Shiki est parée d'une tenue cérémonielle composée d'un kimono de haute-couture blanc comme neige et surplombé d'un haori bleu ciel brodé d'or. Ses cheveux longs et d'un blanc immaculé sont retenus par une broche d'or ornée de pierres précieuses. Aujourd'hui, la chef du clan Uzumaki doit purifier "le corps et l'esprit" de la défunte Perle d'Uzushio ainsi que lui rendre hommage au cours d'une cérémonie codifiée. Car, c'est bien le clan de maîtres des arts mystiques qui est garant de la religion au sein du village. Et, en tant que bonne disciple de Mino, la femme est plus que qualifiée pour servir de prêtresse en cette occasion, à la place du vieux Mikuni qui a brusquement décidé de partir à la retraite.
Elle ouvre la marche tandis que de jeunes têtes du clan portent le cercueil vide ou presque puisque celui-ci ne contient qu'une jambe de la défunte. "Un peu de tenue !" hurle-t-elle aux jeunes qui portent sa sainteté et pleurent comme des fillettes en traversant le pont. Arrivée de l'autre côté, la kunoichi constate avec une certaine surprise qu'il y a beaucoup de monde qui attend l'arrivée du cortège et souhaite rendre hommage à Uzumaki Haruka. Amusé par cette vue et par les émotions qui pourraient parcourir le coeur de celle qui partage son corps, Nagito adresse quelques douces pensées à la blanche dame.
"Hum... Elle est populaire, visiblement." "Je ne vois pas ce qu'ils lui trouvent. Ce n'était qu'une gamine stupide et insolente, elle n'avait aucune tenue." "Ne soit pas ainsi jalouse... Cela va faire naître des rides sur ton joli visage de sorcière." "..."
Les gens s'écartent sur le chemin de Shiki qui se dirige vers le temple Uzumaki afin de dédier quelques prières à Mino et afin de purifier la défunte. L'endroit n'est cependant accessible qu'à un petit nombre de privilégiés : hautes instances du village, proches de la victime, élèves... Dans l'édifice, des encens brûlent. Ce serait pour ouvrir une passerelle entre le divin et le monde humain, selon les dires des religieux présents. Durant la cérémonie, la chef du clan aux chaînes de chakra repousse les mauvais esprits en parsemant le cercueil et la pièce de sel. A plusieurs reprises, elle fait également tinter des clochettes avant de s'agenouiller devant le cercueil pour prononcer quelques prières. Elle dépose ensuite une rose blanche sur le corps -ou plutôt la jambe- de la victime de Kyubi avant de laisser les ninjas présents adresser leurs derniers mots à Uzumaki Haruka.
La femme à la chevelure blanche songe déjà à la prochaine étape de la cérémonie, pressée d'en finir avec cette cérémonie pompeuse. Après, il faudra enterrer le cercueil et mettre déposer deux-trois offrandes avant d'allumer des lanternes et de les laisser disparaître à l'horizon, emportées par le vent ou la mer avec des promesses, des prières, des rêves et espoirs.
La Lune venait de laisser place au Soleil, la douce lueur de la drapée de l’Astre Luminaire qui commençait à pénétrer dans l’orphelinat. Si le lieu régnait dans un calme quasi monocal, c’était en quelque sorte la calme avant l’effervescence de la tempête. Le chunin qui gérait l’ensemble du bâtiment, il préparait les petites affaires pour chaque enfant, alors qu’un oiseau venait d’amener une missive. Le soleil qui semblait si présent en cette magnifique journée venait de se revêtir d’un magnifique drapée nuageux. La pluie venait d’apparaître à l’instant ou les doigts fins et mélodieux de l’artiste venaient de soulever le haut de l’enveloppe, laissant place à la lettre. La mélodie douce et harmonieuse de la pluie qui tombait petit à petit sur le sol neutre…
Le visage du maître de l’orphelinat qui paraissait si calme, se mit à se peindre d’une véritable douleur lorsqu’il lisait le contenu de la lettre. Les yeux s’embuaient de larmes, son regard se vidait d’une douleur immense. Une nouvelle personne, les dents se seraient, une nouvelle amie venait de décéder dans ce monde de guerre et de shinobi. La grande Haruka, la personne qu’on admirait le plus dans le village d’Uzushio avec le Kage venait de décéder dans une mission. La missive semblait ne pas décrire réellement la chose ou la personne qui avait pu réussir à tuer celle qu’il pensait intuable.
Le poing serrait il déposait la lettre sur le rebord de la table qui jonchait la grande salle. Il ne voulait pas le croire, il ne voulait pas imaginer que tout cela pouvait être vrai… Pas elle, pas la seule personne qu’il pensait ne jamais perdre… Pourquoi? Elle avait tant donné à son village que maintenant elle avait donné sa vie ? L’ensemble du bâtiment semblait s’allumer d’un énorme brouhaha, le Chunin ne pouvait pas, il ne pouvait plus. Il attrapait de la main un de ses camarades gérant de cet endroit et il fit signe qu’il avait besoin de se retrouver seul dans sa chambre. Le corps un brin chancelant il se mettait à bouger jusqu’à son temple d’intimité. Le dos vint se heurter sur la porte qui venait de se fermer. Il tombait en se laissant glisser le long de la porte. Son postérieur vint à la rencontre du sol, puis les cheveux qui se retrouvaient à tomber le long de ses épaules. Il s’effondrait en larmes, son visage se blottissait dans ses bras… Un énorme cri vint pénétrer dans l’atmosphère… Haruka, telle la fleur flamboyante, tu t’es consumé comme la flamme qui animait ta volonté et ton courage.
Quelques jours plus tard…
Shun serrait son Kimono noir avec un ruban noir au niveau de sa taille. Une Ombrelle dans la main, une fleur rouge ainsi qu’une feuille de papier. Il se dirigeait vers le domaine des Uzumaki. Une cérémonie devait avoir lieu pour rendre hommage à cette personne. Le chunin tout de noir vêtu venait de se positionner dans l’allée. Son corps semblait ne plus bouger, il attendait la dépouille, il souhaitait simplement dire au revoir à son ami. La cheffe de clan des Uzumaki possédait une chevelure très étrange pour une Uzumaki, elle n’avait pas la prestance et le charisme de Haruka, mais elle était d’une beauté hors norme. Cependant, elle ne semblait pas réellement concernée par la mort de sa propre ninja… Comment une chef de clan ne pouvait pas se sentir concernée par le décès d’un de ses membres avec autant de réputation que celle-ci?
Le regard du brun aux cheveux longs se laissait couler le long de l’assemblée. Un monde fou venait d’apparaître. Il serait bientôt temps de faire sc'estau revoir. Le Chunin ne se sentait pas forcément prêt à dire au revoir définitivement à son ami, mais il ferait en sorte de ne pas montrer ses larmes. Il connaissait trop de monde, il était trop pudique devant ses amis. Il devait être fort, il devait faire en sorte de montrer qu’il était capable de beaucoup de choses. Junko lui dirait que c’était le fardeau de la vie d’un ninja. La mort était présente à chaque recoin, à chaque carrefour. Il fallait avancer et affronter cette mort.
Il était temps de dire au revoir à cette mélodie qui faisait partie de son passé dorénavant. Sur le caveau il posait un dessin de son amie, un sourire sur le visage. Il n’oublierait jamais le sourire de la personne qui lui avait donné le courage de s’entraîner au fuinjutsu et de devenir ce qu’il était aujourd’hui. Une rrose rouge pour symboliser le feu de la jeunesse qui avait coulé jusqu'à sa toute fin. Puis, il se retournait le regard plein de tristesse, il sortait de cet endroit, un simple mot:
« - Adieu Princesse d’Uzushio! »
Il retrouvait ses amis, en dehors un simple regard des vivants permirent à l’artiste de comprendre qu’il protégerait les vivants.
De par son éducation religieuse assez marginale dans le grand courant que représentait l'Osmiétisme, Sanada ne suivait pas la plupart des rites religieux qui, dans l'esprit des autres croyants, honoraient les dieux et les croyants. Depuis le plus jeune âge, on lui avait inculqué l'horreur de l'idolâtrie. Les rites, les traditions, les enterrements, tout cela n'avait pas sa place dans sa croyance. Les dieux tout-puissants pouvaient être révérés de mille manières, et, pour celui qui n'accepterait pas la mort de son amie avant de l'avoir vengé, aucune cérémonie ne pouvait se tenir tant que celui qui avait ôté la vie de la Perle respirait encore.
Sanada était loin de se douter de l'horreur qui l'attendait en entamant ce périlleux chemin, mais il était trop aveuglé par la rage pour voir le danger aussi bien que la nécessité d'enterrer dignement ce qu'il restait de la défunte.
Du haut des toits, le fils de l'orage regarda l'immense foule se former sur une des grandes places du village. La principale avenue était noire de monde. Au bout, un pont ouvragé marquait le début du domaine du clan Uzumaki, mais aussi l'emplacement du grand temple du village, haut-lieux de culte. Sanada avait créé son propre temple dans la chambre qui aurait dû lui servir de dortoir, mais il admirait l'esthétique des édifices religieux et allait parfois prier dans ce lieu, bien plus pour la beauté des choses que pour une prétendue proximité accrue avec le divin.
Au loin, il reconnut plusieurs personnes entrer dans le grand temple. D'abord, la cheffe Uzumaki, ancienne professeure de l'académie, la splendide Uzumaki Shiki rayonnait grâce à son teint de porcelaine et ses cheveux plus blancs que la neige qui jurait avec les coiffes noire de jais de la plupart des suivants. Le cercueil était porté par des membres du clan éplorés qui semblaient soulever le poids du chagrin du monde sur les épaules. À la directe suite, des notables et de porches d'Haruka accompagnaient la Perle pour son dernier voyage. Dans ce cortège, Sanada reconnut Shun, élégamment habillé d'u kimono noir, la mine fermée et le pas lent mais toujours gracieux. Le soldat des Cinq resta quant à lui sur le toit en face du grand temple. Dégustant la fumée de son calumet qui avait le gout de ses larmes, il attendit que tous fassent les rites qu'ils jugeaient nécessaire.
Il se demandait si demain, tout le monde allait reprendre sa vie, laisser couler le cours des choses pour retourner dans une vie sans Haruka, repensant à elle avec un sourire quelquefois pour évoquer un temps ancien, un temps révolu. Lui ne pouvait se résoudre à une telle anomalie. Il avait conscience que l'on était toujours seul face à un monde qu'on ne voyait qu'a travers soi. Il savait que si sa forteresse intérieure avait été chamboulée jusque dans ses bases, le monde lui, allait continuer de vivre. Les rivières allaient continuer de chanter, les dauphins de nager en jouant avec les navires marchands, tout cela, sans Haruka.
Il écrasa la cendre incandescente de son calumet quand le cortège de notables ressortit du temple.
Pour le reste de la cérémonie, il avait envie d'être plus proche, de se sentir aux côtés du peuple et de la famille qui criait sa peine.
Il voulait se nourrir de cette tristesse et de ce deuil pour nourrir le feu de la vengeance qui brûlait en lui.
Meyo Tsuri
Senkage
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Date d'inscription : 15/10/2019
Fiche du Ninja Grade & Rang: Kage - rang A Ryos: 620 Expérience: (986/2000)
Les mots flottaient encore dans la pièce alors que le Shodaime s'extirpait du petit lit de paille du fond de son bureau. Son visage semblait hermétique à toute notion de bonheur. Des cernes noires creusaient ses yeux, rougis par les larmes, qui fixaient le sol avec insistance. Depuis quelques jours, Tsuri s’efforçait de trouver le sommeil, sans succès. La dernière visite de son frère résonnait encore, prête à ronger ses moindres moments de détente, comme un eczéma incurable. Tsuri s'emmurait dans un mutisme absolu. Incapable de prononcer la moindre phrase, les mots s'étranglaient dans sa gorge. Son absence remarquée au bureau d’attribution des missions alimentait les rumeurs les plus sombres à son propos. Il n'en tenait pas compte, trop habitué à ces messes basses depuis sa prise de fonction des années auparavant. Amaigris, osseux, acculé par le doute, Meyo ne parvenait plus à discerner le chemin devant lui. De tout temps, il avait su garder sa capacité à voir au delà des faits, des mots, des gens, traçant à travers les ronciers un chemin des bêtes pour lui et le village. Mais les dieux s'acharnaient dernièrement, Leiko, Mifuyu, les Omura et maintenant Haruka. Sa chevelure écarlate dansait encore devant ses yeux obscurcis par la rudesse des derniers jours. Il s'en trouvait incapable de prendre une décision. Que soit pour des broutilles, comme les canalisations du secteur ouest ou pour des choix d'importance capitale comme la nomination des candidats à l'examen Jonin de Konoha.
Durant son sommeil agité, la jeune femme lui rendait visite et cette nuit encore, elle ne manqua pas le rendez-vous. Des limbes oniriques lui parvenait une conversation vieille de plusieurs mois. Une suite de phrases anodines sur les affaires courantes d'un village heureux. « Vous préférez peut-être un massage ? » avait-elle demandé, innocente et altruiste. Sa maladresse et sa candeur résumée en une seule phrase. Une larme longea sa joue et vint s'écraser sur le parquet. La porte du bureau s'ouvrit et l'espace d'un instant, il s'attendait à entendre la voix douce de la Perle lui souhaiter la bonne journée. À la place de la crinière rousse et des yeux rieurs, une toison noire et des yeux sombre, Katsuo. Il se leva d'un bond et se détourna. Essuyant ses larmes d'un revers de manche. Honteuse d'avoir surpris ce moment, la jeune femme leva une main timide vers son maître, puis se ravisa. Après qu'elle secondes, elle rompit le silence d'une petite voix :
- Il est bientôt l'heure Shodaime. - Tu crois que je ne suis pas au courant. Répondit-il, d'un ton sec.
Noyé dans une prison de honte, de colère et de chagrin, Tsuri regretta instantanément ses paroles. Il ouvrit la bouche pour s'excuser, mais Katsuo continua dans son dos.
- Je suis désolé maitre, veuillez m'excuser.
Et elle tourna les talons, refermant la porte derrière elle. Il cru discerner un sanglot dans le couloir. Il s'en voulut, mais ne poursuivit pas son élève. Il passa un moment debout, là, sans rien faire. Il regarda ses mains. L'image de son frère s'imposa à lui. Était-il un couard trop occupé à jouer le rôle de dirigeant au lieu dans être un ? Un homme faible, peu enclin à intervenir, préférant lancer dans le combat ses pions ? Depuis sa dernière mission, où son manque de discernement avait failli lui coûter la vie, il n'était plus le même. En proie au doute, ses angoisses l'emportaient sur son jugement. Un bruit lui fit lever la tête et par la fenêtre, il se trouva nez à nez avec un rapace. Son plumage sombre aux reflets bruns, son imposante stature, la finesse de ses membres, son allure royale, on jurait être face au dieu des cieux. Meyo l'observa un moment avant que le volatile ne daigne lui jeter un regard. Lorsqu'il le vit, il se figea dans une posture offensée. Derrière les traits de l'oiseau, il crut voir la moue boudeuse de la Perle d'Uzushio. Il se mit à rire, d'un rire sonore et contagieux, le premier depuis de longues semaines. Le gracieux volatile déploya ses ailes et disparu dans le ciel, vexé.
Le Shodaime s'essuya le visage de nouveau humide et se gifla le visage. Il se secoua et appela d'une voix forte la gouvernante. Une fois baigné, coiffé et habillé, il franchit la porte de la tour, encadré par les notables du village. Au dessus de lui, sur les toits, il entendait le vent siffler, ses protecteurs le suivaient. Il se jura de s'excuser auprès de Katsuo. Sur son corps amaigris s'enveloppait des étoffes immaculées, maintenus par un kimono tout aussi blanc, brodé par endroit au fil bleu. Le symbole d'Uzushio se tenait aux côté des Miyamoto, des Omura et de tant d'autres, placés en dessous de celui des Uzumaki. Il passa une main sur le tissu et de sa main osseuse, il en ressentait la douceur. Coiffé d'un chapeau, on lui avait noué les cheveux en un chignon serré. Sur son nez des lunettes rondes et derrières elles, ses yeux retrouvaient un peu de leurs éclats.
Derrière lui, les notables d'Uzushio, devant lui, le pont menant au domaine Uzumaki. Meyo, à la tête de la marche silencieuse en l'honneur de la Perle, précédait le cortège funèbre. Les habitants du village, venus rendre un dernier hommage à leur bien aimée Haruka, s'arrêtèrent devant le pont et s'agenouillèrent en laissant passer le cercueil. Accompagnés de quelques élus, Tsuri passa le pont en regardant la foule communier dans un adieu silencieux. Ils pénétrèrent dans le temple. Le prêtre, accompagné par l’aîné du clan Uumaki, débuta les rites mortuaires. Tsuri laissa son regard vagabonder avant de s'attarder sur les personnes présentes. Shun et quelques shinobis du village s’inclinaient respectueusement, le conseil au grand complet les imitait et pour parfaire le tableau, toutes les familles nobles des îles du Sud avaient missionné l'un des leur. Le Shodaime s'attarda enfin sur Uzumaki Shiki, la cheffe du clan, prétendante et surtout favorite au poste d'intendante d'Uzushio. Un posture raide, un regard froid et calculateur, un visage impassible où il était impossible de déceler la moindre émotion et des yeux bleus aussi profond que l'océan, une femme aussi intimidante qu'antipathique.
Une fois le sel répandu, les prières incantées et les hommages rendus, se fut au tour de Tsuri d'approcher le cercueil. Il posa la main sur le bois chaud, ferma les yeux et fit le vide. « Il ne vous arrivera pas malheur. Je ne le permettrai pas. » avait-elle lancé fièrement dans son bureau un jour d'été. « C'est moi qui aurait du te protéger », pensa t-il, amère. Il resta un moment sans bouger et les regards de la salle devinrent insistants. « Adieu Haruka, adieu ma Perle ».