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L'art de la médecine [feat Mifuyu]

Kamiko Fumetsu
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Kamiko Fumetsu
L’art de la médecine [feat Mifuyu]
Passer un examen chuunin en collaboration avec le village caché du tourbillon était une étrange manière de s’attirer les faveurs de ce dernier, et, un moyen assez efficace d’exacerber des tensions préexistantes entre les deux jeunesses. De fait, malgré les différents aspects de collaborations présents durant les diverses phases d’examen, il n’était pas rare de voir une concurrence, une hiérarchie ou même des inimitiés se former. Ainsi, les aspects purement politiques, économiques ou toutes autres considérations de plus haute nature que celles que pouvaient avoir un genin lors d’un examen, étaient reportés aux encadrants et shinobis présents pour escorter tout ce beau monde. Ceci partait essentiellement d’une bonne foi et d’une volonté de faire le premier pas vers l’autre, souvent responsable du malheur d’autrui. Bienséance, courtoisie et faux-semblants étaient de mises mais bien peu s’amusaient autant de ce jeu politique que le jeune Kamiko qui s’était fait discret pendant les deux premières phases de l’examen. Contraire à sa personnalité, il avait pourtant décidé de s’effacer un temps, profitant de cette occasion en or pour se renseigner sur les pratiques et personnalités du village du tourbillon, curieux de savoir qui d’intéressant le représentait à cet évènement. Les noms avaient été prononcés lors de la cérémonie d’ouverture : Minato, Uzumaki Haruka et Omura Mifuyu. Ils paraissaient insignifiants, terriblement faible face aux glorieux Senju et à l’Inuwashi titanesque. Visages enfantins, d’une laideur certaine, ils ne correspondaient malheureusement pas à l’image que s’était faite Fumetsu de l’élite du tourbillon. Profondément déçu, il avait délaissé les épreuves – n’étant pas son travail de les encadrer – et s’était plongé dans des lectures diverses qu’il avait pu trouver. De même, la visite du village en lui-même avait été fructueuse, laissant une empreinte réelle dans l’esprit d’une multitude d’habitants qui n’avaient visiblement pas vu un être d’une si grande beauté auparavant, mais aussi en acquérant des connaissances insoupçonnées sur les examinateurs présents à l’examen. Ces bribes de rumeurs, d’informations partielles et probablement infondées avaient titillés la curiosité du Kamiko qui avait décidé d’approcher une personne en particulier : la dénommé Omura. Selon les dires, il s’agissait d’un clan particulièrement doué dans la manipulation chirurgicale poussant l’art médicinal à son extrême, décloisonnant les conceptions morales en faveur d’une approche brutale mais innovatrice de l’iroujutsu. Ainsi, les apparences étaient trompeuses, chose que le prénommé Fumetsu haïssait, préférant la transparence dans celles-ci.

Il avait attendu l’occasion de lui parler, préférant ne pas forcer les choses malgré son envie presque maladive de lui faire révéler les secrets qu’elle possédait. Le Kamiko s’était donc intéressé à la seconde phase de l’examen où genins tentaient désespérément de déposséder les examinateurs de divers objets. L’Omura ne faisait pas partie de ceux-là, laissant sa place à un dénommé Shun, nouveau venu. Profitant de cet instant, Fumetsu se permit, donc, d’aller toquer dans ses quartiers – les différentes nations étant parquées dans des dortoirs délimités, le konohajin avait délibérément fait fi des interdictions. Sa démarche pouvait sembler très intrusive mais le jeune Kamiko ne s’embarrassait pas de ces détails, aimant même provoquer ses interlocuteurs, qu’ils soient alliés ou ennemis. Aujourd’hui ne différaient pas, sa curiosité piquée au vif, son intérêt dominant, son envie s’activant, Fumetsu répondait à ses émotions. Sortant une petite fleur de son shihakusho blanc, jouant avec la tige, arborant un sourire éclatant et des yeux rieurs, il pénétrait dans les quartiers de l’Omura, sujet de toutes ses passions récentes. « Voici donc la merveilleuse Mifuyu, examinatrice et championne de la médecine. Dîtes moi, comment est la vie pour une personne telle que vous, dans un corps tel que le vôtre ? » Nulle malice ne transpirait dans sa voix suave et douce du Kamiko, qui déposait la fleur d’un pourpre éclatant sur un meuble à proximité. Les mains réunies dans son dos, il ne montrait aucune hostilité mais un humour pinçant, et attendait.

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Omura Mifuyu

L'art de la médecine
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Absorbée dans son travail de recherche interdit – elle essayait toujours de percer les mystères de Fusuke à partir des parchemins qu'elle avait récupérés dans son laboratoire secret – elle ne faillit pas entendre que l'on tambourinait à sa porte. Elle n'avait pas l'habitude que l'on vienne lui rendre visite dans ses quartiers, aussi sa surprise n'avait d'égal que son énervement. Elle n'aimait pas être dérangée. Ordinairement, ses visiteurs préféraient la voir dans les quartiers de la Division d'Amélioration où un public pourrait témoigner en leur honneur dans le cas où la doyenne se montrait particulièrement cinglante. Elle rangea dans la précipitation les journaux du progressiste dans un tiroir qu'elle ferma à clef avant de remonter de son laboratoire personnel pour se rendre dans son salon. Elle vint ensuite ouvrir la porte, son visage fermé annonçant l'état d'esprit dans lequel elle se trouvait. Cela a plutôt intérêt à être important, rumina-t-elle pour elle-même.

La porte ouverte lui révéla le visage d'un jeune homme aux courts cheveux blancs. Il lui était parfaitement inconnu, aussi son expression de colère se transforma en suspicion. Qui était donc cet homme qui osait s'introduire dans son domaine sans même s'annoncer ? Il devait être un étranger, assurément, car aucun Uzujin sain d'esprit n'aurait perpétré un tel affront volontairement. Mais qui ? Que lui voulait-il ? Avant qu'elle n'ait pu obtenir sa réponse, le jeune homme pénétra sa demeure sans attendre d'en avoir reçu la permission. La Sorcière bouillonnait et, instinctivement, fit pression avec sa main droite contre sa sacoche, comme s'il la démangeait de sortir ses scalpels pour tirer toute cette mascarade au clair. Elle le regarda déposer une fleur sur une petite table de bois sans rien dire.

La femme-enfant inspira un grand coup pour reprendre son calme et referma la porte derrière elle. Maintenant qu'il était là, qu'il s'était présenté à elle de manière si détestable, il devenait sa propriété. Elle ne le laisserait pas sortir d'ici avant d'avoir obtenu les réponses qu'elle souhaitait. Discrètement, elle fit tourner la clef dans la serrure puis s'avança vers l'étrange intrus.

- Je ne sais pas qui vous êtes, mais les flatteries n'ont aucun effet sur moi. Ou alors si, mais quand elles sont finement amenées, déclara-t-elle d'abord, sobrement. Elle le dévisagea et occulta volontairement la question qui lui avait été posée. L'homme ne pourrait espérer obtenir aucune réponse tant qu'il ne s'était pas dévoilé à elle. Il ne le savait sans doute pas, mais son arrogance avait frappé à la mauvaise porte. Il s'était introduit chez elle, lui donnant de facto le droit de se défendre comme elle le souhaitait. Maintenant, vous allez me dire qui vous êtes, étranger. Vous allez ensuite m'expliquer qui vous a dit qu'il vous était permis de venir ici. Vous avez l'air de me connaître, vous devriez donc savoir que je ne suis pas de celles que vous avez intérêt à déranger.

Pour avoir pénétré ainsi son domaine, l'homme devait être habité d'une confiance prodigieuse, presque surnaturelle. Toute autre personne aurait tremblé à l'idée même de visiter les quartiers de la Sorcière, légende vivante du progressisme et de la grande guerre des clans. La journée devient enfin intéressante, songea la doyenne, dont la curiosité s'affolait.
Elle tâtait désormais ses scalpels du bout de ses doigts nerveusement. L'idée de s'en servir ne l'effrayait pas le moins du monde, bien au contraire.

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ft. Kamiko Fumetsu


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Kamiko Fumetsu
L’art de la médecine [feat Mifuyu]
Comme il s’y attendait, l’Omura ne lui témoignait aucune chaleur, aucun amour pour l’intrus s’étant infiltré sans vergogne dans sa demeure, son domaine. Nullement gêné par le ton étrange et sinistre de l’enfant, il s’était confortablement installé dans un siège, dévisageant sans retenue son interlocutrice. Il l’étudiait, sans discrétion, tentant de percer le secret de sa jeunesse éternelle – ou de son intelligence précoce, mais il ne croyait pas en cette théorie. A peine cinq pieds de haut, un physique d’enfant en tous points, ses yeux trahissaient une sagesse inusuelle, terrifiante. Les rumeurs décelées dans le village du tourbillon la traitait de sorcière implacable, cela, il pouvait le voir mais il n’y voyait pas de malice, ni de mal ; il voyait la perfection d’un art. Amusé, souriant, il détaillait maintenant l’endroit, prenant son temps avant de répondre aux questions impérieuses et impatientes. Il savait à quel point sa situation était délicate si son interlocutrice décidait de l’attaquer – après tout, il transgressait les règles et elle était dans son droit – mais jouait tout de même. Jeu dangereux mais ô combien amusant, cela dit. Après un instant de silence inconfortable où l’insolence du Kamiko jouait en sa défaveur pour une prochaine discussion, il parla, d’une voix suave, douce, chargée de curiosité. « Kamiko Fumetsu. Un artiste, konohajin, intrus et grand curieux de médecine. Si je vous ai imposé ma présence c’est parce que je sais pertinemment que vous n’avez pas de temps à accorder aux broutilles quelconques telles que des visites de shinobis d’un village allié – sans l’être totalement. Je vous avouerai que les rumeurs entendues sur les Omura ont vivement piqué mon intérêt. Votre talent chirurgical me fait poser des questions sur ma propre pratique de la médecine. Evidemment, les secrets d’un clan ne sont pas à vendre ni à partager mais j’espérais que nous pourrions discuter… Art médicinal, voulez-vous ? » Il posait la question sans espérer de réponse, son esprit bouillonnait ; il n’aurait pas d’autres occasions d’intéresser, ni même entrevoir l’Omura. « Je suis sensible aux questions du corps comme arme, la preuve, j’ai moi-même performé sur ma personne pour permettre une amélioration – que certain considère comme étant odieuse – de mon Kekkei Genkai. » Pour justifier de tels propos, le Kamiko se levait, enlevant sa veste, puis, ouvrant son shihakusho blanc, dévoilant sa poitrine qui laissait apercevoir une cicatrice immonde au niveau de son abdomen – marque réminiscante d’un frère jumeau mort, absorbé. Puis, lentement, faisait surgir de sa peau une quantité de fils terrifiante : sa pépite chirurgicale, jiongu. Après une démonstration qu’il espérait impressionnante pour son interlocutrice, il se rhabillait, annulant, par la même, les effets épuisants d’une telle prouesse. « Comprenez donc que lorsqu’on me dit que le village d’Uzu abrite des personnes telles que vous, qui semble vaincre des aspects – et des conceptions – pourtant ancrée profondément dans nos corps et âmes, ma curiosité en devient insatiable et je ne peux me présenter face à vous qu’en apprenti. » Souriant, les yeux rieurs, Fumetsu jouait le tout pour le tout, attendant la réponse de la prénommée Mifuyu, espérant l’intéresser.
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Omura Mifuyu

L'art de la médecine
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La Sorcière demeura silencieuse, furieuse et immobile. Elle attendait une réponse qui ne venait pas et qui, pourtant, aurait due se faire entendre à l'instant même où elle avait posé sa question. Du moins, c'était à la condition que celui à qui elle avait été posée souhaitait garder la vie sauve. Son air arrogant renvoyait tout le contraire de cette idée, puisqu'elle le voyait s'amuser de ce silence. Il se tournait tantôt à droite, tantôt à gauche, et quelques fois son regard venait se fixer sur le corps atypique de la femme-enfant. Elle savait ce qu'il devait penser. Il n'était pas le seul, tous se posaient la même question en la voyant. Tous voyaient en elle une chose monstrueuse, sans même la comprendre, et pourtant tous l'enviaient en cachette. Tous aimeraient disposer de son pouvoir.

Puis, enfin, sa langue se délia. Quelques instants de plus et Mifuyu, qui en était presque venue à saisir ses scalpels, se serait jetée à son cou pour le maîtriser. Elle était la comtesse de ce château et ne subirait pas l'affront d'un invité désinvolte. L'insolence était la plus puissante insulte que l'on puisse faire à une femme de cette rigueur scientifique.

L'inconnu lui dévoila ainsi son nom. Comme elle l'avait pensé, il était issu du village de la feuille. En fait, elle manqua presque de sourire quand il remit en question ouvertement l'alliance de leurs deux villages. Voilà donc un homme qui n'a pas sa langue dans sa poche, se dit l'aînée, ne retirant rien au mépris qu'elle éprouvait à son égard. Il lui apprit également qu'il pratiquait lui-même la médecine, ce qu'elle accepta sans broncher - bien qu'elle doutait qu'ils puissent ne serait-ce que jouer dans le même monde. C'était d'ailleurs la raison de sa présence indésirée dans l'antre de la Sorcière. Il prétendait ne pas vouloir voler les secrets de sa famille et, pourtant, cette simple mention était bien la preuve qu'il les convoitait ardemment.

La doyenne s'apprêtait à faire ouvertement preuve de désintéressement quand elle fut retenue par la suite de son discours. Elle crut, pendant un court instant, s'entendre parler. L'homme venait, en quelques secondes, de résumer l'éthique progressiste qu'elle partageait – à cela près que le corps n'était pas une arme, mais plutôt une source infinie de connaissances.
Ne perdant rien de son calme légendaire, ni de sa méfiance, elle observa avec attention la démonstration qui lui était faite. Quand l'homme dévoila une impressionnante quantité de fils provenant de l'intérieur même de son corps, la chirurgienne plaqua instantanément sa main contre sa sacoche, avant de la décrocher presque immédiatement. Ce réflexe presque imperceptible était pourtant révélateur d'un intérêt soudain qu'elle venait de développer pour le Kamiko : elle avait reconnu, inconsciemment, qu'il était puissant. Elle avait reconnu qu'elle avait affaire à un pair. Enfin, elle avait reconnu que son don héréditaire l'intéressait – elle aussi pourrait bien le convoiter.

Toujours stoïque, la cruelle infanticide saisit une chaise en bois et s'assit délicatement dessus. C'était le signe qu'elle était désormais prête à discuter, à condition que son interlocuteur se révèle suffisamment intéressant. "Puis-je donc savoir ce que vous pensez savoir de moi, Kamiko Fumetsu ? Faites attention à votre réponse." Elle croisa les jambes et posa ses mains liées sur ses genoux, attendant d'être éclairée. Elle était curieuse de savoir quelles étaient les rumeurs qui avaient bien pu atteindre les oreilles d'un Konohajin en simple visite au village. Les petites gens la craignaient-ils donc à ce point ?

Elle ne lui proposa rien à boire ou manger, ne souhaitant nullement prolonger cette rencontre outre-mesure. Elle avait été piquée dans son intérêt, certes, mais elle gardait en mémoire son intrusion déplaisante. "Si vous désiriez tant me parler, j'aurais été ravie d'accepter un entretien avec vous. Il n'y avait nul besoin de vous montrer si impoli. Je dois reconnaître que votre opération est impressionnante, mais je ne vois pas vraiment en quoi cela me concerne. Vous semblez vous débrouiller très bien sans l'aide d'une vieille dame. Dites-moi donc ce que vous avez en tête, qu'on en finisse." Car il voulait forcément quelque chose, c'était certain. Autrement, il aurait été fou de déranger la Sorcière pour si peu.

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ft. Kamiko Fumetsu


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Kamiko Fumetsu
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Kamiko Fumetsu
L’art de la médecine [feat Mifuyu]
La situation apaisée, Fumetsu se rencognait alors dans son séant, observant le jeune corps, cherchant à percer l’étrangeté de sa vieillesse. La médecine permettait un éventail de possibilités surnaturelles, transcendant la conception même de nature, et, cela, le Kamiko en était avide. Nul doute que l’Omura baignait dans un monde de secret infâme et terrifiant aux yeux des plus puristes mais la tentation d’un tel art, aussi noir fut-il, valait le coup. Le jeune homme était loin de s’imaginer à quel point la vieille femme dans un corps d’enfant était proche de la fine ligne qui existait entre folie et grandeur, épiée par des yeux terrifiés. L’ignorance étant vertu, l’homme drapé de blanc observait curieusement la femme qui semblait s’être légèrement apaisée après sa démonstration dont il avait espéré cet effet. Le regard inquisiteur, impatient, elle ne semblait tout de même que très peu disposée à discourir sur les grands principes de la médecine moderne, ni même les avancées douteuses dont les Omura pouvaient se targuer de faire. Loin, encore une fois, de s’imaginer les intrications tortueuses, politiques et scientifiques, du clan d’Uzu, le Kamiko nageait dans l’improvisation, un théâtre de faux-semblants doublé d’honnêteté savamment dosée. Malgré son appréciation pour une telle situation, il restait sur ses gardes, ne sachant que très peu sur la qualité guerrière de son interlocutrice. Ainsi, lorsqu’elle lui parla enfin, ce fut, telle une inquisitrice, pour réquisitionner les informations utiles que l’intrus possédait sur elle ; une manière peu fine de se renseigner sans vergogne sur toutes les rumeurs disponibles à l’oreille attentive d’un ressortissant étranger. Elle se plaçait volontairement en directrice des interrogatoires, seule plénipotentiaire de la direction qu’allait prendre la discussion. Cependant, une telle réaction ne pouvait qu’attiser le mordant du Kamiko, certain d’avoir piqué au vif la curiosité de la sorcière d’Uzu. Une fois la proie leurrée, place aux joutes verbales acérées et acerbes.

« Voyons, nous savons tous deux que vous auriez prétexté une affaire urgente afin de vous dédouaner de ce fardeau qu’est une discussion avec un étranger. Vous déranger en plein travail, au vif et au cœur de votre activité secrète, c’est tout de même le meilleur moyen de vous attraper, anguille que vous êtes. » Un sourire nonchalant sur les lèvres, les yeux mi ouverts, il se voulait taquin, un tantinet charmeur mais, surtout, moqueur. Il continuait, alors, de sa voix suave et honnête. « C’est que les rumeurs sont abondantes sur vous, on vous qualifie de nombres de sobriquets plus pénibles les uns que les autres. Voudriez-vous, réellement, que je vous les rappelle ? Ce serait cruel. Non, je ne m’abaisserai pas à cela. Les rumeurs étant des rumeurs, je me concentrerai sur des faits. Vous êtes une Omura, une de ses plus anciennes représentantes dont la longévité est autant une bénédiction… qu’une malédiction. » La peur de la mort motivait tous les faits et gestes de ces êtres qui cherchaient inlassablement un moyen désespéré de prolonger, ne serait-ce que pour quelques minutes. Si l’étrangeté de son corps était un indice, Fumetsu y plongeait tête baissée, risquant le tout pour le tout. « Je dirai que ce que je sais n’est que supposition, comme tout en science, borné à des hypothèses et grandes théories jusqu’à ce quelqu’un découvre la vérité ou détruise nos grands théorèmes. Même chose pour l’art, vraiment. Le classique contre le moderne, la tradition contre le progrès… Enfin, je m’égare. Nul doute que votre corps n’est que partiellement le vôtre et j’en suis curieux mais le progrès, comme dit, a ses raisons. Comme vous, je cherche un moyen de transcender l’enveloppe charnel, d’atteindre un autre plan d’existence. Ainsi, je viens vers vous puisque votre clan est dédié à cet exercice – voyez donc un échange de connaissance si ce n’est de philosophie. Si j’ai votre intérêt, peut-être me permettrez-vous de m’expliquer plus en détail… » Happer une pointure de la médecine dans la curiosité était un exercice difficile dont le Kamiko drapé dans son shihakusho blanc s’adonnait avec passion, croisant secrètement les doigts.
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Omura Mifuyu

L'art de la médecine
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Le Kamiko croyait donc bien la connaître, hein. Il pensait avoir percé le secret de sa diabolique intelligence et pouvait déjà se targuer de prédire ses réactions ? Aurait-elle réellement prétexté une affaire urgente pour éviter une rencontre ? Pas nécessairement, s'il s'était montré suffisamment intrigant.
A peine avait-elle commencé à se calmer que déjà la Sorcière était de nouveau envahie par ses plus noires pulsions. De quel toupet pouvait bien faire preuve cet individu abject ! Quelle arrogance ! Quel mépris ! Il s'exprimait avec une telle malice dans sa voix qu'il devenait réellement compliqué pour la chirurgienne de comprendre quel était le réel but de cette rencontre. N'était-il venu que pour l'insulter ? Ignorait-il donc tout d'elle, lui qui prétendait pourtant le contraire ? S'il connaissait bel et bien la réputation de la guerrière éternelle des Omura, il saurait tout de son caractère impulsif, de son aversion pour l'irrespect. A cette instant, oui, on pouvait dire qu'elle le haïssait, lui qui était venu la provoquer sous son toit, l'accusant de pratiquer de quelconques activités secrètes. Quand bien même cela fut le cas, il n'aurait pas pu le savoir et cette conjecture était alors teintée d'une profonde malhonnêteté, que l'infâme progressiste ne saurait pardonner.

Elle continua pourtant d'écouter, le visage impassible, toutefois écœurée par les paroles de cet étranger qui se croyait tout permis alors même qu'il était en territoire ennemi. Oui, elle était son ennemie et elle ne manquerait pas de le lui rappeler. Les jeunes générations avaient la fâcheuse tendance de prendre la paix pour acquise et venaient à oublier de soupçonner leurs alliés. Si les deux villages cachés étaient alliés depuis quelques mois, il y avait plus de quarante longues années de guerre entre leurs clans qui ne seraient pas effacées de sitôt. Certainement pas dans sa mémoire octogénaire, en tout cas.
Un homme à l'œil aguerri aurait pu apercevoir que Mifuyu, l'espace d'un instant, eut du mal à avaler ces flots de paroles immondes, avant de se reprendre en mains. Quand enfin l'homme aux cheveux blonds termina sa tirade – elle n'en avait d'ailleurs pas écouté les dernières trente secondes – la doyenne saisit cette occasion pour se lever à nouveau de son siège, tirant en même temps sur sa longue blouse blanche pour ne pas la froisser. Il était grand temps que cette mascarade cesse.

"Vous pensez tout savoir de moi et pourtant vous faites preuve d'un cruel manque d'intelligence. Si vous aviez passé plus de temps dans les registres et moins dans la rue, à écouter les quolibets de quelques ignorants, vous auriez peut-être pu éviter le ridicule que de m'accuser de vivre dans un corps qui n'est pas le mien. Je suis une scientifique, il est vrai, mais certainement pas une déesse." En effet, si l'homme avait cherché à obtenir la version officielle des faits, qui était d'ailleurs l'opinion partagée par la vaste majorité du village concernant l'explication au physique de la femme-enfant, il aurait appris que la vieillarde avait en réalité développé une technique de transformation semi-permanente grâce à ses capacités chirurgicales. Les personnes connaissant son secret pouvaient se compter sur les doigts d'une main et elle doutait sincèrement que quelqu'un ne puisse qu'imaginer l'affreuse réalité, tous se complaisant plutôt dans cette version édulcorée et rassurante. "Maintenant, j'aimerais que vous quittiez ces lieux et que vous cessiez de m'accuser de pratiques illégales. Il faut croire que nous autres, Uzujin, avons un sens de l'honneur dont vous ne disposez pas chez la Feuille."

Ne quittant pas le Jonin du regard, la Sorcière lui offrait une dernière chance de laisser cette entrevue se terminer de manière pacifique. Il ne faisait plus de doute que, enragée comme elle était actuellement, toute insistance serait perçue comme une agression - auquel cas, elle serait prête à réagir.

Résumé :

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ft. Kamiko Fumetsu


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Kamiko Fumetsu
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Fine ligne entre l’affront et la moquerie, ligne qu’il semblait avoir franchie de trop nombreuses fois. Le Kamiko drapé de blanc s’était fourvoyé dans son approche, il le sentait, percevant l’attitude de plus en plus hostile de la vieille dame dans un corps d’enfant. Tiquant à sa propre incompétence, il avait trop espéré de cette rencontre, plaçant son intérêt comme impérieux, au centre de la conversation, insultant par mégarde son interlocutrice. La doyenne du clan Omura s’enfermait, progressivement, dans un linceul de méprise et de haine que Fumetsu connaissait que trop bien. Il sentait la conversation s’échapper, réduite à néant par sa bêtise, chose dont il n’était pas familier et qui l’enrageait. Gardant une certaine neutralité, le même sourire sur son visage, le même regard aux yeux rieurs malgré le bouillonnement terrifiant de ses entrailles et de son crâne. Il haïssait cette sensation d’échec, d’impuissance, il se sentait de nouveau adolescent face à ces génies aux pupilles merveilleuses, don d’une naissance injuste. Il avait fait la rencontre d’un esprit, non pas supérieur, mais d’une instabilité certaine, se sentant capable de composer avec le génie – alors qu’il frôlait avec la folie – il avait provoqué une fureur dont il sentait l’éruption arriver. Et elle arriva. L’énervement se sentait, indéniablement, derrière des propos d’une violence évidente, crachant une bile rageuse. La doyenne ne cachait pas son mépris, usant de sa verve ancienne pour condamner tout échange de pensée ou de philosophie, renvoyant et balayant l’effort de Fumetsu d’un revers de main. Elle avait, en un instant, mis un terme à l’entrevue volée.

Ecoutant avec attention, le jeune Kamiko ne voyait nulle échappatoire autre que celle que lui offrait l’Omura. Soupirant, il se levait alors, regardant droit dans les yeux de son interlocutrice avec une compassion soudaine. Persiflant à travers son sourire, il laissait échapper quelques mots dont il regretterait peut-être le propos. « Je ne vous voyais pas comme une personne dont la susceptibilité confondrait respect et mépris. Dupez qui vous voulez mais vos pratiques n’ont rien d’un simple tour de passe-passe, il faut bien avoir transgressé quelques règles pour en arriver là où vous en êtes, quelle que soit la réalité des choses. » Ouvrant un instant les yeux, imprimant dans son esprit les choses qu’il voyait, Fumetsu garderait un souvenir cuisant de cet échec mais, au fond de lui, savait qu’il en avait appris bien plus de son petit stratagème qu’il ne l’aurait eu avec une rencontre officielle. Se dirigeant vers la porte, il ne résistait pas à une dernière passe. « Puisse la sorcière d’Uzu vivre encore longtemps. » Souriant méchamment, il poussait la porte de son dos, sortant.
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L'art de la médecine
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Mifuyu ne lâchait pas le Konohajin du regard. Elle l'avait mis au pied du mur et lui, tel un enfant, exprima sa défaite par un soupir exagéré. Voulant sans doute préserver une dignité que l'ancienne avait pourtant écrasée, il s'adressa à elle une dernière fois, en la prenant de haut. Il cherchait à la mettre en tort, à faire passer son tempérament impulsif comme puéril, alors même qu'il était celui qui n'avait cessé de la provoquer, pensant qu'il pourrait obtenir une supériorité mentale sur une femme qui, pas une fois en près d'un siècle, ne s'était laissée écraser.

Une ultime provocation et la Sorcière vit son corps bouger de lui-même. Elle se vit saisir ses scalpels et lui sauter à la gorge pour trancher ces cordes vocales dont il faisait une si mauvaise utilisation. Elle souhaitait le faire se sentir misérable et le laisser, impuissant, se vider de son sang sur son sol de bois. Elle le voyait agoniser, supplier, puis expirer. Si tentante que fut cette vision, elle n'en fit rien. L'homme n'était en fait qu'un petit garçon, dont l'ego ne méritait nullement qu'elle ait recours à un acte qui pourrait entraîner de trop lourdes conséquences. Il lui avait infligé un dernier affront, certes, mais c'était uniquement pour camoufler sa si cuisante défaite. Un incident diplomatique d'une telle ampleur ruinerait tous ses plans.

Bouillonnante, mais satisfaite que cette entrevue désagréable se termine enfin, la femme-enfant regarda l'orgueilleux se diriger vers la sortie. Bientôt, elle retournerait à ses recherches interdites et oublierait tout de cette rencontre, jusqu'à la prochaine fois que leurs chemins se croiseraient. Car elle avait l'intime conviction que cet homme n'avait pas fini de lui causer des problèmes, son obsession pour la science le mettant d'office sur le même plan qu'elle. Elle songea une nouvelle fois à la démonstration qu'il lui avait offerte qui, il fallait l'avouer, était impressionnante. Ce jour fut donc celui où elle comprit qu'elle n'était pas seule en ce monde, que d'autres médecins progressistes pouvaient exister au-delà des frontières du village des tourbillons. La présence de l'un d'eux au sein d'un village allié pourrait s'avérer bénéfique si, dans le futur, il parvenait à mettre son arrogance de côté – et elle aussi.

"Je vous enterrerai tous", répondit simplement la doyenne à la dernière pique de l'intrus, mêlant humour et menace en lui présentant un visage fermé. Libre à lui d'interpréter cette phrase comme il le voulait, elle s'en moquait. Quand la porte se referma enfin derrière lui, l'Omura récupéra son calme caractéristique et s'engouffra à nouveau dans son laboratoire souterrain, d'où elle continuerait ses expériences jusqu'à avoir percé les mystères de la nature humaine. Jusqu'à ce qu'elle devienne une déesse.

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ft. Kamiko Fumetsu


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Acte II -  Infestation