Gone Too Far [Tadake Yuriko]

Le Ninja à l’éventail enjambait les distances à une vitesse effroyable ne laissant derrière lui que le son de ses sandales de bois claquant sur les dalles de pierre résonné dans les rues noires désertes de Konoha. Le souffle court, il peinait à se déplacer avec sa mouvance habituelle, sa fine silhouette guerrière encombrée par une large forme tenant mollement sur ses épaules. À y remarquer de plus près, on remarquait distinctement le corps souple d’un autre Shinobi, arborant également le symbole du clan emblématique de Konoha. Nikkou parcourait ainsi la nuit noire avec pour fardeau, le corps de l’un de ses cousins Uchiha.

Le coeur battant à la chamade, regardant de tous les côtés dans les rues de Konoha d’un air paniqué, le jeune Chûnin était visiblement effrayé. Une bête prise dans son propre piège, qui s’évertuait à éviter le châtiment qui le menaçait. Même chez un clan aussi spartiate que les Uchiha, blesser l’un des siens demeurait une aberration contraire au code éthique. Le corps inconscient qu’il transportait avec un tel désespoir au travers du Village semblait des plus mal au point.

Étrangement, les vêtements sombres du blessé ne laissait paraître aucune blessure, pas même la moindre déchirure. En fait, à bien l’observer, on remarquait que malgré le transport des plus mal adaptés, la victime ne montrait pas même le moindre signe de douleur, si ce n’était de vie. Le corps indemne, il ne demeurait que l’esprit qui pouvait causer un si terrible état d’inconscience. Et ces blessures étaient d’autant plus difficiles à mesurer.

Le jeune Chûnin n’avait donc plus qu’à solliciter l’aide d’une personne suffisamment compétente pour percevoir non seulement les blessures au corps, mais également à l’âme. La seule personne qui lui était venue en tête avait été celle qui l’avait libéré lui-même de ses pires états d’âme. Tadake Yuriko. Eisei-Nin de renom, reconnue pour être responsables des quelques miracles survenus à l’hôpital de Konoha, dont celui d’avoir arraché aux bras de la mort et de la folie un jeune Uchiha aux précieuses pupilles nouvellement carmin.

Dans la nuit noire, Nikkou s’était donc éloigné en douce de la demeure Uchiha en direction des appartements réservés aux membres solitaires du Village, dépourvus du soutien apporté par les Cinq Grands Clans. Un quartier familier, où il avait lui-même résidé lorsqu’il avait répugné l’aide fournie par son clan. Il avait besoin d’un visage familier. De l’Ange Gardien de Konoha. Celle qui l’avait sauvé des atrocités du passé et lui avait tendu la main dans les moments sombres de son reconditionnement. Si Nikkou avait dû la quitter pour quelques devoirs envers son clan (et autres désirs de puissance), il savait qu’il pouvait lui faire confiance.

« Yuriko-san! Êtes-vous là? J’ai besoin d’aide! » murmura-t-il d’un trémolo paniqué en cognant à la porte de l’appartement reconnu, espérant que sa mémoire ne lui faisait pas défaut. Il ne savait combien de temps, l’esprit de son comparse pourrait encore tenir en ce monde sans les soins nécessaires.

Le monde des shinobis était un monde des apparences et un monde de l'ombre. On apprenait depuis l'enfance à montrer que ce que l'on désirait montrer, et dissimuler ce que l'on ne désirait pas que l'on vit. Il en était de même à des échelles bien plus grandes, comme celle d'un village. En effet, la popularité de Konoha se reposait sur l'alliance de ces clans, de grands noms qui avaient su s'associer pour un grand projet : la paix et le maintien de l'ordre. Ils avaient fait fi des luttes intestines pour chercher à atteindre un but au-dessus des idéaux propres à leurs "familles", se battre pour leurs prochains, pour le peuple. D'ailleurs, ce dernier saluait ces grandes figures, ces shinobis capables de prouesses et dotés de capacité unique que leurs conféraient leurs noms et le pouvoir que cela leur accordait : Uchiha, Akimichi, Aburame, Hyuga, Senju, et récemment les Inuwashi... Mais dans les ombres, il n'y avait pas que des noms, il y avait les autres, les insoupçonnés, les oubliés, les sans-noms à qui le village avait ouvert les bras pour leur donner la chance de devenir... quelqu'un. Les Tadake en faisaient d'ailleurs partis, des moyens modestes pour de grandes ambitions, mais éloignés du tumulte de porter un héritage aussi lourd que celui d'un nom.

Yuriko se souvenait avec quel vigueur son frère avait convaincu la jeune femme de participer à la naissance et la construction du village de Konoha, alors qu'elle en avait eu quelques hésitations. Toutefois, elle l'avait toujours suivi où qu'il allait. Ils avaient ainsi donné de leurs temps et de leurs personnes pour les autres et n'avaient pour reconnaissance que celui des sourires et de la gratitude de leurs prochains. Ils avaient bataillé ensemble pour grimper les échelons, gagner en force et accomplir un grand nombre de missions. Ils avaient également beaucoup appris, beaucoup perdus aussi. Mais ils avaient fait tout cela ensemble, unis, et faisant de ce village une extension de leurs familles afin de ne pas trop penser qu'ils étaient pourtant seuls. Les seuls Tadake. Des jumeaux sans le sous, issus d'une famille terrienne et pauvre, si loin du monde de la guerre et de la bataille. Konoha leur avait offert une chance. Ils l'avaient saisis. Pourtant, une barrière invisible demeurait, qu'importait les exploits, qu'importaient les actions. Ils n'avaient pas de nom. Ils n'avaient pas le prestige. Cela était d'autant plus vrai que Yuriko était une femme à qui l'on avait déjà susurré qu'il lui suffirait d'épouser le bon nom pour sortir de cette condition, chose qu'elle avait chassé d'un revers de la main. Non. Yuriko ferait connaître son nom par le fruit du travail si cela devait arriver. Cependant, elle n'avait jamais cherché la gloire, ni les titres. Elle désirait seulement mener une vie sur laquelle elle pourrait portait un regard sans honte et ne pas regretter. Sa mission était sauvée et transmettre. Telle était sa résolution.

De part sa condition sociale dont elle n'avait aucune honte contrairement aux apparences et l'attitude distinguée qu'elle pouvait parfois arborer, elle n'avait jamais quitté le quartier des "sans-noms" comme elle l'appelait parfois. Cela lui avait toujours permis de garder un pied dans la réalité, loin des mondanités... mais aussi une manière aisée de la trouver en cas de besoin, bien qu'en réalité, elle ne s'y trouvait pas souvent car elle préférait fuir les foules pour le calme des forêts voisines. Toutefois, cette nuit-là, elle était bel et bien présente dans ses appartements et fut particulièrement surprise du tambourinement sur sa porte qui la réveilla alors que le sommeil l'avait à peine saisi. Précipitamment, vêtue de sa longue chemise de nuit blanche, elle se rua vers l'entrée, reconnaissant la voix plaintive qui appelait son nom.

" Nikkou-san? "

La jeune femme ouvrit la porte en grand pour voir apparaître le visage paniqué de son ancien élève. Il portait sur son dos un autre camarade et il ne lui fallut pas plus pour comprendre qu'un malheur s'était sans doute produit.

" Rentre vite! Dis-moi ce qui est arrivé! "

Rapidement, elle lui fit signe de rentrer et montra du doigt ce qui semblait être un modeste canapé sur lequel il pouvait reposer son ami. Fermant la porte derrière eux, elle partit dans sa chambre récupérer une trousse médicale d'urgence qu'elle emportait parfois avec elle, et s'agenouilla rapidement auprès du malade allongé dans son salon, passant sa main sur son front. Si la jeune Uchiha était venue la voir directement, l'affaire ne pouvait être que grave car il n'aurait guère pris le risque de ramener un malade directement chez elle. Si un médecin lambda l'aurait peut-être renvoyé vers l'hôpital du village, ce ne fut pas le cas de la jonin. Son devoir, c'était sauver des vies.

Le visage fin de sa Senseï le rassura aussitôt la porte entrouverte, déchargeant d’un coup une partie du fardeau qu’il avait traîné dans la nuit noire jusqu’à ce quartier reculé des tribulations incessantes de son Clan. Le poids d’une vie sur les épaules. Alors qu’il posait le corps sur le canapé indiqué, il sentait déjà le poids qu’il avait porté se soulevé, désormais divisé avec sa coéquipière d’un soir, cette même Eisei-Nin qui l’avait sauvé des années auparavant de sa propre perdition.

« Je…je ne voulais pas faire ça…ce n’est pas de ma faute…ils m’ont forcé. Ils ont dit que ce serait une leçon…mais je n’avais rien… » débita le jeune Chûnin dans un flot saccadé d’explication plus dédiées à sa propre conscience qu’à son ancienne Senseï, justifiant enfin les actions qui l’avaient menées jusqu’ici contre son gré, mais tout de même de sa faute.

Par instinct, la bête affolée arborant les traits sibyllins des Uchiha s’écarta brusquement vers l’arrière, les yeux écarquillés de frayeur détaillant la scène dont il prenait tout juste conscience. Le corps de son cousin, plus âgé de quelques années, complètement mou, mais pris de soubresauts violents en guise de preuve de ce qu’il avait fait. L’écume de la folie bordant aux bords des lèvres. Inconscient ou possédé, l’auteur même du crime n’aurait su le dire.

L’attention éphémère du Uchiha se focusa alors sur celle qui, pour une courte durée, avait réussi à le sauver de ses précédents émois avec le clan Uchiha. Yuriko-san déjà à l’oeuvre en affichant le calme de ceux qui ont côtoyé la mort de trop proche. Et elle sollicitait son aide afin de réparer les dégâts qu’il avait lui-même causé. Il lui devait au moins sa coopération pour lui livrer une nouvelle fois ses problèmes.

« Un Genjutsu que le Conseil m’a demandé d’essayer sur lui…pour tester le pouvoir du troisième tomoe. » avoua-t-il avec une culpabilité méritée, et ce, non seulement en raison de son méfait mais également de la révélation de l’activation d’un pouvoir seulement nourri par la haine et à la rage à celle qui avait essayé de lui montrer le droit chemin.

« Mais je ne comprends pas…j’ai arrêté le Genjutsu et il est toujours dans le même état. Le Conseil a dit qu’il lui revenait de s’en sortir, mais même eux ne connaissent pas les limites du troisième tomoe. » ajouta-t-il en guise d’explication, se rapprochant enfin, affrontant ses propres démons pour porter secours à sa victime, mais également pour épauler celle sur qui il déversait ses ennuis. L’Ange Gardienne de Konoha méritait mieux qu’un ancien élève qui avait tourner le dos à ses conseils pour les promesses de pouvoir du Clan Uchiha.

Yuriko nota une certaine forme de panique dans le regard du jeune Uchiha, qui commença à tenter de lui fournir une explication sur ce qui c'était déroulé. Toutefois, rien de ce qu'il divulgua ne lui parut utile à l'instant, si ce n'était que ce dernier se sentait coupable et pointait du doigt l'autorité de ses aînés. Les gens de son clan avaient voulu forcer encore la nature au détriment de la volonté de l'élève, une méthode qui, pour eux, avait sans doute fait leurs preuves. Pour Yuriko, cela avait tendance à l'irriter et lui donnait presque raison étant donné la situation.

" Garde ton sang-froid, Nikkou-san. T'accabler maintenant ne nous servira malheureusement pas. "

La jeune femme n'eut pas le temps d'accorder trop d'attention à son jeune ami qu'elle s'évertuait déjà à se pencher sur le cas du second clanique. Alors qu'il était pris de soubresaut, elle tenta de maintenir quelques instants les épaules de ce dernier plaquer contre le canapé. Il fallait essayer de le maintenir le plus immobiliser possible. Une fois la crise passée, elle enchaina avec une technique basique d'iroujutsu afin de connaître l'état général de son patient imprévu, mais elle tendait toujours l'oreille à son ancien élève. Assise à genoux près du corps immobile, elle plaqua ses mains au-dessus de ce dernier pendant qu'un halo vert lumineux illumina ses mains.

" Tu as dis avoir utilisé un Genjutsu, n'est-ce pas? Peux-tu me dire lequel? Son niveau de puissance? "

La jeune femme avait besoin du maximum d'informations afin de pouvoir faire un diagnostic précis. Toutefois, bien qu'elle parut aussi sereine que concentrée, la vérité était que peut-être le cas serait plus grave que prévu. Le problème avec les gentjustu étaient que cela touchait à l'âme et ce type de blessure n'était pas si évidente à soigner, et certainement pas avec sa pratique de la médecine. S'il avait perdu un membre ou bien toutes blessures importantes, elle lui aurait assuré en une façon d'être en capacité de le guérir. Mais ici, elle ne prit en aucun cas le risque de lui en faire la promesse.

Concernant les arts Uchiha, ces derniers étaient si bien gardés que même Yuriko, malgré les cas soignés, ne tenaient ces connaissances que de ce qu'elle avait pu exploité auprès de ses malades. Il n'existait pas d'ouvrages ou de solutions miracles, autre que l'acharnement de la jeune femme à vouloir comprendre par ses propres moyens. Mais elle savait qu'elle possédait la confiance de Nikkou, car le lien médecin-patient, et même maître-élève, avait renforcé leurs liens, au delà de la distinction de clan.

Le commentaire de sa senseï d’une autre vie eut l’effet d’une douche d’eau glacée sur Nikkou, le ramenant à la réalité et à l’urgence pour laquelle il s’était résigné à venir en ces lieux en pleine nuit. Il était la source de cette urgence et il lui revenait donc le fardeau d’en venir à bout. La sollicitation de l’aide de Yuriko-sensei ne pouvait pas l’excuser de ses devoirs envers son cousin qu’il avait ainsi maltraité.

« Tu as raison, Yuriko-san.  »

Le jeune shinobi s’était empressé de répondre et de reprendre son sang froid, son regard reprenant la dureté habituelle forgée par les années passées en mission à risquer sa vie et celle de ses camarades. Il n’était cependant pas habitué à devoir oeuvrer dans un tel calme, sans l’adrénaline et ses propres instincts de survie sollicités. Le Chûnin découvrait un nouveau respect pour le travail des Eisei-Nin et leur calme intransigeant alors qu’ils jouaient avec la vie et la mort.

« Il s’agit d’un Genjutsu propre au Clan Uchiha… »

Un instant, le ténébreux hésita à poursuivre. Le Clan Uchiha était fier de la puissance de son Kekkei Genkai et gardait jalousement le secret de leurs techniques, refusant jusqu’à dévoiler les véritables capacités de leurs pupilles démoniaques. Même à Konoha, certains pensaient qu’il s’agissait d’un Dojutsu défiant la trame temporelle pour voir le futur. D’autres croyaient qu’il s’agissait d’un oeil capable de percer le plus dur des espritset lui imposer sa volonté. Et sans être complètement faux, les Uchiha refusaient de confirmer ou infirmer ces prétentions, préférant conserver une part de mystère dans leurs capacités.

Et Nikkou, en bon Uchiha, n’avait jusqu’alors jamais révélé les capacités du Sharingan à autrui et par réflexe, il s’était arrêté dans sa lancée alors que son devoir envers son clan lui était revenu. Le Conseil aurait certainement préféré laisser périr l’un des siens plutôt que de divulguer d’importants renseignements à une non-clanique. Le regard du shinobi se faisant plus dur, animé par le feu de sa détermination à sauver l’un de ses pairs, il chassa de son esprit les doctrines martiales de son clan au profit de ses propres idéaux. Et afin de montrer son appui à la Kunoichi, Nikkou se plaça de l’autre côté du corps de sa victime pris de soubresauts, confrontant l’atrocité des conséquences de ses propres agissements.

« Magen Utaka. L’illusion démoniaque éphémère. Il s’agit d’une technique de genjutsu de Rang B accessible à ceux qui ont développé le troisième tomoe, qui permet de contrôler ce que voit la victime. J’ai créé une vision démoniaque, jouant sur la phobie de Mugen: les araignées. »

C’était la première fois que Nikkou prononçait à vive voix l’horrible réalité des armes qu’il utilisait en combat. Ce n’est qu’ainsi prononcé qu’il prenait conscience de toute la perversité et l’atrocité de l’art des Uchiha. Un art sanglant visant à détruire le corps et l’esprit de leurs victimes. Mais il devait s’agir-là du lot de tous les shinobis…à son grand désarroi.

« Mais le Conseil m’a demandé de renforcer la technique et d’ajouter une couche d’illusions. L'équivalent d'une technique de Rang A. Alors si son Sharingan lui a permis de percer la première illusion, il tombe tout de même dans la seconde…un monde où il n’est qu’un civil fou attaché dans un hôpital, où on ridiculise ses prétentions d’être un Uchiha.»

Depuis l’éveil de son troisième tomoe, les capacités de Nikkou en Genjutsu avaient pris une nouvelle tournure, renforçant l’emprise de ses techniques et la cruauté de ses illusions. Le Clan avait été intrigué par le fait qu’il avait lancé sur lui-même ce Genjutsu, amenant son esprit presque à se rompre sous les différentes couches d’illusions qu’il n’avait pas réussi à briser par lui-même.

La panique était le fléau de ceux qui devaient agir dans l'urgence. Lorsque tout était une question de vie et de mort, il fallait être capable de sang-froid pour agir comme il le fallait au bon moment. Une mauvaise décision, un geste imprécis, et tout votre travail pouvait tomber à l'eau. S'il existait un grand nombre de spécialisation dans le corps shinobi, ceux qui pratiquaient les techniques de soin avaient cet avantage. Être calme. C'était une nécessité. Il fallait aussi être capable de faire confiance à son entourage pour les protéger dans le feu de l'action, surtout lorsque l'on devait sauver une vie en terrain miné. Mais la jeune femme ne pouvait en tenir rigueur au jeune Uchiha, il se sentait coupable. En temps normal, elle lui aurait demandé de l'attendre dans une autre pièce pour lui permettre de se concentrer mais elle avait besoin de lui pour saisir au mieux ce à quoi elle avait à faire.

" Mmm... je vois... une technique propre à ton clan. "

Yuriko fronça les sourcils alors qu'elle réfléchissait. Autant les techniques claniques pouvaient se révéler formidable en combat de part leur pluralité mais cela était une véritable plaie pour les médecins qui ne pouvaient être dans les secrets de leur utilisation. C'était pour cette raison que la plupart des claniques possédaient leurs médecins attitrés afin de protéger leurs connaissances. La konohajin savait qu'elle demandait beaucoup à son ancien élève en réclamant plus de détails, mais c'était à lui de considérer si la vie de son cousin valait plus.

Ce fut avec beaucoup d'attention que la jeune femme écoutait et s'abstint de tout commentaire sur la cruauté de ce qui semblait être à l'origine qu'un entrainement. Ce qu'elle pensait des Uchiha? Un peu de mal mais pas uniquement. Elle admirait leur force parce qu'ils étaient puissants, ils étaient même des combattants exemplaires mais... ils avaient une image d'eux-mêmes un peu trop imbu qui leurs faisaient oublier les raisons pour lesquelles ils menaient leur combat, les raisons qui avaient fait qu'ils avaient rejoint un village. Quant à leurs méthodes, bien qu'ils se vanteraient à prétendre qu'elles étaient efficaces pour faire d'eux de grands soldats, Yuriko les trouvaient inutilement inhumaines.

" Et bien... j'espère à ne jamais devoir être ton ennemi, Nikkou-san. "

La konohajin finit par abandonner la médecine traditionnelle. C'était inutile et elle gaspillait son énergie pour rien si tout n'était qu'esprit. Bien qu'elle comprit que le niveau de la technique de genjutsu était élevée, elle n'allait pas baisser les bras pour autant et mettrait son ancien élève à contribution.

" Bien... tes maîtres t'ont bien appris le mal mais visiblement pas la solution. Toutefois, tu pourras compter sur moi. Je vais t'enseigner la manière de procéder si cela devait se reproduire. Approche-toi, viens à côté de moi. "

Yuriko lui fit un petit signe de tête afin qu'il la rejoignit aux côtés de son cousin.

" L'illusion que tu as utilisé est forte, assez pour que ton ami ne se soit pas rendu compte du subterfuges ou bien que son esprit ne soit pas assez fort pour lutter. Toutefois, nous pouvons faire en sorte de perturber l'illusion et le ramener. Nous allons utiliser une technique de dissipation assez classique mais nous allons devoir infuser assez de chakra pour briser ce qu'il voit. "

La jeune femme se tourna vers son ancien élève et posa sa main bienveillante sur son épaule, comme pour le rassurer mais aussi simplement le motiver à ne pas baisser les bras.

" Bien. Maintenant je vais t'apprendre à comment procéder. Pose tes mains en contact avec ton ami et concentre-toi. "

Yuriko lui montra comment faire avant de lui laisser la place.

" Notre but va être de perturber son flux de chakra et pour cela, il faut que tu influes le tiens assez brutalement. Il te faut concentrer ton énergie, la maintenir condensée et ensuite, tout relâcher d'un coup. Comme une décharge électrique. "

La jeune femme n'était pas certaine que cela pouvait fonctionner avec un genjutsu de ce niveau, mais cela pourrait peut-être faire réagir la pauvre âme qui était coincée dans son rêve maudit.

Technique à enseigner:

La honte le couvrait comme une substance poisseuse, l’étrange sensation d’être sale ou impur. Une impression de malaise dont il n’arrivait pas à se libérer qui lui collait à la peau et qui le restreignait dans ses mouvements et pensées. Le sentiment d’avoir mal agit, d’avoir abusé de ses talents et de l’art de son clan. Le terrible constat de réaliser qu’il était devenu à leur image, représentant l’idéal adulé par les membres de son clan selon lequel les plus forts avaient tous les droits et que les plus faibles méritaient leur destin.

Et si Nikkou se sentait coupable d’avoir violé l’esprit de son cousin, la honte de l’avouer à la femme qui l’avait prévenu contre les aléas de cet idéal était encore bien pire. Femme cousue d’élégance et de pragmatisme, la Kunoichi ne lui imposa aucun jugement ou reproche, le laissant lui-même en venir à de telles conclusions. Il attendait pourtant déjà son propre châtiment. Le Chûnin affrontait avec humilité le regard analytique de sa senseï d’autrefois, et acceptant que ses actes d'aujourd'hui avait sûrement enlaidit le souvenir qu’elle avait de son élève qu'elle avait essayé de sauver de la perdition.

« Jamais je ne vous affronterais Yuriko-senseï…et plus jamais je n’utiliserai un tel jutsu sur un autre Konoha-Jin. »

Sans être un mensonge, Nikkou conservait le goût âpre de la demi-vérité. Jamais...pas à moins que la protection des siens ne l’y oblige. Il n’avait certes aucun désir de faire du mal ou de montrer sa supériorité à autrui. Mais il n'aurait pas de scrupule à utiliser toutes les armes à sa portée, si nécessaire. Les actions du jeune shinobi n’étaient guidées que par son seul désir d’obtenir la puissance nécessaire pour protéger les siens et éviter toute autre fatalité. Il la protégerait elle avant entre tous et il répugnait à l’idée même de l’affronter à l’extérieur d’un combat amical.

En enseignante avisée, Yuriko trouva les mots nécessaires pour extirper Nikkou de sa torpeur et lui permettre enfin de se repentir pour ce mal qu’il avait proféré. Selon les dires de la Kunoichi, il existait bien un moyen d’enrayer le mal qu’il avait causé. D'une attitude résolue, l'apprenti s’approcha de l’Eisei-Nin auprès du corps sans vie  aux traits trop similaires aux siens. Le chûnin écouta alors sans broncher les explications de sa mentor.

La technique de dissipation de Genjutsu était bien connue de plusieurs jeunes Ninja, mais elle était chose peu commune dans le clan Uchiha. Les membres du clan capables de détecter et d’annuler les illusions ou, encore pire, de les retourner, la technique perdait donc de son intérêt pour plusieurs…à moins comme en l’instance où on voulait aider un allié semblait-il. Rien de bien étrange à ce que le Clan Uchiha n’encourage pas l’enseignement d’une technique ayant une fin si altruiste. Les forts pouvaient survivre d'eux-mêmes, et on avait que peu de considération pour ceux qui ne pouvaient pas.

« Je comprends. Puisqu’il ne peut lui-même détecter l’illusion, nous allons devoir perturber le flux du chakra à sa place. »

Élève discipliné, le Shinobi exécuta sans autre questionnement les enseignements de Yuriko et posa ses mains sur le corps de son cousin. La peau du jeune homme était brûlante, contraste saisissant avec cette nuit fraîche qui avait glacé les sangs de Nikkou. Visiblement, le corps du pauvre Tetsuo luttait de toute ses forces contre l’illusion démoniaque, sans grand succès cependant.

Le contact physique avec la victime de ses propres horreurs secoua un instant la concentration du Maître des Ours. Il était la seule et unique raison de cet épisode traumatique. Il pouvait bien jouer au soigneur après-coup, il n'en demeurait pas moins le bourreau. L’esprit occupé par ses constats peu reluisants, Nikkou absorba avec difficulté les propos de la Kunoichi, mais suffisamment pour lui permettre d’essayer de réparer le mal qu’il avait fait.

L’Uchiha à la cicatrice ferma ses yeux pour concentrer ses efforts et focuser son attention sur son énergie intérieure. Pour faciliter l’opération, il visualisa son chakra sous la forme d’une flamme qu’il laissa peu à peu perdre en intensité, jusqu’à s’éteindre complètement dans la nuit noire de son être. Il prit alors une profonde respiration, profitant de cet état de neutralité où le Chakra se reposait pour une fois non-sollicités. Et d’un coup, le Ninja réalimenta la flamme mystique à l’aide de son énergie spirituelle, laissant exploser de son corps le Chakra dans une brusque déflagration.

Aussitôt, Nikkou ouvrit les yeux et posa son regard sur le corps sous ses doigts, cherchant vainement le regard animé de Tetsuo ou quelque signe de vie. Rien. Les yeux toujours clos, il était toujours inconscient et les soubresauts avaient repris de plus belle.

« Ça n’a pas fonctionné...montrez-moi encore une fois Yuriko-sensai! »

Le jeune shinobi s’était prononcé avec une ferveur renouvelée, refusant avec obstination l’échec et oubliant du même coup ses peurs et ses remords. L'élève fixait désormais la Eisei-nin d’un regard carmin familier où baignait trois virgules acérées. La maîtrise du jutsu était assurée avec l’aide du Sharingan.

Récapitulatif combat:

   

Alors que la jeune femme s’affairerait à aider le jeune Uchiha qui était étendu dans son salon, son regard se tourna légèrement vers son ancien élève qu'elle sentit accabler par le reproche. Il s'en voulait, c'était évident. Pourtant, mieux que nul autre la kunoichi savait que Nikkou était un homme bien, qu'il n'avait nulle intention de faire du mal à son cousin. Toutefois, la pression du nom qu'il portait l'avait poussé à commettre l'irréparable. Quand bien même, ensemble, il parviendrait à aider cette pauvre âme perdue dans les limbes de ces cauchemars, ce dernier n'en reviendrait sans doute pas totalement indemne. Le prix pour être un shinobi. Le prix pour être un Uchiha. Malgré la situation, un très léger sourire apparut au coin des lèvres de Yuriko.

" Je l'espère bien, Nikkou-san. Il me serait désagréable de devoir botter l'arrière-train de l'un de mes anciens élèves. "

Mais elle n'y manquerait pas si cela avait été nécessaire. Yuriko possédait le sens du devoir, même si parfois cela entrait en contradiction avec certaines de ses valeurs. Là aussi, il s'agissait d'un fardeau à porter pour tout individu qui entrait à l'académie ninja. Il fallait savoir dépasser certaines barrières morales. D'ailleurs, cela était sans nul doute l'un des principaux enseignements du clan Uchiha. Devenir le plus puissant qu'importait le prix, qu'importait la nécessité. Résultat? Nikkou avait peut-être irrémédiablement affecté son cousin.

Quoiqu'il en fut, parmi les jeunes gens qui furent sous sa coupe, le lien qu'elle avait tissé avec Nikkou était profond puisqu'il remontait à l'une des plus profondes blessures du jeune homme. Avec le temps, ils avaient fini par s'apprécier et se respecter mutuellement jusqu'au jour où ce dernier fut désigné pour devenir l'un de ses étudiants. Comme une bonne partie des shinobis de son clan, il s'était montré talentueux, discipliné et très à l'écoute. Il ne l'avait jamais déçu et elle n'avait jamais eu à devoir le réprimander pour quoique se soit. Bref, il fut un étudiant idéal en bien des points. Elle ne s'inquiéta donc pas en ce qui concernant l'apprentissage du Kai.

Dans la foulée, Yuriko expliqua les grandes lignes de la fameuse technique briseuse d'illusion. Si le principe était simple dans l'explication, la mettre en pratique n'était pas toujours si commune. Ainsi, Nikkou s'y tenta au vue des remarques de son ancienne sensei qui l'observa avec attention. Parfois, cette dernière regrettait de ne pas avoir la "vue" si pointue de son frère car la sensorialité lui serait fortement utile dans pareil instant. Mais il ne fallait pas négliger l'expérience d'une praticienne aguerrie.

" Bien entendu. Je pense que le problème vient du fait que ton chakra a été envoyé de manière trop grossière, mais tu vas vite comprendre ce que je veux dire... Observe. "

A ces paroles, alors que le jeune homme activa son dojutsu pour copier la technique, Yuriko posa ses mains sur l'Uchiha. Une main sur la poitrine, une main sur le front. Là, elle se concentra pour canaliser une certaine dose d'énergie et la relâcha d'un seul coup. Son patient eut un soubresaut et laissa même échapper un petit gémissement pour la première fois. Une partie du but était atteint mais l'illusion semblait bien plus profonde dans l'esprit du jeune homme.

" Mmmm... Il va falloir relâcher une dose de chakra plus importante que celle que je viens d'envoyer. T'en sens-tu capable Nikkou-san? "

La vérité? Yuriko avait volontairement jaugé son énergie en dessous de l'échelle nécessaire. La raison était simple : il fallait que ce soit Nikkou lui-même qui répara son erreur sinon ce dernier se sentira toujours coupable de ne rien n'avoir pu faire. S'il parvenait à réparer de lui-même le mal qui avait été fait, il se pardonnerait un peu à lui-même. Du moins, elle l'espérait...

Technique à enseigner:

La technique était simple, mais l’esprit du jeune Uchiha encore fébrile. Le souvenir du corps qui grelottait sous ses mains. Le désagréable poids de ce corps qu’il avait apporté jusqu’ici qui ne semblait pas se décharger de ses épaules. Et ce désarroi d’être devenu à l’image d’un clan qu’il avait tant répudié pendant des années.

Par le passé, il avait été victime des enseignements barbares de son clan, soumis aux effroyables techniques de ce clan aux origines démoniques. Et aujourd’hui, il s’était vu devenir le tortionnaire du reflet d’un passé qu’il avait semble-t-il oublié au profit de quelques promesses de puissance. Et il n’était pas question qu’il oublie celui qu’il l’était. Heureusement, il pouvait compter sur la présence de Yuriko-Senseï pour lui rappeler qui était-il.

Le cœur enhardi, Nikkou observait les gestes de sa mentor de ses pupilles écarlates. Les mêmes pupilles qui avaient causé les terreurs du pauvre Tetsuo. Mais il avait le devoir d’apprendre cette technique et de sauver son cousin. Et le Sharingan serait la façon d’y parvenir et le symbole de son absolution. De l’arme ultime du clan Uchiha, il ferait un outil au service d’autrui.

La technique était simple. Et encore plus avec l’aide du Dojutsu, lui laissant percevoir le Chakra. Rien d’équivalent aux talents des Hyûga en la matière, mais une simple impression des flux de Chakra et de ses allez-et-vas. Le Maître des Ours pu entrevoir les courants de Chakra diminuer, pratiquement s’arrêter avant d’exploser dans une déferlante de Chakra envahissant le corps de son plus jeune cousin. Le Sharingan pu même déceler une vague auréole sombre de Chakra se rompre autour de ce dernier. Visiblement, une couche d’illusion était tombée. Et la prochaine était sienne.

« Sans faute, Yuriko-san. Je lui donnerai tout mon chakra s’il le faut. »

En contraste avec sa gêne précédente, Nikkou posa ses deux mains avec fermeté sur le corps d’Uchiha Tetsuo. Une main sur la poitrine, une sur le front. Peut-être que l’emplacement n’avait que peu d’importance, mais le Chûnin avait besoin de savoir qu’il pourrait ainsi libérer son esprit et guérir son cœur. Alors, enfin positionné, écartant la culpabilité ou la honte qui avait été la cause de ses échecs, Nikkou ferma les yeux et procéda comme l’Eisei-Nin lui avait enseigné.

Doucement, il laissa son chakra s’éteindre, pratiquement jusqu’à l’inexistence, et d’une impulsion sèche il ralluma le feu de son chakra dans une déferlante qui envahie de son salut le corps de son patient, brisant d’un coup la deuxième couche d’illusion démoniaque dont il l’avait affligée. Aussitôt, Tetsuo reprit un souffle plus normal, son corps tendu se décrispa et il se laissa tomber dans un sommeil réparateur, sauvé par son propre bourreau. Et Nikkou de laisser échapper un soupir dans un soubressaut d’émotions.

« Merci Yuriko-senseï…je ne sais pas ce que je ferais sans vous encore aujourd’hui. Vous avez vraiment toujours été là quand j’en avais besoin. »

Et c’était peu dire. Elle avait été celle qui l’avait soigné alors qu’il était à l’article de la mort, sauvant par la même occasion les vestiges de son âme qui s’étaient étiolées au gré de ses pensées les plus noires. Par la suite, elle l’avait même pris sous son aile, malgré son retour dans les quartiers de son Clan et le début de son entraînement comme réel Uchiha. Leur relation d’équipe avait été brève, d’une part en raison de l’entraînement Uchiha qui avait requis sa complète attention, mais également car Nikkou souffrait trop désormais du travail d’équipe. Yuriko avait bien essayé de lui offrir une seconde famille, mais visiblement il n’était pas encore prêt à l’époque à dire au revoir au souvenir de celle qu’il avait perdue.

« Et comment vous ai-je remercié? En fuyant vos conseils et en me réfugiant dans les tares de mes ancêtres…vous ne méritiez pas un patient ou un élève aussi ingrat. »

Les mots avaient été prononcés avec une petite touche d’humour, un demi-sourire aux lèvres, et une demi-vérité ancrée dans son cœur.

Récapitulatif combat:

   

La technique du Kaï faisait partie de celle que l'on considérait comme une base ou tout du moins, était-elle enseignée comme telle à la plupart des shinobis. Toutefois, beaucoup préférait se concentrer sur des apprentissages qui leur semblaient plus... efficaces, plus tape-à-l’œil. De la même façon, il n'était pas rare que beaucoup avait une piètre image du genjutsu et imaginait qu'ils avaient un esprit assez fort pour déterminer la supercherie. Si tel était le cas, pourquoi perdre son temps à apprendre le Kaï? Cette vanité pouvait se révéler un véritable fléau parmi ses confrères et beaucoup oubliait l'intérêt de connaître ce que l'on appelait les essentiels. Cependant, Yuriko s'étonnait que son jeune ami n'en avait pas eu connaissance mais voilà réparation faite. Sans nul doute y avait-il là un orgueil typique des Uchiha dont était victime Nikkou de la part de ses enseignants claniques.

En tout cas, sous ses encouragements, la kunoichi laissa faire le jeune homme. Il se montrait soudainement plus assuré, plus déterminé dans ces gestes et plus convaincu. Ce fut avec une attention toute particulière qu'elle observa Nikkou libérer son cousin du mal qu'il lui avait infligé et cette réussite se nota assez rapidement lors que le pouls de ce dernier se calma. Naturellement, le médecin reprit le dessus et la main délicate de l'eisen-nin passa sur le front du jeune garçon avant de se porter à son poignet.

" Mmmm.... il semble retrouver son calme. Son cœur n'est plus agité et son souffle reprend un rythme normal. Son esprit a été libéré de son cauchemar mais je pense qu'il aurait besoin de repos... beaucoup... et un soutien plus... spirituel que physique. Ton cousin aura besoin de toi, Nikkou-san. "

Et par lui, elle le désignait réellement. La jeune femme n'avait guère confiance dans les anciens de son clan. Ils étaient tous trop teigneux, têtus et avaient une vision du monde si réactionnaire. Ils ne seraient d'aucun secours pour cette pauvre âme et ne l'aiderait pas à se relever. Véritablement soulagée, elle offrit un sourire compatissant à son apprenti d'un soir.

" Tu sais pertinemment que tu n'as pas à me remercier Nikkou-san. Je te l'ai dit lorsque tu étais mon élève et lorsque tu as pu t'émanciper. Je suis ta plus fidèle alliée et je serais là si tu as besoin d'aide. "

Le sourire de la kunoichi s'étira lorsque ce dernier mentionna son ingratitude. Elle se redressa et posa une main maternelle sur sa tête avant de se diriger vers sa cuisine pour remplir un verre d'eau. Là, elle le tendit à Nikkou.

" Oh tu sais, l'ingratitude est le lot quotidien d'un médecin. C'est bien pire dans la vie d'un shinobi. "

Un sourire s'élargit sur son visage.

" La seule chose que je te demanderais, c'est que ta vie sauvée ne soit pas gâchée. J'aimerais éviter à devoir te rafistoler. L'iroujutsu est peut-être l'un des seuls arts shinobis où nous sommes plus heureux lorsque nous ne le pratiquons pas. "

Peut-être pas chez tous les médecins cependant, mais Yuriko avait assez de recul pour à la fois désirer maîtriser le maximum de connaissance dans le domaine et paradoxalement espérer ne jamais y avoir recours pour sauver un proche.

Technique à enseigner:

L’opération terminée, le Chûnin se permit enfin de s’étendre dans le canapé à proximité du corps encore inconscient de son cousin. Rapidement, il passa ses deux mains sur son visage pour évacuer le stress accumulé dans cette soirée. Délicatement, il massa ses yeux clôt et ses tempes pour détendre les muscles tendus de son visage. Pour évacuer les mauvais souvenirs causés par ces pupilles maudites qui avaient défigurés son regard comme son âme.

Au moins savait-il qu’il aurait toujours une alliée dans les quartiers populaires de Konoha. L’épisode passé, Nikkou pouvait enfin s’oublier lui et sa misère dans l’antre accueillante de son ancienne mentor. Même s’il n’était jamais venu en personne chez la Jonin, savoir qu’il s’agissait de sa demeure le mettait immédiatement à l’aise. Pour un bref moment, il sentait qu’il pouvait laisser tomber son masque. Oublier qu’il était Uchiha. Faire comme s’il n’avait jamais passé ce pacte avec le Conseil pour atteindre la puissance tant désirée à l’époque. Et enfin…revenir à celui qu’il était.

« J’ai décidément de la chance de t’avoir dans ma vie Yuriko-san. Je ne sais pas ce que je serais devenu si tu n’avais pas été celle à mon chevet lors de mon retour de…tu sais quoi. » répondit le Uchiha d’un sourire reconnaissant en laissant un instant son regard se reposer dans la quiétude des yeux d’amandes de sa senseï.

Il laissa même échapper un petit rire à la blague de la Kunoichi. Le rôle d’Eisei-Nin était souvent ingrat. Vouer sa carrière à sauver les vies de ceux qui la mettaient constamment en danger devait être source de frustration et d’inquiétude infinie. Les shinobi n’étaient certainement pas des patients idéals.

« Oh ne t’inquiète pas pour moi…je ne suis plus le Genin que j’étais lorsque tu m’as soignée. Pas plus que le Ninja que tu as dû prendre sous ta tutelle et, avouons-le, as dû sauver à quelques reprises. Je suis disons plus coriace qu’avant. » laissa échapper d’un clin d’œil le Chûnin à sa senseï.

Il fut un temps où il se maudissait pour son impuissance. En raison de son sharingan tardif. Ou en raison du manque de protection qu’il pouvait fournir à ses alliés. Ou même pour son manque de polyvalence face à l’adversité. Force était de reconnaître qu’il n’était plus le débutant d’autrefois. L’un des rares à avoir su développer les prouesses visuelles à leur paroxysme. Considéré par plusieurs comme un Maître des tempêtes. Et l’un des premiers à avoir dompter la force sauvage de bêtes d’outre-lieux. Le souvenir de son impuissance était désormais lointaine, mais elle le hantait encore à ce jour.

Sur ce commentaire, le Uchiha se releva d'un petit grognement. La journée avait été longue. Le stress maintenant tombé, il sentait la fatigue accumulée et le poids de l'avenir lui retomber sur les épaules. La situation avait été sauvée à la dernière minute. Mais il savait qu'il n'était pas au bout de ses peines.

« Je dois ramener Tetsuo chez lui avant qu'il ne soit trop tard. Le Clan n'aimera pas savoir que je l'ai aidé à s'e sortir. » indiqua le Chûnin en reprenant la fardeau plus léger de sa conscience sur son dos. Le retour ne serait pas évident s'il voulait rester dissimulé. Mais il avait déjà décidé en venant en ces lieux qu'il accepterait les conséquences de ses actes.

« Pour la suite…j'essaierai de voir comment va-t-il demain. Jje doute de pouvoir l’aider vraiment. J’ai peut-être embrassé la voie Uchiha, mais les Uchiha me voient encore comme un paria. Et tu connais leur orgueil...Tetsuo ne voudra jamais de mon aide et me détestera d’autant plus après sa défaite » conclut-il amèrement en réponse à la demande de sa senseï avant de s'éclipser d'un sourire défait par la fenêtre. Il n'avait d'autre choix que de quitter le confort de ces lieux pour retourner dans l'antre des loups.