J'avais été appelée à la tour du kage en urgence, sans avoir la moindre idée de la raison pour laquelle l'on m'avait fait venir. Réveillée en pleine nuit, je m'étais habillée en urgence et avais chopé des dattes dans un bol de bois avant de suivre Omaru, qui filait alors que le soleil n'était pas encore levé. Nous montâmes les marches en courant pour rencontrer l'un des membres du conseil, qui tournait en rond et fut visiblement soulagé de nous voir.
Sahara Denya, vous voilà enfin ! Ce n'est pas trop tôt. Un faucon de l'éclaireuse Haba revient avec une mauvaise nouvelle de la frontière nord-est.
Haba ? Au vu de ses compétences et de sa rapidité, elle eût pu faire le trajet elle-même sans faire usage d'un rapace en guise de messager, surtout si l'importance de l'affaire était grande. Certes, on n'abandonnait pas sans bonne raison une position, mais j'avais été convoquée d'une manière telle que je peinais à croire que ce qui nous occupait était bénin.
"Kemono Mai" a franchi la frontière.
Une stupeur s'installa entre nous trois. Ce nom n'était pas inconnu de la police, c'était impossible, inimaginable qu'Omaru et moi n'eussions jamais entendu ce nom et l'entendre n'annonçait rien de bon ; j'avais alors les yeux grands ouverts, fixant le conseiller M. Dokkan. "Kemono Mai" au Pays du vent, la nouvelle ne pouvait plus mal tomber, car après l'affaiblissement de nos ninjas présents à Baransu et les frasques du haut-conseiller Kayaba Akihiko, Suna n'était pas au meilleur de sa forme et non ! Pas Mai, pas elle ! Cette tueuse à gages avait pour réputation de ne jamais avoir échoué, de ne jamais être tombée sur trop gros pour elle au point d'abandonner. L'on racontait aussi qu'elle n'avait jamais refusé un contrat en raison de la difficulté de la tâche. Une kunoichi spécialisée dans l'assassinat et travaillant à son compte dont une rumeur disait qu'elle pouvait préparer ses meurtres pendant plusieurs mois en fonction de l'accessibilité de la cible. Le Pays du vent avait, par le passé, souffert de sa venue : un ministre du daimyo était tombé à cause d'elle. Pas elle, non ! C'était la merde noir, mais la merde !
Haba a presque manqué cette femme, qui est fort discrète dans ses approches. Vous n'êtes pas sans savoir le danger qu'elle représente et le niveau de menace auquel nous faisons face. Jamais elle n'entrerait dans le Pays du vent sans une raison valable.
Exactement !
Mais pourquoi vous n'avez pas envoyé plusieurs jounins à leurs rencontre ?
Hors de question de la tuer tout de suite. Ses tarifs sont exorbitants, mais surtout, il nous faut absolument connaitre l'identité de sa cible. J'ai envoyé un message à Haba en retour afin qu'elle surveille ses mouvements et nous avons envoyé des ninjas protéger les personnes sensibles d'être sa cible dans les riches villes et oasis ainsi que dans le désert.
Je fus un peu rassurée.
Pour des raisons de réputation, nous n'allons pas envoyer plusieurs équipes par cité à surveiller. Sahara, vous êtes chargée de trouver un ou plusieurs coéquipiers afin de découvrir la cible de cette femme et l'arrêter avant qu'elle ne réussisse. D'après le rapport d'Haba, Mai ne vient pas en ligne droite, ce qui explique que nous ne soyons pas certains de sa destination, cela vous laisse du temps pour recruter du monde.
Est-elle toujours accompagnée de son tireur d'élite ?
Cela peut sembler inquiétant, mais le rapport ne mentionne pas sa présence. Nous n'excluons toutefois pas qu'il soit de la partie. Maintenant, si vous n'avez aucune question, hâtez-vous et préparez-vous à accueillir cette tueuse. Elle n'arrivera pas aujourd'hui mais surement demain. Soyez prête !
Il termina ainsi, sèchement, puis passa un mouchoir sur son front afin d'éponger les gouttelettes de sueur qui trahissaient un certain malaise que je comprenais au vu de l'enjeu. La survie d'un compatriote, la stabilité du pays, la réputation du village, tout ceci était en jeu et c'était à moi de régler l'affaire si elle se déroulait au village. Seuls les samouraïs de l'Empereur avaient présenté un enjeu aussi important pour moi. Je secouai la tête, car je n'avais rien à demander de plus.
La découverte de la cible est capitale car si Mai échoue et que nous ne l'apprenons pas, nous ne serons pas en mesure de protéger efficacement la personne à abattre !
Mai arrivait. Elle n'allait pas entrer dans Suna aujourd'hui, si notre village était sa destination, ce qui me laissait le temps de… m'entrainer. Si le conseiller Dokkan ne se trompait pas quant à la pertinence de créer une équipe, il ignorait en revanche que je n'estimais pas avoir les ressources nécessaires pour battre cette furie. Et cela tombait bien, car je savais à qui m'adresser. Pour combattre une furie, rien de tel qu'une autre furie. Une femme forte, voire même puissante ! Un poing de fer dans un gant d'acier, j'aimais la présenter ainsi.
Il était tôt, l'astre solaire se levait sur notre agglomération et j'arrivai devant le domaine des Nozomo. Claquant des pieds, j'adressai un sourire au gardien, Datte. Je savais pertinemment que l'on allait pas me laisser rentrer et telle n'était pas mon intention.
Je viens recruter Hinagiku pour une urgence.
Il regarda l'un de ses collègues qui partit l'avertir. Je pensais qu'ils allaient me demander une quelconque justification, mais non. J'espérais qu'elle allait ne pas être de mauvais poil, car j'ignorais totalement si elle était matinale ou non. Une kunoichi devait être prête à tout heure du jour et de la nuit, mais nous restions des êtres humains avec des limites. N'ayant pas encore vraiment mangé, j'allais lui proposer d'aller croquer un morceau au restaurant que mes parents tenaient dans le centre-ville avant d'aller s'entrainer. Techniques d'évitement ou de parade, j'avais ouï dire que c'était sa spécialité. Parades ? Esquive ? Pour m'attaquer à la furie que je devais arrêter, c'était ce dont j'avais besoin. Ce n'était pas tout, mais il allait falloir au moins cela. J'avais toute une journée, le soleil était là.
Je reçois la tâche de préparer une équipe et me rends à l'entrée du domaine Nozomo afin de demander Hinagiku.