Un soutien quémandé [feat Sora]

Dieu Luminaire qui s’amusait à recouvrir le monde de son drap de lumière. Tsubasa était encore à courir partout, il voulait me voir arriver au poste de Hokage. La nouvelle cible de l’esprit de mon nouvel intendant était un chef de clan qui n’avait pas été présent durant mon long discours auprès des autres clans du village. Le clan Kamiko, une famille tisseuse qui n’avait pas forcément d’impact politique à proprement parler, mais plutôt un impact économique par sa confection de tissus et d’équipement pour les ninjas. Un sérieux appui pour tout ce qui était la stabilité économique, mais en soi je ne connaissais rien de ce clan et on m’avait dit que cet homme était assez excentrique dans son genre, tiens il allait sûrement se retrouver dans notre excentricité profonde. Un point qu’on m’attribuait de bien des façons, l’intendant avait choisi le restaurant et il s’était chargé du message, pour ma part je m’étais juste rendu au lieu de rendez-vous avant de m’asseoir et d’attendre le futur partenaire de repas.

L’homme se trouvait être en retard, grand bien lui fasse cela me permettait de m’allonger sur ma partie établissant une sieste express, un luxe qui commençait grandement à me manquer ces derniers jours. Pourtant c’était ma passion la plus grande celle de pouvoir dormir un maximum. Le chef du clan des tissus venait de nous honorer de sa grande présence un sourire de coutume vint se dessiner sur mon visage pour souhaiter la bienvenue à cet homme. Clairement, le sourire était simplement une norme sociale et rien d’autre, je ne souriais quasiment jamais et je me contrefichais de l’appui de cet homme, mais maintenant que j’étais entré dans cette compétition qu’était le titre de Hokage, il était de mon orgueil de réussir à obtenir ce titre et ainsi de gagner cette compétition. Il est vrai que je voyais tout ceci comme une espèce de grand jeu voire une sorte de lutte contre moi-même et surtout de montrer à cet incapable de Tsu que j’étais capable de beaucoup plus qui le pensait.

L’homme possédait une étrange couleur de cheveux, une couleur qui ressemblait étonnamment à celle d’Akira, mais dans une teinte un peu plus foncé. Il était grisonnant, un stigmate qui normalement apparaissait avec l’âge, mais le pire dans tout ça, c’étaient les yeux de cet homme. Il avait deux yeux quasiment fermés constamment, il avait ce côté fourbe qui était digne de la légende des renards et cet homme avait ce genre de faciès. Une ressemblance détonante avec le goupil. Il était difficile de pouvoir cerner un humain de sexe masculin s’il ne pouvait s’exprimer par son regard. Les yeux sont pour ainsi dire le reflet de l’âme, mais il faudrait faire sans ce miroir de sentiments. Il parlait de temps, je ne pouvais pas me hâter :

« - Ne nous hâtons pas, nous avons le temps de pouvoir manger. C’est à mes frais prenez le temps de bien vous sustenter. J’ai entendu dire que votre clan était créer sur un système de gestion bien particulière, j’aimerai en entendre un peu plus sur ce modèle. Je vous explique, j’aimerais créer un triumvirat qui superviserait le village de Konoha. Une entité à trois têtes digne de l’ancienne créature divine dont on appelait le « cerbère ». »

Je regardais le menu et j’arquais un sourcil :

« - Un petit alcool pour commencer ce repas ? »

Cet homme était étrangement un être bien plus compliqué à comprendre que moi-même, mon faciès n’exprimait certes pas beaucoup d’expression et d’affects, mais lui, c’était différent son faciès puait la vilaine et le vice ainsi que la ruse. Ma psyché se perdait dans les tréfonds de mon âme. Il fallait que je prenne sur moi, j’avais l’impression d’affronter tout ce que je détestais chez un homme, mais c’était une première impression et parfois elle n’était pas forcément fondée. J’écoutais les propos de cet homme, il avait un ton voilé bercé de mystères et de notes un peu particulières, un côté mielleux qui cachait beaucoup de choses… Beaucoup trop de choses. Sa réponse était un peu trop blasé et mon visage n’exprimait toujours rien et son discours était bien trop prévisible :

« - Finalement, votre vision reste très Archaïque sur la vision de la politique d’un village. Je pensais voir les Kamiko comme une version innovante, je m’avoue déçu devant ce que vous venez de me dire. À mon sens, cette vision est la meilleure façon de gouverner, elle permet d’optimiser la gouvernance d’un village de manière à miser sur les points forts et les points faibles de chacun. Voyez-vous, je connais mes faiblesses et je suis loin d’être un couard, si ça tenait qu’à moi, je prendrai la gouvernance de ce pays, mais mes visions seraient beaucoup trop militaires. Je ne suis pas le plus à l’aise dans l’art du pourparler, je préfère les actions. C’est à mon sens une grande qualité et un grand défaut et en créant une entité à trois têtes, je pourrais faire en sorte de compenser mes faiblesses. Yuriko serait une parfaite représentante de la recherche et surtout la plus à même de parler avec le peuple. Naoshige serait un parfait édifice pour la coopération avec les autres pays et pour ma part, je serais la tête militaire et formatrice de notre village. Les jeunes sont de plus en plus faibles et lâches, ils ont besoin de gagner en maturité et puissance. Alors si reconnaître ses faiblesses et essayer de les compenser sont un signe de couardise, soit alors je suis lâche et faible, mais ça ne me dérange pas. »

Je reprenais mon souffle en buvant un verre d’eau qu’une des serveuses avait amenés sur ma table. Le liquide permettait d’humidifier mon gosier et me permettre de reprendre mon monologue qui répondait à ses questions :

« - Je suis prêt à coopérer avec des gens, toute ma vie, j’ai dû coopérer avec mon intendant, car j’étais trop jeune quand je suis devenu chef de clan. J’ai appris à ses côtés et bien qu’il soit extrêmement déroutant et toujours sur mon dos, il reste l’humain de sexe masculin que je respecte le plus en ce monde. Nous serons trois, pour un poste, bien sûr nous pourrons nous nommer comme un Hokage ou bien un conseil. Le nom n’a pas forcément d’intérêt en soi, ce n’est qu’une simple étiquette. Pour la peur des autres pays, personnellement, je pense qu’en étant à trois, trois jonins puissants. Personne n’oserait nous combattre. À trois, nous serons une équipe parfaite, puis bon, j’ai envie de dire depuis que nous sommes jeunes, on nous cantonne à cette formation tricéphale, nous sommes habitués à combattre à trois. Ai-je tort ? »

Cet homme était énervant à appréhender, mais finalement, on se ressemblait bien sur certains aspects. Hors-norme, le terme était parfait pour définir ce que ce goupil rusé semblait définir.

J’éclatais d’un rire franc et cristallin. Mon corps voulait se battre avec cet homme, mais en même temps, j’aimais la façon dont il pensait, il avait la réaction d’un homme qui avait besoin de se glorifier en contrecarrant les autres. En même temps, ma façon, de parler avait été assez enfantine et il n’avait pas tort, cependant, je ne voulais pas de ce pouvoir. Cependant, il y avait une chose que je voulais changer, mais finalement, il y en avait plusieurs et la véracité des propos de cet homme me donnait envie d’affirmer mes idées. Mon regard ne changeait pas, mon visage se transformait dans une neutralité profonde. Ma voix se faisait toujours calme:

« - Je ne pense pas vous avoir insulté, mais en tout cas ma déception était simplement dans le fait que j’attendais beaucoup dans la façon dont vous vivez. Rien de plus, si je vous ai offensé, ma franchise n’est pas forcément la plus grande des vertus, mais au moins j’assume mes propos. En effet, je n’ai pas forcément eu beaucoup de temps à penser par moi-même, j’apprends encore, cependant, j’essaye et c’est bien maladroit. Je suis plus doué à combattre, mais je fais des efforts, assumer ses faiblesses est peut-être lâche, mais je veux les battre. Il faut savoir que cette idée de tricéphalité était bien avant de savoir qu’ils étaient mes concurrents, j’aurais pu changer de fusil d’épaule, mais je suis sûr que c’est la version qui convient le mieux à ce pays. Mon peuple m’aime, m’écoute, je ne sais pas pourquoi, mais ils semblent fédérer à mes paroles, ma force. Un clan d’assassins, de traqueurs, notre lien avec la nature et la religion est énorme et c’est ce qui nous unie. Je comprends le peuple, je comprends la détresse des gens, j’ai perdu mes parents par les maux de la guerre. Je comprends le malheur et la détresse des orphelins, des sans-clans, mais je ne suis rien d’autre qu’un enfant parfois qui ne comprend pas forcément les relations sociales entre humains. Par contre, désolé de vous le dire, je ne me retirerai pas. »

J ‘avalais une gorgée d’eau de manière à reprendre mon souffle et surtout hydraté ma gorge qui est beaucoup trop sèche. Il fallait que je reprenne parce que la verve de cet homme avait été très complète et il était difficile de reprendre chaque point qu’il avait énoncé pour y répondre, surtout qu’il avait été d’une justesse plus que cruelle. Ses mots étaient comme des morceaux de verre qui transperçaient ma psyché :

« - Peut-être que mes idées sont peut-être trop radicales pour me laisser seules. Cependant, il y a deux choses que je veux absolument changer, c’est la lâcheté de nos élèves. Personne ne comprend réellement ce qu’est être un ninja dans ces jeunes gens. Ils ne comprennent pas que demain leurs amis peuvent être leurs ennemis, ils voient leur monde d’une manière simple et innocente, mais le monde est beaucoup plus dur que ce qu’ils pouvaient apercevoir. La seconde chose est la destruction de la nature et le fait de l’écouter. Personne ne fait attention à ce qu’ils l’entourent, personne ne comprend ce que les animaux, les plantes peuvent comprendre. Je veux faire changer ces choses, lorsqu’on détruit, lorsqu’on massacre, nous devons replanter derrière nous, nous devons offrir le corps en offrande à un Dieu qui créera la nature. Ces idées me ressemblent, mais lors d’un combat ou autre, je suis comme une machine à tuer, aucune émotion, mes stratégies sont implacables, mes assassinats rapides et précis. Je suis devenu mentor d’une équipe, j’ai compris ce qu’était de devoir protéger et aider et cela m’a donné envie de le faire dans ce monde. C’est ce que je veux vraiment, mais maintenant parlons de cette idée de triumvirat. »

Je reprenais mon souffle :

« - Le triumvirat n’est pas forcément pour combler mes lacunes, mais plutôt pour optimiser l’être humain. La société a été créée avec une certaine forme de norme, de société et de condescendance. L’être humain par définition est fait de qualité et de défauts et la façon d’optimiser le pouvoir exécutif est de créer un organe à trois personnes. Deux, il y aurait forcément des débats stériles, un nombre impair permet de pouvoir toujours trancher des idées, le fait d’être trois permettent de créer des débats et de faire progresser des idées. Parfois, vous allez me dire, il faut agir rapidement, c’est à ça que sert la spécialisation des trois têtes. De plus, si l’un des trois n’est pas là, les deux autres ou le dernier peut prendre des décisions qui n’étaient pas forcément évident lorsque le Hokage n’était pas présent. J’ai remarqué que l’humain seul pouvait se tromper, l’erreur était humaine en compagnie de plusieurs personnes l’erreur devient plus restreinte et s’optimise. Voilà la véritable forme de pouvoir que je souhaite voir. Je me trompe peut-être, mais j’ai tellement observé de loin notre race que j’ai pu constater ce genre de choses. »

Mon regard était déterminé et sûr de lui. Je regardais l’homme d’une manière bien plus sûr. Je savais qu’il allait encore démonter mon discours, mais en même temps, j’avais construit quelque chose qui me correspondait.

Inutile, ce discours devenait inutile. Je ne voulais pas abandonner, mais j’avais compris tant que je ne lui avais pas donné une récompense quelque chose qu’il pourrait l’appâter finalement cet homme était un gros poisson et je me devais de trouver ce qui pouvait le tenter et l’attirer dans ce monde, enfin plutôt dans mon monde. Je m’étais retrouvé face à un mur. Je ne voulais pas abandonner, mais j’avais compris tant que je ne lui avais pas donné une récompense quelque chose qu’il pourrait l’appâter finalement cet homme était un gros poisson et je me devais de trouver ce qui pouvait le tenter et l’attirer dans ce monde, enfin plutôt dans mon monde. Un monde où les idéaux naïfs et innocents ne seraient pas qu’une utopie. Il n’avait pas tort, il fallait présenter une verve un charisme, mon regard se posait dans le sien, rien aucun mot ne sortait de ma bouche. Les mots n’avaient plus rien à dire. Mon visage n’exprimait rien, je n’aurais jamais dû écouter mon intendant, je n’avais rien à faire dans ce genre de repas, parce que je ne connaissais rien de ce clan et j’avais été maladroit et pleins d’erreurs.

Je n’avais pas répondu à ces propos. Il était piquant, il avait raison sur pas mal de choses, mais je ne briguais pas le poste de l’académie puisque je n’aimais pas assez les enfants, je voulais simplement que personne ne subisse ce que j’avais pu subir dans mon enfance. Le monde n’était pas un monde de bisounours et cet homme me paraissait étrangement naïf. Il était l’incarnation d’une personne vaniteuse, mais il avait quelque chose de particulier que je n’arrivais pas à comprendre et c’était là le problème même de cette conversation. Nous ne nous comprenons absolument pas, il me reprochait d’être militaire, il me reprochait l’envie de nourrir le futur. Par contre, insulter mes pensées de naïveté et d’idéalisme… Il parlait de la nature de cette manière. Mon regard se fermait et violent:

« - Je comprends. Par contre traité mon envie de lier la nature à la société de naïf et d’idéalisme, c’est peut-être simplement la limite de l’homme que vous venez de montrer. »

Je n’insistais pas plus, je le laissais partir du restaurant sans rien dire. Nous nous retrouverons sûrement une autre fois pour parler de quelque chose, de chercher un autre moyen de lui faire comprendre ma façon de penser. Un simple :

«- Bonne soirée à vous. »