Baiser de Suna ||Solo||

Baiser de Suna

Toutes les armes avaient été polies, affûtées et huilées, une entreprise qui avait pris une grande partie de la journée, mais qui avait su centrer Masami. Ses gestes étaient répétitifs, lents, passionnés, presque tendres. Née dans un clan de forgerons, elle savait ce que c'était que de faire des armes, l'effort que ça demandait. Elle rendait donc tout l'amour des forgerons dans leur travail à chacune de ses lames. Elle les aimait toutes autant l'une que les autres et se faisait un devoir de les entretenir aussi religieusement.

Son regard glissa sur les lames, bien alignées, rangées cérémonieusement sur leur support respectif. Un sourire. Oui, cette vision était paisible, bienheureuse et réconfortante, mais comment expliquer la félicitée qui régnait dans la jeune maîtresse d'armes alors qu'elle observait son œuvre ? Il n'y avait pas de mot pour la transcrire, il fallait vivre.

Et pourtant, maintenant que ses armes étaient prêtes, elle ne pouvait retenir le picotement qui venait la chatouiller en cet instant. Son corps brûlait, exigeait qu'elle se saisisse de l'une d'elles et qu'elle mette à l'épreuve son travail. Non, il fallait résister. Elle avait promis à ses parents qu'elle aiderait à la boutique.

Mais l'attraction était trop forte, elle ne pouvait y résister …

Elle ne prendrait que sa Naginata, évitant ainsi de devoir refaire de toute la collection. L'arme en main, Masami prit le chemin du terrain d'entraînement. Aussitôt arrivée, elle se mit à l'entraînement, répétant des pays que ses muscles connaissaient déjà par coeur. Un simple échauffement, mais il était pourtant nécessaire si elle souhaitait performer.

Et la poussière se leva, dansant tout autour d'elle. Immanquablement, quelques grains de sable vibrent trouver ses yeux. Maugréant, elle dut faire une pause pour se nettoyer.

« Tu sais, tu pourrais éviter de m'handicaper quand je m'entraîne, j'apprécierais. Genre vraiment. »

Mais la lame ne répondit pas. Tant pis. Situation bien gênante, mais pourtant, elle lui donna une idée. Souriant à pleines dents, la jeune Fuma s'exclame :

« T'es un putain de génie ! Pourquoi y ai-je pas pensé plus tôt ! Je t'aime tellement ! Merci ! »

Elle se releva essuyant ses yeux une dernière fois. Dans son pas, il y avait désormais un léger trottinement, preuve de son excitation face à ce trait de génie. Le sable, la poussière et tout ça, c'était plutôt handicapant en combat, enfin, si l'on le recevait dans les yeux, un peu comme maintenant.

« Il faut juste trouver une façon de l'envoyer dans les yeux d'un ennemi … »

Elle croise son propre regard dans le miroir de la lame.

« Toi, tu vas m'aider, chérie. »

Quelle merveilleuse mauvaise idée venait-elle d'avoir en se regardant ? D'utiliser la lame comme comme levier pour promettre le sable. Bien sûr, elle sur un petit pincement au coeur en pensant planter sa Naginata dans son, sachant pertinemment qu'elle abimerait l'acier.

«  Tu vas me pardonner si je t'huile de nouveau à la maison ? Je vais aussi te donner un traitement antirouille, je le jure! »

L'arme resta muette, comme toujours, mais la jeune femme prit ce silence comme une acceptation de ce marché plus ou moins équitable. Elle se mit donc planter la lame dans le sol pour projeter du sable. Les premières tentatives étaient pour le moins bancales, le sable ne volant pas plus haut que la taille. Mais elle recommença et recommença et recommença, exécutant toujours le même mouvement, un peu plus finement à chaque tentative. Bientôt, le sable qui se soulevait de son mouvement était en quantité suffisante pour aveugler sérieusement un adversaire, plutôt que de simplement le provoquer. Pourtant, il semblait manquer quelque chose, car jamais elle ne semblait parvenir à vraiment réussir. Le sable, certes volait un peu plus haut, mais pas suffisamment pour qu'il ait un réellement impact. Fronçant les sourcils, Masami se mit à réfléchir, si un coup de lame dans le sol n'était pas un levier suffisant, que pourrait l'être ?

Elle tenta d'abord un valablement du sol, mais la poussière soulevée la fit tousser. Non, ce n'était pas elle-même qu'elle cherchait à handicaper … il faudrait autre chose, mais elle avait l'impression de tomber dans une impasse. Comme à chaque fois que cela arrivait, elle se remit à faire les katas. Dans l'un d'eux elle se servait de sa lance comme de levier … attendez une seconde … la lance, levier, se propulser, gravité …

Oui, elle sentait, une idée germait. Un peu floue, un peu folle, mais si elle trouvait comment la mettre en pratique, elle devrait arriver à quelque chose. Oui. Oui,ouiouioui.

Tester. Il fallait tester.

Prenant la Naginata dans ses mains, elle bondit, planta la lame dans le sol, se souleva et … atterrit sur le visage. Elle n'avait pas été assez rapide dans son enchaînement, ce qui lui avait fait perdre équilibre lors du geste final, celui où elle devait propulser le sable. Elle le sentait bien, mais l'exécution restait un peu complexe. Elle s'élança donc de nouveau, la lame dans la terre, le corps dans les airs et alors qu'elle retomba, elle parvint à refaire le mouvement qu'elle avait mis au point pour propulser le sable. L'effet de levier créé par son qui revenait au sol dans un arc de cercle, fit voler le sable à la bonne hauteur.

Elle avait réussi. Bien, maintenant, il suffisait seulement de refaire le geste en disant un peu de chakra dans l'arme pour rendre le lancer du sable un peu plus vif et surprenant, mais au final, rien qu'elle ne pouvait faire par répétition. Masami passa donc quelques heures le nez dans le sable … littéralement à tenter de reproduire et perfectionner le geste.

Ensuite, elle s’essaya ensuite dans différents types de sols. Testant d’abord la différence dans la projection de poussière, boue et autre, mais maintenant que le mouvement original était acquis, il ne suffisait qu’à changer la force et peut-être mettre une petite variante dans la quantité pour aider le tout à bien fonctionner. Ce n’était pas très difficile, surtout long et lorsqu’elle fut finalement satisfaite des différents lancers de poussière et autre débris du sol, elle se permit enfin de rentrer.

Il était facile à deviner que ses parents non seulement étaient déçus qu'elle ne se soit jamais présentée pour aider, mais également dégoûtés par la quantité de crasse qu'elle rapportait à la maison (et qu’ils lui avaient passer le plus gros savon de sa vie, autant littéralement que figurativement.)