Même si Kyoshiro n'était pas homme à apprécier la routine, il devait bien avouer avoir gardé quelques petites habitudes au fil des années. Il visitait toujours les mêmes adresses pour se remplir l'estomac ou le foie, s'entraînait quasiment toujours au même endroit et, enfin, son rythme de vie était toujours réglé de la même manière lorsqu'il était coincé entre les murs de ce village. En revanche cela faisait depuis plusieurs semaines qu'un petit rituel lui était revenu en tête, un qu'il ne s'était pas autorisé à pratiquer par peur de renouer avec ses vieux démons mais, maintenant qu'un changement positif était en train de se produire dans sa vie, l'aveugle s'autorisa à y songer de nouveau. Si n'importe quel autre jour il se serait levé avant l'aube pour aller s'entraîner, pour aller dépenser ce trop-plein d'énergie qui était clairement sa marque de fabrique, l'aspect solennel de cette journée l'y empêcha. Au lieu de cela il enfila un pantalon noir et un t-shirt à la teinte bordereau, avant d'attraper une bouteille de saké étonnamment pleine et deux coupelles qui allaient avec. Oui, avez-vous souvent vu une bouteille pleine dans la demeure de cet alcoolique notoire ? Pas de mémoire d'homme, non, mais pour l'occasion il avait accepté de faire cet effort. Non, à dire vrai il ne buvait désormais plus autant qu'avant et surtout plus pour les mêmes raisons. C'était certainement pour le mieux.
D'un pas déterminé, le cœur bien plus léger qu'il ne l'était la dernière fois qu'il avait exercé ce rituel, Kyoshiro pénétra donc dans un quartier plus calme de la ville. Laissant ses pas le guider, seconde après seconde, il bifurqua jusqu'à pénétra dans une grande plaine dont il connaissait parfaitement l'utilité. Il semblait être le seul ici, ce qui n'avait rien d'étonnant mais il préférait que cela en soit ainsi : il marcha quelques pas de plus pour s'arrêter devant une stèle et prononcer :
« Salut, Tetsu'. »
Tetsuo – son ami tombé au combat – reposait juste devant lui. Combien de temps s'était écoulé sans qu'il ne pense à lui ? Trop longtemps et, si la dernière fois il s'était juré de ne plus y revenir, pour être honnête il avait toujours su qu'il ne pourrait tenir cette promesse. Pourquoi ? Parce que Tetsuo était ce qui se rapprochait le plus d'un frère, pour le Tadake, et même la mort ne pourrait briser ce lien. S'autorisant un petit sourire, alors que ses doigts caressaient la lame de son frère laissée ici lors de sa dernière visite, le shinobi s'assit devant la stèle avant de s'adresser à la stèle. Comme si Tetsuo était encore de ce monde.
« Tu ne m'en veux pas trop, hein ? Je sais que ça fait un moment que je ne suis pas venu. »
Fou ? Pas le moins du monde. Kyoshiro avait suffisamment de sang de son frère sur les mains pour savoir qu'il était bien mort, pour savoir qu'il ne reviendrait pas mais, comme le disait une expression, une personne ne mourrait réellement que lorsqu'elle était oublié. Cela n'arriverait pas avec ce valeureux shinobi. Il ne serait oublié par aucun des deux Tadake.
« J'ai tellement de choses à te raconter, mais avant ça...»
Sa vie avait changé, lui-même avait évolué plus qu'il ne l'aurait soupçonné mais, avant cela, il y avait un petit rituel auquel il ne souhaitait pas se soustraire. Souriant de nouveau à cette idée, Kyoshiro posa les deux coupelles sur la stèle de son camarade, avant d'y verser un peu du contenu de cette bouteille de saké froid. Reposant la bouteille, prenant une profonde inspiration pour laisser la sérénité du moment l'envahir, pour laisser quelques souvenirs l'envahir à nouveau, l'aveugle attrapa sa propre coupelle et la cogna contre l'autre. Il s'autorisa à lâcher sur un ton reflétant la joie de vieilles retrouvailles :
« Kanpaï, mon frère. »
C'était bon de le revoir, même s'il était de l'autre côté du voile.
Les pas du ténébreux Uchiha l’avait amené dans un quartier du village qu’il évitait à l’accoutumée, par peur d’affronter son passé mais également des démons qui pourraient s’éveiller et refuser de retourner ses tapir derrière le rythme de vie effrénée qu’il avait adopté. Pourtant ce ce matin grisâtre alors qu’il déambulait dans les ruelles les plus en retrait en quête d’un calme souvent absent de la grande ville, son esprit l’avait guidé vers le lieu de sépulture des Shinobi tombés au combat.
Il n’y avait certainement pas plus calme comme endroit, après tout, les morts ne répondaient que rarement aux appels de leurs connaissances, mais pour Nikkou, la pérennité des lieux cachaient un tumulte intérieur qui menaçait à tout moment de l’emporter. Alors qu’il circulait entre les tombes de pierres arborant les noms de quelques personnages connus, héros de légendes ou voisins aux noms familiers, le Shinobi à la tunique noire appréhendait la fin de l’allée vers laquelle ses pas le menaient sans qu’il n’ait son mot à dire.
Nostalgie ou convergence entre passé et futur, la duplication des tombes depuis cette année pouvait expliquer pourquoi subitement son subconscient l’avait guidé vers ses proches perdus depuis quelques années. La présence de nouvelles tombes datées de l’année en cours, qui serait connue dans le futur comme l’année de la Défense de Baransu. Ayant lui-même participé à la défense face au siège de Baransu, Nikkou avait été spectateur du carnage qui avait emporté de nombreux de Shinobi de sa patrie. Une réalité que ce Shinobi solitaire, refusant depuis des années d’opérer en équipe, avait depuis longtemps oublié, ou du moins s’efforçait d’oublier.
À la différence prêt que lors de cet événement, il avait été en mesure de protéger les siens. Armés des pouvoirs mystiques du Sharingan et des secrets du clan Uchiha, il avait su défendre les murs de Baransu et épargner par le fait même tant les citoyens que ses comparses, prenant l’ennemi de front pour lui opposer cette puissance qu’il avait cultivé des années durant en cas de telles urgences.
Soudainement, le claquement de ses sandales de bois s’arrêtèrent devant un large bloc de granit gravé de dizaines de kanji différents, au côté duquel brûlait deux flambeaux en commémoration à ces morts sans sépulture, mais aux noms jamais oubliés. Des années plus tôt, le corps de ses coéquipières avaient été pulvérisés par le souffle de la puissance d’une créature mystique, sans laisser suffisamment des corps pour qu’ils soient même retourner à Konoha. La vie de ces trois femmes d’exception, seule famille reconnue par Nikkou, s’étaient donc éteintes et il n’en restait plus que ces kanji gravés sur une pierre commune. Quelques noms parmi tant d’autres.
Figé pendant un instant alors qu’il fixe les kanji honnis, le Guerrier arborant le sigle de l’Éventail serre les poings en souvenir de cet instant fatidique où il n’avait rien pu contre la puissance fatidique qui s’était déversé sur ses comparses. Faible à l’époque, il n’avait protéger aucun des siens. Et aujourd’hui, arborant fièrement les trois tomes légendaires du Sharingan, il n’avait plus personne à protéger. Il avait protégé Baransu et ses habituants des infâmes meurtriers de Tetsu, mais avait échoué à protéger les siens lorsqu’il l’importait. Et cette tombe représentait cette impuissance qui l’avait caractérisé à l’époque. La source de cette vie maudite qu’il devait désormais affronter seul.
Perdu dans les sombres pensées de son passé envolé et de ses erreurs toujours marquées au fer rouge dans sa peau, Nikkou ne retrouva pied dans la réalité que pour entendre la célèbre phrase des célébrations. Kampaï. Une voix connue, plus claire que dans les souvenirs ouates qu’il entretenait, s’était fait plus forte et réjouie. Coup vil porté à l’aira tortueuse que s’imposait le Uchiha en ce jour du souvenir.
« Il ne vous répondra pas. Il ne célébrera pas avec vous. Il est à jamais perdu. Comme tous ceux ici. Et nous ne pouvons que nous maudire pour les avoir laisser partir. commenta avec aigreur le shinobi aux cheveux de jais, son ton perçant n’ayant que pour seul objet d’apporter la misère et la détresse à ceux qui osaient se proclamer de quelques bonheurs dans cette vie aux sombres teintes.
Chaque personne en ce monde finissait tôt ou tard pour connaître la froide caresse de la mort et le vide qui suivait son passage mais, en raison de leur mode de vie des plus risqués, personne d'autre ne connaissait cette caresse mieux que ces guerriers de l'ombre, ces assassins qui mettaient continuellement leur vie en jeu. Ces guerriers n'étaient pourtant pas invincible, pas pour autant immunisés aux aléas de la vie et au désespoir qui accompagnait la mort, ils apprenaient simplement plus sèchement que les autres à en accepter la fatalité afin de ne pas se laisser écraser plus bas que terre. Il serait aisé pour eux de se laisser aller au désespoir, de laisser chaque mort arracher une partie de leur âme jusqu'à ce que plus rien ne subsiste, mais si eux ne relevaient pas la tête alors qui le ferait ? Si ces parangons du devoir se laissaient aller à leurs états d'âme, alors qui resterait pour se battre ? Kyoshiro avait goûté à la froide caresse de la faucheuse à un niveau très personnel, en plusieurs occasions d'ailleurs mais, plutôt que de courber l'échine, il s'était relevé en acceptant ces morts comme autant de leçons à ne pas répéter et, désormais, des années plus tard, il venait converser avec ses vieux amis le plus naturellement du monde. Après tout son camarade, son ami, son frère ne vivait-il pas toujours dans son cœur et celui de sa sœur ? Son sourire et sa voix n'étaient-ils pas intacts, quelque part dans le cœur de l'aveugle ? Son corps n'était plus de ce monde mais son esprit demeurait et c'était bien tout ce qui comptait, c'était bien ce qui justifiait la présence du Tadake, ici...jusqu'à ce qu'on ne vienne le déranger en tout cas.
En d'autres circonstances le senseur aurait repéré le curieux bien plus tôt que cela mais, dans un lieu comme celui-ci, il avait décidé de baisser sa garde pour profiter du moment. Il lui fallut quelques instants pour comprendre que ces sombres mots lui étaient adressés et, si d'autres auraient laissé ce défaitisme les autres, Kyoshiro, fidèle à lui-même, se contenta de s'esclaffer tout en avalant le contenu de sa coupelle.
« J'en connais un qui s'est levé du bon pied. Pète un coup, ça ira mieux ! »
Ils étaient tous semblables, ces jeunes qui découvraient les affres du trépas et laissaient la vie les mettre plus bas que terre, c'en était presque hilarant de les voir essayer de diffuser leur malheur tout autour d'eux : celui-ci était bien mal tombé avec Kyoshiro le solaire. Ce dernier avait trop souffert, trop crié et trop pleuré pour que de telles choses ne l'atteignent. Désormais ? Sa réponse était d'une simplicité troublante.
« Par contre, si ton but c'est de me démoraliser : c'est peine perdue. Je suis de trop bonne humeur, pour ça. »
Il n'y avait bien que lui pour être de bon humeur dans un cimetière ? Peut-être bien oui, mais le Tadake en avait eu assez de noyer son chagrin et sa culpabilité dans autant de femmes que de bouteilles. Il avait décidé d'accepter ce qu'il ne pouvait changer, d'accepter que tout n'était pas toujours de sa faute et, si le sang de son ami était sur ses mains, ce dernier aurait voulu qu'il continue de vivre comme avant. N'était-ce pas là, la marque d'une véritable amitié ? La marque d'un lien qui transcendant les barrières de la vie et de la non-vie ?
Se rappelant des précieux conseils de son ami, du temps où il foulait encore cette terre, Kyo s'autorisa un autre franc sourire, ne quittant pas la stèle du regard, tout en ajoutant en guise de conclusion limpide :
« J'ai fait la paix avec sa mort, depuis bien longtemps. Aujourd'hui je suis ici pour célébrer sa vie, alors, si ça ne te fait rien, je t'invite à retourner broyer du noir dans ton coin. »
L'aveugle n'était pas du genre à repousser les autres, certes, mais il ne laisserait personne venir gâcher ce précieux moment par une ridicule fatalité, l'une de celles qui n'avaient pas leur place dans ce monde. Un jour cet homme finirait par faire son deuil mais c'était à lui de le faire, à lui, à personne d'autre et le senseur ne l'aiderait certainement pas là-dedans. Pourquoi ? Parce qu'il l'avait appris à la dure et s'en était sorti grandi, alors si lui pouvait y arriver pourquoi en serait-ce différent pour les autres ?
Espérant que le trouble-fête du jour se serai écarté ou muré dans un silence de circonstances, l'aveugle reprit donc sa conversation avec son ami d'outre-tombe.
La désinvolture dont se parait le Shinobi aveugle était peu à propos pour la solennité des lieux aux yeux du ténébreux Uchiha, de retour depuis peu du massacre de Baransu. Agressé par ce ton cavalier utilisé pour s’adresser aux endeuillés venus payer leur respect à leurs proches disparus, le Chûnin serra les dents pour s’efforcer de ne pas laisser le tumulte de ses émotions emporter les dernières brides de sa sérénité.
« De bonne humeur? Entouré des morts de nos frères et soeurs d’arme tombés au combat? Ce lieu n’est certainement pas un lieu de célébration! » s’emporta-t-il, haussant légèrement le ton malgré lui alors que le flux de ses sentiments réprimés reprenaient le dessus.
Le souvenir des célébrations qui l’avaient accueillies à Konoha à son retour de la guerre juxtaposée aux horreurs qu’il avait vu lors du Festival d’Ombre et de Lumière mençait de l’emporter dans une folie dans laquelle trop de Shinobi avaient sombré. L’âme trop bonne pour le métier de Shinobi avait été corrompue par la mort de ses proches et l’assassinat de ses cibles par la suite. Mais maintenant, c’est l’esprit qui menaçait de briser, écrasé par la machine impériale de la guerre.
Le visage de son interlocuteur au loin, el cimetière lui-même perdait de sa réalité, prenant des allures de champs de bataille. Les marchés baignés du sang des civils. Les corps calcinés des soldats qu’il avait lui-même abattu. Et le cadavre ensanglanté de son frère d’arme qu’il avait transporté jusqu’au sommet de la muraille de Baransu. La vie s’effaçait derrière la mort et la vision étriquée du ténébreux Uchiha, devenait un simple paysage à la merci de la volée de ses émotions. La clef du pouvoir des Uchiha.
La tension éclata alors d’un coup lorsqu’un éclair déchira le ciel pour révéler deux pupilles écarlates. La coupelle tenue par le Shinobi aveugle éclata en morceau au même moment où le tonnerre retentit, un kunai effilé se figeant immédiatement dans la terre alcaline. L’orage qui planait sur Konoha était prêt à éclater.
« Les lieux de sépulture sont pour ceux venus pleurer leur mort. S’il y en a un qui détonne avec les lieux je crois qu’il est clair que c’est vous. » grogna le Chûnin, peinant à maintenir les élans de sa colère imméritée.
Récapitulatif combat:
Santé : 100% Chakra : 90% Statistique : Force C, Vitesse A, Intelligence A, Constitution C, Chakra A.
Résumé : Nikkou continue d'interroger Masataka, le Sharingan empêchant toute tentative de mensonge de la part de ce dernier et le forçant à répondre.
Technique déjà activée :
SHARINGAN AVEC TROIS TOMOE
DOMAINE :
Dojutsu, Kekkei Genkai
RANG :
A
PORTÉE :
Grande
CHAMP D'ACTION :
Personnel
DESCRIPTION :
Il s’agit de la dernière forme de du Sharingan, la plus puissante. Elle possède trois tomoe. Elle permet au ninja de prévoir l'image du prochain déplacement d'un attaquant et de la moindre tension musculaire dans son corps. L'utilisateur peut désormais esquiver les techniques physiques de rang D et les attaques non-techniques comme si sa Vitesse était supérieure de 3 rangs.
Cela empêche également tout mouvement inutile et permet au membre du clan Uchiha de conserver le chakra nécessaire dans la bataille: ses techniques de Taijutsu/Kenjutsu/Bukijutsu/Shurikenjutsu consomment moins de chakra (considérez leur consommation de chakra comme étant plus basse d'une catégorie, jusqu'à un minimum d'infime) et deviennent plus difficile à esquiver (si elles l'étaient déjà, elles deviennent carrément inesquivables sans technique). Il leur permet aussi de synchroniser leur mouvement pour frapper et d'attaquer leur adversaire plus efficacement. Les attaques normales de l'utilisateur sont désormais considérées comme des techniques de rang D.
Elle permet également de contrer les Genjutsu de rang inférieur ou égal à celui de l'utilisateur et, dans les cas de ceux de rang inférieur uniquement, de les retourner contre leur lanceur si celui-ci ne possède pas le Sharingan. Renvoyer un genjutsu de cette manière consomme autant de chakra que si le personnage l'avait utilisé lui-même.
L'utilisateur peut aussi forcer l'ennemi (d'un rang inférieur ou égal au sien), en le regardant droit dans les yeux, à révéler des choses et à le forcer à répondre à toutes ses questions, sauf s'il dispose des Capacités Palais Mental ou Volonté Inébranlable. Le regard doit être maintenu pour chaque question posée. Enfin, l’utilisateur peut détecter les clones qui n’ont pas exactement la même signature de chakra que l’original (comme par exemple les clones issus de techniques de Ninjutsu Affinitaire). Au rang S et avec la Capacité Vue surdéveloppé ou en étant un Senseur, l’utilisateur peut détecter tout type de clone et systématiquement identifier l'original s'il se trouve parmi eux. L'utilisateur peut désormais copier tout type de techniques (à l'exception des limitations usuelles). Nécessite un Sharingan à 2 tomoe
CONDITIONS POUR COPIER LES TECHNIQUES :
Les limitations sont les mêmes que pour la copie à un seul tomoe.
CONDITIONS D'ACTIVATION :
Il faut être au moins rang B pour activer le troisième tomoe. Les conditions restent les mêmes que précédemment. Perdre un être cher, une grande bataille, une conviction de vouloir à tout prix gagner, bref un grand stress sentimental permet d’activer le troisième tomoe.
CONSOMMATION DE CHAKRA :
Moyenne (tous les 3 tours)
Technique utilisée :
Objets utilisés
Arsenal de base Kunaï Rang : D Quantité : 1 Prix : 100 ryô Description : : Il s'agit d'une petite arme blanche (de la longueur d'une main en moyenne), destinée à blesser au corps à corps, ou bien à servir d'arme de jet. Parfaitement équilibrée et aiguisée, il ne faut pas la sous-estimer. Très courante chez les ninjas, qu'ils soient novices ou très expérimentés. Cette dague est prisée par les assassins, les utilisateurs de Shurikenjutsu et ceux de Bukijutsu[Couteaux/Dagues]. Facile à dissimuler dans une manche ou une botte, on peut en outre y accrocher un parchemin explosif pour maximiser les dégâts lors d'un lancer. Une attache métallique à la fin du manche permet une saisie efficace ou un emploi dans des pièges.
Rares étaient les personnes à avoir compris l'aspect rude et injuste de la vie aussi tôt que le jeune aveugle, il s'en était mangé plein la figure dés son plus jeune âge et, quelque part, son enfance s'était terminée le jour où il avait compris que la lumière lui serait refusée à tout jamais. Il avait grandi vite, bien plus vite que les autres et avait donc appris rapidement à encaisser les coups et tourner la page, sans s'attarder sur les quelques obstacles que la vie pourrait lui jeter à la figure, mais apparemment ce n'était pas le cas de la jeune génération de shinobi qui le suivait. Si c'était le cas, alors pourquoi cet homme, juste à côté, s'insurgerait-il aussi violemment de voir un homme heureux dans un cimetière, plutôt qu'en train de pleurer toutes les larmes de son cœur ? Il devait sans doute être dans sa propre période de deuil, la colère n'étant que l'une des étapes du processus, mais il en fallait bien plus pour faire sortir le Tadake de ses gonds. Ce dernier en avait vu d'autres, avait enterré d'autres de ses camarades mais aucun n'avait été aussi proche de lui que celui qui gisait là, sous la stèle devant l'aveugle. Ce moment lui tenait donc à cœur mais, avant de pouvoir retourner à cet échange unilatéral, il allait devoir se débarrasser de ce curieux qui ne comprenait pas le principe de vie privée. Se drapant d'un sourire moqueur, ce fut sur un ton teinté de légèreté que Kyoshiro lança :
« Oh, pardon. J'ai confondu le cimetière avec un bar. Ce que je peux être maladroit, j'ai vraiment du mal à me repérer en ce moment ! »
Ce qui dérangeait le jeune homme n'était pas qu'on vienne l'approcher dans un cimetière, chacun à Konoha avait quelqu'un d'enterré ici, mais plutôt qu'on lui dise de quelle façon il était censé se comporter, lui pour qui la liberté avait toujours été si précieuse. Chaque personne avait sa propre façon de porter son deuil et, maintenant que Kyoshiro avait pleuré son compagnon pendant des années, n'avait-il pas le droit d'y trouver du réconfort, convaincu que son ami et frère d'armes était là, quelque part, à veiller sur lui ? Il aurait d'ailleurs repris son dialogue si l'inconnu, n'ayant pas eu la présence d'esprit de s'annoncer ou se présenter, ne s'était pas laissé emporter en détruisant la précieuse coupelle dans laquelle se trouvait du saké, quelques instants plus tôt. En d'autres circonstances Kyoshiro se serait levé et aurait laissé sa rage remporter la bataille, en briser le visage de ce curieux à coup de poings mais, fort heureusement, c'était sa coupelle et pas celle de son ami qui avait été brisée. Cela aurait pu être pire, non ? Voilà à quoi il se raccrocha, puisant dans le souvenir de son séjour dans la grotte pour se rappeler ce qu'il se passait lorsque sa rage explosait. Et il ne voulait pas cela, pas aujourd'hui, pas dans un lieu aussi sacré et précieux. Prenant quelques secondes pour respirer, de nouveau assis devant la stèle, ce fut avec un ton clair et dénué de toute ambiguïté que Kyoshiro répondit :
« Tu n'as pas une tombe à aller visiter, au lieu de m'emmerder ? Suis tes propres mots et va pleurer tes morts, ailleurs, avant que je te fasse bouffer tes dents. »
Une menace ? Pas du tout, le Tadake préférait faire bouffer les dents à quelqu'un plutôt que de l'avertir par quelques phrases acerbes, car la douleur était la meilleure des enseignantes selon lui. Non, il était de bonne humeur et préférait simplement, calmement, expliquait ce qu'il était prêt à faire si ce curieux ne lui foutait simplement pas la paix. Ne pas avoir la paix dans un cimetière, y avait-il seulement pire comble que cela ? Kyo n'était pas très protocolaire en général, pas du tout en fait, mais il respectait toujours le silence que méritait un endroit comme celui-ci. Ainsi, afin de clarifier son point de vue sur la situation, n'accordant pas à l'inconnu le moindre regard, il conclut par :
« J'ai suffisamment pleuré les morts comme ça, merci. Maintenant, si ça ne te fait rien, j'aimerai continuer de me recueillir sur la tombe de mon ami. Un peu de respect n'est pas trop demander, je pense. »
Certains pleuraient, d'autres espéraient que les défunts étaient dans un endroit meilleur que celui-ci, plus paisible : Kyoshiro était de ces derniers gens-là. Ayant enfin chassé la présence de cet inconnu troublé de sa conscience, le shinobi reporta son attention sur la stèle devant lui, avant de s'autoriser enfin quelques pensées à voix haute :
« Un jour de paix, c'est tout ce que je demande. »
Le ciel couvert de nuages noirs semblait sur le point d’éclater et de déverser ses tourments sur les habitants de Konoha, une nouvelle infortune à ajouter à cette vie de sang et de boue imposés aux Konoha-Jin. Il n’y avait pas de répit pour les shinobis. Leurs vies étaient dédiées au malheur, construites à même le corps de leurs camarades et de leurs ennemis tombés au combat.
Certains se nourrissaient de la cruauté de la vie shinobi et du sentiment de puissance qui revenait aux vainqueurs, nés pour oeuvrer de meurtres et de pertes. D’autres savaient s’épargner les sentiments les plus humains et exécuter leur travail sans un regard pour ceux que leur lame avait pourfendu. Et les autres qui étaient nés dans cette tyrannie du malheur sans autre choix que de servir de chair à canon pour le fonctionnement de ce monde de sang et de mort.
Et Nikkou de voir peu à peu son âme trop délicate être déchirée le cruel tranchant de cette vie. Les rêves et la sensibilité de ce Uchiha qui n’était pas né pour la guerre arrachés par la barbarie sauvage de son métier. La candeur de ses jours heureux écrasée par les pertes qui avaient forgé l’arme de guerre qu’il était devenu. Et son esprit au bord de la fracture, essayant en vain de concilier l’inconciliable. Un Ninja qui n’aurait pas dû en être un.
Entouré de ses démons et de ses propres complexes, incapable de les assimiler sans qu’il ne soit possible de les oublier, le jeune Chûnin déversait ses maux à la représentation de cette vie qu’il arborait mais haïssait. L’image de cet homme, un semblant de bonheur encore aux lèvres, assis sur la tombe de son camarade et capable d’apprécier encore la vie dans ce lieu de mort. Les propos moqueurs teintés d’un brin d’humour faisaient frissonner le tortueux éphèbe, de rancoeur ou d’envie, il n’aurait cependant su le dire.
« Pleurer mes morts? Ils sont tous nos morts! Ils sont morts pour nous et à cause de nous. Et au lieu de respecter leurs sacrifices, nous continuons dans la même voie qui a coûté leur vie et agissons comme si ce cycle était normal. Quelques larmes et nous continuons comme si de rien n’était… » La voix forte se brisa un instant, maudissant le fait qu’il était lui-même la source de cycle perpétuel. Il avait choisi d’embrasser la vie shinobi en échange du pouvoir nécessaire pour protéger les siens et éviter que ne se reproduise les événements malheureux qui avaient emporté les membres de son équipe. Mais ce faisant, il savait bien qu’il s’était engagé dans un dangereux chemin.
« La paix? Vous savez bien que c’est un mot honni pour notre genre… » maugréa-t-il après avoir capté les pensées volages de son importun interlocuteur transportés par les vents caractéristiques de la saison des pluies, pour enfin de se retourner et faire face arrière. Il n’y avait pas de raison de continuer à confronter cet homme. Comme tous les autres, et comme lui-même, il avait accepté la fatalité. La seule différence était qu’il avait réussi à trouvé une lueur de quiétude, si ce n’était de bonheur, dans ce monde de ténèbres. Mais alors qu’il s’apprêtait à s’éloigner, emportant ses démons avec lui, un rayon de soleil traversa la masse nuageuse, la lumière suspendue dans la brume ambiante lui laissant envisager quelques issues à cette fatalité qu’il déplorait. « Comment avez-vous fait pour passer au travers? On dirait que ça n’arrête pas… » murmura-t-il d’une voix plus tremblante, pratiquement incertaine, hésitant à demander un brin de sagesse à cet interlocuteur sur lequel il savait bien qu’il avait déverser sa hargne…un classique chez les Uchiha.
L'aveugle n'était pas le parfait modèle d'équilibre mental quand il s'agissait de gérer son deuil mais, de sa propre expérience, il savait qu'il n'y avait pas réellement de bonne façon de gérer un tel drame, car la mort d'un être arrachait arrachait toujours une partie de sa propre âme, pour ne plus jamais revenir. On lui avait parlé des différentes étapes du deuil, du déni de la réalité, de la colère, de la négociation mais lui était resté bloqué pendant des mois voire des années dans la pire partie de toutes : la dépression et la douleur. Il s'était terré chez lui pendant des jours et des semaines, écrasé par cette douleur vive empoisonnant ses veines et sans esprit sans penser pouvoir un jour s'en relever, une partie de lui-même aurait d'ailleurs voulu mourir avec son ami pour qu'on le libère enfin de cette souffrance intenable mais même cette libération lui fut refusée. Au lieu de cela il resta là, à errer sur cette terre comme une âme en peine, incapable de savoir quoi dire ou quoi faire pour arrêter de pleurer et de se maudire pour ce qu'il avait fait mais, au bout du compte, un beau matin, il avait été capable de mettre un pied devant l'autre et sortir de son lit. En d'autres circonstances il aurait aimé éviter de penser à cette période sa vie de nouveau, surtout en entendant cet autre shinobi s'offusquer de ses paroles, maudire l'aveugle pour avoir réussi à tourner la page alors qu'il en était lui-même incapable, mais que pouvait bien faire le Tadake ? Il ne réagit pas aux paroles de l'inconnu car il croyait en la nécessité d'une paix dans ce monde, mais était conscient qu'une telle paix n'existerait jamais aussi longtemps que le cœur des hommes possèderait les germes de la cupidité et l'avidité. Car c'était cette recherche de pouvoir et de richesses qui était la racine des conflits qui avaient balafré ce monde depuis des générations, aussi n'avait-il aucune parole réconfortante à donner aujourd'hui.
Mais alors qu'il allait reporter son attention sur la stèle devant lui, l'inconnu sembla lui tendre la main via quelques mots, à peine plus qu'un murmure, qui symbolisaient son envie de trouver un moyen de se sortir de cet enfer dans lequel il se trouvait. Que pouvait bien lui dire l'aveugle ? Qu'il s'était saoulé jusqu'à plus soif ? Qu'il avait été détruit et que cela lui avait pris une éternité pour se reconstruire ? Non, la seule explication qu'il pouvait lui donner fut transmises dans ses prochaines paroles.
« J'ai arrêté de lutter. »
En vérité il n'avait jamais essayé de lutter contre la douleur, il s'était laissé envahir par cette dernière pour le drainer de tout ce qu'il était, tout ce qu'il avait voulu devenir, tout ce qu'il espérait pour pouvoir recommencer à nouveau. Comme une page blanche toute fripée, il ne reprendrait jamais plus sa forme originelle mais allait apprendre à vivre avec ces cicatrices encore à vif. Il aurait pu rentrer dans les détails, expliquer le chemin de sa pensée depuis le jour où il avait ramené le corps sans vie de ses amis à sa famille mais, au lieu de cela, il se focaliser sur l'aspect le plus pénible du deuil.
« La douleur ne disparaît jamais vraiment, pas totalement en tout cas. Mais un matin...un matin cette douleur sera un peu moins insupportable que les autres jours, elle te paralysera un peu moins et ce sera le jour où tu pourras commencer à aller de l'avant. Pour certains cela prend quelques jours, quelques semaines ou bien plus : le tout est de se laisser du temps. »
Oh oui il se souvenait du jour où il put sortir de son lit, le jour où il arrêta de se noyer dans la bouteille, mais son interlocuteur allait devoir être patient pour que son propre jour vienne enfin. Faisant une petite pause, s'autorisant un sourire plus discret et doux, le Tadake ajouta ensuite :
« Tu ne peux pas lutter contre la douleur, tu ne peux pas la faire disparaître. Tu dois juste apprendre à vivre avec, à honorer la vie des être perdus en espérant qu'ils soient dans un meilleur endroit qu'ici. C'est ce que je pense en tout cas, et c'est ce qui me permet de me souvenir des bons moments plus que du jour où je l'ai perdu. »
Chaque endroit de cette ville lui rappelait son camarade perdu et, si avant cette idée semblait prête à lui arracher son âme, aujourd'hui elle l'emplissait d'une douce joie nostalgique. Oui, c'était sans doute cela le signe qu'il avait enfin tourné la page. Tournant son visage vers son interlocuteur, l'homme privé de lumière lui fit signe de venir s'assoir à côté de lui, avant de lui poser une simple question :
« Qui est-ce que tu as perdu récemment ? Ami, famille ? »
Le dos toujours tourné, le jeune Uchiha sentait peu à peu le brasier de sa colère s’essoufflé sous la bouffée de lucidité que la réaction de son interlocuteur lui avait apportée. L’ardeur des Dragons Uchiha avait menacé de briser les frêles barrières de sa psychée et de le laisser emporter par la folie maudite transmise de génération en génération. Incapable de composer avec les sentiments qui l’habitaient, le réflexe naturel du Chûnin avait été de donner libre cours à sa colère pour éviter d’être confronté à ses propres tourments Ce vide poisseux qui l’envahissait à la réminiscence de ses pairs tombés au combat et qu’il essayait en vain de combler de l’ardeur passionnée qu’on lui avait inculquée. Mais peut-être existait-il une autre option…
Encore ébranlé par la teneur de ses propres sentiments, le Chûnin refusait encore de montrer son visage au Jonin, sa tête se tournant pourtant d’elle même pour s’abreuver des conseils de son aîné. Un brin de sagesse offerte en sacrifice aux brasiers indécents de sa colère. Accepter l’inévitable et courber l’échine devant la fatalité du monde. Cesser une lutte perdue d’avance et taire cet appétit insatiable pour quelque réponse. L’injustice ne tarirait pas sous les élans de ses sentiments, peu importe qu’il maudisse ce monde ou qu’il hurle sa colère au premier étranger venu.
« Laisser le temps au temps…si seulement c’était si simple. Mais nous sommes les acteurs principaux d’un monde où un mort n’attend pas l’autre. » laissa-t-il glisser d’un ton certes moins acerbe, mais à l’amertume prononcée. Le cycle de la vie était certes éternel, mais il semblait accéléré dans le monde shinobi à un point tel que Nikkou ne pouvait plus le suivre. Les plaies ouvertes incapables de se refermer devant le rappel incessant de cette mort qui planait sur lui et les siens. Il ne pouvait réfuter les dires de son comparse. Il n’avait pas les armes nécessaires pour lutter contre la douleur qui l’assaillait. Ces armes n’existaient pas Au mieux peut-être existait-il quelques outils pour copper avec celle-ci.
D’un soupir d’acceptation, le ténébreux Uchiha se retourna pour faire marche arrière et faire quelques pas en direction du pauvre bougre sur lequel il avait déversé son fiel aujourd’hui. Par respect, notamment au vu du début de leurs échanges, il demeura tout de même à une certaine distance du concerné, mais il ne pouvait certainement pas évoquer le souvenir de ses morts à autrui de plus loin.
« Les membres de mon équipe…j’étais devenu Ninja pour eux et j'ai poursuivi dans cette voie encore pour eux. Mais depuis leur mort, je travaille seul. » répondit-il à la question du spectre à la chevelure argentée, la gorge serrée par les aveux de son pêché: avoir survécu à la mort de sa seule famille. Le regard porté au sol à l’évocation de ce douloureux souvenir, le Ninja releva cependant son regard sur les tombes les plus récentes ajoutées dans les dernières semaines.
« Mais Baransu m’a ramené en arrière. L’un de mes coéquipiers est mort en héros au milieu de ce massacre. » finit-il par ajouter alors que les larmes lui montaient aux yeux. Jamais au par avant n’avait-il été confronté aux affres de la guerre. Né aux abords de la fondation du Village de Konoha, il n’avait entendu que les histoires des membres de son clan sur l’époque sauvage où la vie courante était une guerre perpétuelle. L’invasion de Baransu ne lui avait donné qu’un bref retour à cette époque oubliée même de ses pairs.
« Je suis désolé d’avoir interrompu votre conversation. Qui était-il pour vous?. » s’excusa t-il d’un ton plus solennel, reconnaissant son erreur et espérant ne pas avoir gâché cette rencontre émotive.
Parler de ses propres émotions n'avait jamais été le fort de l'homme privé de lumière, sans doute parce qu'il avait enterré profondément ses démons pour aider les autres, jusqu'à en arriver à l'implosion, aussi ne savait-il pas vraiment par quel bout prendre cette conversation. Tous les deux en étaient à différentes étapes du deuil, mais aborderaient-ils ce processus de la même façon ? Pas nécessaire car si le Tadake avait surtout été marqué par la culpabilité, les propos de l'inconnu semblaient dépeindre une certaine fatalité dont il ne pensait pas pouvoir échapper, car elle semblait prendre racine dans l'essence même de ce monde. Et il n'avait pas totalement tort, aussi longtemps qu'il y aurait des hommes il y aurait de la guerre, car le potentiel pour la violence était dans le cœur de chacun, mais fallait-il baisser les bras pour autant ? Accepter la mort ne revenait pas à la même chose qu'accepter le désespoir qui l'accompagnait et, si c'était clair dans la tête de Kyoshiro, cela ne semblait pas l'être dans la tête de son nouvel interlocuteur. Kyoshiro ne cherchait pas à faire adhérer quiconque à son point de vue, car chaque personne avait une approche différente des difficultés imposées par la vie, mais si ses pensées pouvaient rassurer quelqu'un alors pourquoi lui en priver ? Il écouta donc son collègue accepter de s'ouvrir à lui, dévoilant qu'il avait perdu des compagnons et un autre, plus récemment, durant le conflit qui avait marqué Baransu à jamais. Que dire dans ces moments-là ? Qu'ils étaient dans un meilleur endroit ? Qu'un jour l'inconnu verrait enfin la lumière revenir dans sa vie ? Le Tadake avait une myriade de phrases en tête, toutes plus clichées les unes que les autres mais les rejeta toutes en bloc, au lieu de cela il se contenta de souffler un :
« Toutes mes condoléances. »
On l'entendait des dizaines de fois le jour de l'enterrement, tous ces gens qui venaient jeter sur le shinobi leur tristesse pour ce disparu alors qu'ils ne le connaissaient même pas, mais ici c'était différent. Kyoshiro connaissait ce sentiment de perte, de vide, de désespoir absolu et cette honnêteté transparaissait dans chacun de ses mots. Lorsque vint ensuite le tour d'aborder le défunt à qui il était venu rendre hommage, l'aveugle hésita un instant. Comment le présenter ? Un collègue ? Un frère ? Un héros ? Non, sa plus fidèle description fut :
« Mon meilleur ami. »
Ils avaient tout partagé ensemble. Ils avaient ri, pleuré, exulté de joie ensemble et aujourd’hui, comme son collègue, le Tadake se trouvait seul. Mais il n'était plus triste, il passait chaque jour à honorer le sacrifice de son camarade car en faire moins aurait été une insulte à son nom.
« Je ne te dis pas que c'est facile, que la guerre n'arrache pas une partie de toi. Je me rappelle encore quand j'ai rendu le corps de Tetsuo à sa famille, mais ça s'améliore avec le temps. »
Un moment de silence passa, l'espace de quelques secondes, avant que le ton de l'aveugle ne se fasse plus sérieux, plus en phase avec la réalité qui était la leur.
« On apprend. On endure. On se relève. On fait face parce que...eh bien...c'est notre devoir. Tetsuo n'est pas mort pour m'entendre chouiner sur sa tombe, pour le reste de ma vie. »
Il avait assez pleuré, s'était assez maudit pour ce drame : il était plus que temps de relever la tête et d'aller de l'avant. Ainsi, une fois cette mise au point faite, le Tadake glissa une courte présentation sur la forme de :
Le jeune Uchiha remercia le Jonin avec politesse de ses propos. Il n’y avait aucune réponse adéquate à donner à la perte d'une personne. Aucune pommade miracle pour apaiser les maux ou pour faire oublier les douleurs. En fait, offrir ses condoléances n’était qu’une expression vide de sens, mais somme toute nécessaire afin de combler l’absence de toute réponse possible. Une réponse simplement humaine, sans signification autre que celle que lui donnait les conventions sociales. Mais il demeurait une expression plus sincère de compassion. Partager ses propres malheurs était peut-être la seule façon de connecter deux malheureux.
« Désolé pour votre perte. » renchérit-il en inclinant la tête par réflexe en signe de respect, dénotant la flexion nostalgique donnée à l'expression "meilleur ami" employée par le shinobi. Pratiquement comme s’il évoquait le souvenir d’un frère de sang ou d'un parent. La perte que chacun des deux Konoha-Jin avait vécue était donc similaire. Des personnes qui avaient fait partie de leur quotidien, plus proche de la famille que du simple acolyte.
À la différence près que le Ninja Aveugle semblait maintenant avoir su faire la part des choses, acceptant la peine qui l’affligeait sans que cette dernière ne le consume à l’image du Uchiha. Il laissa le silence s’écouler en respect pour le souvenir douloureux évoqué, peinant à s’imaginer la même scène à son endroit. Dans un état critique suite aux événements ayant coûtés la vie à ses amies d’enfance, Nikkou avait été hospitalisé pendant plus d’une semaine, le rendant incapable de livrer la terrible nouvelle à leurs familles respectives. Envahi par la honte, depuis ce jour, il faisait son possible pour éviter le chemin de ceux qui pourtant partageaient sa peine.
Le ténébreux porta enfin attention à la tombe à quelques pas de lui, une stèle grise classique sans autre fioriture qu’un nom ayant marqué les souvenirs, mais pourtant porteuse d’une signification sans comparaison pour celui venu le visiter. Le regard de Nikkou glissa par la suite sur Kyoshiro, calme et tempéré, malgré la fatalité qui l’accablait. Une image gênante pour celui qui venait de cracher ses démons à la face du premier venu.
« …vous avez sûrement raison. Je leur dois bien de vivre au maximum cette vie qu’ils m’ont léguée. Sans leur sacrifice, je ne serais certainement pas celui que je suis aujourd'hui, pour le meilleur ou pour le pire. Mais je n'arrive toujours pas à m'y faire, ou à contrôler mes émotions comme vous le remarquez...comme si j'avais un mot à dire sur le mort et sur la façon dont nos vies s'écoulaient. » ajouta-t-il, reconnaissant la sagesse derrière les propos de son mentor d’un jour avant de l’entendre prononcer son nom avant de rester bouche bée. Tadake Kyoshiro.
Dans un bref éclair de lucidité derrière les relents du ridicule de sa frustration imméritée, Nikkou reconnaissait cette attitude badine pour l’avoir entrevue dans une soirée trop arrosé, où ce genre de comportement avait été certes mieux accueillie. Les souvenirs de cette soirée étaient vagues (pour ne pas dire indiscernables), mais la mention du prénom de son interlocuteur lui avait rappelé la présence de cet homme aux cheveux cendrés qui avait réussi, une fois de plus, à lui changer les idées.
« Uchiha Nikkou…je réalise en fait que nous nous sommes déjà rencontrés par le passé. Le saké y était justement à l’honneur…et mon comportement était peut-être un peu plus jovial. » précisa enfin l’Uchiha après avoir laissé échappé un gloussement ricaneur devant le malaise qu’il avait lui-même créé et l’incrédulité de la situation.
Pendant plusieurs longs mois qui lui semblèrent être une éternité, le jeune homme privé de lumière avait fui ce lieu de recueillement et de chagrin pour des raisons évidentes, ne pouvant faire face au poids de sa propre culpabilité et aux nombreux démons venus le hanter de nouveau, mais de l'eau avait coulé sous les ponts depuis ce moment-là. Certes il ne niait pas l'importance de cet endroit, chaque personne avait sa propre façon de gérer la disparition d'un être défunt et parler à la stèle de son ami n'était peut-être pas la plus saine d'entre elles, mais pendant un temps il n'avait senti cet alignement de stèles que comme un rappel de la sombre voie qui était la sienne. C'était sans doute pour cela qu'il était le plus à même de comprendre la noirceur qui envahissait le cœur de son jeune interlocuteur, car tout comme lui le Tadake avait perdu espoir pendant un temps, convaincu que le sang ne faisait qu'appeler plus de sang et qu'il ne mourrait jamais paisiblement dans sa son sommeil. Les choses étaient différentes à présent car ses convictions seules ne rentraient plus en ligne de compte et, sur un plan personnel, il n'allait certainement pas révélé que son remède contre le deuil avait été...et bien...toutes les bouteilles d'alcool qui avaient pu lui tomber sous la main à ce moment-là. Pas trop classe et constructif, hein ? Au lieu de cela, lorsque ce fut à son tour de recevoir des condoléances, il se contenta d'un simple :
« Merci. »
Il ne croyait pas en ces banalités surtout lorsqu'elles venaient de quelqu'un qui n'avait jamais connu le défunt, mais si cela pouvait aider cet inconnu à se faire se sentir mieux alors quel mal y avait-il à jeter un petit remerciement, même s'il n'était pas sincère ? Les paroles pouvaient apaiser certains esprits, il le savait mieux que personne et cela suffirait pour le moment. Essayant d'oublier cette partie humiliante de sa vie, Kyoshiro se concentra davantage sur les prochaines paroles de son camarade du jour qui, de toute évidence, semblait avoir toutes les difficultés du monde à lâcher prise, ce qui n'avait rien d'anormal. Il savait ce qu'il devait faire mais avait du mal à tourner la page, l'étape la plus compliquée d'entre toutes, aussi le Tadake n'insista pas davantage sur les discours clichés qu'il aurait pu sortir habituellement. Au lieu de cela, il se contenta d'un simple :
« Rien ne sert d'aller plus vite que la musique, de lutter contre ce que tu ressens. Chacun porte le deuil à son rythme, mais ce n'est facile pour personne. »
Les guerriers comme eux avaient l'habitude de faire face au danger et à la douleur de front, d'aller au plus direct mais lorsqu'il s'agissait d'une blessure du cœur aucune de leurs méthodes ne fonctionnait réellement. Tout comme l'apprentissage de leurs domaines respectifs, ils devaient faire preuve d'introspection et trouver l'élément auquel se raccrocher, l'étincelle de lumière enfouie en eux afin de sortir la tête de l'eau. De l'alcool dans le cadre de Kyoshiro et, en parlant d'alcool, il fut surpris de ne pas avoir reconnu son camarade avait comme son collègue de boisson le temps d'une soirée. Beuverie et ensuite deuil, drôles de façons de se rencontrer, hein ? L'alcool forgeait des liens, l'expérience avait su le montrer à l'aveugle en de multiples occasions et, si 'était par cette boisson que leur lien s'était forgé, pourquoi ne pas renouveler l'expérience ? Attrapant la bouteille de saké afin de la tendre à son camarade, le senseur empoigna le verre posé sur la stèle de son ami avant de conclure par :
« Dans ce cas autant ne pas perdre les bonnes habitudes. Saké ? Tetsuo ne s'en formaliserait pas. »
Le visage du ténébreux Uchiha jusqu’alors étiré par son désarroi s’adoucit alors qu’il remerciait silencieusement Kyoshiro de ses propos. Dans le tumulte de sa colère et de sa peine, il avait su trouver une certaine sérénité. Un mélange d’épuisement émotif et d’acceptation, l’abritant dans une zone de calme pour son âme épuisée par le choc de ses sentiments abrasifs. Rien ne servait de plonger plus profondément dans la ferveur de ses sentiments acrimonieux.
Il avait beau s’imposer le fardeau de la mort de ses compagnons et se tourmenter de son impuissance de l’époque, le mal était fait. Rien ne servait de se morfondre dans des émois éclatant. Au contraire, Kyoshiro lui avait rappelé qu’il lui revenait d’avancer et de découvrir le nouveau chemin qui s’étirait devant un lui. Mais il aurait été présomptueux de croire que tel cheminement serait sans obstacle. Le deuil était un chemin sinueux et tortueux, plein d’embuches semés le plus souvent par ses propres sentiments divergeant.
« Et je n’ai peut-être tout simplement pas encore trouver ce rythme. C’est encore un peu le capharnaüm pour moi… »
Le jeune homme avait répondu d’un ton gêné, un petit sourire en coin se formant, mais invisible pour l’aveugle qui se reposait devant la tombe de son ami. Avec plus de décorum qu’il n’avait réussi à en faire preuve jusqu’à cet instant, Nikkou s’agenouilla aux côtés de son interlocuteur et accepta la bouteille de saké tendue.
« Merci…peut-être que le saké me permettra de me détendre un peu. »
Le souvenir encore récent de sa dernière cuite avec l’aveugle paraissait loin après les événements de Baransu, mais Nikkou se souvenait avec une précision de son état d’ivresse avancé. Une libération accueillie avec la plus grande ferveur à cette occasion, mais qu’il avait évité de reproduire depuis au vue de son comportement de la dernière fois. Il avait peu de souvenir de la soirée, mais se souvenait avec acuité du lendemain plutôt difficile. Aujourd’hui, l’appel de l’ivresse était cependant plus forte, nécessaire pour oublier ses derniers émois et remercier son nouveau compagnon de bar pour ne pas s’en être formaliser plus que ça.
Le shinobi déposa un instant la bouteille au sol et se saisit du petit verre d’acier de sa trousse Ninja attaché à sa ceinture faisant partie de son équipement de base pour se servir un verre. Aussitôt, il se tourna vers le visage du Jonin en levant son verre d’acier proche de la coupelle de terre cuite plus délicate et appropriée.
« Levons nos verres à Tetsuo-san alors. »
Le jeune homme trinqua avec son interlocuteur avant de porter le verre à ses lèvres et l’enfiler d’un trait. La liqueur laiteuse emplit son palais d’une douce arôme avant de couler comme un métal en fusion dans sa gorge, arrachant une petite grimace au shinobi peu habitué aux bienfaits de l’alcool et forçant ce dernier à fermer les yeux. Alors qu’il se reprenait, il porta son regard sur la stèle mortuaire, constatant à quel point le cimetière ne pouvait rendre justice à la vie de ceux qui y étaient enterrés.
« Si je puis me permettre. Comment était votre ami Tetsuo? »
Le questiona le Chûnin, désireux de vouloir souligner la visite de Kyoshiro en ces lieux et payer ses respects à ce mort inconnu.
Certaines personnes se remettaient d'un deuil en quelques jours à peine car elles étaient plus habituées que les autres à faire face à la douleur, pour d'autres cela prenaient plusieurs mois et, dans certains cas, la personne laissée seule derrière le défunt n'arrivait jamais à se relever de cette perte. Le jeune Uchiha qui s'était désormais présenté était dans une phase transitoire, il n'était plus paralysé par la perte de ses collègues mais était passé à une phase d'indignation, de colère contre le système tout entier qui envoyait de si jeunes éléments à la mort, génération par génération. Le Tadake n'était clairement pas d'humeur pour avoir un débat de fond sur la situation politique mondiale car il était ici pour une toute autre raison, mais il comprit par les quelques mots qui suivirent que son compagnon acceptait la nécessité de prendre son temps. Il avait perdu un autre de ses amis récemment et cela l'avait ramené à une sombre période de sa vie, faisant ressurgir quelques démons qui semblaient enfouis jusqu'à présent, aussi l'aveugle ne fut pas surpris que Nikkou lui fasse part du chaos qui régnait dans sa tête. Avec un peu de temps il finirait par mettre de l'ordre, pensée après pensée, et le plus dur était de combattre cette frustration de ne pouvoir faire disparaître instantanément cette douleur sourde. Kyoshiro avait choisi de la noyer dans l'alcool plutôt que de s'armer de patience, mais le jeune Uchiha à ses côtés semblait avoir adopté une autre méthode : être et rester en colère. Pourquoi pas, après tout ? Leurs méthodes étaient différentes, mais ils semblaient tous les deux se mettre d'accord sur les bienfaits de l'alcool dans une telle situation, ce qui ne manqua pas de faire sourire l'homme privé de lumière.
« C'est un remède miracle, il fait des merveilles. Le tout est de ne pas en abuser, pour éviter les lendemains difficiles. Mais je ne t'apprend rien. »
La dernière fois qu'ils s'étaient croisés le jeune Uchiha avait fini rond comme une queue de pelle sans plus aucune parcelle d'inhibition, aussi connaissaient-ils parfaitement, tous les deux, les ravages de l'alcool. Les deux hommes levèrent donc leurs verres ensemble et, au moment de porter un toast, Kyoshiro lança donc :
« À Tetsuo, et tous les autres partis trop tôt. »
Sentant l'alcool venir réchauffer ses entrailles en mois de temps qu'il n'en fallut pour le dire, le senseur fut intrigué par le changement d'attitude du jeune Uchiha qui, à présent, semblait avoir laissé de côté sa colère pour s'intéresser à l'homme auquel Kyoshiro était venu rendre hommage. Il était assez difficile de décrire un tel individu en quelques mots, en vérité tous les mots du monde n'auraient pu lui rendre justice mais, s'il devait vraiment le dire, l'aveugle se contraint à quelques secondes de silence pour choisir les bons termes, avant de répondre en souriant.
« Un épéiste au talent rare, un esprit affûté, une loyauté sans faille. Un shinobi comme on en voit peu, en somme. »
C'était la description neutre que l'on attendait d'un shinobi, sans sentiment, sans implication mais le Tadake ne pouvait clairement pas s'arrêter là. Certes il reconnaissait l'évident talent de son ami, l'avait aussi jalousé pendant longtemps, mais un shinobi était bien plus que le danger et la puissance qu'il incarnait. Aussi, l'aveugle ne s'arrêta pas en si bon chemin et poursuivit :
« Sur une note plus personnelle il était...solaire, encore plus têtu que moi, trop sûr de lui et pourtant...pourtant personne ne pouvait le détester. Il était le meilleur d'entre nous. »
Bien entendu le jeune homme masqua le fait que c'était son propre entêtement et sa propre arrogance qui avaient provoqué le trépas de son ami, il le savait, sa sœur le savait, son défunt ami le savait aussi et c'était suffisant comme cela. Pendant longtemps Kyoshiro avait souhaité être aussi fort, sûr et chaleureux que son camarade, il avait tellement été frappé par le chagrin que, même avec du recul, il ne voyait pas qu'il était devenu plus fort et respecté que son ami n'avait jamais pu l'être de son vivant. Il ne pouvait...ou ne voulait pas le voir. Enfin, en repensant à certaines épreuves traversées ensembles, aux soirées à discuter à cœur ouvert, le shinobi dévoila la véritable raison de sa venue ici.
« Je vais devenir père. Je ne pouvais pas ne pas me recueillir sur sa tombe, pour lui partager la nouvelle. »
La tête plus légère et les excès de colère passés, le Chûnin sentait déjà ses membres s’affaisser sous et sa mâchoire se décrispé, envahi par un sentiment de repos enfin mérité. Déjà, le Saké lui apportait ses bienfaits . Piètre buveur, il ne lui en fallait que peu pour se laisser à l’allégresse de l’alcool et aux plaisirs insidieux qu’il recelait. Enfant sans jeunesse enrolé dans les armées de l’ombre du Feu pour ensuite s’encloîtrer dans le militarisme autoritarienne de la faction Uchiha, Nikkou n’avait jamais eu la chance d’expérimenter les joies et erreurs des expériences d’une vie ordinaire.
Instinctivement, son regard d’ébène se porta sur la bouteille et l’élixir miracle, la bouche devenue pâteuse à l’appréhension d’une autre gorgée du liquide divin. Peut-être l’alcool était-elle la solution à ses émotions torturées? Peut-être que les obsessions qui avaient guidées sa vie passée l’avait coupé de la véritable réponse à ses tourments? Après tout, la privation à laquelle il s’était adonnée pendant toute sa vie durant ne semblait pas avoir apaisé ses maux contrairement à cette unique gorgée qui avait su le sortir d’un autre épisode maniaque typique du Clan Uchiha.
Heureusement, les paroles de son mentor de beuverie attira le regard du jeune Chûnin loi des fonds de bouteille. Le rappel de la dernière nuit passée en sa compagnie était un avertissement suffisant pour calmer ses ardeurs. La tête prise dans un étau, l’estomac retourné et le corps ankylosé…mais le pire, l’humiliation de ne pas se souvenir des inepties sorties le jour précédent. Si l’alcool était un remède à certains de ses maux, il en créait d’autres dont il pouvait se passer (du moins aujourd’hui).
« Oui…peut-être ferais-je mieux d’apprendre à gérer certains de mes comportements. » avoua-t-il en abaissant la tête pour insinuer des excuses. Il ne connaissait que trop bien les tendances des membres de son clan pour les colères impromptues et les excès d’agressivité. Quelque chose de maudit dans leur héritage qui éveillait les pires perditions au profit d’un pouvoir adulé par ceux qui le possédait.
Patiemment, Nikkou écouta les éloges de l’endeuillé sur son compagnon tombé au combat. Un vaillant shinobi semblait-il, mais l’affection de Kyoshiro allait bien au-delà des prouesses du défunt dans l’art de la guerre. Un ami, ou plutôt un frère de cœur si ce n’était de sang, choisi plutôt qu’imposer par quelques liens familiaux. Un instant, l’image de Kurohime-senseï, Daiya et Saika s’imposa à son esprit. Une famille choisie au détriment de ses appartenances au légendaire clan Uchiha. Leur seul souvenir suffisait à lui empoigner le cœur, laissant remonter quelques effluves des bonheurs passés et de son amour inconditionnel pour ces femmes qui avaient formées sa vie un trop court moment. Un rappel qu’il pouvait exister plus que la guerre et la mort à cette vie qui avait perdu son sens depuis si longtemps aux yeux du Maître des Ours.
« Félicitations, je suis sincèrement heureux pour vous et content que vous partagiez cette nouvelle avec moi. Et je suis certain Tetsuo aurait été heureux et fier de vous. Il s’agit d’un beau rappel que la vie continue et qu’il y a plus à cette vie que les morts et nos démons passés. » dit-il, attendri de savoir que certains trouvaient encore la force de vivre et de donner la vie dans cette époque noircie par les horreurs de la guerre. Une once d’espoir pour lui qui avait oublié qu’autre chose pouvait l’attendre dans cette vie que le terrible destin réservé aux Ninja.
Emporté par cette nouvelle allégresse, le Chûin se saisit une nouvelle fois de la bouteille et versa la liqueur de riz dans les deux coupoles restantes, un sourire perlant sur son visage habituellement réservé à une mine plus sérieuse. Aussitôt, Nikkou leva son verre au niveau de son regard dirigé vers le père en devenir pour souligner cette étape importante dans la vie de ce dernier.
« Levons nos verres à cette nouvelle vie qui s’annonce. Il y a de quoi célébrer une telle nouvelle, même avec une nouvelle connaissance. » proclama-t-il, avant d’hausser encore la coupole avec son interlocuteur pour ensuite l’avaler d’une traite en signe de célébration. Il laissa le doux liquide réchauffer ses entrailles et laissa échapper un petit soupir de contentement, repus de cette annonce et de l’alcool venue toute deux apaisées sont esprit tourmenté…d’autres questionnements plus agréables venant titiller son intérêt.
« Dites…comment saviez-vous que étiez prêt à devenir père? » demanda le jeune homme, encore bien loin de telles réflexions qui, avouons-le, effrayait tout jeune homme de son âge.
Même si son mode de pensée réel n'était pas toujours en phase avec cet état d'esprit, Kyoshiro était connu pour son optimisme à tout épreuve, connu pour sa réputation de véritable bout-en-entrain capable de plaisanteries ou de discours inspirés même dans les pires moments. Pourquoi en fais-je référence à présent ? Tout simplement parce que si le lieu de cette scène ne se prêtait à guère autre chose qu'une silencieuse contemplation qui accompagnait toujours le deuil, l'aveugle parvint tout de même à dévier sur le sujet de l'alcool pour décrisper un peu son jeune camarade de boisson. Rire et sourire dans un cimetière, au milieu de tous ces braves disparus ? Il n'y avait bien que le jeune senseur privé de lumière, pour en arrivé à ce point-là...et il en était plutôt fier, d'ailleurs. Il écouta donc son camarade mettre en évidence la nécessité de contrôler ses propres accès de colère, comme le Tadake venait d'en avoir un exemple mais, au lieu d'enfoncer le clou, l'aveugle tint à mettre en lumière quelque chose qui lui paraissait évident.
« La plus grande difficulté pour tout ceux chez qui brûle la flamme de de Konoha. »
Le pays du feu n'était pas le plus aride ou le plus difficile à vivre au monde, non, mais ses habitants y étaient certainement les plus passionnés dans chaque aspect de leur vie, aussi n'était-ce pas étonnant d'en vouloir bon nombre posséder ce qu'on peut appeler, à juste titre, un tempérament de feu. Certains y voyaient une source de motivation même lorsque la nuit se faisait glaciale, à juste titre sans doute, mais Kyoshiro connaissait l'importance du contrôle de soi, aussi ne contredit-il pas le jeune Uchiha sur sa nécessité de contrôle.
« Merci. Il l'aurait été...en effet. »
Son ami aurait-il été fait de cette soudaine paternité ? Surpris à n'en pas douter, car le jeune homme n'avait jamais été assez mature pour remplir ce rôle, quand son ami n'était pas de ce monde, mais s'ils avaient eu un peu plus de temps...qui pouvait le dire ? Une chose était sûre, si Tetsuo était en vie il aurait été le parrain du futur nouveau-né Tadake, mais le destin en avait décidé autrement. Le Tadake ne put s'empêcher d'être amusé par la remarque de son jeune camarade qui n'avait clairement pas tort, avant de corriger un point qui lui semblait primordial :
« Une connaissance ? Dois-je te rappeler que tous les shinobis de Konoha sont frères, et sœurs ? Tu peux donc arrêter avec le vouvoiement, ça me fait sentir plus vieux que je ne le suis. »
Si le senseur pensait en avoir fini avec cette discussion, la question la plus surprenant du jour lui fut posée. Comment avait-il su qu'il était prêt à amener une vie nouvelle en ce monde ? Il ne s'était jamais posé la question et, si son camarade s'attendait à de surprenantes et sages paroles, il allait être déçu par ce qui suivit.
« Qui a dit que je l'étais ? »
Qui pouvait seulement dire qu'il l'était ? En effet personne ne réalisait le dévouement et l'énergie nécessaires pour amener une nouvelle vie en ce monde et s'en occuper, Kyoshiro n'en réalisait pas non plus l'ampleur pour le moment. Alors pourquoi ? Pourquoi maintenant et pas d'ici une ou deux années, lorsque sa vie aurait été plus stable ? Kyoshiro n'avait jamais prévu sa vie, cela n'avait jamais rien eu à voir avec une question de timing mais plutôt de rencontre, de cette rencontre, de cette nuit où ils s'étaient unis sous le regard de l 'astre lunaire. Il ne se sentait pas prêt, non, mais avec elle ? Avec celle qu'il pouvait appeler sa femme ? Il pouvait partir à la conquête du monde.
« Je sais juste que j'ai rencontré la bonne personne, la pièce manquante au puzzle de ma vie et que tout le reste m'est ensuite apparu comme une évidence. J'ai su...j'ai juste su. Tu comprends ? »
Nikkou était sans doute trop jeune pour comprendre, mais il avait voulu savoir alors il aurait sa réponse. Supposant que le jeune Uchiha n'aurait pas davantage de questions sur le sujet, l'aveugle se tourna vers son camarade du jour pour finalement conclure :
« Bon ! Ce n'est pas tout ça mais tu ne veux pas qu'on continue dans un endroit un peu plus joyeux ? Il est temps de laisser aux morts un peu de repos. »
Le mot « frère » résonna d’un timbre nostalgique aux oreilles du Chûnin. Un rappel douloureux, mais également salvateur, des raisons pour lesquelles il avait entrepris de poursuivre sa carrière de shinobi. La familiarité avec laquelle s’exprimait Kyoshiro à son endroit et son invitation bienveillante à laisser tomber le décorum représentaient plus d’affectuosité que ce à quoi il avait eu droit depuis son retour dans le domaine du Clan Uchiha. Quelque chose qu’il avait oublié depuis fort longtemps.
« Vous avez…tu as bien raison. Nous sommes après tous membres de la même grande famille. » déclara d’une voix plus calme le Uchiha, un sourire plein de réalisation apparaisant sur son visage alors qu’il prenait conscience de la part importante de sa vie qui lui manquait.
Depuis la mort de son équipe, Nikkou s’était coupé de ses camarades Konoha-Jin, refusant de remplacer les morts par quelque imitation...et refusant d’autant plus d’assumer le risque d’être meurtri à nouveau. À la manière des Uchiha, il avait donc étouffé ses besoins, enterré ses sentiments et avait dédié sa vie au seul combat. Il avait oublié de ce fait même que Konoha n’était pas seulement un village militaire, mais une famille pour laquelle il avait décidé de se dédier.
Et pourtant, c’était bien la raison pour laquelle il était devenu shinobi à la base, et non par déférence ou obligation envers so clan. Au contraire, le Chûnin avait répudié dès sa jeunesse la froideur martiale de ses pairs pour vivre dans les quartiers populaires du village, se liant d’amitié à des non-claniques absous des enseignements belliqueux de son clan. Et aujour’hui, de cette courte altercation mouvementée, Nikkou prenait conscience de la part de lui-même dont il s’était coupé tout ce temps.
« Oui…j’imagine que je comprends. Peut-être qu’un jour moi aussi la réponse apparaîtra évidente. J’imagine qu’il faut un déclic…la bonne personne comme tu dis. » dit-il à moitié convaincu, laissant sa mémoire s’échapper en direction des boucles dorées de sa petite amie d’autrefois dont le souvenir s’étiolait peu à peu avec le temps.
Et alors qu’il se laissait perdre dans les souvenirs de ses anciens amours, encore une fois, le Jonin visa juste en lui faisant signe qu’il était temps de partie. Il fallait laisser les morts là où ils étaient. Et lui, il devait continuer à vivre.
« Bonne idée. Je crois qu’il est temps de les laisser en paix. Je t’offre la tournée évidemment, à moitié pour me faire pardonner de mon entrée en la matière et à moitié pour célébrer cette incroyable nouvelle! » mais surtout pour lui avoir permis de faire la paix avec ses anciens fantômes, ajouta-t-il seulement en pensée. Peut-être était-il temps de laissr derrière lui la colère de son deuil pour embrasser la vie.