Les choses s'étaient accélérées pour la doyenne Omura au cours des derniers jours, voire des dernières semaines. En effet, après sa confrontation plus directe qu'elle ne l'aurait souhaité avec le Senkage, elle ne se sentait plus réellement en sécurité. Elle avait l'impression d'être épiée, que le moindre de ses mouvements seraient analysé puis utilisé pour lui nuire. Elle retombait progressivement dans cette paranoïa qui avait causé sa perte, il y a vingt ans de cela. Il fallait qu'elle parvienne à inverser ce processus pour ne pas sombrer à nouveau dans un état de totale apathie, de folie presque, qui mènerait à la ruine tous les projets qu'elle avait récemment développés.
Cela faisait bien longtemps qu'elle était opposée à la politique du village et celle de son clan, mais elle n'avait dans un premier temps jamais pensé à agir. Puis, elle s'était dit qu'elle était peut-être la seule qui serait capable de ramener les bonnes traditions au sein de son clan, si tant était qu'elle fut accompagnée des personnes adéquates. Elle s'était ensuite montrée hostile avec l'Ombre des tourbillons, ce qui restait la seule erreur tactique qu'elle avait commise jusqu'à présent. Elle s'était laissée emportée et avait perdu toute la confiance qu'elle avait essayé de bâtir à travers ses précédentes missions. Désormais, pour compenser, il faudrait agir vite, avant que les autorités ne prévoient leur riposte. La guerre qui se préparait dans l'ombre ne les concernait pourtant en rien, mais elle se doutait bien que Tsuri Meyo, ami de longue date de la dirigeante du clan médecin, n'observerait pas sa condamnation sans rien faire. Or, Senkage ou pas, elle comptait bien faire cuire cette harpie sur le bûcher.
Les choses s'étaient donc irrémédiablement pressées et, pour assurer le succès de son entreprise, il fallait lancer ses démarches dès que possible, profitant peut-être du tumulte causé par les différentes épreuves de l'examen qui se déroulait en ce moment-même au sein du village.
Pour cela, il fallait qu'elle renforce son armée, sa disciple la première. Elle profitait de chaque instant de calme dont elle disposait pour enseigner les arcanes anciennes et interdites de son clan, qui avaient depuis été maudites par les éthiques. Heureusement pour elle, elle bénéficiait toujours d'un certain havre de paix à l'intérieur de la Division d'Amélioration des Performances Humaines d'Uzushio (DAPHU) et, plus particulièrement, à l'intérieur de son laboratoire personnel. Elle y convoqua la jeune Hatsumomo, qu'elle fit entrer discrètement en se servant des différents soutiens qu'elle avait parmi son personnel dévoué – et terrorisé.
Ces séances d'entraînement clandestines étaient devenues une habitude. Si le procédé ne variait généralement pas, les choses seraient différentes pour les prochains jours, puisque la Sorcière se décidait enfin à partager les secrets de l'une des plus puissantes techniques détenues par sa famille, dont elle était l'une des rares expertes encore vivantes. C'était avec cette technique, ainsi qu'avec l'aide précieuse du Chunin Shun, qu'elle était parvenue à faire tomber l'honorable prêtresse de l'orage, Dame Akeru, qu'elle avait depuis érigée comme modèle de vertu dont elle souhaitait faire perdurer l'héritage, bien qu'elle se garda de clamer ces sentiments à ses ennemis.
"Bonjour, Hatsumomo, salua la femme-enfant. Si je t'ai faite venir aujourd'hui, c'est parce que je pense que tu es prête à passer à l'étape supérieure. J'aimerais t'apprendre une des plus puissantes techniques de notre famille, mais également l'une des plus interdites. Il faudra absolument en garder le secret. Tu penses en être capable ?" lui demanda-t-elle finalement, bien qu'elle était sûre de la réponse qu'elle lui donnerait. La soif d'apprentissage de cette petite était prodigieuse pour son âge et au moins aussi développée que la sienne. Une fois qu'elle lui aurait appris cette terrible malédiction, il ne restera plus qu'à lui révéler le plan qu'elle avait concocté pour sa vengeance.
Elle plongea son regard plus profondément dans celui de la blonde, adoptant un air dramatique de circonstance.
"Si je te dis apoptose, qu'est-ce qui te vient à l'esprit ?"
L’examen chunin était lancé et Hatsumomo avait survécu à la première étape. Les choses auxquels elle avait été confrontée étaient … monstrueuses. Et les habilités des autres participants l’effrayaient. Les utilisateurs de dojutsu de Konoha étaient … ils étaient sur un autre niveau, totalement. C’était injuste. Tout simplement injuste et la petite Omura se sentait plus qu’en désavantage face à eux. Il lui fallait une façon de se battre. Quelque chose, n’importe quoi, qui puisse l’aider à équilibrer le rapport de force. Elle voulait pouvoir impressionner son maître, montrer qu’elle était beaucoup plus qu’elle ne laissait croire, ce qui n’était pas exactement le cas …
Elle avait entre les épreuves décider d’étudier, de se pencher sur les arcanes du clan, mais avec tous ses éthiques qui les surveillaient, tous ses gens qui reniaient leur propre héritage, ce n’était pas toujours tâche facile. Surtout maintenant que Mifuyu-sensei lui avait expliqué qu’elle ne pouvait pas simplement déballer toutes ses techniques en toute impudence … Le monde était soudainement devenu encore plus inquiétant, plus froid, plus cruel qu’elle ne l’avait d’abord imaginé.
Heureusement, Mifuyu l’avait convoquée. Elle n’avait aucune idée de la raison, mais la jeune kunoichi pouvait, au moins, se rassurer en se disant que peu importe la raison de cette rencontre, elle aurait la possibilité de questionner son aînée sur l’art secret et répugné des Omura.
C’était donc avec un léger trot dans son pas qu’elle s’était rendue à au laboratoire privé de sa mentore. Elle y fut accueillie par l’aînée qui, l’air de rien, lui dit qu’elle était prête pour la prochaine étape. Étape de quoi exactement, Hatsumomo verrait bien assez, elle le savait. Elle lui répondit donc en hochant timidement la tête, incertaine de la suite des événements. Heureusement, la sorcière reprit la parole, orientant vaguement la plus jeune.
- Apoptose ? C’est … C’est une réaction que le corps d’un patient peu avoir. Le corps commence lentement à s’auto-détruire et à se tuer de l’intérieur. C’est un peu comme lorsque l’équilibre interne du corps est débalancer … enfin, si ce n’est pas contrôlé.
Elle fit une pause, mordant le bout de l’ongle de son pouce. Elle avait bien évidement peur d’oublier un détail crucial, mais malheureusement, sa mémoire ne lui était d’aucun secours, il lui faudrait se fier à sa mentore.
- Est-ce … est-ce que je peux demander pourquoi ?
Évidemment, elle pouvait demander, surtout, considérant que le vielle sorcière Omura avait toujours été de plus patiente avec elle. Mais clairement, cette question éveillait forcément la curiosité de la plus jeune deux médecins.
Omura Mifuyu
Uzushio no Jonin
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La petite tête blonde était brillante, comme toujours. Sa mentor ne cessait d'être impressionnée. Elle était la seule de cette génération d'incapables qui semblait croire en la médecine comme elle-même y avait cru il y a soixante ans de cela et comme encore aujourd'hui. Elle était douée et répondit sans problème à la question qui lui avait été posée par l'ancienne. Ainsi, elle était déjà familière avec le concept d'apoptose. Tant mieux, cela leur faciliterait la tâche, car ce que s'apprêtait à faire Mifuyu, l'entraînement qu'elle comptait imposer à sa disciple, ce ne serait pas de la tarte. Elle aura besoin de tous ses efforts si elle ne veut pas s'épuiser et tomber de fatigue avant d'avoir créé ne serait-ce que la première cellule nécrosée.
"Très bien, c'est exactement ça", lui dit-elle, avant d'expliquer un peu plus en détails les tenants et aboutissants scientifiques de cette puissante réaction biologique – qui ne seront pas expliqués ici, plus par un souci de ne pas ennuyer le lecteur avec des termes techniques que par un manque de compétence de la part de l'auteur. Une fois cette explication en tout point exhaustive de ce phénomène naturel, la Sorcière se décida à faire une démonstration à son élève. "Il se trouve que l'apoptose peut-être créée, ou plutôt amenée, grâce à la manipulation du chakra. Je vais bientôt t'en faire la démonstration. L'apprendre te prendra du temps, car, comme toute technique capable de détruire un corps, elle nécessite une quantité d'énergie très élevée."
L'ancêtre découvrit une table de ferraille sur laquelle était disposé un drap blanc, visiblement dans le but de masquer ce qui se trouvait dessous. A en juger par les bosses imprimées dans le tissu, il s'agissait d'un corps de femme. Quand elle ôta la douce protection blanche du cadavre fraîchement apporté de l'hôpital, elle crut y voir son ancienne ennemie, pour qui elle eut une tendre pensée. Elle ressemblait à la prêtresse de l'orage, la grande Dame Akeru, contre qui elle avait d'ailleurs utilisé pour la dernière fois cette fameuse technique avant de la voir prise, complètement consumée par les cendres. Elle regrettait la mort de cette femme aux idéaux si louables, bien qu'elle était pleinement consciente que c'était ce qui avait été exigé d'elle à ce moment-là. C'était un peu comme une nouvelle Fusuke, sans toute la vie d'amitié qui avait précédé sa mort. Qui pouvait savoir quels trésors recelaient ses recherches ! Peut-être le découvrirait-elle un jour si Tetsu se décidait à repasser à l'attaque. Pour l'heure, son attention était portée sur les affaires internes de son clan. Ces pensées nostalgiques enfin chassées de son esprit, la vieillarde joignit ses mains pour effectuer les quelques mudra nécessaires à l'exécution de la technique. Elle prit une grande inspiration. Sur ses mains, une très fine couche de chakra à peine visible brillait d'une couleur sombre, bien plus que le chakra habituellement utilisé dans la plupart des techniques médicales.
Elle vint délicatement poser ses mains sous la poitrine découverte du cadavre déjà froid. Aussitôt, une plaque noire sembla se former et se propager progressivement en cercles autour de l'épicentre. "Ses cellules sont en train de nécroser. S'il n'y a rien pour en arrêter la propagation, tout son corps sera bientôt rongé par la maladie" dit-elle simplement sans montrer une once de compassion à l'égard de son cobaye. Cette femme, d'une grande beauté de son vivant, ressemblait progressivement à une poire pourrie et écrasée. Bientôt, elle la recouvrit à nouveau pour masquer ce hideux spectacle, témoin de la faiblesse du corps humain contre l'éternelle science absolue.
"Avant d'être capable de faire cela, on va commencer lentement. Ca nous prendra sûrement quelques jours. Elle ne lui laissa pas le temps de réfléchir et l'entraîna vers une petite salle à côté dans laquelle se trouvaient des cobayes animaux. Elle n'était pas encore prête pour passer aux humains et mieux valaient ne pas gaspiller de précieux corps. Elle la plaça devant un cadavre de rat, couché sur le côté qui dégageait une étrange mousse blanche de son museau. Tu vas commencer sur un animal mort, puis on passera à l'animal vivant. Seulement si tu y arrives on pourra passer aux humains. Pour commencer, imagine la paume mystique. Quand tu l'utilises, c'est pour détruire les cellules malades et les remplacer par des cellules saines en multipliant celles-ci. Tu me suis ? Ici, c'est exactement l'inverse : détruire les cellules saines et multiplier celles qui sont malades. Dans le cas d'un cadavre, d'autant plus mort d'une maladie comme ce rat, il est plus aisé de repérer les cellules malades, c'est pourquoi tu vas commencer avec lui. Essaies de bien ressentir les différentes cellules pour insuffler ta puissance non pas dans les bonnes, mais dans les mauvaises. Vas-y."
La Sorcière guetta avec grand intérêt la réaction de l'enfant et ses premières tentatives, sans rien dire pour le moment. Elle ne lui avait évidemment pas encore donné toutes les clefs de la réussite, mais mieux valait y aller par étapes plutôt que de bourrer son crâne avec trop d'informations compliquées.
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