D'aiguille en aiguille

Février, an 16

Une kunoichi, voilà ce qu'était maintenant Chiyo. Plus précisément, une Genin. Elle se devait de monter rapidement en rang. Son âge et son clan ne lui permettait pas plus d'attente. Son orgueil non plus. Elle devait déjà subir l'humiliation d'être au même rang que les deux autres enfants, de huit ans ses cadets. Il fallait donc qu'elle fasse ses preuves au plus vite. Malheureusement, l'unique façon qu'elle avait de le faire était de s'entraîner et de se dédier corps et âme à ce nouveau métier. Il était difficile pour la frêle jeune femme de s'imaginer être ninja bien longtemps. Elle s'attendait à être mariée très bientôt. Elle avait vingt-deux ans après tout et elle faisait partie de la branche principale. Elle n'était là que le temps de retourner à son ancien mode de vie. Jusqu'à e qu'une vague la récupère sur le rivage pour la ramener à la mer. Pourtant, il lui fallait tout même se servir de ce peu de temps pour devenir plus puissante, sinon le clan entier perdrait la face …

Il lui fallait trouver un raccourci pour le rang de Chunin.

La meilleure façon était certes de montrer son talent au combat et à la prise de décision, ainsi que de montrer son habileté à exécuter les tâches et responsabilités d'un tel grade.

Le plus gros problème de Chiyo sur ce plan était son habileté quasi-nulle au combat. Elle ne connaissait que la base de la base du Juken et d'apprendre davantage de sur l'art de combattre n'était pas réellement une passion.

La délicate Hyuga avait davantage l'habitude des techniques en finesse, celles nécessitant un haut niveau de contrôle du chakra, celles qui étaient des plus précises, un cadeau de ses précieuses pupilles nacrées, comme le Juken ou le Mizu Hari. Il était donc plus que normal que la demoiselle se penche sur ce genre de technique avant de regarder autre chose. Elle qui avait une horreur de l'entraînement et de la saleté, se pencher sur ce genre technique avait son avantage. Elle pouvait bien passer des heures à se concentrer et à travailler, cela ne paraîtrait pas et elle n'avait pas besoin d'enfiler les horribles et inconfortables tenues d'entraînement. C'était un avantage sur tous les plans.

Lorsque le clan lui demanda où en était son entraînement, Chiyo pu honnêtement répondre qu'elle travaillait sur une nouvelle technique tous les matins. Bien sûr, il y en avait certains qui n'étaient pas du tout convaincus, leur problème, vraiment. Elle saurait leur montrer qu'elle ne mentait pas pour sauver les apparences et que c'était réellement le cas. Ce matin-là était comme les autres. La délicate Hyuga ne quitta pas sa chambre. Si elle pouvait éviter la saleté du jardin pour s'entraîner, elle le ferait. Assise sur son futon, elle commença. Elle fit les mudras du tigre et du rat, concentrant le chakra dans ses doigts.

Cette idée et cette façon de faire lui avait été donné par Haruhi, une jeune kunoichi de la Bunke avec qui elle avait eu à s'entraîner dans les derniers jours. La fillette l'avait à peine touchée de ses deux doigts qu'elle avait ressenti une vive douleur et son système de chakra en avait été tout chamboulé l'espace de quelques instants. Lorsque le choc de l'assaut avait passé, Chiyo avait réalisé à quel point cette attaque d'une précision extrême était utile. Elle pouvait y voir plus d'un avantage en combat. Du haut de ses vingt-deux ans et de son égo mis à mal, elle alla donc trouver la fillette le lendemain pour lui demander comment faire. La discussion qui avait suivi était à l'origine de cette nouvelle routine matinale qui durait depuis plus d'une bonne semaine.

Le but de cette pratique était, non seulement d'améliorer sa maîtrise du chakra, mais également de tenter de recréer la technique d'Haruhi. Chiyo en était plutôt fière, car, tous les jours, elle sentait le progrès au bout de ses doigts, sous la forme de concentré de chakra qu'elle observait avec attention grâce à son Byakugan.

Février, an 16

Au bout de trois longues semaine, Chiyo avait enfin réussi à obtenir le résultat qu'elle souhaitait tant. Au bout de ses doigts, une pointe de chakra juste de la bonne longueur pour caresser les tenketsus de ses adversaires et ainsi perturber leur système de chakra en un seul coup. Un petit sourire triomphant maquis sur ses lèvres alors qu'elle dissipa la technique. C'était maintenant parfait. Il ne restait qu'à la mettre en exécution lors d'un combat, mais cela ne stressait aucunement la jeune Hyuga qui savait pouvoir se fier à sa dextérité habituelle pour que son coup atteigne sa cible. Dès le lendemain, elle aurait une chance de montrer son nouveau tour lors d'un combat amical avec l'une de ses cousines qu'elle appréciait tout particulièrement.

Toutes deux avaient été faites genin en même temps et ce combat devait servir à juger leur amélioration respective. Chiyo espérait pouvoir prouver qu'elle était un peu plus que ce qu'on avait attendu d'elle. Elle désirait rendre son père fier, lui qui mettait tant d'effort dans ses apprentissages et qui l'encourageait à sa façon bien maladroite. Enfin, tout cela était pour le lendemain et elle verrait bien comment les choses iraient à ce moment-là. Pour l'heure, il fallait se préparer à rejoindre Kyoshiro-sensei. Elle devait s'entraîner avec lui dans la journée (oui pour un homme aussi fort, gentil ET beau, elle était bien prête à se salir un peu.)


Le jour suivant, il était encore tôt lorsque quelques membres de Soke s'étaient réunis pour observer les deux filles s'affronter. Le soleil pointait à peine le bout de son nez entre les portes de papier ouvertes sur une grande salle vide de mobilier. Le public était disposé tout autour de la salle, sur de petits coussins très peu confortables. Dans la petite foule, il y avait son père, le dos droit, le regard sérieux posé sur elle. Elle n'allait pas le décevoir. Pas cette journée-là.

Chiyo se positionna donc face à son adversaire. Quelques longues secondes de silence passèrent avant que l'on ne donnât aux deux filles le signal. Un ordre clair, dit d'un ton froid, autoritaire : Commencez. Ce n'était ni exclamation ni question, mais un fait. Elles allaient devoir commencer.

Prenant la première position du Juken, Chiyo se prépara à réceptionner sa cousine lors du premier assaut. Assaut qui ne se fit pas attendre trop longtemps d'ailleurs.  Un, deux, trois et quatre coups. Si elle avait pensé parer comme son père le faisait avec elle, elle n'y arriva pas. La technique de l'autre fille était bien supérieure à la sienne. L'impact du coup lui fit perdre l'équilibre la propulsant sur le parquet de bois ciré.

Chiyo se releva donc, une main sur le ventre. Non. Il fallait qu'elle place cette nouvelle technique dans ce combat. Il fallait qu'elle montre qu'arrivait à s'entraîner d'elle-même au moins une fois de temps en temps. Elle s'avança une fois les mudras faits, mais l'autre Hyuga semblait déterminée à lui rendre la vie compliquée. Était-ce comme ça qu'elle relatait tout l'affection que lui avait donné la frêle jeune femme ? Il semblerait bien. L'attaque de Chiyo ne frappa rien d'autre que l'air vide.

Non. Non ça n'allait vraiment pas. Si elle n'arrivait pas à faire ce coup, tous ses efforts seraient vains.

Elle présenta sa paume devant elle, expulsant une petite quantité de chakra qui repoussa Fuyuko au sol. Sans perdre de temps, Chiyo bondit de l'avant préparant de nouveau la technique de l'aiguille, Byakugan activé. Cette fois-ci elle parvint à toucher son adversaire alors qu'elle se relevait.

Malheureusement, Fuyuko fut plus enragée de cette attaque surprise qu'autre chose et libéra un réel déluge de coups très précis sur la pauvre Chiyo qui, une fois de plus, se retrouva au sol, cette fois-ci elle ne parvint pas à se relever d'elle-même et le combat fut arrêté et un médecin fut dépêché d'urgence pour prendre Chiyo en charge.