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Shimo-Kobi a un incroyable talent ! - ft. Ao

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Deux jours depuis que sa mère l'avait jeté. Telle était donc la triste destinée des artistes incompris ! Le rejet de la famille, la méprise du public et la solitude comme seule récompense ? Heureusement, Dainichi était toujours à ses côtés et l'encourageait chaque jour à lui prouver sa foi par le spectacle. Il gagnerait sa place dans le royaume de son Dieu lorsqu'il aurait convaincu ses parents et remporté la reconnaissance du public. Cela n'avait rien à voir avec la puissance ou la richesse : il n'était ni un guerrier ni un magnat, mais un simple artiste itinérant, membre qui plus est d'une caste méprisée et oubliée.

Pour sortir de l'oubli, seul son art triompherait. Dans sa région, il avait la réputation d'être l'un des meilleurs illusionnistes, tout du moins au sein de ce microcosme que représentait les saltimbanques, puisque, pour être honnête, aucun honnête citoyen n'en avait rien à carrer. Au contraire, ils étaient bien souvent effrayés par l'utilisation excessive de poudre de maquillage, les discours grandiloquents et ses gestes maladroits. C'est pourquoi il se tenait là, au milieu de la grand-place du village voisin de celui de ses parents, à Shimo-kobi. Il connaissait beaucoup d'hinin dans la région, et seuls deux d'entre eux avaient accepté de prendre part à son spectacle. Les autres étaient trop effrayés par sa folie nouvelle et ses drôles de croyances divines, jugées impures par même les plus impurs de la société. Eux avaient acceptés au nom de leur ancienne amitié et dans l'espoir de récupérer quelques deniers, leur permettant de survivre aux prochaines nuits. L'un d'entre eux était un acrobate, l'autre un contorsionniste.

"Nobles gens, venez assistez à ce spectacle !
Plus qu'une démonstration, c'est un vrai miracle !"


Les artistes, mis en place, attendirent qu'une petite troupe s’amoncelle devant eux. Quand ils parvinrent à réunir six personnes, ce qui constituait à leurs yeux une réussite modérée mais non négligeable, Sachi conjura son fameux art de l'illusionnisme.

"Faites place au cirque à la gloire de Dainichi,
Pour votre plaisir et sous vos yeux ébahis !"


Pour la maigre audience qui se tenait devant eux, ainsi que pour les artistes qu'il était parvenu à réunir, un véritable cirque itinérant apparut sous leurs yeux. Des petits cris d'émerveillement furent même poussés, ce qui ravit le saltimbanque au plus haut point. S'en suivit une représentation somme toute classique mais impressionnante, dont le public de ce misérable village n'avait pas l'habitude. L'acrobate monta en premier sur la scène et manipula avec aisance balles construites de bois et postures d'équilibristes. Il utilisa le matériel qui lui était mis à disposition par l'irréel cirque itinérant, comme les massues de bois et les cerceaux enflammés. Le public était en joie et de plus en plus s'amassaient devant eux pour obtenir un meilleur angle de vue.

Ce fut ensuite le tour du contorsionniste. Les contorsionnistes représentaient à merveille l'image dont les hinin jouissaient auprès du public : un art impressionnant, mais dégoûtant. Pendant son spectacle, les réactions étaient partagées. Une bonne partie du public était étonnée et scotchée devant lui, notamment car il liait avec brio l'humour à ses contorsions physiques, tandis que d'autres, principalement les plus âgés, se couvraient les yeux avec leurs manches.

Enfin, ce fut à Sachi de rentrer en scène. Comme toujours, il commença par des tours basiques, pour obtenir l'intérêt du public sans trop en dévoiler pour autant. Il effectua des petits tours de farces et attrapes, fit disparaître des billes de bois sous des bols, ce genre de choses. Il chercha également à obtenir un contact visuel avec chacun des membres de l'audience, ce qui lui prit une bonne trentaine de secondes, pendant lesquelles il tenta de combler le vide.

"Assistez à la vraie magie, celle du feu,
Et de ce tour allez parler aux envieux !"


L'illusionniste leva la tête au ciel et conjura un important torrent de flammes, puis tourna sa tête tel un dragon vers le décor, à l'opposé de l'audience. Il enflamma ainsi les bannières sur les murs qui présentaient le cirques ainsi que quelques faux instruments de bois. Le public, d'abord effrayé, recula d'un pas, puis applaudit chaleureusement en s'exclamant.
Depuis qu'il avait acquis ses nouveaux pouvoirs, les spectacles de Sachi se voulaient plus réels et, parmi la population ignorante de toute notion de ninjutsu et genjutsu, cela faisait généralement son effet. Peut-être pourraient-ils récolter un peu d'argent.

"Nous vous sommes reconnaissants, nos chers clients,
Et en Son nom je souhaite vous parler ici,
Car Il est l'unique, et le puissant Dainichi,
De votre conversion, attend l'heureux moment."


Était d'ailleurs venu le moment de clore ce spectacle et de collecter les quelques gains qu'ils espéraient. Sachi lui-même fit le tour de la foule, serrant en ses mains un chapeau qu'il agita devant la tête du public. Comme souvent, beaucoup détournèrent le regard immédiatement puis s'enfuirent lâchement. Quelques-uns, heureusement, déposaient une petite piécette. Même si elle était de petite valeur, cela faisait plaisir de se sentir reconnu.
Il s'arrêta finalement devant un homme aux longs cheveux bleus, vêtu d'un élégant kimono. Un homme visiblement plus fortuné que les habitants de cette région devrait savoir se montrer généreux.



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It's all Smoke and Mirrors


Coincé pour rien dans une contrée perdue au loin, j’ai beau chercher de quoi m’amuser avant de reprendre le chemin, je ne croise que trop peu de choses qui m’intéresseraient. Sensé passer quelques jours pour une petite histoire de médiation avec un quelconque clan, la rencontre à eu à se faire… repousser pour une période indéterminée, pour quelconque raison purement aléatoire.

Enfin, les choses sont faites.

Même magasiner des thés exotiques hors de prix ne trouve pas le moyen de m’animer; j’en suis au point où l’idée de dépenser pour moi ne sert pas, tellement tout stagne. J’ai du temps libre, c’est bien vrai, mais je ne pourrais pas le passer à avancer les projets qui m’attendent au domaine si je n’y suis pas. En plus, l’idée de partir bientôt, déjà, ne fait que me miner un petit peu plus; la route est longue et sait comment me vider de mon énergie, je le sais pour l’avoir déjà parcourue il y a peu.

Au travers des rues, échoppes diverses avec des vendeurs qui essaient, du mieux qu’ils peuvent, de vendre leurs salades en la faisant passer pour des aubaines aux yeux des touristes; ce qu’ils imaginent que je suis. Je ne me targue pas de l’opulence à laquelle on m’associe; je ne suis pas riche, juste un peu plus pomponné et coquet que l’ordinaire.  

Pourtant, ça ne changera rien au spectacle, n’est-ce pas?

D’attention indivisible finalement braquée sur le poignant mendiant aux tournures soignées, presque méthodiques, j’approche. Les spectacles, c’est bien ce qui m’attire le plus, et ce depuis que je suis tout petit. Jamais je n’ai su m’y donner au point de participer, sans doute par manque de coordination ou par simple impressionnabilité. Un peu voyeur, pas trop joueur.

Pourtant, ça me fascine, et je ne me prive pas pour observer. S’aligne sous certains mots les attraits d’un cirque véritable, prêt pour l’accueil du petit regroupement à demi-intéressé; je suis cette demie, très certainement.

Au fur et à mesure, l’assistance grandira et le spectacle se lancera; si l’art du premier m’épate, les alignements corporels du second m’impressionnent mais me forcent parfois à tourner le regard. Âmes sensibles s’abstiennent souvent, comme on dit. Puis, le troisième numéro.

Les globes se croisent, je sens le fameux déclic dont j’ai le secret, et je me retrouve vite pris de court. Le crépitement sonore et l’incandescence violente semblaient du tout au tout réels, et les autres spectateurs n’y voyaient que du feu. Au sens propre, surtout.

L’homme poudré et travaillé aura su me prendre au dépourvu et me faire écarquiller les yeux, en plus d’éveiller ma curiosité. Un autre ninja, peut-être? Il n’en a pas l’air, mais je peux souligner la griffe des talents de l’ombre quand je la vois.

«Nous vous sommes reconnaissants, nos chers clients,
Et en Son nom je souhaite vous parler ici,
Car Il est l'unique, et le puissant Dainichi,
De votre conversion, attend l'heureux moment.»


Arrivé à la fin, alors qu’il quémandait de quoi faire valoir ce précieux moment de détente et d’amusement, je n’ai pu que remarquer l’ingratitude envers ces travailleurs de rue. Ils auront fourni des efforts (pour un résultat époustouflant) et méritent au moins un petit quelque chose; à mon tour, j’aligne dans son bonnet une humble petite fortune, de quoi amplement arranger les choses pour quelqu’un vivant au jour le jour. Poudre aux yeux? Pas vraiment, c’était un partage sincère et quelques sous de plus amassés en tant qu’employé des ombres.

Pourtant, la générosité n’était, comble de l’ironie, pas gratuite. Étant l’un des derniers présents et prêts à renflouer les coffres de l’homme, j’essaie de la retenir en laissant ma main au niveau du chapeau, en regardant le visage peint pour trouver ses yeux. Lui aussi couvert de poudre, je suis comme un clown aussi, simplement on peut dire que je me crois un peu plus que lui.

«J’aimerais juste vous demander… Avec vos talents, pourquoi ce travail? Pour gagner votre vie, vous n’avez jamais pensé à être shinobi?» Sans une pointe de honte, je demande; quelqu’un avec des habiletés comme les miennes et probablement de meilleurs talents. Si je l’ai fait, pourquoi il ne pourrait pas le faire? «En même temps, je veux vous dire que votre spectacle était très attrayant, et je vois que vous mettez du coeur à l’ouvrage.»

Rencontre de Banken Sachi
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L'homme aux cheveux bleus et au kimono raffiné, comme il l'avait espéré, le récompensa pour sa prestation. Et quelle récompense généreuse ! C'était plus que ce qu'il avait l'habitude de gagner avec l'intégralité des dons d'un spectacle. Le saltimbanque ploya le genou face à ce généreux mécène, en guise de remerciement et de respect. Souvent méprisant des paysans et marchands, et encore plus des élites de cette société, il savait toutefois apprécier lorsque quelqu'un reconnaissait son talent. Ce qu'il voyait dans le regard de cet homme, ce n'était ni du mépris ni de la prétention mais, au contraire, une certaine admiration pour son art.

Il lui fit un signe de la tête, accompagné d'un chaleureux sourire – peut-être trop exagéré – et s'en alla vers le prochain spectateur pour continuer sa récolte. Sachi fut pourtant arrêté net dans son élan lorsque le chapeau qu'il agitait refusait de le suivre. Il était retenu par l'élégant homme, pour une raison qu'il ignorait. Comme souvent, finalement, les actes qui lui paraissaient les plus purs étaient en réalité intéressés. Aaah ! Dainichi, pourquoi as-tu créé les hommes ainsi ? Pourquoi fallait-il que le bon soit à la merci du riche et que celui-ci cherche à l'exploiter pour se distraire ?

Il se retourna alors à nouveau vers lui, un faux sourire masquant sa désolation, tandis que ses yeux montraient clairement sa déception. Il attendit, sans rien dire, qu'il lui pose une question.

Ce ne fut pas ce à quoi il s'attendit, pourtant sa question lui parut être d'une simplicité déconcertante et qui trahissait de sa méconnaissance des basses-gens. Pourquoi faisait-il cela ? Il y avait plusieurs réponses possibles, toutes aussi valables les unes que les autres. D'abord, et par nature, il faisait ce métier car c'était ce qu'il est : cela était dans ses gênes, dans la perception que les autres ont de son être. Un hinin n'est bon qu'à ça, disait-on souvent. Puis, il n'avait appris l'existence des shinobi que très récemment et, pour être tout à fait honnête, ce "métier" était loin de le faire rêver. C'était bien trop dangereux pour un artiste de rue ! Enfin, c'est la troisième raison, la plus évidente à ses yeux, qu'il décida de révéler à l'étranger.

"C'est ainsi que je gagne ma vie. Du moins, je l'espère, dit-il en détournant le regard vers les fuyards qui avaient refusé de le payer d'un air accusateur. C'est ce pourquoi je suis né, ce pour quoi je suis le meilleur."

Il s'était ici déchaussé de ses fameux alexandrins, langue noble et musicale qu'il n'employait que pendant ses spectacles ou ses prières publiques.

Sachi déduisit de sa question qu'il était lui-même shinobi ou en contact fréquent avec ces derniers. A en juger par son apparence, il devait être quelqu'un d'important, ou au moins de puissant. Pomponné comme il était, il devrait être tout ce qu'il détestait, pourtant l'illusionniste sentit quelque chose de plus. D'abord, l'homme l'avait complimenté sur ses capacités ainsi que sur son spectacle. Il avait tout de suite compris qu'il travaillait avec son cœur, ce qui était plus que ces ingrats de paysans qui ne voyaient en lui qu'un fainéant, un paresseux et un clown. Ensuite, il n'avait pas rencontré beaucoup de personnes hautement gradées, mais celui-ci semblait différent, au moins dans son apparence. Ses longs cheveux bleus, sa peau couverte de poudre, il se dit qu'il devait être un prince, ou quelqu'un voulant véhiculer cette image. Or, c'était exactement ce que lui faisait, se prendre pour ce qu'il n'était pas.

"Et vous, puis-je demander ce qui vous amène en ces lieux ? J'aurais pensé que ni la magie, ni les arts de la rue n'impressionneraient un homme tel que vous."

S'il était bel et bien shinobi, il devait avoir percé le secret du spectacle du saltimbanque. Il n'y avait aucune magie derrière, seulement du genjutsu. Il espérait qu'il n'en parlerait pas, pour ne pas ruiner son fond de commerce. En effet, les shinobi étaient rarement appréciés dans les contrées pauvres, ou alors, aussi haut dans le Nord du Sekai, parfois inconnus. S'il était bel et bien shinobi, il saurait également que les techniques dont il avait fait usage n'étaient nullement développées. Pourquoi lui avoir fait ces compliments, alors ?

Pendant qu'ils discutaient, les derniers hommes qui lui restaient à voir en profitèrent pour partir. Cela leur faisait des sources de revenus en moins qu'ils auraient eu à partager entre eux, mais il garda le sourire en pensant qu'il avait peut-être le bon filon devant lui. Déjà, tandis qu'il lui parlait, il partageait (presque) équitablement le butin, gardant une pièce ou deux qu'il glissa dans sa poche avant de renvoyer le chapeau à ses camarades.
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Une réponse évasive, une faute personnelle.

C’était mon erreur, je me suis mal exprimé et l’homme semble ne pas avoir pu me répondre. Pourtant, ce jugement direct envers les petits voyeurs d’il y a quelques minutes me montre qu’il aurait peut-être bien compris ce que je voulais dire, sans lui-même vouloir répondre. Autrement, il aurait bien pu comprendre ma question mieux que je l’ai posée et j’aurais pu louper l’étendu de son explication; c’est une possibilité, je n’ai pas la science infuse.

À trop chercher, je perdrais sans nul doute l’opportunité du profit d’une rencontre comme celle-là, et je ne veux pas. Forgé dans un moule moral, un construit, même mon ouverture d’esprit me force à questionner ce qu’on vient de me dire, pourtant je me doute que mes suppositions sont des injures pour lui.

«Je suis ici pour les mêmes raisons que vous; j’avais du travail à faire, » impliquant qu’il aura été terminé, «et comme je ne suis pas de la région, j’ai pris de mon temps libre pour faire le tour.» Comme ça, j’évite de dévoiler mes motifs, de me compromettre sur ce qui m’aura été ordonné quelques jours plus tôt.

«Non, c’est même ce qui me plaît; à voir que vous aimez ce que vous faites, ça me pousse à me questionner sur mon propre travail, c’est tout. Je sais apprécier les tours de magie un peu plus que les autres puisque je sais ce qu’il faut pour en faire un bon, on dira que c’est le bénéfice d’être soi-même mystificateur?» Un sourire timide de petit vantard plus tard, je poursuis en glissant mes mains dans les manches de mon kimono, faisant mine de fouiller. J’ai bien vu que mon monopole sur son attention lui aura coûté, et c’est après avoir vu la petite manœuvre pour forcer son augmentation de salaire que j’ai réagi. «Attendez, je reviens.»

J’aurai donc suivi la direction du chapeau en m’approchant, tranquillement, de ses deux amis. À chacun, l’un après l’autre, j’offre une pièce. Le second, pris de court, un peu sur le cul, demandera à voix basse quelque chose qui ne me surprend plus. «Mais… quel genre de monstre êtes-vous...» L’habitude.

J’espère néanmoins que l’autre illusionniste n’aura pas entendu le commentaire. J’effraie souvent les gens qui n’ont pas l’habitude du surplus d’énergie vitale. «Pas d’inquiétude, prenez juste ceci. Si vous voyez ce que je crois, sachez que c’est impressionnant mais pas malin...»

Je finis par laisser l’homme à sa contemplation, en fouillant encore dans mon kimono pour de quoi rendre au clown ce qu’il mérite. Les doigts se délient, puis une pièce s’aligne dans ma main. «Permettez?»

S’il m’y autorise, ma main plongera dans la sienne, que je lui remette ce butin supplémentaire.

***

Une fois l’échange fait, ma paume sur sa peau couverte, le contact aura été établi. Je voulais le surprendre, lui montrer un tour de magie qu’il ne devait probablement pas connaître, quelque chose bien de chez nous. Ventriloquie? Voyons, ne soyons pas vulgaire. Je souris.

«Tu m’entends?» Pourtant, ma bouche ne bouge pas.

Il semblerait que la voix ne vienne pas de l’extérieur, mais de l’intérieur; surpris? Je voulais voir sa réaction, s'il serait surpris.

«Je n’osais pas en parler à haute voix, je voulais simplement dire que tes talents en illusions sont vraiment bien développés, pour un non-ninja. Saurais-je t’intriguer assez pour te faire accepter une tasse de thé?»

Rencontre de Banken Sachi





Santé
100%
Chakra
99%



Techniques utilisées et Résumé:
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Question vague, réponse vague. Il n'aurait pas beaucoup plus d'informations sur le motif de sa présence en ses terres, mais au fond peu lui importait. Des bourgeois, c'était pas la première fois qu'il en voyait, et leurs motivations tenaient souvent en ces quelques mots : argent, pouvoir, trahison et prostitués. Il ne savait pas dans quelle catégorie le ranger et ne le voulait pas, au risque d'altérer l'image somme toute plutôt positive qu'il en avait jusqu'à présent. Des bourgeois qui faisaient des compliments, c'était une première.

"Oh !" s'exclama-t-il malgré lui en entendant le mot mystificateur. Il n'était pas bien sûr de sa signification, pour être franc, mais c'était associé pour sûr à la magie ! Il aurait également tendance à l'associer à la religion, mais pour cela il faudrait tester sa réceptivité aux préceptes de Dainichi. Il n'y manquerait pas, c'était certain. Il le regarda ensuite s'éloigner sans rien dire pour aller parler à ses camarades, trop occupé à réfléchir, toujours sous le choc de sa révélation qui était pourtant monnaie courante dans le monde shinobi. Seulement, il ne connaissait rien à ce monde, donc ça faisait son petit effet. Il était bien trop concentré là-dessus pour entendre la conversation qui se déroulait derrière-lui. Non, au lieu de ça, il voulait en apprendre plus, il voulait lui parler. Il aurait du mal à recruter un bourgeois au sein de sa troupe, c'était certain, mais peut-être celui-ci pourrait lui apprendre certains de ses tours ou lui ouvrir la voie vers de nouveaux marchés. Quel meilleur moyen de renverser les élites médisantes de ce monde qu'en s'introduisant dans leur cour par le spectacle ? Hein ?

Cela semblait bien parti, puisque l'individu à l'élégant kimono souhaitait lui offrir une pièce supplémentaire. Il n'était pas du genre à se rouler par terre pour un surplus d'or, aussi il se montrait méfiant. Pourquoi une telle générosité ? Accepter cela serait-il humiliant ? Après tout, il pourrait simplement proposer d'autres représentations pour gagner sa croûte. Lui qui, des deux, avait encore la notion de l'argent, comprenait difficilement ce qu'il pourrait faire de cette petite fortune.

Néanmoins, piqué dans sa curiosité, le saltimbanque tendit sa main pour y prendre la piécette, dans le seul but de prolonger cette conversation. Son audience était partie, il était la dernière chose pour occuper sa journée, qui s'annonçait plus intéressante que de moyenne.

Soudain, une voix se fit entendre, pourtant il ne vit pas l'homme bouger ses lèvres. Il était catégorique, c'était bien sa voix, lui qui possédait des dons auditifs époustouflants pourrait la reconnaître entre mille. De la ventriloquie ? Géniale, c'était sa technique favorite, à lui aussi ! Il s'en servait régulièrement dans ses spectacles. Peu compliquée, elle était parfaite pour semer la confusion ou pour animer un spectacle de marionnettes particulièrement réaliste.

Non, à tout bien réfléchir, c'était différent de cela. Avec la ventriloquie, la voix semblait vous entourer, provenir de toutes les directions à la fois. Mais elle provenait bien de l'extérieur. Dans ce cas-ci, il avait la très nette impression que le son était directement projeté dans sa tête. Il avait beau se retourner, chercher la provenance du son en bougeant sa tête, rien ne semblait changer. C'était son cerveau qui était directement touché. Une telle technique existait donc ? Il pouvait déjà imaginer les tours qu'il pourrait développer avec de telles capacités. Il deviendrait le plus illustre de tous les hinin, pour tant soit peu que cela puisse être perçu comme un honneur.

"Incroyable ! Par Dainichi !"

C'était comme s'il recevait un message divin pour la première fois. Les paroles prononcées au sein de son esprit paraissaient paradoxalement plus réelles, comme si elles portaient une vérité irréfutable. Venait-il de rencontrer un prophète ? Un élu ? Un ange envoyé sur cette terre pour renforcer les pauvres gens dans sa détermination ?

"Bien sûr ! Allons-y, et je vous en prie, dites m'en plus sur vous. D'où venez vous ? Quelles sont vos croyances ?"

Son excitation transparaissait dans la vitesse de ses paroles. Il lui posait des questions en rafale, intrigué par les réponses à tel point qu'il pourrait en mourir. Même son guide ne disposait pas de pouvoirs de la sorte. Était-ce la première partie de son ascension jusqu'aux cieux ?

Les deux hommes entrèrent donc dans une vieille taverne faites de bois, qui semblait proche de la ruine. Cela devait être assez surprenant pour un bourgeois pour qui ces terres miséreuses étaient inconnues, pourtant c'était l'un des établissements les plus développés de la région.

Ils s'assirent au bar et passèrent commande. "Regardez, moi aussi je connais encore quelques petits tours", dit-il avec la nette intention de l'impressionner. Joignant ses deux mains, le bouffon eut recours à sa technique de ventriloquie. Cela devait être peu impressionnant pour un individu du calibre de cheveux bleus, pourtant la subtilité n'était pas là. Se concentrant sur les souvenirs qu'il avait de la voix de l'inconnu, il la reproduisit sans une once d'inexactitude sans problème. Il s'adressa ainsi à l'aubergiste.

"Une tasse de thé pour mon ami, et pour moi ce sera un jus potiron-framboise, s'vous plaît. C'est moi qui régale." Dit-il en agitant la pièce qui venait de lui être offerte.

"Pas trop mal, non ?"


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Je ne saurais dire pourquoi, mais le doute qu’il aimerait mon tour de magie était plus que présent; ça ne me surprend pas, la télépathie étant un secret bien gardé de mon clan, rares sont ceux qui ont eu l’opportunité d’en vivre l’expérience. Pour le moins qu’on puisse dire, c’est un homme très vocal, expressif.

J’aurai, une fois encore, eu l’attention que je voulais, l’homme montrant son empressement sans se priver. Tant il me pousse à le suivre, tant il s’accroche à ce que je pourrais lui dire. Les réponses sont simples… pour la plupart.

«C’est gentil d’accepter de venir avec moi, je ne connais pas vraiment les lieux; je suis d’un village caché dans les montagnes de la Côte Verdoyante des sources chaudes, je ne viens pas souvent dans le coin.» Celle-là, c’était assez facile d’y répondre sans glisser mot de mes origines, sans lui donner le nom de ma grande famille. «Pour les croyances, c’est…»

«C’est compliqué...»

Je n’ose pas y répondre tout de suite, de peur d’être mal vu; Dainichi, la divinité primordiale. Ce nom est déjà venu titiller mes oreilles il y a longtemps, mais je n’ai pas sa légende en tête à l’instant. On s’assoit, puis ma voix sort de sa bouche pour l’aubergiste.

«…!»

Je m’attendais à un tour du genre après avertissement, mais à ce point… C’est ma voix. Ce n’est pas peut-être ma voix. Je connais le truc, pourtant il semble bien plus habile que moi avec les sons. C’est ce que j’ai expérimenté au début du spectacle, et c’est ce que je constate maintenant.

C’est un être dangereux, capable d’autant de vilenies que moi; lui aussi est un véritable illusionniste.«...aux baies! Le thé, aux baies, si possible!» Pris de court, j’ai été trop surpris pour reprendre ce qui avait été dit avant. L’homme part finalement, et sitôt je plonge.

«C’est plus que pas mal; je sais comment faire ça, mais pas avec autant de précision… Vous êtes certain de ne pas être ninja? Forcément, on n’apprend pas ça n’importe où.»

Je lui laisse le temps de penser à sa réponse pendant que je formule de mon côté la réponse à sa question. J’ai déjà pensé à ma foi, mais je n’ai jamais cherché à la définir plus qu’il ne le faudrait. «Vous connaissez les cinq divinités, Karo, Amenko, Shinsei, Mino et Jashin? L’osmiétisme?» Ça ne serait pas tout à fait ça, mais je n’ai pas le choix de baser ma réponse là-dessus.

«J’ai des idées et des opinions à ce sujet, et c’est bien la seule foi que je connais bien. Pour répondre, ma foi est humaine plus que divine; il y a une raison à laquelle les gens croient à plusieurs divinités différentes, ou même à un groupe. J'aime penser à ce à quoi nous ressemblons de loin, de haut; aux yeux des étoiles, nous sommes probablement des insectes, et s'il n'y a qu'un dieu, lui-même doit peiner à comprendre à quel point c'est dur... être humain. Réunis par la peur, par l'amour et par la douleur; c'est pour ça qu'il nous en faut plusieurs. Pourtant, je me dis que même s’il y avait cinq dieux, ils ne pourraient pas comprendre à quel point être humain est une chose difficile. La divinité ne considère pas l’humanité comme l’humanité considère la divinité, alors… ma foi est dans celle des hommes.»

«Et vous, vous croyez en quoi?» J’ai fait semblant de ne pas savoir, j’ai bien entendu le nom tout à l’heure. Pourtant, je veux savoir vraiment, je veux le pousser à m’expliquer qui, quoi, quand, comment, pourquoi; c’est ce que j’aime savoir. «Les hommes ne font pas toujours des bonnes choses, mais il ne font pas que des mauvaises choses non plus...»

Rencontre de Banken Sachi
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Alors que l'homme aux longs cheveux bleus répondait à sa question, Sachi fut forcé de constater qu'il avait encore de sérieuses lacunes sur la géographie de ce monde. Il avait déjà entendu parler du nom de la Côte Verdoyante, bien sûr, mais serait incapable de la placer précisément sur une carte si on le lui demandait. Il croyait simplement savoir qu'il s'agissait d'un très bel endroit où il faisait plus frais que chez lui, mais il n'avait jamais été tenté d'y jeter un coup d'œil. A vrai dire, même lorsqu'il avait suivi son guide spirituel, ils n'avaient pas beaucoup voyagé ou, en tout cas, l'illusionniste l'avait suivi sans jamais lui demander le nom des différentes régions qu'ils avaient traversées. Il aurait aussi bien pu passer devant la demeure de l'inconnu qu'il ne s'en serait pas même rendu compte.

Quand à l'autre question qu'il avait posée, qui était en réalité celle qui l'intéressait le plus, il fut étonné de constater que l'homme lui répondit de la même manière magique qu'il l'avait fait auparavant. La voix semblait directement provenir de sa tête et il doutait que quiconque autour d'eux puisse entendre les paroles qu'il prononçait. Ainsi, l'homme était pudique sur sa religion. Pour le saltimbanque, c'était marrant ! Il était amusant de voir que ce qui pour lui était le principal, voire le seul sujet de conversation important, dont il parlait à qui voulait bien l'entendre, était pour certains hommes sujets à tant de pudeur, de honte ou de tout autre sentiment que pouvait révéler une telle discrétion. A la fois, cela lui paraissait aberrant tant il considérait sa foi comme quelque chose de naturel, quelque chose que chaque homme devait porter en lui de la même manière.

Mais, avant de pouvoir obtenir les clefs qu'il désirait, il lui faudrait d'abord répondre à la question qui lui avait été posée à son tour. Le garçon sourit naïvement en voyant que son petit tour de passe-passe était parvenu à surprendre un homme capable de prouesses aussi incroyables. Parler dans la tête des autres hommes ! C'était forcément une attribution divine ! Cet homme devait avoir été choisi pour une quelconque raison, c'est pourquoi Sachi devait à tout prix comprendre qui il était et peut-être même le suivre dans ses prochaines destinations. C'était là un message direct de la Providence qui lui indiquait que son sort était lié à cet autre être humain. Peut-être que sa première mission en tant que prophète serait de le convertir ? Avec de telles capacités, sa foi aveugle envers Dainichi pourrait être répandue bien plus rapidement ! Mais bien sûr ! C'était donc ça ! C'est pour ça que je suis tombé sur lui, pour ça que j'ai eu envie d'aller boire un verre avec lui. Je ne dois surtout pas le laisser partir avant d'avoir tout essayé ! pensa le garçon, excité au plus haut point par cette rencontre impromptue. Il fallait donc lui répondre avec application, et ne surtout pas le froisser.

"Je ne suis pas un ninja, non. Faut dire qu'on en voit pas souvent dans mon milieu ! C'est mon guide qui m'a enseigné la plupart des choses que je sais, mais, pour être honnête, ça, il savait pas le faire non plus. C'est juste moi." Et c'est pour ça que je suis spécial, car j'ai été choisi, pensa-t-il. Oh merde ! Peut-être qu'il est aussi capable de lire dans mes pensées ? Merde ! Voilà que je continue... Aaaarg, sors de ma tête ! Enfin, pardon, sortez, je vous prie ! Quel idiot, si ça se trouve il ne m'entend même pas...

Le bouffon écouta ensuite les explications de l'inconnu quant à ses croyances. C'était très intéressant, mais, comme souvent, erroné. Il partait du principe qu'il y avait plusieurs dieux. Bon, c'était le cas de beaucoup de monde, donc rien de surprenant. Puis il enchaina sur sa confiance en les hommes et tout le charabia qu'il avait déjà entendu sortir de la bouche de prétendus intellectuels. Sachi s'exprimait simplement, certes, mais il était quand même diablement intelligent et avait eu sa dose des ces biens pensants coureurs de cours, qui viennent conseiller des mots doux à l'oreille des seigneurs. Tous ces gens-là n'ont aucune idée de la réalité de la vie, de sa dureté, de ce qu'endurent les marchands, les paysans et, a fortiori, les marginaux. Personne ne pouvait l'imaginer en fait, puisque personne n'osait s'y intéresser.

"J'entends ce que vous me dites, mais, pardonnez-moi, je pense que vous vous méprenez. Il est normal que la divinité ne considère pas l'humanité de la même manière que nous autres, fourmis, considérons la divinité. Ce en quoi je crois, c'est au grand Dainichi, dit-il en écartant les bras de manières théâtrales, avant de se refréner. Il ne voulait pas en faire trop, car il avait appris d'expérience que cela avait tendance à faire fuir les profanes. Pour moi, il n'y a qu'une divinité. Il n'y a que Dieu, que Dainichi, la Grande Illumination. Je m'explique : un seul être a créé les hommes, qu'il a façonné à son image, bien que tous ne possèdent pas les mêmes facultés ni même la sagesse de Dainichi lui-même. La raison est très simple. Notre passage sur cette Terre est une mise à l'épreuve, il n'est que notre tremplin vers l'au-delà. C'est en semant notre chemin d'embûches et en observant comment nous les franchissons que nous sont ensuite ouvertes ou, au contraire, fermées, les voies divines."

L'homme lui avait expliqué que l'humanité avait besoin de plusieurs divinités pour concevoir l'amour, la douleur et toute autre sensation. Pour le saltimbanque, tout cela était compris en un seul. "Dainichi a incorporé en nous certains instincts, qui font naître l'amour, la douleur, la perception du bien et du mal. Or, seul Lui est en mesure de réellement distinguer le bien du mal, puisque c'est Lui qui en est à l'origine. Il n'appartient qu'à l'homme de dompter ses pulsions pour prouver sa valeur et, une fois la mort venue – qui n'est nullement la fin de la vie mais plutôt le début, si l'on se base sur l'échelle de l'éternité – qui nous accueille dans Son monde, un monde où la pauvreté n'est pas un fléau et où les guerres n'ont plus place. Seulement, c'est seulement en suivant son enseignement que l'on parvient dans cet endroit magique. Tous les autres, eux, il vaut mieux pas en parler. Ce qui leur arrive, c'est moche. C'est la damnation éternelle."

Il essuya les gouttes qui commençaient à perler le long de son front. Il avait beaucoup parlé, mais, heureusement, le serveur venait de revenir avec les deux boissons qu'ils avaient commandées. Sachi porta immédiatement son jus original à sa bouche et en bue une grosse bouchée, avant de signifier d'un son gras qu'il l'avait fortement appréciée. La fraîcheur des fruits lui faisait toujours le plus agréable des effets, celui d'une fraîche brise printanière, de l'odeur d'une rose ou encore d'un message divin.

"Excusez-moi, je m'emporte rapidement quand je parle de Dainichi. Il faut dire qu'il est Celui qui guide ma vie en tous points."
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À penser qu’un de ceux qui traînent dans les rues, dans la froideur infernale d’un monde si inhospitalier, ait assez de culot pour… C’est à croire que pour lui, les autres ne sont que des instruments pour un dieu maniaque, fort vantard de son droit de juger sa fourmilière grandeur nature. J’espère grandement m’être trompé ou avoir mal compris, alors j’évite de parler et de risquer un argumentaire sur la foi.

Ça se voit tout de suite que je n’ai aucune chance de gagner ce genre de bataille, et je ne veux même pas essayer, le danger et les risques de fâcher le fanatisme sont souvent bien trop gros pour justifier le sentiment d’avoir raison. N’en reste pas moins que pour moi, sa foi est un piège; un dieu tout puissant capable de tout (mais certainement pas rien) n’aurait pas créé notre monde, encore moins les humains.

Pourquoi?

Nous offrir le droit au paradis si notre vie est satisfaisante, c’est l’équivalent d’une femme riche, belle, forte, sans défaut… sauf le fait de ne pas avoir d’amis; prête à tout promettre tant qu’on ne la laisse pas seule. Se faire offrir une place dans son beau monde si on pense exactement la même chose, c’est admettre dès le début que les autres ne sont pas dignes, donc aux yeux des autres… ce dieu serait un monstre à idolâtrer, qu’il faut avoir de son côté pour les bénéfices et pas par véritable piété. Il serait l’ami avec qui on garde contact car il offre des cadeaux, mais qui en vérité manque d’empathie et ne peut comprendre les autres, celui qui achète mais ne partage pas, celui avec qui on ne peut pas avoir d’histoire. S’il était humain, je suis certain que Dainichi prendrait un malin plaisir à mettre en avant ses amitiés factices, jouées comme dans une pièce de théâtre. C’est aussi ce que je pense de l’homme en face de moi.

«Merci!» Une gorgée de thé fraîchement servi pour s’assurer que les mots ne sortent pas. Des conneries, en tout point. Nous dirons que je ne veux pas me pousser plus loin dans cette conversation, alors je couvre ma bouche (et ma grimace) en avalant ma gorgée.

«Ce n’est pas grave, je comprends que quand on est passionné, on parle beaucoup. Par contre, vous pensez vraiment que les coups durs de la vie sont des épreuves divines? J’ai toujours vu les coups durs comme des choses à accepter ou à changer, mais pas un message sacré.»

Malgré tout, je n’abandonne pas cette discussion; le parcours des autres m’intéresse autant que le mien. «Et avant d’être artiste de rue, où êtes-vous allé, qu’avez-vous fait, vécu?»

Rencontre de Banken Sachi


Note:
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Une nouvelle fois, l'homme aux longs cheveux – mais était-ce même un homme ? – parla directement dans sa tête. Il avait beau répéter cette prouesse régulièrement, le bouffon ne s'y habituait pas. Il le regardait toujours avec pareille admiration qu'un enfant regarderait un père. Toutefois, les paroles qui lui parvenaient cette fois ne lui plaisaient guère. On pourrait même la qualifier d'hérésie, à telle point que le maquillé tenta un moment de se boucher les oreilles pour empêcher le son de rejoindre son cerveau, en vain.

Il prit inconsciemment la voix de son guide, celui qui lui avait fait découvrir Dainichi, qui avait révolutionné sa vie et fait naître ses dons anormaux. Celui qui l'avait élevé au-delà du rang de simple homme. Cette voix était plus grave, mais également plus profonde. Elle semblait venir directement de son cœur et faire vibrer chacun des ses organes dans une harmonie parfaite.

- Dainichi n'est pas un monstre qu'on idolâtre, non. Il n'est pas non plus un être opportuniste. Il est tout à la fois, dans les bons et les mauvais côtés. Puisqu'il a créé le Bien, le Mal, la piété et toute autre chose, il sait faire la distinction des cœurs. Il n'y a donc pas de mensonges ou d'illusions pour Lui. Il lit directement en nous, et seuls ceux dont la piété est remarquable peuvent accéder à son royaume. Il n'est pas un ami, non. Il est le monde, la création, le régisseur. Une forme de respect profonde lui est due.

Sachi commençait à craindre que l'homme en face de lui ne pourrait pas jouer le rôle de prophète qu'il avait espéré de lui. Il n'était pas suffisamment ouvert à la spiritualité et, comme tous les autres, finirait sous les flammes de la damnation éternelle à moins d'être sauvé par l'illusionniste. Il reprit sa voix normale pour répondre à la seconde question.

- Oui, je pense que les coups durs de la vie, comme vous dites, sont des épreuves divines. Ce sont donc des choses à accepter, je suis d'accord. Rien ne sert de se lamenter. La vie sur Terre n'est qu'un entraînement, que le stade de l'enfance. Un enfant tombe, se relève, apprend et devient adulte. L'homme fait pareil. Il a besoin d'apprendre à tomber avant d'atteindre son état de majorité, dans le royaume céleste de Dainichi.

Quand bien même l'homme ne semblait pas ouvert à sa foi, l'artiste de rue était satisfait. Il continue de poser des questions et de s'intéresser. Il n'était pas comme tous ces hommes indifférents, fonçant vers leur condamnation sans même le savoir ni chercher à l'empêcher. Avec lui, il y avait peut-être encore un peu d'espoir. Mais pour cela, il aurait besoin de le revoir.

Il s'interrogeait désormais sur le parcours de vie du poudré, sans doute pour essayer de comprendre comment il en était venu à développer ses croyances. Cela ne le gêna pas, c'était somme toute une question assez récurrente. Il était nécessaire de connaître un homme avant de juger ses paroles.

- J'ai toujours été artiste de rue. Vous ne nous voyez pas, vous autres de la société plus élevée, mais nous naissons ainsi. Nous naissons artistes, bourreaux, fossoyeurs, tanneurs ou assassins. Pour ma caste, il n'y a que très peu d'options. Nous sommes des bêtes de foires, impurs, servant à vos distractions ou à accomplir vos taches les plus funestes. Tout au long de la conversation, il ne toucha pas une seconde à son thé, bien trop captivé par cette discussion et l'envie de parler de lui. Il continua alors son récit. J'ai eu la chance de rencontré un vieil homme, j'ignore encore son nom, puisque je l'appelais juste "Guide". Il m'apprit tout ce que je sais et dont je vous ai fait la démonstration. Mais il m'apprit aussi la voie de Dainichi. Il m'a sauvé et, pour le remercier, j'aimerais vous sauver, vous et le reste de l'humanité.

Il afficha un grand sourire, à l'image d'un enfant qui venait de proposer une solution naïve pour réparer les vices de ce monde. Enfin, il porta sa tasse de thé à sa bouche, mais se brûla la langue. Il la reposa rapidement en grimaçant de dégoût.

- Et vous, qu'est-ce qui a mal tourné pour que vous en arriviez à discuter ici, avec moi ?
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Il n’aime pas ce que je pense, je le comprends fort bien. Pourtant, il ne semble pas particulièrement fâché. Il mâche des mots appris par coeur, ça s’entend et ça se ressent; pour moi, c’est une foi comme une autre, mais ni le pouvoir ni le droit de renier de telles croyances ne m’appartient, et je le sais. Je ne suis pas ici pour changer le monde, après tout. Ce qui me surprends, c’est que son ton est particulier, comme s’il avait enregistré et laisser ressortir ces quelques phrases. Voire, sa voix n’est pas exactement la même, comme s’il s’efforçait de reproduire celle de quelqu’un d’autre; pourquoi ne pas l’avoir fait comme tout à l’heure avec ma voix?

Je m’abstiens de répondre aux quelques phrases correctives, si ce n’est que pour me sauver d’un argumentaire qui s’annoncerait autant varié que les réactions typiques de Jinpachi, mais j’écoute avec attention, vu que sa vision de la vie et de ses épreuves – même si teintée d’une forte fascination religieuse – ne semblent pas être déconnectées du monde. Au contraire, j’aime ce que j’entends et je suis rassuré de voir qu’il ne semble pas être froissé ou en colère.

Ceux qui tombent et se relèvent, ceux qui acceptent d’apprendre, peuvent accueillir ce qui vient au-delà  de la vie avec une certaine quiétude. Comme on dit, ceux qui fuient la mort ont toujours vécu immobiles.

C’est en l’écoutant parler de ceux qu’il associe à sa caste que je m’éveille vraiment. Une joue au creux d’une main, je prends ce qu’il me donne et ce qu’il me sert, les idées me viennent et ne me quittent pas. Ce qu’il voit pour ceux qui sont "comme lui" – ils ne le sont pas vraiment, si on devait me poser la question – c’est ce que l’on voit souvent chez les shinobi. Les Yamanaka se font souvent passer pour des artistes itinérants, les ninja sont des bourreaux, des assassins. Certains, de tous âges (repensons à la jeune Hako, plus courageuse que moi du haut de ses quinze ans environ), sont des fossoyeurs quand on le leur demande. Ils servent à accomplir les tâches funestes, moyennant un juste prix pour abandonner leur humanité quelques minutes, heures, jours, semaines, mois, années. Vie, existence.

Ce qui me surprend plus que de raison, c’est quand il m’explique sa salvation, et celle qu’il souhaite pour moi; j’aimerais bien pouvoir lui dire qu’après toutes les vilaines choses que j’ai fait, surtout depuis que je traîne en ville, j’ai bien passé le point de non-retour. Puis j’ai souvent peur de l’engagement, pas parce que je ne sais pas tenir les miens, mais parce qu’on ne tient jamais ceux qui me concernent. Soit parce que le modèle ne correspond pas à ce à quoi on s’attend, soit parce que ma part de ninja fait en sorte que ça foire.

Parce qu’une fois devenu ninja, on ne peut plus revenir en arrière.

«C’est un peu chaud, pas vrai?» Moi, en attendant, ça me fait rire un tout petit peu. Il ne s’est pas rendu compte avant que son jus de fruit a été remplacé par du thé? Pourtant, je pourrais jurer l’avoir vu prendre une gorgée un peu plus tôt…

«C’est… compliqué. C’est souvent compliqué. On dira que j’ai joué à l’artiste pendant que mes amis jouaient aux assassins. C’était mon travail, ma tâche funeste si tu préfères. Attends...»

Je passe sur l’autre ligne parce que sinon, c’est trop risqué de parler. Je commence à prendre une gorgée et je reprends. «Disons que ma famille – des gens un peu comme moi, mais pas vraiment – a été engagée pour se débarrasser d’une autre famille. On se partage souvent le travail; le mien c’est de faire ce que ton Guide t’a enseigné à faire, de ce que j’ai pu voir durant votre spectacle. Des fois, je dois chanter une berçeuse, des fois je force des émeutes. Je ne peux pas en dire trop parce que secret professionnel, mais voilà.»

J’avale ma petite gorgée de thé.

«Je comprends l’amusement et la satisfaction que procure le monde du spectacle, ou au moins j’arrive à m’imaginer. Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi tu n’es pas devenu ninja; ce n’est pas un travail pour tous, certes, mais tu pourrais en apprendre plus sur les talents que ton Guide t’a révélé, si tu essaies.»

C’est une façon de voir quelque peu personnelle, voire individualiste, mais j’ai vite appris qu’on ne peut pas penser à tout le monde, vu que nous ne sommes pas tout le monde, et nous ne sommes pas qu’un. Enfin, je passe et je reprends. «Pardon, je me rends compte que ce que je dis peut sembler vraiment contre intuitif. Pour finir ce que je disais; j’ai fait le travail qu’on attendait de moi et après j’ai pris un peu de temps libre avant de repartir. Je pense repartir demain soir, mais j’avais du temps à remplir et j’aime voir ce que les régions où je mets les pieds ont à offrir.»

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