Depuis plusieurs mois, des rapports indiquent qu'un certain Tanaka Rokujiro s'en prendrait à des habitants isolés de la région du Lac Gelé, emportant avec lui leurs biens les plus précieux et n'hésitant pas à humilier parfois leurs femmes ou leurs filles, lorsque les hommes sont absents. On le dépeint comme étant aussi brutal que rapide. Bien que des plaintes ont été déposées auprès du Daimyo, ce dernier se trouve les mains liées car il se dissimulerait dans les Marais de Kobi où son autorité ne s'étend pas. Le conseil Chinoike souhaite donc s'occuper du problème et vous demande de traquer cet individu discrètement jusque dans les marais et de lui faire comprendre (de manière définitive ou non) de ne plus s'en prendre aux civils du Lac Gelé.
Encore ce rêve, toujours le même et cela chaque nuit depuis qu'il avait vu Hitagi sombrer dans les abysses. Il la voyait tomber encore et encore, enfonçant son poing au creux de son ventre, déchirant sa peau, découvrant ses organes, laissant le sang se mélanger à l'eau glaciale du Lac Gelée. Pourtant, lorsque son regard se portait sur le visage de la jeune femme, ce n'était pas les traits de la Chinoike qu'il voyait, mais ceux d'un renard lui souriant. Puis dans un tourbillon de sang, d'eau et d'ombres, il finissait par se faire engloutir par cette entité, occasionnant toujours son réveil à la même heure de la nuit. Le réveil fût plus complexe que les autres fois, sans doute à cause de l'accumulation de fatigue qu'il emmagasinait depuis son entraînement sur le lac. Comme trop souvent ces derniers temps, son premier réflexe était de sortir de la grotte pour prendre un peu l'air. Car si l'image n'était pas agréable, c'était la constance de la sensation de suffoquer qui lui était le plus pénible.
« Encore ce cauchemars c'est ça ? » lui dit la sentinelle. « Toujours... Laisse moi-deviner... Ton tour de garde finit dans une heure c'est ça ? » « Exactement. »
La journée n'avait pas commencé que déjà il avait hâte qu'elle se finisse.
Lorsque les premiers rayons du soleil pointèrent sur l'horizon, il décida d'aller faire un tour aux abords du domaine. D'ordinaire, ces promenades suffisaient à calmer son esprit, pourtant cette fois-ci rien n'y faisait, ce poids qui lui pesait sur la poitrine ne s'en allait pas, pire même, il semblait devenir de plus en plus lourd. Etait-il malade ? Ou la raison de ses maux venait elle de ces rêves qu'il faisait toutes les nuits ? Sa seule certitude était que quelque chose n'allait pas et qu'il fallait trouver une solution à ça et vite.
Regardant cet horizon qui lui paraissait fade pour la première fois, une idée lui vint. Et s'il partait en mission ? La dernière en date avait réussi à lui changer les idées et lui avait procuré un plaisir dont il ne cessait de chanter les louanges à Yosa sa confidente. Peut-être était-ce la solution ? Plus il y réfléchissait, plus cela lui paraissait comme évident. Changer d'air, découvrir de nouveaux horizons et personnages, loin du tumulte de la grotte serait sans doute une bonne solution. D'un pas décidé, il rejoignit le domaine pour y retrouver la seule personne qui était dans la capacité de lui offrir ce qu'il cherchait. Bien consciente de la trouver à son office, il frappa à la porte puis entra dans le bureau de son amie et intendante Etsu.
Comme d'habitude elle avait le nez plongé dans les papiers. L'administration d'un Clan n'avait rien d'une partie de plaisir et s'il pensait avoir besoin de nouveaux horizon, la Chinoike qui s'affairait à sa besogne avait clairement besoin, elle aussi, de se sortir de tout ça. Bien qu'étant d'un naturel assez joviale quand Tsumi paraissait devant elle, l'expression de la jeune femme ne laissait aucun doute face à tous les tourments qu'elle devait gérer. Pourtant, la demande du Renégat semblait l'apaiser d'une certaine manière. Elle lui tendit un rouleau de mission, lui expliquant les tenants et aboutissants de cette nouvelle quête qu'elle plaçait entre les mains du Shinobi.
C'était une chasse à l'homme et dans les grandes lignes, tout semblait très simple. Il avait l'identité du criminel, son mode opératoire et même les prémices d'un profil psychologique. Pourtant, tout se gâtait vers la fin du rouleau où il était mentionné que ce dernier se trouvait non pas au Lac Gelée, - là où les crimes avaient été commis – mais au Marais de Kobi. C'était une région sous la régence d'un Damyo complètement paranoïaque, qui n'appréciait pas beaucoup le fait que des étrangers puissent circuler sur son territoire et encore moins des ninjas. Il allait devoir user de finesse, mais surtout de discrétion tout au long de cette traque, car peu importait s'il tuait ou non le criminel, le plus important était d'éviter une guerre ouverte entre les deux régions. Sans d'autres questions, Tsumi laissa l'intendante repartir dans les méandres de sa bureaucratie avec pour seul encouragement un léger sourire qui en disait long sur la fatigue de cette dernière.
Il décida de partir le jour même. L'arrivée du printemps lui octroyait quelques heures de jour en plus, qui, selon ses calculs, lui permettait d'arriver au camp de Kori avant la nuit tombée. Le trajet fût sans embûches, voir même presque banale ce qui plongea le Chinoike dans une série de réflexions assez sombres sur le bien fondé de son départ. Car il avait bien conscience que partir en mission représentait bien plus qu'une simple tâche à accomplir. Il avait déjà failli en faire les frais la première fois et rien ne lui permettait d'être certains qu'il s'en sortirait avec la même veine ce coup-ci. Il devait se ressaisir et vite. Pourtant, son repas lui parut sans goût et la jovialité des membres du campement n'arriva pas à lui décrocher un sourire. Qu'est ce qui ne tournait pas rond chez lui ?
La nuit offrit son lot de cauchemars et le réveil fût pénible. Bien conscient qu'il n'arriverait pas à retrouver les bras de Morphée, il se remit en route pour Kobeshiki. L'air frais de la pénombre le faisait sombrer dans de noires pensées alors qu'il avalait les kilomètres sans prendre aucun plaisir à la contemplation des paysages. Lorsque l'astre diurne pointa à l'horizon, il était déjà arrivé à la première étape de son périple. Devant lui, les portes du village qui avait vu naître ses premiers pas dans le monde des Shinobis, lui parurent plus petites que dans ses souvenirs.
Mais, les ténèbres qui tourmentaient son esprit furent vite balayées par la voix des villageois qui le reconnurent immédiatement.
« Regardez, regardez ! C'est le Maître Shinobi ! » « Oh mais oui ! Hey tout le monde ! Le Maître est là ! » « Bon, pour la discrétion on y repassera... Bonjour tout le monde vous allez bien ? »
L'euphorie des quelques paysans s'étendit à tout le village, au point qu'il était difficile pour Tsumi de se frayer un passage parmi toutes ces personnes qui voulaient voir le ninja.
« Alors Maître pourquoi êtes-vous ici ? Une autre mission ? » « Vous venez vous joindre au convois qui part à la fin de la semaine ? » « Non, je suis sûr qu'il est venu prêter main-forte aux gardes pour se débarrasser des brigands aux Gorges de Shosenkyo ! » « Mais dis pas de bêtises, il est sans doute venu pour voir la belle Kaori hihihi. » « Allons, calmez-vous laissez le respirer ! Vous allez le faire fuir avec toutes vos questions ! » « Non vous avez tous tord, c'est une simple visite de courtoisie. » « Ah ? Donc je peux repartir travailler du coup ? »
Son regard se figea sur la source de la voix qui venait de lui répondre. La masse était telle qu'il ne l'avait pas vu et pourtant, maintenant qu'il la voyait, le reste du monde semblait doucement s'effacer. Devant lui, une jeune femme aux cheveux châtains affichait un sourire angélique, le tout sublimé par la couleur émeraude de ses yeux.
« Kaori... »
Une douce expression se dessina sur son visage alors qu'il avançait vers la belle, la prenant dans ses bras comme s'il ne l'avait pas vu depuis des lustres.
« Ca fait du bien de te voir. » « Ah bon ? Pourtant tu n'es pas venu pour me voir de ce que j'ai compris. »
Le sourire malicieux de la docteur emplit le cœur de Tsumi d'une douce chaleur. Lui prenant la main, elle le tira vers son office, loin des villageois qui repartirent à leurs occupations. Ce n'est qu'une fois à l'abri des regards indiscrets qu'elle le lâcha, l'invitant à entrer chez elle pour boire le thé. La maison de son père était comme dans ses souvenirs, cette pensée le fit sourire, après tout cela ne faisait que quelques semaines qu'il était reparti pour son domaine, pourtant, ce laps de temps lui avait paru une éternité.
« Alors ? Que nous vaut l'honneur de la visite du grand shinobi Tsumi ? » lui dit-elle avec un sourire narquois. « Je ne suis que de passage, j'ai à faire dans le nord. » « … Et c'est tout ce que je vais avoir comme information ? Tu étais moins avare en information la dernière fois. » « Certaines choses ont changé depuis la dernière fois Kaori. Disons que c'est pour ta propre sécurité que je préfère ne rien dire. » « Hm... Ma sécurité ou parce qu'il s'est passé quelque chose ? » lui dit-elle en ramenant son visage près du sien. « Hein ? Non, pourquoi tu dis ça ? » lui dit-il en rougissant d'autant de promiscuité. « Intuition féminine... Je sens que quelque chose ne va pas. » Elle se retira pour s'asseoir devant lui. « Je dois bien l'avouer, je suis assez fatigué ces derniers temps. » « Tu dors correctement ? » « Très mal. » « Mauvais rêves ? Problème respiratoire ? Tu as changé quelque chose à ton hygiène de vie ? » « Ahah, pardon j'avais oublié que je parlais à un médecin. » « N'essaie pas d'éluder mes questions et dit moi ce qui ne va pas. »
Kaori faisait partie de ces femmes qui au-delà de leur beauté, laissait échapper un charisme naturel et un sentiment d'autorité qui pouvait troubler les premières fois. Mais Tsumi avait passé assez de temps avec elle pour savoir que derrière tout ça, il y avait une inquiétude profonde. Il réfléchit un temps, puis se laissa aller. Il lui raconta son retour, le peu de considération que les membres de son clan avaient par rapport à ses actes. Il lui expliqua son histoire avec Hitagi, le litige qui les confrontait, comment cette tension avait fini par avoir raison de sa patience. S'en suivit le récit de leur entraînement qui avait tourné en combat mortel. Il enchaîna avec ses rêves, n'omettant aucun détail à la jeune femme qui l'écoutait patiemment. Quand enfin il finit son monologue, elle resta là un temps, le regard plongé dans celui du Shinobi qui s'émerveilla devant la beauté de ses yeux émeraudes.
« Je vais te donner de quoi te détendre pour que tu puisses dormir tranquillement cette nuit. Ça ne calmera sans doute pas tes cauchemars, mais au moins ça devrait te permettre de te reposer. Tiens voilà pour toi. Pour le reste, je pense que le problème vient d'ici. » Elle désigna sa tête avec son doigt. « Comment ça ? » « Il existe plusieurs sortes de médecine, dans l'une d'elle, on explique que lorsqu'un sujet se réveille chaque nuit à une certaine heure, c'est qu'il souffre d'un problème organique mais aussi d'une émotion. Et je suis prête à parier que tu te réveilles entre trois et cinq du matin n'est-ce pas ? » « Euh... Oui en effet. » lui répondit-il étonné. « C'est la tristesse Tsumi. Il y a quelque chose dans tout ce que tu m'as raconté qui te rend triste au point que ça trouble tes nuits. »
Les dernières paroles de Kaori plongèrent le Chinoike dans ses pensées. Etait-ce là la raison de son mal-être ? Son regard se voila, tandis que la jeune femme se leva et s'approcha de lui pour le prendre dans ses bras.
« N'y pense pas pour le moment. Il faut que tu te reposes pour ta mission. Lorsque tu auras fini, tu pourras revenir et on essaiera de trouver une solution à tout ça d'accord ? Tu n'es pas seul Tsumi, je suis là. »
C'est dans ce moment de pure tendresse que la porte s'ouvrit avec fracas, séparant les deux âmes dont la quiétude s’interrompu brusquement. Dans l'encadrement de la porte, se trouvait un homme de forte carrure vêtu de l’habit emblématique des soldats du village. Même avec le contre-jour, le ninja reconnu l'homme qui se présentait à eux et son étonnement de le voir en ces lieux fût partagé par ce dernier.
« Maître Shinobi ? On ne m'a pas prévenu que vous étiez de retour. » « Capitaine Kudo, je suis surpris de vous voir ici, tout va bien ? » « Oui nous aurons l'occasion d'en parler plus tard. Dame Kaori, il faut que vous veniez et vite. » « Une autre fille c'est ça ? »
Le soldat se contenta d’acquiescer d'un hochement de tête. Aussitôt, la jeune femme se saisit de quelques affaires et s'engouffra dans la porte, faisant signe au ninja de venir avec elle. Le Chinoike ne chercha pas plus loin, et devant la visible urgence qui se présentait, il lui emboîta le pas, accourant avec eux jusqu'à un attroupement de villageois au centre duquel une jeune femme inconsciente gisait dans les bras d'un homme, visiblement son mari, qui ne cessait de l'appeler. L'ordre de laisser passer le trio fût hurlé et les villageois leurs laissèrent un passage.
« Dites-moi ce qui s'est passé » ordonna le médecin. « Je... je l'ai... aidé là je vous supplie, par pitié, sauvez ma femme. » « Ecoutez je suis médecin je vais tout faire pour la soigner mais il faut me dire ce qu'il s'est passé. » « Ok...ok... Je.. J'étais parti chasser dans la montagne et... quand je suis revenu je l'ai retrouvé comme ça. » « Vous l'avez juste retrouvé inconsciente ? » demanda le Capitaine sur un ton autoritaire. « Oui... enfin non... Elle était assise dans la neige, les mains liées au-dessus de la tête sur le fumoir...Et elle... elle... » « C'est bon arrêtez. On va la mener chez moi. Capitaine, Maitre vous pouvez m'aider à la transporter ? »
Les deux hommes se saisirent du corps de la victime et l'emmenèrent chez la docteur qui, une fois entrée, libéra l'espace sur la table, faisant signe de l'y poser et de la laisser seule avec sa patiente. Les minutes s'écoulèrent lentement pour le mari qui ne cessait de se lamenter, pleurant toutes les larmes de son corps devant Kudo et Tsumi qui s'étaient posté devant la porte pour que personne ne puisse déranger Kaori.
« Ca fait des heures qu'elle est dedans, s'il vous plaît, dites moi au moins si elle va s'en sortir ! » « Du calme! Ce n'est pas en t'agitant comme ça que tu vas l'aider ! Tu es un homme alors garde la tête sur les épaules et tout se passera bien ! »
Les mots du soldat eurent l'effet escompté sur l'homme désespéré qui leurs faisait face. Cependant, le Chinoike ne put s'empêcher de faire le lien entre sa mission et la pauvre âme inconsciente. Il fallait qu'il en sache plus, sans pour autant éveiller des soupçons sur son objectif. Vu l'écho que son arrivée avait produit, il ne fallait sous aucun prétexte que l'on sache qu'il était à la recherche de Tanaka.
« C'est la première fois que ça arrive ? » « Malheureusement non... Je ne sais pas si tu es au courant, mais depuis plusieurs mois, on dénombre pas mal de cas similaires dans la région. Les victimes sont toujours des femmes dans des maisons isolées. Au début, il se contentait de les rendre inconsciente et en profiter pour les voler. Mais au fur et à mesure, il a commencé à mettre ses victimes en scène en les humiliants de différentes manières... Soit il les enduisait de purin, soit il les mettait dans une situation gênante, mais plus ça va, plus ça commence à prendre des tournures malsaines... » Plus il avançait dans son récit, plus son visage se durcissait. « Avec tous ces témoignages vous n'avez pas une piste ? » « Tsss, c'est bien ça le pire dans cette histoire. On a un nom, Tanaka Rokujiro, t'imagines, on sait qui c'est, mais impossible de l'arrêter. » « Hein ? Tu te fous de moi là ? » « J'aimerais bien, mais malheureusement pour nous il se cache dans les Marais de Kobi. Et disons que la relation entre les deux Damyos est assez catastrophique. Un vrai merdier que ce pourri utilise avec brio. »
C'était la première que Tsumi voyait le Capitaine dans cet état. Dans chacun de ses mots il pouvait ressentir l'aversion qu'il ressentait pour le criminel. Pourtant, les informations du Clan et des autorités se corrélaient. Le Chinoike prit alors conscience de l'enjeu de cette mission. Bien au-delà de l'aspect immoral de ses actes criminels, ce malandrin m'était en déroute l'armée et donc l'autorité du Damyo. Et si cette dernière venait à être remise en question, c'est toute la région qui risquait de sombrer dans le chaos.
La porte derrière eux s'ouvrit sur Kaori dont l'énervement était palpable. D'un geste brusque, il fît signe au mari qu'il pouvait aller voir sa femme, refermant derrière lui la porte pour leur laisser un peu d'intimité.
« Alors ? Elle s'en sortira ? » « Ouais, c'était juste un début d'hypothermie, j'ai réussi à la réchauffer et à relancer sa tension, elle est stable. » « Quelque chose à l'air de te préoccuper. » « Un peu ouais... J'ai retrouvé des marques de brûlure le long de son dos, sur ses fesses et ses jambes. » « Des brûlures ? Il l'aurait brûlé ? » « Non, ce ne sont pas des brûlures par le feu, mais par le froid. Cette pauvre femme s'est retrouvé nue dans la neige pendant dieu sait combien de temps. Ce pourri est un putain de pervers de merde ! »
La docteur prit d'un de ses rares excès de colère jeta le bout de tissus qu'elle avait dans les mains et partit vers le village, les larmes au bord des yeux.
Lorsqu'elle revint plusieurs heures plus tard, il ne restait que le Shinobi qui l'attendait à l'intérieur. Tête baissé, elle referma la porte derrière elle, essayant de cacher ses yeux rougit par le chagrin et la colère. Doucement, elle vint s'asseoir aux côtés de Tsumi qui la prit dans ses bras.
« Ils sont repartis ? » « Kudo leur a trouvé une chambre à l'auberge, ils vont y rester quelques jours le temps que la femme se réveille et qu'elle puisse témoigner. » « Pfff, à quoi ça sert, de toute manière on peut même pas faire payer à ce monstre ce qu'il a fait. » « ...Je suis sûr que le Capitaine va trouver une solution. » « Peut-être bien oui... Mais... Et si c'était toi qui t'en occupait ? » « Comment ça ? » Elle se redressa, lui faisant face. « Tu es un Shinobi, j'ai vu ce que tu as fait aux brigands dans les gorges, tu pourrais t'introduire à Kobi et faire payer à cet enfoiré tout le mal qu'il a fait ! » « Kaori... Je ne peux pas faire ça, je n'en ai pas le droit. » « Quoi ? Tu te fous de moi ? » Elle se leva soudainement. « Ca te sert à quoi tous ces pouvoirs si ce n'est pas pour faire le bien autour de toi hein ? Ces gens ont besoin de toi, tu te dois de les aider ! » « Kaori... Je ne peux pas. C'est compliqué à expliquer mais... » « Compliqué ?! Tu te fous de moi ou quoi ? Depuis quand tu es devenue aussi sourd à la souffrance des gens ? Tu n'étais pas comme ça avant. Je sais pas ce que t'as fait cette Hitagi mais franchement je n'aime pas du tout le nouveau Tsumi. » « Mais qu'est ce que tu racontes ? Y s'est rien passé, je t'explique juste que... » « Oui j'ai compris, tu ne feras rien. Bah tu sais quoi ? Barre-toi faire ta mission super secrète et quand tu auras fini, rentre bien dans ta satané grotte et restes-y ! »
C'était sur ces mots qu'elle repartit de la maison, laissant le Shinobi seul avec le tourment de ses pensées. Il aurait tant voulu lui dire la vérité, qu'il avait été mandaté pour débusquer et faire payer Tanaka, mais il ne pouvait pas se permettre que cela se sache. Il était sûr qu'elle lui en voudrait très longtemps, trop pour le Chinoike dont le cœur se serra amèrement.
De son côté la jeune Kaori parcourait les ruelles boueuses de Kobeshiki, le visage aussi fermé que ses poings, chaque pas semblait faire trembler la terre sur son passage. Ce n'était qu'une fois arrivée aux portes du village que la belle se rendit compte de la portée des mots qu'elle avait eu envers son ami. Se sentant coupable de l'avoir prit comme bouc-émissaire de toutes ses émotions négatives qui la tourmentaient, elle fît volte-face et accouru jusqu'à chez elle, ouvrant avec fracas la porte en criant le prénom du ninja. Mais il n'y eut aucune réponse à part le silence pesant d'une maison vide. Sur la table du salon, elle aperçut un petit morceau de papier où il était écrit juste un mot. Quelques lettres qui suffirent à la faire fondre en sanglots. « Désolé. »
Chinoike Tsumi
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Le pas lourd, il avança dans la toundra. Il avait eu vent d'où se trouvait la maison de la dernière victime et décida de s'y rendre avant les militaires. Le chemin était long et difficile, même pour le Chinoike habitué à ces paysages. Mais le plus dur restait les paroles de Kaori qui tournaient encore et encore dans son esprit, le tourmentant d'un sentiment de culpabilité qu'il avait du mal à gérer. C'était peut-être une mauvaise idée en effet que d'avoir pris part à cette mission. Et plus il parcourait les terres enneigés, plus il se rendait compte à quel point il était seul. Seul face à son devoir, seul au sein de son clan, seul face à l'adversité et la conséquence de ses actes passés. Depuis combien de temps ses pensées n'avaient pas été aussi sombre ? L'image du visage d'Etsu lui apparut comme une évidence. La dernière fois qu'il s'était retrouvé dans cet état, était la veille où son amie l'avait tiré de sa sombre prison et par la même occasion, de ses ténèbres.
Le soleil commençait à doucement glisser vers la ligne d'horizon, emportant avec lui la clarté du jour. Tsumi arriva à la bâtisse de la victime juste avant le couchée du soleil. Ce n'était pas le grand luxe, une simple cabane munit d'une cheminée, avec un abreuvoir pour les bêtes et un abri pour le foin. Ces gens ne roulaient pas sur l'or mais dans la lueur du crépuscule, l'endroit paraissait – malgré sa rudesse – vraiment paradisiaque. Du moins, si on oubliait la scène qui s'était déroulé plusieurs heures plus tôt. Le Shinobi se permit d'entrée directement dans la maison. La première chose qui le marqua fut la faible chaleur qui semblait être resté à l'intérieur. Grâce à un rapide coup d'oeil il put voir les dernières braises qui fumaient encore dans le foyer. Après un rapide calcule, il se permit d'en déduire que la jeune femme venait juste d'y mettre plusieurs bûches lorsqu'elle s'était faite attaquer. Cette version corrélait avec le tisonnier qui gisait au pied du feu, tandis que quelques objets jonchaient le sol de la maison. Elle s'était battue, ou du moins avait essayé de se débattre, mais la force de son assaillant fût telle qu'elle ne put faire grand chose pour son salue.
Le Renégat s'évertua à regarder chaque élément de la pièce à la recherche du moindre indice qui lui aurait donné une piste concernant Tanaka. Mais à part des traces de luttes, il ne trouva rien, jusqu'à ce que son regard se porte sur la table du salon, où il y découvrit quelques poils de couleurs blanc/bruns. En s'en saisissant, il remarqua un autre détail qui le perturba énormément. Sur les bords du plateau, se trouvait des marques de griffures toute fraîche. Il regarda de l'autre côté et trouva les mêmes marques. Horrifié à l'idée de comprendre ce qu'il s'était passé, il posa chacune de ses mains de part et d'autre. « Il n'a pas osé... » Pourtant, la légère tâche rouge présente sur le support démontrer bel et bien que la victime s'était retrouvé face contre la table contre son grès. La suite n'avait pas besoin d'être conté, mais se vérifia par quelques gouttes de sangs longeant le rebord où se trouvait son bassin. Il en avait assez vu.
Glissant les morceaux de poils qu'il avait récupéré dans sa veste, il sortit de la maison en claquant la porte derrière lui. La tristesse avait laissé place à la colère. Un sentiment qui au vu de son état, s'amplifia alors que les derniers rayons du jour s'effaçait. Il n'était plus question de se reposer, mais bien de trouver ce monstre et de lui faire payer amèrement pour tout le mal qu'il avait causé.
Plus tard le lendemain.
« Ces satanés gardes ! Impossible de passer à cause d'eux ! » « Calme-toi, on va faire la demande comme ils nous ont dit et on pourra passer. » « Ouais d'ici combien de temps ? Une semaine ? J'ai autre chose à foutre que de rester là moi, j'ai ma famille qui m'attend ! » « T'es pas le seul j'te signale ! Mais ça sert à rien de gueuler, c'est pas ça qui nous fera passer ! » « Tsss... Si seulement le Damyo n'était pas un froussard paranoïaque tout serait plus simple... Encore la faute des Shinobis, une vraie plaie c'est moi qui te le dit ! »
Cela faisait plusieurs heures que Tsumi avait trouvé refuge dans un campement non-loin du poste de garde, seul passage entre la région du Lac Gelée et du Marais de Kobi. Pourtant, comme les paysans qui beuglaient, il s'était vu lui aussi refusé le droit de passer, l'obligeant à faire demi-tour et à réfléchir à un nouvel itinéraire. Le problème étant qu'il ne connaissait pas du tout ce coin de la région et pire encore, il avait eu vent que le mur séparant les deux provinces était gardé à la fois par des militaires mais aussi des ninjas à la solde de Yukimura Noboru, le gouverneur de la partie orientale de l'Isthme du Gel. Or, le seul endroit où les ninjas n'étaient pas présent était cet avant-poste infranchissable sans les bonnes dérogations. Un casse-tête bureaucratique destiné à décourager les curieux à se rendre sur ce territoire et à filtrer les possibles menaces qui pourraient s'en prendre au Damyo.
Fatigué comme rarement, le Shinobi s'endormait debout. Il avait marché toute la nuit ainsi qu'une grosse partie de la journée et son esprit n'en pouvait plus. Accoudé à sa table, il essayait tant bien que mal de garder sa tête droite, alors que ses paupières se fermaient toutes seules. Après plusieurs heures de luttes, il finit par s'endormir, la tête enfouis dans ses bras. Mais le tintamarre omniprésent eût raison de sa torpeur. Pire, il fût réveillé par le fracas assourdissant d'un gobelet venant frapper le bois le soutenant. La vibration et le bruit l'extirpa de ses songes dans un sursaut dont il eut peine à se remettre, tentant de faire le focus sur l'énergumène qui beuglait dieu sait quelle chanson.
« Watashi wa hikari kara kakusa rete imasu. Tōku no numa de maigo ni natta. Watashi no tomodachi o dare ni oshiete moraemasu ka? Watashitachi kara wa emono ya hantādesu !!!! » * « Dit moi y'en a qui essaie de dormir. » « Oh ? Mais quelle idée de dormir par une si belle nuit ? Chante avec moi petit, la vie est belle nous nous devons de la célébrer ! » « Hmpf... » « Anata wa yasuraka ni nemuri, kanashimi ni makete shimaimasu. Fokkusu ga anata no mae ni ki o kubatte iru no o miru koto naku. Kare wa anata no niwatori o nusumi, anata no hiyoko o koroshimashita. Shikashi, anata wa sore ga anata no yumenonakade ushinawa reru no o mimasen ! » * « Tu t'es foiré sur la rime. » « Oh ? Je vois que tu as l'oreille musicale jeune homme ! Je m'appelle Renard et toi ? » « J'aimerai dormir. » « Hm ? Drôle de nom ahahahahah ! Allez pour t'avoir réveillé laisse-moi t'offrir un bon saké ! » « Ca ira mer... »
La jarre heurta la table avec la même intensité que le gobelet du pseudo-barde qui avait mit fin à la nuit de Tsumi. Bien conscient qu'il n'arrivait pas à se défaire de l'homme alcoolisé, il se laissa aller à un verre.
« Ah ! Voilà qui fait plaisir camarade ! À notre rencontre, puisse-t-elle être providentielle ! » « Providentielle hm ? Sauf si tu sais comment passer ce satané mur, je ne crois pas que ça aille plus loin que ce simple verre entre nous. » « Ce mur ? Tu parles de l'avant-poste ? Ahah je le passe tous les jours l'ami ! » « Quoi ?! » « Et oui, comme je te le dis ! Tous les jours ! J'ai une permission spéciale dû à mon métier vois-tu. » « Laisse moi deviner, tu ne dois pas être musicien... » « Ahahahah j'aime ton humour « J'aimerai dormir », en effet, je suis trappeur pour le compte du Damyo et de sa cour. » « Sérieux ? Et ça te donne le droit d'aller et venir sans être emmerdé ? » « Oh tu n'as pas idée de l'amour que porte la courtisane du gouverneur pour les belles fourrures ! Une aubaine pour moi, à tel point qu'en moins de deux mois j'ai pu avoir ma propre maison au cœur du marais. » « Ah bon ?... Et tu saurais me faire passer ? » « Hm... Je ne sais pas. Peut-être si tu acceptes de boire avec moi et de m'écouter chanter ça pourrait se faire ! » « Oh putain... » Renard s'installa aux côtés du Shinobi, le prenant par l'épaule et hurlant à tout va des paroles incompréhensibles. Verre après verre, les jarres se tarissaient au fur et à mesure que la lune parcourait le ciel. Une nuit comme il aurait voulu ne jamais plus en passer. « Alors, maintenant qu'on est ami dit moi. Comment tu t'appelles ? » « Moi ?... Renégat. » « Et tu viens faire quoi à Kobi « Renégat » » « Je suis à la recherche... du bonheur... » « Oh... Toi tu as l'air bien triste mon ami... Bois encore un peu. J'te fais la promesse de te faire passer l'avant-poste. Mais par contre tu auras une dette envers moi ! » « Marché conclu... Renard ! *hic* »
Le lendemain matin, nous retrouvâmes l'homme qui se faisait appeler Renard aux commandes d'une chariote, roulant tranquillement sur la route menant au Marais de Kobi. Pour mieux saisir l'individu, il fallait s'imaginer un homme de forte carrure, le visage parsemé de quelques cicatrices d'où scintillaient deux yeux azurs. Quant à sa chevelure, il aimait à dire qu'elle était à l'image de celle des animaux dont il avait tiré son surnom, pourtant on était plus sur un orange-carotte-délavé, le tout coiffé d'un ruban de couleur noir. Le reste de sa tenue ressemblait à l'idée que l'on pouvait se faire d'un trappeur qui chassait dans les terres gelées. Ce qui en soit, détonnait grandement avec l'humeur extrêmement – voir beaucoup trop – joviale du trentenaire qui ne perdait aucune occasion pour chanter ou faire des jeux de mots. C'était d'ailleurs ce qu'il faisait au moment où Tsumi se réveilla, le crâne endolori par l'alcool et la voix au combien désagréable de son camarade. Comme s'était il retrouvé à l'arrière de cette chariotte, recouvert de peaux de cerfs qui puaient encore la charogne ? Il s'extirpa de son carcan morbide et regarda autour de lui, ne comprenant mais alors vraiment pas comment il était arrivé là.
« Renard ? Mais, on est où là ? Ahhh putain ma tête... » « Oh tu es enfin réveillé ? » « J'peux savoir ce que je fous là et où on est au juste ? » « Bah, on est sur la route de Kinta comme je te l'ai promis ! Je suis un homme de parole tu sais ! » « Kinta ? Mais c'est où ça ? » « Ahahahah j'en connais un qui a trop forcé sur le saké hier soir ! Ahah Kinta c'est un petit village aux abords du Marais Occidentale. Charmant petit coin d'ailleurs, les gens sont un peu rustres, mais la serveuse de l'auberge est une vraie perle dont j'aimerais être le fil si tu vois ce que je veux dire ahahah » « Attends... Mais on a passé l'avant-poste ? » « Bah...Bien sûr que oui ! Dis moi t'es sûr que t'es pas un peu lent à la détente hum ? Je t'ai promis que je te ferais passer alors j'en ai profité que tu dormais ce matin pour te caler dans mon chariot et passer la frontière. D'ailleurs tu es très mignon quand tu dors, même si j'ai failli me blesser avec tous les couteaux qui sont sur toi. Ca me rappel la fois où j'ai failli me couper les bijoux de famille en essayant d'allumer un feu. C'est une histoire incroyable, tout se passa par une nuit froide quand je.. »
Il n'en croyait pas ses oreilles, ce rouquin l'avait fait passer de l'autre côté du mur et le menait pile où Kudo pensait pouvoir trouver une piste sur Tanaka. S'il n'avait pas été aussi fatigué de la veille, il aurait sans doute pu dire un mot gentil à l'énergumène soliloque dont la logorrhée semblait tout bonnement infinie. Mais il n'en fit rien, à la place il retrouva le confort des peaux de bêtes, se laissant aller aux ballottements de la route, bercé par le fond sonore qu'était devenu les péripéties de Renard. Et alors qu'il commençait à sombrer dans les bras de Morphée, une pensée lui vint. « Pourquoi toutes mes meilleures rencontres sont toujours liées à l'alcool ? »
La suite du voyage se déroula sans autres péripéties et c'était sous un soleil de plomb qu'ils arrivèrent à Kinta. La première chose qui frappa le Shinobi fût avant tout l'odeur nauséabonde qui embaumé l'air. C'était un mélange de souffre et d'humidité dont l'intensité faisait passer le parfum des fourrures pour agréable. S'extirpant de son lit de fortune, Tsumi parcourra du regard la petite bourgade qui de prime abord, ne semblait pas aussi accueillante qu'aux dires de son camarade de voyage.
« Nous y voici ! Ô douce Kinta, ville des délices et de joies où jamais le purin ne sent mauvais ! » « C'est... Étonnant en effet. » « C'est ici que nos chemins se séparent l'ami, je retourne chez moi j'ai à faire. Quand tu auras fini tes recherches de bonheur ici, n'hésites pas à me rendre visite, je t'accueillerais avec grand plaisir ! » « Ahah, merci Renard, prend soin de toi et merci pour tout ce que tu as fait pour moi. Je saurais te payer ma dette. » « Voilà qui est bien dit ! »
Ainsi partit l'étrange personnage, laissant seul le Chinoike face à cet inconnu qui malgré la puanteur, sût raviver un peu de la flamme qui s'était éteinte dans son cœur. Il se dirigea alors vers ce qui semblait être la fameuse auberge où travaillait la magnifique serveuse dont Renard n'avait su taire les louanges. Poussant la porte d'entrée, il découvrit un endroit pour le moins austère, où la pénombre contrastait énormément avec la luminosité extérieure.
Tsumi fût grandement étonné par la beauté de la jeune femme qui l’accueillit. Bien que Renard avait des tendances à l'exagération, il n'avait pas menti sur ce coup-là. Assez petite et menue, ses courbes n'en demeurait pas moins magnifiques malgré le tablier vétuste qu'elle portait. Coiffée d'un chignon, ses cheveux d'un brun clair magnifiaient à la perfection les contours de son visage qui se composait de lèvres fines, d'un petit nez en trompette et de deux grands yeux noisettes. Elle l'avait salué avec un sourire à damner les esprits les plus sains du ciel et sa voix était d'une douceur sans pareil.
« Euh, bonjour, merci beaucoup, je voulais savoir s'il vous restait une chambre ? Je compte rester dans la région quelques jours et je cherche un endroit où dormir. » « Oh bien sûr pas de problème, je pose ça et j'arrive, attendez moi au comptoir je vais m'occuper de vous. »
Le shinobi s'avança, regardant la jeune femme déposer le contenu de son plateau devant quelques locaux visiblement fatigués par leur journée de labeur. Sur le bout de bois faisant office d'accueil, il put voir différents panonceaux dont la plupart était des avis de recherches ou des propositions d'emplois. Mais ce qui attira son attention, fût la carte des différents plats que proposait l'établissement.
« Nous commençons le service un peu avant la tombée de la nuit normalement, mais si jamais vous avez vraiment fin il me reste du plat de ce midi. » « Oh et comment est votre blanquette ? » « La blanquette est bonne. »
Réglant à l'avance le coût des nuits et de son plat, le Chinoike s'installa à une table et se laissa aller à ses réflexions. Bien qu'il soit arrivé à Kobi, tout restait à faire. Il n'avait toujours aucune idée d'où se trouver Tanaka ni par où devait commencer son investigation. En temps normal, il aurait demandé à la serveuse des renseignements, mais Etsu avait été clair sur l'importance de la discrétion de cette mission. Il fallait qu'il la joue fine, ou du moins, de manière plus subtile pour arriver à ses fins.
Son seul indice véritable résidait dans la petite touffe de fourrure qu'il avait prélevé à la maison de la dernière victime en date. Un élément qu'il récupéra dans sa poche, le regard de plus prêt. Ils étaient assez longs d'un blanc immaculé se dégradant vers un brun plus foncé, relativement doux au toucher et une curieuse odeur de violette semblait s'en dégager. Cette découverte serait sans doute une bonne piste de départ pensa le Shinobi. Il en profita de l'arrivée de la serveuse et de son plat pour discuter avec son hôte.
« Je vous remercie. Dites-moi, vous sauriez où l'on peut trouver de la violette dans les Marais ? » « Ah ? Vous êtes botaniste ? Ou c'est un cadeau pour une femme ? » « Ahah non je suis à la recherche de l'animal à qui appartient ces poils et j'y ai senti une odeur de violette assez forte. » « Vous êtes donc chasseur. Par contre je vais vous décevoir, il n'y a aucune fleur de violette qui ne pousse dans la région, du moins pas à ma connaissance. Quant à ces poils, je n'en ai aucune idée, j'aurais bien dit qu'ils appartiennent à un loup mais j'ai peur de vous dire une bêtise... Vous devriez demander à Tanaka il s'y connaît en animaux. » « Tanaka ? » « Oui Tanaka Rokujiro, c'est un chasseur plutôt connu dans le coin. Selon les dires, il serait le trappeur officiel du Damyo. » « … Dites moi ce fameux Rokujiro... Il ne serait pas roux par hasard ? » « Oui tout à fait ! D'ailleurs à cause de ça très peu de personne l'appelle par son prénom ou même le connaisse, son surnom est assez marrant d'ailleurs.. » « Renard c'est ça ? » « Oui ! Vous l'avez déjà rencontré ? Il est gentil n'est-ce pas ? Je le connais depuis toujours, on a grandi ensemble et c'est vraiment quelqu'un de bien. »
La main de Tsumi heurta son visage alors qu'un élan de haine naquît en son cœur. Pourtant il continua d'écouter la jeune femme qui ne cessait de faire l'éloge de son ami d'enfance. Dans l'esprit du ninja par contre, ses pensées bouillonnaient. Comment avait-il pu être aussi bête, inattentif et aveugle ? S'était-il joué de lui ? Avait-il seulement conscience de ce qu'était le ninja ? Il l'avait porté, avait vu les armes, c'était impossible qu'il ne s'en soit pas rendu compte. Mais alors, cela impliquait peut-être qu'il s'était tout bonnement joué du Chinoike, comme il se jouait des autorités du Lac Gelée depuis des mois. Et plus il se remémorait chaque action du rouquin, plus il se rendait compte à quel point il s'était fait avoir.
« Vous allez bien ? On dirait que quelque chose ne va pas ? » « Hm ? Oh oui oui, tout va bien. Dites moi où est-ce que je peux trouver Renard ? » « Sans doute dans le marais, quant à savoir où exactement je n'en sais rien, on dit qu'il a une maison cachée dans les arbres qui s'étendent du côté du marais brumeux, mais personne ne sait vraiment où elle se trouve. » « Je vous remercie. » « Avec plaisir ! Allez, mangez pendant que c'est encore chaud, vous voulez un peu de saké avec ça ? » « Juste un doigt s'il vous plait. » « Vous ne voulez pas de Sake d'abord ? »
*Je suis caché de la lumière. Perdu dans les marais lointain. Peux-tu me dire mon ami qui? De nous est la proie ou le chasseur. Tu dors paisiblement, perdu dans ta tristesse. Sans voir que devant toi se pavane le Renard. Il a volé tes poules et tuer tes poussins. Mais tu ne le vois pas perdu dans tes songes*
Chinoike Tsumi
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Fiche du Ninja Grade & Rang: Rang C Ryos: 0 Expérience: (1199/500)
Pourquoi n'était il pas parti directement à sa poursuite ? La raison était simple : Son état. La cuite de la veille s'accumulant à la fatigue de son corps dû à la chaleur étouffante le rendaient faible et inefficace à la réflexion. Et dans ce cas précis, il fallait qu'il soit en pleine mesure de son cerveau. Sa cible bien que ne faisant pas partie de la caste des Shinobis, avait fait usage d'un esprit tactique qui fît pâlir de honte le Chinoike qui essayait de penser à un plan d'attaque. Son seul avantage, était que le Renard ne savait pas qu'il avait été découvert, il avait donc tout le temps du monde pour le débusquer et lui faire payer ses crimes. Du moins, c'était ce que son esprit diminué par l'alcool avait fini par conclure. Cette nuit-là il s'endormit non sans mal, son crâne subissait une migraine infernale alors que le peu de songes qu'il arrivait à produire le ramenèrent à ses cauchemars. Aussi il essaya de trouver la fiole que Kaori lui avait donné, mais sans succès. Il avait dû la perdre durant le trajet jusqu'à Kinta. Mais lorsque le soleil se leva, Tsumi put retrouver la major partie de ses capacités. Il était temps de s'activer.
Retrouvant l'entrée de l'auberge et la serveuse, il lui fit signe avant de lui demander la direction vers laquelle se trouvait le marais brumeux. Après quelques indications plus qu'abstraite, le Renégat s'en alla, empruntant la route vers le Nord. Parcourant les étendues boueuses et humides des Marais de Kobi, la première chose qui frappa le ninja fût le contraste incroyable entre la beauté mystique de l'endroit et son odeur putride. Car si l'on faisait omission du parfum de putréfaction qui en émanait, les paysages de cette région étaient à leurs manières tout bonnement grandiose. Les vastes forêts entrecoupés de grandes surfaces aqueuses, elles-mêmes mansardées par quelques butés de terre recouvertes d'une végétation n'allant pas plus haut que la cuisse. La faune y était vivace bien que cachée parmi les multiples coins et recoins qu'offrait cette espace vierge des hommes.
Il lui fallut quelques heures avant d'arriver au marais brumeux, reconnaissable selon la serveuse grâce à « sa fine couche de brouillard », qui se révéla plutôt être une véritable purée de poix tant on y voyait pas à dix mètres. Essayant de suivre ce qui s'apparentait à un sentier, le jeune Chinoike avançait péniblement, cherchant tant bien que mal un semblant d'habitation. Ce n'était qu'une fois le soleil tombé qu'il entraperçut au loin la lumière des lampes à huiles. Discrètement, il se fit un passage jusqu'à la faible lueur, prenant garde au moindre piège qu'aurait pu poser le trappeur. Que ne fût sa surprise lorsqu'il vît que la maison était perchée à plusieurs mètres du sol. Il lui fallait sortir du marais et trouver un endroit assez haut avec une meilleure visibilité. Son choix se porta sur un arbre qui se trouvait légèrement plus loin mais qui avait la taille nécessaire pour lui donner un bon point de vue sur l'habitation. Une fois à son sommet, il porta son attention sur le moindre signe de vie, prêt à bondir sur le rouquin et lui faire payer son excès d’orgueil.
Cependant, rien ne semblait bouger dans l'habitation. Etait-ce au moins celle de Tanaka ? Tsumi se mit à en douter. Avait-il encore fait preuve de stupidité en surveillant la mauvaise maison ? D'un seul bon, il brisa la distance entre les deux arbres, arrivant avec fracas sur le bout de terrasse qui parcourait l'habitation sur toute sa longueur. Il n'était plus question de perdre de temps. Il s'avança vers la porte et l'ouvrit avec fracas. Personne. Cependant la pièce était loin d'être vide, tout portait à croire que quelqu'un habitait là et le nombre de peaux de bêtes qui jonchaient chaque meuble lui convainquit qu'il était bel et bien dans la tanière de Renard. Mais où était-il ? L'avait-il devancé ? Ou était-il reparti dans une autre de ses chasses macabres ? La réponse a toutes ces questions, il la trouva posée sur la table au centre de la pièce sur un morceau de papier où figurait en toute lettre le mot « Renégat ».
« Bien le bonjour l'ami ! Si tu lis cette lettre c'est que l’imbécillité de la serveuse de l'auberge a encore frappé et qu'elle t'a dévoilé mon prénom ! Je te félicite d'avoir trouvé mon repère, cependant comme tu peux le constater je ne suis pas ici. En effet, je suis parti tôt ce matin pour aller m'enquérir d'une nouvelle proie, et c'est là que tout devient intéressant. Te rappels-tu de ta dette envers moi ? Et bien c'est l'occasion de t'en défaire ! Je te propose un jeu « Renégat », il s'agit d'une partie où la vitesse est primordiale ! Car vois-tu durant notre petite fiesta, j'ai eu l'occasion d'en apprendre pas mal sur toi. (Ne t'en fais pas, c'est notre petit secret, je ne dirais rien à personne) Et notamment sur une personne qui semblait délicieusement envoûtante selon tes dires. Alors voilà les règles : trouve-moi avant que je la trouve sinon... Inutile de te faire un dessin si ? Bien sûr pour que le jeu soit équitable j'ai prévu un petit quelque chose qui marquera le top départ de cette brillante aventure, il se trouve derrière toi sur le rebord de la fenêtre. Je suis d'ailleurs très content de te le rendre, car j'ai bien compris que tu y tenais énormément... Pas mal pour un simple Renard, n'est-ce pas Maître Shinobi ? »
Tsumi se retourna vers la fenêtre, découvrant avec horreur la fiole que Kaori lui avait donné. Comment avait-il pu être aussi bête ? Pourtant il n'était qu'au début de ses peines, car dans un mauvais réflexe il s'empara de l'objet sans faire attention au fil quasi invisible qui y était relié, lui même connecté à un mécanisme de mise à feu qui envoya une fusée dans les airs. L'artifice éclata dans la nuit, inondant le marais d'une couleur rougeâtre.
« Merde... Merde. MERDE ! Comment j'ai pu être aussi débile ! Kaori est en danger et tout ça à cause de moi ! J'suis vraiment trop bête bordel ! »
Le Chinoike se jeta dans le vide, essayant de rattraper son retard sur le Renard qui devait déjà être loin à l'heure qu'il était. Il fallait réfléchir à un plan d'action, pourtant, les seules pensées du jeune homme furent pour la belle. Et plus il courrait en direction de l'avant-poste, plus il prenait conscience du nombre incalculable d'erreurs qu'il avait commis. On lui avait dit de rester discret, mais il ne put s'empêcher d'aller à Kobeshiki. On l'avait prévenu de l'aspect politique dangereux de l'affaire et pourtant il s'était bourré la gueule en pleine mission avec le premier venu. Pire, il s'était fait avoir par sa cible. Tout ça à cause d'un élan de tristesse qui ne cessait de le tourmenter depuis des jours. Et parce qu'il n'avait pas réussi à contrôler cette émotion, la vie de son amie était en péril.
« Vite, allez Tsumi, bouge toi ! »
Le Renégat n'était plus qu'une ombre filante à travers les terres et les eaux des Marais de Kobi. La culpabilité le rongeait bien plus durement que la haine qu'il portait au Renard. Car avec le recul, ce jeu n'avait lieu qu'à cause de l'incompétence du Shinobi et ce fait lui était insupportable. Avait-il été trop confiant ? Son Maître n'avait eu de cesse de lui répéter qu'il ne fallait jamais baisser sa garde, sous aucun prétexte. Une erreur somme toute basique, mais fatale dans cette situation. Et si tout cela n'était pas suffisant, le jeune homme avait oublié un détail très important. Comment allait-il passer le mur qui séparait les deux provinces ? La situation était la même qu'à l'aller, à la différence que cette fois-ci il devait aussi justifier comment il était arrivé là. Cela ne présentait que trop de complications, trop de questionnements et autant de temps perdu pour sauver Kaori. Pourtant il ne pouvait pas se permettre non plus de se jeter tête en avant dans un affrontement ouvert entre un Chinoike et les soldats du Gouverneur de Kobi. Et si son cœur lui disait de foncer dans le tas, c'était sa raison qui eût le dernier mot.
« Désolé monsieur il est beaucoup trop tard pour passer, revenez demain. » « Ecoutez je ne peux pas attendre demain, c'est une question de vie ou de mort ! » « Oui, oui, comme tous ceux qui veulent passer en force. Mais ici ça ne se passe pas comme ça, les portes s'ouvre uniquement si JE le décide. Or, je décide que non. Revenez demain. » « Mais vous ne comprenez pas, je dois retrouver Renard et vite ! » « Renard ?... Attendez... Habillé tout de noir... Borgne... Cheveux blanc... C'est donc vous Renégat ! » Tsumi se rendit compte alors de la gravité de la situation. Il avait complètement oublié que les gardes et le rouquin s'entendaient bien. Pire, il leur avait parlé de lui. Mais dans quel contexte ? Doucement, la main du Shinobi glissa vers l'arrière de son pantalon, prêt à dégainer ses kunais au moindre problème. « C'est bon alors passez ! Renard nous avait prévenu que vous viendrez, allez y je vous en prie ! » « Qu... Merci... » C'était à ne rien comprendre. Il ne cherchait même pas à lui mettre des bâtons dans les roues. Pire, il l'aidait. « Oh et il m'a demandé de vous dire aussi : « Fais vite, ça serait triste que je gagne si facilement. » Vous êtes en compétition pour débusquer une bête c'est ça ? » « ...hm... Plus ou moins. »
Le poing du Chinoike se serra dans une extrême colère. Tanaka se foutait littéralement de lui et ne le pensait pas capable d'arriver à temps sans son aide, mais le pire, c'était que Tsumi lui avait donné lui-même toutes les cartes pour le prendre pour un imbécile. Il avait voulu se frapper, mais se contenta de reprendre sa course folle. Il y avait bien plus urgent que de s'auto-flageler pour le moment. Désormais revenue sur son territoire, il parcourut les sentiers les plus directes menant à Kobeshiki. Il n'était plus question de perdre une seule seconde, il fallait qu'il la retrouve avant Renard, qu'importait le prix à payer et la douleur de ses muscles, il devait arriver le premier.
La matinée avait déjà bien commencé lorsqu'il arriva à Kobeshiki et comme la dernière fois, son arrivée fût très vite remarquée par l'ensemble du village qui s'amassa à nouveau autour de lui.
« Maître Shinobi, déjà de retour ? » « Tout va bien Maître ? Vous êtes en nage, venez donc boire un peu d'eau. » « Ecoutez c'est très gentil à vous mais je n'ai pas le temps, est-ce que quelqu'un sait si un étranger avec des cheveux orange serait arrivé au village ? » « Hm non, personne, du moins, personne qui ai des cheveux orange comme vous dites pourquoi ? »
Il put souffler enfin, il était arrivé le premier et avait gagné la partie. Il ne lui restait plus qu'à le débusquer et toute cette histoire serait finie.
« Bien, je vais retrouver Kaori si vous voulez bien je dois m'entretenir avec elle. » dit-il en se frayant un chemin à travers la foule. « Oh mais Dame Kaori n'est pas chez elle. » Il s'arrêta net. « Où est-elle ? » dit-il sans même regarder le vieux paysans. « Elle est chez la pauvre âme que vous avez découvert lors de votre arrivée. Elle s'occupe d'elle et lui procure les soins pendant que son mari travail. » « ...non... »
Sans prévenir, il repartit dans une frénésie désespérée sur les chemins de neiges qui séparaient le village de la petite maisonnette perdue dans les montagnes. Les larmes commencèrent à se loger aux creux de ses paupières et plus il avançait, plus la peur lui faisait entrevoir les sombres visions qui l'attendaient peut-être. Usant de toutes les techniques ninja qu'il avait en sa possession pour aller plus vite, il parcourut les quelques kilomètres en à peine deux heures. Et lorsqu'il arriva, tout semblait calme. De la fumée s'échappait en voûtes blanches de la cheminée, tandis que les bœufs faisaient la sieste au soleil. Tout était figé dans une quiétude qui rassura le Chinoike. Au final, il s'était fait bien trop de mouron pour rien. Après tout, comment le Renard aurait pu arriver plus vite que lui et surtout savoir où se trouvait Kaori ? Encore une fois, la bêtise de Tsumi l'agaça, mais la certitude de revoir la belle en vie lui fit passer sa colère.
Doucement il s'avança, brisant le silence en hurlant le prénom de son amie pour la prévenir de son arrivée. Le cœur léger, il se voyait déjà la prendre dans ses bras, tout lui dire de sa mission et lui présenter ses plus plates excuses pour tous ces mystères.
Il ouvrit la porte et son cœur se brisa en milles morceaux. Une jeune femme aux cheveux châtains, le corps à demi nue était allongé face contre terre sur le sol poussiéreux. Sa tunique verte, et le ruban de même couleur ne laissa place à aucune hésitation, alors que plus loin, se trouvait le corps inanimé de la maîtresse de maison. Tsumi tomba sur ses genoux, les larmes se mirent à couler en flots incontrôlables. Rampant sur le sol, il s'approcha du corps de la jeune femme aux cheveux de blés, posant ses mains tremblotantes sur ses épaules, la retournant d'une volonté hésitante. Comme si ne pas voir son visage était la dernière lueur d'espoir qui lui restait. Mais tout s'assombrit lorsqu'il vit les yeux émeraudes de sa belle, dont la lueur avait disparu. Il la serra fort dans ses bras, laissant ses larmes et ses cris qui résonnèrent jusqu'aux sommets des montagnes.
« Je... Je suis navré Tsumi... On sait tous à quel point tu tenais à elle... Si tu as besoin de quoi que ce soit, fais le moi savoir d'accord ? » « Il y a bien une chose que tu peux faire pour moi Kudo... » « Dis moi ? » « Tue-moi... C'est ma faute si elle est morte, c'est ma faute si... J'me suis fait avoir putain...MERDE ! »
Prostré dans une chambre sombre, le Shinobi n'était plus que l'ombre de lui-même. Cela faisait plusieurs jours qu'il avait découvert le corps sans vie de Kaori, pourtant sa peine ne s'était tari. Au contraire, plus les jours s'enchaînaient, plus elle prenait d'ampleur, créant une culpabilité morbide chez le jeune Chinoike qui se mutilait dans l'obscurité.
« Dis pas ça. Ce n'est pas ta faute. On va choper le fumier qui lui a fait ça je te le promets ! » « ...Non... Vous ne le trouverez pas... Plus maintenant... » « Bien sûr que si. »
L'ombre tendit un morceau de papier froissé au Capitaine qui s'en saisit.
« Cher ami, je suis désolé de voir que tu n'es pas à la hauteur de mes espérances. C'est avec trop grande facilité à mes yeux que j'ai gagné ce jeu. Tu comprendras qu'au vu des règles instaurés je me suis permis de prendre mon gain dont, soit dit en passant, je suis on ne peut plus fier. Je me doute néanmoins que cet échec n'entame notre relation mais aussi ma quiétude dans l'Isthme, c'est pourquoi mon ami je te dis adieu. Je pars vers de nouvelles contrées, m'enquérir de nouvelles proies, qui, je le sais maintenant, ne seront que pâles trophées en comparaison de la charmante Kaori. Puissions nous nous retrouver un jour pour une autre partie.