Trop flashy [Entrainement SOLO]

Il paraitrait que l'entrainement, il n'y avait que ça de vrai. Surtout à Suna, un pays fortement militarisé comme ses manières. Je pourrais dire que je bénéficiais d'un statut particulier pour la forme, mais ça serait des conneries. J'étais tout le contraire, le parfait petit soldat qui obéissait malgré ma grande gueule. Et alors que je pensais que l'on avait cessé de me faire suivre après avoir prouvé depuis plusieurs mois et missions que je faisais bien les choses, voilà que je pouvais percevoir du coin de l’œil des petits futés à ma botte. Cela en devenait ridicule.... parce que j'étais sur un terrain d'entrainement.

Je n'avais pas embarquée ma marionnette, uniquement mon katana car c'était à l'épée que je voulais m'exercer. Alors que je la sortais du fourreau et que je vis mes yeux se refléter sur l'acier de sa lame, j'avais l'impression d'entendre mon père me dire que je devrais me consacrer uniquement au Kugutsu, que je devais laisser tomber, sans chercher à trop se montrer convainquant dans son plaidoyer. C'était évident qu'il aurait préféré que je sois une marionnettiste à temps plein mais quelque chose en moi me disait que je ne pouvais pas... abandonner. Si je connaissais pas le vieux, je dirais qu'en réalité, il essayait de me dissuader de devoir affronter un autre épéiste en rangeant mon arme. Parfois, je me disais que lui par contre, il me connaissait mal. J'étais pas une duelliste.

Qu'importait. Le but de ma venue était de m'améliorer dans une de mes techniques de moyenne portée. J'en maîtrisais la base mais pas la puissance, et seuls les dieux savaient qu'un katana, ça ne se maîtrisait pas aussi facilement qu'on le croyait. On avait beau regarder des types qui les agitaient dans tous les sens, ça signifiait pas qu'ils étaient capable de l'utiliser dans son plein potentiel. C'était juste des guignols.

Alors je commençais l'entrainement par le renforcement et autant dire qu'avec le corps squelettique qui était le mien, il y avait de quoi faire. J'avais repris un peu du poil de la bête, mais ma musculature... elle avait fondu comme la neige dans le désert pendant ma période de rééducation. On avait surtout fait en sorte que je puisse tenir debout et faire les gestes de base. Maintenant, il fallait que je réappris à frapper avec force. Je me trouvais donc un petit coin sur le terrain et saisis mon katana à deux mains. Là, je commençais à simplement fendre l'air d'un coup sec, droit devant moi. Je reprenais ensuite ma position initiale, puis je recommençais. Je fis une série d'au moins cinquante, assez pour avoir une perle de sueur sur le front et pas à cause de la chaleur.

C'était la phase simple. Puis je recommençais à infusant mon chakra dans la lame. Je repris exactement la même série avec ce petit plus. Une cinquantaine donc. Je frappais dans le vide, un ennemi invisible, tout comme mon regard. Mais fallait pas croire, j'étais plus concentrée que les apparences le laissaient sous-entendre. Il fallait frapper encore. Il fallait que mes épaules me fissent mal, que mes muscles me soient douloureux. Tant que c'était pas le cas, je continuais.

Puis le temps de la deuxième phase. J'utilisais vraiment ma technique, je ne la mimais plus. Je me plaçais donc devant un simple poteau de bois et me positionna à une distance raisonnable. Je pris une profonde respiration et insuffla mon chakra dans l'acier de ma lame qui me parut brièvement plus légère. Je levais mon katana et je frappa. Là, une lame de chakra s'échappa de mon coup, tel sa représentation physique et palpable. Elle se heurta au poteau de bois et le lacéra nettement... mais c'était trop léger. Trop... superficiel. Cela ne me convenait pas du tout. Alors j'ai recommencé. Une série de cinquante. Ne me demandait pas pourquoi ce chiffre, les habitudes de mon père quand il me coachait.

J'enchainais les coups, j'enchainais les marques. Je modifiais la distance qui me séparait de ma cible et parfois je changea la manière de tenir mon katana. Je continuais inlassablement jusqu'à ce que je n'en puisse plus, presque de manière irraisonnable. C'était comme si je ne pouvais pas m'arrêter sans être certaine de réussir. Des heures. Cela dura des heures jusqu'à ce mon corps plia et céda. Je pliais un genou à terre et me retint en enfonçant ma lame dans le sol ocre du terrain. Mon visage perlait de transpiration, j'étais aussi rouge qu'une pivoine mais surtout en souffrance parce que je venais d'un peu trop tirer sur la corde. Je cherchais au fond de moi une puissance que je n'avais pas, ou plutôt que je n'avais pas encore parce que mon corps n'était pas prêt. Je finis par me faire une raison. Ce serait pas pour aujourd'hui ma vieille... peut-être pas demain non plus, étant donné les courbatures que j'allais me taper mais après demain... on reprendrait... j'abandonnerais pas.

Round 2. Le premier entrainement m'avait montré mes limites et me mit face à mes failles. Du coup... j'allais tout recommencer exactement de la même façon. Logique non? Cela pouvait vous sembler con mais dans l'art du maniement du sabre, on apprenait souvent par le principe de répétition, un inlassable cycle de répétition. Comme j'étais une bonne petite élève, j'allais suivre les règles et j'allais exactement faire cela. Répéter. Répéter. Répéter. Dans un premier temps, on agitait son grand couteau dans le vide sans rien, le second temps on le renforçait avec son chakra, et enfin en troisième, on appliquait la sentence sur un pauvre bout de bois inoffensif. Autant vous dire que les premiers jours, les efforts paraissaient pas bien payants et encore moins flagrants. Parce que oui, la pauvre vieille donzelle que j'étais s'y pris à peu près trois jours durant à monopoliser le coin. J'avais même cru voir la deuxième fois un des sbires qui me suivait lire un bouquin tellement il trouvait ça chiant.

Seulement, on avait pas rien sans rien. Le quatrième jour, j'avais cru entrevoir une petite lueur d'espoir. J'avais saisi - au bout de plusieurs heures - que mon soucis principal venait du potentiel tranchant des lames de chakra. Elles perdaient leur énergie trop vite et devenaient faiblardes. Au corps à corps, cela semblait aller bien que ma satisfaction n'était pas totale mais si je m'éloignais, c'était consternant. J'avais renforcer mes muscles, maintenant c'était mon chakra. Il fallait que j'arrivasse à le doser convenablement, voire carrément plus lourdement dans ma lame. Si j'y mettais un peu plus de puissance, alors il était possible que cela tint la distance.

Suite à ce constat, je l'appliquais rapidement. J'étais pas là pour me tourner les pouces et j'avais vraiment envie de foutre autre chose de mon temps... genre me récompenser mon assiduité au travail autour d'une bonne bouteille de saké, et si j'étais veinarde, pourquoi pas de la bonne compagnie? Quoique, la bouteille pouvait largement me suffire.

J'étais donc repartie pour une nouvelle série de cinquante nuances de lame qui visait mon pauvre acolyte de bois. Le machin ressemblait plus à grand chose avec toutes ces entailles mais elles étaient le témoin de mon acharnement. Chaque fois que je le voyais, ça me faisait sourire autant que ça me crevait quand je pensais aux heures d'entrainement que cela cachait. Mais comme d'habitude, je tirais toujours trop sur la corde et j'attendais qu'elle craquasse pour me dire que c'était l'heure de la sieste. Seulement, à mon dernier et désespéré coup d'épée, le miracle se produisit. J'étais à faible portée - comme si ça pouvait me permettre de dépenser moins d'énergie - et le poteau se trancha en deux, littéralement. Pas mal. Sauf que ça pouvait aussi être un sacré coup de chance que je ne pourrais vérifier que le lendemain matin.

Rebelote. On revint sur le terrain comme promis, un peu reposé de la vieille bien que des cernes violacées gâchaient mon si joli minois. Ironie. Je me plaçais devant un nouveau poteau d'entrainement que je vérifiais comme assez solide, le moins entaillé possible pour pas que cela nuit à mes statistiques. Je me repositionna à une distance assez faible, j'infusais mon chakra et BIM! Une attaque flash comme on les aimait. Putain, c'était beau. Je vis le tronc glisser lentement avant de se renverser et j'avais un sourire un peu benêt qui se dessina tout seul sur mon visage. J'y étais enfin parvenue. Bon sang qu'est-ce que j'en avais chiée. Mais fallait pas s'emballer. C'était que la deuxième fois. Ouais... j'étais du genre à toujours vouloir vérifier... enfin toujours... c'était relatif.

Devinez ce que j'avais fait? Vous connaissez à connaître la chanson et mon chiffre fétiche, non? Une série de cinquante. Et BIM! J'en avais pété des troncs! Si je voulais me reconvertir, je pouvais faire carrière dans le bucheronnage. Bon, j'allais pas devenir copine avec les mecs qui remplaçaient le matos mais au moins, j'avais une technique qui envoyait un peu plus du pâté. Alors que je reprenais un peu mon souffle suite à mes exploits du jour, j'entendis quelqu'un applaudir dans mon dos. Je fus surprise et lorsque je me retournasse, c'était mon vieux.

" Je vois que tu bosses dur. C'est bien ma fille. "

Je laissais échapper un petit ricanement.

" Tu pensais que j'étais là pour faire de la figuration? "

Ce fut à son tour de laisser passer un ricanement.

" Si c'était le cas, tu serais pas une Shirogane. "

J'eus un petit sourire en coin alors que je rangea ma lame dans son fourreau. A peine cela fut fait, que je me roulais une cigarette.

" Passe à la maison. J'ai une bouteille et j'ai trop fait à bouffer. "

L'art et la manière d'inviter quelqu'un. Mais au moins, c'était un peu comme j'avais prévu. Une fois fini, j'aurais droit à une récompense : une bonne bouteille et de la bonne compagnie. Qu'est-ce qui pouvait être mieux qu'une soirée entre un père et sa fille, hein? Je sais pas... seule ma gueule de bois prochaine me le dirait.