mieux happer son attention, l’ancrant dans ses pupilles bleutées. :copyright: 2981 12289 0
L’homme était, encore et toujours, un beau parleur, le genre qui savait naviguer les conversations et séduire les demoiselles comme Chiyo qui n’avaient que très peu d’expérience avec la gente masculine. Elle se laissait donc aller, attendant qu’il termine ce qu’il lui avait promis. Il était confiant en ce qu’il faisait, il avait l’habitude, ça se voyait et comme un tour de magie, il se glissa entre les rouleaux et prépara l’œuvre dont il était question. Il fallu à princesse Hyuga moult efforts pour ne pas se laisser aller et afficher un air disgracieux et bouche-bée. C’était la première fois qu’elle voyait quelque chose du genre, mais il fallait avouer que ce n’était pas pour lui déplaire.
Il lui présenta après quelque temps le résultat de son travail. Une merveille, il n’y avait pas dire. Chiyo s’y connaissait en kimono, après tout, elle était un Hyuga. Elle reconnaissait la qualité lorsqu’elle la voyait et il n’y avait pas à dire, ce trésor, si gracieusement offert en était. Un nouveau sourire lui apparu au visage alors qu’elle regardait avec fascination le travail de l’homme à la chevelure argentée.
Fumetsu lui présenta son petit discours enrobé de belles paroles, pourtant, à ce qu’il demandait là, Chiyo n’était pas entièrement à l’aise. C’était bien loin des conventions et l’idée la laissa froide. Elle avait un nom à protéger et une dignité. C’était-elle trompée ? Était-il autre chose qu’un gentilhomme ? D’un autre côté, il lui offrait, sans malice apparente, le plus beau kimono qu’elle aurait pu imaginer. Peut-être était-il sincèrement curieux de voir son œuvre portée par la muse qui l’avait inspiré.
« Je … Je ne crois pas qu’ici soit la meilleure idée. Par contre, si vous acceptez de me suivre jusqu’au domaine de mon clan, je pourrais vous offrir du thé le temps que je change de vêtement. »
Et … il allait sans dire qu’elle en ferait un spectacle. Elle montrerait à toutes ses cousines ce somptueux cadeau et l’homme qui le lui avait offert. À chacun ses défauts et il fallait dire que Chiyo était du genre à fanfaronner lorsque de tels événements se produisaient. Elle voulait s’assurer que tous et chacun le voient et le reconnaissent. Elle voulait montrer aux anciens du clan qu’elle était encore bonne à marier. Le motif choisi le disait bien … non il le criait. Peut-être qu’on l’entendrait finalement ?
« Si vous vous le désirez, nous pouvons nous y rendre de ce pas, enfin, si cela ne vous importune pas. Sinon, nous pourrions choisir une autre date. »
Flânerie et courtisanerie [feat Chiyo] L’indélicatesse et l’affront de la proposition n’empêchait pas la poursuite de la conversation, son allocutaire lui offrant un rêve, plus fou que ne l’espérait le Kamiko : elle l’invitait au domaine des Hyûga, le temple onirique des pupilles nacrées. Son esprit bourdonnant de milles aiguilles, Fumetsu tentait de garder un semblant de dignité, évitant toute manifestation de son avidité extrême où désir réfréné et envie jalouse hurlait avec férocité. Ne sillant pas, l’homme drapé de blanc réfléchissait à vive allure, pesant le pour et le contre malgré les pensées assourdissantes. Si l’accession à un tel domaine, avec une telle justification, nourrissait le désir de l’homme avec une violence presque savoureuse, elle le terrorisait par le même fait, prit au dépourvu. Effrayé par l’ivresse de ses sentiments, il gardait un silence pensif, un sourire arachnéen étirant ses jolis traits, le regard perdu dans les yeux d’opale de son allocutaire.
Se courbant, comme le ferait un courtisan poli, il répondait à l’invitation, ses songes toujours en conflit entre eux. « Veuillez m’excusez pour l’indécence d’une telle proposition… L’égarement du moment et l’ensorcellement de votre féroce joliesse me fait perdre la tête. Il n’y a rien au monde qui me ferait plus plaisir, madame, que de vous suivre au domaine de votre prestigieux clan. Vous méritez bien un public bien plus noble que celui-ci pour une telle démonstration de votre faste beauté. » Sur ces mots, il présentait son bras droit afin qu’elle puisse y prendre appui selon les règles de la courtoisie galante. Ainsi, il irait dans l’antre de ces êtres oniriques, le cœur battant avec fureur, les entrailles brûlantes de peur autant que d’excitation ; les yeux rieurs cachant son appréhension, le sourire enjôleur éclipsant ses craintes, il rompait une dernière attache de sa folie. :copyright: 2981 12289 0
Accueil 
![Flânerie et courtisanerie [feat Chiyo] Left_bar_bleue](https://2img.net/i/fa/i/left_bar_bleue.jpg){kind=small}
![Flânerie et courtisanerie [feat Chiyo] Empty_bar_bleue](https://2img.net/i/fa/i/empty_bar_bleue.jpg){kind=small}
